AAARGH
20 février 1996
Sous le titre, laborieux et contourné,
de Comment l'idée vint à M.Rassinier, un
étudiant du nom de Florent Brayard vient de consacrer un
factum à la naissance du révisionnisme».
Il arrive que la qualité morale d'un auteur puisse se juger
à la simple lecture des premières et des dernières
lignes de son ouvrage. C'est ici le cas. Le livre s'ouvre sur
deux brèves épigraphes qui laissent entendre que
les écrits révisionnistes, à commencer par
ceux de Paul Rassinier (ancien résistant, ancien déporté,
et père du révisionnisme), ne peuvent que laisser
des «plaies» au coeur de leurs victimes et sont des
«crachat[s] de dément[s]». Et le même
livre se clôt sur un alinéa où l'auteur remercie
la veuve de P. Rassinier de lui avoir communiqué les archives
de son mari !
Entre ces premières et ces dernières lignes coule,
au long de quatre cent cinquante pages, un flot de basses spéculations
sur le compte de P.Rassinier et de quelques autres révisionnistes.
On ne constate aucun effort de réflexion. Le désordre
règne. Les titres et sous-titres des chapitres ou des sections
ne permettent guère de discerner une progression logique.
Le quart du texte se compose de notes à tiroir où
l'auteur a entassé pêle-mêle des matériaux
qu'il ne savait où placer. L'expression est embarrassée.
Elle s'encombre d'images et de clichés empruntés
au mauvais journalisme. Trop souvent, le ton est celui de la plus
pesante ironie.
F. Brayard réalise une prouesse. Il escamote presque entièrement
la pièce centrale de l'argumentation révisionniste
qui, comme on le sait, est d'ordre matérialiste et physico-chimique.
Il ne souffle mot du résultat matériel des enquêtes
du Français Robert Faurisson, de l'Américain Fred
Leuchter, de l'Allemand Germar Rudolf, de l'Autrichien Walter
Lüftl (ancien président de la Chambre des ingénieurs
d'Autriche), du Canadien John Ball, du Germano-Canadien Ernst
Zündel. Il nomme Michel de Boüard mais sans mentionner
le ralliement au révisionnisme, à partir de 1986,
de cet ancien déporté, membre éminent de
l'université de Caen et du Comité d'histoire de
la deuxième guerre mondiale. Il dénature la thèse
d'Henri Roques. La personnalité de R.Faurisson, auquel
il consacre tout un chapitre, le subjugue ou le hante comme un
cauchemar qui paralyserait toute faculté d'analyse. Il
passe sous silence ce que l'exterminationniste Yehuda Bauer a
dit de l'ineptie» de Wannsee» et ce que l'exterminationniste
Christopher Browning a déclaré sur la non-valeur
du témoignage de Rudolf Höss [Note de l'AAARGH: les lecteurs de Rassinier et de l'AAARGH savent que dès 1964, l'Institut d'histoire contemporaine de Munich avait admis qu'« on ne pouvait pas faire confiance aux déclarations de Rudolf Höss ».]. Pas un mot non plus d'Éric Conan et de
son enquête de L'Express (19-25 janvier 1995) sur les manipulations
du musée d'Auschwitz!
A l'exemple de tous ceux qui, en France, font profession d'écrire
contre le révisionnisme, l'auteur a pris soin de n'aller
interroger aucun révisionniste.
L'ouvrage est préfacé par Pierre Vidal-Naquet. Avant
sa publication en 1996, sous sa forme présente, il n'était,
à l'origine, qu'un mémoire universitaire dont la
soutenance se serait déroulée en 1991 ; on nous précise: «sous la direction
de Pierre Nora (au jury, Pierre Vidal-Naquet)».
Jacques Dupont
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