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La Vieille Taupe communique

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POUR LA LIBERTE D'EXPRESSION:

ABROGATION DE LA LOI GAYSSOT!

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Le 3 septembre 1759, le pape Clément VIII proclamait la condamnation et l'interdiction de l'Encyclopédie, ouvrage contenant "nombre de choses très nuisibles à la piété chrétienne et à la règle des moeurs". Il ordonnait à tous ses fidèles "sous peine d'excommunication et de suspense" d'apporter cet ouvrage aux Inquisiteurs de la foi, afin qu'il soit brûlé sur-le-champ.

Pourtant, malgré la sévérité de la condamnation, et en dépit de la position dominante de l'Eglise catholique et de l'autorité du pape, aucun volume de l'Encyclopédie de Diderot et de d'Alembert ne fut livré aux inquisiteurs de la foi, et aucun ne fut brûlé.

A cette époque, les Français n'aimaient guère qu'un étranger, fût-il Pape, mette le nez dans leurs affaires et la justice du Roi s'est soigneusement abstenue d'entreprendre quoi que ce soit à l'encontre des éditeurs, imprimeurs, ou lecteurs de l'Encyclopédie, véritable machine de guerre contre les croyances de la religion.

Il n'en est plus de même aujourd'hui, où, sur plainte d'une association internationale, la LICRA (Ligue Internationale contre le Racisme et l'Antisémitisme), un tribunal civil français s'est, pour la première fois, arrogé le droit de fixer des limites à la liberté d'interprétation et de commentaire d'un texte biblique.

Pour avoir osé écrire "Dieu [... ] ne peut pas nous enfermer dans des obligations folkloriques de circoncision ou de chapeau, ni s'enfermer lui-même dans les problèmes de notre cuisine et de nos temps de prière." deux honorables disciples d'Ignace de Loyola ont été traînés sur le banc d'infamie, condamnés à une amende, et à revoir leur texte!

Le tribunal a estimé que" Le fait de qualifier de folklorique des obligations strictement observées par les Juifs depuis des générations comme étant le signe de leur appartenance à leur religion, ne peut être assimilé à une simple maladresse de style, mais est un manque de respect à l'égard de la religion juive dont les prescriptions essentielles sont ainsi tournées en dérision". En conséquence, le tribunal a ordonné la suppression du mot "folklorique" dans le passage incriminé par la LICRA.

Il est évident que cette interdiction de "tourner en dérision" les us et coutumes de la religion juive est susceptible de s'étendre aux pratiques de toutes les religions. Désormais, les athées devront s'abstenir, à peine de sanctions pénales, de brocarder n'importe quel polichinelle sacralisé des religions qui prospèrent sous le drapeau de notre laicité.

L'irruption de la Justice ne se limite pas au seul domaine de la spéculation théologique ou métaphysique. Des poursuites judiciaires ont déjà été engagées contre des historiens lorsque leurs recherches les amenaient à étudier certains événements de l'histoire (sainte?) du judaisme, et à contester l'interprétation qui en était donnée par certains auteurs juifs, plus autorisés que d'autres à avoir une opinion!

La loi Gayssot a provoqué ces poursuites, lorsqu'elle stipule, en toute iniquité en son article 24 bis: "Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l'article 24 (emprisonnement d'un an et amende de 300 000,00, augmentés de diverses peines annexes) ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l'article 23, l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité tels qu'ils sont définis par l'article 6 du statut du tribunal militaire International annexé à l'accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle en application de l'article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale".

Subrepticement le droit français est ainsi devenu tributaire des "statuts" d'un tribunal militaire, prétendu international, institué par une coalition d'Etats sortis victorieux d'une guerre implacable, dont tous les membres ont été choisis parmi les seuls vainqueurs et avaient reçu mission de juger les crimes commis par les seuls vaincus..., ce qui réduit singulièrement le caractère d'universalité qu'on voudrait lui attribuer maintenant, et auquel ce tribunal lui-même n'avait pas osé prétendre lorsque Robert H. Jackson, président du tribunal, déclarait à l'audience du 26 juillet 1946 ."Les alliés se trouvent encore techniquement en état de guerre avec l'Allemagne... En tant que tribunal militaire, ce tribunal représente une continuation des efforts de guerre des nations alliées"

Ses statuts, notamment les articles 19 et 21, l'assimilaient plus à un simple conseil de guerre d'exception qu'à une juridiction fondée sur les principes, qu'on souhaiterait plus exigeants, du droit international.

Un tel tribunal, appelé à juger sans appel des criminels désignés, ne possédait aucune vocation particulière pour établir la véracité définitive et irrévocable des faits et événements auxquels avaient été mêlées les personnes dont il s'était fait juge. Il ne pouvait interdire sans ridicule toute recherche historique ultérieure sur des événements controversés.

La loi Gayssot a comblé dogmatiquement cette lacune.

C'est ainsi que, par la grâce d'une loi votée par l'Assemblée Nationale française, le massacre de 16.000 officiers polonais dont plus de quatre mille corps avaient été mis au jour par l'armée allemande dans les fosses de Katyn, a été commis par les Allemands, puisqu'ainsi en avait décidé le tribunal de Nuremberg, sur la foi du rapport d'une commission d'enquête alliée sur les crimes de guerre, accepté comme "preuve authentique", indiscutable. (URSS 54, vol. 39 TMI). Le procureur général soviétique, le Général Rudenko ayant pu dire que, d'après l'article 21 des statuts du tribunal, ce rapport "ne saurait faire l'objet de contestation" (vol 15, p. 300).

Toutefois, le 13 avril 1990 la presse internationale annonçait que des documents avaient été découverts qui prouvaient que le massacre avait été commis sous la responsabilité de Beria et des autorités soviétiques, et les autorités russes reconnaissaient officiellement en octobre 1992 que le gouvernement stalinien avait fait exécuter sans jugement 23.000 officiers de l'armée polonaise, alors prisonniers de guerre. Il devenait évident que le rapport URSS 54 était un tissu de mensonges, et que certains membres du tribunal de Nuremberg avaient imputé les crimes de leur propre Etat aux accusés qu'ils avaient pour mission de juger.

La loi Gayssot, appliquée à la lettre, permettrait théoriquement de poursuivre quiconque contesterait la culpabilité allemande dans l'affaire de Katyn, ou contesterait la fabrication par les Allemands de savon à partir de graisse humaine (autre bobard de guerre avalisé complaisamment par le tribunal de Nuremberg).

Cette situation ahurissante et ubuesque justifie amplement à elle seule la demande d'abrogation de cette loi qui ridiculise notre droit et ne fait pas honneur aux députés qui l'ont votée (ou qui l'ont laissé votée in absentia) en bafouant une tradition séculaire de liberté et d'équité.

Ce problème est d'actualité. Aucun athée, aucun libre penseur ne peut demeurer indifférent à l'existence en France d'une loi stalinienne qui anéantit la liberté de penser et de communiquer ses idées et qui soumet au dogme la recherche historique.

Diderot pensait que chaque siècle a son "esprit" qui le caractérise, et que le sien serait celui de la liberté. Il nous appartient de faire en sorte que le nôtre ne soit pas celui de l'intolérance, de la magouille, et de la pensée contrôlée par l' ETAT.

Supplément à la Tribune des Athées
03330 BELLENAVES
Directeur de publication: Georges Filloux
4, rue de l'Université, 75007 PARIS

 


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