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Reproduction d'un article publié dans Rivarol,
3 octobre 1997
Servitude et honneur juridiques
****************
"Je prends ici l'engagement que je n'achèterai
pas et ne paierai pas ma liberté. On ne m'a jamais acheté;
on ne m'achètera jamais. Je ne paierai donc pas de jours-amendes.
Vous me mettrez en prison si vous voulez." Tels sont les
mots lancés par le professeur Faurisson en réponse
au réquisitoire du procureur lors de l'audience du jeudi
25 septembre 1997 devant la XVIIe chambre correctionnelle du
tribunal de grande instance de Paris.
C'est un bien étrange procès qui s'est déroulé
ce jour-là. Le professeur Faurisson avait été
cité à comparaître pour "contestation
de crimes contre l'humanité" en raison d'un communiqué
qu'il avait envoyé le 19 avril 1996 à l'Agence
France-Presse après avoir lu un article du Monde paru
ce même jour (mais daté du lendemain 20 avril),
signé de Nicolas Weill et intitulé "L'abbé
Pierre soutient les aberrations négationnistes de Roger
Garaudy".
"Rivarol" ne s'aventurera pas, malgré la protection
de l'article 41 de la loi du 29 juillet 1881, à citer
le contenu de ce communiqué ni même ses extraits
ayant fait l'objet de la citation mais nos lecteurs savent à
quelles conclusions iconoclastes est arrivé le professeur
Faurisson après des années de recherche sur l'existence
des chambres à gaz homicides hitlériennes.
Le professeur était poursuivi par cinq associations :
l'UNADIF, la FNDIR, l'UNDIVG, la FNDIRP et la Fondation pour
la mémoire de la déportation (ces deux dernières
ne s'étant déclarées qu'en début
d'audience), ainsi que par le parquet.
Deux témoins étaient convoqués par la défense:
Jean-Claude Pressac, auteur d'un ouvrage publié sous la
responsabilité du CNRS et intitulé "Les Crématoires
d'Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse", et Jacques
Baynac, historien français bien en cour, auteur
de deux articles consécutifs sur le génocide juif
parus dans "Le Nouveau
Quotidien" de Lausanne les 2 et 3 septembre 1996.
Ni Pressac ni Baynac ne devaient se présenter à l'audience.
Le professeur était défendu par son fidèle
avocat, Maître Eric Delcroix. Les associations,
de leur côté, avaient pour représentant Maître
Serge Lorach.
Contrairement aux procès révisionnistes des premiers
temps, la salle était composée majoritairement
de partisans du professeur; depuis quelques années, en
effet, les associations parties civiles n'incitent plus leurs
adhérents à venir écouter les propos sacrilèges
du professeur: craindraient-elles la contagion?
Le box des journalistes, comme d'habitude, était vide.
Etrange, en effet, cette audience: pour la première fois
dans un procès révisionniste on assistait à
un échange de propos entre le président du tribunal
et le professeur Faurisson qui avait plus l'allure d'une conversation
entre spécialistes que d'un interrogatoire entre le juge
et son prévenu, au point que le président ne pouvait
plus cacher la gêne qui était la sienne dans le
rôle extrêmement inconfortable que la loi Fabius-Gayssot
l'obligeait à jouer.
Le président Monfort montrait qu'il connaissait le dossier
à fond, ce qui ne l'empêchait pas de se faire expliquer
certains éléments techniques chers au professeur.
A plusieurs reprises il paraissait essayer d'obtenir du prévenu
une justification possible à une condamnation: le professeur
ne manquerait-il pas de coeur envers les déportés,
ne serait-il pas antisémite, n'aurait-il pas des orientations
politiques peu avouables? Cette dernière question devait
faire sourire le professeur: "Voilà bien une question
'typically French', toujours la politique! Quand on me demande
mes propres opinions politiques, je ne les connais même
pas!" Extrêmement surpris de découvrir l'ampleur
du mouvement révisionniste à travers le monde,
le président Monfort posait cette question: "Estimez-vous
qu'on peut parler de succès des révisionnistes?"
Le professeur signale alors au tribunal qu'il existe sur Internet
un très grand nombre de sites révisionnistes, aux
Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Afrique du Sud, en Suède,
en Espagne, en Italie et dans bien d'autres pays, que ces sites
sont abondamment visités et qu'en conséquence le
procès qui lui est fait ce jour-là pour un simple
papier envoyé à l'Agence France-Presse est dérisoire.
Le professeur aurait pu ajouter que la France possède
un site révisionniste de premier ordre et en plusieurs
langues facilement consultable.
Revenant sur le fond du sujet, le professeur consacre un long
moment à l'étude des deux articles de l'historien
Jacques Baynac. Dans ces articles, J. Baynac, connu pourtant pour son hostilité aux
historiens révisionnistes, révèle que, tout
compte fait, les témoignages et les documents dont on
dispose sur les chambres à gaz homicides ne suffisent
pas et il en conclut: "Si l'histoire scientifique ne peut,
faute de documents, établir la réalité d'un
fait, elle peut, avec des documents, établir que l'irréalité
de ce fait est elle-même irréelle" (sic!).
Dans une formule concise dont il a le secret, le professeur fait
remarquer au tribunal que ce qui le distingue de Baynac peut
se résumer ainsi: "Jacques Baynac: 'Il n'y a pas de preuves, mais je crois';
Robert Faurisson: 'Il n'y a pas de preuves, donc je refuse de
croire'".
Le professeur dresse ensuite une liste non exhaustive des concessions
que ses adversaires ont été obligés de faire
au cours des ans, sur les chiffres
des morts d'Auschwitz, sur la chambre
à gaz d'Auschwitz I, sur le protocole
de Wannsee et sur bien d'autres points
encore. Mais le président Monfort, manifestement préoccupé
par l'obligation que lui fait la loi d'entrer en voie de condamnation,
interroge à plusieurs reprises le professeur Faurisson
sur sa propre façon de voir comment il envisagerait d'appliquer
cette loi car, pour les juges, elle existe et ils ne peuvent
s'en exonérer. Il va jusqu'à admettre qu' "une
cour d'appel ne pourrait plus écrire aujourd'hui"
ce qu'avait prononcé, le 26 avril 1983, la cour d'appel
de Paris (qui, tout en condamnant Faurisson, avait été
obligée de reconnaître qu'il n'y avait chez lui
ni négligence, ni légèreté, ni ignorance
délibérée, ni mensonge et qu'en conséquence
la valeur des conclusions du professeur relevait "de la
seule appréciation des experts, des historiens et du public"),
et a eu ces mots étonnants: "Quelle solution voyez-vous
pour nous?", ajoutant: "C'est un sacré problème
que vous posez au tribunal!" Puis il se ressaisit et déclare:
"Le tribunal devra peut-être un jour prendre le maquis
mais, pour l'instant, il est en République et il applique
la loi". Un peu plus tard, R. Faurisson ayant fait remarquer
que le débat public entre historiens réclamé
par les révisionnistes n'a jamais pu avoir lieu autrement
que dans les prétoires, M. Monfort reconnaît: "C'est
vrai qu'on assigne à la justice un rôle de substitution".
Après une courte suspension d'audience, c'est Me Serge
Lorach qui a la parole. Me Lorach est chargé depuis plusieurs
années par les associations plaignantes de les représenter
dans les procès contre des révisionnistes. En début
de séance, on l'avait entendu, glorieux, confier à
l'un de ses confrères: "Faurisson, on l'aura à
l'usure". Il semble pourtant que, en dix-huit années
de procès lancés contre le professeur Faurisson,
c'est plutôt ce dernier qui a usé les avocats des
associations les uns après les autres, depuis les plus
brillants (Badinter, Jouanneau, Kiejman) jusqu'aux plus ternes (Quentin, Korman).
Tous, à mesure qu'ils pénétraient dans le
dossier sous son aspect technique et non pas seulement émotionnel,
mesuraient combien leur tâche devenait de plus en plus
difficile, pour, finalement, abandonner la partie. Aujourd'hui,
seul Me Lorach résiste, mais à quel prix! Il ne
recule devant aucun poncif: les trains, les chiens, les coups,
les tirs de mitraillette "en l'air, pour faire peur",
le petit enfant de six ans qu'il était au moment des faits,
l'euthanasie, etc. Et, selon une méthode maintenant bien
connue, au lieu de répondre à R. Faurisson sur
les faits, il se livre aux injures, le traitant tour à
tour de "faussaire désormais bien connu", de
"révisionniste cynique", de "collaborateur
des forces nazies et néo-nazies", affirmant que ses
propos ne sont que "niaiseries" ou "insanités".
Il va même jusqu'à prétendre que R. Faurisson
a un jour déclaré devant un tribunal que ses enfants
savaient qu'il racontait des mensonges mais qu'il escomptait
que ses petits-enfants, eux, le croiraient plus tard. Or, comble
d'ironie: la propre fille du professeur était présente
dans la salle, une superbe femme de quarante ans qui ne manque
jamais un procès de son père! En conclusion, Me
Lorach réclame pour chacune des associations 20,000 F
de dommages et intérêts au titre du préjudice
moral et 5,000 ou 6,000 F au titre de l'article 475-1, ainsi
que la publication du jugement dans "trois ou quatre"
journaux à raison de 20,000 F par publication.
Puis c'est le tour du procureur.
Pour ce dernier, il existe un paradoxe, un "paradoxe rare",
dans cette affaire: d'un côté la défense
dit que la loi Gayssot est une loi qu'il ne faut pas appliquer,
de l'autre le prévenu fait tout pour être poursuivi
(?). Puis il répond sur les points juridiques soulevés
par Me Delcroix dans ses
conclusions remises en début de séance et termine
par faire l'éloge de la loi Gayssot en citant les termes
d'un certain Jean-Marie Robert: cette loi "reste un sanctuaire
qui protège la mémoire des victimes du crime".
Le procureur requiert la publication de la décision de
condamnation, plus cinquante jours-amendes à 500 F, en
précisant que le non-paiement de ces amendes risque de
se traduire par de la prison.
Me Delcroix, étincelant comme à son habitude,
fait remarquer que le communiqué du professeur n'a pas
bénéficié de la publicité suffisante
pour justifier des poursuites. Il développe ensuite le
concept de l'exception de tyrannie en exposant sa théorie
de la "voie de fait": selon lui, la loi Fabius-Gayssot
est la seule loi tyrannique existante; elle interdit en effet
au juge la libre appréciation du fait, fait qui, en l'espèce,
lui est dicté par le législateur; de plus, elle
n'est pas anticonstitutionnelle mais extra-constitutionnelle
puisqu'elle est une violation grossière de la séparation
des pouvoirs, le pouvoir législatif dominant le pouvoir
judiciaire.
Me Delcroix oppose également l'exception de publicité:
à partir du moment où, comme c'est le cas dans
l'article 24 bis de la loi Fabius-Gayssot, un jugement (celui
de Nuremberg) sert de base à une loi, ce jugement doit
être publié au "Journal officiel", ce
qui n'est pas le cas. Interpellant les juges, il déclare:
"Vous avez parfaitement le droit, et ce sera historiquement
votre honneur, de ne pas appliquer cette loi", puis: "Qu'adviendra-t-il
de l'honneur de la justice française, et qu'adviendra-t-il
de vos consciences" quand on s'apercevra que le professeur
Faurisson avait raison?
Le prévenu ayant la parole en dernier, le professeur Faurisson réfute point par point et avec brio toutes les "inepties" de Me Lorach et, répondant au procureur, il prend solennellement l'engagement de ne pas payer les jours-amendes qui pourraient lui être infligés.
(Jugement le 23 octobre 1997.) | Conclusions de Me Delcroix |
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