AAARGH
Dixième anniversaire de l'AAARGH
Personne n'avait pensé que cette
aventure allait durer 10 ans ! L'un d'entre nous avait réussi
à se connecter sur le Web en 1994. A ce moment-là,
il fallait, pour y parvenir, des prodiges d'énergie. Il
n'y avait pas de fournisseur d'accès de type commercial.
Le web n'était utilisé, en France, que par des chercheurs
en physique et en mathématiques. Et encore ! A force de
piratages, l'un d'entre nous, ayant dûment apporté
son ordinateur dans le sombre sous-sol d'une illustre institution,
se vit doter d'un logiciel nommé Mosaic One One, ancêtre
de Netscape. Il fallait noter toute une série de codes
à échanger avec une mystérieuse machine qui
devait se trouver dans de lointaines catacombes. On tapotait les
codes pour entrer en communication avec ce monde intersidéral
et complètement inconnu, le WWW (world wide web). Après
quelques tâtonnements, notre pionnier tomba sur la première
page qui se présentait : celle de l'association américaine
des pratiquants du ricochet. Merveille des merveilles : des pages
de texte succédant à des pages de textes, agréablement
illustrées, avec cette dimension absolument stupéfiante
: le lien, qui menait à une autre page, elle aussi pleine
de liens. Les possibilités infinies de l'hypertexte.
Cela laissait rêveur mais était diablement présent
: il suffisait de se démener sur le clavier pour commencer
à faire ce qui n'avait pas encore de nom : une navigation.
Il y avait déjà beaucoup d'informations et de documents
sur le Web, en 1994, mais pas grand chose en français.
Les révisionnistes, Bradley Smith aux États-Unis
et Ahmed Rami en Suède commençaient lentement à
mettre des fichiers en ligne.
C'est dans cette rêverie que le site de l'AAARGH fut d'abord
conçu : puisqu'il était possible d'expliquer à
n'importe quel habitant de la planète, pouvu qu'il fût
doté d'un appendice en forme de clavier et d'écran,
les moindres subtilités de l'art du ricochet, en y joignant
références (accessibles d'un clic), images et même
possibilités de dialogue, alors il devait être possible
d'expliquer le révisionnisme, de faire circuler des textes,
bref de mettre à la disposition du lecteur quelconque,
si possible dans sa langue, l'ensemble des documents sur lesquels
s'appuie la démonstration révisionniste. Nous avions,
les uns et les autres, les éléments d'une bibliothèque
spécialisée, difficile à rassembler car beaucoup
de textes, ayant peu circulé, étaient devenus plus
ou moins introuvables, même pour ceux qui vivaient dans
la région parisienne et fréquentait les quelques
librairies qui voulaient bien vendre cette prose-là. Internet
fournissait d'emblée une alternative aux publications sur
papier, évidemment toujours nécessaires, mais toujours
menacées par la répression, les brusques incursions
de commandos, les attaques chimiques, les boules de pétanque
dans les vitrines, les dénonciations auprès des
autorités. Nous en savions très long sur ce chapitre.
Nous ne prétendions pas détenir une vérité
inébranlable, mais seulement offrir la possibilité
d'une réflexion, d'un doute, d'une confrontation et, finalement,
d'un choix personnel dans la compréhension du monde dont
nous sortions, ou, comme le dit Saint-Simon, nous espérions
« tempérer une discrète croyance par une discrète
méfiance ».
Bien certainement, les meutes qui nous couraient sus et qui avaient
obtenu la loi Gayssot, se jetteraient bientôt sur ce gibier
d'un nouveau genre. Il nous fallait organiser la prudence, mère
de la sûreté, avant même que de débusquer.
Tout restait à apprendre. Nous n'avions personne sous la
main pour nous enseigner les choses élémentaires
que nous devions savoir. Tout était étrange : le
vocabulaire, les pratiques, la façon dont ces choses tournent
sur les machines. Il fallait analyser ce terrain inconnu, tâcher
de prévoir les manuvres de l'adversaire et préparer
les pièges pour les déjouer avant même qu'il
les ait conçues. Il nous a fallu deux ans de tâtonnements,
d'essais et d'erreurs pour arriver à une maîtrise
toute relative des instruments et pour organiser le brouillard
qui devait envelopper nos antres et nos traces. Nous avions mis
quelques fichiers chez le bon Bradley (le site Codoh) et chez
l'excellent Rami (radioislam). Enfin, en octobre 1996, nous avons
ouvert le site de l'AAARGH. Dès le début il nous
a semblé nécessaire de mettre des livres en ligne
et le premier choisi fut celui de Lenni Brenner sur les relations
qu'entretinrent pendant la guerre les sionistes avec les nazis.
Un dossier chaud. Trouvant insupportable d'être publié
par des révisionnistes, à qui il avait déjà
refusé les droits de traduction, il gronda mais ne fit
rien. Six ans plus tard, il mit lui-même son livre en ligne.
Il n'a pas fallu deux ans pour mettre à l'épreuve
nos précautions. Une de ces organisations de malfaisance
que nous connaissons bien entreprit de chasser l'un de nos auteurs.
Un juge d'instruction lança les fins limiers de la police
sur nos traces. Nous fûmes en mesure de suivre leur progression
et leur égarement dans le brouillard artificiel que nous
avions distillé à leur intention. Ils durent avouer
au juge qu'ils étaient bien marris. Notre jubilation ne
fut pas mince, aussitôt tempérée par le sentiment
que la prochaine fois ils feraient mieux et que nous devions revoir
le dispositif pour toujours garder un temps d'avance. C'est ce
qui nous a sauvés jusqu'à aujourd'hui et qui ne
garantit pas que nous serons sauvés demain. Tout est sans
cesse à refaire car les choses évoluent vite dans
le domaine de l'internet.
Des attaques, il y en eut. Nous apprîmes rapidement que
pour résister il fallait plusieurs sites, ou sites-miroirs.
Certains sites ont été pris d'assaut, d'autres,
assiégés, ont résisté. En fin de compte,
nous avons toujours affaire à des hommes, qui ont la main
sur le bouton d'effacement. Certains sont courageux et ont des
principes, d'autres sont des marchands, lâches et cupides.
Il y a tellement d'intermédiaires entre eux et nous qu'il
est impossible de prévoir leur attitude en cas de coup
dur. Nous avons été pris de court la première
fois. Pendant trois semaines l'AAARGH disparut du paysage, mais
ensuite, avec trois sites différents, il en est toujours
resté, dans les pires tempêtes, au moins un en état
de fonctionnement, nous laissant du temps pour restaurer notre
présence, virtuelle certes, mais diablement réelle
aussi.
Pendant que nous étions occupés de la sécurité
d'un site qui avait l'honneur d'avoir une des plus belles collections
d'ennemis qui se puisse trouver à l'heure actuelle, nous
devions aussi faire le travail de base, le labour profond, qui
consistait à se procurer les textes de notre bibliothèque
virtuelle, à les scanner - sublime invention que celle
du scanner et de la reconnaissance de caractères - à
les corriger (le scanner fait des fautes, plus ou moins nombreuses
selon la qualité de la typographie) et à les préparer
pour qu'ils soient lisibles sur le Web, la "toile" disent
certains. Ce qui, pour un livre, peut prendre des semaines de
travail. La relecture, ligne à ligne et mot à mot,
peut être fort longue et est sans aucun doute très
fastidieuse. En somme, nous faisons le travail de l'éditeur-imprimeur
à l'ancienne, et nous le faisons maintenant dans une quinzaine
de langues.
Nous avons aussi fait un choix : celui de ne pas ouvrir de page
de discussion. Après tout, nous ne cherchons pas à
convertir. Nous offrons des éléments pour que le
lecteur bâtisse son propre jugement. C'est un travail qu'il
doit faire seul. Nous n'avons pas à intervenir dans les
affres d'une prise de conscience et d'un éclatement des
anciennes certitudes, que nous avons tous bien connus. Entrer
dans une discussion à ce moment-là aurait consumé
rapidement toutes nos énergies. En outre, il était
facile de constater que tout forum de discussion appelle l'intervention
de sectaires furieux qui interviennent à tout propos et
cherchent à monopoliser l'attention. Nous n'avions pas
à fournir à ces malades mentaux l'hébergement
thérapeutique dont ils ont besoin. Le temps est la chose
qui nous manque le plus et nous n'avons pas voulu le gaspiller.
C'est pourquoi aussi, seuls peut-être, nous n'avons pas
ouvert de blog. ("Même les chiens ont leur site internet,
disait Butz. Alors, pourqui pas moi ?") Il reste toujours
le courrier, pour le lecteur vraiment désireux de poser
une question, et nous y répondons. Notons en passant que
la grande période des lettres d'insultes est passée
et qu'elles sont devenues rares. Un peu comme si, malgré
une censure tenace dans la presse ("jamais l'aaargh dans
tes colonnes ne mentionneras") notre présence était
reconnue, avec le temps, comme légitime. On a parfois l'impression
qu'avec le poids énorme de sa documentation et sa résilience,
le site de l'aaargh fait un peu peur : ceux qui l'attaquent se
retrouvent épinglés et parfois cruellement moqués
et souvent ils n'aiment pas ça.
Quand on se retourne vers ces dix ans
passés, on voit que nous ne sommes pas loin d'avoir rempli
le programme : mettre en ligne la bibliothèque révisionniste.
Il reste un peu à faire pour en venir à bout. Le
révisionnisme a produit son effort et il ne paraît
plus d'uvres majeures. Avec peut-être deux ans de tintouin,
on toucherait au but. Mais deux facteurs sont intervenus pour
retarder les échéances : l'actualité et l'élargissement.
Ce sont les éléments qui permettront au révisionnisme
de survivre et de franchir les barrages générationnels.
L'actualité du révisionnisme a pris des proportions
de plus en plus large. On peut dire, sans emphase, que la notion
de révisionnisme hante l'Occident comme elle hante le Moyen-Orient.
Chaque jour, des milliers d'écrits, de discours et de conversations
parlent du révisionnisme, pour le louer ou pour le fustiger.
Nous préférons ceux qui fustigent car ils nous amusent
plus. Nous trouvons ou recevons chaque jour des centaines de documents
qui évoquent d'une façon ou d'une autre le révisionnisme.
Il nous faut trier pour garder ce qui témoigne de la situation
réelle dans le monde et rassembler, tous les trois mois,
ces données éparses. Or, le terme est employé
à toutes les sauces et devient parfois synonyme de "divergence
de vue", comme en Italie où il a perdu tout pouvoir
de démonisation par le simple effet d'un emploi généralisé,
à tort et à travers. Il est aussi toutes sortes
de révisionnismes légitimes. En France, les guerres
de Vendée sont loin d'être encore perçues
comme l'épouvantable massacre systématique que les
documents montrent. Mais les victimes font encore l'objet d'un
tabou politique. Ou les conquêtes coloniales. En Italie,
les massacres commis par les partisans ont aussi du mal à
sortir de l'ombre où le pouvoir politique les avait relégués.
En Espagne, certains auteurs soulèvent le tapis sous lequel
on a rangé les exactions commises par le Frente popular,
ou celui qui recouvre les terribles répressions franquistes
de l'après-guerre. Les massacres commis par les Alliés,
et surtout le traitement inhumain des prisonniers demeurent encore
des choses qui ne doivent pas être dites. Grosso modo,
la logique du vainqueur prévaut toujours et on l'a sous
les yeux tous les jours : voyez la masse de mensonges qui entourent
l'affaire du 11 septembre ; ils ont servi ensuite de base aux
invasions militaires de l'Afghanistan et de l'Iraq, opérations
qui à leur tour ont engendré des nouvelles montagnes
de mensonges, justifiables de ce "révisionnisme à
chaud" que l'expérience historique nous incite vivement
à pratiquer dès que possible, pour ne pas succomber
sous les avalanches de tromperies organisées par les gens
qui sont au pouvoir, quel qu'il soit. Bref, là où
l'opinion est honteusement trompée, le révisionnisme
se révèle nécessaire.
Tous les groupes fondés sur l'existence d'un certain nombre de militants, prêts à donner de l'argent à la "cause", comme celui qu'impulsait Ernest Zündel, ou l'Institut de révision historique, animé en Californie par Mark Weber, se sont plaints de la raréfaction de leurs supporters. Les gens qui étaient intéressés par les événements de la seconde guerre mondiale parce qu'ils l'avaient vécue sont les victimes du grand âge et ne se renouvellent pas. La base opérationnelle se restreint obligatoirement si l'accent demeure mis sur les camps de concentration de la brève époque nazie. Bon gré mal gré, les révisionnistes ont dû ouvrir leur réflexion à ce qui se passe au Moyen-Orient. Pour notre part, nous l'avions fait dès le début, et même largement avant d'aborder la question du révisionnisme. L'instrumentalisation du malheur des juifs pendant la guerre était une chose visible depuis longtemps, même si elle fabriquait ainsi un tabou que certains trouvaient difficile de contourner ou de faire sauter. Pour les gens de l'AAARGH la continuité entre les années 40-45 et le Moyen-Orient d'aujourd'hui a toujours été une évidence première.
De cette actualité sans cesse grandissante,
nous extrayons la quintessence sous forme de périodiques
qui furent longtemps mensuels et qui sont maintenant trimestriels.
Nous en produisons huit à chaque trimestre, en français,
anglais, allemand, espagnol, italien et portugais, ce qui représente
six à sept cents pages de texte.
Nous sommes donc tirés en vant par cette une actualité
et par un élargissement vers certains textes peu accessibles,
ou même introuvables, qui constituent en fait toute une
littérature que personne d'autre ne se soucie de mettre
en ligne. Internet est là pour remettre sous les yeux du
public les livres importants du passé que les politiques
ont mis sous le boisseau. Ainsi, par exemple, nous ne sommes pas
peu fiers d'avoir mis en ligne les trois pamphlets disparus de
Céline. Même les céliniens ont été
pris de frousse et pourtant Gallimard, détenteur des droits,
n'a pas moufté.
Publier ou republier certains livres, ou certains textes, dans
notre époque frileuse, est un acte de transgression, comme
la levée du tabou chez les prétendus "primitifs".
Depuis lors, des lecteurs, désireux d'apporter leur pierre
à l'édifice commun, nous envoient d'autres livres,
eux aussi frappés d'excommunication majeure et nous prêtons
volontiers nos pages à ces ouvrages que la presse conformiste
appelle "sulfureux", sans trop nous soucier de leur
contenu. Chaque livre a ses lecteurs, qui ne sont pas ceux d'un
autre livre ! Nous publions, il faut le dire, des ouvrages qui
sont absolument à l'opposé des convictions de presque
toute la rédaction. Nous y voyons une conséquence
du fait que l'internet n'est pas beaucoup plus libre que la presse,
bâillonnée par toutes sortes de lois qui écrasent
méchamment la liberté de pensée. Beaucoup
de pays européens ont élaboré des empilements
de lois grotesques (la dernière en date, en France, condamne
la "négation" du "génocide"
arménien, ce qui met un comble à la bouffonnerie)
qui pèsent sur tous ceux qui veulent s'exprimer sur Internet,
tendance qui se renforce beaucoup avec la multiplication des blogs.
Or on supprime des blogs à la pelle, tous les mois. Les
flics descendent en force chez des gamins de banlieue qui ont
tenu des propos de bistrot sur des blogs ! Par la matraque et
par l'hermine des chats-fourrés, les puissants et les arrivés
essaient de maintenir le silence dans les rangs. Comme nous avons
pris la précaution de nous tenir hors de portée
de ces brutes galonnées ou vêtus de la toge noire,
nous sommes, paradoxalement, l'un des rares sites vraiment libres.
La publication en ligne des pamphlets de Céline en est
l'exemple cardinal. Notre liberté échafaudée
pour pouvoir publier la bibliothèque révisionniste
peut servir à d'autres, et nous n'avons pas à prendre
en charge la responsabilité morale et intellectuelle des
auteurs censurés. Qu'on se le dise.
Ainsi, nous avons été amenés à commencer
à publier ce que l'on peut appeler les "classiques
de l'antisémitisme". Dans sa grande majorité
la rédaction se déclare hostile ou indifférente
à l'antisémitisme. Mais à force de se faire
traiter d'antisémites par les voyous des organisations
de malfaisance et par une presse qui n'a d'aise qu'en léchant
avec application les parties sanieuses des héroïques
militants desdistes organisations de malfaisance, nous avons été
pris de curiosité. Que pouvaient donc diable dire ces horribles
antisémites ? En quoi étions-nous justiciables de
cette curieuse appellation ? En effet, le sémitisme est
une chose dont tout le monde se fout éperdument.
D'après nos premières estimations, cette littérature
complètement occultée depuis la seconde guerre mondiale,
mais qui était très florissante auparavant, n'a
pas grand chose à voir avec le racisme. Elle ne ressemble
pas à la caricature qu'en font les "philosémites"
d'aujourd'hui. Il y a des racistes, mais ils sont très
minoritaires. Non, ce qui est amplement décrit et même
ressassé dans la littérature antisémite,
c'est que le juifs ont pris ou sont en train de prendre le pouvoir.
En fait, l'antisémitisme, en France du moins, est principalement
une doctrine politique. En tant que telle, elle a parfaitement
le droit d'exister. Et si elle a disparu corps et bien, c'est
parce qu'elle est calomniée et assimilée au racisme
qui, depuis 1972 et la loi Pleven, est un interdit majeur qui
a cassé en deux l'ancienne liberté d'expression.
Remarquons qu'au cours du débat lancé en décembre
2005 sur la nécessité d'abolir les imbéciles
lois dites mémorielles, une seule intervenante, professeur
de droit à Rennes, l'immortelle Anne-Marie Le Pourhiet
a nettement imputé à la loi Pleven l'origine de
toutes ces insupportables dérives (Le Monde, 2 décembre
2005). Personne ne l'a suivie sur ce chemin semé d'encombres.
Nous qui avons aboli de notre propre chef aussi bien Pleven (qui
assure le retour du refoulé) que les hochets de la mémémoire,
nous pouvons publier ces enfers de nos bibliothèques. La
question de la nature et de l'ampleur du "pouvoir juif"
dans nos sociétés est absolument réelle,
même s'il est de bon ton de prétendre ignorer son
existence. C'est un objet de questionnement légitime et
il n'y aura pas de vie politique qui puisse éviter toujours
cet énorme écueil. Ceci nous assure une vaste perspective.
Dix ans, finalement, c'est peu. Il y a encore beaucoup à
faire, comme le disait le génial marquis de Sade (publié
librement après deux siècles d'interdiction !) :
Français, encore un effort pour être républicains
!
Cette liberté qui est la nôtre, et qui fait de notre
part l'objet de soins constants, a eu un autre effet qui n'est
pas toujours remarqué : nous avons entièrement mis
de côté ce qu'on appelle le droit d'auteur et, ce
qui est un peu différent, le copyright. Il n'était
pas possible de demander aux auteurs de nous autoriser à
reprendre leurs travaux dans une bonne partie des pays d'Europe
où des lois nouvelles les auraient sanctionnés.
Par une peur bien légitime des sanctions et des ostracismes,
il auraient refusé, alors même que, dans le fond,
ils auraient souhaité voir leur écrits mis en ligne.
Nous avons donc, d'un coup de hache net et précis, tranché
ce nud gordien. Nous ne demandons pas la permission des auteurs
pour reproduire les textes qui nous intéressent. Et pour
faire bonne mesure, nous avons étendu cette décision
au monde entier. Dans les pays où la censure est moins
dans la main des juges, elle est plus dans celle du qu'en-dira-t-on,
dans les stratégies de survie et de promotion personnelle,
dans les décisions de jurys obscurs, bref dans le poids
de la rumeur et du puritanisme ambiant. Nous nous en affranchissons
aussi. La liberté de circulation et d'accès est
une valeur plus haute que la peur individuelle et le souci du
porte-monnaie. En effet, nous ne rétribuons jamais les
auteurs car nous n'avons pas de pompe à phynances. Mais
il faut aussi reconnaître que nous avons été
obligés, à trois ou quatre reprises de retirer des
textes parce que leurs auteurs d'outre-atlantique, très
énervés, menaçaient de poursuivre nos hébergeurs,
eux aussi transatlantiques, peu désireux de recevoir du
papier timbré et des appels d'avocats plus ou moins véreux,
génétiquement apparentés à l'espèce
des requins.
Renoncer à l'institution moderne du droit d'auteur, de
plus en plus absurde à l'heure des échanges généralisés,
ne nous a pas causé de grandes difficultés. Nous
nous attendions à pire. Quelques auteurs, même parmi
nos adversaires, sont très contents d'être ainsi
pillés (par ex. Deborah Lipstadt) ; d'autres ont un peu
peur du ridicule ou du scandale politique et préfèrent
ignorer qu'un adversaire aussi insignifiant, et déjà
ostracisé, se plaît à les piller outrageusement.
Les journaux, par exemple, ont renoncé. Au début,
nous avons eu quelques lettres du conseiller juridique de L'Express
que nous avons envoyé sur les roses. Il a compris qu'il
valait mieux se tenir coi. Les ennuis sont plutôt venus
du côté du lobby-qui-n'existe-pas. Il est arrivé
que la compagnie qui nous hébergeait soit rachetée
par une autre, qui effaçait le site dans l'heure qui suivait
l'acquisition. A croire qu'elle n'avait été réalisée
que dans ce but. D'autres fois, ce fut le chantage exercé
par un petit groupe de malfaisants établis sur la place
de Paris. Leur plus belle réussite est certainement le
filtrage, décrété en juin 2005, imposé
à plusieurs grands fournisseurs d'accès français.
Mais pas aux autres. C'est donc seulement une bizarrerie locale.
Ils ont totalement échoué à supprimer les
sites et à identifier les responsables, comme ils se vantaient
de pouvoir le faire au printemps 2005. Le plus drôle a été
quand la journaliste de Libération, totalement hallucinée,
a cru voir planer l'ombre de l'aaargh au-dessus de la salle d'audience.
Elle avait dû absorber des substances illégales...
Finalement, il faut saluer l'abnégation des membres de la rédaction. Ils acceptent de travailler dans un rigoureux anonymat, ils renoncent à toute renommée et à toute reconnaissance, dont notre époque fait une de ses valeurs suprêmes. Ces pratiquant de l'abnégation mériteraient bien d'être qualifiés d'«abnégationnistes». Ils ne touchent pas un rouge liard pour ce travail fastidieux et interminable, et ils en sont parfois de leur poche car si nous n'avons aucune recette, il y a bien de ci de là quelques dépenses. Notre choix a été rigoureux depuis le début : on ne vend rien, on ne demande pas un sou à personne, sauf, éventuellement, aux rédacteurs eux-mêmes. Avoir un financement, quelconque, un compte en banque quelque part nous aurait exposé à des indentifications malencontreuses et aurait offert un tendon d'Achille aux chiens qui sont à nos basques. L'argent qui est le nerf de la guerre offre d'infinies vulnérabilités. Regardez Bush qui s'attaque aux associations de bienfaisance du monde musulman ! ! Donc, point d'argent, point de Suisse et point de révisionniste en pâture. Ceci posé, il y a eu aussi de très aimables mécènes qui nous ont permis de mettre parfois quelques pistoles dans une chaussette et de la garder au chaud dans la pile de draps pour le cas où. C'est l'occasion de leur dire un grand merci.
Nous ne ferons aucune prédiction sur l'avenir de l'AAARGH. Le futur ne nous intéresse pas puisqu'il est, de fait, imprévisible. Les Cassandres à l'asile ! Le présent en revanche est un merveilleux point de vue pour se retourner sur le passé. C'est ça qui nous intéresse et que nous savons faire. Par conséquent, l'AAARGH va continuer son bonhomme de chemin. Il y a beau temps que nous avons renoncé à installer ces petits gadgets qui permettent de mesurer, sans contrôle, le nombre de "hits" quotidien, censé représenter les visiteurs. Il y a pas mal d'années, nous étions à 10.000 par jour. Et puis nous avons réalisé que cela ne nous intéressait pas. Nous travaillons certes pour le présent, pour l'éducation de ceux qui veulent savoir, sur tous les continents, mais aussi pour un avenir dont nul ne sait ce qu'il sera. Nous servons les générations futures. Notre seul espoir est qu'il se trouve encore parmi elles des gens qui sachent lire. Une petite minorité suffira pour transmettre. Les nombres, de notre point de vue, ne sont pas significatifs. Il suffit qu'un esprit curieux s'éveille, quelque part dans l'Alabama, ou la préfecture de Shingatsé, ou la province d'Illubabor, et qu'il se mette fiévreusement à traduire Rassinier, ou Céline, dans sa langue locale, pour que nous soyons pleinement récompensés. Malgré notre anonymat, notre aspect fantomatique, perdu dans les brouillards intersidéraux, nous faisons partie d'une vaste chaîne d'esprits à la fois curieux et rationnels qui estiment avoir un droit plein et entier à la vérité. Ce qui compte, ce n'est pas le point d'arrivée, fuligineux lui aussi, c'est le chemin pour y aller. Nous sommes ce chemin, très heureux de l'être et très heureux d'y voir passer toutes sortes de gens qui l'arpentent fraternellement.
La rédaction de l'AAARGH
Octobre 2006.