AAARGH
Paris, le 16 juillet 1998
Fugit irreparabile tempus
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Le monde comme magique chambre
à gaz.
par Serge Thion
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Ce
qui relie le gaz moderne aux armes magiques des contes et légendes,
c'est son invisibilité et son omnipotence. On lui prête
des pouvoirs effrayants et la terreur que suggère son usage
vient de l'impossibilité de prédire son emploi.
D'autres substances aussi magiques et mystérieuses sont
sorties tout armées des cerveaux enfiévrés
qui inventent la guerre moderne, et surtout son arme suprême,
le palladium de nos empires: la propagande. Nous aurons vu ainsi
surgir, pour un bref petit tour sur la scène médiatique,
les mycotoxines (la pluie jaune), les chambres à gaz iraniennes,
le sarin du métro de Tokyo, les fusées à
gaz saddamites, les supposés trafiquants de germes, etc.
Récemment un magazine télévisé,
produit par CNN et Time magazine, a affirmé
que l'armée américaine avait utilisé du gaz
sarin en septembre 1970 pour "nettoyer" un village laotien
où s'étaient réfugiés des déserteurs
de l'armée américaine. Un amiral en retraite a confirmé
puis démenti. Ce qui frappe dans cette histoire, c'est
encore une fois la crédulité de la presse. Certes,
l'armée américaine a pratiqué l'atrocité
à grande échelle comme moyen d'obliger des populations
entières à se ranger sous son aile, ou plutôt
sous celles de ses avions. Mais une histoire comme celle-ci a
toutes les allures d'un bobard grotesque. Si quelques déserteurs
ont jamais séjourné dans un "village laotien",
ils ne devaient pas être nombreux. Pour confirmer cette
ânerie, on a trouvé le général Singlaub
qui a expliqué que la doctrine non écrite du gouvernement
américain était que les déserteurs américains
étaient plus dangereux que les Vietcong (Le Monde,
16 juin 1998). La presse semble ne pas se souvenir que Singlaub,
un forcené de l'anticommunisme, était étroitement
mêlé à l'Irangate et à la formation
de corps de mercenaires chargés de combattre les sandinistes
au Nicaragua. Pour le reste, son affirmation est imbécile:
de nombreux déserteurs américains se cachaient dans
les faubourgs de Saigon et l'armée américaine s'en
souciait comme d'une guigne.
Le fantasme des gaz ne date pas d'hier.
L'historien vendéen Jacques Crétineau-Joly est l'auteur
d'une justement célèbre Histoire de la Vendée
militaire. dont la première édition remonte
à 1840. Dans son tome I, il rappelle une correspondance
du chef républicain de Saumur, nommé Santerre, écrivant
au ministre de la Guerre le 22 août 1793: "Je n'approuve
pas la levée en masse. Cela serait bien dangereux à
cause des subsistances et des manoeuvres. Il vaudrait mieux distribuer
cette levée dans les places et les postes... Des mines!
des mines à force! des fumées soporifiques, et puis
tomber dessus."
"Des fumées soporifiques
-- commente Crétineau-Joly qui ne connaît pas encore
le XXe siècle -- invoquées par un soldat pour vaincre
ses ennemis, cela ne s'était encore jamais vu, même
dans l'histoire des peuples les plus cruels; et le Comité
de sûreté générale et la Convention
accueillaient cette horrible idée comme un moyen tout naturel
d'en finir avec la Vendée! Et le 11 septembre 1793, Rossignol,
renchérissant sur ces fumées soporifiques dont parle
Santerre, ne craint pas d'avouer que, pour terminer la guerre,
il faut avoir recours aux ressources de la chimie.
- "Il serait à
désirer en mesure générale, écrit-il
au Comité de Salut public, que l'on envoyât près
de cette armée le citoyen Fourcroy, membre de la Montagne,
pour nous aider de ses lumières et enfin parvenir à
la destruction des Brigands. C'est le sentiment d'un de vos frères
et amis qui connaît son talent en chimie". [...]
Pendant ce temps, les esprits travaillaient
dans les états-majors révolutionnaires pour découvrir
le secret chimique qu'on implorait de Fourcroy. Les généraux
de la République et les Conventionnels appelaient autour
d'eux les charlatans qui leur donnaient l'espérance d'un
poison sûr et actif; et l'adjudant général
Savary nous révèle dans ses Mémoires
une des nombreuses tentatives qui furent faites à cette
époque.
- "Je me rappelle,
dit-il, qu'un adepte, se prétendant physicien-chimiste,
présenta, aux députés qui étaient
à Angers, un bout de cuir rempli d'une composition dont
la vapeur dégagée par le feu devait asphyxier tout
être vivant fort loin à la ronde. On en fit l'essai
sur des moutons, dans une prairie où se trouvaient quelques
personnes que la curiosité attira vers le lieu de l'expérience,
et personne n'en fut incommodé."
Cette idée d'empoisonner en masse
les Vendéens avait si bien germé dans toutes les
têtes, qu'un pharmacien d'Angers, nommé Proust, inventa
dans le même temps une boule qui, à l'en croire,
contenait une préparation chimique si subtile et dont l'effet
serait si prompt, qu'elle infecterait toute la contrée.
L'essai en fut fait sur le pré de la Baumette. Il ne répondit
pas à l'attente révolutionnaire" (Histoire
de la Vendée militaire, I, p. 248-9). Les moutons durent
attendre jusqu'en 1968 un essai de l'armée américaine:
un changement de vent imprévu en tua 6400 d'un coup, en
Utah.
La science de l'époque ne répondait
pas à l'attente des chefs politiques. Il faudra attendre
1915. Mais les quelques mois que dura la guerre des gaz qui sévit
alors allaient montrer aux chefs militaires qu'elle était
d'un emploi très délicat. En fait, pour l'utiliser
sur un champ de bataille, il faut que le commandement soit prêt
à sacrifier une partie de ses propres troupes, au cas où
les vents changent de direction. A part quelques cas connus et
répertoriés, comme les Egyptiens au Yémen
et les Irakiens face aux Iraniens, l'efficacité des gaz
a surtout été dans l'ordre psychologique. Toutes
les grandes armées du monde ont des départements
"Guerre chimique et bactériologique"; ils dépensent
des sommes considérables pour des recherches, imités
de celles de la Convention, et pour des stocks de produits dangereux,
mais ils ne s'en servent jamais. Le sarin et quelques autres gaz
aux effets foudroyants sur le système nerveux avaient été
découverts par la chimie allemande et se trouvaient dans
les stocks de l'armée allemande. Hitler, ancien gazé,
n'a pas ordonné, même en pleine déroute, de
les utiliser. Churchill avait fait élaborer par son cabinet
un projet consistant à noyer les villes allemandes sous
un déluge de gaz mortels, mais il n'a pas donné
suite à cette brillante idée. Les techniques de
fabrication de ces gaz innervants étaient en possession
de maîtres de l'apartheid, en Afrique du Sud. Ils n'en ont
jamais fait usage et lorsqu'ils ont vu leur régime sombrer,
ils ont fait détruire les armes atomiques clandestines
qu'ils avaient construites avec les Français et les Israéliens.
Je ne sais ce qu'il est advenu des armes chimiques.
Au début de l'année 1998,
nous sommes passés à deux doigts d'une nouvelle
attaque de l'aviation américaine sur l'Irak. Une réprobation
générale et l'astuce diplomatique du secrétaire
général des Nations Unies, Koffi Anan (marié
à une Wallenberg, cette famille d'industriels suédois
qui a fait fortune dans les fournitures militaires) a permis de
frustrer les guerriers séniles qui s'agitent sur la Colline
-- à Washington. Mais on a assisté encore une fois
à la préparation des opinions publiques par l'emploi
du fantasme des gaz. On se souvient du spectacle grotesque qu'offraient
les Israéliens en 1991 aux caméras de toutes les
télévisions. Une nouvelle panique a été
instaurée par les autorités israéliennes
grâce à de judicieuses distributions de masques à
gaz. On a peut-être un peu oublié, sous nos climats,
que des masques à gaz avaient aussi été distribués
aux populations civiles françaises vers 1940-43, en nombre
également insuffisant. Quel enfant aurait négligé,
à cette époque, de s'affubler de ces monstrueux
groins de caoutchouc pour faire peur à tel petit frère
ou cousin en visite?
C'est ainsi que la presse mondiale fut
saisie d'une affaire d'arme biologiques:
- "On les attendait
en Irak, voilà qu'elles apparaissent à Las Vegas"
(Le Monde, 21.02.98) Le FBI venait d'arrêter deux
hommes qui avaient "de dangereux agents biologiques et chimiques"
dans leur voiture. "L'information a été aussitôt
répercutée sur toutes les télévisions
du pays, au moment où les dirigeants américains
sont lancés dans une grande campagne d'explication de
leur politique irakienne. L'affaire encore très floue
jeudi soir, a fourni l'occasion de mettre l'accent sur les dangers
des armes biologiques et chimiques, que Saddam Hussein est accusé
de faire proliférer sur son territoire." (Idem)
Une "information d'origine indéterminée"
mentionnait un projet d'attentat à l'arme biologique dans
le métro de New York. La journaliste, Sylvie Kauffmann,
malgré le baratin habituel de la "déontologie"
des plumitifs, répercutait cette information qui était
fausse à l'évidence même. C'est ainsi qu'on
construit une représentation fantasmatique d'une sorte
de super-chambre à gaz: le métro tout entier noyé
de gaz mortel... Un lieu ou tout un chacun passe un jour ou l'autre...
La mort irrémédiable, silencieuse et invisible...
Il semble d'après un bref écho dans la presse, que
"le" responsable japonais, membre de la secte Aum, auteur
de ce qui est présenté, non sans quelques hésitations,
comme un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo,
a été condamné. Pour des raisons que j'ignore,
ce procès n'a fait l'objet d'aucun compte rendu dans la
grande presse. Quelles que soient les raisons de cet étrange
mutisme, il est certain que ce procès n'a pas apporté
à la propagande des Etats ce qu'ils semblaient en attendre
au moment des "faits" et des arrestations opérées
dans cette "secte".
Quelques jours après cette énorme
"annonce" dans la presse américaine, il fallut
déchanter, plus discrètement. "Le ''dangereux''
agent bactérien en possession duquel deux hommes ont été
interpellés la semaine dernière à Las Vegas
s'est révélé être un inoffensif vaccin
vétérinaire contre le bacille du charbon. [...]
Le FBI n'a exprimé aucun regret sur la manière alarmiste
dont l'affaire a été présentée jeudi.
''Nous avons réellement pensé et nous pensons encore
aujourd'hui que nous étions fondés à percevoir
un danger pour la communauté'', a déclaré
Bobby Siller, l'un des responsables de l'enquête. Les motivations
des médias américains, qui ont poussé bien
plus loin la dramatisation de l'affaire, ont sans doute été
moins nobles. [La noblesse du FBI??? Cela interpelle quelque part,
comme ils disent.] Ayant engagé de très gros moyens
en vue de la couverture d'une éventuelle intervention américaine
en Irak, les télévisions ont fait feu de tout bois
en attendant que l'action commence. L'occasion de lier ces deux
arrestations à la menace que constitue la prolifération
des armes biologiques et chimiques -- l'un des principaux griefs
de l'administration américaine contre Saddam Hussein --
a donc été saisie au vol" (Le Monde, 24.02.98).
Ce qui n'a pas été saisi au vol, c'est l'occasion
qu'avait la journaliste du Monde de nous expliquer comment
et pourquoi elle diffusait des fausses nouvelles manifestes, sans
le moindre souci de "vérification", "recoupement"
et autres simagrées derrière lesquels les journalistes
se cachent quand on les prend, jour après jour, à
se faire les porte-coton serviles des puissants de ce monde.
Quant aux armes chimiques et bactériologiques
prêtées aux Irakiens, il convient de revenir aux
origines. J'ai eu l'occasion d'en traiter dans un article qui
est paru, à l'enseigne des Balayeurs du Golfe, dans le
numéro 1 de la Gazette du Golfe et des banlieues,
dans les tout premiers jours de la guerre du Golfe en février
1991. Je n'y change pas un mot.
- Plus toxique
que les gaz, le cynisme!
- Des millions de gens
vivent actuellement, au Moyen-Orient, dans l'attente des sirènes
hurlantes qui les précipiteront sur leur masque à
gaz. Ils s'enfermeront, s'ils le peuvent, dans une pièce
calfeutrée, en attendant que l'alerte soit terminée.
Même à New York, les masques à gaz se vendent
à la pelle. Ces craintes se sont, à ce jour, révélées
fausses. En réalité, les responsables savent très
bien qu'il n'y a rien à craindre. Au cours des mois précédents,
tous les services de renseignements, y compris le Mossad et la
CIA, ont fait savoir qu'ils ne croyaient pas les Irakiens capables
de fabriquer des têtes chimiques pour leurs missiles Al
Hussein (Scud modifiés). Ces jours derniers, le général
Schwarzkopf, commandant en chef américain sur le théâtre
des opérations, et le général Schmitt, chef
d'état-major français, ont également affirmé
qu'ils ne croyaient pas à cette possibilité. D'un
côté donc, les techniciens du renseignement militaire
tiennent cette menace pour inexistante, de l'autre les politiques
en font un usage quotidien et massif en renforçant, par
leurs consignes de sécurité, la terreur d'une population
à qui le savoir des techniciens n'est pas retransmis.
Dans tous les dictionnaires cela s'appelle un mensonge. Il se
trouve que la question des gaz a presque toujours été
immergée dans un océan de mensonges. On comprendra
pourquoi avec ces quelques rappels. Les gaz sont une arme terrifiante
parce qu'ils sont invisibles. On les a utilisés massivement
au combat pour la première fois lors de la première
guerre mondiale, le 22 avril 1915. Plusieurs dizaines de milliers
de soldats périrent ainsi, et beaucoup d'autres en subirent
les effets plus ou moins prolongés. Il existe plusieurs
familles de gaz de combat: les unes agissant en bloquant la respiration,
d'autres par contact cutané. Selon les concentrations,
ils tuent en quelques secondes ou en quelques jours. Il existe
des moyens de protection, et s'ils sont apportés rapidement,
des soins qui permettent de sauver les personnes atteintes. Il
faut noter que, depuis 1918, ces armes ont été
très rarement utilisées par peur, sans doute, de
la réciprocité, et aussi parce qu'elles sont d'un
emploi très délicat. A côté de cela,
les Américains ne se sont pas privés d'employer
massivement des gaz défoliants, sans souci des effets
secondaires sur les êtres humains. A plusieurs reprises,
depuis 1922, des conférences internationales ont tenté
de prohiber ou au moins de réglementer la fabrication
et la détention des armes chimiques, sans grand succès.
La plupart des pays sont signataires de la Convention de Genève
de 1925, toujours en vigueur.
- On nous parle aussi de
guerre bactériologique. Ce serait la possibilité
de répandre, chez l'adversaire, des germes pouvant provoquer
des épidémies. Il y a certes des recherches intensives
sur ce sujet, mais une telle guerre n'a jamais eu lieu. Pendant
la guerre de Corée, les nordistes ont accusé les
Etats-Unis, mais les preuves n'étaient pas solides et
n'ont pas emporté l'adhésion des scientifiques
indépendants. Le concept même de guerre bactériologique
est un mythe de science-fiction, impraticable sur le plan strictement
militaire, mais soigneusement entretenu par les états-majors.
On manque rarement d'attribuer à l'ennemi du moment les
plus noirs desseins, et c'est pourquoi l'on voit ressurgir aujourd'hui
le spectre de la guerre bactériologique. C'est de la pure
propagande de guerre, disponible d'ailleurs pour chaque côté.
- La guerre chimique, en
revanche, existe. Elle est prévue. Toutes les grandes
armées ont des stocks, et même les moins grandes:
les armées d'Afrique du Sud et d'Israel, par exemple,
ont aussi les leurs. Son importance est surtout politique.
- Comme ces armes sont
particulièrement terrifiantes, sournoises, invisibles,
parfois indétectables par les sens, il pèse sur
elles une forte condamnation morale. Comme si, étrangement,
la haute technologie de cette nouvelle forme de guerre avec la
programmation, seconde après seconde, de ces tonnes de
missiles lancés à vingt kilomètres de distance
des cibles civiles autant que militaires était plus noble,
moins sale, que l'emploi des armes chimiques. Dans les deux cas,
ce sont des armes devant lesquelles les civils et les combattants
ne peuvent réagir: ils sont condamnés à
mourir ou à s'en sauver par miracle, mais dans les deux
cas passivement.
- L'enjeu politique vise
donc à accuser l'ennemi de produire ces armes, preuve
de sa profonde inhumanité et du danger qu'il représente.
Autant on peut justifier devant l'opinion publique la construction
d'un porte-avions, ou la fabrication des canons qui devront assurer
la défense nationale, autant il est délicat de
faire prendre la décision de produire des armes chimiques.
On les présente toujours comme "défensives",
en affirmant qu'on ne les utilisera pas en premier. Il faut donc
recourir à des ruses compliquées, dont voici le
plus bel exemple récent.
- Vers 1979, les Américains
qui avaient cessé, depuis dix ans, de fabriquer des armes
chimiques, dont ils possédaient alors des stocks considérables,
voient le Viêt-Nam envahir le Cambodge, et l'URSS, l'Afghanistan.
Ils réagirent en accusant les Soviétiques et leurs
alliés d'utiliser subrepticement des gaz toxiques d'un
genre nouveau, porteurs de neurotoxiques foudroyants, les mycotoxines.
C'est ce qu'un livre, commandité par la CIA et signé
d'un journaliste, Sterling Seagrave, nomma la "pluie jaune".
La presse américaine, puis mondiale, fut bientôt
arrosée de cette pluie-là. Les Nations unies s'émurent,
demandèrent un rapport scientifique qui, en 1981, en déduisait
qu'il était impossible de conclure quoi que ce soit. En
mars 1982, le général Haig, secrétaire d'Etat,
présenta un rapport au Congrès qui donnait les
"preuves" en sa possession, la principale pièce
à conviction consistant en feuillages ramenés d'un
village du Cambodge. Les Balayeurs du Golfe, qui balayaient
le Golfe du Siam à cette époque-là, savaient
très bien comment le Dr Amos Townsend, médecin
lié à l'ambassade américaine de Bangkok,
avait soudoyé deux membres américains de l'aide
humanitaire pour qu'ils pénètrent au Cambodge et
aillent se procurer à dos d'éléphant les
éléments que devaient leur remettre le "service
de santé" des bouchers khmers rouges lancés
dans une violente guerre de propagande avec Hanoi. Les conditions
de transport et de conservation rendaient ces échantillons
sans valeur aux dires mêmes de ceux qui les transportèrent.
Mais Haig multipliant partout les interventions, en fit une affaire
mondiale. Les conclusions des laboratoires de l'armée
américaine furent vivement contestées et des scientifiques
indépendants se penchèrent alors sur la question
des mycotoxines.
- La presse occidentale
redoublait d'accusation contre les Soviétiques. La "pluie
jaune" s'infiltrait partout, jusque dans les pages des Temps
Modernes. Au moment où cette controverse faisait rage
(du fait que les Américains étaient dans l'incapacité
de fournir une preuve décisive que les mycotoxines auraient
une origine non naturelle), le président Reagan demanda
le 8 février 1982 au Congrès l'autorisation de
reprendre la production d'armes chimiques, face à la "menace
soviétique", autorisation qui lui fut d'autant plus
facilement accordée (avec 130 millions de dollars) qu'il
s'agissait de fabriquer des armes de conception nouvelle, des
gaz innervants très puissants, sous forme "binaire":
deux récipients, contenant chacun un gaz théoriquement
inoffensif, qui se mélangent au moment de l'emploi pour
former ensemble le principe mortel. Une fois la décision
prise, non sans de fortes réticences au Congrès,
la controverse s'éteignit doucement et la communauté
scientifique s'est depuis tranquillement convaincue que la "pluie
jaune" consistait en excréments d'abeilles sur lesquels
s'était développé un micro-champignon toxique,
fusarium nivale, et que tout cela était parfaitement
naturel. La preuve définitive que la "pluie jaune"
était un mythe répondant à un besoin passager,
qu'il était entièrement fabriqué et manipulé
par la CIA, se trouve dans le fait qu'il n'a pas ressurgi depuis
et que personne n'a songé à le coller aux chausses
du nouveau Satan, Saddam Hussein.
- Pendant la deuxième
guerre mondiale, les gaz ont été assez rarement
utilisés: les Italiens en Ethiopie, les Japonais en Mandchourie,
mais dans l'ensemble la peur des représailles a joué.
Les Alliés trouvèrent en Allemagne 30.000 tonnes
de tabun, un neurotoxique nouveau, que Hitler a renoncé
à utiliser. On a retrouvé dans les papiers de Winston
Churchill une instruction secrète du 6 juillet 1944 adressée
à l'état-major: "C'est peut-être dans
quelques semaines ou même quelques mois que je vous demanderai
d'inonder l'Allemagne de gaz toxiques, et si nous le faisons,
faisons-le à cent pour cent. En attendant, je veux que
cette affaire soit étudiée de sang froid par des
gens raisonnables et non par cette sorte de défaitistes
en uniforme qui passent leur temps à chanter des psaumes..."(annexe:
document provenant
des papiers officiels de Winston Churchill). Voilà pour la guerre du Droit contre la
Barbarie.
- Depuis la deuxième
guerre mondiale, en dépit des préparatifs intenses
et des stocks énormes accumulés par les Soviétiques,
les Américains, les Français et d'autres, on n'a
pratiquement pas utilisé les gaz toxiques, mais seulement
des gaz qui ne deviennent toxiques qu'à haute concentration
dans des endroits clos, comme les gaz CS, lacrymogènes,
en Algérie et au Viêt-Nam. Des milliers d'hommes
en sont morts.
- Mais le seul Etat qui
ait fait un usage ponctuel mais récurrent des gaz de combat,
essentiellement l'ypérite, ou gaz moutarde, a été
l'Irak. D'abord, au cours de la guerre contre l'Iran. Dès
1984-85, les Irakiens, dont les forces mécanisées
reculent sous la pression de l'infanterie iranienne, recourent
au gaz pour stopper les offensives adverses qui commencent à
déferler en territoire irakien, dans les marais du Chott
el Arab. La presse traite ces informations avec des pincettes,
comme s'il s'agissait d'un nouveau truc de la propagande khomeyniste.
Le 23 mai 1985, l'ambassade d'Iran paie dans Le Monde
un pathétique placard publicitaire: "Toute personne
qui pour des raisons strictement humanitaires serait en mesure
de communiquer des informations pouvant contribuer à lutter
contre les effets des gaz toxiques et des armes chimiques est
priée de prendre contact avec l'ambassade... Toute idée,
toute mesure, toute contribution d'ordre scientifique ou d'ordre
moral et humanitaire susceptible d'améliorer le sort des
personnes atteintes... seront bienvenues." Certains gestes
suivront, et quelques victimes des gaz seront même traitées
en France. Mais la communauté internationale se tait.
Personne ne songe à envoyer des masques à gaz.
- Forts de cette impunité,
les Irakiens ont continué. Le 22 mars 1988, l'aviation
irakienne gaze six villages kurdes en Iran. C'est ce que Le
Monde évoque diplomatiquement en disant que "le
risque de l'emploi anarchique des armes chimiques est de plus
en plus répandu"; mais il ne parle pas de "l'emploi
anarchique" des Mirage F1. On note seulement que les Irakiens
ont complété leur technique de production "en
acquérant certaines technologies de complément
auprès de sociétés privées en Allemagne
Fédérale, aux Etats-Unis, en Italie et en Grande-Bretagne".
Les Nations unies s'émeuvent et l'opinion internationale
se gratte la tête. Au cours de l'année 1988, les
rapports de l'ONU, d'Amnesty International et d'autres se multiplient.
Halabja est rayé de la carte en mars. Néanmoins,
les Nations unies ne condamnent pas Baghdad. Au Conseil de Sécurité,
on est attentif au fait que les Iraniens et les Irakiens vont
entamer des pourparlers et que l'on ne peut pas pratiquer une
"asymétrie défavorable à l'Irak".
Si l'Irak a ainsi pu continuer à utiliser cette arme interdite
(Bagdad a signé la convention de Genève en 1925)
sans jamais avoir été condamné dans aucune
instance internationale, c'est que l'Occident, toujours soucieux
de le soutenir dans sa guerre contre l'Iran, s'y est fermement
refusé. Les Israéliens n'ont rien dit non plus
à ce moment-là. Il y a donc eu complicité.
- L'horreur devient encore
plus visible en septembre 1988 quand des milliers de Kurdes se
réfugient en Turquie. Des journalistes parviennent à
la frontière: "Des centaines de villages ont été
détruits au napalm, des familles entières massacrées
et la zone littéralement aspergée de gaz chimiques",
écrit Renaud Fessaguet (Le Monde, 13 septembre
1988). Le Sénat américain condamne cette "grave
violation des lois internationales". M. Shultz annonce qu'en
"cas de récidive", les relations entre Washington
et Bagdad en seraient "affectées". Et puis tout
retombe. La Turquie refuse l'envoi d'une mission d'enquête
internationale. Cinq des six pays membres du Conseil de coopération
du Golfe apportent leur soutien à Bagdad, où l'on
s'interroge sur les raisons de la colère verbale américaine
alors que les gazages précédents n'avaient provoqué
que le silence des Etats-Unis.
- Il y a effectivement
quelque chose que les Irakiens ne comprennent pas. C'est qu'à
l'instant où se termine la guerre entre les Iraniens et
eux, ils ne valent plus un clou et on peut les jeter à
la poubelle. Leur rôle historique de mercenaires de l'Occident
est terminé. Les Irakiens ont eu trois cent mille morts
qui ne comptent plus puisqu'ils ne semblent plus décidés
à continuer à alimenter les charniers. Du coup,
la force militaire qu'ils ont accumulé pour saigner l'Iran
doit être démantelée car Israel, qui l'a
acceptée dans l'espoir que l'Iran et l'Irak étaient
partis pour une guerre de cent ans qui les épuiseraient
l'un et l'autre totalement, ne veut pas que subsiste, au terme
de ces affrontements, une véritable force militaire arabe.
L'Etat d'Israel a eu pour doctrine constante l'affaiblissement
et la division des pays arabes. En cela, les Etats-Unis reprennent
la politique d'Israel.
- Dès lors, et après
que les Irakiens ont cessé d'employer les gaz, la campagne
contre l'Irak va commencer à se développer. Les
Israéliens poussent à la roue. On va parler de
plus en plus de l'arme chimique comme du "nucléaire
du pauvre", bien que ces deux armes n'aient évidemment
rien à voir, les gaz étant toujours d'un emploi
difficile, très limité dans le temps et l'espace.
Dans plusieurs cas, les attaques chimiques n'ont pas très
bien réussi et les Iraniens ont réussi à
sauver presque toutes les victimes civiles. Les Irakiens, chacun
le sait, doivent "délivrer" leurs munitions
chimiques par avion ou par hélicoptère. Ils ont
aussi des obus de canon. Néanmoins, cette idée
de "nucléaire du pauvre" va faire son chemin:
en dehors de toute réalité pratique, elle introduisait
la notion d'un équilibre de la terreur entre Israel, doté,
lui, du "nucléaire du riche", de belles et bonnes
bombes H, et les pouilleux des bords du Tigre, avec leurs bonbonnes
de gaz moutarde, une invention remontant à 1917. Aussi
idéologique soit-elle, cette idée de "nucléaire
du pauvre" a manifestement joué un rôle important
dans la décision de détruire l'Irak. Dès
les premiers jours, les Américains se sont d'ailleurs
vantés d'avoir détruit toutes les installations
"chimiques" du pays, y compris une usine de lait en
poudre, qualifiée par le Pentagone de particulièrement
dangereuse.
- Pendant ce temps-là,
les Américains s'étaient lancés dans la
fabrication à grande échelle des armes binaires.
Le Congrès avait voté des sommes très importantes
mais à la condition que les alliés de l'OTAN ne
fassent pas d'objection. Il a donc fallu leur forcer la main
(Le Monde du 24 mai 1986: "Les alliés de l'OTAN
ont approuvé du bout des lèvres la modernisation
des armes chimiques"). Pendant que, de son côté,
le gouvernement Chirac prenait le plus discrètement possible
l'initiative de lancer la France à son tour dans la production
des armes binaires, les Soviétiques prenaient tout le
monde de court en déclarant qu'ils décidaient unilatéralement
de mettre fin à la production d'armes chimiques et d'entamer
la destruction de leurs stocks.
- Depuis des années,
les négociations piétinaient entre Américains
et Soviétiques, principalement parce que le Pentagone
n'était pas du tout disposé à se dessaisir
de cet armement. Le geste des Soviétiques allait le prouver.
Il allait aussi permettre à Mitterrand de se livrer à
l'un de ses habituels tours d'illusionniste. En janvier 1989,
il convoquait une vaste conférence internationale sur
l'interdiction des armes chimiques. Cent vingt-quatre pays ont
signé une déclaration, qui n'est pas un traité
et qui ne les engage donc pas réellement. Cette déclaration,
purement morale et politique, ne remplace pas le traité
de Genève de 1925, dont beaucoup de puissances, comme
les USA, la France et d'autres, se sont affranchies en se réservant
le droit d'user des armes chimiques en guise de représailles.
Mais ce qu'il importe de souligner, c'est que les Irakiens étaient
là, goguenards, affirmant même qu'ils "n'exporteraient
pas leur savoir-faire" dans ce domaine. Pas un mot désobligeant
n'a été prononcé à leur encontre.
Pas une allusion dans les propos d'autosatisfaction de Mitterrand.
Seuls, les Iraniens ont vainement protesté contre cette
hypocrisie et les Kurdes ont été proprement fichus
à la porte.
- C'est ainsi que les attaques
massives par les gaz, menées par les Irakiens, ont été
tranquillement entérinées par une communauté
internationale qui a trouvé ça très bien
tant que les victimes étaient iraniennes ou kurdes.
- La guerre chimique ne
marche bien que sur des populations civiles impréparées.
Dans le cas présent, et sur le front militaire, les Irakiens,
qui s'en serviront peut-être, n'en retireraient certainement
aucun avantage décisif et rien ne permet de dire que les
Occidentaux n'en useraient pas à leur tour. A la télévision,
le général Saulnier, ancien chef d'état-major,
l'a préconisé et les journalistes américains
ne semblent pas avoir pensé à poser la question
aux chefs militaires qui les cornaquent.
- On aura compris que l'arme
chimique est surtout utile comme menace et comme pression psychologique.
En l'occurrence, ce sont surtout les dirigeants israéliens
qui ont su en faire bon usage. La terreur dans laquelle ils ont
obligé leur propre population à vivre est une affaire
qu'ils ont jugée comme rentable politiquement et financièrement
(les Allemands en savent quelque chose qui ont dû payer
en Patriots et en dollars). Comme la crédibilité
d'une attaque par des Scud à tête chimique diminue
d'elle-même chaque jour, le chef de l'aviation israélienne
évoque ce matin l'éventualité encore beaucoup
plus improbable pourtant, d'un avion irakien qui parviendrait
à franchir la défense aérienne pour jeter
ses containers sur Israel. La manoeuvre s'effiloche et sombre
dans le grotesque.
- Enfin, on ne peut pas
exclure du champ de la réflexion le fait que cette "menace"
chimique, pour ne pas dire chimérique, pourrait servir
à justifier le recours à l'arme nucléaire
contre l'Irak. Il faut savoir -- c'est un fait -- qu'on en parle
dans les états-majors et que cette option fait dorénavant
partie des possibilités envisagées par des gens
"raisonnables et de sang froid". Une guerre, personne
ne sait d'avance comment elle va tourner. On sait comment elle
commence, personne ne sait comment elle se termine.
- Les Balayeurs du Golfe,
le 10 février 1991
Annexe
- Lettre de Ronald Reagan, Président
des Etats-Unis à George Bush, Président du Sénat,
le 8 février 1982:
-
- Dear Mr. President,
- As you know, the avoidance
of chemical warfare has been a stated goal of the civilized world
thoughout the century. The United States, in support of this
goal, is committed to the policy of "no first use"
of lethal or incapacitating chemical weapons and to the objective
of banning such weapons.
- Considering the current
world situation, particularly the absence of a verifiable ban
on producing and stockpiling chemical weapons, the United States
must also deter chemical warfare by denying a significant military
advantage to any possible initiator. Such a deterrence requires
modernization of our retaliatory capability, as well as improvement
of our chemical warfare protective measures. We also believe
this step will provide strong leverage towards negotiating a
verifiable agreement banning chemical weapons. I therefore certify,
in accordance with section 818 of the Department of Defense Appropriation
Authorization Act, 1976 (50 U.S.C. 1519), that the production
of lethal binary chemical munitions is essential to the national
interest.
- A full report supporting
this certification is being provided by the Secretary of Defense.
- Sincerely,
Ronald
Reagan
***
2 - Guerre
chimique ou guerre chimérique ?
Les Français ont toujours été
discrets sur la question des armements chimiques. Au point qu'il
a fallu attendre le 23 octobre 1997 pour avoir des nouvelles dans
la presse (d'abord dans Le Nouvel Observateur, puis dans
Le Monde, à cette date) sur une "base chimique
secrète" que la France aurait conservée en
Algérie jusqu'en 1978, soit seize ans après l'indépendance.
Cette base dénommée, dit-on, "B2-Namous"
existerait depuis 1935. Il y aurait eu des accords secrets signés
en 1962, 1967 et 1972 par un gouvernement algérien "indépendant"
(les guillemets semblent de rigueur ici) et le gouvernement français,
discrètement attaché à un armement chimique
dont personne n'entendait parler. Le Monde, pris d'une
crise de vertu, rappelle que les expérimentations de 1935
n'étaient pas "en violation de la loi internationale"
qui, astuce suprême, réservait aux Etats adhérents
de la convention de Genève de 1925 "la possibilité
d'en user pour riposter à une agression. Il faudra attendre
1972 pour qu'une nouvelle convention internationale interdise
de fabriquer et de stocker des armes biologiques ou à toxines.
Mais la France ne l'a ratifiée qu'en 1984. D'autre part,
c'est en 1993 que la France, qui a participé quatre années
durant à sa préparation, a adhéré
à la convention signée à Paris et interdisant
de mettre au point, de fabriquer, d'acquérir, de stocker
et de transférer des armements chimiques. Ce nouveau traité
est entré en application en avril 1997. La France l'avait
ratifié officiellement le 2 mars 1995." [...] "A
la conclusion de la convention de 1993, qui donne un délai
de dix ans pour la destruction des stocks, la France était
supposée détenir 2.000 tonnes de produits chimiques,
contre 31.000 tonnes pour les Etats-Unis et de 40 à 200.000
tonnes, selon les sources, pour la Russie" (Jacques Isnard,
dans Le Monde du 23 octobre 1997.)
L'accord avec les autorités algériennes
permettait à des centaines de militaires français
de travailler sur ce "site secret" sous la couverture
d'une filiale de la société Thomson, qui confirme
ainsi son rôle de feuille de vigne des services secrets.
Cette base
secrète ne l'était que pour de vertueux journaleux.
Les révisionnistes, apparemment toujours bien informés,
en avaient connaissance depuis longtemps. Elle est décrite
en effet dans un charmant récit d'Albert Paraz, intitulé Le Lac des songes, paru
aux éditions du Bateau ivre, à Paris, en 1945, republié
au 1950 aux éditions bressanes, en même temps que
Le Mensonge
d'Ulysse, de Paul Rassinier, préfacé
par le même Paraz; réédité en 1986
aux très estimables éditions du Lérot à
Tusson. Albert Paraz a été mobilisé le 31 août
1939. Comme il était classé "chimiste",
il a été versé à la 104e Compagnie
chimiste du 22e B.O.A. et envoyé à "Beni-Bouzid"
qui "prolonge la palmeraie de Figuig", une région
qui allait donc être disputée les armes à
la main par le Maroc et l'Algérie devenus indépendants.
- Paraz
donne, en 1945, une indication intéressante: "On
savait, par les anciens, que ce champ d'essai comprenait plus
de cent kilomètres de plaine entièrement balisée,
coupée d'un damier de deux cents routes à angle
droit, distantes l'une de l'autre d'un kilomètre. On avait
vu grand parce que les travaux récents laissaient entendre
qu'on allait mettre au point [en 1939] une arme utilisant l'énergie
enfermée dans l'atome, dont les effets pourraient s'étendre
à des surfaces de cet ordre." (p. 124-125). Il y
avait donc des salopards qui préparaient la bombe bien
avant la guerre puisqu'ils avaient déjà fait baliser
le futur terrain d'expérimentation. La bombe française
n'explosera que beaucoup plus tard, en 1960, à Reggane,
à quelques centaines de kilomètres à l'est
de "Beni-Bouzid". Il est d'intéressantes continuités.
Que faisaient-ils là? "Un
jour, les hommes furent réveillés à une heure
du matin pour aller à la base 3, à 20 kilomètres.
Le premier travail qui fut confié à ces jeunes savants
après quatre mois de flemme, consistait à répandre,
sur des routes balisées, de grands carrés de papier
blanc tous les cent mètres. Ils se coiffaient d'une cagoule
en caoutchouc qui leur donnait des airs de pénitents ou
de fantômes. Des avions arrosaient le terrain avec de l'ypérite.
Les hommes ramassaient les carrés de papier. On les entassait
dans des camions et on les ramenait au camp. Là, on comptait
le nombre de gouttes au mètre carré, travail d'autant
plus irritant qu'on aurait pu faire ça au Bois de Boulogne
en jetant de l'encre au lieu de produits toxiques, mais c'eût
été moins cher et surtout moins mystérieux."
(p. 257) "Un jour, le colonel fit faire un nuage de phosgène
de huit kilomètres de long, deux de large, et qui montait
à vingt mètres au dessus du sol. Tous les Français
qui ont leur certificat d'études savent qu'un litre d'air
pèse 1 gr. 293. Ce nuage pèse donc, quatre cent
millions de kilogs, quatre cent mille tonnes." (p. 258).
Albert Paraz, ami de Céline et
de Rassinier, a réuni tout ce qu'il fallait pour se faire
détester de notre époque marquée par le rigorisme
timoré et l'exaltation de l'ignorance imbécile.
Comme il l'a fait avec verve et talent, il restera impardonnable
encore longtemps. Les révisionnistes le placeront avec
toute la goguenardise voulue dans leur galerie des ancêtres.
Les gaz avaient traumatisé une
génération, celle qui avait fait la guerre de 14.
Les suivantes ont transformé la guerre des gaz en une fantasmagorie
terrifiante et multiple. Alors que Paraz fait dire à un
de ses personnages: "Vous savez bien que les histoires de
gaz c'est de l'amusette puisqu'on les connaît à fond
depuis 17", les Allemands étaient moins enclins à
traiter ce danger "comme de l'amusette". Hitler lui-même,
comme beaucoup d'autres, avait subi les gaz pendant la guerre.
On ne s'étonnera donc pas de voir que des précautions
importantes ont été prises par les Allemands à
la veille de la guerre pour créer des lieux étanches
et équipés afin de mettre les populations à
l'abri en cas d'attaque aérienne par les gaz, dont la probabilité
devait apparaître aux yeux des dirigeants de l'époque
comme beaucoup plus grande que ce que nous savons après
coup. Nous savons que les gaz n'ont guère été
utilisés mais il est vraisemblable que les protagonistes
devaient considérer comme pratiquement certain que l'adversaire,
lui, aurait recours aux gaz à un moment ou à un
autre.
Un chercheur américain, qui répond
au pseudonyme de Samuel Crowell, reprenant des éléments
épars dans la littérature sur les camps et puisant
surtout dans la documentation technique issue des préoccupations
des autorités allemandes en matière de défense
passive et de protection civile, a montré que de très
nombreuses structures construites avant la guerre avaient été
équipées avant et pendant la guerre de portes étanches
aux gaz. Beaucoup de ces abris anti-aériens étaient
donc pourvus de moyens de protéger les réfugiés
des attaques aux gaz que l'on imaginait alors plus massives et
plus violentes que celles de la guerre de 14, qui étaient
restées limitées à certains secteurs du front.
En particulier certains édifices qui se trouvaient dans
les camps de concentrations ont été ainsi adpatés
au besoin d'abris anti-aériens et dotés de portes
étanches. Des points d'eau situés près de
l'entrée servaient aussi de sas de décontamination.
Des attaques au gaz étaient nécessairement conçues
comme étant d'une durée limitée. Les personnes
réfugiées dans les abris devaient attendre quelques
heures avant de ressortir, avec prudence. Crowell fournit ainsi
une explication générale satisfaisante à
quelques cas de portes étanches signalés par Pressac
et demeurés sans destination bien nette jusque là.
On trouvera un exposé complet
et une discussion des données rassemblées par Crowel
sur le site du CODOH, en langue anglaise. (www.codoh.com) Il faut
voir dans la prolifération véritablement européenne
de ces abris étanches aux gaz une nouvelle dimension de
la mythologie galopante qui travaillait tous les dirigeants de
cette époque. A cette arme invisible par excellence est
venue s'ajouter, dans les années 50, la radiation atomique;
on assista alors à une furieuse vague de construction d'abris
anti-atomiques. Il doit bien en rester quelques uns dans les jardins
des banlieues riches.
Sur le rôle de puissant promoteur
de légendes joué par les gaz, on a des expériences
quotidiennes. La télévision parlait encore tantôt
de Saddam Hussein, de ses armes chimiques supposées et
des 5000 morts qu'aurait faits l'attaque de la ville de Halabja
en 1988. Ce chiffre est une invention de la presse à laquelle
elle semble tenir, comme le vautour à son oeuf.
Dans la Gazette du Golfe et des banlieues
n· 5, de juin 1991, j'avais rédigé un petit
commentaire qui parlait des inventions de la propagande de guerre
des soi-disant Alliés, en particulier cette crétinerie
télévisuelle qui prétendait que les Irakiens
avaient débranché les couveuses artificielles qui
fonctionnaient dans les hôpitaux koweitiens:
- Petit commentaire
de la Gazette
-
- Il faut rappeler que
cette absurde histoire de couveuse a été très
tôt dénoncée par certains comme de la propagande
de guerre et que Jean-Edern Hallier a ramené d'Irak, et
publié dans l'Idiot International, des documents
des autorités hospitalières de Koweit-City qui
montraient que toute cette histoire était un canard, voluptueusement
avalé par la grande presse qui en a fait un abondant usage.
- Il est un second point
à souligner. Amnesty International justifie le fait qu'elle
a avalé la couleuvre par référence à
d'autres atrocités commises par les militaires irakiens,
à d'autres époques et dans un autre contexte, en
particulier le gazage massif du bourg de Halabja en 1988, bien
que le rapport entre les deux histoires soit loin d'être
évident. Nous avons nous-mêmes parlé de ce
gazage dans le n· 1 de la Gazette, page 6, dans
un article daté du 10 février, où nous affirmions
qu'il ne pouvait pas y avoir d'attaque au gaz sur Israel et que
toutes ces histoires de masque à gaz étaient une
comédie politique. [Voir ici plus haut] En ce qui concerne
Halabja, nous écrivions, après avoir mentionné
des rapports de l'ONU, d'Amnesty International et d'autres :
"Halabja est rayé de la carte en mars" (1988).
- Nous n'avons pas voulu,
à ce moment-là, entrer dans les détails.
Il pouvait sembler que cette histoire appartint au passé.
Mais il est clair que dans l'exode où se sont lancés
deux millions de Kurdes, la crainte d'un nouveau Halabja, d'un
gazage massif venu du ciel, a joué un rôle déterminant.
De très nombreux réfugiés en ont témoigné.
Il n'est par conséquent pas inutile de rappeler que dans
une étude, déclassifiée et rendue publique
au cours de l'été 1990, intitulée "Iraqi
Power and US Security in the Middle East" et rédigée
avant l'invasion du Koweit, trois analystes de l'Ecole de guerre
américaine (US Army War College) ont examiné de
très près le comportement de l'armée irakienne
au cours du conflit avec l'Iran et ont écrit: "Les
affirmations selon lesquelles (les Irakiens) ont gagné
en utilisant simplement de grandes quantités d'armes chimiques
ne sont appuyées sur rien". En ce qui concerne, pour
la même période, l'utilisation des gaz contre les
Kurdes, les auteurs concluent: "Ayant pris en considération
tous les éléments de preuve qui sont à notre
disposition, nous jugeons impossible de confirmer les propos
du Département d'Etat prétendant que les gaz avaient
été utilisés dans ce cas-là".
Et ils ajoutent: "Pour commencer, on n'a jamais montré
aucune victime". Tout cela se trouve rapporté dans
l'International Herald Tribune du 19 décembre 1990.
- En effet, tout le monde
a vu, à la télévision, quelques images,
données comme ayant été tournées
à Halabja, montrant quelques corps étendus dans
une rue, en particulier celui d'un vieil homme, tenant un enfant
dans ses bras. Mais 5.000 corps, on ne les a pas vus. Serait-ce
un nouveau Timisoara? Il fallait enquêter sur place.
- Or justement un soi-disant
grand reporter a enquêté récemment à
Halabja. Marc Kravetz rend compte de son séjour dans Libération
daté du 8 avril 1991. Certains réfugiés
revenaient à Halabja et Kravetz les a interrogés
sur les événements du 16 mars 1988. Dans le récit
des circonstances, Kravetz ne cesse d'accumuler les contradictions:
il dit que le bombardement a eu lieu "sans même le
prétexte d'une présence ou d'un enjeu militaire",
plus loin, qu'à la mi-mars "les peshmergas
(alliés à l'armée iranienne, présente
dans la région) étaient donc installés à
Halabja", qu'aux premiers jours de mars "des combats
féroces se déroulaient dans les environs",
ensuite que, "s'attendant au pire (une offensive irakienne),
les peshmergas de Halabja se retirèrent après
avoir averti les 11 à 15.000 habitants de la ville qu'il
valait mieux partir", et, enfin, que "Téhéran,
contrôlait encore le secteur", puisque les Iraniens
ont organisé après le bombardement, "une visite
guidée pour la presse mondiale". Il semble ressortir
de ce tissu de confusions que les combattants kurdes, agissant
en avant-garde de l'armée iranienne, étaient en
train de reculer sous la pression irakienne et que l'attaque
aérienne de Halabja avait pour but de faire s'effondrer
plus vite la résistance irano-kurde. Dès lors,
dire qu'il n'y avait pas "d'enjeu militaire" relève
de l'absurde, ou d'une propension cachée à vouloir
faire passer un acte de guerre, certes déplorable puisqu'il
a fait des morts civils, pour une agression sans motif contre
des civils innocents, de nature génocidaire.
- Kravetz rapporte les
propos d'un témoin, le seul qu'il fasse parler. Celui-ci,
un certain Kamal, raconte que 25 avions sont arrivés un
peu avant le coucher du soleil. Ils volaient lentement et bas.
"Quand ils sont arrivés sur Halabja, il y a eu des
explosions et aussitôt une grande fumée s'est répandue."
Bombardement classique donc, car les gaz sont incolores et ne
font pas de grande fumée. Ce qui rend les gaz terrifiants,
c'est justement qu'on ne les voit pas. "J'ai couru vers
la maison, tous les gens du village s'enfuyaient déjà.
J'ai retrouvé ma mère et mes soeurs, nous sommes
partis ensemble". Donc pas de gaz, puisqu'il peut revenir
chez lui et repartir du village sans dommage. "Nous étions
à peu près sur ce chemin, en bas du cimetière
quand les bombes sont tombées aussi sur le village et
puis j'ai vu une fumée grise et jaune qui descendait de
la colline. Je courais, je croyais que les autres me suivaient.
Il y a eu une forte explosion tout près, je suis tombé.
Quand je me suis relevé, j'ai aperçu mes deux soeurs
à une cinquantaine de mètres derrière moi.
Elles étaient couchées sur le dos avec de petites
gouttes de sang sorties de leur nez". Si Kamal a pu voir
ce détail, il devait être à beaucoup moins
de cinquante mètres. Si la bombe ou l'obus qui a tué
ses soeurs avait libéré des gaz, il n'aurait pas
survécu, étant dans un rayon aussi court. "Alors
j'ai vu ma mère. Je ne l'aurais pas reconnue, je vous
le jure, si elle n'avait pas été à côté
de ma petite soeur. Elle n'avait plus de visage et tout son corps
était comme du bois carbonisé. Je crois que c'était
du napalm". Fin du témoignage.
- A aucun moment, Kamal
ne parle de gaz. Ce qu'il décrit ne correspond en rien
à un gazage, mais bien plutôt à un bombardement
classique. Le napalm, quant à lui, dégage une énorme
fumée noire.
- On ne conclura pas sur
un témoignage unique. On notera quand même la "visite
guidée pour la presse mondiale" qui a suivi, due
à la diligence des Iraniens, très intéressés,
évidemment, à noircir l'image de leur adversaire,
et accessoirement, l'incompétence et la fainéantise
de Kravetz. Pour nous, nous en retirons le sentiment qu'on ne
sait pas ce qui s'est passé exactement à Halabja
le 16 mars 1988, qu'il s'agissait à l'évidence
d'une opération de guerre, et que l'utilisation faite
de ce sinistre événement (il y a eu des morts,
mais combien ?), tant par les propagandes iranienne, occidentale,
israélienne et kurde, que par Amnesty International est
absolument dépourvue de sérieux. Nous n'excluons
rien, mais dans l'état actuel du savoir réel que
l'on peut en avoir, on peut dire que le mythe d'Halabja ("Cinq
mille civils gazés") dépasse de loin en importance
ce qui s'est vraiment passé dans cette bourgade.
- (fin de l'article)
Quelques années plus tard, au
cours d'un entretien sur France Culture avec Armand Gatti, le
malheureux Kravetz est revenu sur Halabja, pour raconter, cette
fois-ci, l'histoire du juif de Halabja. Une histoire forcément
exemplaire. Il était une fois un juif, qui vivait dans
une bourgade kurde, loin de tout, à Halabja. Il servait
un peu d'écrivain public à ses voisins. Et un jour
il est mort. Gazé. Comme de bien entendu.
Apocryphe baratin, à l'évidence,
puisque ne figurant pas dans le reportage d'époque. Histoire
inventée sans doute pour faire pièce à Armand
Gatti, prodigieux conteur. Comment naissent les légendes?
par un désir de compétition entre deux hâbleurs.
Et par la naiveté des auditeurs qui répètent
ces billevesées à tout venant... Giono, orfèvre
en la matière, nous a expliqué le mécanisme
avec le cas de l'Odyssée...
Début 1998, on nous refait le
coup. Sept ans après la guerre du Golfe, les obsédés
sexuels qui règnent à Washington ont monté
une opération pour rebombarder l'Irak sur la base de suppositions
entièrement gratuites. On sait que des commissions de l'ONU
ne cessent, depuis des années, de traquer le moindre document,
le moindre élément qui a trait à des armements
quelconques que posséderait l'Irak. Jamais aucun pays n'a
été traité, à l'époque moderne,
de façon aussi humiliante pour sa souveraineté nationale.
Faute d'avoir osé occuper l'Irak avec leurs soldats, les
Américains tâchent de l'occuper par une utilisation
raisonnée des inspecteurs des Nations Unies, dont une bonne
partie sont recrutés dans les rangs des services secrets
américains. Il n'existe aucun élément concret
sérieux qui permette de penser que l'Irak aurait conservé
ne serait-ce qu'une fraction de son potentiel militaire des années
80. Tout fonctionne à peu près de la façon
suivante:
Supposons que les Irakiens aient creusé
en secret un immense trou sous la ville de Baghdad. Ils auraient
pu dès lors entreposer quelques cuves de fermentation et
ils auraient pu acheter des produits chimiques pour les détourner
de leur fonction. Il se pourrait même qu'ils fabriquent
en secret une énorme quantité de lance-pierre pour
jeter sur leurs ennemis des seringues pleine d'anthrax et de rhume
des foins, qui est un formidable incapacitant. Rien de tout cela
n'est certain et on pourrait même dire qu'on ne possède
pas le début du commencement d'une preuve. Mais cela rend
justement la situation encore plus louche. Ce Saddam nous cache
quelque chose.
Devant une telle situation, il n'est
pas étonnant que revienne périodiquement la question
du retour à la normale et de la fin des "sanctions"
contre l'Irak. Tout aussi régulièrement reviennent
dans la presse des résurgences de la question des gaz.
Ainsi, Le Monde, le 25 juin 1998, titre: "L'Irak aurait
maîtrisé les gaz de combat avant 1991". Le simple
emploi du conditionnel dans un titre de ce genre trahit l'intoxe.
La source est le Washington Post, connu comme un centre
de production de fausses nouvelles dans lequel la grande presse
ne s'abreuve qu'en cas de besoin pressant. D'après ce canard
(23 juin), des inspecteurs des Nations Unies auraient trouvé
des "quantités significatives" de VX "sur
des fragments d'ogives". Comment des traces de gaz innervant,
ce qu'est le VX, continueraient à adhérer à
quoi que ce soit après des années, ne nous est pas
révélé. Ce qu'est un "fragment"
d'ogive comparé à un vieux bout de ferraille n'est
pas non plus expliqué. C'est un laboratoire militaire américain
qui aurait fait cette analyse!!! Comme le rappelle le journaliste
du Monde, Jacques Isnard, c'est la première fois
que Baghdad, si l'on en croit le Washington Post, "est
suspecté d'avoir réussi à maîtriser
un armement de ce type avant la guerre du Golfe. En 1990-1991,
les experts occidentaux, et israéliens, avaient douté
de la capacité des ingénieurs irakiens à
aligner un arsenal chimique et biologique opérationnel,
hormis des obus de 155 mm (550 ont été détruits
par l'Unscom) et, peut-être des bombes d'avion baptisées
R-400." (Le Monde, 25 juin 1998). On ne pourrait confirmer
plus clairement que les responsables politiques qui ont fait croire
à l'opinion mondiale, et surtout israélienne, qu'une
attaque chimique irakienne était possible et même
imminente, se foutaient absolument de la gueule de tout le monde
car ils savaient très bien qu'elle était impossible.
Et je le savais aussi et je pouvais prendre le risque de l'écrire
quelques heures après le déclenchement de l'offensive
américaine sur Baghdad en sachant que je ne serai pas démenti
par les événements. Et je ne l'ai pas été.
Eh bien! le journaliste Isnard, lui, a le culot d'ajouter ceci:
"Le fait que Baghdad n'y ait pas recouru [aux armes chimiques
et bactériologiques] durant la guerre du Golfe n'est pas
nécessairement la preuve que cette analyse [que les Irakiens
ne pouvaient pas équiper des fusées avec des charges
chimiques] soit juste. En effet, l'Irak a utilisé des armes
chimiques contre l'Iran, dans les années 80, et les Kurdes
en 1987-88." Il sait pourtant que ces armes étaient
classiques (gaz moutarde) et lancées par des moyens conventionnels.
Il mélange donc tout sciemment. Rien ne prouve en effet
que des chaudrons de sorcière ne sont pas en train de mijoter
à trois milles pieds sous Baghdad. Le fait qu'on ne les
a jamais vus et qu'en revanche on a trouvé des restes de
chiche-kebab à mille milles de là donnerait même
à penser que leur existence, il y a dix ans, était
très réelle... Voilà où en est le
raisonnement de ces loquedus de la presse! Le niveau baisse.
Justement alarmés par ces rumeurs
et ces inventions de la presse mondiale, des rabbins israéliens
ont décidé de passer aux actes pour protéger
leurs ouailles. Souffler dans les shofars ne leur a pas paru suffisant.
Ils ont donc décidé, en quelque sorte, de repasser
le film de Jéricho. Ils sont montés dans un avion
qui a fait sept fois le tour d'Israel. En récitant des
prières spéciales pour obtenir de YVHV la chute
de Saddam Hussein.
Il ne semble pas qu'ils aient obtenu
satisfaction.
Le gaz est comme un dieu, il peut tout
puisqu'on ne le voit pas. C'est le professeur Faurisson ("Céline
devant le mensonge du siècle")
et les lecteurs du Bulletin célinien qui ont déterré
cette remarque de Céline, ami de Paraz et lecteur de Rassinier:
La magique chambre à gaz! Voici un extrait d'une lettre
à Paraz du 28 novembre 1950:
"Rassinier est certainement
un honnête homme... [...] QUAND MEME Il tend à faire
douter de la magique chambre à gaz! ce n'est pas peu!
Tout un monde de haine va être forcé de glapir à
l'Iconoclaste! C'était tout la chambre à gaz! Ça
permettait TOUT! Il faut que le diable trouve autre chose...
Oh je suis bien tranquille!"
Ça permettait tout. Ça
le permet encore.
Serge Thion
16 juillet 1998
ANNEXE:
document provenant des papiers officiels de Winston Churchill
- [stamp] PRIME MINISTER'S
PERSONAL MINUTE
- [stamp, pen] Serial No.
D. 217/4
- [Seal of Prime Minister]
- 10 Downing Street, Whitehall
[gothic script]
- GENERAL ISMAY FOR C.O.S.
COMMITTEE [underlined]
- 1. I want you to think
very seriously over this question of poison gas. I would not
use it unless it could be shown either that (a) it was life or
death for us, or (b) that it would shorten the war by a year.
- 2. It is absurd to consider
morality on this topic when everybody used it in the last war
without a word of complaint from the moralists or the Church.
- On the other hand, in
the last war bombing of open cities was regarded as forbidden.
Now everybody does it as a matter of course. It is simply a question
of fashion changing as she does between long and short skirts
for women.
- 3. I want a cold-blooded
calculation made as to how it would pay us to use poison gas,
by which I mean principally mustard. We will want to gain more
ground in Normandy so as not to be cooped up in a small area.
We could probably deliver 20 tons to their 1 and for the sake
of the 1 they would bring their bomber aircraft into the area
against our superiority, thus paying a heavy toll.
- 4. Why have the Germans
not used it? Not certainly out of moral scruples or affection
for us. They have not used it because it does not pay them. The
greatest temptation ever offered to them was the beaches of Normandy.
This they could have drenched with gas greatly to the hindrance
of the troops.
- That they thought about
it is certain and that they prepared against our use of gas is
also certain. But they only reason they have not used it against
us is that they fear the retaliation. What is to their detriment
is to our advantage.
- 5. Although one sees
how unpleasant it is to receive poison gas attacks, from which
nearly everyone recovers, it is useless to protest that an equal
amount of H. E. will not inflict greater casualties and sufferings
on troops and civilians. One really must not be bound within
silly conventions of the mind whether they be those that ruled
in the last war or those in reverse which rule in this.
- 6. If the bombardment
of London became a serious nuisance and great rockets with far-reaching
and devastating effect fell on many centres of Government and
labour, I should be prepared to do [underline] anything [stop
underline] that would hit the enemy in a murderous place. I may
certainly have to ask you to support me in using poison gas.
We could drench the cities of the Ruhr and many other cities
in Germany in such a way that most of the population would be
requiring constant medical attention. We could stop all work
at the flying bomb starting points. I do not see why we should
have the disadvantages of being the gentleman while they have
all the advantages of being the cad. There are times when this
may be so but not now.
- 7. I quite agree that
it may be several weeks or even months before I shall ask you
to drench Germany with poison gas, and if we do it, let us do
it one hundred per cent. In the meanwhile, I want the matter
studied in cold blood by sensible people and not by that particular
set of psalm-singing uniformed defeatists which one runs across
now here now there. Pray address yourself to this. It is a big
thing and can only be discarded for a big reason. I shall of
course have to square Uncle Joe and the President; but you need
not bring this into your calculations at the present time. Just
try to find out what it is like on its merits.
- [signed] Winston Churchill
[initials]
- 6.7.44 [underlined]
+++++++++++++++++++++++++++
Sources
-- J. Crétineau-Joly, Histoire
de la Vendée militaire, éd. de 1865, 5 volumes,
réédité par "Pays et terroirs",
65 place de Rougé, 85 Cholet, 1994. Cette édition
est encore disponible pour 500F)
-- Gazette du Golfe et des banlieues,
numéro 1, février 1991, Paris.
-- S. SEAGRAVE, Yellow Rain. Voir
aussi YANG DAO, "Guerre des gaz: solution communiste des
problèmes des minorités au Laos, Les Temps Modernes,
janvier 1980.
-- Albert PARAZ, Le Lac des songes,
(1945), réédité en 1986 aux éditions
du Lérot à Tusson.
-- Gazette du Golfe et des banlieues,
numéro 5, juin 1991, article daté du 7 juin.
-- Iraqi Power and US Security in
the Middle East par trois analystes de l'US Army War College,
été 1990.
-- [ Samuel CROWELL] "Defending
Against the Allied Bombing Campaign: Air Raid Shelters and Gas
Protection in Germany, 1939-1945", voir <http:/www.codoh.com>,
l'index. Voir aussi, sur le
site de David Irving.
-- L'histoire des rabbins: Reuter release,
in The Toronto Star (February 19, 1998):
<Dozens of prominent rabbis circled
Israel seven times by plane yesterday on a spiritual mission aimed
at toppling Iraqi President Saddam Hussein and protecting Israel
against a possible chemical attack. The two hour mission mimicked
the biblical story in which the walls of Jericho fell after Joshua
circled the city seven times. "The purpose of the flight
was to cause Saddam to surrender and to assure that we would be
victorious. We circled the country seven times in order to bring
down the enemy," said expedition member Yitzhak Batzri. "We
recited special prayers so that if, God forbid, poison falls on
the Israeli people, they will not be injured." He said 10
rabbis blew a ceremonial ram's horn seven times in order "to
bring down the enemy's walls.">
-- Robert Faurisson, "Céline
devant le mensonge du siècle (suite)",
Le Bulletin célinien, Bruxelles, n·4, 4e
trimestre 1982, p. 5-6. C'est la suite d'un article paru au troisième
trimestre 1982.
-- Lettre de Céline dans : Cahiers
Céline (Lettres à Albert Paraz, 1947-1957,
édition établie et annotée par Jean-Paul
Louis, NRF, Gallimard, 469p., 1980, p. 312.
-- Rassinier : voir l'archive
Rassinier de l'AAARGH.
-- Le Monde, Le Nouvel Observateur,
Libération, Les Temps Modernes, The Washington Post, The
New York Times, The Toronto Star, passim.
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frontière, les informations et les idées par quelque
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adoptée par l'Assemblée générale de
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