Il peut être fort plaisant d'avoir des ennemis de débattre et de combattre, la plume au vent, en lieu et place de la flamberge. La raillerie meurtrière est de règle. Lorsque l'ennemi succombe, accablé par les traits, rendu incapable de réagir par l'avalanche des argument et le poids écrasant de la logique, alors sonne l'heure de la victoire. J'ai obtenu cet enviable résultat avec Vidal-Naquet, par exemple. La lettre qu'il m'a envoyée après avoir lu Une Allumette sur la banquise témoignait de sa déroute en rase campagne. Il cherchait les détails où s'accrocher comme le boxeur qui se tient à une corde, alors qu'il est déjà groggy et qu'il tombe au tapis pour le compte.
Ces victoires ne sont ni plus ni moins honorables que l'adversaire sur qui on les remporte. Vidal-Naquetest certes un esprit faux et poussif, mais il a écrit, dans sa vie, quelques préfaces intéressantes. Marcel-Francis Kahn est un âne bâté mais il a déployé quelques activités médico-trotzkystes en faveur des Palestiniens. La liste est longue. Dans le champ clos, on entend le sourd murmure de la foule qui approuve et se réjouit quand les gras idéologues du conservatisme politique en prennent plein la gueule.
Et puis il y a la foule des ennemis infimes. Des gens qui ne se sont signalés par rien, qui n'ont aucun travail ni aucune publication à leur compte et qui, tout soudain, vous jugent en trois mots --des ignares qui empruntent à d'autres jusqu'aux termes dont ils croient vous accabler... des journalisses, payés à la ligne d'insulte... des partisans, qui construisent dans les bacchanales de leurs esprits enfiévrés des ennemis imaginaires et forcément terrifiants et vous affublent de leurs apparences -- toute une cohorte de pauvres margouillats qui sont si complètement dénués de savoir, de sens commun et d'aptitude au langage réfléchi qu'on doit bien les négliger par force, par impossibilité radicale de trouver un point d'appui solide pour un démontage en règle. On me traite. De tout. Et je n'arrive pas à prendre ça au sérieux. Une idée, quelconque, me toucherait, m'intéresserait et je répondrais. Là, rien. Des idiots vociférants. Surtout les journalisses. La cabanon, la seule solution, c'est le cabanon. C'est ce que je me dis.
Et puis là, sorti d'on ne sait quelles horribles poubelles, il y en a un qui se signale, un virus très actif, un Ebola de la connerie. Denainxxx, il s'appelle. Un type qui a fait ouvrier et que le travail a vite dégoûté... il vend des romans policiers, maintenant. Mais la vente ne suffit pas, alors il s'est fait une petite spécialité, il fait indic en heures sup. Mais indic totor, mouche baveuse. Il fait indic, flic et juge en même temps, trois en un. Il a trouvé des archives et fait des montages avec des phrases des uns et des autres pour les besoins des procès. Du découpage genre maternelle, avec les ciseaux à bouts ronds.
On a vu sa sale gueule convulsée de haine à la télé: il était le chef du commando de paisibles intellectuels de gauche qui étaient en train de saccager, dans le fond de l'image, le stand d'un éditeur d'extrême-droite au dernier Salon du Livre. J'adore les mecs qui font de l'autodafé en criant au nazi. Les petits fascistes rouges ont trouvé leur fureur en la personne de ce type qui s'auto-proclame "écrivain". Il y a deux ans, pendant l'été, Le Monde avait publié une nouvelle de ce mec-là. Impossible à lire. Une prose gluante comme un goudron au soleil. Un ennui à génocider les plagistes par millions. Heureusement qu'on ne le lit pas. A la radio, l'autre jour, ce type a expliqué qu'il avait réécrit entièrement un sien roman, en ne conservant que le titre, la première et le dernière phrases, parce que le livre était nul à chier. Cette candeur pourrait nous toucher.
Mais il y a la pédophilie. Ça excite, ça. Comme il tire son esbroufe des attaques contre les révisionnistes, il fallait bien se servir aussi des affaires de pédophiles. Les révisionnistes sont évidemment des pédophiles, c'est la grande découverte de cet ahuri. Il va chercher dans des textes anciens des fragments imités du surréalisme et du situationisme pour leur donner une résonance conforme à la mode actuelle. Qui plus est, il va chercher les textes qu'il détourne chez des adversaires des révisionnistes, La Banquise, Mordicus, Dauvé et compagnie, des gens qui ont développé des arguments, très faibles à mon avis, mais des arguments tout de même CONTRE le révisionnisme. Et il en fait des déclarations qui viendraient des révisionnistes! Il m'attribue en outre tout un tas de citations récupérées sur Internet. J'avoue qu'il y a, à ma connaissance, une dizaine de sites, sur combien? 100 000? 200 000 sites présents sur le Web? -- qui reproduisent certains de mes textes. Comme il y a eu des publications pour les accueillir. Il est normal qu'il m'attribue tout et n'importe quoi: on ne prête qu'aux riches.
S'il y avait une chasse aux bossus ou aux Martiens, les révisionnistes seraient accusés d'être bossus ou d'écrire en martien. Denainxxx trouverait des textes à qui ils feraient dire que les révisionnistes revendiquent leur bosse et avouent s'exprimer en martien. En toute impunité.
Il faut vraiment être tout au fond de la poubelle des idées reçues pour attaquer avec ce genre d'argument. On ne s'honore pas à combattre de tels ectoplasmes. Ce Denainxxx glue énormément. Et à la fin de son petit pensum il transgresse un tabou: il cite Orwell, alors qu'il sait bien que l'approche, la citation et même la simple lecture d'Orwell lui sont rigoureusement interdites. Il est trop bête pour en avoir le droit.
Qu'un telle bassesse soit publiée dans L'Humanité (du 25 juin 1997) montre que les bonnes traditions ne se perdent pas.
2 juillet 1997
Annexe
L'Humanité du 25 Juin 97 Point de vue Négation des camps. Négation des corps par Didier Daeninckx, Ecrivain
A la tête de la filière Toro Bravo, dont le procès se déroule actuellement à Paris, on trouve un personnage qui était surtout connu pour son activisme néo-nazi, Michel Caignet. Trésorier de la FANE (Fédération d'action nationale et européenne), dissoute en 1980, il est l'un de ceux qui créent les Faisceaux nationalistes européens quelques mois plus tard. On sait moins qu'il milita également au GRECE d'Alain de Benoist et qu'il collabora avec le groupe négationniste 'd'ultra-gauche'connu sous le nom de La Vieille Taupe.
En 1984, il faisait partie avec le gourou de cette secte, Pierre Guillaume, avec Robert Faurisson et le chercheur au CNRS Serge Thion, de l'équipe qui traduisait un texte fondamental de la négation des camps d'extermination, le Mythe d'Auschwitz, de Wilhelm Staeglich, que La Vieille Taupe publiera en 1986. La fusion de ces milieux néo-nazis et pédophiles avec 'l'ultra-gauche' est surprenante au premier abord, mais une lecture des textes élaborés par les animateurs de La Vielle Taupe permet de dégager les parentés. Dès le début de leur dérive, à la fin des années soixante-dix, ces gens se revendiquent d'un combat contre tout ce qu'ils classent comme 'tabous': l'humanisme, la démocratie, l'argent, les chambres à gaz, le féminisme. L'un de leurs textes, intitulé 'L'horreur est humaine' (La Banquise, été 1983), assène: 'De nos jours les intellectuels ont pris conscience du pur caractère historique de tabous qui passaient jusqu'alors pour naturels. Mais c'est une conscience purement intellectuelle, totalement séparée de leur propre vie. On verra tel prof d'université dans le vent réagir avec la même hystérie qu'une prolétaire si quelqu'un s'avise à jouer à touche-pipi avec son enfant. Pour l'intellectuel comme pour tous les autres, l'une des raisons qui font des camps une horreur plus horrible, c'est qu'ils ont bousculé un certain nombre de tabous occidentaux: la mort et les cadavres, les enfants, la nudité des corps et les fantasmes sado-sexuels.'
Ils expliqueront dans un article intitulé de manière manifeste 'Ami(e)s pédophiles, bonjour!' (La Banquise, 1983) que les enfants ne trouvent rien à redire aux actions d'un satyre et que ce sont les parents qui les traumatisent en en faisant 'tout un plat'.
Les mêmes 'révolutionnaires d'ultra-gauche' écriront dix ans plus tard dans un numéro spécial de 'Mordicus' rendant hommage à Human Bomb, l'homme qui avait pris en otage une classe maternelle de Neuilly: 'Pourtant combien de meurtres commis par des pédophiles auraient pu être évités, si la pédophilie, 'épisode particulier de la misère générale des relations adultes-enfants' était moins dramatisée. (...) Mais dans la haine que certains parents étalent (...), dans cette douleur (...) médiatisée par la plus basse ordure journalistique, on sent comme une parenté avec la fureur du propriétaire cambriolé.'
L'un de leurs principaux rédacteurs, Gilles Dauvé, fera cet aveu en 1996, dans une brochure intitulée Libertaires et ultra-gauche contre le révisionnisme que son ancien ami Pierre Guillaume, gourou de La Vielle Taupe, s'était attaqué au mythe des chambres à gaz, mais qu'il 'aurait pu aussi briser un interdit majeur comme la pédophilie'.
Tout récemment, l'un des principaux animateurs de cette secte, le chercheur en 'sciences humaines' du CNRS Serge Thion qui, depuis près de vingt ans se consacre à cette propagande en toute quiétude, a créé des pages 'antitabous' sur son site Internet qu'il présente de cette manière:'En cette époque de chasse universelle aux pédophiles, il nous paraît utile de procéder au rappel d'un passé littéraire proche.' Les deux premiers textes disponibles sont le 'Manuel de civilité pour les petites filles 'de Pierre Louys, un récit qui relate la vente d'une fillette de neuf ans à des fins de viol, et Bagatelles pour un massacre, le pamphlet antisémite de Louis-Ferdinand Céline.
Les corps, les camps. Ce serveur nazi a pour titre un cri de bande dessinée:'AAARGH', sigle dissimulant l'Association des anciens amateurs de récits de guerre et d'Holocauste. Ce même serveur diffusait, il y a quelques semaines, des menaces de mort à l'encontre de Mouloud Aounit, le président du MRAP, signées par Pierre Guillaume et La Vieille Taupe.
George Orwell avait pressenti l'horreur qui nous frappe aujourd'hui. Dans un article sur le roman noir américain 'Rafles and Miss Blandish ', il écrivait en 1944:'L'interconnexion du sadisme, du masochisme, du culte de la réussite, du culte de la puissance, du nationalisme et du totalitarisme forme un immense sujet dont on a encore à peine écorné les angles et l'on considère même comme assez peu délicat d'en mentionner l'existence.'
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