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 LA GAZETTE DU GOLFE ET DES BANLIEUES

 

 

Nouvelle série

 


 

 Numéro 15 -- décembre 2002

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Nouvelles en français et en anglais

Créée en 1991 par Serge Thion

News in French and English

Established 1991 by Serge Thion

 

US GO HOME

OUVRONS GUANTANAMO

SOUTIEN À MOUSSAOUI

 

BOYCOTT D'ISRAEL

LIBÉRATION DE TOUTE LA PALESTINE

 

OMAR ET OUSSAMA TAPENT LE CARTON

 

DES MIILLIERS D'ARRESTATIONS

À TRAVERS LE MONDE

AL QAIDA N'EXISTE TOUJOURS PAS

 

 

 

Avec les contributions volontaires ou involontaires d'Israël Shamir, Maria Poumier, James K. Galbraith, Ran Hacohen, Uri Avnery, Tanya Reinhart, et quelques autres.

 

 

 

 

 

 

 

CHOSES VUES

 

 

 

 

 

La pluie verte de Yassouf

 

 
par Israël Shamir

 

 

 

CUEILLIR les olives, toutes douces, sensuelles et apaisantes, c'est comme égrener les perles d'un chapelet. En Orient, les hommes portent souvent, autour du poignet, un chapelet aux grains de bois, ou de pierre dure. Cela leur rappelle leurs prières. Ca leur sert aussi -- surtout -- à calmer leurs nerfs, mis à rude épreuve. Mais entre les perles du chapelet et les olives. il n'y a pas photo. Vous savez ; c'est vivant, une olive. Les olives sont tendres, mais pas fragiles pour deux sous -- en cela, elles ressemblent aux jeunes paysannes palestiniennes. Les cueillir vous produit une de ces sensations. Comment dire ? De confort ! Oui, de confort, de sérénité. On dirait que rien ne peut aller de travers. Toutes seules, comme des grandes, sans peur et sans reproche, les olives se détachent des branches. En douceur, elles se faufilent entre les paumes de vos mains et se laissent tomber. Après quoi elles se blottissent lestement dans la sécurité des grands draps étendus par terre, prêts à les réceptionner.

 

La récolte bat son plein. Chaque olivier, solidement arrimé dans sa parcelle en terrasse, est entouré de cueilleurs aux petits soins. Des familles entières sont dehors, sous les oliviers, et même au-dessus, perchées sur des échelles, formant un vaste tableau digne du pinceau de Bruegel l'Ancien. Nous sommes cinq ou six, à cueillir les olives en compagnie de la famille de Hafez. Au moment où je vous parle, là, nous sommes sous les frondaisons fournies d'un vieil arbre au tronc énorme, tourmenté et tout crevassé. Nous égrenons ce rosaire vivant: c'est le rosaire de notre dame la douce terre de Palestine. Des cheveux couleur champ de blé mûr du Minnesota, des yeux bleu ciel -- inattendu, pour un étranger, mais rien d'inhabituel pour les personnes familières des traits des habitants de ce pays -- des lèvres rieuses. Rowan, sept ans, la fille du vigoureux et sagace Hafez, est montée au sommet de l'arbre. Les olives qu'elle cueille tombent, en une pluie verte et parfumée, sur nos mains, sur nos épaules et sur nos têtes. Avant de passer à l'olivier suivant, nous soulevons les bords des draps. Un riche flot d'olives emplit le sac. Un petit âne gris broute, tout près, regagnant des forces pour la suite. C'est à lui qu'échoira la rude tâche de porter les sacs au village, plus haut, dans la vallée -- et visiblement, il le sait.

 

Ces olives, nous sommes en train de les ramasser à Yassouf, un village miraculeusement inconnu, sur le haut plateau de la Samarie. Ses maisons vastes et hautes de plafond, construite en pierre claire et douce, témoignent d'une prospérité ancestrale, fruit du travail acharné de ses habitants, génération après génération. Des escaliers spacieux conduisent aux terrasses, où les villageois passent les chaudes soirées estivales, adoucies par la brise venue de la Méditerranée, à la fois lointaine et proche. Beaucoup de grenadiers. Dans une description de la Palestine, écrite par un contemporain de Guillaume le Conquérant voici près d'un millénaire, le village de Yassouf est mentionné. L'abondance des grenadiers y est déjà notée. La localité, peut-on y lire, est connue pour avoir donné le jour à un lettré qui se fit un nom, plus tard, dans la lointaine Damas : le sheikh Al-Yassoufi.

 

Si ce n'est pas le paradis, cela y ressemble. Nous sommes arrivés à Yassouf hier. Ce village est construit sur une arrête entre deux vallées. Au-dessus du village, un sanctuaire ancestral (bema) occupe le sommet d'une colline, sans doute un de ces hauts lieux où les ancêtres de Hafez et de Rowan avaient été les témoins de communions miraculeuses entre énergies telluriques et célestes. Les villageois s'y rendent souvent, pour y rechercher un soutien spirituel, comme le faisaient avant eux leurs ancêtres, les habitants de la petite principauté d'Israël. Nous sommes, ici, en Terre Sainte et, pour ses habitants, le miracle quotidien de la foi est indissociable des travaux et des jours. Les rois de la Bible avaient essayé de les brimer et de cantonner la foi au Temple, centralisé et facile-à-taxer-et-à-contrôler. Mais les gens du peuple préféraient aller prier dans leurs sanctuaires locaux. Les paysans conservèrent une combinaison un tiers deux tiers entre foi locale et foi universelle, très semblable au lien qui peut exister par exemple, au Japon, entre shintoïsme et bouddhisme. Ils sont religieux, mais absolument pas fanatiques. Ils ne portent pas le vêtement islamique. Les femmes ne couvrent pas d'un voile leurs beaux visages. Ces deux aspects de la religion -- local et universel -- ont survécu aux millénaires et ont fini par fusionner entre eux. Le temple est devenu la splendide mosquée ommeyyade d'Al-Aqsa, tandis que dans le haut lieu de Yassouf, les villageois prient le Dieu du village.

 

Les vieux arbres vénérables abondent; ils ont certainement reçu plus d'une confidence et d'un voeu durant leur longue existence. Un puits peu profond, miraculeux, ne se tarit jamais, même au plus fort de la canicule de juillet, et ne déborde pas durant l'hiver, pourtant pluvieux; une tombe sacrée, qui a probablement changé plusieurs fois de nom depuis des temps immémoriaux, est appelée, de nos jours, Sheikh Abou Zarad. Là se trouvent des ruines remontant aux premiers temps de Yassouf, et donc à bien plus de quatre millénaires avant nous. Depuis sa fondation, le village n'a jamais été abandonné. Aux jours de gloire de la Bible, il appartenait à Joseph, la plus puissante des tribus d'Israël. Lorsque Jérusalem se retrouva sous l'empire des Juifs, ces terres et ces gens conservèrent leur propre identité israélite et finirent par adopter le christianisme. Le temple à coupole, au sommet de la colline, invite toujours à la prière. En février, le sommet de la colline est entièrement blanc, tant il y a d'amandiers en fleurs. Actuellement vert et frais, il offre au visiteur une vue superbe sur le moutonnement des collines de la Samarie.

 

Quant à nous, nous sommes arrivés un peu trop tard pour bénéficier de cette vue enchanteresse : en effet, en automne, en Orient, le soleil se couche très tôt. En compensation, dans la semi-obscurité crépusculaire, nous nous rendîmes près de la source du village, qui en est le cour palpitant. D'une faille dans le rocher, paisiblement, l'eau sourdait, puis elle disparaissait dans un tunnel et s'en allait donner vie aux jardins. Nous nous assîmes sous les figuiers, qui déployaient leurs larges feuilles trilobées, à la manière dont les danseurs Noh, au Japon, tiennent dressés leurs éventails, qu'ils agitent d'un mouvement incessant et gracieux. Entre les feuilles, dans la lumière blafarde de la lune, des papillons géants, tout noirs, évoluaient: c'étaient des chauves-souris, pensionnaires de grottes voisines. Une fois la nuit tombée -- jamais avant -- elles sortent: elles vont s'abreuver à la source et se régaler d'un festin de figues éclatées de s'être trop gorgées de soleil.

 

Habituellement, autour de la fontaine du village, les conversations vont bon train... Elles s'écoulent, enjouées, comme les eaux abondantes. Il n'est pas d'endroit plus indiqué pour aller s'asseoir et bavarder avec les villageois de la récolte, du bon vieux temps, des enfants. Et du dernier article d'Edward Said, repris dans la feuille de chou locale. Les paysans du coin ne sont pas des rustauds : certains ont parcouru le vaste monde, de Bassorah à San Francisco. D'autres ont fait des études dans une petite annexe universitaire, non loin d'ici. Leur éducation politique a été complétée dans les prisons israéliennes -- stage pratiquement indispensable pour parfaire son éducation et auquel pratiquement pas un jeune homme ne coupe, par chez nous. Leur hébreu, appris dans ces conditions particulières, ou à travers des années de labeur sur les chantiers de construction israéliens, coule bien. Il est même riche d'expressions recherchées. Ils sont ravis de pouvoir le pratiquer avec un Israélien amical.

 

Mais nos hôtes étaient sombres, et les soucis ne parvenaient pas à quitter leurs regards tristes. Même durant le dîner, tandis que nous nous régalions de riz aux noix et de yoghourt, ils étaient plutôt ailleurs, pensifs. Nous connaissions la raison : une nouvelle créature monstrueuse avait fait son nid sur le sommet pelé de la colline et elle étendait ses pseudopodes en une toile d'araignée menaçante, au-dessus du village. L'armée avait confisqué les terres de Yassouf pour des " raisons " militaires, et avait refilé l'endroit aux colons. Ils avaient bâti un préfabriqué monstrueux en béton gris, ficelé, comme un rôti, de fil de fer barbelé, entouré de miradors.Et ils s'étaient même arrogé le nom de la source voisine : Le Pommier. La colonie n'avait nullement l'intention de se contenter des terres volées, voici dix ans, aux habitants de Yassouf : elle commençait à gagner toute la contrée, envoyant ses métastases jusque sur des collines voisines, éradiquant sur son passage oliveraies et vignobles.

 

Les paysans n'osaient plus se rendre dans leurs propres champs, car les colons sont des brutes, avec des flingots, le doigt sur la gâchette, qu'ils ont facile. Ils tiraient sur les villageois. Souvent, ils les kidnappaient et les torturaient, incendiaient leurs champs. Il leur suffit de tenir les paysans en respect pendant cinq ans, après quoi, en vertu de lois ottomanes qu'ils ont fini par dégoter dans de vieux grimoires, la terre en friche tombera dans l'escarcelle de l'Etat. De l'Etat juif. L'Etat donnera ces terres aux colons juifs. Et en même temps, cela leur permet d'affamer les villageois.

 

Le village était coupé du monde, par des tranchées et des monticules de terre de six pieds de hauteur. Même les petites routes non goudronnées, à peine carrossables, fût-ce en 4x4, avaient été coupées par l'armée. Le village était devenu une île. L'ambassadeur de Grande-Bretagne à Tel Aviv a déclaré, récemment, qu'Israël est en train de faire de la Palestine un camp de détention géant. Il avait tort : ce n'est pas un camp géant, que les Israéliens ont créé. Ce qu'ils ont créé, c'est un Nouvel Archipel du Goulag de Palestine. L'auteur de l'Archipel du Goulag, le prix Nobel de littérature Alexander Solzhehitzyn, a affirmé que le Goulag russe authentique avait été planifié et était géré par des juifs ; cette affirmation a été remise en question et finalement rejetée par les organisations juives. En revanche, aucun doute à avoir en ce qui concerne l'identité du concepteur du Goulag de Palestine...

 

Les voitures ne peuvent ni entrer dans l'île de Yassouf, ni en sortir, et les visiteurs doivent se garer assez loin, puis terminer à pied. La ville la plus proche, Naplouse - Neapolis, dans l'Antiquité (comme Naples, ndt) - est à vingt kilomètres, seulement, de là ; mais à quatre heures de voiture et à de nombreux checkpoints humiliants de distance. Il nous a fallu un temps infini pour arriver à Yassouf, obligés comme nous l'étions de franchir d'innombrables checkpoints et autres barrages routiers. Bloqués par un barrage de terre totalement inamovible, nous avions dû abandonner notre voiture deux kilomètres avant le village.

 

Sur notre chemin : la dévastation, partout. Des oliviers, de chaque côté de la route, avaient été brûlés ou arrachés : on aurait dit que cette essence vénérable incarnait l'ennemi le plus honni des Juifs. Et ennemi honni, l'olivier l'était bel et bien, en un sens : l'olivier est le principal pourvoyeur et le principal intercesseur, pour les Palestiniens. Leur plat de résistance se compose de galettes de pain-serviette cuit dans un four en terre, le tannour, arrosées d'huile d'olive, parsemées de thym moulu, le za'atar, et agrémentées d'une grappe de raisins. Leurs rois et leurs prêtres, jadis, étaient oints d'huile d'olive. Les sacrements de l'Eglise - inestimable contribution palestinienne à l'Humanité - ne sont que consécration de l'olivier. Au cours du baptême, les Palestiniens sont oints d'huile d'olive avant leur immersion totale dans les fonts baptismaux, et leur peau conserve le souvenir de la souple douceur de l'huile d'olive. L'huile est utilisée dans les rites de mariage, et pour l'extrême onction, en confirmation du lien indissoluble entre les Palestiniens et leur terre. Le célèbre inventeur des manuscrits de Qumran, John Allegro, a ruiné sa réputation en commettant un opuscule sacrilège identifiant Jésus Christ avec des champignons hallucinogènes. Quand j'aurai décidé de marcher dans ses brisées (si je le décide un jour) je comparerai l'Huile d'Olive Vierge et Notre Dame La Vierge Marie, suprême médiatrice de la Palestine.

 

Tant qu'il y a des oliviers, les paysans de Palestine sont invincibles. C'est bien pourquoi leurs adversaires ont fait retomber leur hargne contre ces arbres. Ils les ont coupés partout où ils ont pu le faire. Ces dernières années, huit mille oliviers magnifiques, entre vieux mastodontes et jeunes scions vigoureux et prometteurs, ont été arrachés. Les colons ont interdit aux paysans de cueillir leurs olives, leur dressant des embuscades aux détours des chemins conduisant aux oliveraies et les dévalisant. Quant à nous, Amis Etrangers et Israéliens de la Palestine, nous sommes venus, comme les Sept Samouraïs du vieux péplum à la japonaise de Kurosawa, afin d'aider les paysans à cueillir leurs olives et de les protéger des exactions des colons prédateurs.

 

De toutes les bonnes choses - innombrables - que l'on peut faire sur notre bonne vieille Terre, aider les Palestiniens est la plus utile et la plus agréable que je connaisse. L'ambiance kibbutz arrive très loin derrière. Les jeunes kibbutzniks sont généralement emmerdants comme la pluie et taciturnes, et les vieux kibbutzniks sont, comment dire ? vieux ! Dans un kibbutz, vous êtes entouré d'autres étrangers, parfois même pas. Les Palestiniens sont tellement amicaux, ouverts, désireux de bavarder avec vous. Les militants internationaux venus ici baignent littéralement dans l'amitié.Ils vivent dans des villages enchanteurs, ils voient le ciel bleu, lumineux, chaleureux, au-dessus du paysage incomparable des collines palestiniennes et -- surtout -- ils sont entourés de l'hospitalité légendaire des paysans. Et si occasionnellement les colons ou les soldats israéliens leur tirent dessus, cela est peu cher payé pour toute la satisfaction et le plaisir qu'ils trouvent à aider les paysans palestiniens. C'est en quelque sorte une animation supplémentaire, offerte par dessus le marché par Tsahal. Après tout, c'est bien pour ça qu'on a besoin de Samouraïs ici, non ?

 

Les gens qui aident les Palestiniens sont bien différents des volontaires venus travailler dans les kibbutzs. Ils sont beaucoup plus hétérogènes. Les âges, déjà. Cela va de l'étudiant d'Uppsala âgé de dix-neuf printemps à la mère de famille de Brighton, du Révérend venu de Géorgie au prof de Boston, du paysan français au député italien. Ils sont unis par leurs sentiments de compassion, leur sens inné de la justice, et - oui, il faut le dire - par leur courage. Ils travaillent dans l'ombre portée des tanks israéliens, ils protègent oliviers et hommes de leur propre corps. La récolte, dans les montagnes de la Samarie, est une joie, mais ce n'est pas pour les mauviettes. Nous allions devoir en découvrir sans plus tarder la face moins sympa.

 

Nous étions en train de cueillir les olives, de remplir les sacs de cet or vert, lorsque, soudain, une Jeep descendit la route caillouteuse et raboteuse et s'arrêta près de nous, dans un crissement de freins, en soulevant un nuage de poussière ; derrière, suivait un véhicule plus imposant. C'était un transport de troupes, plein de soldats de Tsahal. Un homme, seul, sauta de la jeep, pointant son fusil automatique M-16 en direction de la fillette, perchée sur notre arbre.

 

" Foutez le camp, sales Arabes ! " aboya-t-il en brooklinais. Il prit un gadin et le balança sur le groupe de travailleurs le plus proche. Un paysan, qui n'avait pas pu esquiver la pierre, fut touché à la main, et il se mit à se la masser de son autre main.

 

" Si vous avancez, même d'un pas, je tire ! " cria-t-il dès que Laurie eut tenté de lui parler. Il était baraqué, débraillé, féroce et, visiblement, il faisait tout son possible pour atteindre un haut degré d'hystérie.

 

" Ne vous amusez pas à toucher ne serait-ce qu'à une olive ! " hurla-t-il aux paysans.

 

Dans un coude que faisait la route, trois hommes firent leur apparition, au pas de course. Vision d'extraterrestres. Ils avaient des petites boîtes noires attachées à leur front rasé par des lanières étroites de cuir noir ; des lanières noires saucissonnaient leurs bras, aussi. Les Juifs portent des phylactères, car c'est ainsi que cet accoutrement s'appelle, pour leur prière du matin. Mais, sur ces jeunes gaillards, ces phylactères faisaient penser irrésistiblement aux amulettes de quelque tribu guerrière. Ils portaient des pantalons et des tee-shirts de couleur foncée, tandis que leurs châles blancs rayés de noir flottaient derrière leur dos. Leurs flingues étaient pointés sur nous. Ils semblaient possédés par quelque démon étrange, ces jeunes hommes en tenue rituelle juive et aux idées courtes extraites du Livre de Josué. Je ne fus aucunement étonné de voir l'un d'entre eux extirper une longue lame flexible. La scène me rappela un film sorti récemment dans les salles : " La Machine du Temps " (The Time Machine), dans lequel les féroces Morlocks font soudain irruption et prennent d'assaut Eloi, une civilisation bucolique.

 

Les yeux scintillant de haine, ils bousculèrent les femmes et insultèrent les hommes,. En paysans timides, les Palestiniens firent le dos rond. Samurai désarmé que j'étais, je tentai, pour ma part, de raisonner les assaillants.

 

" Laissez-donc ces paysans récolter leurs olives ", plaidai-je, " Ce sont là leurs arbres ; c'est leur gagne-pain. Soyez gentils avec eux ! "

 

" Dégage, espèce d'arabophile ! " siffla l'un d'eux. " Tu aides l'ennemi. C' est NOTRE terre. C'est la terre des Juifs. Les goyim n'ont rien à faire ici

 

! "

 

Dans des circonstances moins tendues, j'aurais éclaté de rire : ces jeunes hommes un peu zinzins venus de New York voulant chasser les descendants légitimes du peuple d'Israël de leur terre ancestrale. Laissons tomber l'incroyable crétinerie d'une prétention fallacieuse à un pays d'où une absence de cinq millénaires rend toute revendication totalement sans objet. Qu'importe, si leurs ancêtres "juifs" venaient probablement des steppes d'Asie centrale et n'avaient jamais vu la Palestine de toute leur vie. Peu importe que même les Juifs de l'Antiquité n'aient jamais vécu et soient très exceptionnellement venus sur la terre d'Israël, entre Bethel, Carmel et Jezreel. Bientôt les ouvriers roumains invités de Bucarest pourront chasser la population de Florence, en se prévalant de leur descendance directe de la Rome antique. Mais les flingues de ces gars-là n'incitaient pas particulièrement à la rigolade.

 

"Pourquoi brûlez-vous les oliviers ? Les oliviers sont vos ennemis, aussi ?"

 

-- "Ouaip ! Un peu, mon neveu : les oliviers de nos ennemis sont nos ennemis ! Et vous êtes nos ennemis, aussi !" hurla-t-il d'une voix suraiguë, concluant avec le mot qui tue : "Antisémites !"

 

Avec les Américains, ce mot fait merveille. Dès lors qu'un Américain se fait traiter d' " anti-sémite ", il faut vous attendre à le voir tomber et rester prostré sur le sol, jurant amour et fidélité éternels au peuple juif. Je le sais, parce que je reçois quotidiennement des lettres de gens qui se sont fait traiter d' " antisémites " du seul fait qu'ils soutiennent les Palestiniens : généralement, ils ne peuvent pas s'en remettre. Je leur apporte les premiers soins psychologiques : après avoir été puni, personnellement, au motif d'activités anti-soviétiques, et condamné pour mes opinions anti-américaines, étant, de plus, un amateur anti-normatif d' antiquité, je peux faire face à la diffamation antisémitique. De nos jours, si vous n'êtes pas qualifié d'antisémite, cela veut dire que vous êtes certainement dans le faux, pris en sandwich quelque part entre Sharon et Georges Soros.

 

Comme "philoarabe" ou "philonoir", "antisémite" est une catégorisation qui salit qui l'utilise, par association. Les colons y ont recours à tout bout de champ, à l'instar de Foxman l'espion en chef, Kahane le raciste, Mort Zuckermann le propriétaire de USA Today, Perle le fomenteur de guerre, Tom Friedman l'avocat véreux, Shylock le requin usurier et Elie Wiesel le pleurnicheur holocaustien " pleure-à-la-commande ". Elle a été lancée contre TS Elliot et Dostoïevski, Genet et Hamsun, Saint Jean et Yeats, Marx et Woody Allen : excellente compagnie ! Toutefois, les Américains qui étaient dans notre groupe hésitèrent un instant. Les braves Israéliens qui étaient avec nous, quant à eux, commencèrent à se lancer dans une longue justification de leur position. Seule Jennifer, une brave jeune femme anglaise, de Manchester, se montra à la hauteur et apporta encore une fois la preuve de la supériorité des Britanniques dans ce genre de situations en lançant un " allez vous faire voir chez les Grecs ! " sans appel.

 

Le canon du fusil M-16 décrivit un arc de cercle et finit pointé sur elle. Les soldats observaient la scène avec un intérêt évident. Je décidai de m'adresser à eux :

 

" Arrêtez-les ! Ils pointent leurs armes sur nous ! "

 

" Y vous z'ont pas encore dégommés, apparemment ! ", répondit le sergent.

 

Les soldats n'allaient visiblement pas intervenir aussi longtemps que les Morlocks feraient leur crise. Mais il était très clair que dès l'instant où nous aurions esquissé un geste contre eux, la terrible puissance armée de l'Etat juif s'abattrait sur nos têtes. Les Morlocks le savaient pertinemment, eux aussi : ils fracassèrent un des appareils photo de Dave, envoyèrent valdinguer Angie, déversèrent un tombereau d'insultes sur les filles, et nous lancèrent force caillasses.

 

" Mais vous allez les laisser faire, comme ça, sans intervenir ? ", en appelai-je à la conscience des soldats.

 

" Désolé, mon pote. Y'a que les flics qui puissent faire quelque chose avec ces mecs-là. " répondit l'officier. " Mais on peut t'arrêter TOI, mon petit bonhomme, si t'insistes ! "

 

Ainsi, les Palestiniens, c'est l'armée qui s'en occupe. Pour les colons, il faut voir ça avec la police ! Cette ruse grossière est l'une des plus brillantes inventions du génie juif. Probablement ont-ils emprunté ça aux colonies européennes en Chine, où coexistaient différents services de police et des systèmes légaux différents pour les Européens et les Chinois. C'est en tout cas ce qui permet aux Morlocks de faire absolument tout ce qui leur passe par la tête. Les Palestiniens, visiblement, étaient bouleversés : ils n'étaient pas des combattants déguisés en civils, eux, mais des paysans, venus cueillir leurs olives avec femme et enfants. S'ils étaient venus ici, ce n'était pas pour mourir. Pas encore, en tout cas. Les colons tuent les villageois pour la beauté du geste et en guise de distraction, qu'ils aient été - ou non - provoqués. Pour seulement la semaine passée, ils ont assassiné plusieurs hommes qui avaient osé venir cueillir les olives de leurs oliviers. Si les villageois esquissaient seulement le geste de se défendre, s'ils osaient seulement lever la main sur un Juif, ils seraient tous massacrés, jusqu'au dernier, et leur village serait rayé de la carte.

 

Mais il fallait cueillir les olives, et le face-à-face continua.

 

" Tout les problèmes, ce sont ces connards de colons qui les causent ", clama Uri, un Israélien progressiste, qui tenait tête aux nervis colons, à ma droite. " Sans eux, on vivrait en paix. On viendrait visiter Yassouf, avec notre passeport, en touristes. Le problème, c'est eux : les colons ! "

 

De fait, il n'était pas difficile - cela coulait quasiment de source - de haïr des jeunes hommes à l'esprit mal tourné, qui détruisent des récoltes et affament des villages. La colonie à laquelle nous avions affaire est connue pour être un repaire de Kahanistes, que le regretté professeur Leibovitch appelait judéo-nazis. Ils avaient exulté à la nouvelle de l'assassinat du Premier ministre Rabin ; ils adoraient Baruch Goldstein, un criminel de masse venu de Brooklyn ; ils publiaient le livre interdit du Rabbin Alba qui proclame ouvertement qu'exterminer les Gentils est un devoir religieux, pour les vrais Juifs. Ils étaient tellement abominables que les haïr allait de soi, et donc tomber d'accord avec Uri, aussi.

 

Mais tandis que je scrutais le visage fermé des soldats, un souvenir d'enfance re-émergea dans ma mémoire. Les pickpockets ne dévalisent pas les étrangers eux-mêmes : ils envoient un petit gamin en estafette pour vous délester de votre portefeuille. Si vous repoussez le gamin, ils vous tombent sur le paletot comme une tonne de briques au motif de le sauver, parce que vous seriez en train de le rudoyer. A quoi bon haïr le petit voleur, alors qu'il n'agit qu'à l'instigation des malfrats adultes ?

 

Les jeunes gens fêlés auxquels nous avions affaire nous avaient été envoyés par les gros mafiosi, eux aussi. C'est pourquoi les soldats les laissent agresser les paysans sans sourciller. C'est la division du travail : les malfrats affament les paysans, l'armée protège les malfrats, et le gouvernement assume le tout. Pendant que les canons et les mitraillettes de l'armée israélienne tiennent les Palestiniens en respect, l'armée américaine tient à sa merci l'Irak, le seul pays de la région susceptible d'assurer un équilibre des pouvoirs, et les diplomates américains, pendant ce temps, continuent à produire leur veto automatique au Conseil de Sécurité. Derrière les colons extrémistes, on peut voir distinctement la main des gros mafiosi, qui se moquent des olives, des paysans palestiniens et des soldats israéliens comme de leur première chemise. A une extrémité de la chaîne de commandement, un colon cinglé brooklynais avec son M-16 ; à l'autre extrémité, Bronfman et Zuckerman, Sulzberger et Wolfowitz, Foxman et Friedman.

 

Et, quelque part, pris au milieu de tout ça : nous, les Israéliens et les Juifs américains, qui remplissons notre devoir électoral et payons dûment nos impôts - et contribuons, de ce fait, au système. Car, sans notre soutien actif, Wolfowitz devrait aller conquérir Bagdad tout seul et Bronfman devrait brûler les oliviers des Palestiniens tout seul aussi.

 

N'empêche, comme on dit, chaque homme et chaque animal a ses parasites, et nous devions nous occuper des nôtres. Les paysans de Yassouf et leurs soutiens internationaux - nous - tinrent bon et ne lâchèrent pas. La police arriva et tint conciliabule avec les colons. Ce fut rondement mené : en rien de temps, un grand dépendeur d'andouilles hirsute, officier de liaison, descendit nous parler :

 

" Vous pouvez ramasser vos olives, mais allez travailler au fond de la vallée, là-bas : les colons ne vous verront plus. Or c'est votre vue qui les dérange. "

 

C'était une victoire partielle - un compromis - mais, peu importait. Au moins nous allions pouvoir récolter des olives : nous n'en demandions pas plus. Nous descendîmes dans la vallée dont les deux flancs sont renforcés par de nombreuses terrasses, et la cueillette reprit. En bas, les olives étaient plus petites, moins abondantes : depuis trois ans, ont avait empêché les paysans de travailler leurs vergers. Or, les oliviers requièrent beaucoup de travaux d'entretien. Normalement, les paysans labourent entre les arbres chaque année, en utilisant une charrue démodée, tirée par un âne ; les terrasses ne permettent en effet absolument pas l'utilisation du tracteur. Sans cette opération, les pluies hivernales ne pénètrent pas dans le sol et elles n'atteignent pas les racines des oliviers. Les terrasses exigent elles aussi beaucoup de travail d'entretien. Mais cela n'était plus possible, dans la situation que l'on connaît, car les paysans, prudents, évitaient de monter là-haut leurs houes et leurs bêches, qui sont, comme chacun le sait désormais, des armes dangereuses aux yeux de leurs tourmenteurs armés jusqu'aux dents.

 

A nouveau, les petites cascades d'olives - noires, ou vertes - s'échappaient de nos mains avant d'aller rejoindre les draps étendus sous les arbres. Olives noires et olives vertes poussent sur un même arbre, car Dieu les a créées comme ça : il y en a des vertes, et il y en a des noires - nous a expliqué Husseïn, qui conclut : mais elles donnent la même huile. C'était là un signe adressé par Dieu à nous, les hommes : nous sommes différemment faits, et c'est une bonne chose : cela rend le monde plus beau et varié - si nous savons garder à l'esprit, tous, notre commune humanité.

 

Nous étendîmes notre déjeuner sous un olivier géant. Umm Tarik la seule femme, vêtue de sa robe palestinienne multicolore, apporta une grosse galette de pain, toute chaude : elle sortait du four. Cette galette fut généreusement arrosée d'huile d'olive, tout comme les boules de fromage de chèvre qui allaient avec. Hassan fit circuler un zir - une amphore palestinienne en terre cuite - rempli d'eau fraîche à la source du Pommier. Le zir était très froid et ses parois étaient humides : à regarder de plus près, elles étaient couvertes de minuscules gouttes de rosée. C'est une propriété de la glaise utilisée pour tourner ces amphores : elle est poreuse, et l'eau transpire abondamment, l'évaporation des minuscules gouttelettes, à l'extérieur du récipient, produisant le froid qui rafraîchit la boisson. Après plusieurs années d'utilisation, les pores du zir se colmatent et il perd sa propriété réfrigérante. Mais il n'est pas hors d'usage pour autant : on l'utilisera pour entreposer du vin, ou de l'huile.

 

" Ramat Gan me manque (c'est une banlieue de Tel Aviv) ", dit Hassan. " Avant l'Intifada, j'y travaillais ; j'étais peintre en bâtiment. C'était un bon travail, et mon patron - un Yéménite - était un homme honnête ; il me traitait comme il l'aurait fait d'un membre de sa famille. Parfois, je passais la nuit, là-bas, et j'allais me balader sur le front de mer de Tel Aviv, l'après-midi. ça va faire deux ans que je n'ai pas quitté le village. "

 

Tous avaient de bons souvenirs de l'époque où ils travaillaient dans les grandes villes de l'Ouest de la Palestine et où ils rapportaient un peu d'argent à la maison. C'était un arrangement mutuellement intéressant pour les nouveaux venus et les paysans - un arrangement profondément inégal, mais supportable. Partout dans le monde, villageois et paysans travaillent un moment à la ville quand leur terre n'a ni besoin d'être moissonnée ni d'être plantée. Pour les gens du coin, Tel Aviv et Ramat Gan, ces villes " juives ", n'étaient pas plus étrangères que Naplouse ou Jérusalem, ces villes " arabes ", le pays ne faisant qu'un. La Palestine est un petit pays, et Yassouf est juste au centre, à quarante kilomètres de la mer, et à quarante kilomètres de la frontière jordanienne. Les villes industrielles de la côte ont été construite bien avant que l'Etat d'Israël ait vu le jour ; elles l'ont été grâce au travail des paysans de Yassouf, et ces villes étaient légitimement à eux. Pas seulement à eux, mais à eux, aussi. L'accord tacite et l'harmonie entre villageois et citadins furent cassés dès lors que les Juifs eurent entrepris leur grignotage.

 

" Vous voyez la colonie ? ", nous demanda Hussein. " Mon père cultivait un champ de blé, sur ce flanc de colline. Au début, ils ont pris la terre. Après, ils nous ont bouclés dans le village. Aujourd'hui, nous n'avons plus que très peu de terres, et pas de travail ".

 

" L'histoire de la Terre Sainte répète l'histoire de la promesse divine ", dit le Révérend. " Le Christ a dit : tout le monde est élu. Les Juifs rétorquèrent : désolés, seuls nous, les Juifs, sommes le peuple élu. Aujourd 'hui, que demandent les Palestiniens ? Ils disent : laissez-nous vivre, ensemble, sur ces terres. Et les Juifs de rétorquer : désolés, cette terre est pour nous, pour nous seuls. "

 

" Il devrait y avoir un Etat palestinien indépendant ", intervint Uri, " avec son drapeau, et une vraie frontière. Barak a trompé tout le monde, en offrant en réalité de diviser votre territoire en plusieurs cantons. Il faut revenir aux frontières de 1967, et tout ira bien. "

 

Savez-vous que le Talmud réglemente le partage ? demandai-je, prenant à mon tour la parole. Deux hommes avaient trouvé un châle, et chacun affirmait que ce châle lui appartenait. Ils allèrent devant un juge, et le juge demanda : " Comment dois-je partager ce châle (entre vous deux) ? " Le premier homme dit au juge : " divise le en deux parties égales, moitié-moitié ". L'autre dit : " Non, ce châle est tout entier à moi ". Le juge dit alors " Il n'y a pas de désaccord (entre vous) sur une moitié du châle, tous deux vous êtes d 'accord pour que cette moitié appartienne à l'autre. Je vais diviser la moitié du châle restante en parts égales. Ainsi, le premier de vous deux, celui qui demande justice, recevra un quart du châle, tandis que le second de vous deux, l'égoïste, en aura les trois quarts ". Telle est l'approche juive en matière de partage. Il faudrait peut-être que les Palestiniens adoptent ces procédés, eux aussi.

 

Kamal ajouta quelques brindilles au petit feu préparé pour préparer le café. C'était un ancien, respecté des villageois, un homme important dans la vie politique locale et aussi au-delà. En 1967, il avait alors vingt ans, il dût se séparer de sa fille nouvellement née avec le sentiment qu'il ne la reverrait jamais, car il avait été condamné par les Juifs à quarante ans de prison, en raison de son appartenance à la Résistance. Lorsqu'il émergea de l'ombre éternelle des geôles de Ramleh, sa fille avait vingt et un ans.

 

" Nous aussi, nous avons une histoire de partage ", dit Kamal. " C'est l'histoire d'une femme qui avait trouvé un enfant abandonné et l'avait élevé. Puis une autre femme (la mère naturelle de cet enfant) vint le lui réclamer. Les deux femmes vinrent trouver le Sheikh Abu Zarad, afin qu'il les départage, et le sheikh dit: "je vais couper en deux l'enfant, et j'en donnerai une moitié à chacune de vous deux ". Une des femmes dit : "D'accord. Partageons l'enfant en deux. " Mais l'autre femme s'écria, éplorée : " Jamais de la vie. Jamais je ne laisserai dépecer mon enfant !". Et le sheikh remit l'enfant à la deuxième femme, car elle était la vraie mère ".

 

J'eus les joues en feu. De honte. Kamal ne m'apprenait rien de nouveau, mais, en voulant faire le subtil, j'avais oublié le sens profond du jugement de Salomon, et lui, Kamal, descendant authentique des héros bibliques, me le rappelait. Les Palestiniens, comme la mère légitime, n'ont pas pu choisir le partage. L'Histoire a montré qu'ils avaient raison : la Palestine ne saurait être divisée. Les paysans ont besoin des villes industrieuses pour y travailler aux mortes saisons et y vendre leur huile ; ils ont besoin des côtes de la Méditerranée, où les vagues de la mer viennent se fracasser, à quelques kilomètres seulement de chez eux ; ils ont besoin de la totalité du pays, de la même manière que tout un chacun a besoin de ses deux mains et de ses deux yeux.

 

Les colons n'étaient pas des monstres, mais des hommes complètement égarés. Comme moi, ils ont trop lu le Talmud de Babylone, et ils n'ont pas assez lu la Bible de Palestine. Ils ont ressenti en eux l'attraction incroyablement puissante de la terre, qui a fini par les attirer sur les collines de la Samarie. Ils aspiraient à l'union avec la terre enchanteresse de Palestine, et ils l'aimèrent d'un amour pervers, comme des nécrophiles. Ils étaient prêts à tuer la terre, simplement pour la posséder. Ils ne comprenaient rien aux us et coutumes locaux, et ils continuaient à vivre en collectant des fonds en Amérique. Plus que de la haine, c'est de la pitié que je ressentais pour les colons. Ils avaient eu une occasion - unique - de faire la paix avec leurs voisins, et avec la terre, et ils l'avaient ratée. En vandalisant la terre, ils préparent de leurs propres mains leur exil prochain. La mère légitime obtiendra l'enfant et, par conséquent, la victoire des Palestiniens est inéluctable, car le jugement de Salomon est la parabole du jugement de Dieu.

 

" Mais où sont donc passés les bons juifs? " - va sans doute demander bientôt le lecteur. " Pour la symétrie, pour l'objectivité, pour notre confort, vite, je vous en prie, montrez-moi de bons juifs! ". Il n'y a pas que des colons, chez les juifs ; il y a aussi les militants de Peace Now et d'autres mouvements amis des Palestiniens.

 

Oui. Il y a une différence entre les colons brutaux et leurs partisans, d'un côté, et les Israéliens libéraux, électeurs habituels du parti travailliste, de l'autre. Les juifs chauvinis veulent une Palestine sans Palestiniens. Ils sont prêts à faire venir des Chinois pour travailler dans les champs et des Russes pour surveiller ces Chinois. Ce sont des gens absolument repoussants.

 

Les Israéliens libéraux peuvent encore envisager une sorte de futur en commun, dans lequel les Palestiniens pourraient quitter leurs bantoustans hyper-surveillés et aller travailler à Tel Aviv, à condition qu'ils possèdent un permis de travail, pour y vivre, harcelés par la police israélienne, sans sécurité sociale, payés au-dessous du SMIC, exploités par leurs employeurs. L'idée d'une égalité fraternelle -- non pas une fraternité céleste, mais un comportement correct de tous les jours vis-à-vis des enfants légitimes de la terre -- leur était aussi étrangère qu'aux colons. Ils sont prêts à leur donner un drapeau et un hymne national, tout en confisquant leurs terres et leur gagne-pain.

 

Ces deux sortes d'Israéliens sont unis par leur commun rejet de la Palestine. Ils célèbrent le " nouvel habit de ciment et de macadam offert à la vieille terre d'Israël ". Les libéraux rêvaient de créer une tranche d'Amérique high-tech, et ils n'avaient nul besoin des collines de Samarie. Les chauvins voulaient effacer jusqu'au souvenir de la Palestine, et recréer le royaume de haine et de vengeance.

 

Et peu, très peu d'entre nous avons compris que nous avions une occasion unique d'apprendre quelque chose d'essentiel des Palestiniens. Avec notre arrogance est-européenne, nous sommes venus leur enseigner et les changer, mais c'est nous qui aurions dû apprendre d'eux et nous changer nous-mêmes. Les aider, cela ne suffisait pas ; il faut que nous, nous les conquérants, nous hissions à la hauteur de la civilisation suprême de ceux que nous avons conquis. Cela a été fait avant nous : les Vikings victorieux s'étaient adaptés aux us et coutumes en vigueur en Angleterre, en France, en Russie et en Sicile ; les Grecs triomphants d'Alexandre le Grand s'étaient faits Egyptiens en Egypte et Syriens en Syrie ; l'Empereur Mandchou s'était sinisé. Cela doit être aussi le cas, pour ce qui nous concerne car, si nous ne nous palestinisons pas, nous sommes condamnés à recréer un ghetto, pour nous ; et un autre ghetto, pour eux.

 

Prenez une fourmi ; elle vous construira une fourmilière. Prenez un juif ; il vous créera un ghetto. Prenez un Palestinien. Mon ami Musa avait invité dans le Vermont où il vivait son père âgé, depuis son village de Samarie. Et que fit-il, son père ? Il se mit à maçonner des terrasses et à planter des oliviers dans le Vermont !

 

Les Palestiniens ne peuvent s'imaginer sans la terre et le mode de vie unique qui y est attaché. Il y a plusieurs millénaires, après la fin de la grande sécheresse mycénienne, leurs ancêtres formèrent une symbiose avec les oliviers, les vignes, les ânes, les petites sources dans les collines, leurs mausolées, sur les cimes. Ce complexe unique entre paysage, population et esprit divin fut le grand apport des Palestiniens, et ils se le transmirent à travers les siècles, le préservant jusqu'à ce jour. Si on porte atteinte à cet équilibre, l'humanité rompra ses amarres et elle ira se fracasser contre les récifs de l'histoire. Vraiment, qu'ils aient accepté notre aide - tellement modeste - fut pour nous un privilège insigne.

 

Dans l'après-midi, nous revînmes au village, dans la maison de Hussein, si spacieuse qu'elle ne déparerait pas à Cannes ou à Sonoma. Sur sa grande terrasse, nous nous assîmes dans des fauteuils en rotin fabriqués par les habitants du village voisin, Beidan. Les chats de Hussein, amicaux mais très dignes, vinrent s'installer sur nos genoux, tandis que ses filles, timides, apportaient du thé à la menthe. Des gens entrèrent, pour bavarder un moment avec les étrangers de passage, comme cela se passe, généralement, dans les villages isolés. Sur les tables et sur la balustrade, des petites lampes au kérosène avaient été posées : les suzerains israéliens refusent de connecter le village au réseau électrique. Mais même ça, c'était bel et bon, car nous pouvions contempler la lune d'octobre, flottant lentement dans les cieux qui s'assombrissaient, brillant au-dessus des collines en terrasses, sur les toits, sur le lourd blindage d'un char Merkava, à flanc de colline, ses canons pointés vers le village, et sur les antiques oliviers aux troncs noueux de Yassouf.

 

 

27 octobre 2002.

WHO REALLY RULES IN ISRAEL?

 

 

Israeli ELections. So What

 

 
By Ran Hacohen

 

 

Elections in the Middle East do not usually attract too much attention in the international media. Who remembers the recent elections in Iraq or in Syria? And who cares? Exceptions to this rule are Turkey and Israel: both countries are considered democracies, even though the concept of democracy needs considerable fixing and bending to be applied to either. Indeed, both countries have a multi-party system; but both have a long undemocratic tradition of oppressing ethnic minorities (up to 1966, Arab Israelis were held under military regime; since a year later Israel has been ruling millions of Palestinians deprived of nationality and voting rights), and both are to a large extent ruled by the army.

 

In Turkey there is full awareness to this anti-democratic tension between the elected parliament and the self-appointed military, and the conflicts are often played out in the open. In Israel the tensions between the Army and the elected leadership are almost completely covert, both because the army is a constant participant in the actual leadership, and because unlike in Turkey, in Israel there has not yet emerged even a single political actor that stands up against the army.

 

No matter how often IDF officers and spokespersons are caught in cover-ups, dirty intrigues and outright lies (their war-crimes are simply denied), no matter how much waste, carelessness and corruption any Israeli soldier sees whenever he is in the army, polls show that the Israeli public trusts and respects the army more than any other institution of the Jewish state, including the Knesset and the judicial system. In fact, the whole Israeli culture and identity is organised ever more around the army, with the obvious price of excluding Israeli Arabs (they don't go to the army), discriminating women (who serve a shorter period and in inferior jobs), and a general preference to solve problems by violence rather than by negotiations and compromise.

 

As an illustration, take the new television channel, Israel Plus, which will air this week: Israel's first national channel in the Russian language. The growing legitimacy given to the country's multi-culturalism is laudable; but what replaces the Hebrew language and culture as social cement in a melting-pot? One look at the advertising poster of Israel Plus is enough to find out: it depicts a smiling young Israeli officer, in full uniform, hugging an elderly war veteran with dozens of Soviet medals on his chest. The message is clear: Russian grandpa was fighting the Nazis, Israeli grandson is fighting the Arabs, we all belong together because we are all soldiers (and our enemies are all Nazis).

 

Cabinet, Knesset, parties etc. play a marginal role in Israel: they serve as democratic fig-leaves, to distract public attention from the actual centres of power, and to give comfortable jobs to those who serve the junta best, with retired officers over-represented all along the line (retiring officers usually "go shopping" among the bigger political parties and join the one that offers them most).

 

In fact, Israel is not run just by its elected government, but by a triumvirate consisting of the Chief-of-Staff (or the army top), the Prime Minister and the Defence Minister. It has been so for decades, but severed considerably in the last two years: the new Intifada radically changed the balance of power between cabinet and army in favour of the latter. Even a senior main-stream analyst like Ben Kaspit of Israel's second-biggest daily Ma'ariv, who studied the subject and published two shocking articles (6.9.02, 13.9.02) on the extent to which the army had its own political agenda and imposed it on the cabinet, concludes: "Israel is not a state with an army, but an army with an affiliated state".

 

This fact is obscured by the relative lack of conflicts between the Army and the government i.e., the two key-ministers simply because they are usually retired army generals themselves. Take the last few years: in 1999, former Chief-of-Staff General (ret.) Ehud Barak became both Prime Minister and Defence Minister simultaneously (Chief-of-Staff was Shaul Mofaz). He was succeeded last year by General (ret.) Ariel Sharon as Prime Minister and by General (ret.) Benyamin Ben Eliezer as Defence Minister. And last week, when the latter resigned, he was swiftly replaced by General (ret.) Shaul Mofaz, Chief-of-Staff just three months earlier. When, however, the cabinet musical chairs are taken by outsiders, things get rough: for example, Ben Kaspit reports that when Benjamin Netanyahu was Prime Minister, he demanded that the army make plans for withdrawal from occupied South Lebanon; the army, unwilling to co-operate with an elected Prime Minister who was not a retired general, refused and declined.

 

So are the coming elections important or not ? Well, they are definitely not very important, because only the political leadership will be elected and possibly changed, not the army top that shares power with it. If, however, one or two of the key cabinet positions fall into the hands of non-generals, it will be a good sign.

 

This perspective gives us a good tool to evaluate the coming primaries in both Labour and Likud. On one hand, we have the junta members trying to hold sway: in the Likud it is Sharon, in Labour Ben Eliezer. If both retired generals are re-elected in their respective primaries, they are most likely to co-operate again after the elections, resuming the winning recipe that worked so well until last week: giving the army a free hand in its a murderous policy towards the Palestinians (and possibly Lebanon, Syria, Iraq, Iran and any other enemy that the US would allow them to attack), backed by a soft Labour rhetoric on the propaganda front, especially abroad (with Shimon Peres, who was never a soldier but gave the Israeli junta the most precious gift of all nuclear weapons as an obedient spokesman).

 

On the other hand we have the "civilians". In Labour, where primaries are to be held on 19.11, Chaim Ramon and Amram Mitzna are challenging Ben Eliezer. Ramon, a man with no military record, a dangerous populist who has so far destroyed whatever he claimed to repair (most notably Israel's strongest trade-union and Israel's public health system), seems to lag behind in polls. Haifa's mayor Amram Mitzna, the favourite candidate in current polls, has decisively taken dovish positions almost unheard of in Labour. He rejects the idea of "having no partner on the Palestinian side", spurns the cynical argument of "no negotiations under fire", and openly calls to dismantle settlements. Mitzna is indeed a retired general which undoubtedly accounts for some of his popularity but a general with a "stain": he asked to resign in protest after the massacre in the Palestinian refugee camps in Sabra and Shatila in 1982. Though Labour's chances to win the elections do not look good at the moment, a victory for Mitzna in the primaries may shift public discourse considerably and help overcome the devastating, so far undisputed ideological legacy of Barak, who turned Israel and its supporters world-wide into a choir playing in unison the national anthem, in which God reigns in heaven but everything on earth is Arafat's fault.

 

In the Likud, Netanyahu will be challenging Sharon in the 28.11 primaries. Risking the fury of most of my friends, I dare say that Netanyahu who left the army as a junior officer with no real military carrier was quite a good Prime Minister (not only in comparison to his disastrous successor Barak). Not that I subscribe for a single moment to his hawkish positions and extremist economic neo-liberalism but because of his very weakness, due to having little or no backing from the army and from Israel's established elite. His weakness at the top induced more pluralism at lower levels inside Israel, as well as more flexibility towards outside pressures; Netanyahu went the Oslo way, and even the settlements flourished considerably less in his time than under Barak. Due to his permanent defamation in the media, the return of Netanyahu is a nightmare for many Israeli liberals; I am more optimistic.

 

A victory for any of the challenging "civilians" will be a small victory over the army. The army will undoubtedly fight back and try to force the elected leadership to continue the present project of destroying the Palestinian people (operation "fighting terrorism"), hoping to drive them out sooner or later. The government will not risk confronting the army directly, but it might try to restrain it (and it might obey, or not). This is the hope in the coming elections, and these are its limits: a real change in Israel?s policy is unlikely. But breaking the bloody unison of Sharon/Ben Eliezer/Mofaz/Yaalon will be something of an achievement too.

 

 

MiD-EasT RealitieS - <http://www.MiddleEast.Org>

 

<[email protected]>

 

 

MERCI POUR LA PUB

«On fait tout un plat sur les armes chimiques en Irak. Or rappelons qu'il y a une dizaine d'années il n'y avait pas d'indications dans les rapports américains et les témoignages que l'Irak avait gazé des Kurdes en 1988 (commme il est répété constamment à la téloche, y compris Arte). Les articles de Libération du 8 avril 1991 et de l'International Herald Tribune du 19 décembre 1990 sont fort bien analysés dans la Gazette du Golfe et des Banlieues d'octobre 2002 (disponible sur internet) qui avait publié les analyses de l'inpecteur de l'ONU Scott Ritter en anglais, un mois avant Le Monde
Un lecteur.

 

QUARANTE-HUIT TOUJOURS

 

 

Israel/Palestine: How To End The War of 1948
An Interview With Tanya Reinhart
 
 
1) Can you tell ZNet, please, what your new book,"Israel/Palestine- How to End the War of 1948," is about? What is it trying to communicate?
 
Israel backed by mainstream Western media -- describes its war against the Palestinians as a war of defense, a necessary response to Palestinian terror, a noble instance of the global war against terrorism. It is amazing how still now, after two years of massive Israeli destruction of the Palestinian society, so little is known about the real facts of how this war developed, and what Israel's role in it is. The first aim of this book is to bring these facts to light.
The book follows Israel's policies over the three years since Ehud Barak became prime minister, until the summer of 2002 the darkest period in the history of Israel so far. Based on information available in abundance in the Israeli media, we can track a shift of policy right at the start of this period - a shift away from the Oslo conception, which dominated since 1993.
This is, of course, a long story, documented in detail in the book, but let me give you the gist of it.
Ever since the Palestinian territories were occupied in 1967, the Israeli military and political elites have deliberated over the question how to keep maximum land (and water) with minimum Palestinian population. A simple solution of annexing the heavily populated Palestinian land would have created a "demographic problem" -- the fear that a Jewish majority could not be sustained. Therefore, two basic approaches were formed. The Alon plan of the Labor party proposed annexation of 35-40 percent of the territories, and either a Jordanian rule, or some form of autonomy for the rest of the land, to which the Palestinian residents will be confined. In the eyes of its proponents, this plan represented a necessary compromise.
They believed it would be inconceivable to repeat the "solution" of the 1948 Independence war, when much of the land was obtained "Arab-free", following mass expulsion of the Palestinian residents. The second approach, whose most vocal spokesman was Sharon, strived to get more. In its extreme realization it maintained that it should be possible to find more acceptable and sophisticated ways to achieve a ,1948 style" solution. It would only be necessary to find another state for as many Palestinians as possible. "Jordan is Palestine" was the phrase Sharon coined in the 1980's.
In 1993, in Oslo, it seemed that the Alon plan triumphed. This was enabled also by Arafat's cooperation. In the past, the Palestinians always opposed the Alon plan, which robs them of much of their land. But in 1993 Arafat was about to loose his grip on Palestinian society, with endless protest over his one man rule, and the corruption of his organizations. An apparent "smashing victory" seemed the only thing that could save him in power. Behind the back of the local Palestinian negotiating team headed by Haider Abd al-Shafi, Arafat accepted an agreement that leaves all Israeli settlements intact even in the Gaza strip, where 6000 Israeli settlers occupy one third of the land, and a million Palestinians are crowded in the rest. As years went by since Oslo, Israel extended the "Arab-free" areas in the occupied Palestinian territories to about 50% of the land. Labor circles began to talk about the "Alon Plus" plan, namely -- more lands to Israel. However, it appeared that they would still allow some Palestinian self-rule in the other 50%, under conditions similar to the Bantustans in South Africa.
On the eve of the Oslo agreements, the majority of Israelis were tired of war. In their eyes, the fights over land and resources were over. Haunted by the memory of the Holocaust, most Israelis believe that the 1948 war of independence, with its horrible consequences for the Palestinians, was necessary to establish a state for the Jews. But now that they have a state, they just long to live normally on whatever land they have. Like the majority of Palestinians, the Israeli majority let itself be fooled into believing that what we were witnessing were just "interim agreements" and that eventually the occupation will somehow end, and the settlements will be dismantled. With this conception of what is ahead, two third of the Jewish Israelis supported the Oslo agreements in the polls. It was obvious that there was no majority for any new war over land and water.
But the ideology of war over land never died out in the army, or in the circles of politically influential generals, whose careers moved from the military to the government. From the start of the Oslo process, the maximalists objected to giving even that much land and rights to the Palestinians. This was most visible in military circles, whose most vocal spokesman was then chief of staff, Ehud Barak, who objected to the Oslo agreements from the start. Another beacon of opposition was, of course, Ariel Sharon.
In 1999, the army got back to power through the politicized generals - first Barak, and then Sharon (the book surveys their long history of collaboration). The road was open to correct what they view as the grave mistake of Oslo. In their eyes, Sharon's alternative of fighting the Palestinians to the bitter end and imposing new regional orders may have failed in Lebanon in 1982 because of the weakness of "spoiled Israeli society". But now, given the new war philosophy established through U.S. military operations in Iraq, Kosovo, and, later, Afghanistan, the political generals believe that with Israel,s massive air superiority, it might still be possible to execute that vision. However, in order to get there, it was first necessary to convince the "spoiled" Israeli society that, in fact, the Palestinians are not willing to live in peace, and are still threatening Israel's very existence. Sharon alone could not have possibly achieved that, but Barak did succeed with his "generous offer" fraud.
By now, much was written already about Barak's non-offer in Camp David. Nevertheless, a careful examination of the information in Israeli media reveals more about the extent of the fraud, and a chapter in the book surveys all the details. In fact, Barak's Camp David was the second round of his mastery of deception of public opinion. Several months before, he did the same with Syria, letting Israelis and the world believe that Israel is willing to withdraw from the occupied Syrian Golan Heights. In the polls, 60% of the Israelis supported enthusiastically dismantling all settlements in the Golan Hights. But the end of this round of peace negotiations was just the same as the later end of the negotiations with the Palestinians. Israelis became convinced that the rejectionist Asad would not be willing to get his territories back and make peace with Israel. Since then, the possibility of war with Syria has been in the air. Military circles explain openly that "Hezbollah, Syria and Iran are trying to trap Israel in a 'strategic ambush' and that Israel has to evade that ambush by setting one of its own... The circumstances could be created during or near the end of an American offensive against Iraq" (Amir Oren, Ha'aretz, July 9, 2002).
On September 28, 2000, Sharon, with Barak's approval, threw a match into the boiling frustration which was accumulating in Palestinian society, with his provocative visit to Temple Mount/Haram al-Sharif. The massive security forces that surrounded him used rubber bullets against unarmed demonstrators. When these events triggered further demonstrations the next day, Barak escalated the shooting and ordered Israeli forces and tanks into densely populated Palestinian areas. By all indications, the escalation of Palestinian protest into armed clashes could have been prevented had the Israeli response been more restrained. Even in the face of armed resistance, Israel's reaction has been grossly out of proportion, as stated by the General Assembly of the UN, which condemned Israel's "excessive use of force", on October 26, 2000.
Israel defines its military action as a necessary defense against terrorism. But in fact, the first Palestinian terrorist attack on Israeli civilians inside Israel occurred on November 2, 2000. That was after a month during which Israel used its full military arsenal against civilians, including live bullets, automatic guns, combat helicopters, tanks, and missiles.
What is particularly astounding is that most the military plans underlying Israel,s actions in the coming months, had already been conceived right at the start, in October 2000 including the destruction of the Palestinian infra structure ("Field of Thorns" plan). The political strategies aimed at discrediting Arafat and the Palestinian Authority were also ready right from the start. Barak's political circles prepared a manuscript known as the "White Book", which announced that Arafat had never deserted the "option of violence".
Amid the propaganda, a theme that had already emerged in October 2000 was the analogy linking present circumstances to the war of 1948. Major General Moshe Ya'alon, then deputy chief of staff (and the present chief of staff), explained that "this was Israel's most critical campaign against the Palestinians, including Israel's Arab population, since the 1948 war -- for him, in fact, it is the second half of 1948" (Amir Oren, Ha'aretz, November 17, 2000). After two years of brutal Israeli oppression of the Palestinians, it is hard to avoid the conclusion that the leading military and political circles in Israel that produced this analogy still believe that "the second half" -- a completion of the ethnic cleansing that started in 1948 -- is necessary and possible.
My second aim in the book is to show that despite the horrors of the last two years, there is still also another alternative open to end the war of 1948 the road of peace and real reconciliation. It is amazing how simple and feasible would be to achieve that. Israel should withdraw immediately from the territories occupied in 1967. The bulk of Israeli settlers (150,000 of them) are concentrated in the big settlement blocks in the center of the West bank. These areas cannot be evacuated over night. But the rest of the land (about 90% - 96% of the West bank and the whole of the Gaza strip) can be evacuated immediately. Many of the residents of the isolated Israeli settlements that are scattered in these areas are speaking openly in the Israeli media about their wish to leave. It is only necessary to offer them reasonable compensation for the property they will be leaving behind. The rest -- the hard-core "land redemptions" fanatics -- are a negligible minority that will have to accept the will of the majority.
Such immediate withdrawal would still leave under debate the 6 to 10 percent of the West bank with the large settlement blocks, as well as the issues of Jerusalem and the right of return. Over these, serious peace negotiations should start. However, during these negotiations Palestinian society could begin to recover, to settle the land that the Israelis evacuated, to construct democratic institutions, and to develop its economy based on free contacts with whomever it wants. Under these circumstances, it should be possible to address the core issue of what is the right way for two peoples who share the same land to jointly build their future.
In Israel, the call for immediate withdrawal is drawing some public support since Amy Ayalon (former head of the security services) has openly called for it, and was joined in February 2002 by the Council for Peace and Security a body of about 1000 establishment members. To judge by the polls, this plan has the support of 60 percent of the Jewish Israelis. This is not surprising, as it is the same majority that has been consistently supporting the dismantlement of settlements since 1993. In a Dahaf poll of May 6 2002, solicited by Peace Now, 59 percent supported a unilateral withdrawal of the Israeli army from most of the occupied territories, and dismantling most of the settlements. They believe that this will renew the peace process, and that this solution is the most hopeful of the options outlined in the survey. This majority is, of course, not represented at all by the political system, but it is there.
 
(2) Can you tell ZNet something about writing the book? Where does the content come from? What went into making the book what it is?
 
I began writing the book during the first months of the Palestinian uprising. It started as columns in the Israeli paper Yediot Aharonont, and more extended internet articles for Znet and Israel Indymedia, that were following the events as they took place. But I then extended the research into a full coverage of the period. The first draft was completed in February 2002, and appeared in April in French as Détruire la Palestine, ou comment terminer la guerre de 1948 (France: La Fabrique, 2002) The present English version covers also the period between April and the summer of 2002, when Israel entered its new and most cruel stage of the destruction of Palestine, with its operation "Defensive Shield," and the horrors in the refugee camp of Jenin.
My major source of information is the Israeli media. In the Israeli papers you can find much more about what is going on than in any outside coverage. One often hears statements interpreting this as signifying that the Israeli media is more liberal and critical than other Western media. This, however, is not the explanation. With the notable exception of courageous and conscientious journalists like Amira Hass, Gideon Levi, and a few others, the Israeli press is as obedient as elsewhere, and it recycles faithfully the military and governmental messages. But part of the reason it is more revealing is its lack of inhibition. Things that would look outrageous in the world, are considered natural daily routine.
For example, on April 12, 2002, following the Jenin atrocities, Ha'aretz innocently reported what "military sources" had told the paper:
 
 
"The IDF [Israeli army] intends to bury today Palestinians killed in the West Bank camp... The sources said that two infantry companies, along with members of the military rabbinate, will enter the camp today to collect the bodies. Those who can be identified as civilians will be moved to a hospital in Jenin, and then on to burial, while those identified as terrorists will be buried at a special cemetery in the Jordan Valley."
 
 
 
Apparently, no one in Israel was particularly concerned at the time about issues of international law, war crimes and mass graves. Israeli TV even showed, the evening before, refrigerator trucks that were waiting outside the Jenin camp to transfer bodies to "terrorist cemeteries". It was only after international attention began to focus on Jenin that this information was quickly concealed and reinterpreted using any absurd reasoning to explain that nothing of the sort had ever happened. This is how the respectable analyst Ze'ev Schiff of Ha'aretz later summarized the event: "Toward the end of the fighting, the army sent three large refrigerator trucks into the city. Reservists decided to sleep in them for their air conditioning. Some Palestinians saw dozens of covered bodies lying in the trucks and rumors spread that the Jews had filled trucks full of Palestinian bodies." (Ha'aretz, July 17, 2002).
 
(3) What are your hopes for Israel/Palestine How to End the War of 1948? What do you hope it will contribute or achieve, politically? Given the effort and aspirations you have for the book, what will you deem to be a success? What would leave you happy about the whole undertaking? What would leave you wondering if it was worth all the time and effort?
 
In the present political atmosphere in the US and Europe, anybody who dares express criticism of Israel is immediately silenced as an anti-Semite. Part of the reason why the Israeli and Jewish lobby has been so successful in forcing this accusation is the massive lack of knowledge about what is really happening. Without the facts, the dominant narrative remains that Israel is struggling to defend its mere existence. Attention focuses only on the horrible and despicable Palestinian terror, so that if you criticize Israel, you are accused of justifying terror. My hope, then, is to give the readers the weapons to face such accusations a detailed knowledge of the facts.
My second hope is to restore hope. As I said, a sane and rational solution is still possible. People have managed in the past to move from a history of bloodshed into peaceful coexistence, Europe is being the most well known example. After two years of horror, a majority in both the Israeli and Palestinian people is still willing to open a new page. I show this in detail in the book, and I end the book with the story of the many Palestinian and Israeli activists who are struggling together for the only future worth living a future based on basic human values. What is needed to give hope a chance is for the people of the world to intervene and stop the Israeli military Junta, which does not even represent the Israeli majority.
Finally, and perhaps most important, I try to give some picture of the Palestinian tragedy the best I can from my privileged position as a member of the oppressing society. With the U.S. backing, and the silence of the Western world, there is a serious danger that what we have seen so far is only the beginning, and that under the umbrella of a war in Iraq, the Palestinian people may be destined to a choice between annihilation or a second exile. Arundhati Roy,s description of the situation in Afghanistan at the time seems so painfully applicable to what the Palestinians are enduring: "Witness the infinite justice of the new century. Civilians starving to death while they are waiting to be killed." My biggest hope and plea is -- save the Palestinians! Make "stop Israel", a part of any struggle against the US war in Iraq. If the governments of the world will not do that, my hope is that the people of the world still can.
 
<http://www.tau.ac.il/~reinhart>

 

Nous invitons nos amis lecteurs à se procurer la traduction française de ce travail très éclairant, Détruire la Palestine, ou comment terminer la guerre de 1948, Paris, La Fabrique, 2002. Comme dit la quatrième de couverture, "Tanya Reinhart pulvérise les mythes forgés par la propagande israélienne." Pulvériser les mythes historiques et les remplacer par une froide analyse des faits et des chronologies, cela peut s'appeler "révisionnisme".

 

LES SPIRITES

En lisant, dans le Faits & Documents d'Emmanuel Ratier (BP 254-09, 75424 Paris Cedex 09), n* 141 du 1er au 15 novembre 2002, à propos de l'enquête sur le 11-Septembre:

Même le spécialiste du terrorisme et auteur de la première biographie de Ben Laden ("Au nom d'Oussama Ben Laden", Editions Jean Picollec), Roland Jacquard [un insondable crétin qui émarge au budget des "services" ] admet dans Actualité juive (17 octobre 2002) qu'"il y a aujourd'hui une sorte d'autogestion des groupes terroristes proches d'Al Qaïda (...) On ne voit plus très bien comment fonctionne la chaîne de transmission de l'information, comment les cibles sont choisies. C'est du terrorisme spontané difficile à prévoir."

 

On ne peut pas s'empêcher de penser à Raul Hilberg, sommité de l'historiographie zolo, auteur de La Destruction des Juifs d'Europe, qui, obligé de reconnaître qu'il était impossible de trouver un ordre de Hitler ou de quiconque pour exterminer les juifs durant la seconde guerre mondiale, avait fini par donner l'explication suivante:

«Ainsi se produisit-il non tant un plan mis à exécution qu'une incroyable rencontre des esprits, une consensuelle divination par télépathie au sein d'une vaste bureaucratie». (Thus came about not so much a plan carried out, but an incredible meeting of minds, a consensus-mind reading by a far-flung bureaucracy) Propos prononcés lors d'une conférence et rapportés par G. DeWan, "The Holocaust in Perspective", Newsday (Long Island), 23 février 1983, p. II,3.

Au premier procès d'E. Zündel, en 1985, à Toronto, l'avocat D. Christie, assisté de R. Faurisson, a obtenu confirmation de ces propos, et d'autres de même nature, de la bouche même de Raul Hilberg témoignant sous serment.

Le 11-Septembre expliqué par le "terrorisme spontané" chez les prétendus auteurs des attentats, l'"extermination" des juifs expliquée par la "télépathie" chez les prétendus exterminateurs nazis... Voilà qui laisse songeur. Faisons vite tourner quelques tables.

 

E' BENE DIRLO SUBITO

Le livre de Piero Sella, Prima di Israele. Palestina, nazione araba, questione ebraica (Avant Israël. La Palestine, nationa arabe, question juive) (Edizioni dell'Uomo Libero, Milano 1996) n'est pas un livre "politiquement correct", c'est-à-dire un de ces livres qui proposent une vision édulcorée de l'origine et du développement de la "question palestinienne", qui, à première vue ,semblerait découler uniquement de facteurs spécifiquement proche-orientaux ou d'événements historiques récents.
Avec courage et cohérence, l'auteur étudie les racines du problème: "La tempête qui s'est préparée et qui se déverse depuis des décennies sur la tête du peuple palestinien n'est que la dernière manifestation de la question juive" (quatrième de couverture)
[...] L'ouvrage est complété par une vaste bibliographie raisonnée et un abondant appendice de cartes géographiques et de statistiques préparé par Gianantonio Valli. Si on ne le trouve pas en librairie, on peut l'acheter directement chez l'éditeur, Edizioni dell'Uomo Libero, C.P. 1658, 20123 Milano, Italie. <[email protected]>.
 
Il libro di Piero Sella, Prima di Israele. Palestina, nazione araba, questione ebraica (Edizioni dell'Uomo Libero, Milano 1996) non è un libro "politicamente corretto", di quelli cioè che forniscono una versione edulcorata della genesi e dello sviluppo della "questione palestinese", che a prima vista sembrerebbe scaturire unicamente da fattori specificamente mediorientali o da vicende storiche recenti.
Con coraggio e con coerenza, l'Autore ricerca le radici del problema: "La tempesta che si è addensata e che si sta scaricando in questi decenni sulla testa del popolo palestinese è in realtà solo l'ultima manifestazione della questione ebraica" (dalla quarta di copertina).
[...] Completano l'opera un'amplissima bibliografia ragionata ed una documentata appendice cartografica e statistica curata da Gianantonio Valli. Per chi non lo trovasse in libreria, il volume puo' essere richiesto direttamente alle Edizioni dell'Uomo Libero, C.P. 1658, 20123 Milano, Italie. <[email protected]>.

 

<http://www.arabcomint.com/recensione.htm>

 

CUBA SI

 

 

Les juifs à Cuba
par Maria Poumier
 
 
Le livre de Richard Pava " journaliste depuis les années soixante-dix " (qui a publié aussi d'autres choses, dont un essai : Extrême droite et nazisme, éd. SIP, 1995, et un roman Les bons sentiments, éd. Du lac, 1985) Les juifs à Cuba, 1492-2001, éditions du petit Véhicule, Nantes, 2001, 151 p. est un opuscule bâclé par quelqu'un qui ne connaît pas grand-chose à l'histoire des pays hispaniques, et recopie tout ce qu'on lui dit à condition que cela puisse, à son avis, être du meilleur effet sur le marché des friandises à la mode. Néanmoins, ses informateurs lui ont permis d'avancer quelques faits qui méritent d'être approfondis. Je les transcris ci-dessous, dans l'espoir que d'autres puissent tout d'abord vérifier leur exactitude, puis éventuellement s'en servir, et les enrichir d'autres données fiables :
 
Le soutien juif à l'indépendance de Cuba
Rappel (M.P.) Ce qu'on appelle la guerre hispano-américaine de 1898 et qui mit fin à la souveraineté espagnole sur Cuba, permettant aux Etats-Unis de s'implanter sur l'île reconnue par tous comme la «clé du nouveau monde» a été rendu possible par deux opérations concomitantes: une intense campagne de soutien aux insurgés cubains par le groupe de presse Hearst, et l'explosion (inexpliquée encore aujourd'hui) du cuirassier Maine dans la baie de La Havane, le 23 février 1898.
 
R. Pava affirme que parmi de nombreux juifs américains «Luis Shelly Schingel, juif originaire de Hongrie, a été un des premiers à lutter pour l'indépendance de Cuba» dans les troupes américaines apparemment. (p. 19).«Un magazine américain rappelle une chanson populaire, interprétée par des artistes juifs américains, contant les aventures héroïques d'un soldat juif sur la terre de Cuba durant la guerre entre l'Espagne et les Etas-Unis. Un conflit durant lequel les juifs d'Amérique ont affiché leur sympathie pour Cuba» (p. 19).:
Les frères Edward et José Steinberg de Key West en Floride, ont joué un rôle dans la fondation du Parti Révolutionnaire Cubain (1892-1898) (p. 19); Horacio Rubens, avocat juif, plaide pour la reconnaissance de l'indépendance par les Etats-Unis.Manuel Delopen en 1908 intervient dans le sens d'un soutien financier à un secteur de la classe politique cubaine de la part des juifs de Floride.(p. 20)
 
Commentaire (M. P.) Un chercheur sérieux (Paul Estrade, José Martí ou Les fondements de la démocratie en Amérique Latine (1853-1895), éd. Caribéennes, Paris 1987) confirme que: «en visite à Cayo Hueso (Key West) à la fin de novembre 1892, José Martí fut recueilli [sic, probablement pour «accueilli»] par le Club «Abarbanel» de la colonie juive. Il y prononça un discours, et dans Patria du 10 décembre suivant lui consacra quelques lignes reconnaissantes. Ce Club comptait une cinquantaine de membres. Il participait aux collectes du P. R. C. sous l'impulsion des frères Steinberg (Eduardo, José, Maximiliano)» (p. 831); Horatio Rubens était bien l'avocat du Parti Révolutionnaire Cubain, fondé par José Martí.C'était un ami personnel de Gonzalo de Quesada, l'homme de confiance de Martí (p. 283); Rubens fut chargé par Martí de défendre les ouvriers cubains de la manufacture de cigares «La rosa española», propriété de la société Seidenberg and Comp. contre la direction, qui voulait importer des travailleurs espagnols moins chers comme briseurs de grève et délocaliser l'entreprise, en la transférant de Cayo Hueso à Tampa; il obtint le rembarquement des Espagnols, pour «contravention aux lois de 1885 sur les contrats de travail» (p. 282). Martí le mentionne plusieurs fois dans sa correspondance, avec une grande estime. Enfin, «grâce à son habileté» (p. 802), Martí put reprendre le matériel de guerre (un véritable arsenal!) qui lui avait été confisqué, alors qu'il était prêt à l'embarquer clandestinement pour Cuba, en 1894 sur le Fernandina, opération ratée mais qui eut un grand retentissement, parce qu'elle révéla l'envergure des projets militaires des indépendantistes (p. 802); Horatio S. Rubens publia Liberty, the story of Cuba, New York, Brewer, Warren and Putman, 1932, 447 p.; traduit en espagnol et publié à Marianao (La Havane) en 1957. (p. 970)
 
L'immigration juive à Cuba
1916: création de la première association d'entraide communautaire juive, l'union israélite Chevet Haim. 1921 constitution du Comité juif de Cuba: ces deux institutions favorisent l'immigration juive européenne. Une banque est créée à cet effet. Une industrie juive se développe à La Havane (quartier de La Picota): fabrication de meubles, bonneterie, confection, taille des diamants, parfums, miroiterie, teinturerie, restauration. Ouverture de trois synagogues à La Havane. Estimation par la presse de la population juive vers 1920: 15.000 personnes. En 1939, selon les documents officiels, les juifs sont 12.000, soit un pour 400 habitants, et 0,26% de la population. Ces juifs sont cubains et natifs de Cuba. Cuba compte aussi 12.000 Turcs, 13.500 Américains du Nord et 37.000 Chinois. Presse juive diversifiée: Vida habanera, hebdomadaire, une édition en yiddish; Páginas cubanas, mensuel littéraire; Aurora, mensuel en yiddish de tendance sociale et littéraire; El estudiante hebreo. Un écrivain métis, Eliasar Aranovski écrit Amaceo, poème à la gloire de l'indépendance cubaine. Oscar Pinis abonde dans la ligne anti-espagnole, avec Hatuey, éloge de la résistance indienne à la Conquête. Dubilman écrit En tierras cubanas. (p. 21-22). En 2000, la population juive de Cuba s'élèverait à 1500 personnes.
 
Commentaire (M. P.) Le Diccionario de la literatura cubana de l'Instituto de Literatura y Lingüística de la Academia de Ciencias de Cuba, La Habana, 1980, 2 t.) ne mentionne aucun des écrivains ci-dessus; pour les publications, il mentionne seulement la revue mensuelle Páginas (deuxième époque: 1937-1938), d'orientation communiste, où Fernando Ortiz (voir ci-dessous) intervient abondamment. Aurora fut le titre de plusieurs périodiques; celui qui pourrait éventuellement correspondre à la description de R. Pava par quelque section en yiddish était l'organe des serveurs de café «Órgano oficial de la Unión de Empleados de Café de La Habana» (1921-1938?); c'était un bulletin de défense du mouvement ouvrier qui comportait des articles politiques critiques, et des contributions littéraires de sensibilité communiste.
 
L'affaire du Saint-Louis en 1939
Dans le cadre d'une rumeur de fabrication de 4000 faux passeports cubains à Prague, un bateau se vit refuser de débarquer ses réfugiés juifs , et finit par les ramener à Hambourg, après les péripéties ci-dessous. Depuis 1938 pourtant, un important afflux de juifs européens s'était déjà produit sans difficultés notoires.
 
Le paquebot Saint-Louis (sous pavillon allemand) appartenant à la Hamburg-American Line est affrété pour transporter des réfugiés juifs d'Europe, à destination de l'Amérique. Le capitaine est Gustav Schroeder et transporte parmi ses passagers 937 juifs, selon le décompte des autorités cubaines. Une escale à Cuba est prévue, dans l'attente du visa pour les Etats Unis. Durant le voyage, un passager allemand, le B. Mour Weileer de 63 ans meurt de maladie (cancer de l'estomac), un membre de l'équipage se suicide en se jetant à la mer. Deux autres bateaux font la même route: le Flandres (sous pavillon français) et l'Orduña, avec 370 passagers à destination de Cuba, dont 154 juifs aspirant au statut de réfugiés, 306 passagers en transit, 200 Cubains rapatriés après avoir quitté l'Espagne pour les camps de réfugiés en France(sous pavillon britannique); 1000 passagers abordent le 26 mai 1939, avec 6000 pièces de bagages et 68 tonnes d'objets personnels. Selon le décret 55, les passagers désirant faire un séjour à Cuba ont eu à payer U. S. $ 200 pour un permis de débarquer. Le 5 mai, avant le départ du Saint-Louis de Hambourg, le gouvernement cubain a pris le décret 937 stipulant que les aspirants au statut de réfugié à Cuba devront verser une caution de $500 à l'arrivée. Ce décret annule et remplace le précédent.
Les autorités refusent d'autoriser le débarquement de certains passagers, qui n'ont pas acquitté les sommes fixées, et qui ont de faux passeports cubains fabriqués à Prague. La presse informe que les difficultés concernent 936 «Hébreux» (mais les chiffres varient: 927, 937, pour le Saint-Louis, 57 pour l'Orduña, 85 pour le Flandres). Elle fait état d'une animosité certaine de la part de la population. Ainsi le Diario de la Marina écrit au lendemain de l'arrivée du Saint-Louis, le 28 mai:
 
 
«Arrivée hier à notre port d'un autre chargement de juifs qui tentent d'envahir notre paisible terre. L'arrivée de ce paquebot a attiré une multitude de bateaux avec des centaines de coreligionnaires et assimilés, donnant à notre littoral un aspect palestinien. Voix et cris reflètent les inquiétudes palestiniennes [sic] et européennes. Nos autorités ont envoyé des officiels sur ce navire ainsi qu'auprès des 154 réfugiés arrivés sur l' Orduña en attendant qu'un dialogue puisse s'établir et qu'ils soient compris. L' Orduña compte également 200 anciens combattants cubains de beaucoup de couleurs, qui tenteront certainement de regagner leur terre si les réfugiés juifs leur laissent seulement de la place!»
 
 
 
Deux jours plus tard, le même journal reprend les déclarations du général à la retraite George van Horn Moseley devant le Congrès américain, qui défend des positions très anti-juives et anti-communistes pour refuser l'afflux de réfugiés juifs transitant par Cuba.
Il s'avère que 1100 (ou plutôt 1079?) juifs, sur les trois navires bloqués, ont des documents faux ou douteux (Saint Louis: 937, Orduña: 57, Flandres: 85). Un passager du nom de Max Loewe se coupe les veines et saute par-dessus bord; il est repêché et emmené à l'hôpital à terre. Le Saint-Louis, sous escorte militaire, repart après avoir reçu des menaces d'intervention de la marine, en direction de Miami avec 927 juifs qui n'ont pas été autorisés à débarquer. Dix embarcations de la police maritime et dix autres de la marine, remplies de fonctionnaires armés, entoureront le bateau pour sa sortie du port de La Havane. C'est le 7 juin que le bateau repart définitivement. Le gouvernement américain, par l'intermédiaire de l'inspecteur de l'immigration Walter Thomas, a déclaré les réfugiés indésirables et dépêche des avions militaires et des garde-côtes pour l'empêcher d'accoster. Le Flandres se voit refuser le débarquement de 104 réfugiés juifs à Veracruz, au Mexique. Le même jour, la presse annonce que 21 Chinois, arrivant sur le Florida, ont été rembarqués.
Des rumeurs font état d'autres bateaux arrivant pour débarquer des juifs: l'un en provenance de Bordeaux, à destination de Santiago de Cuba; un autre, le Arsa, est italien. Celui-ci accostera finalement, puis repartira avec 13 réfugiés juifs qui n'ont pas été autorisés à rester à Cuba. Un autre navire de la compagnie Hamburg-American Line, l'Orinoco, ramène vers son port d'origine en Allemagne un certain nombre de réfugiés juifs.
Aux Etats-Unis, des fonds sont collectés pour payer les $500 exigés par personne. Ceux qui parviennent à les réunir sont débarqués à Cuba. L'avocat du American Distribution Comittee and National Coordinating Comittee for Aid to Refugees, Lawrence Berenson, conseiller de la commission de coordination qui traite aux Etats-Unis du problème des réfugiés juifs, rencontre le président de la république cubaine, Laredo Bru. La Chase National Bank reçoit les fonds exigés par le gouvernement cubain, entre $400.000 et $500.000. Un officiel du gouvernement cubain, Gómez de Martínez Bandujo signale que les réfugiés seront considérés comme passagers en transit pour les Etats-Unis, et qu'il leur faudra donc faire état d'un visa de transit à Cuba, et de séjour pour les Etats-Unis. Deux avocats américains, Carlson et Harris, arrivent à la Havane par avion spécial pour rencontrer des membres du gouvernement cubain. Le gouvernement de la République Dominicaine (Trujillo) accepte de recevoir les 917 passagers du Saint-Louis; les médiateurs ont été le consul dominicain à La Havane, Nestor Pou, et Luis Clasing, représentant de la compagnie maritime Hamburg-American Line, ainsi que Lawrence Berenson. Mais ce pays n'intéresse guère les réfugiés; ils semblent préférer la mise en quarantaine à l'Ile des Pins, cubaine, évoquée comme une mesure transitoire, puis la refuser lorsqu'elle se précise. Les Cubains exigent $433.000 en liquide pour les passagers du Saint-Louis, et refuse de considérer le cas de ceux de l'Orduña et du Flandres. Alfred Jeretzski, au nom des organisation juives des Etats Unis, insiste: les $500 par personne, pour les trois bateaux, sont disponibles à l'agence havanaise de la Chase National Bank. Il continue ses démarches auprès des Européens: les Anglais refusent d'autoriser le Saint-Louis à faire escale sur leur île pour débarquer les réfugiés. L'organisation Joint committee communique au capitaine Schroeder que Belgique, France, Grande Bretagne et Hollande se sont engagés à accueillir les passagers. Apparemment, ils débarqueront en Belgique, et certains y obtiendront un visa pour les Etats-Unis, tandis que d'autres émigreront à Shanghaï. Richard Pava affirme en conclusion: «tous auront quitté le Saint-Louis le 20 juin 1939. Le 1er septembre, débute la seconde guerre mondiale. Un tiers des passagers du Saint Louis y survivra» (p. 65).
Aaron Pozner, juif allemand arrêté lors des pogroms de la Nuit de Cristal, était sur le Saint-Louis. Il avait été envoyé à Dachau, puis libéré sous condition de quitter immédiatement le Reich. Il avait une famille et des enfants, et on perd leur trace après l'épisode cubain. Sur le Saint-Louis, il tenta d'organiser une mutinerie; un membre de l'équipage «se suicide par pendaison»; un ami personnel du capitaine est retrouvé mort un matin, «meurtre, suicide, mort naturelle?» Un film a été tourné aux Etats-Unis sur l'épisode du Saint-Louis, intitulé «Le voyage des maudits». Il a été ensuite projeté à la télévision cubaine. Ce film insiste sur les liens entre la corruption régnant dans la société cubaine avant 1959 et les sympathies pour le nazisme.
 
Commentaire (M. P. ) La colonie judéo-cubaine de Miami a cultivé le souvenir de l'épisode du Saint-Louis, et se plaît à culpabiliser tous les autres Cubains en dépeignant leurs misères passées, présentes et à venir comme le châtiment divin pour avoir envoyé à la chambre à gaz les passagers du Saint-Louis. [Le musée du Zolo à Washington donne aussi une version simplifiée de cette affaire, en fin de parcours, pour culpabiliser l'opinion américaine. ]
 
L'antisémitisme à Cuba, éléments de la controverse
A l'époque de l'affaire du Saint-Louis, le grand intellectuel Fernando Ortiz (catalan par son père) fondateur de l'Association nationale contre les discriminations raciales, fait état du désir de certains d'expulser les 12.000 juifs recensés à Cuba. D'après lui, il s'agit de descendants de ceux qui débarquèrent avec Christophe Colomb; et la plupart d'entre eux sont de petits commerçants, qui font concurrence aux autres commerçants cubains au même degré que les Français, les Espagnols ou les Chinois. A une date voisine, paraît un opuscule intitulé «Pour la vérité et la justice: le problème des réfugiés hébreux» qui défend le droit des juifs à se déplacer dans toutes les nations et à toutes les époques, «comme un produit de la détermination d'une race obéissant à une impulsion d'impératifs historiques précis». Un éditorial du Diario de la Marina conclut l'affaire en insistant sur «l'importance du point de vue migratoire»: «Le nombre de juifs présents à Cuba est trop faible pour pouvoir envisager des dérives déjà engendrées à leur égard, en tous temps et partout dans le monde. Nous nous demandons: est-il prudent de les inviter à partager notre misère? La situation de ces 1000 passagers est certainement touchante, mais l'est tout autant, sinon plus, celle des milliers de nos compatriotes qui doivent résoudre leurs problèmes chaque jour». Il semble que la presse ait été généralement hostile à l'afflux de réfugiés juifs à Cuba ( le Diario de la Marina en est le doyen, de tendance conservatrice), tandis que l'ethnologue Fernando Ortiz et l'historien Emilio Roig de Leuchsenring, très hostile à l'impérialisme américain, étaient les autorités philosémites.
Tous les historiens affirment qu'il n'y a jamais eu d'antisémitisme à Cuba, et il est certain que l'immigration juive a fusionné avec les autres, et connu les mêmes flux et reflux que d'autres, Cuba ayant toujours été un pays d'émigration, et non pas seulement d'implantation, comme on a tendance à l'imaginer. La constitution de 1901 stipulait l'égalité de tous les citoyens devant la loi. En 1933, dans la dynamique du renversement du général Gerardo Machado, une section du Ku Klux Klan se créa à Cuba. Un mouvement fasciste, «Platos únicos» fit son apparition en 1937.Le 24 septembre 1938 une demande de création du parti nazi cubain fut présentée. Le 8 octobre, celui-ci est constitué par Juan Froyes Figueredo, président, Antonio Flavio Gómez, Manuel Montoto García et Jorge Alberto Morales. Ils lancent une station de radio, et s'intitulent «Organisation pour la cinquième colonne».L'amiral Canaris envoie la mission «Rayons de Soleil, dont le numéro de code est CNR 23 3 39; sur le Saint-Louis, il est dit que voyagent 14 agents de Goebbels, et un agent de la Gestapo, Otto Schiending. Carlos Hoffmann, diplomate allemand, et les Espagnols de l'organisation Reunión Auxilio président ensemble des réunions publiques.
Une constitution nouvelle vit le jour en 1940, et elle précisait que la discrimination raciale constituait un délit; elle interdisait en outre la constitution de partis racistes. Ainsi la dissolution du parti nazi est prononcée le 21 septembre 1941, mais il subsiste des organes tels que Auxilios sociales, Legión estudiantil, Caballeros del Santo Sepulcro. Les phalangistes espagnols et les émissaires japonais sont également actifs (il y a une petite immigration japonaise à Cuba depuis 1920). Italiens, Allemands et Espagnols célèbrent publiquement des activités politiques conjointes en septembre 1941. Le prince Raspoli, envoyé spécial de Mussolini, ouvre une école fasciste à La Havane. Il se crée une Légion nationale révolutionnaire et une section des Jeunesses hitlériennes. Un institut germano-dominicain fait des projets de développement agricole et autres; en effet, le général Trujillo, qui a fait des offres répétées aux juifs fuyant l'Europe, a d'excellentes relations avec le gouvernement allemand. Certains espions étrangers sont déportés à l'île des Pins, selon une tradition établie depuis l'époque coloniale, mais les dirigeants Froyes et Montoto ne sont pas inquiétés. En octobre 1942, Luni Kunning est arrêté tandis qu'il fabriquait des explosifs; il déclare qu'il y a d'autres agents nazis à Mexico, Rio de Janeiro, Santiago du Chili et Buenos Aires. Il semble que les services secrets américains n'ait pas cherché à interrompre les activités de Kunning. Celui-ci est fusillé. Un chimiste allemand qui refusait de collaborer avec les nazis est assassiné et son corps est retrouvé calciné à Rancho Boyero, près de La Havane. Après l'entrée en guerre des Etats-Unis, 10 bateaux puis 7 autres sont coulés par les Allemands au large des côtes cubaines, outre d'autres actions de sabotage.
A la fin de la guerre, beaucoup d'Allemands semblent entrer à Cuba sans difficulté. Ainsi Stefan Thyssen von Bonnemisse, dont on découvre qu'il a séjourné en 1947 dans une suite à l'Hotel Nacional de La Havane, et qu'il y a laissé une croix gammée, une croix de fer, des bijoux et des diamants, «qui lui ont été remis personnellement par Hitler et le président de Krupp, le fabricant d'armes» (p. 75).
 
La mafia
Dans les années 1930, le colonel Fulgencio Batista, futur président dictatorial jusqu'à son renversement par Fidel Castro en 1959, s'appuie, pour son ascension politique, sur Meyer Lansky, gangster juif américain responsable de l'essor de l'industrie du jeu à Cuba. L'Hôtel Nacional est le principal palace où se tiennent ces activités, et il y a pour associés les gangsters juifs de Cleveland. Puis il entreprend la construction de l'Hotel Riviera en 1957, en partenariat avec l'Etat cubain.
 
Les communistes cubains
Créé dès 1925, le Parti communiste cubain «est fondé en très large proportion par des juifs des ghettos» d'Europe orientale; parmi eux se distingueront dans le gouvernement de Fidel Castro Fabio Grobart et Enrique Oltuski. Le nom de famille Castro serait un des noms pris par les marranes, juifs convertis de force du XIVe au XVIe siècle en Espagne. Fidel Castro aurait eu un grand père issu de la diaspora de 1492, venu s'installer à Cuba à partir d'Istanbul. Le gouvernement a rompu les relations diplomatiques avec Israël en 1973. Le président de la communauté juive à la Havane est José Miller; l'administrateur de la plus ancienne synagogue, Adath Israel, dans la Vieille Havane, est Salim Pache Jalak, qui a travaillé avec Ernesto Che Guevara au ministère de l'Agriculture. Eusebio Leal Spengler, responsable de la restauration de La Havane et historien de la ville, tient son patronyme Leal («Loyal») d'origines marranes, et le matronyme Spengler lui vient d'Alsace. Il a obtenu la collaboration et des apports de capitaux d'organisations juives américaines pour la restauration du patrimoine juif de la ville, et projette de faire publier une histoire des juifs cubains. A Guanabacoa, faubourg de La Havane, se trouve un cimetière ashkénaze de 2300 sépultures. Il date de l'instauration de la première république cubaine, en 1902. On y trouve un monument surplombé d'une urne, avec l'inscription suivante: «Honorant leur mémoire, dans ce lieu sont enterrées diverses pastilles de savon fabriquées à partir de la graisse humaine de juifs qui font partie des six millions de victimes de la barbarie nazie survenue au XXe siècle. Paix à leurs restes», texte en hébreu et en espagnol (photo p. 114). Il n'y a pas actuellement d'école juive à Cuba; des rabbins étrangers viennent célébrer les fêtes religieuses, ainsi que des Beth Loubavitch, de New York; les hommes d'affaires et groupes économiques israéliens investissant dans le secteur hôtelier et dans celui des agrumes ne semblent plus se cacher. Le 20 mai 2000, c'est par cars entiers que des juifs américains ont été acheminés sur le site de la synagogue remise à neuf dans le quartier du Vedado grâce à la fondation Weinberg (p. 148).
 
L'émigration depuis 1960
Dès 1960, après la nationalisation des propriétés étrangères et des banques, les juifs cubains émigrèrent massivement. 145 enfants juifs furent en outre transférés à Miami et pris en charge par les organisations juives, dans le cadre de l'opération Peter Pan, pour faire émigrer massivement les familles de la bourgeoisie. En 1999, on n'estime plus la communauté juive de Cuba qu'à 500 familles, soit 1500 personnes. Cette année-là, on apprend que des accords secrets avec Israël permettent une vague d'émigration pour Israël via le Canada, moyennant une forte redevance acquittée par Israël; (la rumeur fait état de $5.000 par personne, M. P.). C'est la Mexicaine Margarita Zapata, fille d'Emiliano Zapata, qui a engagé les négociations en 1992 pour le troc baptisé «opération cigare». Un certain Manteber Arno est à la tête de l'Agence juive à La Havane. La viande cachère est importée du Mexique. En 1995, le président israélien Weizmann rencontre Fidel Castro en Afrique du Sud. De source israélienne, 600 Cubains auraient quitté leur pays pour Israel, dans des conditions qui ne font nullement d'eux les réprouvés que sont les autres candidats à l'émigration du point de vue des autorités cubaines, qui multiplient les entraves légales au départ, et interdisent la réinstallation à Cuba de ceux qui le souhaitent. Selon Richard Pava lui-même «seuls les juifs peuvent partir librement de Cuba, au détriment des autres Cubains» (p. 123), et certains juifs reviennent effectivement! Beaucoup, une fois arrivés à Tel Aviv, cherchent à rejoindre New York, démarche de la grande majorité des Cubains qui envisagent l'expatriation dans n'importe quel autre pays dans un premier temps. Le transit se fait actuellement plutôt par Paris que par Ottawa. Une personnalité a été autorisée en 1995 à s'installer en Israël: le cardiologue Alberto Toroncha.
 
Bibliographie:
Richard Pava mentionne deux lectures sur le contexte américain: David S. Wyman, L'abandon des juifs. Les Américains et la solution finale, Flammarion 1987, préfacé par Elie Wiesel et post-facé par André Kaspi [deux fameux fumistes ]. Il y est fait état de l'indifférence du gouvernement de Roosevelt, et du «manque de courage et de persévérance des organisations juives, alors que ministères et médias (ces derniers pourtant aux mains de familles juives) minimisaient la tragédie des juifs européens» (p. 63). L'autre ouvrage manié personnellement par Richard Pava est celui de Torreira Crespo et José Buajasan Marrwi, Operación Peter Pan, La Havane, 2000. Il ne mentionne aucun ouvrage traitant d'histoire cubaine, mais tient à donner des garanties de sérieux en signalant que pour le reste il s'appuie sur Dans l'impossible oubli, la déportation des camps nazis, brochure publiée par la Fédération nationale des déportés, résistants et patriotes FNDIRP, 1989 où «on voit p. 33 des monceaux de cadavres dans la cour du crématoire de Dachau», ce qui est bien une preuve pour R. Pava sinon qu'il y avait une chambre à gaz dans le coin, du moins qu'on ne saurait le ranger dans le camp odieux de la «désinformation» qui «se poursuit en Allemagne» (p. 35).

 

FILS DE CAME

 

 

Israeli Crime Bosses Extradition Unprecedented
300,000 Ecstasy Pills Seized From Couriers
 
 
MIAMI -- Two alleged Israeli crime bosses arrived in Miami in handcuffs Friday night and appeared before a U.S. magistrate Monday in Miami. They are accused of conspiracy to import and possession of the drug Ecstasy. The DEA, which made the case against them, said it goes much deeper than that. Their extradition from Israel is unprecedented. Meir Ben David and Yosef Levi are alleged members of an Israeli organized crime syndicate accused of making Miami an Ecstasy smuggling center. "There are groups of Israelis that control, organize, and distribute drugs here in South Florida and this is a good sign for us and a bad sign for them," U.S. attorney Guy Lewis said. Officials said 300,000 Ecstasy pills worth $6 million have been seized from couriers working for the Israeli mob. In an indictment two years ago, 40, including Ben David and Levi, were indicted. So far 34 have been arrested. One-half are from Israel. "Israelis still control the majority of the worldwide Ecstasy distribution," DEA spokesman Joe Kilmer said. "The kingpins are still in Israel. They are being indicted, people are cooperating and we hope to get every last one of them." Ben David and Levi, Broward residents, are the first Israelis extradited for drug smuggling or for any major crime. Israelis have cornered the world market for Ecstasy. Israel is expected to extradite more of them to face charges.
 
NBC, 31 juillet 2002.

<http://www.nbc6.net/ikeseamans/1582556/detail.html>

 

RIGOLO

 

 

Pour les faire grimper au plafond
 
 
The anti-Semitic Egyptian TV series, "Fares Bila Jawad" (Knight without a Horse), will be aired during the upcoming Muslim holiday of Ramadan. The TV series traces the history of the Middle East from 1855 to 1917 through the eyes of an Egyptian who fought the British and the Zionist movement.
The series -- which advances conspiracy theories about Jews and Zionists -- relies on the "Protocols of the Elders of Zion", which purports to depict Jewish leaders plotting world domination and which has long served as a pretext for persecution of Jews. The 41-episode show guarantees millions of viewers because many Muslims congregate at home after breaking the daily fast.
After numerous requests, including one by the US Embassy in Cairo, members of the Media and Culture Committee of the Egyptian Parliament declined to cancel the "comedy" from being broadcast. Egypt's Ministry of Information reviews the scripts of all TV shows and has the final say about what can and cannot ultimately hit the airwaves.
 
<http://www.nytimes.com/2002/10/26/international/middleeast/26CAIR.html?tntemai>

 

PAS DE ÇA, LISETTE ! NUREMBERG, C'EST BON POUR LES AUTRES !

 

A bill tabled today at the Knesset (Israeli Parliament) would criminalize any assistance rendered by an Israeli citizen to the International War Crimes Tribunal at the Hague. It was presented by MK Zeev Boim, a senior member of the ruling Likud party and chair of the government coalition. Under the bill, any assistance by an Israeli citizen to the Hague Court would be punishable by up to ten years' imprisonment. The bill includes a detailed list of proscribed acts, all liable to such a punishment: "The provision of any information such as writings, photographs, documents, opinions and reports" as well as "The collection, keeping and preparation and transfer of information" and "The holding of investigations and the writing down of their results". Additionally, any association engaged in any such activities would be liable to be disbanded.

 

Extrait d'un communiqué de Gush Shalom

29 oct 2002, GUSH SHALOM - pob 3322, Tel-Aviv 61033 ñ

<http://www.gush-shalom.org/>

 

BEN MON COLON

 

Paul d'Estournelles de Constant 1852-2002, 2e Prix Nobel de la Paix français 1909, Sénateur de la Sarthe 1905-1924
 
La Conquête de la Tunisie. Récit contemporain [titre de la 1· édition: La politique française en Tunisie, ouvrage couronné par l'Académie Française, Paris, 1891.] 448 pages.
Cette nouvelle édition contient le texte original de 1891.
 
4· de Couverture :
Son charme et sa position stratégique valurent à la Tunisie des vagues incessantes d'envahisseurs depuis la fondation de Carthage. La France a été la dernière puissance à y tenter sa chance.
Les opérations militaires ont commencé le 24 avril 1881: 31.000 soldats se lancèrent à l'assaut de la Tunisie. Le 12 mai, le Bey, résigné, signe un traité par lequel il accepte l'occupation française et s'engage à collaborer avec les nouveaux maîtres du pays.
Pour réorganiser cette nouvelle conquête, la France envoya à Tunis Paul Cambon, Préfet à Lille, son collaborateur Maurice Bompard, et Paul d'Estournelles de Constant, Chargé d'Affaires à Londres. Ils débarquèrent à Tunis en avril 1882, alors que les dernières opérations militaires n'étaient pas encore totalement achevées. Ce sont eux qui allaient mettre sur pied le Protectorat, un système de gouvernement et d'administration qui perdura jusqu'à l'Indépendance de la Tunisie en 1956.
Par bonheur, d'Estournelles, petit-neveu de Benjamin Constant, était aussi un homme de lettres. Il nous légua sur son expérience tunisienne un exposé de qualité sur les causes de la conquête, sur les campagnes militaires de 1881-82, ainsi que sur les institutions du pays, et sur la manière dont la nouvelle équipe entendit les réformer.
Ce livre, qui parut en 1891, fut apprécié par le philosophe Taine, et a été couronné par l'Académie Française. Il nous invite à la redécouverte d'une page méconnue de l'histoire de la Tunisie -- mais aussi de la France --, dont l'impact se fait encore sentir de nos jours. Il est réédité ici, accompagné de chronologies, d'autres textes de l'auteur, d'une lettre inédite à lui adressée par le Capitaine Dreyfus (en 1903) au sujet de l'Affaire, d'autres lettres de Jules Ferry, du Général Boulanger, du Général Billot, etc., ainsi que des documents d'archives du Quai d'Orsay.
 
Prix: 22,50 Euros - Chèques à libeller et à adresser aux Editions Sfar, 1, rue Cassini, F-75014 Paris.Tél. 01 43 29 68 98 <[email protected]>

 

LES FEIGNANTS DANS LEUR BULLE QUI VA CREVER

"Rome fut, pendant cinq cents ans, un miracle que le monde ne doit plus espérer de revoir." J.-J. Rousseau

 

The Unbearable Costs of Empire
 
Bush's war could help the economy in the short run. The big harm comes later.
 
James K. Galbraith
 
 
Talk in Washington these days is of Rome and its imperial responsibilities. But George W. Bush is no Julius Caesar. France under Napoleon may be the better precedent. Like Bush, Napoleon came to power in a coup. Like Bush, he fought off a foreign threat, then took advantage to convert the republic into an empire. Like Bush, he built up an army. Like Bush, he could not resist the temptation to use it [unlike Bush, he went to war himself and won his empire inch by inch]. But unlike Caesar's, Napoleon's imperial pretensions did not last.
Analogy is cheap but the point remains. Empire is not necessarily destined to endure, least of all in the undisturbed, vapid decadence to which our emperors so evidently aspire. True, in recent times the British Empire lasted for a century (or perhaps two, depending on how you count). The Soviet Union held up for seven decades. Napoleon was finished in just 15 years.
There is a reason for the vulnerability of empires. To maintain one against opposition requires war -- steady, unrelenting, unending war. And war is ruinous -- from a legal, moral and economic point of view. It can ruin the losers, such as Napoleonic France, or Imperial Germany in 1918. And it can ruin the victors, as it did the British and the Soviets in the 20th century. Conversely, Germany and Japan recovered well from World War II, in part because they were spared reparations and did not have to waste national treasure on defense in the aftermath of defeat.
The United States today is rich and prosperous. But this does not mean that we have the financial or material capacity to wage continuing war around the world. Even without war, Bush is already pushing the military budget up toward $400 billion per year. That's a bit more than 4 percent of the current gross domestic product. A little combat -- on, say, the Iraqi scale -- could raise this figure by another $100 billion to $200 billion. A large-scale war such as might break out in a general uprising through the Middle East or South Asia, with the control of nuclear arsenals at stake, would cost much more and could continue for a long time.
One is tempted to analyze these sums, particularly the immediate costs of war in Iraq, in terms of budget deficits and interest rates -- in terms, that is, of the conventional arithmetic of fiscal irresponsibility. But this misses the point. The real economic cost of Bush's empire building is twofold: It diverts attention from pressing economic problems at home and it sets the United States on a long-term imperial path that is economically ruinous.
Fiscal irresponsibility is an important issue, mainly because of the Bush tax cut of 2001. If allowed to survive, that long-term program of relief for the rich would, by itself, ruin the federal fisc into the indefinite future. But the problem of toppling Saddam Hussein next year is not fiscal. The United States would have no difficulty selling bonds to pay for it. On the contrary, with our domestic economy in the dumps, with private business disinterested in investment, government bonds would sell easily. And even if they did not, the Federal Reserve itself could buy them. So, too, could the successor government in Iraq, which will have the oil with which to purchase, after the fact, its own assumption of power. Either way, interest rates need not rise, and Bush's Iraq war will be timed to help, not hurt, the short-term performance of American growth and employment.
Nor is Bush's strategy necessarily irrational insofar as it affects oil -- in the short run. With a new Iraqi government, the United States will gain a client state that is prepared to help keep the oil price within the band that both U.S. consumers and the remaining U.S. oil producers can tolerate -- low enough so as not to fatally drain purchasing power from the former, high enough so as not immediately to ruin the latter. Given the George W. Bush-Dick Cheney commitment to unlimited oil consumption, this will prove useful in putting off a day of reckoning. As total world oil production declines -- credible scientific evidence suggests that this may start happening quite soon -- the Middle East's share of the remaining reserves will rise. So, too, would the potential for cartel control and price manipulation. A robust U.S. military presence in the oil fields, directly or by proxy, will naturally make higher oil prices less of a danger. This is part of the appeal of war with Iraq.
In other words, the Iraqi war could prove both stimulative and stabilizing in the short run. Unless the campaign goes badly or the neighborhood blows up, it is unlikely, in and of itself, to produce an immediate economic disaster. And so the political opportunists -- we may safely suppose they exist -- who favor such a war because it might help rescue Bush in 2004 may not be entirely wrong in their calculations. But it would be wrong to conclude that all is therefore quiet on the war-economy front. The disaster will, instead, play out in at least two different ways over time. The immediate problem of the Bush-Cheney war policy lies in the neglect and indifference, which it fosters, of all our other economic problems.
First, private business investment in the United States has now fallen virtually to the capital replacement level. There is no early prospect of revival because the recession in consumer spending still lies ahead. Until that storm comes and passes, businesses will hold off on net new investment. As a result, there will be little further application of new technologies to economic life. Instead, new technologists will be pulled back into the military sector from whence they emerged 30 years ago, and the advanced private sector on which we have, until recently, based our hopes will wither.
Second, the recession in consumer spending cannot be put off forever. American households are still being crushed by debt. After September 11, their spending was held aloft by falling oil prices, falling interest rates, the tax rebate, rising government spending and the auto companies' willingness to unload their inventories at a loss. Interest rates remain very low, alongside a continuing bubble in the price of housing, which supports a continued flow of equity loans. But this source of consumer spending is already nearing its limits. The auto companies may give up their effort soon enough (right after the November election?). After that, the second loop of the "W." recession will soon be on us in force.
Third, state and local government budgets continue to implode. Reasonable estimates now show $50 billion in deficits at the state level, and the losses are surely almost as large at the local level. As rainy-day funds are depleted, these will translate into service cuts and sometimes into tax increases. Either way, household budgets will take the full hit. The war fever in Washington -- alongside political cynicism, willful ignorance of the economics, defeatism and inertia -- has so far blocked an effective campaign for revenue sharing with the states, the one way in which the federal government might prevent this calamity this year.
Fourth, we have the economic effects of the decline of our financial markets, which have already lost more than $8 trillion in nominal shareholder value since their peak in 2000. To some extent, these losses are due to the corruption of certain major corporations, including several (not least Halliburton) that are closely tied to the military-petroleum complex. Failure to attend to these issues is necessarily endemic in an administration built on corporate fraud and committed to war for oil.
None of these problems will be cured so long as war remains our dominant political theme. But serious though they are, they pale in comparison with the larger problem of the international trade-and-financial order under conditions of permanent war. It is a straightforward fact that if global oil production starts to decline but U.S. consumption does not, everyone else will be required to cut purchases and uses of oil. But how can oil prices be held stable for Americans yet be made to rise for everyone else? Only by a policy of continuing depreciation in everyone else's currency. Such a policy of dollar hegemony amid worldwide financial instability, of crushing debt burdens and deflation throughout the developing world, is perverse. It will make our trading partners' exports cheap, render their imports dear and keep their real wages low. It will price American goods out of world markets and lead to unsustainable dependence on foreign capital. It will be a policy, in short, of beggar-all-of-our-neighbors while we live alone, in increasing idleness and inside the dollar bubble.
This is the policy that Bush and Cheney are actually imposing on the rest of the world. But they cannot make it last. It will make lives miserable elsewhere, generating ever more resistance, terrorism and military engagement. Meanwhile, we will not experience even gradual exposure to the changing energy balance; we will therefore never make the investments required to adjust, even eventually, to a world of scarce and expensive oil. In the end, therefore, that world will arrive much more abruptly than it otherwise would, shaking the fragile edifice of our oil economy to its foundations. And we will someday face a double explosion: of anger against our arrogance and of actual shortage and collapsing living standards, when the confidence of investors in the dollar finally gives way.
Compared with this future, a new commitment to collective security, to a new world financial structure, to a rational energy and transportation policy, and to spending to meet our actual domestic needs would be a bargain. At the end of the Constitutional Convention, Benjamin Franklin was asked what type of government the framers had given our new country. He famously replied, "A republic, if you can keep it." The republicans in those days opposed empire. The author of Poor Richard's Almanack understood the economics very well.
 
James K. Galbraith. (Galbraith est à l'économie ce que la Rolls Royce est à l'automobile.)
"The Unbearable Costs of Empire," The American Prospect vol. 13
no. 21, November 18, 2002.

<http://www.prospect.org/print-friendly/print/V13/21/galbraith-j.html>

 

AVEUX MURMURÉS

 

 

Un documentaire revient sur la thèse de la manipulation des islamistes par l'armée algérienne
 
 
L'enquête, diffusée sur Canal+ lundi 4 novembre, présente des témoignages troublants d'ex-responsables algériens et de personnalités françaises.
"Voici l'histoire d'une incroyable manipulation." Ainsi débute le documentaire Attentats à Paris, enquête sur les commanditaires, qui sera diffusé, lundi 4 novembre à 23 h 15, dans l'émission "90 minutes", sur Canal+. Son sujet : les liens de subordination qu'auraient entretenus les Groupes islamiques armés (GIA) avec des militaires algériens de haut rang. Les GIA sont accusés d'avoir perpétré d'innombrables crimes en Algérie, mais aussi des actes terroristes contre la France, en particulier le détournement d'un avion d'Air France en décembre 1994 et plusieurs attentats à Paris, en 1995, pour lesquels ont été jugés Smaïn Aït Ali Belkacem et Boualem Bensaïd.
Réalisé avec Romain Icard par Jean-Baptiste Rivoire, auteur de divers documentaires sur l'Algérie, "Attentats à Paris" est une enquête à charge, non contradictoire. Sa thèse : la DRS la sécurité militaire algérienne a recruté l'islamiste Djamel Zitouni pour en faire son informateur au sein des GIA. Elle l'a ensuite utilisé pour éliminer leurs chefs historiques, puis pour lancer ces groupes dans des massacres barbares contre les civils en Algérie. Enfin et surtout, Djamel Zitouni, désormais entouré d'adjoints issus des services spéciaux algériens, aurait mis en oeuvre la stratégie du pouvoir visant, par une série d'actes terroristes, à imposer aux gouvernements français successifs de maintenir un soutien sans faille à Alger.
Ce n'est pas la première fois que ce type d'accusations est émis. Le Monde publiait, dès le 11 novembre 1997, le témoignage anonyme d'un ex-capitaine présumé de la DRS affirmant que ce service était l'instigateur des attentats de 1995. La nouveauté du documentaire tient d'abord au nombre d'anciens responsables des services algériens qui s'expriment tous à une exception près à visage découvert. Et qui, tous, abondent dans le sens d'une "manipulation" organisée des GIA, certains ajoutant que des services français en étaient conscients. Certains témoignages sont invérifiables, mais plusieurs semblent sérieux, et leur accumulation est troublante. Le capitaine Samraoui affirme ainsi que Djamel Zitouni, vu en juillet 1994 dans les locaux de la sécurité militaire, était "un agent qui recevait des instructions de la part de nos chefs". Ancien des forces spéciales, le capitaine Ahmed Chouchène évoque comment le général Abderrahmane, chef de la DRS, et son adjoint, le colonel Tartagh Bachir, lui ont demandé de "travailler avec Zitouni. On va t'arranger un rendez-vous".
Mais la principale nouveauté de l'enquête réside dans les témoignages de plusieurs personnalités françaises. Ex-agent des renseignements généraux, Jean Lebeschu, pour qui Ali Touchent, l'organisateur présumé des attentats de Paris et grand absent du procès, était "très certainement un agent" des services algériens ayant bénéficié de protections en France, raconte comment un officier algérien, à Paris, informait régulièrement l'un de ses collègues des RG de l'imminence de chaque attentat. Interrogé, Alain Marsaud, aujourd'hui député UMP, qui fut chef du service central de lutte contre le terrorisme au parquet jusqu'en 1989, et était député RPR en 1994-1995, ne paraît aucunement surpris. "Ça ne sert à rien de commettre un attentat si vous ne faites pas passer des messages et n'arrivez pas à contraindre la victime à céder. Il faut faire comprendre d'où vient la menace."
D'où venait la menace terroriste en France ? Réponse d'Alain Marsaud: "Le terrorisme d'Etat (...) utilise des organisations écrans, en l'espèce une organisation écran aux mains des services algériens. Il est probable que le GIA ait été une organisation écran (...) pour prendre la France en otage." Deux témoignages assurent aussi que, en son temps, Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur, avait sciemment fait "fuiter" vers la presse, pour la démentir ensuite, sa certitude que les attentats avaient été "une manipulation des autorités algériennes".
Insérés habilement dans l'enquête, deux autres témoignages restent sujets à interprétation, compte tenu de ces assertions. Celui d'Edouard Balladur, d'abord. L'actuel président de la commission de la défense et des affaires étrangères de l'Assemblée, qui était premier ministre en 1994, dit avoir téléphoné au président algérien Zeroual, alors qu'Alger refusait de laisser partir l'avion détourné d'Air France pour Marseille, en le menaçant en ces termes: "Je prendrai à témoin l'opinion et la communauté internationales du comportement du gouvernement algérien qui empêcherait la France de sauvegarder la vie de ses ressortissants."
Interrogé sur les relations avec l'Algérie le 29 septembre 1997 sur TF1, quatre mois après être devenu premier ministre, un Lionel Jospin visiblement peu à l'aise répondait: "Nous sommes obligés d'être assez prudents. Je dois aussi penser quand même aux Français. Nous avons déjà été frappés (...) Je suis pour que nous prenions nos responsabilités, mais en pensant que la population française doit aussi être préservée. C'est lourd de dire cela (...) mais c'est ma responsabilité." Interrogé sur le fait de savoir si l'interprétation de ces propos est que "les politiciens français ne peuvent pas dire ce qu'ils pensent de l'Algérie parce qu'ils ont peur des bombes", le responsable du dossier Algérie au PS, Alain Chenal, acquiesce.
 
Sylvain Cypel
Le Monde, 1er novembre 2002, quarante-huit ans après le déclenchement de l'insurrection algérienne.

 

Depuis que les militaires algériens, confortablement installé dans leurs fromages financés par la rente pétrolière, ont décidé, comme le Père Ubu, que puisque ces élections, il y a dix ans, ne leur plaisaient pas, ils n'avaient qu'à les ignorer et mettre en prison ceux qui les avaient gagnées, depuis ce jour-là, on sait que ces mêmes militaires sont capables de tout pour rester au pouvoir et refuser de laisser le peuple manger les miettes qui tombent de la table du festin.

Beaucoup de bruits, insistants, puis de témoignages avérés, recueillis en privé ou mis sur la place publique, ont convaincu ceux qui ont l'Algérie à coeur qu'une partie importante des maquis islamistes, commettant les pires atrocités, sont en fait manipulés par les autorités militaires locales. Cette pratique ignoble, qui consiste à faire assassiner des citoyens innocents par des voyous à la solde, a reçu l'aval et l'agrément des gouvernements français, en tout premier lieu de la gauche qui a cru malin de "faire barrage à l'islamisme", un mal supposé qui n'était un risque que dans ses imaginations encore embuées par les relents du colonialisme (qui est traditionnellement "de gauche"). Nous voyons ici, dans l'article donné plus haut, comment les gens du Monde avancent avec la prudence du serpent sur ce terrain miné. Pour nous, un régime qui assassine Boudiaf, que nous connaissions bien et qui s'accommode de Boutefliqa, que nous connaissons aussi bien, depuis 1962, reste une junte militaire particulièrement habile, corrompue et trempant dans le sang jusqu'au cou. Le peuple algérien ne retrouvera sa sérénité que lorsque, pour reprendre une vieille formule, il aura pendu ses officiers généraux avec les tripes de ses politiciens en place. Nous avons connu une révolution algérienne. La seconde bouillonne dans les cratères. Nous l'appelons de nos voeux.

 

QUI ATTISE LES FLAMMES ?

 

 

Manufacturing Anti-Semites
By Uri Avnery
 
 
The first Israeli victim of Saddam Hussein is a Zionist myth on which we were brought up.
It is stated that Israel is a haven for all the Jews in the world. In all the other countries, Jews live in perpetual fear that a cruel persecutor will arise, as happened in Germany. Israel is the safe haven, to which Jews can escape in times of danger. Indeed, this was the purpose of the Founding Fathers when they established the state.
Now Saddam comes along and proves the opposite. All over the world, Jews live in safety, and only in one place on the planet are they threatened by annihilation: Israel. Here the national parks are prepared for mass-graves, here (pathetic) measures against biological and chemical weapons are prepared. Many people are already planning to escape to the communities in the Diaspora. End of a myth.
Another Zionist myth died even before that. The Diaspora, so we learned in our youth, creates anti-Semitism. Everywhere the Jews are a minority, and a minority inevitably attracts the hatred of the majority. Only when the Jews gather in the Land of their Forefathers and constitute the majority there, will anti-Semitism disappear throughout the world. Thus spoke Herzl, the founder of modern Zionism.
Nowadays this myth, too, is giving up its blessed soul. The very opposite is happening: the State of Israel is causing the resurrection of anti-Semitism all over the world, threatening Jews everywhere.
The Sharon government is a giant laboratory for the growing of the anti-Semitism virus. It exports it to the whole world. Anti-Semitic organizations, which for many years vegetated on the margins of society, rejected and despised, are suddenly growing and flowering. Anti-Semitism, which has hidden itself in shame since World War II, is now riding on a great wave of opposition to Sharon's policy of oppression.
Sharon's propaganda agents are pouring oil on the flames. Accusing all critics of his policy of being anti-Semites, they brand large communities with this mark. Many good people, who feel no hatred at all towards the Jews, but who detest the persecution of the Palestinians, are now called anti-Semites. Thus the sting is taken out of this word, giving it something approaching respectability.
The practical upshot: not only does Israel not protect the Jews from anti-Semitism, but quite on the contrary -- Israel manufactures and exports the anti-Semitism that threatens Jews around the world.
For many years, Israel enjoyed the sympathy of most people. It was seen as the state of the holocaust survivors, a small and courageous country defending itself against the repeated assaults of murderous Arabs. Slowly, this image has been replaced by another: a cruel, brutal and colonizing state, oppressing a small and helpless people. The persecuted has become the persecutor, David has turned onto Goliath.
We Israelis, living in a bubble of self-brain-washing, find it hard to imagine how the world sees us. In many countries, television and newspapers publish daily pictures of Palestinian children throwing stones at monstrous tanks, soldiers harassing women at the checkpoints, despairing old men sitting on the ruins of their demolished homes, soldiers taking aim and shooting children. These soldiers do not look like human beings in uniform -- "the neighbor's son" as they look to Israelis, but like robots without faces, armed to the teeth, heads hidden by helmets, bullet-proof vests changing their proportions. People who have seen these photos dozens and hundreds of times start to see the Israel in this image.
For Jews, this creates a dangerous vicious circle. Sharon's actions create repulsion and opposition throughout the world. These reinforce anti-Semitism.. Faced with this danger, Jewish organizations are pushed into defending Israel and giving it unqualified support. This support enables the anti-Semites to attack not only the government of Israel, but the local Jews, too. And so on.
In Europe, Jews already feel the pressure. But in the United States, they still feel supremely self-confident. In Europe, Jews have learned over the centuries that it is not wise to be too conspicuous and to display their wealth and influence. But in America, the very opposite is happening: the Jewish establishment is practically straining to prove that it controls the country.
Every few years, the Jewish lobby "eliminates" an American politician who does not support the Israeli government unconditionally. This is not done secretly, behind the scenes, but as a public "execution". Just now this was done to the black Congresswoman Cynthia McKinney, a young, active, intelligent and very sympathetic woman. She has dared to criticize the Sharon government, support Palestinians and (worst of all) Israeli and Jewish peace groups. The Jewish establishment found a counter-candidate, a practically unknown black woman, injected huge sums into the campaign and defeated Cynthia.
All this happened in the open, with fanfares, to make a public example -- so that every Senator and Congressperson would know that criticizing Sharon is tantamount to political suicide.
Now this is repeated in a big way. The pro-Israel lobby -- which consists of Jews and extreme right-wing Christian fundamentalists -- is pushing the American administration to start a war. This, too, openly, in full view of the American public. Dozens of articles in the important newspapers point this out as a plain political fact.
What will happen if the war ends in failure? If it has unexpected negative results and many young Americans die? If the American public turns against it, as happened during the Vietnam War? One can easily imagine a whispering campaign starting: "The Jews have pushed us into this," "The Jews support Israel more than they support America," and, finally, "The Jews control our country."
Furthermore, Sharon may sooner or later bring about a revolution in the Arab world. This will be a disaster for American interests. American Jews, now completely identified with Israel, will be blamed.
Anyhow, the conspicuousness of the Jews in the United States, especially in the media, and their disproportionate influence over the Congress and the White House, can backfire one of these days.
Of course, the special political culture of the United States encourages such phenomena -- but that was also true in Spain of the "Golden Age" and the Weimar republic in Germany. History does not have to repeat itself, but neither should one disregard its lessons.
There are people in Israel people who secretly wish for the victory of anti-Semitism everywhere. That would confirm another Zionist myth on which we were brought up: that Jews will not be able to live anywhere but in Israel, because anti-Semitism is bound to triumph everywhere. But the United States is not France or Argentina, it plays a critical role in the Middle East. Israel's national security, as established by all Israeli governments since Ben-Gurion, is based on the total support of the United States -- military, political and economic.
If I were asked for advice, I would counsel the Jewish communities throughout the world as follows: break out of the vicious circle. Disarm the anti-Semites. Break the habit of automatic identification with everything our governments do. Let your conscience speak out. Return to the traditional Jewish values of "That which is altogether just shalt thou follow!" (Deuteronomy 16,20) and "Seek peace and pursue it!" (Psalms 34, 14). Identify yourselves with the Other Israel, which is struggling to uphold these values at home.
All over the world, new Jewish groups that follow this way are multiplying. They break yet another myth: the duty of Jews everywhere to subordinate themselves to the edicts of our government.
 
Tue, 19 Nov 2002.
<http://iviews.com/Articles/articles.asp?ref=IV0211-1784>

 

LES PLATEAUX DE LA BALANCE

Moubarak réclame une inspection identique des armes nucléaires irakiennes et israéliennes

Le Caire.­ Le président de l'Egypte, Hosni Moubarak, a demandé qu'Israël soit soumis à la même pression internationale que l'Irak pour abandonner ses armes de destruction massive et suggéré à l'ONU de voter une résolution interdisant à l'état juif la détention de telles armes.
Dans un discours d'ouverture de la nouvelle session parlementaire, samedi dernier, Moubarak a accusé Israël de ne pas avoir la volonté politique de négocier un accord de paix avec les Palestiniens, mettant ainsi fin au cercle vicieux de la guerre dans la région.
Malgré plusieurs initiatives de paisx, des plans et des cartes routières, Israël n'a pas la volonté politique d'engager de véritables négociations en vue de l'établissement d'un état palestinien souverain, pas plus que de se retirer de Syrie et du Liban, a déclaré Moubarak.
Dans son discours devant l'assemblée populaire, le président de l'Egypte a dit qu'un des éléments essentiels d'une paix juste et complète au Proche-Orient est la suppression de toutes les armes de destruction massive, en premier lieu celles que détient Israël. Le dirigeant égyptien a demandé que la résolution 1441 de l'ONU votée à l'unanimité le 8 novembre et exigeant que l'Irak désarme ses prétendues armes de destruction massive, sous peine de conséquences graves, soit appliquée aussi à Israël.
 
 
 

Mubarak Calls for Similar Iraqi Weapons Inspection on Israel

 
 
Cairo -- Egyptian president Hosni Mubarak has called for Israel to come under the same international pressure as Iraq to give up its weapons of mass destruction, and urged the United Nations to pass a resolution to ban the Jewish state from holding these weapons.
Speaking in a new parliamentary session Saturday, Mubarak accused Israel of lacking the political will to negotiate and reach a peace settlement with the Palestinians and end the ongoing vicious cycle of bloodshed in the region.
Despite several [peace] initiatives, plans and road maps, Israel does not have the political will to enter into serious negotiations to establish a sovereign Palestinian state and to withdrawal from Syrian and Lebanese territories, Mubarak said.
In his speech before the Peoples Assembly, Egypts President said that one of the elements of comprehensive and just peace in the Middle East is to have the region cleansed from weapons of mass destruction, starting with Israel. The Egyptian leader pinpointed that UN Security Resolution 1441 passed unanimously on November 8, requiring Iraq to disarm its alleged weapons of mass destruction or face serious consequences, should be applied to Israel alike.
 
<http://www.arabia.com>

 

LE BALINAIS NIAIS NIAIT

Le courrier de Java

 

 

Les aveux d'Amrozi font naître des doutes
 
 
L'aptitude de la police à révéler la capture de l'auteur suspecté de l'attentat à la bombe de Legian, Bali, Amrozi, provoque des critiques. A tout le moins, plusieurs spécialistes des services secrets doutent qu'Amrozi soit l'acteur-clé de cet attentat.
Ils soupçonnent l'existence d'un auteur intellectuel et d'un service secret étranger derrière cette opération. Ils considèrent que ce jeune homme originaire de Lamongan ne possède pas la compétence requise pour l'assemblage d'une bombe pourvue d'une telle puissance...
"Je ne pense pas qu'Amrozi ait été le coordinateur sur le terrain", déclarait hier à Jakarta l'ancien Chef du département de coordination des services secrets, le lieutenant général Z.A. Maulani. Il met en doute les aptitudes de ce jeune Lamonganais ainsi que la police l'affirme jusqu'à présent.
Selon Maulani, à la simple prise en compte du niveau d'éducation d'Amrozi, il serait tout à fait extraordinaire qu'il ait pu en être l'auteur intellectuel aussi bien que l'organisateur sur le terrain. Qui plus est, il met en doute que l'Indonésie soit victime d'un complot international. Cette complicité, selon ses vues, est le fait du gouvernement. En conséquence, Maulani pense que la police n'est en l'occurrence pas libre de ses mouvements comme de ses déclarations.
L'ancien Chef du staff de ce service, Soeripto, ne pense également pas qu'Amrozi soit le véritable auteur de l'attentat. Il indique seulement qu'il y a un recadrage de cet événement par des services secrets étrangers.
"Pour un attentat aussi terrifiant, je doute qu'un homme comme Amrozi ait pu le mettre en oeuvre. C'est au mieux un dump-agent. En d'autres termes : un agent sacrifié, mais qui ne ressent pas qu'il l'est", explique Soeripto.
Cet ancien secrétaire général des services forestiers poursuit : aujourd'hui, dans le monde, il y a trois organisations de services secrets qui possèdent un haut niveau opérationnel global : la CIA, le MI6 et le Mossad. Il est simplement possible que l'un de ces trois organismes ait programmé le scénario de cet attentat à la bombe, en articulation avec les services secrets régionaux de l"Asia Pasifik".
Soeripto fonde ses doutes sur différents éléments. Parmi ceux-ci : du point de vue des capacités de mise en oeuvre, depuis la programmation jusqu'à l'effectuation, les acteurs ont très sérieusement pris en considération le facteur de contre-espionnage. C'est-à-dire : des mesures ont été prises pour faire barrage aux enquêtes de services secrets concurrents. Cette opération possède donc un niveau élevé de sécurité.
Au stade de la programmation, continue-t-il, il n'y a pas eu de fuite sur l'éventualité d'une explosion de cette ampleur. Quant à la réalisation, durant presque un mois, très peu d'explications ont été fournies. "Cela montre que, dans cette opération, le facteur contre-espionnage a été fortement pris en compte".
D'autre part, poursuit-il, les acteurs ont pris grand soin de l'aspect sécurité. Il n'était pas facile de mettre à jour ni de reconstituer leurs relations. "Pour toutes ces raisons : cette opération porte la marque de services secrets. Jusqu'à présent, j'ai la conviction qu'il est impossible d'indiquer qui est l'auteur intellectuel, le dalang. [Le dalang est le montreur des marionettes du théâtre d'ombre, très respecté dans la société javanaise. ]Mon analyse n'est pas étayée par des faits ou des preuves" précise-t-il.
Concernant l'intervention évoquée de services étrangers, Soeripto indique qu'il discerne au moins trois objectifs que l'on a voulu atteindre. En premier lieu, démontrer que le terrorisme a des objectifs en Indonésie. En second, rendre le gouvernement indonésien plus dépendant des pays responsables de ces attentats à la bombe. Troisièmement, affaiblir l'unification et l'unité de l'Islam.
L'article se clôt sur une déclaration de félicitations du Chef actuel des services secrets indonésiens à l'égard de la police...
 
Article de Jawa Pos, 12 novembre 2002, traduit de l'indonésien par l'aaargh.

 

 

NN

 

Le rapport du corps des Marines US sur l'utilisation des armes chimiques par les Irakiens dans la guerre Irak-Iran:

<http://www.fas.org/man/dod-101/ops/war/docs/3203/appb.pdf>

A tort ou à raison, ils pensent que le gazage de Halabja est le fait de l'armée iranienne...

 

Le rapport entier:

<http://www.fas.org/man/dod-101/ops/war/docs/3203/>

 

Le centre du culte des assassins juifs: la tombe de Baruch Goldstein

<http://www.newkach.org/special/baruch/02.htm>

Le pays sera libre quand on aura jeté à la mer les ossements de ce chien.

 

Aide Sanitaire Suisse aux Palestiniens. Le site comporte les

communiqués du Croissant Rouge palestinien. C'est là que se révèle toute l'ampleur de la barbarie judéo-israélienne

<http://www.assp.ch/>

 

 

 

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