LES TEXTES
Georges DEMARTIAL, La Légende des démocraties pacifiques, 1939, 119 p. en pdf.
Georges DEMARTIAL, 1939 La Guerre de l'imposture, 1941, 91 p. en pdf.
Georges DEMARTIAL, Le mythe des guerres de légitime défense, 1931, 159 p., en pdf
Gustave DUPIN, M. Poincaré et la guerre de 1914. Etude sur les responsabilités, Librairie du Travail, 1935, 155 p. en pdf
POURQUOI NOUS OUVRONS CETTE PAGE
Cette page consacrée au révisionnisme de la première guerre mondiale a pour but de le resituer dans ses origines historiques afin de lui rendre sa hauteur de perspective et sa position éthique. Le révisionnisme dépasse très largement le cadre de la seconde guerre mondiale et de l'holocauste dans lequel les circonstances historiques l'ont enfermé aux yeux du public. Le révisionnisme historique trouve son origine dans le courant pacifiste de la Grande guerre. L'expression vient de sa volonté exprimée d'une révision du traité de Versailles. Quelques hommes, dont vous retrouverez les textes ici, malgré la censure et les menaces ont tenté de déconstruire le discours de propagande issu du besoin des gouvernants de justifier la guerre et de mobiliser les consciences. Avec le tournant du vingtième siècle se dessine une nouvelle figure de la diplomatie de la guerre.
La guerre faisait jadis partie du Droit des gens et on en admettait la légitimité à titre préventif; pour enrayer la montée en puissance d'un autre Etat: "Une plus longue paix mettrait cet autre en état de le détruire, et l'attaque est alors le seul moyen d'empêcher cette destruction" (Montesquieu, De l'esprit des lois, chap. X). Avec l'établissement des sociétés républicaines, le développement de la grande presse, le changement des caractéristiques générales des guerres, qui deviennent des guerres totales, les conflits ont changé de physionomie. Ils sont désormais des conflits de peuples. Les justifications d'hier ne peuvent dès lors plus avoir cours. De guerres de conquête, il faut maintenant faire des guerres de légitime défense, car seules celles-ci peuvent mobiliser les masses.
La propagande devient alors une arme comme une autre, c'est-à-dire qu'on l'utilise avec la même absence d'état d'âme et la même absence de limitation dans ses moyens. On lancera au-dessus des villes ennemies par aéroplanes des tracts par milliers proclamant que la guerre du droit et les nobles causes sont de l'autre camp, on ouvrira des lignes budgétaires pour soudoyer une tourbe de journalistes, unanimes dans la vénalité (voir L'abominable vénalité de la presse). La question des responsabilités est passée au premier plan. Celle-ci relevant de l'histoire, cette propagande infernale ne pourra exister que servie par l'élite intellectuelle et universitaire, dont la faillite morale est visible par tous (voir G. Demartial, La mobilisation des consciences).
Dans la recherche des responsabilités, face aux moyens de la propagande officielle, il a fallu faire oeuvre révisionniste, opposer à la puissance la précision, à la masse l'exactitude, aux discours les documents. Cette propagande cherche d'emblée à masquer deux ordres de faits: la question de l'antériorité des mobilisations et les conditions du traité d'alliance qui nous lie à la Russie. Avant-guerre, il est admis dans nombre de textes officiels et de traités militaires que la mobilisation est déjà le début des hostilités. Cette vérité prenait, pour des raisons stratégiques connues de tous, une acuité toute particulière pour l'Allemagne, prise en étau entre ses deux adversaires. Son plan Schlieffen devait automatiquement suivre la mobilisation russe. Il fallait donc cacher l'antériorité de celle-ci par rapport à la mobilisation allemande mais aussi autrichienne.
Dans ce but, le Livre jaune français de 1914 (mais aussi le Livre orange russe avec la pièce n * 47) n'a pas hésité à recourir aux faux. Le télégramme n * 117 de Viviani à Paléologue qui commence ainsi: "Le gouvernement allemand, prétendant que le gouvernement russe a ordonné la mobilisation totale de ses forces de terre et de mer, a décidé à midi de proclamer l'état de danger de guerre", voit disparaître l'incidente "prétendant que". Le 118, télégramme de Paléologue, est une pièce fabriquée. Se réduisant à une phrase: "La mobilisation générale de l'armée russe est ordonnée" dans l'original révélé après-guerre par Renouvin, il est grossi dans le Livre jaune d'un long paragraphe rédigé à Paris sur les mobilisations antérieures de l'Allemagne et de l'Autriche et la nécessité où s'est trouvée la Russie d'agir comme elle l'a fait (voir L'évangile du Quai d'Orsay).
Pour les conditions de l'alliance franco-russe, Le Livre jaune avait révélé par la pièce 101 que la France s'était engagée à "remplir toutes les obligations de l'alliance", mais ces obligations restèrent longtemps inconnues, y compris des parlementaires qui votèrent les crédits de guerre. Ce n'est qu'en août 1918 que le gouvernement français publia un Livre jaune sur l'alliance franco-russe où l'on apprit que cette alliance était purement défensive, et ne jouait que si l'Allemagne mobilisait la première. De ces brèches dans l'historiographie officielle, de ces "victoires du révisionnisme", l'un des facteurs les plus déterminants fut les événements de la révolution russe de 1917, par la nécessité où furent les maîtres d'oeuvre de la propagande de devancer les révélations que ne manquerait pas de faire le gouvernement révolutionnaire, puis d'y répondre. La publication du Livre noir des documents diplomatiques du tsarisme est à ce titre un événement décisif. Passé sous silence ou à peine évoqué par les historiens universitaires, son authenticité n'a pourtant jamais été contestée. Suivront les Documents allemands à la faveur du changement de gouvernement après guerre, collationnés par Kautsky, essentiels eux-aussi.
L'histoire de ce mouvement et de sa censure est trop semblable à celle du révisionnisme de la seconde guerre mondiale pour qu'il soit besoin d'y insister. Vous y retrouverez les mêmes énormités du mensonge, la même impudence à les répandre, les mêmes procès en sorcellerie, la même ladrerie universitaire, le même silence assourdissant face au scandale, les mêmes tentatives de quelques-uns de rester fidèles à la vérité. Pour cela déjà, ces hommes ont connu intimidations et procès et furent convaincus du délit de s'exprimer. Demartial, premier catalyseur en France de ce courant avec la création pendant la guerre même (1916) de la Société d'études documentaire et critique de la Guerre, fut cité à comparaître devant le conseil de l'ordre de la Légion d'honneur dont il était membre , et suspendu pour cinq ans (voir l'Affaire Demartial, dans la revue Europe, XVII, n* 66, 15 juin 1928). Cette Société d'études documentaire et critique de la Guerre avait deux buts principaux: l'un scientifique de détermination des responsabilités de la guerre et l'autre, plus pratique, de regroupement des forces pacifistes et internationalistes dispersées en vue de travailler à l'aboutissement d'une paix négociée. Ce travail d'inspiration pacifiste aboutira lui-même dans l'entre-deux guerres à des oeuvres de réflexion comme celles du philosophe Félicien Challaye, du sociologue hollandais De Ligt ou du romancier Victor Margueritte.
Sur la question des responsabilités et des origines du conflit, d'autres tentatives verront le jour en France, du côté anarchiste avec Gouttenoire de Toury, publié par la revue Clarté, des auteurs d'horizons divers comme Pozzi, Dupin, Chéradame, en Allemagne avec Morhardt, Montgelas, Kautsky ou aux Etats-Unis avec Harry Elmer Barnes et Sidney Bradshaw Fay. Les travaux se multiplieront dans les années 20 et 30, donnant, avec la chape de plomb qui s'abattra après le second conflit mondial, un saisissant contraste de vigueur polémique et de liberté d'expression. Ce sont là les sources d'inspiration de P. Rassinier et on y reconnaît les différentes dimensions de son _uvre, son pacifisme pratique et théorique, ses études sur la question des responsabilités, son combat sur la question du prétendu génocide des juifs n'ayant par rapport à cela qu'un caractère accidentel déterminé par les circonstances du moment et les besoins des forces victorieuses du conflit.
Cet ancrage du révisionnisme dans le courant pacifiste est-il essentiel et qu'en reste-t-il ? La réponse à cette question se trouve dans les ambiguïtés du pacifisme, qui peut entrer dans l'arsenal d'une propagande de guerre et constituer une imposture. A ce titre, l'_uvre d'André Chéradame est essentielle, qui montre comment l'Allemagne vaincue militairement continue la guerre sous d'autres formes et a intérêt à instrumentaliser ce courant. Chéradame est sans doute le seul auteur de cette page à préconiser la guerre mais il fait un travail révisionniste car à partir d'enquêtes de terrain, il déconstruit les discours, y compris gouvernementaux ; ce qui lui valut, après un début de reconnaissance, de tomber dans l'oubli malgré une carrière d'écrivain politique de plus de quarante ans. Il est amené ainsi à réviser le révisionnisme des Gérin et des Fabre-Luce dont on ne peut manquer de penser que parfois, en effet, ils tordent le bâton dans l'autre sens et il lui est facile de rétorquer que si les documents exhumés par les bolcheviques prouvent que les Russes ont stipendié journalistes et écrivains, il serait naïf d'imaginer que les Allemands se sont privés de cette ressource. Faut-il donc rejeter cette filiation pacifiste et voir dans le révisionnisme, non plus un courant, mais une méthode ? Le mot perd alors tout sens spécifique et le révisionnisme s'identifie de ce point de vue avec la méthode historique elle-même. Le révisionnisme ne peut avoir de signification propre que comme courant, et la question de la paix est présente comme but chez tous ses représentants, chacun tentant de corriger les distorsions introduites dans le discours par des visées agressives qui ne disent pas leur nom (chez Chéradame, celles du pangermanisme). C'est par un mouvement logique que les plus conscients d'entre eux, pour rester fidèles à cette inspiration, ont été conduits à tenter de dépasser les ambiguïtés du pacifisme. P. Rassinier, en écrivant Le discours de la dernière chance ne fait que continuer les efforts de F. Challaye, V. Margueritte, B. de Ligt, pour essayer de penser un pacifisme "intégral", qui ne soit pas de circonstance et instumentalisable, et qui détermine les conditions ultimes de la paix, d'une paix durable. Là se trouve le but ultime du révisionnisme et il touche à la philosophie (comme le souci des critères épistémologiques d'établissement de la vérité). Les philosophes sont d'ailleurs nombreux dans les sources de P. Rassinier (Alain, Jaurès, Michel Alexandre, F. Challaye ).
A une époque où on voit à nouveau les grandes puissances se lancer dans des guerres de conquête, en Afgh anistan, en Iraq, et ailleurs demain, on voit que la cause de la paix et la recherche des vraies raisons de la guerre, si manifestement occultées aujourd'hui par les Bush, Blair et compagnie, sont indissolublement liées et justifient tous les révisionnismes. On touche ici à leur commune origine.
Ce texte a été affiché sur
Internet à des fins purement éducatives, pour encourager
la recherche, sur une base non-commerciale et pour une utilisation
mesurée par le Secrétariat international de l'Association
des Anciens Amateurs de Récits de Guerre et d'Holocauste
(AAARGH). L'adresse électronique du Secrétariat
est <aaarghinternational
at hotmail.com>. L'adresse postale est: PO Box 81475, Chicago,
IL 60681-0475, USA.
Afficher un texte sur le Web équivaut à mettre un document sur le rayonnage d'une bibliothèque publique. Cela nous coûte un peu d'argent et de travail. Nous pensons que c'est le lecteur volontaire qui en profite et nous le supposons capable de penser par lui-même. Un lecteur qui va chercher un document sur le Web le fait toujours à ses risques et périls. Quant à l'auteur, il n'y a pas lieu de supposer qu'il partage la responsabilité des autres textes consultables sur ce site. En raison des lois qui instituent une censure spécifique dans certains pays (Allemagne, France, Israël, Suisse, Canada, et d'autres), nous ne demandons pas l'agrément des auteurs qui y vivent car ils ne sont pas libres de consentir.
Nous nous plaçons sous
la protection de l'article 19 de la Déclaration des Droits
de l'homme, qui stipule:
ARTICLE 19
<Tout individu a droit à la liberté d'opinion
et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher,
de recevoir et de répandre, sans considération de
frontière, les informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit>
Déclaration internationale des droits de l'homme,
adoptée par l'Assemblée générale de
l'ONU à Paris, le 10 décembre 1948.