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Réponse à Jean-Claude Pressac

SUR LE PROBLÈME DES CHAMBRES A GAZ
(2/2)

par Robert Faurisson



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IV

LES TROMPERIES QUI SONT PROPRES A PRESSAC

Par le passé, j'ai, en plus d'une occasion, prouvé que Pressac ne répugnait pas à la tricherie. Ainsi que je l'ai mentionné ci-dessus (p. 33), l'un des additifs de ma recension de son livre en anglais portait pour titre: "Les Tricheries de Pressac dans L'Album d'Auschwitz" (R.H.R. n* 3, p. 149-152), recension où je rappelais notamment deux exemples criants de supercherie: dans le premier cas, un plan de Birkenau avait fait l'objet d'une amputation: Pressac y avait coupé une route pour nous faire croire que les juifs qui empruntaient cette route ne pouvaient aboutir qu'aux crématoires; dans l'autre cas, le classement d'origine des photographies, leur répartition et les titres des différentes parties avaient fait l'objet d'une manipulation frauduleuse à grande échelle.
Dans Les Crématoires d'Auschwitz, Pressac passe en quelque sorte aux aveux sur ces deux points: à la page 48, il
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rétablit discrètement sur un plan la route que je lui reprochais d'avoir tronquée; quant aux photographies manipulées, elles ont toutes disparu, y compris celle que, dans sa publication en 1983 de L'Album d'Auschwitz, il avait classée en dernier et présentée comme la preuve éclatante de l'existence d'une chambre à gaz homicide.

L'insertion abusive

La supercherie la plus courante chez Pressac consiste en l'insertion, dans un ensemble parfaitement inoffensif, d'un ou de plusieurs mots qui dénaturent cet ensemble et font croire à une abomination perpétrée par les Allemands.
Là où un document (p. 80) mentionne, comme on l'a vu, "quatorze douches" [ou: pommes de douche], l'auteur parle de "quatorze (fausses) douches"; en glissant cette parenthèse avec le mot de "fausses" il dénature le sens du document qu'il cite et insinue que nous sommes en présence d'une vraie chambre à gaz homicide équipée de fausses pommes de douche pour leurrer les victimes.
Voici maintenant un ensemble de trois phrases concernant une visite d'Himmler à Birkenau:

Puis, il visita toute la zone d'intérêts du camp et Birkenau (document 19). Ensuite, il assista à la sélection d'un convoi de Juifs hollandais et au gazage des inaptes dans le Bunker 2. Enfin il se rendit à [l'usine] " Buna " de Monowitz qui n'était alors qu'un immense chantier ( 142 ) (p. 44).

La première phrase, dûment référencée, relate un fait vrai. La troisième phrase, elle aussi dûment référencée,
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relate un autre fait vrai. Mais la phrase insérée entre ces deux phrases-là relate un événement fictif; l'épisode de la sélection et du gazage, dont Himmler aurait été le témoin, a été inventé mais, inséré entre deux faits vrais et prouvés, il y gagne toutes les apparences d'un fait vrai et prouvé.

Le mariage du gros mensonge et de la petite chose vraie

Parfois le gros mensonge s'avance en tête et la petite chose vraie (et référencée) vient sur ses pas. Soit le passage suivant:

Les victimes, dont le nombre se situe entre 550 et 850, furent incinérées dans les deux fours bimoufle du crématoire en une ou deux semaines d'un travail intensif qui détériora le deuxième four ( 108 ) (p. 34).

Si l'on se reporte au document cité en référence et dont le texte ne nous est pas livré, on découvre que la seule vérité contenue dans ce passage est qu'un certain four fut, un certain jour, détérioré.

Parfois aussi les petites choses vraies précèdent les gros mensonges. Soit le passage suivant concernant le Dr. Wirths, médecin-chef du camp:

Il prévoyait [dans son rapport sur l'insuffisance des moyens d'épouillage] un retour du typhus si des " mesures spéciales " (Sondermassnahmen) pour améliorer la situation sanitaire n'étaient pas prises d'urgence 256 . Il exposa qu'il ne servait à rien d'imposer aux médecins SS de sélectionner les arrivants, si les aptes au travail retenus étaient aussitôt
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fauchés par le typhus, et qu'envoyer tout le monde au gaz à la descente du train éviterait ce gâchis (p. 82).

Ici, le gros mensonge est contenu dans les mots: "et qu'envoyer tout le monde au gaz à la descente du train éviterait ce gâchis". Le résultat est qu'un médecin-chef soucieux, comme pouvait l'être le Dr. Eduard Wirths, de la situation sanitaire du camp est présenté par Pressac comme un homme qui "savait" qu'Auschwitz possédait des chambres à gaz homicides.
Cette façon de marier le vrai et le faux permettrait évidemment d'écrire que, tel jour de sa vie, au Berghof, Adolf Hitler décida l'extermination des juifs, puis reçut pour le thé tel ou tel dignitaire du IIIe Reich ou encore que, juste avant ce thé, Adolf Hitler avait pris la décision du génocide des juifs; une note de référence fournirait une source qui, vérification faite, établirait seulement la réalité de ce thé. Sous ces deux formes, la supercherie risquerait d'être prestement éventée mais, sous les formes adoptées par Pressac pour ses inventions sur Himmler, Höss ou les SS d'Auschwitz, la supercherie est simplement moins voyante.

Le maquillage des plans

Bien des plans dessinés par Pressac résultent d'opérations de maquillage. Le plan de Birkenau qui figure à la page 48 en constitue une illustration. Près de la zone des crématoires se trouvait une vaste bande de terrain, de forme rectangulaire: une zone dénommée, sur les plans, " B II f". La partie gauche en était occupée par un terrain de sport et la
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partie droite par un hôpital pour hommes. Ce terrain de sport et cet hôpital étaient à destination des détenus, qu'ils fussent juifs ou non juifs. Leur existence n'avait rien que de normal. Entre ce terrain de sport et le jardin du crématoire III il n'y avait qu'une ligne de démarcation faite de simples barbelés qui ne dissimulaient rien de ce crématoire à la vue des joueurs et des spectateurs. Mais, pour la thèse exterminationniste, la présence d'un terrain de sport et d'un hôpital, tous deux destinés à des détenus dans un camp dit "d'extermination", est difficile à faire admettre. En particulier, comment expliquer que les SS auraient permis à des foules d'internés d'avoir une vue directe sur un crématoire aux activités prétendument ultra-secrètes et près duquel, nous raconte-t-on, s'agglutinaient chaque jour des milliers de victimes ?
A défaut de nous cacher l'existence, aujourd'hui trop connue, de l'hôpital, Pressac a trouvé le moyen de faire disparaître l'encombrant terrain de sport avec vue sur un crématoire. Il a procédé de la manière suivante sur son plan de la page 48: dans la partie droite du secteur, là où se trouvait l'hôpital, il a décidé de ne rien inscrire du tout et de laisser un blanc; mais, dans la partie gauche, là où il aurait dû inscrire les mots "terrain de sport", il a porté l'inscription: " B II f: camp hôpital" 1 (19 ). Pitoyable tour de passe-passe.
D'autres plans, tel celui de la page 90, recèlent aussi leurs propres supercheries, dont celle qui consiste à porter en
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toutes lettres les mots de "chambre à gaz" (homicide) là où rien de tel n'apparaissait sur les plans d'origine.

Tromperies jusque dans les titres

Chez Pressac, cette façon d'accoler la vérité au mensonge ou le mensonge à la vérité est de pratique tellement courante qu'on en trouve trace dans les titres de certains chapitres et même jusque dans l'ensemble formé par le titre et le sous-titre de son ouvrage.
Le chapitre VI s'intitule: "Le Contrat Mogilew et le Premier Gazage Homicide à Auschwitz" (p. 31) tandis que le chapitre suivant porte pour titre: "Le Début du Meurtre de Masse des Juifs et L'Epidémie de Typhus" (p. 41). Comme on va le voir, dans le premier cas, la vérité précède le mensonge et, dans le second cas, le mensonge est suivi de la vérité. Dans le premier cas, en effet, un vrai contrat (le "contrat Mogilew") concernant des fours crématoires est utilisé pour accréditer le mensonge des chambres à gaz homicides d'Auschwitz et, dans le second cas, le mensonge des chambres à gaz homicides d'Auschwitz prend appui sur la réalité des épidémies de typhus qui ravageaient ce camp. Ajoutons que Pressac exploite ici, à sa manière, la confusion qui existe déjà chez trop de lecteurs entre les fours crématoires et les "chambres à gaz" ainsi qu'entre les cadavres de typhiques et les cadavres de "gazés".
Quant à l'ensemble formé par le titre et le sous-titre de son ouvrage, il illustre ce genre de tromperie; dans Les Crématoires d'Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse, le titre est vrai et le sous-titre, mensonger. Tablant sur
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la confusion du lecteur entre "crématoires" et "meurtre", Pressac a pipé les dés.

Substitution de "chambre à gaz (homicide)" à "chambre froide"

La plus courante des tromperies de l'auteur consiste, dès que l'occasion s'en présente, à substituer l'expression de "chambre(s) à gaz" à celle de "chambre(s) froide(s)". Il écrit par exemple:

Le 10 mars [1943] et durant seize heures, Schultze et Messing éprouvèrent l'aération et la désaération de la chambre à gaz du crématoire II. Apparemment, l'installation n'était pas encore au point, puisque Messing y travailla encore onze heures le 11 et quinze heures le 13 (22 7) (p. 73).

La note 227 fait référence à un document dont le texte ne nous est pas livré; ce document révèle que le travail des deux hommes n'a évidemment pas été fait dans une chambre à gaz homicide mais dans une chambre froide que Pressac a décidé de baptiser chambre à gaz homicide. Il ose ajouter: "Des essais avec introduction préalable de Zyklon-B furent pratiqués". S'il n'étaie cette affirmation d'aucune référence à une source quelconque, c'est que la proximité de la note 227 suffit à donner une apparence de sérieux à une pure invention.

Substitution de "chambre à gaz (homicide)" à "chambre à gaz (de désinfection)"

Une autre forme de tromperie consiste à citer des documents sur les chambres à gaz de désinfection en laissant croire
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au lecteur qu'il ne peut s'agir que de chambres à gaz homicides. Au sujet d'un contremaître, il écrit:

Dans son compte rendu journalier, il nota: "Poser fenêtres étanches au gaz". Le 2 mars, ayant à bétonner le sol de la partie où avaient été posées les fenêtres étanches, il écrivit: "Sol à bétonner dans chambre à gaz" (233) (p. 76).

Comme c'est souvent le cas chez Pressac, la note de référence n'est là que pour en imposer et elle ne reproduit aucun texte original. Il faut, au connaisseur, se reporter, par exemple, au registre de la serrurerie (Schlosserei) d'Auschwitz pour se rendre compte qu'il n'est ici question que d'une chambre à gaz de désinfection. Le Polonais Jan Sehn, juge d'instruction chargé de l'affaire Rudolf Höss, avait compilé des extraits de ce registre. Bien involontairement, il nous montre, en recopiant un document n* 459 du 28 mai 1943, que ce type de chambre à gaz était appelé par les Allemands d'Auschwitz "Entwesungskammer" (chambre d'épouillage) ou, plus simplement, "Gaskammer" (chambre à gaz). Le document en question porte en effet :

Entwesungskammer K.L. Auschwitz [...]. 1. Die Beschläge zu 1 Tür mit Rahmen, luftdicht mit Spion für Gaskammer (chambre d'épouillage du camp de concentration d'Auschwitz [...]. Les garnitures pour 1 porte avec cadre, étanches à l'air, avec mouchard pour chambre à gaz).

En 1989, Pressac relatait, pour une fois en toute honnêteté, qu'il avait découvert l'inscription "GASKAMME R" (CHAMBRE A GAZ) juste au-dessus des mots "WASCH - und BRAUSEBAD" (TOILETTES ET SALLE DE DOUCHE) dans une baraque de désinfection de Birkenau et il ajoutait: "L'association de
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douches et chambres à gaz a pu produire dans l'esprit des prisonniers: "Les douches sont des chambres à gaz"" (A.T.O., p. 549).
Dans son livre de 1993, loin de chercher à dissiper cette confusion chez ses lecteurs, il l'entretient au prix d'une tromperie qui consiste, sans le dire expressément, à leur faire croire que, lorsque les Allemands employaient l'expression de "chambre à gaz", ils voulaient dire crûment: chambre à gaz homicide.

Documents sans rapport avec le fait à prouver

Au sujet des prétendues "fosses d'incinération" (une impossibilité physique, rappelons-le, surtout dans le terrain marécageux de Birkenau), Pressac écri t:

Le four du [crématoire] V fut rapidement débordé et des petites fosses furent creusées à côté de ses chambres à gaz pour y incinérer les victimes en plein air (document 57) (p. 90).

Le document 57 ne prouve, ni même n'illustre rien de tel. Il s'agit d'une photographie que colportent depuis près d'un demi-siècle les ouvrages ou articles sur l'extermination des juifs. Cette photographie passe souvent pour attester l'existence non pas de fosses d'incinération mais de gazages homicides. On ne peut prouver ni où, ni quand, ni par qui elle a été prise. Elle montre des civils au milieu de ce qui semble être un ensemble épars de cadavres dénudés, couchés à même le sol; au loin s'élèvent des panaches de fumée claire comme si cette fumée émanait, non pas de cadavres, mais de
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branchages (peut-être, si la photographie est authentique, s'agissait-il de la fumée d'un feu destiné à combattre l'odeur et à éloigner les insectes?). On n'aperçoit aucune fosse, en tout cas.

Usage de références fictives

Chez Pressac, une autre forme de tromperie consiste à donner le prestige du fait jugé et acquis à ce qu'il vient personnellement d'inventer. Au lieu d'écrire: "J'ai changé d'avis et je pense actuellement que..." il écrit: "On pense actuellement que..."
En 1989, il affirmait avec aplomb que le premier gazage homicide à Auschwitz avait eu lieu très précisément le 3 septembre 1941 (A.T.O., p. 132).

Quatre ans plus tard, dans le présent ouvrage, il préfère écrire:

De nos jours, est situé entre le 5 [décembre] et la fin décembre [1941] le déroulement du premier gazage homicide (p. 34).

Il ne justifie pas plus la nouvelle datation qu'il ne justifiait l'ancienne. Il met sur le compte de personnes anonymes, et en fait inexistantes, un changement d'opinion personnel qu'il lui est pénible d'avouer. Par ce biais, il se dispense à bon marché de nous révéler pourquoi il a changé d'avis et pourquoi il est, cette fois-ci, devenu beaucoup plus vague. Je croirais volontiers Carlo Mattogno qui, dans un article inédit sur Les Crématoires d'Auschwitz, nous révèle
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comment, en 1992, il avait montré à Pressac que le premier gazage d'Auschwitz ne pouvait pas avoir eu lieu, surtout à la date du 3 septembre 1941 (voy. Carlo Mattogno, Auschwitz: la prima gasazione, Padoue, Edizioni di Ar, 1992, 190 p.).

Usant du même subterfuge, Pressac écrit encore:

On estime actuellement que très peu de gazages homicides eurent lieu dans ce crématoire [I] mais qu'ils furent amplifiés parce qu'ils impressionnèrent les témoins directs ou indirects (p. 34).

Derrière cet "on", qui fait nombre, se dissimule le "je" d'un unique calculateur.
En 1989, Pressac évaluait à 10.000 le nombre des gazages homicides au crématoire I (A.T.O., p. 132). Aujourd'hui, il estime ces gazages à "très peu", sans autre précision. Là encore, il a changé d'opinion sans nous dire pourquoi et, là encore, il s'est réfugié dans le vague.
Au passage, on aura savouré l'explication, pour ne pas dire la justification, du mensonge: des témoins directs (lesquels ?) ou indirects (que veut dire ce mot ?) en ont reçu une si vive impression qu'ils ont "amplifié" le nombre des gazages.
Ce "très peu de gazages homicides" fait songer au faux-fuyant de la directrice adjointe du Musée de Majdanek qui, interrogée par Pressac au sujet d'une chambre à gaz de ce camp, lui avait répondu que "cette chambre à gaz avait très peu, mais vraiment très peu servi", ce qui, ajoutait finement notre homme, signifiait qu'elle n'avait "pas servi du tout" (Jean-Claude Pressac, "Les carences et incohérences du "Rapport Leuchter"", Jour J, La Lettre télégraphique juive, 12 décembre 1988, p. IX).

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Une confusion délibérément entretenue

L'auteur est naturellement confus. Mais il joue de la confusion mentale qui lui est propre pour égarer ses lecteurs, leur embrouiller l'esprit par toutes sortes d'incohérences et les duper. Il en rajoute, pareil à l'âne qui fait l'âne parce que cela lui sert. Des pages entières, comme celles qu'il consacre à "la première "bavure criminelle" nette" (sic), devraient être particulièrement claires parce qu'elles traitent, enfin, d'un événement capital (p. 60-61); or, elles semblent inextricables à dessein. Par ailleurs, de simples phrases comme "Ces chiffres officiels sont de la propagande mensongère et pourtant sont valables" (p. 80) permettent à leur auteur d'échapper à toute responsabilité et de trouver refuge dans l'équivoque.
Le haut de la page 47 fournit l'exemple d'une confusion qui ne peut, semble-t-il, être que délibérée. Pressac y décrit l' "astuce" (sic) imaginée par les SS d'Auschwitz pour cacher à Berlin qu'ils ne maîtrisaient pas le typhus. Ces SS décident donc de mettre "sur le dos des Juifs", c'est-à-dire sur le compte de leur entreprise d'extermination "les effarantes quantités de gaz employées" à la désinfection ! Alors que, selon Pressac, ils consacrent 97 à 98 % du gaz au gazage des poux et 2 à 3 % au gazage des juifs (l'apothicaire ne précise pas où il est allé puiser ces chiffres), les SS décident donc de "faire croire [à Berlin] que la majorité du Zyklon-B livré servait aux gazages homicides dans les Bunkers 1 et 2"; mais, à Berlin, les SS ignorent les modalités du "traitement" des juifs; cependant, ils en savent la "finalité" ! On ne saurait être plus confus.
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La suite du récit n'est ni plus claire ni plus cohérente. Un tel salmigondis offre l'avantage de nous entretenir du mythe du gazage sans que nous soyons en mesure de saisir les articulations d'un raisonnement et donc d'en faire éventuellement la critique.

L'équilibriste et le mystificateur

Une autre forme de confusion propice à la tromperie consiste, lorsque Pressac a mis au point une explication absurde, à imputer cette absurdité à la bêtise des SS. Par exemple, pour essayer de décrire la procédure de gazage aux crématoires IV et V, il est obligé, vu la configuration des bâtiments, d'inventer l'histoire d'un SS qui, se promenant à l'extérieur avec une échelle, appliquerait ladite échelle près des différentes impostes des différentes chambres à gaz et, ouvrant l'imposte d'une main, verserait, de l'autre main, des granulés de Zyklon-B; le SS effectuerait ce manège à six reprises. En 1989, dans A.T.O., p. 386, on nous précisait qu'à chaque reprise le SS montait trois fois à son échelle, ce qui faisait, nous disait-on, dix-huit montées et dix-huit descentes, soit trente-six montées et descentes; Pressac tenait le processus pour "irrationnel", "ridicule" et digne d'un "numéro de cirque" mais, ajoutait-il, "les autorités du camp considéraient qu'un peu d'exercice physique ferait un bien fou (a world of good) aux soldats du service de santé responsables du gazage". La "prestation [du SS] tenait du numéro d'équilibriste", écrit-il dans Les Crématoires d'Auschwitz (p. 76). Mais l'équilibriste, en fait, n'est autre que notre mystificateur dans l'un de ses numéros favoris.
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Un condensé de tromperies: les deux récits de gazages homicides

Les récits de gazages homicides devraient constituer l'essentiel du présent ouvrage de Pressac; or, ils n'occupent qu'une place extrêmement restreinte. Une partie de la page 34 relate un gazage homicide au Block 11 et, dans la foulée, un gazage homicide au crématoire I, tandis qu'une partie de la page 74 décrit un gazage homicide au crématoire II. Et c'est tout !
Pour évaluer le nombre des tromperies, il suffira au lecteur de compter, dans les deux cas, d'une part, les assertions graves que n'accompagnent ni preuves, ni mentions de sources ou de références, et, d'autre part, les affirmations que paraissent appuyer des preuves, des mentions de sources et des références. Dans ce dernier cas, le lecteur pourra vérifier qu'à chaque fois il est trompé: on le renvoie soit à des témoignages anonymes, soit à des témoins dont, par ailleurs, Pressac confesse qu'ils sont sujets à caution, soit encore à des témoins dont le nom est dissimulé (dans ce cas, il y a renvoi au Kalendarium), soit enfin à des documents qui ne prouvent que "la petite chose vraie" et n'ont pas de rapport avec "le gros mensonge". C'est ce qu'on pourra constater, d'une part, dans les notes 106 à 109 et, d'autre part, dans les notes 228 à 230 ainsi que dans les références aux documents (sic) 30 à 35.
Prenons l'exemple d'un document et d'une note.
Le "document" 30 ne consiste en fait qu'en la reproduction photographique d'une boîte de Zyklon-B ! Quant à la note 228, elle porte simplement: "Kalendarium..., op. cit.,
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p. 440"; or, si l'on s'avise de consulter ledit ouvrage à la page indiquée, on découvre que c'est dans ce calendrier, dont il disait le plus grand mal à la note 107, que Pressac a puisé la fiction des 1 492 gazés (des juifs en provenance de Cracovie); quant à la rédactrice du calendrier, Danuta Czech, elle a emprunté ce récit à l'immanquable Henryk Tauber qui, nous précise-t-elle, reconnaît n'avoir rien vu parce qu'au moment du gazage le Sonderkommando dont il faisait partie avait été enfermé par les Allemands dans... la salle de dissection du crématoire II !

Tromperies en rafale

Précisément, attardons-nous un instant au récit du gazage de ces 1492 juifs dans le crématoire II.
En plus des tromperies que je viens d'énumérer, il convient de remarquer que Pressac a, pour la circonstance, oblitéré toutes les contingences matérielles qui l'embarrassaient. Les SS n'ont pas pu déverser le Zyklon-B dans quatre ouvertures du toit pour la simple raison -- qui se constate encore aujourd'hui -- que de telles ouvertures n'ont jamais existé.
De plus, Pressac sait fort bien, pour avoir lu les documents que j'avais publiés dès 1980 (en particulier les documents de Nuremberg NI-9098 et NI-9912 2, relatifs au Zyklon-B et à son emploi), que les membres du Sonderkommando n'auraient jamais pu pénétrer dans la chambre à gaz "au bout de quinze à vingt minutes" pour y entreprendre
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dans un espace de 21 0 m2 (30 m x 7m) 3 la tâche cyclopéenne qui eût consisté à tondre les cheveux, arracher les dents en or, enlever les alliances et les bijoux, tirer 1492 cadavres vers un petit monte-charge et incinérer ces cadavres en "deux jours" (p. 74). Il sait que l'acide cyanhydrique, composante essentielle du Zyklon-B, adhère fortement aux surfaces, que l'aération en est longue et difficile (il faut près d'une journée d'aération pour une pièce située en surface et dotée de fenêtres) et qu'il imprègne les cheveux, la peau, les muqueuses et pénètre les corps au point de rendre périlleuse la manipulation de cadavres cyanurés (la contamination peut se produire par simple contact). Jamais le Sonderkommando n'aurait pu pénétrer dans un océan d'acide cyanhydrique pour en retirer, à grand ahan, 1492 cadavres cyanurés. Même avec un masque au filtre spécial (le filtre J), tout effort physique est à proscrire parce qu'il accélère la respiration et que, dans le cas d'un tel effort, le filtre laisserait passer le gaz. Pressac a beau y faire souffler le vent de ses ventilateurs, aucun système de ventilation n'aurait pu, en quelques minutes, chasser les molécules de poison adhérant au sol, au plafond, aux murs, à la porte, imprégnant les cadavres ou retenues dans des poches de gaz entre les cadavres amoncelés; je renvoie là-dessus à la technique utilisée dans les chambres à gaz américaines pour l'exécution à l'acide cyanhydrique d'un seul condamné à mort (S. Thion, Vérité historique ou vérité politique?, La Vieille Taupe, Paris, 1980, p. 301-309).
Quant à l'incinération des 1492 cadavres en deux jours dans un ensemble de quinze fours (fonctionnant au coke et
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probablement 12 h sur 24 h), Pressac sait qu'elle est impossible puisqu'elle impliquerait près de cinquante incinérations par jour et par four (aujourd'hui, en France, un four crématoire fonctionnant au gaz et, par conséquent, avec beaucoup plus d'efficacité permet, dans une journée de travail de huit heures, de trois à cinq crémations).
Et puis, de toute façon, où aurait-on pu entreposer ces 1492 cadavres DE GAZES en attente de leur incinération? L'auteur, à qui la question a été si souvent posée, sait qu'il n'y a pas de réponse.
Mais il est une autre question qui vient à l'esprit.
Selon Pressac, les quatre crématoires de Birkenau auraient été transformés en abattoirs. Par exemple, dans les crématoires II et III, les deux pièces prévues pour réceptionner et entreposer les cadavres des morts de chaque jour auraient été transformées subrepticement, l'une en vestibule ou en vestiaire où les juifs se seraient déshabillés (Leichenkeller 2), et l'autre en chambre à gaz où ces mêmes juifs auraient été gazés (Leichenkeller 1). Dans ce cas, on ne voit absolument pas où les Allemands auraient été en mesure de réceptionner et d'entreposer les cadavres des cent personnes par jour, en moyenne, qui trouvaient la mort du fait, en particulier, des épidémies à cause desquelles, précisément, ces crématoires avaient été conçus et bâtis 4 (ce qui est vrai des crématoires II et III l'étant également, en d'autres termes, pour les crématoires IV et V 5).
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Le problème est donc le suivant:
Si les bâtiments appelés crématoires n'étaient, en fait, que des abattoirs pour la réception, l'exécution et l'incinération des juifs, où pouvait-on, à Birkenau, recevoir, entreposer et incinérer les cadavres des morts de tous les jours et, en particulier, ceux des victimes des épidémies qui ravageaient le
camp ?
En d'autres termes: Où étaient les vrais crématoires de Birkenau ?

Pressac supporte mal les contraintes de la soumission aux faits et le refus de la fantaisie et du mensonge qu'au moins en principe tout historien doit s'imposer. Il est beaucoup plus à l'aise dans la fiction, en particulier celle du romancier.

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V

LES DIVAGATIONS DU ROMANCIER



Quand on examine une étude de caractère historique, l'usage n'est pas de s'appesantir sur son style. Tel historien dépourvu d'aisance dans l'expression peut avoir plus de prix que tel autre historien réputé pour l'élégance de son style. Mais Pressac sort de l'ordinaire. Sa conception du récit, son vocabulaire, la tournure de ses phrases n'ont pas leur pareil pour le laisser-aller, la vulgarité, la maladresse. Si je fais erreur, qu'on me nomme un seul livre d'histoire -- ou même de fiction -- où puissent s'étaler, comme dans les extraits qu'on va lire, une telle pauvreté d'invention ainsi qu'autant de clichés, de gaucheries et de balourdises. Pressac écrit plat et bas, surtout lorsqu'il cherche à élever son style, à le fleurir ou à lui donner de la couleur.
Voici donc des échantillons d'une "histoire rigoureuse" (p. 1), que je me dispenserai de commenter. Je suggère
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simplement au lecteur de porter aussi son attention, à tout instant, sur la question suivante: mais où diable Pressac, qui se présente à nous en découvreur d'une "histoire rigoureuse", a-t-il trouvé la preuve de tout ce qu'il nous raconte là?


L'entretien tourna au vinaigre et le SS raccrocha (p. 24).

Naumann ne devait pas être u n SS "normal" car un vrai SS ne s'excusait jamais, quelle que soit sa conduite (Ibid.).

Cet appel ravit l'ingénieur [...]. Mais son collègue Schultze le fut moins (Ibid.).

Les bonnes nouvelles vont souvent de pair (p. 25).

Naumann [...] demandait humblement [...] (Ibid.).

C'est alors que Prüfer fit une bourde, voulant forcer la chance. Le refus de Naumann l'avait fortement contrarié. Il intrigua si b ien [...] (Ibid .).

[...] un certain adjudant SS Heider [...] (Ibid.).

Une lutte larvée fut dès lors enga gée [...] pour saboter ce marché impo (Ibid .).

[...] grâce à un savant freinage administra tif [...] et l'aide imprévue d'un incendie peut-être provoqué par un bombardement allié [...] (Ibid .).

[...] il lui fut répondu sèchement [...] (Ibid .).

[...] sans relations privilégiées avec les pontes du Parti [...]. Le personnel de la firme compatissait, car Ludwig, conscient de ses limites contrairement à son agressif, prétentieux, rigoriste et marié frère cadet, était plus affable (p. 30).

Bien sûr, c'était un pur mensonge [...] (Ibid.).

Mais, leur être redevable devint pour Ludwig une servitude et un piège mortel comme la suite des événements le montrera [fin de chapitre] (Ibid.).

Prüfer n'en dit pas plus dans la, et probablement seule, lettre personnelle qu'il écrivit à Bischoff. En fait, venai t d'être soumise à
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Prüfer une incroyable demande, qui le laissa pantelant d'espoir commercial (p. 31).

Mais Prüfer venait de retomber dans son fâcheux travers, en rajouter, [...] tempêta, en vain, jugeant inutile de se mettre à dos Kammler [.. . ] p. 37).

Les SS de la Section politique, craignant pour leurs précieuses vies [... ] (p. 40).

Himmler s'était lâchement déchargé d'une abominable besogne criminelle sur Höss qui, tout geôlier endurci qu'il était, n'apprécia nullement le dout eux "honneur" dont il était gratifié (p. 45).

[...] la folle passion du Reichsführer pour de redoutables corps de ballet, ses divisions de Waffen-SS (Ibid .).

[...] manne inespérée [...] le déshabillage des Juifs en plein air faisait désordre [...] (Ibid.).

Une astuce fut trouvée. Mettre sur le dos des Juifs les effarantes quantités de gaz employées (p. 47).

[Au sujet des détenus morts du typhus] les civils et SS les accompagnant dans l'au-delà [... ] (p. 5 0).

[...] il avait appris en bavardant avec les SS ce qu'il n'était pas sensé [sic] sav oir [...] (p. 52).

En fait, Prüfer avait joué de malchance, car Ertl se fit vertement tancer par Bischoff [... ] (p. 53).

[...] ce qui n'était pas du luxe [...] (Ibid.).

Le projet était dément [...], mais aucun de ces brillants ingénieurs de la Topf n'eut conscience qu'ils venaient de franchir la limite entre le normal et l'anormal, ce qui les conduira ensuite à basculer dans la complicité criminelle (p. 55).

Les trois SS étaient de retour à Auschwitz pour le repas de midi. On ignore s'ils purent l'avaler (p. 58).

[...] l'enfer avait entrouvert jour et nuit sa gueule rougeoyante au fond du bois de bouleaux (Ibid.).

[Le général SS Pohl se présenta à l'improviste] à Auschwitz pour savoir ce qui s'y passait et où filaient les tonnes de Zyk lon B
[72]
accordées. [...] A sa question sur le Zyklon B, il lui fut répondu qu'avec ce produit, on détruisait à la fois les poux et les Juifs. Pohl, impressionnable et sensible, n'en demanda pas plus. [...] il prévint dès son retour à Berlin le chef des médecins SS, Ernst Grawitz, un sot prétentieux et agressif, qui débarqua le 25 à Auschwitz où ses conseils idiots [etc. ] (p. 59).

Le retour de Holick et de Koch à Erfurt provoqua certainement de sérieux remous dans la firme. Appartenant à la division de Prüfer, ils lui firent leur rapport et évoquèrent les flamboiements du Birkenwald. Si l'ingénieur savait par ouï-dire ce qui s'y passait, il n'en avait jamais vu le résultat. Embarrassé par ce récit, il dut leur conseiller de se taire et de filer chez eux pour profiter de Noël. Holick, qui avait déjà côtoyé à Buchenwald l'univers concentrationnaire qu'il percevait dur et implacable, ne pouvait imaginer que les diatribes de Hitler contre les Juifs puissent se concrétiser en horreurs dont il avait été le témoin avec Koch. Une lettre Topf de début mars 1943 sous-entend que les deux hommes parlèrent. Ils le firent, soit à l'usine, peut-être après avoir été questionnés par les frères Topf sur leur séjour à Auschwitz, soit chez eux avec des membres de leur famille ou des proches, qui s'empressèren t de "co n fier" leurs dires aux responsables de la firme. Dès que l'histoire filtra, Prüfer dut être convoqué par les Topf et sommé de s'expliquer. Cet entretien se situerait début janvier 1943. Il fut trop facile à Prüfer de demander poliment à Ludwig Topf s'il avait passé un aussi bon Noël que celui de l'an dernier avec la charmante Mademoiselle Ursula Albrecht, d'ajouter que cette jeune femme devait être soulagée et heureuse que Monsieur le Directeur ne soit plus soldat, puis de convaincre Ernst-Wolfgang Topf, qui avait approuvé les premiers marchés passés à Auschwitz et signé avec fierté les contrats de vente de dix fours trimoufle pour les crématoires II et III, que si la divi s ion "Krematoriumsbau" n'avait pas décroché ces marchés, la concurrence, la Heinrich Kori ou la Didier-Werke de Berlin s'en serait chargée. D'autre part, les fours Topf n'avaient pas participé aux atrocités du Birkenwald et n'avaient qu'une vocation sanitaire, celle de détruire les germes pathogènes par le feu. Si Ernst-Wolfgang Topf accepta les explications biaisées de Prüfer, Ludwig Topf, neutralisé, ne les refusa pas non plus, car ayant signé après son retour de l'armée le devis des ventilations du créma t oire III, il s'enferra en signant neuf mois
[73]
plus tard celui des désaérations des crématoires IV et V qui, elles, étaient nettement criminelles (p. 65).

[Prüfer] constata avec une tristesse feinte que la garantie du four crématoire IV était expi rée [... ] (p. 79).

La Topf contesta furieusement ce détachement des voûtes [... ] (p. 8 1).

[...] celui-ci niait avec véhémence (p. 82).

[Lors d'une visite d'Himmler] Le convoi de voitures franchit le pont surplombant les gares ferroviaires, s'arrêta à la gare de marchandises pour y voir les nouveaux entrepôts de pommes de terre, bordés par la rampe de sélection des Juifs (doc u ment 49), et repartit à toute vitesse vers Birke n au. "Ont alors été inspectées en détail le s 1re e t 2e tranches de construction du KGL ainsi que les crématoires et les logements de la troupe. A cette occasion, fut particulièrement apprécié l'intérieur propre des logements des détenus dans l a 2e tranche de construction, venant d'être emmé n agée" indique le passage du rapport portant sur Birkenau. Les SS passèrent par la station de traitement des eaux (doc u ment 50), les deux entrepôts de pommes de terre en chantier du KGL, et foncèrent vers Harmense où se trouvaient des élevages de canards et de poulets et une pêcherie à proximité de la nouvelle digue sur la Vistule. Un léger accident de voiture ne modéra en rien la course folle de l'inspection qui s'abattit sur le récent camp des détenues-femmes de Budy, avec ses porcheries (doc u ment 51), ses écuries et son école forestière. Fut ensuite empruntée à toute allur e la "Reichsst r asse" menant à Raïsko dont l'Institut d'hygiène SS e t l'Etablissement de recherches agricoles avec ses dépendances (doc u ment 52) furent explorés de fond en comble. On parcourut au pas de charge les serres de maraîch age [... ] (p. 85).

[...] ce qui provoqua une bruyante manifestation de désappointement, masquant mal un lâche soulagement général (p. 86).

On y fit bombance (Ibid.).

[Titre du chapitre XI:] Horreur, mesquineries et débandade finale (p. 87).

[L'IG Farben] pleurait mille tonnes [de ciment] [... ] (p. 91).

[74 ]
Le " chef" [Pohl] fut généreux, trop généreux [...] savait qu'il promettait du vent [...] (Ibid .).

[...] les enfants tziganes atteints de "noma", aux joues nécrosées et aux yeux fiévreux, souriant de gangrène fétide, fouaillèrent Pohl. Avec devant lui les regards brillants de ces petits hérons dépenaillés, immobiles devant les portes des noires baraques-écuries, et au-dessus d'eux dans le ciel d'azur, à gauche, deux cheminées trapues crachant des flammes et, à droite, une nuée blanchâtre montant du Birkenwald, Pohl dut comprendre que son administration avait transgressé l'éthique courante et en serait stigmatisée. Se remémorant le lundi 22 mai 1933, jour où il avait, dans les jardins du casino de Kiel, rencontré Himmler, il le maudit. Mais le pire était à venir (Ibid.).



Dans sa jeunesse, Pressac avait été vivement frappé par un roman de Robert Merle (La Mort est mon métier, 1952) inspiré de l'histoire de Rudolf Höss, l'un des trois commandants successifs du camp d'Auschwitz (A.T.O., p. 539). Pour sa part, il avait rêvé de composer un roman où il aurait "décrit un monde résultant d'une victoire allemande en 1945 ou 1946" (A.T.O., p. 541), un monde où il aurait évoqué l'extermination des juifs à Auschwitz. Les Crématoires d'Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse est en quelque sorte ce roman dont il rêvait 6.

[75]

CONCLUSION

 

Pressac a cru trouver une voie médiane entre la thèse exterminationniste et la thèse révisionniste. Sa propre thèse est, nous l'avons vue, hybride et biscornue: à Auschwitz un personnel tout à fait subalterne d'ingénieurs et de techniciens civils et militaires aurait sournoisement aménagé d'inoffensives chambres froides pour la conservation des cadavres en chambres à gaz homicides dont l'auteur est, par ailleurs, incapable de nous exposer de manière scientifique la technique et le fonctionnement.
La méthode de travail adoptée par Pressac consiste essentiellement à ignorer les réalités matérielles: structures des pièces qu'on peut voir encore aujourd'hui à Auschwitz et à Birkenau et qu'il ose baptiser du nom de "chambres à gaz homicides", dangers d'utilisation du Zyklon-B, redoutables difficultés d'évacuation du gaz, manque de tout espace pour entreposer les cadavres de gazés en attente d'incinération,
[76]
absence totale de lieux pour réceptionner, entreposer et incinérer les morts de tous les
jours (puisque les crématoires prévus à cet effet auraient été transformés en abattoirs chimiques réservés à la réception, au gazage et à l'incinération des juifs), impossibilités pour les fours crématoires d'incinérer tant de cadavres. Sa méthode d'exposition consiste également à dissimuler et à tricher, surtout dans l'usage aussi bien des documents que des sources et des références.
Le résultat de son travail est indigent. La seule information, digne de quelque intérêt, qu'on puisse tirer de son ouvrage est que, selon Pressac, le total des (juifs) gazés à Auschwitz et à Birkenau aurait été de 630.000 et le total des morts (de 1940 à 1945) de 775.000, chiffre arrondi à 800.000. Encore cette information est-elle dépourvue de toute valeur scientifique puisque rien ne vient l'étayer. Elle témoigne seulement de la nécessité de procéder à une baisse des estimations habituelles, baisse qui prélude sans doute à d'autres révisions du même type dans un avenir plus ou moins proche 7.
Sur les 80.000 pièces consultées ou consultables aux archives de Moscou, Pressac n'en a guère retenu qu'une: une lettre insignifiante, de caractère commercial, sur des détecteurs de gaz (Gazprüfer). J'ai des raisons de penser qu'il a passé sous silence l'existence de pièces tout à fait favorables à la thèse révisionniste; je pense en particulier qu'il a découvert des plans détaillés des Leichenkeller ou chambres
[77]
froides des crématoires II et III ainsi que des plans détaillés des pièces des crématoires IV et V qu'il a baptisées du nom de "chambres à gaz homicides". Les Allemands ne se contentaient pas de simples plans de masse: en témoignent les plans extraordinairement précis et détaillés du Leichenkeller de Sachsenhausen que j'avais personnellement découverts en 1986 (voy. R.H.R. n* 3, p. 106-107).
A Auschwitz, les Allemands, nous dit-on, auraient commis un crime aux proportions gigantesques. Une expertise de l'arme qu'ils auraient utilisée pour perpétrer une telle abomination devient indispensable. On expertise aujourd'hui des vestiges qui remontent à plusieurs milliers d'années. Dès lors, pourquoi ne pas expertiser des bâtiments ou des vestiges vieux d'un demi-siècle seulement ? Si le crématoire I devait être tenu, comme on nous le dit, pour "partiellement reconstruit", en quoi cela empêcherait-il une expertise, ne fût-ce précisément que pour déterminer les parties originales et les parties reconstruit? 8 (26) Quant à la prétendue "chambre à
[78]
gaz" du crématoire II, elle est, sous son toit effondré, quasiment préservée: une aubaine pour les experts. Au lieu d'expertiser, comme on l'a fait après la guerre, des cheveux, quelques objets métalliques et du mortier (Institut de criminologie de Cracovie, 12 juillet 1945, rapport signé de J. Robel), pourquoi ne pas réclamer une expertise de ce local ?
En publiant Les Crématoires d'Auschwitz, les autorités du CNRS se sont, d'elles-mêmes, mises au pied du mur. L'introduction de l'ouvrage préconise "une reconstitution historique enfin affranchie des témoignages oraux ou écrits, toujours faillibles et se contractant en sus avec le temps". L'heure est venue de passer aux actes. Si ces autorités croient devoir récuser toutes les expertises de spécialistes et de laboratoires indépendants qui, depuis 1988, sont venues confirmer la thèse révisionniste et si, par ailleurs, elles ont des raisons, qu'elles refusent de rendre publiques, pour tenir
[79]
au secret les résultats de la contre-expertise menée en 1990 par l'institut de criminologie de Cracovie sur la demande du Musée d'Auschwitz, il leur reste la solution d'entreprendre leur propre expertise ou de confier le soin d'une expertise à une commission internationale d'experts.
Le plus grand crime de l'histoire ne peut continuer à se passer d'une expertise au grand jour. Les juges de Nuremberg s'en sont tranquillement dispensés et bien d'autres juges à leur suite, en particulier ceux du procès dit "des gardiens d'Auschwitz" (Francfort, 20 décembre 1963 - 20 août 1965); au cours de deux descentes de justice à Auschwitz, l'arme présumée du crime n'a pas même fait l'objet d'une inspection de la part des magistrats allemands; cette absence de curiosité était délibérée tout comme l'avait été la défense faite au révisionniste Paul Rassinier d'assister au procès.
Certes, on voit bien ce que la légende qui s'est développée autour du nom d'Auschwitz perdrait à une telle expertise mais il ne fait pas de doute que la science, l'histoire et la justice y gagneraient.
Là comme ailleurs, les révisionnistes ont ouvert la voie: il suffirait de les imiter et de se mettre au travail, sérieusement.

Décembre 1993



ANNEXE

Le document NI-9912: il anéantit tous les prétendus "témoignages", sans exception, sur l'emploi du Zyklon-B pour tuer des êtres humains 9 (27)


On notera que le document NI-9912 mentionne à six reprises l'emploi d'un appareil de détection des résidus d'acide cyanhydrique (voyez les mots de "Gasrestnachweisgerä t " ou de "Gasrestnachweis" 10. Sans cet appareil, les désinfections au Zyklon-B devenaient impossibles. On ne comprend donc pas que Pressac ait osé fournir comme une preuve définitive de l'existence de chambres à gaz homicides (!) la mention, dans une lettre purement commerciale, d'une commande de dix appareils de ce genre couramment employés lors des gazages de désinfection. La direction centrale de la construction à Auschwitz (Zentral-Bauleitung) éprouvait au début de l'année 1943 des difficultés à se procurer de tels appareils auprès du fournisseur attitré. A cette époque, le contingentement de tous les produits se faisait de plus en plus sévère. Il n'y a donc rien d'anormal à ce qu'on la voie se tourner vers la société Topf et fils. Même en temps de paix et de prospérité il arrive qu'une entreprise demande à des tiers un produit qu'elle ne peut se procurer à la source. A plus forte raison, en temps de guerre et de rationnement. D'ailleurs, dans son propre livre, Pressac mentionne des commandes adressées à des tiers (à la page 57, il s'agit d'obtenir du bitume et, à la page 70, on voit la Zentral-Bauleitung s'adresser à la même société Topf et fils pour qu'elle lui obtienne... des ascenseurs !).

Le document NI-9912 provient des archives des procès de Nuremberg. Il a été enregistré par les Américains à une date tardive: le 21 août 1947, sous la cote NI (Nuremberg, Industrialists). Il provient des archives de de la Degesch 11 . Il est répertorié sous quatre rubriques, dont la rubrique des "Atrocités" (sic).
L'original se présente sous la forme de quatre grandes pages à placarder. Il s'agissait d'une affichette qui a dû être distribuée à de très nombreux exemplaires, ici par l'Institut d'hygiène de Prague en pleine guerre sans doute. Son contenu montre qu'il s'agit de directives pour l'emploi du Zyklon (acide prussique ou cyanhydrique) en vue d'exterminer la vermine dans des bâtiments qui pouvaient être aussi bien civils que militaires (appartements, casernes, etc.). Ce document nous rappelle opportunément une vérité d'expérience: de toutes les armes mortelles, le gaz restera sans doute long temps la moins maniable; quand il tue, il tue si bien qu'il peut être fatal au tueur qui s'avise de l'employer.
Autant il est facile de se tuer avec de l'acide prussique, autant il est difficile avec ce gaz de tuer son prochain sans encourir soi-même de terribles risques.
Ce document décrit les propriétés du Zyklon, son risque d'explosion, sa toxicité. Seules des personnes possédant un certificat délivré au terme d'un entraînement spécial peuvent utiliser ce produit. Le programme d'un gazage, puis ses préparatifs nécessitent des mesures et des travaux qui requièrent plusieurs heures, sinon plusieurs jours. Puis vient l'opération elle-même. Parmi de nombreux détails on notera que les granulés de Zyklon ne se déversent pas en tas ou à la volée. Pour avoir son effet, il doit être étalé en couche mince sur des napperons de papier; rien n'ira s'égarer dans un coin et tout sera récupéré le moment venu. Il faudra de 6 à 32 heures pour tuer la vermine (21 heures en moyenne). Puis viendra le moment le plus critique: celui de l'aération. Le texte dit: "L'aération présente le plus grand danger pour les participants comme pour les non-participants. Il faut donc y procéder avec une prudence particulière et toujours en portant le masque à gaz." Cette aération devra durer "au moins 20 heures". Des gardes, pendant tout ce temps et même par la suite, doivent rester près du bâtiment. Pour s'assurer qu'il ne reste plus de gaz, les spécialistes, toujours portant leur masque, pénètrent dans les locaux avec une bande de papier indicateur de gaz résiduel. Vingt heures auparavant, la simple ouverture des portes et fenêtres ainsi que les débouchages faciles (cet effort n'est rien à côté du transport de milliers de cadavres !) avaient présenté un certain danger puisque, après chaque étage aéré, il leur avait fallu se rendre à l'air libre et, là, ôter leur masque pour respirer l'air frais pendant dix minutes au moins. Tout est à l'avenant et je laisse au lecteur le soin de découvrir à chaque ligne de ce document combien, par comparaison, les récits de témoins de "gazages" homicides offensent les lois de la physique et de la chimie.

VOIR LE DOCUMENT NI-9912


1 On trouve une exacte représentation du secteur B II f dans Hefte von Auschwitz, 15, Verlag Staatliches Auschwitz-Museum, 1975 (hors-texte situé entre les pages 56 et 57). Le terrain de sport est appelé Sportplatz et le secteur hospitalier Krankenbaulager für Männer  il y avait plusieurs autres secteurs hospitaliers.

2 Voyez, en annexe, la traduction du document NI-9912 dont l'importance est capitale pour mesurer combien dangereux est l'emploi du Zyklon-B.

3 De ces 210 m2, il faudrait soustraire l'espace occupé par sept forts piliers de béton.

4 Les quatre crématoires sont entrés en fonction entre le 31et le 251943  Pressac constate que, pour l'année 1943, les registres mortuaires (Sterbebücher) permettent d'estimer à cent la mortalité journalière des «gazés» (p. 45-146).

5 Au sujet des crématoires IV et V, Pressac persiste à éluder la question que je pose depuis quinze ans: «Comment peut-on se permettre d'appeler chambres à gaz homicides les deux pièces qui, dans chacun de ces crématoires, possédaient, chacune, un poêle à charbon (Kohle)?» Par ailleurs, la disposition des lieux est telle qu'en entrant dans ces crématoires le premier spectacle qui se serait offert à la vue des futures victimes aurait été la grande salle servant de chambre froide, une salle dont Pressac veut nous faire croire qu'elle servait à entreposer les cadavres des gazés!

6 Un roman que déparent tant de négligences orthographiques et tant d'erreurs typographiques qu'on peut s'étonner de le voir publier aux éditions du CNRS.

7 Pressac et les exterminationnistes fondaient quelque espoir sur les archives de Moscou et sur celles de toutes les grandes villes de l'Est. Il leur a fallu déchanter: ni Pressac ni Gerald Fleming n'ont fait de découvertes à Moscou;  quant à Shmuel Krakowski, il n'a rien trouvé à Prague, Budapest, Riga, Wilno qui puisse confirmer la thèse de l'"Holocauste" ("Möglichkeiten der Forschung/Die Holocaust-Forschung und die Archive in Osteuropa", Antisemitismus in Osteuropa, Vienne, Picus Verlag, 1992, p. 115-129).

8 L'explication embarrassée du Musée d'Auschwitz selon laquelle la chambre à gaz du crématoireest "très semblable à celle qui existait en 1941-1942" date de fort longtemps. Elle ne date pas de septembre 1992 comme se l'est imaginé David Cole. Ce jeune révisionniste américain d'origine juive a cru avoir réalisé un exploit en obtenant l'année dernière, dans une interview télévisée, ce type d'explication de la bouche de Franciszek Piper, directeur des archives du Musée. Or, j'avais déjà personnellement obtenu cette réponse seize ans plus tôt, le 17 mars 1976, de la bouche d'un autre responsable du Musée, Jan Machalek. J'ai souvent rapporté l'épisode parce que, tirant parti de cette explication embarrassée, je ne m'en étais pas contenté, comme l'a fait D. Cole, mais j'avais demandé à voir les plans pour me faire une idée de ce qui avait été reconstruit et de ce qui n'avait pas été reconstruit. J'avais alors découvert ce que, dans mes livres, mes articles, mes enregistrements, mes dépositions à la barre des tribunaux français ou canadiens, je n'ai jamais cessé de décrire, preuves à l'appui, comme "la supercherie de la chambre à gaz du crématoire I". Voyez, en particulier, Storia Illustrata, août 1979, p. 26  S. Thion, Vérité historique ou vérité politique?, La Vieille Taupe, 1980, p. 185, 314  The Journal of Historical Review, Summer 1980, p. 109  Winter 1981, p. 335  Summer 1990, p. 187  Spring 1991, p. 33-35  R.H.R. n* 3, p. 75-77;  la transcription de mon témoignage au premier procès Zündel à Toronto, en 1985, p. 2364-2366 . Voyez également ma vidéo sur "Problème des chambres à gaz" (1982) et mes cassettes sur le même sujet. D'ailleurs, dès 1968, Olga Wormser-Migot avait admis qu'Auschwitz I était "sans chambre à gaz" (Le Système concentrationnaire nazi (1933-1945), P.U.F., 1968, p. 157). En 1985, Raul Hilberg, au premier procès Zündel à Toronto, parlait de "chambre à gaz partiellement reconstruite" (transcription, p. 774). La même année, Pierre Vidal-Naquet disait du crématoirequ'il avait été "reconstruit après la guerre par les Polonais [...];  aucun doute sur la réfection" (L'Allemagne nazie et le génocide juif, Gallimard/Le Seuil, 1985, p. 510, 516). En 1989, Jean-Claude Pressac insistait à trois reprises sur le fait que ce crématoire, loin de constituer une "reproduction fidèle de son état original", avait été "restructuré", "reconstruit", "reconstitué" et qu'il avait subi des "transformations" (A.T.O., p. 109, 123, 133). Il est dommage qu'en septembre 1992 D. Cole se soit contenté de l'explication stéréotypée de F. Piper et qu'ignorant le dossier il n'ait pas mis son interlocuteur devant les plans que j'avais publiés douze ans plus tôt et qui prouvaient clairement la fraude de la prétendue "reconstruction partielle".

9 Pour une grande partie, cette annexe est extraite de: Robert Faurisson, Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire, La Vieille Taupe, 1980, p. 165-178).

10 Le mot de "Gasprüfer " (détecteur de gaz) est un terme générique. Il s'applique à tout appareil de détection d'un gaz quelconque. Dans la lettre commerciale que cite Pressac les dix détecteurs sont spécifiquement désignés par l'expression "Anzeigegeräte für Blausäure-Reste" (appareils de détection pour les résidus d'acide cyanhydrique ou prussique) (doc. 28).

11 Acronyme de "Deutsche Gesellschaft für Schädlingsbekämpfung" (Société allemande pour la lutte contre les parasites), produisant, en particulier, le Zyklon-B.

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