AAARGH

 

Paris, 12 février 1998

 

Fugit irreparabile tempus

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La Chasse n'est pas ouverte

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Le succès de l'opération de terrorisation d'un personnage qui avait fait un bref passage dans les rangs du révisionnisme américain a fait des envieux. On sait en effet que le nommé David Cole a dû sa brève gloire médiatique au fait qu'il pouvait se dire, aux Etats-Unis en tout cas, à la fois juif et révisionniste. Vu d'Europe, cette gloire paraissait frelatée et incertaine. Mais le chantage et l'appel au meurtre lancé par la Jewish Defense league a abouti à faire signer à Cole le 2 janvier le texte dicté d'une abjuration dont la sainte Inquisition n'aurait pas été peu fière.

Quelques jours plus tard, un quotidien berlinois, Die Berliner Zeitung, lance une nouvelle opération dont le journal parisien Libération rend compte de la façon suivante:


Un historien négationniste embarrassant


Gabor Rittersporn, affecté dans un institut franco-allemand de Berlin, met en doute l'existence des chambres à gaz.


B o n n de notre correspondante

Pour un institut franco-allemand de recherches en sciences sociales qui se veut un modèle d'"ouverture européenne", l'affaire est désastreuse. Le centre Marc-Bloch, nommé en hommage à un résistant abattu en 1944 par la Gestapo, compte parmi se membres un historien français négationniste, révèle le quotidien Berliner Zeitung, dans son édition de ce mercredi.

Affecté depuis le 1er janvier dernier au centre Marc-Bloch de Berlin, Gabor Rittersporn a participé en 1980 au livre de Serge Thion, intitulé Vérité historique ou vérité politique, dans lequel il est prétendu que "les chambres à gaz d'Hitler n'ont jamais existé". Lors d'un entretien avec le Berliner Zeitung, Gabor Rittersporn a réitéré le mensonge négationniste: "L'existence des chambres à gaz n'est pas prouvée jusqu'à présent," a-t-il affirmé. Il y a deux mois encore, dans une revue autrichienne d'extrême droite, Robert Faurisson, le pape du révisionnisme, citait son "ami" Rittersporn comme preuve qu'il n'est pas antisémite. Gabor Rittersporn est lui-même d'origine juive. Une grande partie de sa famille a disparu dans les camps nazis.

Saisie de l'affaire, l'ambassade de France en Allemagne a réagi promptement: le centre Marc-Bloch relève en effet des ministères français des Affaires étrangères et de l'Education nationale. "S'il confirme ses propos, il n'est pas question que ce chercheur fasse partie du centre Marc Bloch" a fait savoir l'ambassade. Dans un communiqué qui doit être publié ce jeudi, le centre Marc-Bloch s'exécute, demandant qu'il soit "mis fin" à l'affectation de Gabor Rittersporn à Berlin"Rittersporn avait présenté un projet de recherche intéressant, muni de sérieuses cautions scientifiques", rappelle le directeur du centre Marc-Bloch, l'historien Etienne François, pour tenter d'expliquer comment il a pu accueillir une personnalité aussi douteuse au sein de son équipe. Rittersporn avait été nommé à Berlin pour étudier l'histoire de l'Union soviétique, ."pas pour travailler sur le négationnisme", précise le directeur du centre. "Nous savions qu'il avait eu des fréquentations peu recommandables, explique encore Etienne François. Mais il nous avait assuré que c'était du passé." Déclaré non grata à Berlin, Gabor Rittersporn ne se retrouve pas à la rue pour autant: il demeure chercheur titulaire du CNRS.

L. M. [Lorraine Millot] Libération, 12 février 1998, p. 11.


Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour mesurer la part de provocation et de mensonge que recèle un si court papier. Les déclarations attribuées à Rittersporn sont de pures et simples inventions de journalistes qui ont un "jugement" tout prêt: une "personnalité aussi douteuse"!! L'histoire de la revue autrichienne est également une totale invention. Le professeur Faurisson n'a rien écrit, récemment, dans une quelconque revue autrichienne. Il n'a jamais parlé de Rittersporn en le qualifiant d'"ami". Ce n'est qu'une "cheville" qui doit authentifier le reste de l'histoire. Rappelons, pour mémoire, que Rittersporn est un des meilleurs spécialistes mondiaux de l'histoire de la période stalinienne en URSS, partisan d'un certain "révisionnisme" de l'histoire soviétique, et internationalement apprécié en tant que tel. Le fait qu'il ait apporté son soutien à la publication d'un livre qui n'a jamais suscité la moindre poursuite en France, il y a presque vingt ans, ne l'a pas empêché d'effectuer des travaux et de poursuivre une carrière qui n'avaient aucun rapport avec le révisionnisme holocaustique tel qu'il s'est développé de son côté, par la suite.

Mais comme le rappelle avec une douteuse complaisance la presse, G. Rittersporn est juif. Après l'affaire Cole, on est en droit de se demander si la chasse aux juifs est ouverte. Quelques jours auparavant, un bonhomme se présentant comme étudiant à Dortmund appelait au téléphone de Berlin la Vieille Taupe sous un prétexte vaseux. Parmi les questions posées figurait celle-ci: "Est-ce que Rittersporn fait encore partie des réseaux de la Vielle Taupe?". On voit donc qu'il se préparait une "affaire" dont la presse des caniveaux aime se repaître. La chasse au juif est rarement autorisée, il faut donc en profiter.

L'après-midi suivant la publication de l'article de Libération, Le Monde faisait donner la grosse artillerie (13 février 1998, p. 4). En voici un extrait:

 

Les choses rapportées sont donc claires. Ritterpson pense que les thèses révisionnistes sont absurdes. C'est évidemment son droit le plus absolu, qui ne semble devoir lui être contesté que par des journaux du genre Le Monde ou Libération. Les révisionnistes, pour leur part, tiennent à saluer un geste vieux de vingt ans de quelqu'un qui a eu, à l'époque, la naiveté de croire que la liberté de la recherche et de la pensée était un droit. On voit bien aujourd'hui que c'était une fatale erreur.

L'artricle du Monde nous apprend aussi d'où vient la machination: "Selon le Cercle Marc-Bloch de Lyon, une association de lutte contre le négationnisme, le centre de Berlin avait été alerté dès le mois de novembre des amitiés de M. Rittersporn." Amitiés entièrement supposées. Ce centre bidon est une officine trotskyste où un certain Videlier, qui aime à se faire passer pour historien, a entrepris de faire une guerre grotesque à des chercheurs qui ont croisé un jour la route d'autres chercheurs qui ont pu donner dans la révisionnisme. Alimenté par les faux catholiques du groupe Golias et les mercenaires de la mouvance stalino-trotskyste animée par des individus du genre Daeninckxxx, ce centre bidon aspire à jouer un rôle de police épuratrice. L'affectation de Ritterpsorn au centre CNRS de Berlin était parfaitement connue, publique et même discutée dans les cénacles responsables. ainsi qu'il appert de l'article du Monde: "Dans un communiqué, le directeur de l'institution berlinoise, l'historien Etienne François, indique, jeudi, que le passé du chercheur, spécialiste de l'ex-URSS, avait été discuté avec les responsables du CNRS avant sa nomination." L'intéressé avait déclaré "avoir pris ses distances". Si la presse allemande, à laquelle la presse française emboîte si allègrement le pas, dit le contraire, c'est qu'elle ment, qu'il s'agit d'une minable opération de provocation menée par les faux chercheurs lyonnais qui se sont trouvé des complices dans une presse berlinoise qui ne doit pas être trop regardante.

Devant cette petite opération, les institutions se couchent aussitôt. Le centre Marc-Bloch, qui avait donc discuté de la venue de Rittersporn et en avait pesé les conséquences, se dépêche de faire savoir "qu"il va de soi que nous ne pouvons en aucun cas accepter de travailler avec un chercheur qui défendrait ouvertement ou subrepticement des thèses négationnistes". (Rappelons pour mémoire encore que le "négationnisme" n'a aucune autre existence réelle que les phantasmes de ceux qui en parlent). L'ambassade de France parle de rapatrier le checheur manu militari comme s'il s'agissait d'une urgence touchant à la sécurité nationale. Bref, c'est l'affolement général.

Tout ce processus, on le comprend bien, n'a qu'un seul but: faire craquer un homme, obtenir de lui des abjurations que l'on pourra répercuter à l'infini dans les media. Ceux qui cèdent à la pression -- et les révisionnistes en connaissent plusieurs exemples -- se voient demander toujours davantage d'abjection, d'auto-flagellation; ils n'ont jamais fini de payer cette dette imaginaire. Rittersporn, qui n'a pour arme que le mépris qu'il réserve sans doute à des inquisiteurs (qui ne sont que de pâles imitations de ceux qu'il a pu connaître quand il était dans les geôles de l'Europe de l'Est brejnévienne), pourra-t-il résister à tous les chantages et à toutes les pressions qui vont se déchaîner contre lui?

Les victoires ainsi remportées par les petits flics de la pensée se révèlent désastreuses. Elles indignent quantité de gens, qui sortent de leur réserve et fournissent aux révisionnistes les invisibles bataillons qui remplacent désormais les personnalités visibles qui ont ouvert des sillons dans les années 80 et dont la relève assurée par ceux-là mêmes qui voudraient s'y opposer.

Les révisionnistes saisissent cette occasion de remercier tous ceux, du centre Marc-Bloch de Lyon aux rédactions de nos grands journaux, qui ont pris la succession de Vidal-Naquet pour assurer, grâce au spectacle de leur effarante suffisance et de leur abysmale ignorance, le développement régulier du révisionnisme holocaustique.


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