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Henri ROQUES

Les confessions de Kurt Gerstein,

étude comparative des différentes versions

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CHAPITRE 1

 

Etablissement des textes

[2/4]

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T III et T IV

(page 83 à page 108 de l'ouvrage imprimé d'A.Chelain)

 

Texte T III

 Il est dactylographié, rédigé en allemand, daté du 4 mai 1945. Il n'est pas signé.

Il se compose de vingt-quatre demi-pages numérotées de 1 à 24, plus une demi-page (zu 7) (1) manuscrite, insérée entre la demi- page 7 et la demi-page 8, auxquelles s'ajoutent également huit demi-pages de compléments (Ergaenzungen). C'est la pièce 31 de LKA, qui conserve un double du document dactylographié. Le Docteur Steinberg, Directeur de LKA, nous a dit que l'original n'avait jamais été retrouvé.

T III a été remis à LKA par Elfriede Gerstein le 31 juillet 1972.

Nous disposons de photocopies de 21 x 29,5; sur chacune d'elles, deux demi-pages sont superposées. Les pages photocopiées sont numérotées à la main, en haut et à droite, de 244 à 261.

La transcription du texte allemand est traduite en français. Nous avions eu l'intention d'utiliser la traduction publiée dans Le IIIe Reich et les Juifs (1959) de Léon Poliakov et Josef Wulf, mais nous y avons rapidement renoncé. En effet, dès la demi-page n· 3, nous avons constaté que les auteurs mentionnés ci-dessus traduisaient les mots allemands suivants: "in diesen Oefen und Kammern hineinzuschauen", par: "jeter un coup d'oeil en ces lieux". En réalité, il faut traduire: jeter un coup d'oeil dans ces fours et ces chambres. Peut-être MM. Poliakov et Wulf ont-ils estimé peu logique que Gerstein semble savoir à l'avance qu'il allait trouver des fours et des chambres à gaz homicides? Nous avons, en outre, relevé de très nombreuses inexactitudes que nous avons dû corriger. Enfin, le texte publié comportait plusieurs coupures dans la "confession" principale et négligeait complètement les suppléments (Ergaenzungen) qui n'ont jamais été publiés jusqu'à ce jour.

Dans ses grandes lignes, les auteurs de Le IIIe Reich et les Juifs ont traduit le récit déjà publié par le Professeur Docteur Hans Rothfels, en 1953, dans le n.2 de la revue Vierteljahreshefte fuer Zeitgeschichte, mais ils n'ont pas justifié leurs coupures par des notes comme l'avait fait H. Rothfels, et ils n'ont pas signalé l'existence des suppléments dont l'historien allemand a écrit qu'il s'agissait, non pas de témoignages oculaires, mais de "Hoerensagen" (choses apprises par oui-dire).


[84]

T III - Demi-pages 3 (fin), 4 et 5 (début)

Ayant entendu dire que l'on commençait à faire mourir les malades mentaux à Grafeneck, Hadamar et ailleurs, je résolus de tenter en toute circonstance de regarder dans ces fours et ces chambres afin de savoir ce qui s'y passe. Cela d'autant plus qu'une belle-soeur par alliance fut victime de ce meurtre forcé à Hadamar. Muni de deux recommandations émanant de fonctionnaires de la Police secrète d'Etat qui s'occupaient de mon affaire, je parvins sans difficulté à entrer dans la SS. Ces messieurs étaient d'avis que mon idéalisme, qu'ils admiraient probablement, ne manquerait pas de servir la cause nazie. Le 10 mars 1941, j'entrai dans la SS. Je fis mes classes à Hamburg-Langenhoorn, à Arnhem (Hollande) et à Oranienburg.

En Hollande, je pris aussitôt contact avec le mouvement de Résistance hollandais (l'ingénieur diplômé Ubbink, à Doesburg). En raison de mes études à double filière que j'avais faites, je ne tardai pas à entrer dans les services techniques médicaux et je fus affecté à l'Office Central de Commandement SS, Groupe d'emploi D, Service sanitaire de la Waffen SS Section Hygiène. Je reçus ma formation en suivant un cours médical fréquenté par 40 médecins. Au service d'hygiène, j'étais libre de définir moi-même mon activité. Je fis construire des dispositifs de désinfection, mobiles et fixes, pour la troupe, les camps de prisonniers et les camps de concentration. Ceci me valut, sans que je les aie mérités, de grands succès et je passai à partir de ce moment pour une sorte de génie technicien. Effectivement, on parvint au moins à endiguer quelque peu dans les camps la terrible vague de typhus exanthématique de 1941. En raison de mes succès, je passai bientôt sous-lieutenant et lieutenant. A Noel 1941, le tribunal qui avait ordonné mon exclusion du parti eut connaissance de mon entrée dans la SS à un poste de commandement. Il s'ensuivit une campagne dirigée contre moi, au cours de laquelle je fus traqué comme une bête. Mais en raison de mes succès et de ma personnalité, le service auquel j'appartenais me protégea et me maintint en fonction.

En janvier 1942, je devins "chef de section" à la Section Technique de la Santé et je fus en même temps chargé en double emploi du même secteur par le Médecin en chef (Reichsarzt) de la SS et de la police. Je fus chargé en cette qualité de tout le service [85] technique de désinfection, y compris de la désinfection relative aux gaz hautement toxiques.

T III - Demi-pages 5 (fin), 6 et 7 (début)

C'est en cette qualité que je reçus, le 8 juin 1942, la visite du SS Sturmbannfuehrer Guenther de l'Office Central de la Sûreté de Reich, Berlin W, Kurfuerstenstrasse, personne que je ne connaissais pas jusqu'alors. Guenther vint en civil. Il me donna l'ordre de faire venir immédiatement, pour une mission ultra-secrète relevant du Reich, 100 kg d'acide prussique et de les transporter dans une auto dans un endroit inconnu dont seul le chauffeur de la voiture savait le nom.

Puis, quelques semaines plus tard, nous partîmes pour Prague. Je pouvais à peu près me faire une idée du genre de mission que c'était, mais je l'acceptai parce que se présentait ainsi pour moi par hasard l'occasion, attendue depuis longtemps, de mettre le nez dans ces affaires-là. En outre, en qualité d'expert de l'acide prussique, je possédais tant d'autorité et de compétence qu'il devait m'être facile, de toute façon, de déclarer sous un prétexte quelconque que l'acide prussique était inutilisable parce que décomposé ou quelque chose de ce genre, et d'empêcher qu'on l'emploie dans le but meurtrier qui était le sien. Il y avait avec nous, plutôt par hasard, le Professeur Pfannenstiel, docteur en médecine, Obersturmbannfuehrer-SS, titulaire de la chaire d'hygiène à l'université de Marbourg-sur-la-Lahn.

Nous partîmes ensuite en voiture pour Lublin où nous attendait le Gruppenfuehrer-SS Globocnek. A l'usine de Collin, j'avais laissé entendre exprès que l'acide était destiné à tuer des êtres humains. Aussi ne tarda-t-il pas à se faire que, dans l'après-midi, une personne se manifestât qui montra beaucoup d'intérêt pour le véhicule et qui, dès qu'elle se sentit observée, s'enfuit à toute vitesse. Globocnek dit: "Toute cette affaire est l'une des choses les plus secrètes qu'il y ait en ce moment, on peut dire: la plus secrète. Celui qui en parlera sera fusillé sur-le-champ. Pas plus tard qu'hier, deux bavards ont été fusillés. "Puis il nous déclara: "Actuellement - c'était le 17 août 1942 - nous avons trois installations en service, à savoir: 1) Belzec, sur la route et la voie ferrée Lublin-Lemberg [Plus connu actuellement sous son nom ukrainien de Lvov. NdE] à l'intersection de la ligne de démarcation avec la Russie. Rendement maximal par jour: 15.000 personnes. [86] 2) Sobibor, également en Pologne, je ne sais pas exactement où. Rendement maximal: 20.000 personnes par jour. 3) Treblinca, à 120 km N-NE de Warschau [Varsovie]. Rendement maximal: 25.000 personnes par jour. 4) alors en préparation: Maidanek, près de Lublin. J'ai visité personnellement jusque dans les détails Belcec, Treblinka et Maïdanek en compagnie du directeur de ces établissements, le capitaine de police Wirth.

 

T III - Demi-pages 7 (fin), zu 7 (zu 7 signifie: "ajouter à la page 7", NdE) (demi-pagemanus. également numérotée 7), 8 et 9 (début)

Globocnek s'adressa exclusivement à moi en disant: C'est votre tâche que de mener à bien la désinfection de quantités très importantes de textiles. La collecte de textiles n'a été effectuée en fait que pour expliquer la provenance de vêtements pour les travailleurs de l'Est, etc. et les présenter comme un résultat du sacrifice consenti par le peuple allemand. En réalité, le produit de nos établissements est de 10 à 20 fois supérieur à l'ensemble de la collecte de textiles.

(J'ai ensuite discuté avec des entreprises capables de ce travail de la possibilité de désinfecter de telles quantités de textiles - il s'agissait seulement d'un stock d'environ 40.000 tonnes - 60 trains de marchandises complets - dans les laveries et les établissements de désinfection existants. Mais il fut totalement impossible de placer de si grosses commandes. Je mis à profit toutes ces négociations pour faire connaître ou laisser entrevoir habilement le fait du meurtre des Juifs. Globocnek se tint alors pour satisfait qu'on arrosât tout cet amas de déténoline afin que cela eût l'odeur de la désinfection - ce qui fut fait par la suite)

Votre seconde tâche - bien plus importante encore- est d'adapter nos chambres à gaz, qui fonctionnent pour l'instant avec les gaz d'échappement d'un diesel, à quelque chose de mieux et de plus rapide. Je pense avant tout à l'acide prussique. Le Fuehrer et Himmler étaient ici avant-hier. Conformément à leurs instructions, je dois vous y mener personnellement. Je ne dois délivrer d'attestations ou de permis d'entrée écrits à personne.

Là-dessus, Plannenstiel demanda: Qu'a donc dit le Fuehrer? Glob.: Plus vite! d'exécuter toute l'opération plus vite! Le conseiller ministériel, le Dr. Herbert Lindner qui l'accompagnait, a alors demandé: Croyez-vous, Monsieur Globocnek, qu'il soit bon [87] et judicieux d'enterrer tous ces cadavres au lieu de les brûler? Après nous pourrait venir une génération qui ne comprendra pas tout cela! Globocnek répliqua: Messieurs, si jamais devait venir après nous une génération si veule et ramollie qu'elle ne comprenne pas notre grande mission, alors tout le national-socialisme aura été vain. Je suis au contraire d'avis que l'on devrait enfouir des plaques de bronze commémorant que c'est nous, nous, qui avons eu le courage d'accomplir cette grande oeuvre si nécessaire. Le Fuehrer ajouta: "Bien, Globocnek, c'est bien aussi mon avis".

Par la suite, c'est l'autre opinion qui s'est imposée. Les cadavres ont donc été brûlés sur de grands grils improvisés avec des rails de chemin de fer, à l'aide d'essence et de mazout.

T III - Demi-pages 9 (fin), 10 et 11 (début)

Le lendemain, nous partîmes pour Belcec. On avait créé à cet effet une petite gare spéciale près d'une colline tout au nord de la route Lublin-Lemberg dans le coin gauche de la ligne de démarcation. Au sud de la route quelques maisons portant l'inscription "Commando/Détachement spécial de la Waffen-SS à Belcec". Le chef proprement dit de toutes les installations meurtrières, le capitaine de police Wirth, n'étant pas encore là, Globocnec me présenta au Hauptsturmfuehrer-SS Obermeyer (de Pirmasens). Celui-ci ne me laissa voir cet après-midi-là que ce qu'il devait absolument me montrer. Je ne vis aucun mort ce jour-là; seule l'odeur qui régnait dans les parages était pestilentielle par ce mois d'août torride et il y avait partout des mouches par millions. Tout près de la petite gare à deux voies, il y avait une grande baraque, le prétendu "Vestiaire", avec un grand guichet "Valeurs". Puis venait une pièce avec une centaine de chaises: le local du coiffeur. Puis une petite allée à l'air libre plantée de bouleaux, bordée à droite et à gauche d'une double rangée de barbelés, avec des inscriptions: Accès aux salles d'inhalation et de bain! Devant nous, une sorte d'établissement de bains, avec à droite et à gauche sur le devant de grands pots en béton avec des géraniums, puis un petit escalier et ensuite à droite et à gauche respectivement trois salles de 5 x 5 mètres, 1,90 m de hauteur, avec des portes de bois comme les garages. Dans le mur du fond, pas très visibles dans l'obscurité, de grandes portes coulissantes en bois. [88] Sur le toit, en guise de "fine plaisanterie", l'étoile de David! Devant le bâtiment, une inscription: Fondation Heckenholt. Je n'en ai pas vu davantage cet après-midi-là.

Le lendemain matin, peu avant 7 heures, on m'annonce: dans dix minutes arrive le premier transport! Effectivement, au bout de quelques minutes, le premier train en provenance de Lemberg arrive: 45 wagons, 6 700 personnes dont 1.450 étaient déjàmortes à leur arrivée. Derrière les ouvertures grillagées, terriblement pâles et apeurés, des enfants regardaient au dehors, les yeux emplis de l'angoisse de la mort, ainsi que des hommes et desfemmes. Le train entre en gare: 200 Ukrainiens ouvrent brutalement les portes et font sortir les gens des wagons en les cinglant de leurs fouets à lanières de cuir. Un grand haut-parleur donne les instructions ultérieures: se dévêtir complètement, ôter également prothèses, lunettes, etc. Remettre les objets de valeur au guichet, sans bons ni reçus. Attacher soigneusement les chaussures par paires (en vue de la collecte de textiles), car sinon, dans le tas qui s'élevait bien à 25 mètres de hauteur, personne n'aurait pu retrouver les chaussures qui allaient ensemble. Puis les femmes et les jeunes filles passent chez le coiffeur qui, en deux trois coups de ciseaux, coupe tous les cheveux pour les faire disparaître dans de grands sacs à pommes de terre. "C'est destiné à un but spécial quelconque pour les sous-marins, pour les calfatages ou quelque chose d'analogue", me dit le Unterscharfuehrer-SS qui est de service à cet endroit-là.

T III - Demi-pages 11 (fin), 12 et 13 (début)

Puis le cortège se met en mouvement. En tête, une jeune fille très jolie, ils suivent l'allée, tous nus, hommes, femmes, enfants, sans prothèses. Je me trouve moi-même en haut, sur la rampe, entre les chambres, avec le capitaine Wirth. Des mères avec leur nourrissons au sein: elles montent, hésitent, entrent dans les chambres de la mort. Au coin se tient un homme de troupe SS, corpulent, qui dit d'une voix pastorale à ces malheureux: Il ne vous arrivera pas la moindre chose! Il faudra seulement respirer profondément dans les chambres, ça développe les poumons; cette inhalation est nécessaire à cause des maladies et des épidémies. A ceux qui demandent ce qui pourrait advenir d'eux, il répond: Oui, naturellement, les hommes devront travailler, [89] construire des maisons ou faire des routes, mais les femmes n'auront pas besoin de travailler. Seulement si elles veulent, elles peuvent aider au ménage ou à la cuisine. Pour quelques-uns de ces malheureux une petite lueur d'espoir qui suffit à leur faire faire sans résistance les quelques pas qui les mènent aux chambres. La plupart savent à quoi s'en tenir, l'odeur leur annonce leur sort! Ils montent le petit escalier et alors ils voient tout. Des mères avec leur enfant au sein, de petits enfants nus, des adultes, hommes et femmes, tous nus, ils hésitent, mais ils entrent dans les chambres de la mort poussés en avant par les autres qui sont derrière eux ou par les fouets à lanières de cuir des SS. La plupart sans dire un mot. Une juive d'environ 40 ans, aux yeux pleins de flamme, en appelle au sang qui est ici versé pour qu'il retombe sur les meurtriers. Elle reçoit cinq ou six coups de cravache au visage de la part du capitaine Wirth en personne, puis elle disparaît, elle, aussi dans la chambre. Beaucoup prient. Je prie avec eux. Je me serre dans un coin et je crie à haute voix vers mon Dieu et le leur. Comme j'aurais aimé entrer avec eux dans les chambres, comme j'aurais aimé mourir de leur mort! Ils auraient alors trouvé un officier SS en uniforme dans leurs chambres. On aurait interprété et traité l'affaire comme un accident et elle aurait été classée sans faire le moindre bruit. Mais je n'en ai pas encore le droit, il faut que je révèle d'abord ce que je vois ici! Les chambres s'emplissent. Bien tasser! a ordonné le capitaine Wirth. Les gens se marchent sur les pieds, 700-800 sur 25 mètres carrés, dans 45 mètres cubes. La SS les presse physiquement les uns contre les autres autant que faire se peut. Les portes se ferment.

T III - Demi-pages 13 (fin) et 14 (début)


Pendant ce temps, les autres attendent dehors à l'air libre, nus. On me dit: même en hiver, c'est tout à fait comme ça! Oui, mais ils peuvent attraper la mort! dis-je. Mais ils sont bien là pour ça! me rétorque un homme de troupe SS dans son dialecte. Maintenant, je comprends aussi enfin pourquoi toute l'installation s'appelle "Fondation Heckenholt". Heckenholt est le chauffeur du moteur diesel, un petit technicien, en même temps le constructeur de l'installation. Les gens doivent être mis à mort par les gaz d'échappement du diesel. Mais ce dernier ne fonctionne pas! Le capitaine Wirth arrive. On voit qu'il lui est pénible qu'il faille [90] que ça arrive juste aujourd'hui où je suis ici. Oui, je vois tout et j'attends. Mon chronomètre a bravement tout enregistré.50 minutes, 70 minutes, le diesel ne démarre pas. Les gens attendent dans leurs chambres à gaz. En vain. On les entend pleurer, sangloter. "Comme à la synagogue", remarque le professeur Pfannenstiel, l'oreille contre la porte de bois. Le capitaine Wirth frappe de sa cravache l'Ukrainien qui doit aider l'Unterscharfuehrer Heckenholt à faire marcher le diesel, 12 ou 13 fois au visage. Au bout de 2 heures 49 minutes - le chronomètre a tout enregistré - le diesel démarre. Jusqu'à ce moment-là, les gens demeurent en vie dans ces quatre chambres, quatre fois 750 personnes dans 4 fois 45 mètres cubes. De nouveau, 25 minutes passent. Exact [Traduction du mot "richtig". Sens probable: les choses sont en ordre, comme prévu. NdE], beaucoup sont morts maintenant, on le voit par la petite fenêtre dans laquelle la lumière électrique éclaire un instant la chambre. Au bout de 28 minutes, seuls quelques-uns vivent encore, au bout de 32 minutes, tout le monde est mort. De l'autre côté, les hommes du commando de travail ouvrent les portes de bois. On leur a promis pour leur épouvantable service - même aux Juifs - la liberté et un tant pour mille de toutes les valeurs trouvées.

T III - Demi-pages 14 (fin), 15 et 16 (début)

Les morts se tiennent droits comme des colonnes de basalte, serrés les uns contre les autres dans les chambres. Il n'y aurait pas place pour tomber ni pour se pencher en avant. Même dans la mort, on reconnaît les familles. Elles se serrent encore les mains, crispées dans la mort, de sorte que l'on a peine à les séparer pour libérer les chambres en vue de la prochaine charge. On jette au dehors les cadavres, humides de sueur et d'urine, souillés d'excréments avec du sang menstruel sur les jambes. Les cadavres d'enfants volent. On n'a pas le temps. Les cravaches des Ukrainiens sifflent sur les commandos de travail. Deux douzaines de dentistes ouvrent les bouches avec des crochets et regardent s'il n'y a pas de couronnes en or. L'or à gauche, sans or à droite. D'autres dentistes brisent les dents en or et les couronnes à l'aide de pinces et de marteaux pour les retirer des mâchoires.

Au milieu de tous ces gens, le capitaine Wirth bondit de tous côtés. Il est dans son élément. Quelques travailleurs contrôlent organes génitaux et anus à la recherche d'or, de brillants et d'objets [91] précieux. Wirth m'appelle auprès de lui: "Soupesez un peu cette boîte de conserve avec les dents en or. C'est seulement d'hier et d'avant-hier." Il me dit dans un langage incroyablement ordinaire et incorrect: Vous ne croiriez pas les quantités d'or et de brillants - il prononçait le mot avec 2 l - et de dollars. Mais voyez vous-même. Et il me conduisit à un joaillier qui avait pour tâche de gérer tous ces trésors, et il me fit tout voir. Puis on me montra encore un ancien directeur du "Kaufhaus des Westens" de Berlin et un violoniste. "C'est un capitaine de l'ancienne armée impériale et royale d'Autriche, chevalier de la Croix de Fer de 1ère classe, qui est maintenant le doyen du camp au sein du commando de travail juif". Les cadavres nus furent traînés sur des civières en bois à seulement quelques mètres de là dans des fosses de 100 sur 20 sur 12 mètres. Au bout de quelques jours, les cadavres se mirent à gonfler, puis se tassèrent ensuite fortement sur eux-mêmes peu après, de sorte que l'on put jeter par-dessus, une nouvelle couche. Puis 10 cm de sable furent répandus dessus de sorte qu'il n'émergeait plus que des têtes et des bras isolés. J'ai vu à un de ces endroits-là des juifs grimper sur les cadavres dans les tombes et travailler. 0n me dit que, par erreur, on n'avait pas déshabillé les gens d'un convoi qui étaient arrivés morts. Il fallait naturellement récupérer ça à cause des textiles et des objets précieux qu'ils auraient sans cela emportés dans la tombe.

T III - Demi-pages 16 (fin) et 17 (début)

Ni à Belzec ni à Treblinka on ne s'est donné la moindre peine pour enregistrer ou compter ceux qui ont été tués. Les chiffres n'étaient que des estimations faites d'après le contenu des wagons. Outre des Juifs originaires de tous les Etats souverains, on tua dans les chambres à gaz surtout des Tchèques et des Polonais n. III. Des commissions d'hommes de la SS - une partie d'entre eux n'ayant même pas le niveau de fin d'études de l'école primaire - se rendaient de village en village dans de belles limousines et avec un équipement médical, en manteaux blancs [il faut certainement comprendre: blouses blanches, NdE], faisaient défiler la population devant eux, faisaient mine de l'examiner et désignaient ceux qui étaient prétendument sans valeur biologique et devaient pour cette raison être supprimés, principalement les vieux, les phtisiques et les malades. Oui, me disait un SS-Sturmbannfuehrer, sans ces mesures, la Pologne, surpeuplée, [92] serait pour nous dépourvue de toute valeur. Nous ne faisons que réaliser après coup ce que la nature veille à faire d'elle-même dans le règne animal et végétal et omet malheureusement de faire chez l'homme. Le capitaine Wirth me pria de ne pas proposer à Berlin de transformer ses installations et de tout laisser en l'état, tel que c'était, formant un bon ensemble rodé au mieux et ayant fait ses preuves. Quant à l'acide prussique, je l'ai fait enterrer sous ma surveillance en donnant comme motif qu'il était entré en décomposition.

T III - Demi-pages 17 (fin) et 18 (début)


Le lendemain, 19 août 1942, nous nous rendîmes dans l'auto du capitaine Wirth à Treblinka, à 120 km au nord- nord-est de Varsovie. L'installation était à peu près la même, mais bien plus grande qu'à Belzec. Huit chambres à gaz et de véritablesmontagnes de valises, de textiles et de linge. En notre honneur, on donna un banquet dans la salle commune de style "vieille Allemagne", typiquement himmlérien. Le repas fut simple, mais on pouvait avoir de tout à volonté. Himmler avait lui-même ordonné que les hommes de ces commandos aient autant de viande, de beurre et d'autres choses, notamment d'alcool, qu'ils voudraient. Le Professeur Pfannenstiel fit un discours dans lequel il expliqua aux hommes l'utilité de leur tâche et l'importance de leur grande mission. S'adressant à moi-même, il parla de "méthodes très humaines et de la beauté du travail" Je garantis qu'il m'a vraiment dit cette chose incroyable. Il dit en particulier aux équipes: Quand on voit ces corps de Juifs, on comprend alors vraiment combien votre tâche est digne de reconnaissance. Lorsque nous prîmes congé, on nous offrit encore plusieurs kilos de beurre et beaucoup de liqueurs à emporter. J'eus peine à faire croire que j'avais de tout cela en suffisance provenant de mon soi-disant domaine, sur quoi Pfannenstiel, comblé, fit main basse sur mes parts. Nous partîmes ensuite en auto pour Varsovie. C'est là que je rencontrai, alors que je tentais vainement d'obtenir une couchette dans le train, le secrétaire de la légation de Suède de Berlin, le baron von Otter. Encore sous l'impression toute fraîche des choses épouvantables que j'avais vues, je lui ai tout raconté, en le priant de faire connaître aussitôt cela à son gouvernement et aux alliés, étant donné que chaque jour de retard devait coûter la [93] vie à des milliers et des dizaines de milliers d'autres gens. Il me pria de lui indiquer une référence et je lui indiquai à ce titre Monsieur le Surintendant Général, le Docteur Otto Dibelius, Berlin, Bruederweg 2, Lichterfelde West, ami intime du pasteur Martin Niemoeller et membre du mouvement ecclésiastique de résistance au nazisme. Je rencontrai Monsieur von Otter deux fois encore à la légation de Suède. Il avait entre-temps fait un rapport à Stockholm et m'annonça que ce rapport avait eu une influence considérable sur les relations germano-suédoises.

T III - Demi-pages 18 (fin) et 19 (début)

Je tentai de faire un rapport sur la même affaire au nonce apostolique. C'est là que l'on me demanda si j'étais soldat. A la suite de quoi, on refusa d'avoir avec moi toute autre conversation et je fus invité à quitter l'ambassade de Sa Sainteté. En quittant l'ambassade du Saint-Siège, je fus poursuivi par un policier à bicyclette qui passa rapidement devant moi, mit pied à terre et me laissa ensuite passer, de façon totalement incompréhensible. J'ai alors raconté cela à des centaines de personnalités, entre autres au syndic de l'évêque catholique de Berlin, M. le Docteur Winter, en le priant expressément de transmettre mes renseignements au Siège Apostolique.

T III - Demi-pages 19 (fin), 20 et 21 (début)

Je dois encore ajouter que le Sturmbannfuehrer-SS Guenther de l'Office Principal de Sécurité du Reich - je crois qu'il est le fils du Guenther des races - exigea encore de moi au début de 1944 de très grandes quantités d'acide prussique dans un but très obscur. Il me montra, dans la Kurfuerstenstrasse, à Berlin, un hangar dans lequel il songeait à stocker l'acide prussique. Je lui déclarai alors qu'il était exclu que j'en prenne la responsabilité. Il s'agissait de plusieurs wagons, assez pour mettre à mort des millions d'êtres humains. Il me dit qu'il ne savait pas encore lui-même si le poison serait employé, ni quand, pour qui, de quelle façon, etc. Mais il devait être tenu en permanence à disposition. Je n'ai pu par la suite m'empêcher de penser souvent aux paroles de Goebbels. Je suppose qu'ils voulaient tuer une grande partie du peuple allemand, y compris sûrement le clergé et les officiers mal vus. Cela [94] aurait dû se passer dans des sortes de salles de lecture ou de clubs; c'est du moins ce que je pus déduire des questionsrelatives à l'exécution technique que Guenther me posa. Il se peut aussi qu'il ait eu à tuer des travailleurs étrangers ou des prisonniers de guerre - je ne sais pas - En tout cas, je m'arrangeai pour que l'acide prussique disparaisse à n'importe quelles fins de désinfection dès qu'il était arrivé dans les camps d'Oranienburg et d'Auschwitz. C'était dangereux pour moi, mais j'aurais simplement pu dire que le poison s'était trouvé déjà dans un état dangereux de décomposition. Je suis sûr que Guenther voulait se procurer le poison pour mettre à mort éventuellement des millions d'êtres humains. Il y en avait assez pour 8 millions de personnes, 8.500 kg. J'ai présenté les factures pour 2.175 kg. Je faisais toujours établir les factures à mon nom, en prétendant que c'était pour des raisons de discrétion, en vérité pour être plus libre de disposer du poison comme je l'entendais et pouvoir le faire disparaître. J'évitai surtout de remettre sans cesse l'affaire en mémoire en présentant des factures, mais je laissai les factures impayées, en faisant prendre patience à la firme.

Le directeur de la DEGESCH, le Docteur Peters, Francfort s.M. et Friedberg, qui a exécuté cette livraison, m'a raconté qu'il a livré de l'acide prussique en ampoules destinées à tuer des êtres humains.

T III - Demi-pages 21 (fin) et 22 (début)


Une autre fois, Guenther me demanda s'il était possible de tuer en plein air, dans les fossés de la forteresse de Theresienstadt, des Juifs qui avaient l'autorisation de s'y promener. Pour faire échouer ce terrible projet, je déclarai que c'était impossible. J'ai alors appris par la suite que le commando du Service de Sécurité (SD) de Theresienstadt s'est procuré de l'acide prussique d'une autre façon et a tué les Juifs. Les camps de concentration les plus horribles n'étaient d'ailleurs pas Oranienburg ou Belsen ou Dachau, mais Auschwitz, où des millions de gens ont été tués, en partie dans des chambres à gaz, en partie dans ce qu'on appelait les "autos de la mort", et Mauthausen-Gusen, près de Linz. A Auschwitz, il était habituel de tuer des enfants en leur maintenant des tampons imbibés d'acide prussique sous le nez. J'ai du reste vu moi-même, au camp de Ravensbrueck, près de Furstenberg [95] dans le Mecklenbourg, le camp de concentration des femmes, des expériences faites sur des vivants. Celles-ci étaient faites à l'initiative du Gruppenfuehrer-SS le Dr. Gebhardt-Hohenlychen, par le Hauptsturmfuehrer-SS Dr. Gundlach. A Buchenwald, aussi on fit de telles expériences sur des êtres humains vivants, par exemple avec jusqu'à 100 comprimés de Pervitin, le cas échéant, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Himmler lui-même s'était réservé un droit d'approbation pour ces expériences. En particulier, c'est là-bas qu'on essaya le vaccin contre le typhus, la lymphe et d'autres sérums. Les expériences portaient à chaque fois sur 100 à 200 personnes, à savoir des gens condamnés à mort par la direction du camp ou par le SD. Je m'étonnai à Oranienburg que tous les homosexuels disparussent par centaines en quelques jours, et ce dans les fours.

T III - Demi-pages 22 (fin) et 23

J'ai, du reste, évité de faire de trop fréquentes apparitions dans les camps, car on avait parfois l'habitude de pendre des gens ou de procéder à des exécutions en l'honneur des visiteurs. Le Dr. Fritz Krantz Hauptsturmfuehrer-SS, qui a vu de telles choses en grand nombre, m'en parla souvent avec une indignation profonde. Par exemple, à Gusen-Mauthausen, on poussait tous les jours de nombreux Juifs, qui devaient travailler dans une grande carrière, pour les faire tomber au bas de la paroi abrupte et, en bas, on enregistrait leur cas comme accident mortel. A Auschwitz, de telles bassesses ont été également perpétrées en bien plus grand nombre qu'à Belsen. J'eus la chance de rencontrer dans mon servicequelques antinazis intégraux, comme le Hauptsturmfuehrer-SS et chef d'état-major Heinrich Hollaender, un bon catholique, et le Dr. Fritz Krantz que je viens de nommer précédemment. Hollaender porta à ma connaissance toutes les choses intéressantes. Sa femme a fait un jour, à l'occasion d'un repas, de violents reproches au sujet de l'homicide commis sur les Juifs au Dr. Grawitz, SS-Obergruppenfuehrer, Médecin SS du Reich et de la Police, de Berlin, en outre Président de la Croix Rouge allemande. A la suite de quoi elle fut réprimandée d'importance et il lui fut inerdit de jamais aborder de nouveau ce sujet-là.

Tous les renseignements que je fournis sont d'une exactitude littérale. Je suis pleinement conscient, devant Dieu et toute l'humanité, [96] de la portée extraordinaire des indications que je note ici par écrit et j'affirme sous serment que rien de tout ce que j'ai enregistré n'est affabulé ni inventé, mais qu'au contraire tout s'est passé exactement comme je l'ai dit.

T III - Supplément n. 1


A Belzec, j'avais l'impression que tous étaient réellement morts bien que le Capitaine Wirth m'ait raconté qu'ils auraient vu les choses les plus inattendues, par exemple qu'ils auraient trouvé un enfant bien vivant, le matin, dans une chambre qu'on avait laissée pleine toute la nuit sans la décharger. Notamment, disait Wirth, ils auraient constaté les choses les plus curieuses et les réactions les plus diverses chez les malades mentaux.

L'expérimentation des différents genres d'homicide n'a pas dû s'étendre au grand nombre. Mais on procéda à plus d'un essai. Par exemple, sans doute sur un assez grand nombre de gens, les morts par air comprimé dans les vieilles chaudières dans lesquelles l'air était introduit grâce à des compresseurs du genre de ceux que l'on emploie d'ordinaire pour fendre l'asphalte. A Tréblinka, j'avais l'impression que beaucoup vivaient encore. Presque tous gardaient les yeux ouverts et avaient un air épouvantable pour cette raison. Cependant je n'ai plus vu de mouvements bien que j'y aie prêté grande attention. Le Docteur en médecine Villing, de Dortmund, me fit avec une très profonde émotion le récit d'une mort vraiment héroïque. Il s'agissait de milliers d'ecclésiastiques polonais qui durent creuser eux-mêmes des fosses devant lesquelles ils furent ensuite fusillés, nus.

T III - Supplément n. 2


Lorsqu'on leur demanda avec un mépris railleur s'ils croyaient toujours au Christ et à Marie, ils répondirent en confessant fermement leur foi dans le Christ et invoquèrent la Vierge de Chestochova. Cette mort avait été saisissante et convaincante, me dit le docteur Villing. D'autres intellectuels encore - notamment des professeurs, hommes et femmes, sont morts par centaines de milliers avec une décence exemplaire analogue. Un genre de mort qui m'a été raconté sous toute garantie de vérité consistait à faire monter aux gens l'escalier qui conduisait à un haut-fourneau, à [97] les achever une fois en haut et à les faire disparaître ensuite dans le haut-fourneau. Bien des gens doivent avoir été également tués et brûlés dans des fours de tuileries. Mais la source dont je tiens le fait n'est pas suffisamment digne de foi.

Un haut gradé de la Police de Bromberg, le SS-Obersturmfuehrer Haller, raconta, à moi et aux médecins du cours pour SS, qu'avant son arrivée à Bromberg, il y était d'usage de tuer les enfants juifs en leur fracassant sans plus de façon la tête contre les murs des habitations. Il a fait cesser ces inepties et veillé à ce qu'on procède à l'exécution par les armes.

T III - Supplément n. 3


Il garde le souvenir particulièrement tragique de deux petites filles qui s'étaient agenouillées devant eux pour faire leur prière - elles étaient âgées de 5 et 8 ans - et qu'il "fallut" pourtant tout de même fusiller. Hall (er) dit en outre: lors des exécutions en masse des Polonais, on obligeait ceux-ci à creuser de longs fossés et à s'y coucher sur le ventre. Ils étaient ensuite exécutés d'en haut à la mitraillette. Les suivants devaient ensuite se coucher sur les cadavres encore chauds pour être également exécutés. Beaucoup n'étaient pas encore morts et, lorsqu'ils tentaient de sortir du fossé en rampant sous 5 ou 6 couches (de cadavres), il fallait les achever sur le bord du fossé.

Un membre important du gouvernement allemand du Krakau [= Cracovie. NdE] me raconta, en découpant une dinde, une prise particulièrement heureuse qu'ils avaient faite. Ils auraient, selon lui, pris un membre dirigeant du mouvement polonais de Résistance, un Juif. Celui-ci se serait, lors de son interrogatoire, drapé dans le silence. Sur quoi, on lui aurait brisé les poignets. Même alors il avait continué de se taire. Ensuite on l'aurait assis de force sur une plaque de fourneau rougie au feu. Vous auriez dû un peu voir comme le type est devenu loquace!!!

T III - Suppléments n. 4et n. 5 (5 premières lignes)


Lors d'une visite à la Direction locale de la Construction de la Waffen-SS de Lublin, le 18 août 1942, deux chefs de travaux spéciaux me racontèrent une inspection faite dans la matinée à la morgue du camp de prisonniers de guerre de la SS près de [98] Lublin. Les cadavres y avaient été entassés par milliers. Pendant qu'ils procédaient à des mesures en vue d'une transformation des locaux, deux hommes avaient soudain bougé. Le SS-Rottenfuehrer qui les accompagnait avait alors demandé: Où donc? Puis il avait pris une barre de fer qui se trouvait sous la main et il avait fracassé le crâne des deux hommes. Ce n'était pas le fait, pensaient les chefs de travaux, qui les avait surpris, mais le naturel avec lequel cela s'était passé.

Le jour de mon inspection à Belzec, il advint qu'une Juive fit quelques coupures dans le cou à quelques Juifs du commando de travail à l'aide d'un rasoir qu'elle avait gardé sur elle en cachette. Wirth regretta vivement que la femme fût déjà morte, elle aurait dû subir un châtiment exemplaire. Quant aux Juifs du commando de travail blessés, il les fit soigner avec attention et les fit suivre médicalement, comme il disait, afin de les entretenir dans la croyance qu'ils seraient installés, rémunérés et maintenus en vie. Il - Wirth - trouvait une source intarissable d'étonnement et d'amusement dans le fait qu'ils y croyaient. Et les types croient ça, les types le croient!!! s'écriait-il tout seul!!

T III - Supplément n. 5 (fin)
+les 4 premières lignes du supplément n
. 6

A Belcec, les hommes et les jeunes garçons furent invités par haut-parleur, après ouverture des wagons et déshabillage, à rapporter aussitôt les vêtements éparpillés partout dans les wagons avec lesquels ils disparurent dans un grand entrepôt. "Celui qui en fera le plus pourra rester dans le commando de travail!!"

Alors commença une course à mort entre ces gens nus au moment du rangement, sous les rires sarcastiques des hommes de troupe. Naturellement, ils disparurent tous par la suite dans les chambres à gaz. Seules quelques personnes très âgées et très faibles furent mises à part, puis fusillées. Je pense à quelques images profondèment émouvantes pour moi: au petit garçon juif de 3 ou 4 ans auquel on mit dans la main un paquet de ficelles destinées à attacher les chaussures par paires, à la façon dont, perdu dans un rêve, il distribuait les ficelles aux gens - ou encore à une chaînette de corail qu'une petite fille perdit à un mètre de l'entrée de la chambre à gaz. Je me rappelle qu'un petit garçon de peut- être trois ans se baissa pour la ramasser, quel plaisir il y trouva, [99] et qu'on le pousse ensuite, non, dans ce cas-là on le presse doucement, pour faire entrer dans la chambre. (Les mots "qu'une petite fille" existent deux fois, d'une part à la fin du supplément n. 5, d'autre part au début du supplèment n. 6. Donc les supplèments n. 5 et 6 ne se raccordent pas exactement.)

T III - Supplément n. 6 à l'exception
des 3 dernières lignes

Le Hauptsturmfuehrer SS Obermeyer me raconta: J'ai rencontré dans un village de la région un Juif et sa femme, originaires de ma ville natale de Pirmasens. L'homme était Wachmeister pendant la guerre mondiale et c'est un type très bien. Lorsque j'étais enfant, il m'a sauvé de la mort en m'empêchant d'être écrasé. Je vais les prendre avec moi maintenant et je les incorporerai au commando de travail. Comme je lui demandais ce qu'il adviendrait de ces deux-là, Obermeyer dit: Après, ce sera comme pour les autres, il ne faut pas se faire d'illusions. Il n'y a qu'une possibilité. Mais, du moins, je les ferai fusiller. J'ai également rencontré au sein de la SS un assez grand nombre de gens qui condamnaient le plus sévèrement ces méthodes et qui, à cause de cela, en venaient au refus, ou même à une haine ardente du national- socialisme.

T III - Supplément n. 6 (les 3 dernières lignes),
n. 7 (en entier), n
. 8 (en entier, soit 5 lignes)

 

Je cite ici quelques noms dont je réponds totalement: - le SS- Sturmbannfuehrer, docteur en médecine Focht de Hagen en Westphalie, chef de la section intérieure de l'hôpital de campagne SS de Berlin, - le Hauptsturmfuehrer SS, docteur en médecine, Nissen, de Itzehoe, - l'Obersturmbannfuehrer docteur ... Sorge, de Iena, - le Hauptscharfuehrer ... Heinrich Hollaender, activiste de l'antinazisme et animé d'une haine brûlante du nazisme, - le Hauptsturmfuehrer, docteur Fritz Krantz, chef de section auprès du médecin SS du Reich, - le Gruppenfuehrer SS, docteur en pharmacie, Blumenreuther, directeur en chef du matériel sanitaire auprès du médecin SS du Reich et de la Police, - le docteur Rudolphi, Sturmbannfuehrer SS, même endroit, - le docteur Behmenburg, même endroit. Rudolphi a foulé aux pieds le portrait d'Hitler en octobre 1944.

[100]En général, c'est se méprendre que de considérer, ne serait-ce qu'un tant soit peu, la SS comme une masse unitaire. Je sais combien il est difficile de faire à ce sujet des différences dans l'appréciation et le traitement. Je comprends que l'on veuille s'en prendre à une formation en particulier et je suis sans doute celui qui connaît le mieux les horreurs commises par la SS. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que par exemple au moins les deux tiers de la SS hollandaises ont été racolés par contrainte par des moyens mensongers et de prétendus cours de sport. Il en alla ainsi de beaucoup d'Allemands, notamment de ceux qui provenaient de la Jeunesse hitlérienne et qui furent surpris et dupés sans se douter de rien. Egalement de ceux qui, à l'instigation de Himmler, furent tout bonnement poussés à quitter l'armée de l'air ou la marine pour entrer dans la SS. Il faut tenir compte de cela pour l'amour de la vérité et de la justice!

[101]

Texte T IV

 Il est manuscrit, rédigé en français, daté du 6 mai 1945.

L'original, remis à LKA par Elfriede Gerstein le 10 août 1972, y est conservé; c'est la pièce 33.

Il se compose de neuf demi-pages.

En même temps que la pièce 33, la veuve de Kurt Gerstein a remis à LKA neuf autres demi-pages originales intitulées "Suppléments". C'est la pièce 34 que LKA présente comme des compléments à la pièce 33.

T IV - Demi-pages 4, 5 et 6 (en entier)


... Ecoutant des massacres des imbéciles et des aliénés à Grafeneck, Hadamar etc., choqué et blessé dans mon intérieur, je n'avais qu'un seul désir: Voir, voir dans toute cette machinerie et alors crier dans tout le peuple! Je n'avais à cette entreprise des grands scrupules ayant été moi-même deux fois la victime des agents du SD qui s'étaient glissés au plus sécrete conseil des Frères de l'église résistente confessionnelle (Niemoeller) et même dans l'association des prieurs. En outre, une belle-soeur - Mselle Bertha Ebeling - était assassinée à Hadamar. Muni de deux références des employés de Gestapo, ayant traité mon cas, il n'était pas difficile d'entrer dans la SS armée. Les employés étaient de l'opinion que mon idéalisme, qu'ils admiraient, devait rangé au profit du nacisme. - Le 10 mars 1941 j'entrais dans la SS. L'instruction élémentaire se fit avec 40 médecins à Hambourg- Langenhoorn, à Arnhem/Hollande et à Oranienburg. A l'Hollande, aussitôt je pris contact avec la résistance nationale Hollandaise (Ingénieur diplômé Ubbink de Doesbourg). - Pour mes études doubles, bientôt je réussis au service médico-technique de SS Fuehrungs-hauptamt - Groupe D - service sanitaire de la SS armée, secteur d'hygiène. A cet service, il était à moi de me choisir moi-même mes devoirs avec toute largesse. Je construais des camions et installations de désinfection et des filtres d'eau potable pour troupes, champs de prisonniers et champs de concentration. [102] Pour connaissance exacte de cette industrie j'y réussis bientôt, mes prédécesseurs n'étant pas réussis. Ainsi, il fût possible d'abaisser le nombre des prisonniers morts considérablement. Injustement bientôt j'avais grand succès et on me prenait pour grand génie technique. Ainsi, souvent je fus consulté de part de ministère intérieur et ministère est. Au moins, je réussis à abaisser quelquement la grande vogue de fièvre purpuré de 1941 aux champs de prisonniers etc. Pour mes succès, bientôt je fus lieutenant. Décembre 1941, le tribunal qui avait ordoné ma exclusion dehors NSDAP reçut connaissance de ma entrée dans la SS armée. On faisait grand efforts à me chasser et à me poursuivre. Mais pour mes grands succès et pour mon caractère honorable je fus tenu et protégé par mon chef. Janvier 1942 je fus nommé chef du service du rayon technique-sanitaire, contenant aussi ce service des gaz sévèrement toxiques pour désinfection.

T IV - Demi-pages 7,8 et 9 (les 2 premières lignes)

Le 8 juin 1942, il entra dans ma chambre de service le SS Sturmbannfuehrer Guenther du Reichs Sicherheits Hauptamt, en civil, inconnu à moi. Il me dona l'ordre de procurer aussitôt 260 kg d'acide prussique pour un dessein extrêmement discrète et d'aller avec le poison par moyen d'un auto à un lieu, qui n'était seulement connu qu'au chauffeur. Quelques semaines plus tard, nous partons à Collin, près de Prague. Je ne pouvais penser quelquement la manière de l'ordre. Mais je m'en chargeais, parceque, par hasard, je réussis à voir dans toute cette machinerie. En outre, comme expert pour acide prussique, j'étais assez autorisé et compétent pour à tout cas faire disparaître le poison comme dissoud et ainsi à empêcher un abus pour tuer des personnes. - Nous étions accompagnés - par hasard - par SS Obersturmbannfuehrer Professor Dr. med. Plannenstiel, ordinarius de l'hygiène de l'Université Marbourg/Lahn. - A Collin j'avais fait entendre que l'acide était destinée pour tuer des personnes. Pour cela, l'après-midi la voiture fût observée avec attention.

A Lublin nous fûmes reçus par SS Gruppenfuehrer Globocnek, qui nous dit: Toute cette affaire est une des plus sécrètes choses, qu'il y a, et même la plus sécrète. Chacun, qui en parle, sera fusillé aussitôt. Hier, deux parleurs sont morts. Alors il nous expliqua: A l'instant - 17 août 1942 - il y a 3 installations: 1) Belcec, [103] à la chaussée Lublin-Lemberg au secteur de la ligne de démarcation Russe. Maximum par jour 15.000 personnes 2) Sobibor, en Pologne; je ne sais pas exactement, ou) 20 000 par jour pas vu! 3) Tréblinca, 120 km NNE de Warsavie. 25.000 par jour Vue! 4) Maidanek (près de Lublin) vu en préparation. J'ai visité en détail Belcec, Tréblinca, Maidanek avec le chef de ces institutions, le capitaine de police Wirth.

T IV - Demi-pages 9 (suite et fin)

Globocnek dit: Il vous faudra faire la désinfection de très grandes quantitées de textiles, linge, vêtements, dix ou vingt fois le résultat de "Spinnstoff Sammlung" [Note d'H.Roques: Collecte de textiles]. Toute cette collection n'est faite que pour obscourcir la provenance des vêtements juifs, Polonais, Tchèques etc. En véritée, le résultat de nos installations est 10-20 fois celui de toutes cettes collections!

T IV - Supplément - Demi-page 1et demi-page 2 (début)


A Belcec j'avais l'impression que tous étaient morts. Mais le Hauptmann Wirth qui - sans toute connaissance de chimie, de physiologie et en outre sans toute culture intellectuelle avait une prédilection pour des expériences au tuage d'hommes - m'a raconté les choses les plus curieuses qu'il a vu: par exemple un enfant très vive à une chambre qui était restée chargée pendant la nuit. En préférence ils avaient fait les expériences les plus différentes avec les aliénés. Je ne crois pas qu'il s'agit de grands nombres, avec quels on a fait des expériments. Mais on a fait des expériments singuliers. Par exemple on a tué des hommes par moyen d'air comprimé dans chaudières, faisant usage des compresseurs usuels à l'asphalte des rues. - A Treblinca j'avais l'impression que quelques-uns vivaient encore. Presque tous avaient ouverts les yeux, un aspect terrible. Mais je n'ai pas vu des mouvements, malgrée toute attention.

D'une manière de mourir la plus héroïque m'a raconté, touché et saisi de tout son coeur, le SS Hauptsturmfuehrer Dr. Villing de Dortmund. Il s'agissait de plusieurs milles des curés et des prêtres Polonais, forcés à creuser eux-mêmes des fossées et qui, devant ces fossées, sont fusilés totalement nus.

[104]

T IV - Supplément - Demi-pages 2 et 3 (sauf les 4 derniers mots)


Demandés avec ironie s'il croyaient encore en Jésus-Christ et en Maria ils répondaient par forte confession en Jésus-Christ et par un appel à Sainte Vierge de Tchenstochau. Cette manière de mourir - me dit le Docteur Villing - étaient émouvante et touchante.

Aussi des autres Polonais intellectuels, surtout des maîtres et maîtresses sont morts en grand nombre d'une maniére extraordinairement honnête et émouvante.

Une manière de tuer des hommes était de les faire ascendre l'escalier d'un haut fourneau, de les tuer là d'un coup de fusil et de les faire disparaître au fourneau. On dit que beaucoups d'hommes sont morts aux fourneaux ronds des briqueteries. Mais je ne peux pas garantir pour la vérité de cet rapport.-

Un des chefs de la police de Bromberg, SS Obersturmbannfuehrer Haller, à raconté aux médecins de mon cours et à moi, que, avant son arrivé à Bromberg, il était usuel de claquer des enfants juifs par tête au mur. Lui-même aurait fini cet abus et fait fusiler ces enfants.

T IV - Supplément - Demi-pages 3 (les 4 derniers mots), 4 (en entier) et 5 (début)


Il se rappela tragiquement de deux petites filles de 5 et 8 ans, qui étaient tombées à ses genoux pour faire leurs prières - et ensuite devaient être fusilées. - Haller nous raconta: Aux massacres des Polonais ils fûrent forcés de creuser des grandes fossées et de se poser dedans au ventre. Ensuite ils fûrent mitraillés par moyen de pistolets mécaniques. Les prochains furent engagés de se poser aux cadavres encore chauds pour être fusilés aussitôt. Beaucoup n'étaient pas morts et fûrent fusilés, faisants tentative de glisser en dehors les 5-6 couches d'hommes.

Un des chefs du gouvernement Allemand à Krakovie m'a raconté, tranchant la dinde d'un coup extraordinairement fortuné, Qu'ils avaient saisi un des chefs de la résistence Polonaise, un juif. A l'auditoire il garda silence. Alors on lui a cassé les poignets. Mais encore il garda silence. Alors on l'a mis avec le derrière au plaque du foyer ardent. Alors, il était prêt de parler! [105]

T IV - Supplément - Demi-pages 5 (suite et fin) et 6 (en entier)


Par l'occasion d'une visite à l'admnistration des travaux de construction de la SS armée, le 18 août 1942, ces deux officiers architectes nous racontaient d'une visitation du dépôt mortuaire d'un champs de prisonniers près de Lublin. Les cadavres étaient massés par quelques milles. Etant occupés de leurs travaux, tout à coup ils voyaient quelques-uns qui se mouvaient. Le SS Rottenfuhrer du service ne demanda que: Où? ...Alors il a pris une pièce de fer rond étant déjà à disposition pour leur briser les crânes. - Ce n'était pas le fait - me dirent les architectes - qui les surprit, mais que tout cela s'entendait de soi-même.

Par occasion de ma visite à Belcec, une juife à blessé avec un rasoir quelques hommes du commando de travail. Wirth regretta qu'elle était déjà morte, pour ne pouvoir pas la punir sévèrement par exemple. Les Juifs blessés il fit soigner par médecins avec exactitude, pour leur faire croire qu'ils seraient épargnés et récompensés. A haute voix il s'amusait qu'ils croyaient qu'ils vivraient, qu'ils recevraient leurs acres, leurs promilles. Les sots, les sots, il s'écriait!




T IV - Supplément - Demi-page 7 (sauf les 3 derniers mots)


A Belcec et à Tréblinca, après se déshabiller les hommes et les garçons furent invités de porter à grande vitesse les vêtements de partout dispercés aux waggons: Les meilleurs travailleurs seront membres du service de travail! - Il se fit une concurrence de vie et de mort de ces hommes nus enlevants les vêtements, les SS se moquant d'eux. Naturellement, l'après, tous sont disparus aux chambres de gaz. Seulement quelques personnes très agées et très faibles furent fusilées. - Je me souviens de quelques images saisaissantes: Au petit garçon juif, auquel on avait ordoné de donner une petite ficelle à toute personne pour plier ensemble les chaussures, et qui, rêveur, distribuait les ficelles. Que tous - involontaires - fûrent engagés pour la machinerie de leur propre tuage. Ou je me souviens à une petite fille nue de 5 ans qui perd un mètres devant chambre de la mort petit cordon de corails, au petit garçon de trois ans, qui le soulève, qui s'en réjouit - et d'alors, fût lancé dans la chambre.

[106]

T IV - Supplément - Demi-page 8 (sauf les 5 dernières lignes)


Le SS Hauptsturmfuehrer Obermeyer m'a raconté: J'ai rencontré à un village de cette région un juif et sa mariée de mon lieu natal Pirmasens. 1914-1918, il était sergeant, homme honorable. En enfant, il m'a sauvé de la mort d'être passé sur le corps. Je prendrai ces hommes et les ferai membres du commando de travail. - Demandé, que serait leur sort futur, il me dît: D'après? Le même comme les autres, dans telles choses il n'y a pas des différences. Mais je les ferai fusiler! - Même à l'intérieur de la SS j'ai rencontré quelque nombre d'hommes condemnants ces méthodes vivement, pleins d'une haine ardente contre le nacisme.


T IV - Supplément - Demi-pages 8 (fin)et 9 (en entier)


Voilà quelques noms de tels hommes:

2/3 de la SS hollandaise n'était dans cette formation que forcés par des méthodes les plus fraudouleuses et violentes. De même, beaucoup d'Allemands, en préférence de la jeunesse Hitler, sont pressés dans la SS par mensonge et tromperies. C'est le même sort comme celui des membres de Luftwaffe et marine, forcés à SS par Himmler. Pour la justice, il est nécessaire de pas oublier cela!

 

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