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LE JOURNAL LE MONDE POURSUIVI ET CONDAMNÉ POUR "RÉVISIONNISME" ET "COMPLICITÉ DE GÉNOCIDE". NOUS APPROUVONS LES POURSUITES ET LA CONDAMNATION...
Voici pourquoi:

TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE PARIS

1e Chambre - 1e - Section

JUGEMENT RENDU LE 10 MAI 1999

Demandeurs :
-- Jean-Marie Colombani, nationalité : française, directeur de la publication du journal Le Monde, demeurant 21 bis, rue Claude-Bernard à Paris 5,
-- Jacques Isnard, nationalité française, journaliste demeurant 21 bis rue Claude-Bernard à Paris 5,
-- La société Le Monde, SA, dont le siège social est à Paris 5, 21 bis rue Claude-Bernard,

représentés par maitre Baudelot, avocat - P 14 (SCP Granrut - Vatier - Baudelot)
Défendeurs :

-- Jean-Paul Gouteux, demeurant C... 32730 Montégut-Arros

représenté par maitre William Bourdon, avocat, R143

-- Les Editions sociales, SA, dont le siège social est situé 25, rue d'Alsace, à Paris 10,

représentées par maitre Jules Borker, avocat, E 136
Ministère public
Monsieur Dillange, premier substitut
Composition du tribunal
Magistrats ayant délibéré
M.-T. Feydeau, président
E Nesi, juge
S. Menotti, juge
Greffier
M. Moreau

DEBATS
A l'audience du 15 mars 1999 tenue publiquement
jugement

Prononcé en audience publique le 10 mai 1999, contradictoire susceptible d'appel

Au mois de mars 1998 est paru aux Editions sociales un livre intitulé Un génocide, secret d'Etat, écrit par Jean-Paul Gouteux;

Estimant que des passages de cet ouvrage les mettent en cause dans des conditions diffamatoires, Jean-Marie Colombani, directeur de publication duj ournal Le Monde, Jacques Isnard, journaliste de ce quotidien, et la Société Le Monde ont fait asiígner, le 27 avril 1998, l'auteur et l'éditeur du livre aux fins de les voir condamner "conjointement et solidairement" à leur payer la somme de 200.000 F à titre de dommages-intéréts ainsi qu'une somme de 30.000 F sur le fondement de l'article 700 du Nouveau Code de procédure civile, sollicitant en outre une mesure de publication à titre de réparation complémentaire et le bénéfice de l'exécution provisoire.

Les demandeurs se plaignent de se voir imputer au travers des passages visés dans leur exploit introductif d'avoir été les relais complaisants de la DGSE pour diffuser le message de désinformation des services secrets français, lors des événements dramatiques survenus au Rwanda, en 1994, et soutiennent que l'imputation d'un manquement aussi grave aux obligations et à la déontologie professionnelle des journalistes est diffamatoire.

Dans ses écritures récapitulatives du 2 mars 1999, Jean-Paul Gouteux fait valoir qu'étant docteur ès sciences, chercheur en entomologie médicale coopérant dans différents pays d'Afrique, il s'emploie, avec différentes associations, à faire connaitre la réalité du génocide commis au. Rwanda et à combattre les entreprises de négationnisme menées ici ou là; que ses recherches l'ont conduit à s'interroger sur la politique de la France en Afrique et sur les conditions dans lesquelles les grands quotidiens nationaux ont rendu compte du génocide qui a eu lieu à partir du début avril 1994.

Il invoque le bénéfice de la bonne foi, estimant que sa démarche est parfaitement légitime, qu'elle est le résultat d'une enquéte sérieuse et n'est empreinte d'aucune animosité ni intention de nuire.

Il considère avoir agi de fagon licite et sincère et conclut au rejet des demandes, sollicitant la condamnation de chacun des demandeurs au paiement de la somme de 10.000 F en application de l'article 700 du Nouveau Code de procédure civile.

Aux termes de conclusions signifiées le 28 octobre 1998, les Editions sociales développent une argumentation similaire, soulignant le caractère légitime de la démarche critique de l'auteur face à un drame historique d'une extréme importance et l'utilité de son interrogation sur la fagon dont les médias ont relaté les événements.

Elles soutiennent que les propos litigieux ont été écrits sur la base d'informations et de commentaires que l'auteur avait en sa possession, que ce dernier a conduit un débat légitime sans animosité particulière et sans excéder les limites admissibles de la polémique qu'autorise la gravité de l'événement.

Les Editions sociales concluent en conséquence au rejet des demandes, subsidiairement à la réduction des prétentions indemnitaires des demandeurs et sollicitent l'allocation d'une somme de 50.000 F au titre de l'article 700 du Nouveau Code de procédure civile.

Par des conclusions récapitulatives du 10 mars 1999, les demandeurs contestent l'argumentation adverse et dénient aux défendeurs le bénéfice de la bonne foi.

Ils soutiennent que l'auteur n'a pas fait preuve de la plus élémentaire prudence dans l'expression, que ses sources, lors de la rédaction de l'article, étaient insignifiantes et ne correspondaient pas à une enquéte sérieuse. Attendu que les passages poursuivis figurent dans le chapitre intitulé "Le rôlele des services secrets", sous le sous-titre "Des journalistes dans l'ombre des Messieurs Afrique";

Qu'après avoir relevé qu'"à l'exception de L'Humanité et de quelques articles dans La Croix, Témoignage chrétien, Télérama, etc., l'attitude complice des grands médias français face au génocide a été peu banale" [...] et que "la seule chose que l'on pouvait comprendre en lisant la presse frangaise, c'est que le black-out était de rigueur" l'auteur écrit:

"Quand Libération dénonce "un second génocide, derrière ses "unes" dramatisées, derrière cette désinformation, il y a une énorme affaire un génocide impliquant l'Elysée via la coopération militaire et l'activité des services secrets. Tant que le problème d'une éventuelle complicité française n'aura pas fait l'objet d'une enquéêe, cette action de sape des services secrets persistera. Si cette désinformation a encore une telle place dans la presse nationale, c'est parce qu'il s'agit de ce que la DGSE considère comme "l'intérét supérieur de la France". Elle bénéficie de ce fait du soutien des "honorables correspondants"; dans les rédactions de la presse nationale "honorable correspondant" est le terme consacré par les "Services" pour les journalistes avec lesquels ils entretiennent une amicale (et fructueuse) collaboration. Claude Silberzahn, ex-directeur de la DGSE, mentionne, dans son livre Au coeur du secret, deux de ses "amis" du journal Le Monde: Jacques Isnard et Jean-Marie Colombani. Jacques Isnard est connu comme étant un relais de transmission de la DGSE. Certains le savent et cela leur permet de connaître le point de vue de ce service ou de rire des grosses ficelles désinformatrices. Quand l'information n'est pas inexacte, c'est sa présentation structurée par la grille de lecture ethniste qui en fait une désinformation. En revanche, l'aveu de Silberzahn permet de mieux comprendre les écrits de Colombani. Pendant Tuquoise, ce grand ami de François, Mitterrand reprenait la propagande des "Services", c'est-à-dire du Hutu Power rwandais:

« Il n'y a pas les bons d'un cóté, les méchants de l'autre: le FPR fait le vide autour de lui, est responsable de l'exode, et ne veut laisser rentrer que les paysans au prétexte des récoltes, ce qui permet d'exclure le retour des intellectuels hutus: si cela était confìrmé, cela rappellerait quelque chose, n'est-ce pas, du cóté du Cambodge."

Ce à quoi répondait en écho l'article de Jean-Pierre Langellier:

« Le FPR, fondé en 1987 dans l'Ouganda anglophone, semble se méfler vivement des fonctionnaires et des intellectuels, doublement suspectés car en majorité hutu et francophones. »

Sans compter sur toute la désinformation sur les "Khmers noirs", vulgarisée entre autres par Jean Hélène (qui est également correspondant de Radio France Internationale) et à laquelle ce journal a largement contribué.

Le Monde poursuit aujourd'hui la méme ligne éditoriale sur l'ex-Zaïre.
... D'autres articles, encore plus malodorants, tentent par ailleurs d'habiller Museveni en mafieux.

Dans les années trente, on fantasmait en Europe sur la pieuvre sémite. Dans les chroniques de la désinformation ordinaire propagée par les services de renseignements français, ce sont les Tutsi qui tiennent ce róle. Au Rwanda, un génocide n'a pas suffi pour condamner ce racisme. Tous ces journalistes qui veulent faire plaisir à la DGSE ou à la DST, ou qui réagissent peut-être à une demande politique venant d'en haut, prennent de gros risques, car cela commence à se savoir. La presse française perd ainsi petit à petit de sa crédibilité. Le citoyen s'en méfie, et à juste titre. Quand un ancien conseiller du gouvernement français écrit dans un livre de référence sur le Rwanda:

"La DGSE s'active à faire passer la désinformation qui est reprise sous diverses fomnes par plusieurs journaux français et qu'il cite Le Canard enchaîné, Le Monde, ou l'agence France-Presse, c'est que cette dérive des médias français est devenue de notoriété publique.

Attendu que dans les passages ci-dessus reproduits, Jean-Paul Gouteux reproche à une grande partie de la presse frangaise, et au journal Le Monde en particulier, d'avoir véhiculé une analyse partiale dea événements du Rwanda en les réduisant à un simple conflit militaire entre le pouvoir hutu et les Tutsi du Front patriotique rwandais, en insistant sur le caractère ethnique de la lutte à laquelle se livraient deux peuples nourrissant un antagonisme ancestral, en occultant la réalité du génocide perpétré contre les Tutsi et en menant la responsabilité de la crise au compte dcs rebelles du FPR, thèse dont il prétend dans le livre qu'elle serait celle défendue par les services français dans le but d'occulter la responsabilité de l'Etat.

Attendu que l'auteur estime qu'une telle analyse transparaît spécialement dans les articles du Monde signés par Jacques Isnard et dans un écrit de Jean-Marie Colombani publié le 23 juillet 1999, et met au compte des liens privilégiés qu'entretiendraient ces journalistes avec la DGSE, leur appréciation concordante des faits, précisant que Jacques Isnard était "connu comme étant le relais de transmission de la DGSE" et que Jean-Marie Colombani "reprenait la propagande des Services";

Que par de tels propos, il impute aux demandeurs d'avoir été les porte-parole des services secrets pour diffuser une information "officielle", au mépris des devoirs d'objectivité et d'indépendance qui s'imposent au journaliste;

Qu'il laisse entendre quì la faveur des relations privilégiées avec ces services, les défendeurs ont livré à leurs lecteurs des informations inexactes;

Que l'imputation de tels faits, susceptibles d'étre prouvés, contraires à l'honneur et à la réputation de ces journalistes, est diffamatoire;

Attendu que les défendeurs, qui n'ont pas offert de rapporter la preuve de la vérité des allégations diffamatoires, prétendent au bénéfice de la bonne foi exonératoire;

Qu'il convient de relever que les propos incriminés figurent dans un ouvrage ouvertement polémique qui analyse de manière critique la responsabilité de la France et de certaines institutions étatiques ou internationales dans la survenance et la prolongation du drame survenu courant 1994 au Rwanda;

Que l'auteur s'y insurge avec virulence contre le silence et les non-dits qu'il observe, quatre ans après le génocide, et entreprend d'informer le lecteur sur l'origine, la réalité et l'ampleur des massacres commis; qu'il combat avec véhémence "l'ethnisme", qui consiste à expliquer les conflits politiques et sociaux au Rwanda en recourant au critère ethnique, cette idéologie, largement diffusée par le pouvoir politique et les médias, ayant permis, selon l'auteur, d'occulter la réalité du génocide, programmé par le gouvernement hutu en place et commis dans le but de sauver le pouvoir dont voulaient s'emparer les Tutsi du FPR;

Qu'une telle analyse, étayée par de nombreuses références à des documents, articles de presse et ouvrages figurant à chaque page de l'ouvrage et par une importante bibliographie publiée à la fin du livre, est manifestement le fruit d'un travail de réflexion approfondi qui témoigne d'une connaissance particulièrement vaste de ce qui a été écrit sur le Rwanda;

Qu'elle rejoint les conclusions du. rapport de la mission Quilès qui relève, parmi les erreurs d'appréciation de la France, "la sous-estimation du caractère autoritaire, ethnique et raciste du régime rwandais" résultant d'une analyse réalisée "à travers une grille de lecture traditionnelle, héritée de la décolonisation belge, qui fait du critère ethnique le critère explicatif principal des rapports sociaux et politiques";

Qu'il n'est pas douteux que l'ouvrage de Jean-Paul Gouteux répond au souci légitime d'analyser et de critiquer ce qu'a été le róle de l'Etat et de ses services dans ce qui constitue un drame majeur de ce siècle;

Que le comportement des médias relevant nécessairement de son étude, il était normal que l'auteur examine, comme d'autres observateurs l'ont fait, la manière dont le journal Le Monde a rendu compte des événements;

Attendu que l'analyse des coupures de presse versées aux débats conduit à constater que durant les deux premiers mois du conflit, Le Monde, par son correspondant Jean Hélène, a mis l'accent sur l'aspect "guerre civile du conflit" et insisté plus spécialement sur la responsabilité des rebelles du FPR;

Que s'il est vrai, comme le relèvent les défendeurs, que Le Monde a publié dès février 1993 des articles critiques sur la politique de la France en Afrique, on note que ce fut au travers de tribunes libres ou de débats donnant la parole aux lecteurs ou observateurs étrangers et non d'articles émanant de la rédaction du journal;

Qu'alors que L'Humanité du 27 avril 1994 titrait "Rwanda: massacres prémédités", qu'un article du Nouvel Observateur faisait état à la méme date "du rôle ambigu de la France au Rwanda" et expliquait: "Paris a soutenu depuis plusieurs années le régime de Kigali, qui n'a cessé d'attiser les haines ethniques et a équipé l'armée prétorienne qui a entrepris le massacre des opposants hutu et de la minorité tutsi au lendemain de la mort du président",

ou encore que L'Evénement du jeudi du 5 mai 1994 titrait: "Comment on a fabriqué de toutes pièces les racines de la haine. Massacre de Tutsi à Kigali Le régime hutu a mis en place au Rwanda un système d'apartheid plus dur qu'en Afrique du Sud", ce n'est que dans le numéro du 6 juin 1994 qu'un article rédactionnel du Monde évoquait pour la première fois l'organisation d'un mouvement massif d'élimination des Tutsi et des opposants hutu, et le 8 juin que le terme génocide était employé;

Qu'on peut trouver en outre, dans les articles signés par Jacques Isnard, se faisant l'écho des renseignements de la DGSE, une lecture ethniste du conflit et une tendance particulière à suspecter le FPR (un Tutsi peut étre "un combattant en puissance ou un rebelle potentiel" dont il faut se méfier dans le cadre de l'action humanitaire mise en place par le plan Turquoise: 29 juin et 6 juillet 1994);

Qu'on peut ressentir comme semblable l'analyse que fait Jean-Marie Colombani lorsqu'il écrit dans un article publié le 23 juillet 1994: "Sans doute faut-il se garder de toute naïveté: il n'y a pas les bons d'un cóté, les méchants de l'autre: le FPR tutsi fait le vide autour de lui, est responsable de l'exode, et ne veut laisser entrer que les paysans, au prétexte des récoltes, ce qui permet d'exclure le retour des intellectuels hutu: si cela était confirmé, cela rappellerait quelque chose, n'est-ce pas, du cóté du Cambodge";

Qu'on peut voir enfin dans le dessin de Plantu. publié le 21 août 1994, qui montre des militaires français sur le départ donnant pour ultime conseil à un combattant du FPR: "Et on est bien d'accord: plus de génocide!", l'illustration de la ligne rédactionnelle du Monde;

Attendu que le rapprochement entre cette façon d'appréhender les événements et la thèse défendue par les services secrets français n'est pas fortuit mais repose sur des éléments, sérieux, développés dans le livre;

Qu'étant en effet en possession des articles de Jacques Isnard, qui fournissent régulièrement des renseignements en provenance de la DGSE et révèlent une connaissance particulière de ce service, ainsi que du livre Au coeur du secret dans lequel l'ancien directeur, Claude Silberzahn, relate -- ce point n'est pas contesté -- les rapports d'amitié qu'il entretenait avec Jacques Isnard et Jean-Marie Colombani, Jean-Paul Gouteux a pu, de bonne foi, mettre au compte de tels liens la similitude d'analyse qu'il relevait et, sans excéder le ton qu'autorise la polémique sur un sujet aussi crucial et douloureux, désigner les demandeurs par les termes "d'honorables correspondants" habituellement employés à l'égard des journalistes en relation avec les services secrets;

Qu'il pouvait d'autant plus se croire autorisé à formuler sans réserves ses critiques, qu'il avait en main la réponse qu'Alain Fourment, secrétaire général de la rédaction du Monde, lui avait écrite le 6 août 1996:

"J'ai lu attentivement vos remarques et les reproches que la lecture des articles de notre correspondant en Afrique orientale, Jean Hélène, vous a inspirés. La précision de votre lettre me conduit à penser que vous avez raison", et qu'il détenait en outre la lettre du médiateur Thomas Ferenczi, répondant le 22 novembre 1996 aux critiques d'un lecteur en ces termes: "Il est vrai que nous avons mis du temps à comprendre ce qui se passait vraiment au Rwanda, puis au Zaïre. Nous n'avons pas été les seuls -- mince consolation ! -- à nous tromper. Aujourd'hui, la vérité commence à se faire jour. Notre vocation, à l'époque de Beuve-Méry comme aujourd'hui, est de redresser ces erreurs, méme avec retard";

Que n'ayant pas reçu des demandeurs le méme aveu, il n'était pas excessif que Jean-Paul Gouteux réagisse, comme il l'a fait, dans le cadre d'un livre qui se voulait polémique;

Qu'enfin il pouvait s'estimer conforté dans ses allégations par l'analyse concordante d'observateurs au colloque: "Le Rwanda et les médias" de MontréaI de 1995, et par le soutien que lui apportait Jean-Pierre Chrétien, Historien spécialiste d'ouvrages sur la région des Grands Lacs et rédacteur de la préface de son livre;


Attendu que l'ensemble de ces éléments conduisent à admettre que les conditions de la bonne foi sont remplies en l'espèce;
Qu'il convient en. conséquenee de rejeter les demandes;
Par ces motifs
Déboute Jean-Marie Colombani, Jacques Isnard et la société Le Monde des fins de leur action;
Les condamne à payer à chacun des défendeurs la somme de 10.000 F sur le fondement de l'article 700 du Nouveau Code de procédure civile;
Les condamne aux dépens.



INTRODUCTION

A PROPOS D'UN PROCÈS EN DIFFAMATION


par Jean-Paul Gouteux

Avant la crise rwandaise, Le Monde était pour moi, comme pour beaucoup d'autres, le quotidien de référence. C'était une source d'informations objectives, d'enquétes pertinentes et d'analyses indìscutables. Un journal dont l'honnêteté intellectuelle ne se discutait pas. J'ai gardé naïvement cette conviction jusqu'en 1994, lorsque j'ai su ce qui se passait réellement au Rwanda. Lorsque j'ai compris, progressívement, l'ampleur et la gravité des implications frangaises dans ce drame, dont Le Monde ne nous disait rien ou presque.

Hasard de l'existence, un de mes fils était né là-bas, sur les bords du lac Kivu. Ma famille avait fait rentrer ce pays dans ma vie. Et ma profession de chercheur expatrié travaillant sur les maladies tropicales m'avait permis de connaitre la région. On pouvait, de France, être en relation directe avec l'horreur, car les lignes téléphoniques avec le Rwanda n'ont pas été interrompues pendant une partie du génocide. Les propos confus, angoissés, de nos parents et amis nous faisaient penser au pire. Surtout, leurs voix étrangement cassées, étouffées, désarticulées par la peur, nous laissaient soupçonner l'indicible. La presse compulsée fiévreusement, la radio, la télévision n'en donnaient qu'incidemment quelques échos, toujours très déformés. Le Monde, en particulier, occultait ce crime dont on devinait cependant l'ampleur, sans vouloir ou oser comprendre son caractère inouï dans l'atrocité et la démesure. Pourtant quelques articles de presse laissaient entrevoir la vérité. Certains journalistes, auxquels il faut rendre hommage, donnaient les véritables dimensions de ce drame (1). Mais ceux-là n'écrivaient pas dans Le Monde.

Ce journal n'était pas le seul à alimenter la désinformation sur la question rwandaise. Loin de là. Jusqu'en 1998, à quelques exceptions près, le mensonge d'Etat s'est imposé, sous de multiples formes, à l'ensemble du paysage médiatique français. Mais Le Monde donnait le la, ainsi que c'est sa fonction d'une manière geénéale dans la conscience collective. S'il s'est distingué, c'est dans la mesure où il exprimait (et il exprime toujours) ce qui s'approchait le plus de ce qu'on pourrait appeler la version officielle. Etre le porte-parole d'un pouvoir dont l'implication dans ce drame n'en finit pas d'étre confirmée et attestée, livres après livres, rapports après rapports (2), n'était certes pas une fonction facile à remplir. Cela l'obligeait à des silences consternants, des impasses scandaleuses, un traitement somme tout minimal avec des distorsions permanentes du peu d'informations distillées.

En scientifique, j'ai réagi à la désinformation sur le génocide rwandais par le réflexe d'essayer de savoir par tous les moyens. Après la fébrilité des premiers instants, j'ai recherché méthodiquement les informations disponibles et une importante documentation s'est accumulée jour après jour. Le résultat de cette recherche a fini par donner un livre: Un génocide secret d'Etat. La France et le Rwanda, 1990- 1997, publié aux Editions sociales en mars 1998.

C'est en mai 1994 que j'ai découvert l'association Survie, qui réalisait à son échelle un énorme travail d'information et de communication sur le drame rwandais, gráce à son mensuel Billets d'Afrique. A Survie, l'idée avait été lancée, en 1997, de dénoncer la désinformation qui reste un fait marquant de ce génocide, en réalisant une compilation exhaustive des articles importants publiés par la presse (et en particulier par Le Monde). L'idée était alors de reproduire ces articles en fac-similés, accompagnés en vis-à-vis d'un commentaire critique. Une sorte de "Dossiers et Documents" permettant de juger sur pièces. Quelques recueils d'articles de presse existaient déjà, comme l'opuscule Rwanda, daté de mai 1994 et réalisé par le Centre de documentation tiers monde (CDTM) de Montpellier. Mais ce travail commun restait un projet toujours repoussé à plus tard ; il y avait d'autres priorités.

Début 1998, événement inespéré, la presse frangaise sembla redécouvrir le génocide rwandais à la suite du Figaro. Ce journal publia une série d'articles courageux sous la plume de Patrick de Saint-Exupéry, du 12 au 15 janvier, puis du 30 mars au 6 avril 1998, ce que Michel Sitbon a appelé la "révolution saint-exupérienne" (3). Dans la tradition de L'Aurore, Le Figaro rendait ainsi un magnifique hommage au centenaire du J'accuse de Zola. Même Le Monde suivit et publia peu après une série d'articles infiniment plus informatifs que sa production habituelle sur ce sujet (Rwanda : enquéte sur un génocíde, de Rémy Ourdan, du 31 mars au 4 avril 1998). Cette irruption inattendue de la vérité sur la scène médiatique reléguait notre projet à un travail d'intérét purement historique.

L'"opération vérité " dans la presse, associée aux travaux de la commission du Sénat belge, aux différentes commissions d'enquéte de l'ONU et aux nombreux livres publiés sur le Rwanda, aux demandes citoyennes de plus en plus pressantes d'une Commission d'enquête parlementaire (4), a provoqué la mise sur pied d'une Mission d'information. Toutefois, son président, Paul Quilès, précisa d'emblée les limites de l'exercice: "Il ne s'agit ni d'un réquisitoire ni d'une plaidoiie et dans tous les cas, il ne sera pas question pour la France d'aller faire repentance à Kigali." Ancien ministre de la Défense, Quilès était à ce titre peu suspect de vouloir géner l'armée. De plus, la Mission recruta rapidement une attachée de presse venue de chez Michel Charasse, mitterrandien de choc, alors que la responsabilité de François Mitterrand, de son état-major particulier et de sa cellule élyséenne était manifeste. Pour appuyer l'entreprise, les responsables les plus compromis criaient au complot anglo-saxon et dénongaient méme une "campagne de presse" inadmissible et insultante pour "l'honneur de la France" (5).

La Mission venait d'auditionner respectueusement, avec "beaucoup de sourires de connivence" (6) et en évitant toute question dérangeante, Jean-Christophe Mitterrand, fils du Président, ainsi que les ministres de l'époque, Edouard Balladur (Premier ministre), Alain Juppé (Affaires étrangères), François Léotard (Défense) et Michel Roussin (Coopération) et, à huis clos, l'ancien ambassadeur à Kigali, Georges Martre. En avril 1998, toute l'attention était focalisée sur l'évolution de cette « mission d'information". Elle n'était clairement qu'un contre-feu, allumé dans la précipitation, pour éviter une véritable commission d'enquéte parlementaire (7).

C'est dans ce contexte que Le Monde m'assigna, avec les Editions sociales, pour diffamation, réclamant 600.000 francs de dommages et intéréts. Dans l'assignation, l'accusation cite quelques passages du livre Un génocíde secret d'Etat (p. 150 et suivantes) où je reprends les propos de l'ancien chef des services secrets Claude Silberzahn (8), désignant comme "ses amis" Jean-Marie Colombani, directeur de la publication, et Jacques Isnard, chroniqueur militaire, avec lesquels il aurait "comploté", selon ses propres termes, la parution dans Le Monde d'articles stratégiques sur la DGSE (9). J'y reprenais aussi les informations données par l'africaniste Gérard Prunier qui était particulièrement clair et explicite quant au "travail" de la DGSE et son utilisation du journal Le Monde, "pour faire passer cette désinformation" (10).

La réaction de Jacques Isnard et de Jean-Marie Colombani a surpris les spécialistes informés de l'attitude du Monde pendant le génocide, et qui estimaient que ce journal avait plutôt lieu de porter profil bas. Le ton lui-même de cette assignation sonnait faux. Le Monde, en effet, venait de changer d'attitude. Il y avait contradiction entre cette attaque en justice et son éditorial du 31 mars 1998, expliquant que la politique de la France au Rwanda avait été "beaucoup plus trouble en fait que ses généreuses déclarations d'intention". Il était en effet curieux qu'après quatre ans de silence complice, à l'heure où Le Monde découvre enfin les aspects "troubles" de la politique française au Rwanda, sa direction n'ait rien de plus urgent à faire que de poursuivre un auteur et un éditeur pour un livre qui donne précisément des informations dont Le Monde n'avait pas rendu compte. Un livre qui, justement, dénonce cette politique. La mention des relations que Le Monde entretient avec les services y était non seulement banale, mais très accessoire, l'essentiel du livre consistant à mettre à plat la politique française. De plus, le montant exorbitant des dommages et intéréts demandés vise "au portefeuille", là où c'est censé faire le plus mal.

Interpellé brusquement au début de 1998 par la multiplication des enquêtes sur le Rwanda et les révélations des autres organes de presse (notamment du Figaro), Le Monde s'est réveillé de mauvaise humeur. Le pesant sommeil sur l'horreur commise quatre ans plus t6t a manifestement laissé quelques séquelles persistantes au réveil. Mais la prise de conscience manifestée par les articles de Rémy Ourdan, cette bonne conscience nouvellement acquise, suffit-elle à l'équipe dirigeante du Monde pour dénigrer, sans risque, un livre qui dénonce son indignité? On ose espérer que ces contradictions reflètent des divergences au sein de la rédaction du Monde. Que celle-ci n'est ni monolithique, ni aux ordres du maitre et qu'elle ne dissimulera pas un procès qui appelle l'ouverture d'un débat. La grosse colère de Jean-Marie Colombani pourrait bien finir par montrer ce qu'il veut cacher: un passé, lui aussi, "trouble" (11).

Au moment où Serge Halimi, du Monde diplomatique dénonce Les nouveaux chiens de garde du pouvoir (12) et les "rapports incestueux entre média et pouvoír", il est intéressant de continuer à ouvrir la brèche faite sur la façade du "jòumalisme de révérence", pour reprendre les termes de ce livre. Serge Halimi n'épargne pas Le Monde dans sa critique des médias, mais limite son "hypocrisie" et sa servilité" à la matière économique. Bien au contraire, la couverture du génocide rwandais montre que Le Monde n'est pas "un médium quí traite du reste de l'actualité avec un esprit critique demeuré íntact" (Les nouveaux chiens de garde, p. 62). Si le Rwanda était la seule motivation de notre enquéte, elle nous a conduits à croiser d'autres cas où "l'esprit critique" est resté pour le moins défaillant. Des cas où Le Monde révèle, par une information partielle et tronquée, voire par l'utilisation des techniques de désinformation, sa complaisance envers les pouvoirs en place.
Le nombre d'anciens lecteurs inconditionnels du Monde qui ont fait la méme douloureuse expérienee et ont vécu la méme désillusion est tout à fait étonnant. Ce sont eux qui m'ont confié leurs témoignages sur les sujets suivants qui leur tenaient à coeur: Le Monde a fait douter de sa déontologie en octobre 1961 quand il a omis de rapporter la mort de 200 Algériens tués par la police à Paris. Méme questionnement sur des sujets aussi divers que la couverture de l'assassinat de Dulcie September (13), à propos de l'affaire du sang contaminé (14) et sur la guerre du Golfe (15). Relevons aussi le zèle surprenant avec Iequel Le Monde a relayé la version officielle du "suicide" pour le moins suspect de François de Grossouvre. Un sujet qui concerne le Rwanda, parce que l'ex-chargé de mission de Mitterrand tombé en disgráce a été trouvé "suicidé" à l'E1ysée, au lendemain de l'assassinat du président rwandais juvénal Habyarimana. Colette Braeckman rapporte que, le jour de sa mort, de Grossouvre aurait dit, apprenant la nouvelle de cet attentat qui a servi de détonateur au génocide rwandais: "Les cons, ils n'auraient quand méme pas fait ça!" (Le Soir du 29 mars 1996). François de Grossouvre, homme de l'ombre, ancien confident de Mitterrand, était l'un des mieux informé des intrigues élyséennes, de la "face obscure" présidentielle, notamment de sa politique africaine (16). Nous suggérons à Serge Halimi (ainsi qu'à tous les lecteurs) d'explorer aussi ces sujets et bien d'autres...

En ce qui concerne l'Afrique, au moins depuis les décolonisations, Le Monde a une analyse de l'actualité qui s'aligne sur les orientations de la politique de la France dans ce continent à partir des années soixante. Du Biafra, en 1967, au Congo Brazzaville, aujourd'hui, loin de défendre une ligne éditoriale indépendante, Le Monde a constamment servi de "journal officiel" de la politique africaine de l'Elysée. Il y a une réelle cohérence de l'équipe du Monde dans l'analyse depuis Philippe Decraene jusqu'à Jean Hélène en passant par Jacques de Barrin. Prenons un exemple récent: en 1998, la Guinée-Bissau est en proie à une guerre civile dans laquelle interviennent les troupes senégalaises. La presse lusophone révèle la présence à leurs cótés de soldats français. Vingt militaires amenés par la corvette Drogou orientent et conseillent le corps expéditionnaire sénégalais. Des hommes des services secrets spécialisés dans ce genre d'intervention ont également été déposés à Bissau par la frégate La Foudre. D'autres navires auraient débarqué des munitions et véhicules (17). Le Monde, au lieu de vérifier les dires de ses confrères étrangers, se contente de publier les démentis officiels. "Paris dément étre impliqué dans 1'intervention du Sénégal en Guinée-Bissau", titre Le Monde du 30 juin 1998. Le contenu de l'article n'en dit pas davantage: le lecteur ne saura jamais qui a accusé la France, de quoi précisément, et sur quelle base. Il est vrai que Jacques Chirac déclarait le méme jour, à l'occasion de sa visite officielle en Angola: "Le temps des interventions militaires [est] dépassé. [...] la France n'interviendra pas là où elle n'est pas liée. Il n'y aura pas d'ingérence." Le silence assourdissant du Monde sur l'actuelle guerre civile du Congo Brazzaville et son cortège d'atrocités est tout aussi éloquent. L'aide militaire française y est omniprésente et s'opère dans l'ombre d'Elf, l'intouchable citadelle françafricaine, mais les lecteurs du Monde n'en sauront rien.

La question qui se pose est celle-ci : Le Monde a-t-il été, volontairement ou non, instrumentalisé par le pouvoir? Les articles analysés ici montrent pour le moins que ce journal, pendant le génocide (avril, mai, juin 1994), n'a pas fait son travail d'investigation et de recherche objective de la vérité. L'assignation qui a été faite aux Editions sociales et à moi-méme a été l'occasion d'aller plus loin dans notre interrogation, de reprendre notre documentation, de rechercher les écrits de spécialistes, historiens, africanistes et universitaires sur la couverture médiatique de ce génocide, et c'est très bien. Finalement, l'attitude du Monde a le mérite de nous obliger à terminer un travail inachevé. Elle a permis de réaliser le petit livre que vous avez entre les mains.


NOTES
1. Notamment certains articles de Laurent Bijard dans Le Nouvel Observateur, ceux de Jean Chatain dans L'Humanité, ou de Jean-François Dupaquier dans LEvénement du jeudi. Alain Frilet et Jean-Philippe Ceppi dans Libération, ont également réussi à faire paraître quelques (rares) bons articles. De méme pour Renaud Girard et Patrick de Saint-Exupéry dans Le Figaro. Agnès Rotivel et Maria Malagardis ont pu faire du bon travail dans La Croix, malgré la direction de ce journal dont les éditoriaux pouvaient contredire leurs articles. Pour apprendre la vérité, toutefois, il valait mieux lire la presse belge: Colette Braeckman dans Le Soir de Bruxelles et Marie-France Cros dans La Libre Belgique. A la radio, mentionnons tout spécialement Daniel Mermet dont l'émission sur France Inter, "Rwanda sous silence", en juin 1994, a énormément contribué à faire connaitre ce drame aux Français.
2. Je renvoie à la bibliographie en fin d'ouvrage. Méme le rapport de la Mission d'information, Enquéte sur la tragédie rwandaise (1990-1994), Assemblée nationale, quatre tomes, 1998, destiné à enterrer le scandale, contient suffisamment d'omissions et d'ambiguïtés pour être accablant.
3. Dans son livre Un génocide sur la conscience, L'Esprit frappeur, 1998, une réflexion sur la logique de l'implication française, qui y est mise à plat avec des arguments implacables. [A la réflexion, il faut bien constater que cette « révolution » n'a pas eu lieu. Rétrospectivement, le travail de Patrick de Saint-Exupéry dans Le Figaro est à réévaluer: en fait les deux fameuses séries d'articies parues début 1998 dans ce joumal ont simplement servi de prétexte à la mise en place de la Mission d'information parlementaire sur le génocide rwandais dont la fonction était d'enterrer l'énorme scandale de l'implication massive de l'armée et de la diplomatie franqaises dans l'exécution de ce crime contre l'Humanité. Le Figaro exprime -- paradoxalement -- dans le concert des médias, la critique de "gauche" de la politique française en Afrique. Mais cette critique n'est pas moins mesurée, et ne paraît que lorsqu'elle est opportune pour la conduite de l'Etat néo-colonial. C'est ainsi qu'un "révolutionnaire" peut s'avérer un très bon agent. Nde.] [L'AAARGH ajoute: cet éditeur est prévisément Michel Sitbon, héritier des Minitels roses et tsar du porno de la gauche caviar dont les opinions, on le voit, ne valent pas tripette.]
4. Une pétition de plus de 200.000 signatures a été remise aux parlementaires.

5. Appuyés par des membres de la Mission dont Jacques Myard ou Jacques Baumel (RPR), ce demier insistant sur la nécessité de résister à "une campagne étrangère en grande partie anglo-saxonne", dirigée, selon lui, contre la France (Le Monde du 13 mars 1998).

6. Comme le remarque Rémy Ourdan dans Le Monde du 10 juillet 1998.

7. Seule nantie des prérogatives nécessaires pour faire la vérité. Demandée par le groupe communiste (proposition de résolution No 751 de L-C. Lefort), elle a été vivement rejetée par Jack Lang, le mitterrandolâtre président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.

8. Ex-directeur de la DGSE (Direction générale des services extérieurs) après le changement de sigle du SDECE (Service de documentation extérieur et de contre-espionnage) en 1981.
9. Dans Au coeur du secret, Fayard, 1995, p. 100.
10. Dans Rwanda, le génocide, Dagorno, 1997, p. 214.
11. Le Réseau Voltaire signale dans "Le Monde a vendu son ârne"', à propos de son actuel directeur: " a commencé sa carrière à la droite extrême. Il fut collaborateur sous le pseudonyme de Jean-Marie Rocca, du Spectacie du Monde (Valmonde/Fimalac) de Marc Ladreit de Lacharrière, qu'il vient de faire entrer dans le capital du Monde.--- Note d'Information No 16 du 18 avril 1995 (Marc Ladreit de Lacharrière est unfinancier lié au groupe l'Oréal. Voir Michel Bar-Zohar, Une histoire sans jard: L'Oréal, des années sombres au boycott arabe, Fayard, 1996). [L'AAARGH ajoute: il convient de prendre avec les précautions d'usage les affirmations du réseau Voltaire, une officine de police privée et de chantage, financée en grande partie par les minitels roses de la famille Sitbon, émigrée du Nouvel Observateur. On sait que les affaires de moeurs et la police sont toujours "liées" et vice versa, si l'on ose dire.]
12. Serge Halimi, Liher-Raison d'agir, 1997.

13. Militante anti-apartheid de l'ANC, assassinée à Paris le 29 mars 1988. Le Monde titrait alors sans complexe "Prétoria n'avait aucun intérét à faire assassiner Dulcie September ".

14. Le journaliste du Monde qui traitait cette affaire à son début était par ailleurs conseiller en communication du... Centre national de transfusion sanguine!

15. Voir sur ce dernier point l'intéressant Attention médias !, Les média-mensonges du Golfe. Manuel anti-manipulation, de Michel Collon, Editions Epo (Bruxelles) 1996.

16. Deux livres, qui peuvent étre pris comme des "messages" codés aux différents acteurs des jeux troubles de l'Elysée, livrent des clés sur ce "suicide" que la famille de Grossouvre considère être un assassinat: celui de Paul Barril, Guerres secrètes à l'Elysée, Albin Michel, 1996, lui-méme acteur important de ces jeux, et celui de Jean-Paul Cruse, Un corbeau au coeurde l'Etat, Edtions du Rocher, 1998. Tout en prociamant son amitié et son intimité avec de Grossouvre, Paul Barril refate avec force détails comment réaliser techniquement cet assassinat et démontre pourquoi il ne pouvait pas s'agir d'un suicide. Jean-Paul Cruse, très proche de Barril (ce serait son "nègre"), présente expliciternent l'assassinat de Grossouvre comme lié à l'attentat contre Habyarirnana, qui a eu lieu vingt-quatre heures avant. Selon lui, ce rneurtre aurait été accompli "dans l'urgence et la mort dans l'âme pour éviter qu'il ne parle... Je n'en sais pas plus..." par un spécialiste connaissant parfaitement l'Elysée et ses dédales. La justification politique de cette opération est "comprise" par Cruse: "Je partage ( ... ) les motivations de ces opérateurs"! [L'AAARGH ajoute qu'on ne peut attribuer à peu près aucune valeur à des écrits (de Barril, Cruse et d'autres) qui n'ont aucun souci de la vérité, qui affirment sans chercher à prouver et qui prccèdent à des manipulations de même nature que celles qu'ils dénoncent. Il demeure que le suicide de Grossouvre, âme damnée de Mitterrand comme Rochefort était celle du Cardinal dans Les trois mousquetaires, est, à proprement parler, incroyable.]
17. Diario de noticias des 5 et 11 juillet 1998. Publico dans ses livraisons du 14 juin au 15 août 1998. Capital (Portugal) du 5 juillet 1998. Afrique Express du 9 juillet 1998.

Extrait de la bibliographie:

Verschave François-Xavier, Complicité de génocide? La politique de la France au Rwanda, 1994, La Découverte.
Chrétien Jean-Pierre, "Rwanda: la médiatisation d'un génocide, in La Question médiatique, Ed. Seli Arslan.
Chrétien Jean-Pierre, Le Défi de l'ethnisme. Rwanda et Burundi, 1900-1996, Paris, Karthala, 1997.
Dossier de Liaison-Rwanda, 215 rue du petit train, 34000 Montpellier.
Dossiers noirs de la politique africaine de la France,
périodique, Paris, L'Hramattan.
Les temps Modernes
, numéro 583, juillet-août 1995.
Des Forges Allison, Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda, Human Rights Watch, Paris, Karthala, 1999.
revue Témoins du génocide, African Rights.
Braeckman Colette, Rwanda, Histoire d'un génocide, Paris, Fayard, 1994
Braeckman Colette, Terreur africaine, Paris, Fayard, 1996.
Prunier Gérard, Rwanda, le génocide, Paris, Dagorno, 1997.
Gouteux Jean-Paul, Un génocide secret d'Etat. La France et le Rwanda 1990-1997, Paris, Editions sociales, 1998.
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Extrait de Jean-Paul Gouteux, Le Monde, un contre-pouvoir ? Désinformation et manipulation sur le génocide rwandais, Paris, L'esprit frappeur, (49), 2000, 203 p., ISBN 2-84405-087-5, 20 F.


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