AAARGH

Paul Rassinier, Le Véritable Procès Eichmann,
Notes du chapitre IV

 

* Note de l'AAARGH : Rassinier ignore là une dimension parfaitement connue et officielle du système politique américain, la doctrine de Monroe, qui remonte à la révolution française et aux mouvements révolutionnaires que les colonies américaines, notamment espagnoles, ont connus dans son sillage. La doctrine de Monroe est l'affirmation de la volonté des États-Unis d'être les maîtres du continent américain et d'empêcher désormais les Européens d'y intervenir ; le corollaire est qu'ils n'interviendront pas en Europe, mais à l'époque de l'énoncé de la doctrine (1815), il s'agissait d'une hypothèse d'école, les États-Unis n'ayant évidemment aucune puissance leur permettant d'envisager l'envoi d'une armée en Europe. La question ne s'est posée pour la première fois qu'au cours de la guerre de 1914-1918, alors que l'économie américaine s'était développée et que ses capitaux, notamment, faisaient vivre l'Angleterre en guerre. L'interventionnisme américain, qui entraînait la rupture avec la doctrine de Monroe, était une thèse défendue par certains Américains seulement, minoritaires mais qui devinrent majoritaires lorsque l'engagement financier des États-Unis en Angleterre fut tel qu'une victoire de l'Allemagne les eût ruinés. Dès 1919, la politique américaine traditionnelle reprit le dessus et le parlement américain refusa d'adhérer à la Société des nations fondée par Wilson. Ce n'est qu'en 1945, lorsque l'intervention des États-Unis en Europe, choisie par Roosevelt comme ultime recours contre la crise économique qui minait le pays depuis 1929, malgré toutes les politiques de redressement entreprises, les sauva effectivement ­ grâce à la destruction et à la ruine de l'Europe de l'Ouest qu'ils avaient volontairement effectuée (politique du tapis de bombes) ­ qu'ils renoncèrent à leur isolationnisme.

La doctrine de Monroe, « L'Amérique aux Américains » est évidemment une définition métonymique : en clair, il faut dire le continent américain appartient aux États-Unis. C'est une doctrine très agressive comme le montre l'histoire des États-Unis au XIXe siècle : c'est ainsi qu'ils se sont emparés de la quasi-totalité de leur territoire (volé aux Indiens et, pour tous les états du Sud, aux Français ou aux Espagnols puis aux Mexicains), profitant de leur supériorité militaire sur les nouveaux états récemment indépendants et ne disposant pas encore d'armées efficaces. Rappelons, par exemple, la conquête du Texas : le Mexique, dont le Texas faisait partie à l'origine , avait autorisé l'installation de fermiers yankees dans cette région. Lorsque le gouvernement mexicain abolit l'esclavage, en 1829, les fermiers américains se révoltèrent contre cette mesure qui diminuait leur prospérité et reçurent immédiatement l'appui militaire du gouvernement américain qui fit la guerre au Mexique et, victorieux, annexa purement et simplement le Texas : la force, là comme en Europe en 1945, prima le droit. La Californie et le Nouveau Mexique connurent des destins similaires. Il est curieux que Rassinier ignore cet aspect essentiel de l'histoire américaine, qui n'a rien à voir avec l'origine bigarrée de la population des États-Unis, de même que la politique de Wilson n'a rien d'une politique irénique destinée à faire triompher la paix de l'ordre nouveau du monde !

1. Démocrate. Aux élections présidentielles de novembre 1912, il avait brillamment triomphé de Théodore Roosevelt, ancien président (1900-1904) et Taft, président sortant (1904-1912) candidats du parti républicain divisé. Le grand homme du parti républicain d'alors était T. Roosevelt (cousin germain et oncle par alliance de Franklin Delano Roosevelt à qui nous devons les Slaves à 50 km. de Hambourg) et non Taft qu'il avait mis en selle et avec lequel il s'était brouillé depuis. Thomas Woodrow Wilson élu en novembre 1912 était entré en fonction le 4 mars 1913.

2. « Si nous avions vraiment eu le service obligatoire, écrit le major Stein (Schafft ein Heer! p. 8) et de ce fait plusieurs corps d'armée de plus en 1914, le repli de la Marne n'eût pas eu lieu, nous eussions écrasé la France sans coup férir et pu dicter la paix en 1915. Lord Kitchener et le maréchal Haig partageaient ce point de vue. Il est certain que si l'Allemagne avait seulement pu disposer de 10 divisions de plus, Moltke eût pu faire face aux premiers besoins du front de l'Est sans les prélever sur celles qui étaient Initialement prévues par le plan Schlieffen, et qu'alors il n'eût pas été obligé de modifier ce plan. En 1913, Ludendorff qui était un fanatique du plan Schlieffen et qui n'en concevait pas l'application sans la réalisation préalable de « la Nation armée » n'ayant pas réussi à faire partager ce point de vue à l'empereur Guillaume II avait réclamé la création de 3 corps d'armée supplémentaires de réserve et n'avait pas été suivi non plus. Benoist-Méchin qui semble partager aussi le point de vue du major Stein de Lord Kitchener et du maréchal Haig, cite le fait dans son Histoire de l'Armée allemande (T. 1, p. 30).

3. Des îles britanniques et de la France seulement, pas de toute la Mer du Nord.

4. De 200 à 165 grammes en Autriche-Hongrie.

**Note de l'AAARGH : si l'on a à l'esprit la doctrine de Monroe (cf note liminaire de l'AAARGH), on voit comme le prétexte est bien choisi et comme l'interprétation irénique de Rassinier est incompréhensible, sauf si l'on se souvient de l'aura dont jouissait ­ et jouit encore ­ le président américain Wilson dans les milieux pacifistes et républicains qui, naïvement, n'ont jamais envisagé que tout ce discours était, comme le reste des discours politiques (particulièrement quand ils secondent une politique économique particulièrement agressive) pure propagande. Qui, aujourd'hui (nous écrivons ses lignes en mai 1999, alors que les « Alliés » bombardent la Serbie ­ objet de la sollicitude de Wilson en 19178 ­ depuis près de deux mois), pourrait croire que le discours onusien n'est pas propagandiste ? Or, qu'est-ce que l'ONU, si ce n'est la version efficace, parce qu'appuyée par les armes, de la Société des nations ? Rassinier veut croire que les quatorze points sont une vision pacifique du monde mais qui ne comprend qu'ils tendent à l'hégémonie américaine et qu'il n'a jamais été question du droit des Amérindiens ou des Noirs d'Amérique à disposer d'eux-mêmes, sans parler des Irlandais ? Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est une invention française destinée à démanteler l'Autriche et la Russie de l'intérieur, une fois que la France, ruinée, ne pouvait plus y travailler par les armes. Sans parler du libéralisme économique imposé à tous, et qui aujourd'hui (mai 1999) interdit aux Français de manger des bananes antillaises et aux Espagnols de manger du maïs espagnol... le maïs des États-Unis, les bananes des États-Unis, sont tellement plus justes et plus libres, c'est un tel progrès dans le bonheur des peuples disposant d'eux-mêmes...

5. Un télégramme du gouvernement allemand à son ministre à Mexico et lui enjoignant de préparer une attaque mexicaine contre les États-Unis avec lesquels le Mexique était en délicatesse [Note de l'AAARGH : là encore, doctrine de Monroe : l'Amérique aux Américains ­ c'est-à-dire aux Yankees de New York !]. Saisi par le gouvernement américain, ce télégramme sur lequel toute la lumière n'a pas été faite, ne fut pas rendu public sur le moment. A ma connaissance, le gouvernement allemand n'a, jamais reconnu en avoir été l'auteur mais...


6. En juillet 1917, Hindenburg et Lüdendorff avaient obtenu de l'empereur le renvoi de Bethmann-Hollweg qu'ils jugeaient trop enclin à la négociation et dont ils avaient peur qu'il n'aboutît. A Bethmann-Hollweg succède un incapable : Michaelis qui fut bientôt remplacé par le comte Hertling. C'est au comte Hertling qu'avait succédé le prince Max de Bade le 29 septembre et, dans son cabinet figuraient des socialistes comme Scheidermann. Il s'agissait, pour la première fois en Allemagne, d'un cabinet appuyé sur une majorité parlementaire.


7. Au titre de Roi de Prusse, il n'abdiqua que le 28 novembre, sur la pression de l'Angleterre qui, la Convention d'armistice ayant été signée et étant entrée en vigueur, menaçait de demander son extradition à la Hollande s'il n'y consentait pas.

8. Il n'y avait en effet, plus de chancelier en Allemagne. Ebert qui avait tout d'abord accepté le titre sur la proposition du Prince Max de Bade de lui succéder avait, aussitôt, été contraint d'y renoncer par le Directoire des six, motif pris que ce Directoire était une émanation du peuple, non du Parlement et que la forme du nouveau gouvernement n'étant pas encore constitutionnellement définie, il ne pouvait agir qu'au titre de Président, non de Chancelier. De crainte de provoquer la confusion et l'hésitation, voire le refus de traiter chez les Alliés, le Directoire avait cependant décidé de signer cette pièce officielle de l'ancien titre, sans mettre de nom, plutôt que d'un titre qui risquait de n'être pas compris et de tout compromettre.

9. Cette livraison comprenait : 5.000 locomotives, 150.000 wagons et 5000 camions automobiles, les voies de communication de toute nature étant en outre mises à la disposition des Alliés, leurs frais d'entretien et d'approvisionnement restant à la charge de l'Allemagne (§ A. 7· ; abandon sur place et Intact de tout le matériel de navigation fluviale, de tous les navires de commerce, remorqueurs, chalands, etc. lors de l'évacuation de la côte belge (§ F. 9· ; même chose dans la Mer Noire (§ F. 101) ; maintien du blocus, les navires de commerce allemands restant sujets à capture (§ F. 7· : droit de réquisition illimité exercé par les armées alliées dans les territoires occupés, etc... Cette énumération ne comprend que le matériel utilisé pour les besoins économiques à l'exclusion des livraisons de matériel militaire qui faisaient, dans la convention d'armistice, l'objet d'autres dispositions.