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Réponse à Jean-Claude Pressac

SUR LE PROBLÈME DES CHAMBRES A GAZ
(1/2)

par Robert Faurisson


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Avertissement

Le livre de Jean-Claude Pressac, Les Crématoires d'Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse, auquel répond le présent ouvrage, tombe indiscutablement sous le coup de la loi Fabius-Gayssot telle que la reproduit le code pénal et, surtout, telle qu'elle se trouve appliquée par les magistrats de la XVII e chambre correctionnelle et ceux de la XIe chambre de la cour d'appel de Paris (ainsi que par les magistrats de Caen, de Fontainebleau, d'Amiens, de Nice, etc.), qui vont jusqu'à réprimer, sans que la loi leur en fasse une obligation, les moindres sous-entendus, arrière-pensées ou tendances dénotant la possibilité d'existence d'une hérésie révisionniste irrespectueuse des dogmes édictés, en 1945-1946, par les juges de Nuremberg. A elle seule, la brève introduction de Pressac (p. 1-2) contient quatre motifs de condamnation. L'auteur y affirme ou y laisse entendre qu'au procès de Nuremberg les juges se sont passés d' " informations techniques indiscutables sur la machinerie du meurtre de masse "; qu'ils n'avaient qu'une " connaissance à peine suffisante " des faits ; que la reconstitution historique à laquelle ils se sont livrés sur le chapitre du génocide et des chambres à gaz homicides n'était pas " affranchie des témoignages oraux ou écrits, toujours faillibles " et que, pour ne prendre que cet exemple, la date qu'ils ont assignée au " démarrage de la phase industrielle de la "Solution finale" " était si gravement erronée qu'il faudrait aujourd'hui la repousser d'un an. Cent autres motifs de condamnation pourraient être relevés dans les deux cents autres pages de son livre. Les propos q u'il a tenus dans les médias ne

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font qu'aggraver son cas (voy., en particulier, l'article de Laurent Greilsamer dans Le Monde des 26/27 septembre 1993).

Si Pressac échappe à toute poursuite judiciaire sur le fondement de la loi Fabius-Gayssot ou de telle autre loi, il devra en être de même pour ceux qui lui répondent en se plaçant sur le même plan que lui. En revanche, si ces derniers devaient être poursuivis, Pressac, lui aussi, indépendamment de toute prescription extinctive, aurait à comparaître à la barre de la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris en compagnie des responsables du CNRS qui ont publié son ouvrage.


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PREFACE

Mais qui sont donc les révisionnistes ? Et que disent-ils ?

On en parle depuis la fin des années soixante-dix. Cependant, on ne les voit ni ne les entend pour ainsi dire jamais et leurs arguments, s'ils en ont, sont toujours présentés par leurs adversaires. On ne peut les lire. La loi l'interdit. On les condamne, on les frappe, on les emprisonne. Mais pourquoi donc ?

On a forgé contre eux une loi spéciale : la loi Fabius-Gayssot. On leur en prépare une autre : la loi Méhaignerie-Pasqua-Goldenberg.

En même temps, on les dit morts ! Morts et enterrés !

Dans son récent ouvrage, Les Crématoires d'Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse, le pharmacien Jean-Claude Pressac apporte une réplique à la fois neuve, scientifique et définitive au chef de file des révisionnistes français, c'est-à-dire au professeur Faurisson -- qu'il ne nomme pas mais qu'il désigne ; du moins est-ce là ce que prétend une assourdissante campagne médiatique qui vient de se développer dans tout le monde occidental.

J.-C. Pressac se présente en chercheur soucieux de précision. Dans les médias, il affecte la froideur et le calme de l'homme de science aux prises avec le " problème des chambres à gaz " d'Auschwitz. Quant à son livre, il semble fourmiller de données techniques. Telles sont du moins les apparences.

Robert Faurisson se devait de répondre à un tel ouvrage. Il en connaît l'auteur qui, au début des années quatre-vingts, était venu lui confier ses propres doutes sur l'existence des chambres à gaz d'Auschwitz.

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J.-C. Pressac était allé jusqu'à proposer ses services. Il avait été pris à l'essai. Puis, il avait été congédié par le professeur pour son inaptitude à la recherche scientifique, ses difficultés à s'exprimer, " sa confusion d'esprit, ses peurs paniques, son horreur de la clarté et des positions franches " (voy. R.H.R. n * 3, novembre 1990/janvier 1991, p. 130).

Aucun journaliste n'a pris contact avec Robert Faurisson pour lui demander son opinion sur un livre qui, à en croire leurs propres déclarations, anéantirait, paraît-il, tant d'années de recherche. Serait-ce à dire que les journalistes savent ou soupçonnent qu'en réalité la substance du livre de J.-C. Pressac n'a rien de neuf, que seule l'apparence en est scientifique et qu'au fond, une fois de plus, sans qu'on l'ait voulu, se trouve ainsi confirmée la solidité de la position révisionniste ?

A la fin de l'année 1978 et au début de l'année 1979, à une époque où Le Monde avait publié les vues du professeur Robert Faurisson sur " la rumeur d'Auschwitz " ou " le problème des chambres à gaz " (cette dernière formulation est d'Olga Wormser-Migot, historienne d'origine juive), une contre-offensive médiatique de grande envergure avait donné à entendre que le révisionnisme venait d'être tué dans l' oe uf. En juin 1982, un colloque international de la Sorbonne, annoncé à son de trompe par les journaux, allait, paraît-il, confirmer la mort du révisionnisme historique. Nombre d'autres colloques, en France et à l'étranger (notamment, en 1988, celui d'Oxford organisé sur une vaste échelle par le magnat de la presse Robert Maxwell) propageaient, dans les années suivantes, l'information selon laquelle des documents ou des arguments sensationnels permettaient d'enterrer pour toujours le phénomène du révisionnisme. En 1986 avait éclaté en France, puis dans toute une partie du monde, l'affaire de " la thèse de Nantes "; l'auteur de cette thèse, Henri Roques, se voyait clouer au pilori, son titre de docteur lui était retiré et on nous assurait que sa thèse disparaîtrait dans les oubliettes de l'histoire. En 1990, nouvelle mobilisation médiatique, cette fois pour ensevelir l'universitaire lyonnais Bernard Notin. Des procès à grand spectacle en Israël, à Lyon, en Allemagne, en Autriche, au Canada prenaient le relais de prétendues victoires, toujours plus définitives les unes que les autres, sur des révisionnistes dont il était, par ailleurs, impossible d'entendre la voix, ce qui sans doute confirmait qu'ils étaient morts et bien morts. De façon

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chronique, des ouvrages antirévisionnistes étaient, en grande fanfare, lancés sur le marché : ce fut le cas, en 1980, du livre de Filip Müller, Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz ; en 1981, du livre de Georges Wellers, Les Chambres à gaz ont existé; et, en 1984, du livre d'Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl et d'un ensemble de vingt-et-un autres auteurs, Les Chambres à gaz, secret d' E tat. Chaque année de nouveaux musées de l'Holocauste, des expositions, des films comme Holocauste ou Shoah, des documentaires, des spectacles venaient illustrer la défaite infligée aux révisionnistes.

Le livre de J.-C. Pressac ne fait que prendre rang dans cette série de mises en scène à répétition.

Mais il faut lui rendre cette justice que, sans l'avoir voulu, J.-C. Pressac vient, d'un seul coup, de lever les interdits qui pesaient sur la libre recherche historique. Son ouvrage constitue, en effet, un défi à la loi Fabius-Gayssot, une loi dont il déclare qu'elle " interdit de s'exprimer librement " en matière d'histoire mais que, pour sa part, il outrage à plaisir (Le Monde, 26/27 septembre 1993). La voie est donc libre ...

En mai 1992, la R.H.R. s'était vue contrainte d'interrompre toute publication après sa sixième livraison et sa vocation n'a jamais été de publier des ouvrages. Elle ne peut donc publier cette Réponse à Jean-Claude Pressac ni comme une suite d'articles ni comme un ouvrage. Mais elle prend la responsabilité de la diffuser. Pendant deux ans, R. Faurisson a été le conseiller scientifique de notre revue et lui a personnellement fourni maintes contributions sous la forme d'articles ou d'études signés de son nom. En dépit des mesures d'interdiction prises à notre encontre par Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur (arrêté du 2 juillet 1990), et malgré les rigueurs de la loi Fabius-Gayssot instituant le délit de révisionnisme historique ( " contestation de crimes contre l'humanité " tels que sanctionnés au procès de Nuremberg), nous avions ainsi donné la parole au proscrit.

Il y a quinze ans, R. Faurisson avait pris publiquement l'initiative -- il était le premier au monde à le faire -- de placer " le problème des chambres à gaz " sur le plan matériel et scientifique. Son audace avait longtemps paru sacrilège. A présent, les adversaires des révisionnistes se voient contraints d'avancer sur le terrain où R. Faurisson espérait les voir s'engager. A l'ouvrage de J.-C. Pressac qui se veut essentiellement technique, il était normal qu'on pût opposer une réponse essentiellement technique. Ainsi qu'on le

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constatera, c'est ce que fait le professeur Faurisson dont la spécialité est, selon la dénomination officielle, la " critique de textes et documents (littérature, histoire, médias) " .

La Réponse à Jean-Claude Pressac constitue, grâce à l'analyse du professeur Faurisson, un discours de la méthode à suivre dans l'examen d'un problème historique et elle illustre ce qu'en la personne du pharmacien J.-C. Pressac la fausse science peut, avec l'aide des médias, créer de faux-semblants; elle permet, en cette fin d'année 1993, d'évaluer l'importance des concessions que la science historique officielle a dû faire au révisionnisme historique; enfin, elle aide la véracité des faits à reprendre ses droits sur les aberrations d'une propagande de guerre qui n'a que trop duré. Aussi longtemps qu'on ajoutera foi à ces aberrations, on ne saura pas voir que le vrai crime de guerre, le vrai " crime contre l'humanité " , est la guerre elle-même, avec son cortège d'horreurs vraies.

La Rédaction de la R.H.R.
24 décembre 1993

TABLE DES MATIÈRES




Avertissement 5
Préface .................................................. 7
INTRODUCTION .............................. 11
I -- LES E VIDENCES ........................ 19
que Pressac n'a pas pu taire
II -- LES R E ALIT E S ........................ 29
que Pressac a passées sous silence
III -- LES EXP E DIENTS ................... 37
que Pressac emprunte à d'autres historiens
IV -- LES TROMPERIES .................... 51
qui sont propres à Pressac
V -- LES DIVAGATIONS ................. 69
du romancier
CONCLUSION.................................. 75
Annexe : Le document NI-9912....... 80

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INTRODUCTION

Le récent ouvrage de Jean-Claude Pressac porte pour titre : Les Crématoires d'Auschwitz et, en sous-titre: La Machinerie du meurtre de masse (CNRS éditions, août 1993, VIII-156 p. et 48 p. hors-texte). Le titre tient ses promesses tandis que le sous-titre manque aux siennes. Dans cet ouvrage le contraste est saisissant entre, d'une part, la pléthore de preuves et de documents attestant l'existence -- que personne ne conteste -- de crématoires et, d'autre part, l'absence de preuves et de documents attestant l'existence -- fort contestée -- de chambres à gaz homicides à Auschwitz.


Ni photographie ni dessin


D'un auteur qui prétend que les chambres à gaz nazies ont existé on est en droit d'exiger une représentation physique de ces extraordinaires abattoirs chimiques. Or, le livre de
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Pressac ne contient ni une photographie, ni un dessin, ni un croquis, ni une maquette de chambre à gaz homicide. Dans le cahier photographique de 48 pages figurent soixante "documents" mais aucun de ceux-ci n'a de rapport avec les chambres à gaz homicides, y compris, comme on le verra ci-dessous, le seul "document" (n* 28) présenté abusivement comme une preuve. L'auteur n'a pas même osé reproduire en photographie la chambre à gaz du crématoire I, celle que tout le monde visite à Auschwitz. Il n'a pas non plus présenté l'intérieur et l'extérieur des restes -- fort parlants -- de la prétendue chambre à gaz du crématoire II à Birkenau. La maquette imprudemment exposée par les Polonais dans le Block 4 du Musée d'Auschwitz n'est pas non plus reproduite. Le motif de tant d'abstentions se devine aisément: la moindre tentative de représentation physique de l'une des prétendues chambres à gaz homicides d'Auschwitz rendrait immédiatement patentes les impossibilités physiques et chimiques de tout gazage à l'acide cyanhydrique en ces lieux 1.


Rien d'une nouveauté


Ce livre, bien modeste par son contenu, n'a rien d'une nouveauté. Il n'est, pour l'essentiel, que le résumé du fastidieux pensum que Pressac avait publié en 1989 sous le titre trompeur d'Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers 2, dont j'avais publié la recension dans un article
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intitulé: "Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers (1989) ou Bricolage et "gazouillages" à Auschwitz et Birkenau selon J.C. Pressac (1989)" 3. Quitte à paraître présomptueux, je constate aujourd'hui que ma recension de 1990 a conduit Pressac à limiter ici son argumentation sur les chambres à gaz, à la réduire à quelques pauvres pages extrêmement confuses et, pour commencer, à choisir en français un titre beaucoup moins ambitieux que celui de son ouvrage en anglais.

Auschw
itz: 800 000 morts au lieu de neuf millions


La seule importante nouveauté de ce livre en français réside dans le total des morts d'Auschwitz, selon Pressac. Dans le film d'Alain Resnais, Nuit et Brouillard, ce total était de neuf millions ("Neuf millions de morts hantent ce paysage", est-il dit à la fin du film). Au procès de Nuremberg, un document ayant "valeur de preuve authentique" (doc. URSS-008) fixait le total à quatre millions. Jusqu'en avril 1990, c'est ce même chiffre qui figurait en dix-neuf langues différentes sur dix-neuf dalles du monument de Birkenau. En avril 1990, les autorités du Musée d'Auschwitz retiraient discrètement ces inscriptions; il était alors question d'inscrire le chiffre d'un million et demi. En France, François Bédarida se prenait à envisager le chiffre de 950 000 (Le Monde, 22/23 juillet 1990, p. 7). Voici que Pressac se décide pour celui de 775 000, arrondi à 800 000, le total des juifs gazés étant, lui, estimé à 630 000 (p. 148) 4. Le chiffre réel est probablement de
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150 000 morts, juifs et non juifs, de 1939 à 1945, la grande majorité de ces morts étant due à des causes naturelles et, en particulier, aux épidémies de typhus et de fièvre typhoïde.

Pressac ne croit plus à "Wan
nsee" mais il continue de croire en Hitler


Autre nouveauté: Pressac ne croit plus que, le 20 janvier 1942, à la conférence de Wannsee présidée par Heydrich, les Allemands auraient décidé l'extermination physique des juifs (v o y., ci-dess o us , p. 19-20). Il semble, par ailleurs, qu'il ne croit guère à l'existence d'une politique d'extermination des juifs (ce qu'on appelle le génocide). En tout cas, pas un instant il ne met en cause Adolf Hitler 5. Le nom du Führer ne paraît que quatre fois dans son livre: d'abord, au sujet des "projets architecturaux" d'Hitler "qui devaient glorifier le renouveau allemand et servir à résorber le chômage" (p. 6), puis à propos de l'un de ses secrétaires (p. 10) et des diatribes d'Hitler contre les juifs (p. 65) et, enfin, au sujet de "la reprise des activités [économiques] entraînée par l'arrivée d'Hitler à la Chancellerie" (p. 137).

La théorie des "gazouillages"


La théorie pressacoise sur Auschwitz est des plus biscornues. Elle est celle des "gazouillages", des "bricolages", des "bavures" et des "bévues". Bien entendu, l'auteur
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n'emploie le mot de "gazouillages" que dans ses conversations privées mais ce calembour résume bien la théorie en question.
Selon Pressac, les Allemands auraient improvisé aussi bien le crime que l'arme du crime. Ils auraient "gazouillé" çà et là, de temps en temps, dans des proportions irrégulières plutôt qu'ils n'auraient gazé de façon systématique, continue et jusqu'à tuer des millions de victimes. Pour commencer, toujours selon Pressac, à Auschwitz, les Allemands n'aura ient PAS MÊME CONST RUIT de chambres à gaz homicides. Il admet que les crématoires II et III de Birkenau, par exemple, terminés en 1943, n'avaient pas été conçus en août 1942 pour tuer mais seulement pour incinérer des cadavres. Il reconnaît que ces crématoires possédaient d'inoffensives chambres froides (qu'il appelle morgues) pour la conservation des cadavres en attente de leur incinération; mais, ajoute-t-il, ce sont ces chambres froides que les Allemands auraient, à une date imprécise et dans des conditions obscures, décidé de transformer en chambres à gaz homicides. Ces Allemands auraient été, tout au plus, quelques capitaines, lieutenants et sous-officiers SS ainsi que quelques ingénieurs et techniciens civils de la crémation, de l'isolation et de la ventilation et non pas, comme on aurait pu s'y attendre, d'éminentes autorités politiques ainsi que des chimistes, des médecins et des toxicologues. Le maître d'oeuvre aurait été un ancien ouvrier maçon (p. 10) devenu spécialiste de la construction des fours crématoires dans une société d'Erfurt, la société Topf et Fils. Ce génie du mal s'appelait Kurt Prüfer. Après la guerre, les Américains l'arrêtèrent, l'interrogèrent puis, estimant qu'il n'avait jamais construit que des fours crématoires, le relâ-chèrent. Prüfer retourna en Allemagne de l'Est, à Erfurt. Mal
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lui en prit. Le KGB l'arrêta, l'interrogea et, en avril 1948, il fut condamné à vingt-cinq ans de travaux forcés 6. Quatre ans plus tard, il décédait en prison.
Aux dires de Pressac, Prüfer et ses aides travaillaient si mal que la transformation des chambres froides en chambres à gaz s'apparenta à du bricolage; par exemple, dans la chambre froide, l'entrée d'air se faisait par le haut et la sortie d'air par le bas, ce qui, Pressac lui-même en convient, est normal pour une chambre froide contenant des cadavres; or, le gaz cyanhydrique, composante essentielle du Zyklon-B, est moins dense que l'air; il aurait donc fallu, dit-il, inverser le système d'aération pour évacuer le gaz par le haut, après le gazage des victimes, car l'emploi de gaz cyanhydrique dans une telle pièce aurait été "techniquement insensé" (p. 71). Or, au lieu d'inverser le système d'aération, les spécialistes de la ventilation le conservèrent. Ils se contentèrent de vérifier "la puissance de ventilation" (Ibid.). Ils ventilaient beaucoup dans ces chambres à gaz. L'auteur nous étourdit de considérations sur le sens des vents et des courants d'air ainsi que sur la force des ventilateurs. Non sans raison, certains révisionnistes facétieux lui ont reproché d'avoir transformé ses chambres à gaz en chambres à air et de mettre un peu trop de vent dans ses propos.
Pressac laisse entendre que les bricolages de ces petits techniciens allemands ne pouvaient pas laisser de traces ou de preuves bien visibles de leur activité criminelle; aussi, nous en prévient-il, au lieu de bonnes et solides preuves de l'existence de chambres à gaz homicides, ne pouvons-nous
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espérer découvrir que de menus indices, des commencements de preuves, des éléments de preuves ou des adminicules qu'en son langage il appelle des "bavures" ou des "bévues" criminelles. Encore faut-il une sagacité toute particulière pour détecter ces traces infimes d'un crime sans précédent dans l'histoire et cette sagacité, cela va de soi, ne peut être que celle de Pressac, pharmacien le jour et historien la nuit.

Les promesses de Pressac et la réalité


Dans son introduction, il nous promet une "histoire rigoureuse" d'Auschwitz, "une compréhension presque parfaite de l'ingénierie criminelle" et une "reconstitution historique enfin affranchie des témoignages oraux ou écrits, toujours faillibles et se contractant en sus avec le temps" (p. 1-2).
Nous verrons qu'il ne s'agit là que de rodomontades et que le corps du livre est, tout à l'inverse, riche de confusions, d'incohérences, d'approximations; le recours aux témoignages y est de pratique constante dès qu'il s'agit des prétendus gazages homicides. Même sur la question des fours crématoires, les propos sont décousus et souvent obscurs.

Pour juger un tel ouvrage, on devrait lui appliquer le plus simple des critères: si l'auteur y propose la photographie ou le dessin d'une chambre à gaz nazie, on l'écoutera; dans le cas contraire, on ne l'écoutera pas. Pressac, qui est bon photographe, bon dessinateur et probablement bon maquettiste, a soigneusement évité l'épreuve de vérité qui eût consisté à nous proposer la représentation matérielle de l'un de ces prodigieux abattoirs chimiques. En conséquence, on ne devrait
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pas s'attarder à ce produit d'un cerveau brouillé. Personnellement, je le ferai néanmoins afin que le lecteur prenne la mesure de la catastrophe que constitue ce livre pour les adeptes de la thèse exterminationniste.
Procédant en cinq temps, j'évoquerai, tour à tour, les évidences que l'auteur n'a pas pu taire, les réalités qu'il a passées sous silence, les expédients qu'il a empruntés à d'autres historiens de l' "Holocauste", les tromperies qui lui sont propres et, enfin, ses divagations de romancier.
Pour terminer, je renouvellerai la proposition de l'Américain Fred Leuchter et je suggérerai à nos adversaires de fonder une commission internationale d'experts qui procéderait, à Auschwitz et à Birkenau, sur place, à l'examen de l'arme d'un des crimes les plus atroces que l'histoire aurait connus; ainsi seraient expertisés les locaux ou les emplacements où des centaines de milliers de juifs (des millions, disait-on autrefois 7) auraient été tués à l'acide cyanhydrique.

Pour des historiens qui se piquent d'entreprendre enfin une histoire scientifique d'Auschwitz, il n'y a plus de raison de refuser une telle expertise.

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I

LES EVIDENCES
QUE PRESSAC N'A PAS PU TAIRE

A cause de découvertes fondamentales dues aux révisionnistes, il est des évidences embarrassantes que les exterminationnistes ne peuvent plus masquer. Pressac suit le mouvement.

"Wannsee" n'est plus "Wannsee"


Pendant des dizaines d'années, les historiens du prétendu "Holocauste" des juifs ont répété que, le 20 janvier 1942, à Berlin-Wannsee, les Allemands avaient pris la décision d'exterminer les juifs européens. Il a fallu attendre mai 1984 pour que les exterminationnistes réunis en congrès à Stuttgart abandonnent cette thèse dans la plus grande discrétion (Eberhard Jäckel et Jürgen Rohwer, Der Mord an den Juden im Zweiten Weltkrieg, DVA, 1985, p. 67).
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Puis, il a fallu patienter jusqu'à 1992 pour que Yehuda Bauer déclare publiquement que cette thèse était "inepte" (silly) (The Canadian Jewish News, 30 janvier 1992; voy., également, "Wannsee: "Une histoire inepte"", R.H.R. n* 6, mai 1992, p. 157-158). Se conformant à la nouvelle vérité officielle, Pressac écrit:

Le 20 janvier se tenait à Berlin la conférence dite de Wannsee. Si une action de "refoulement" des Juifs vers l'Est fut bien prévue avec l'évocation d'une élimination "naturelle" par le travail, personne ne parla alors de liquidation industrielle. Dans les jours et les semaines qui suivirent, la Bauleitung d'Auschwitz ne reçut ni appel, ni télégramme, ni lettre réclamant l'étude d'une installation adaptée à cette fin (p. 35).

Dans sa "chronologie récapitulative", il confirme: "20 janvier [1942]: Conférence de Wannsee à Berlin sur le refoulement des Juifs vers l'Est" (p. 114). Il dit bien "refoulement" et non "extermination".

Auschwitz ne pouvait guère avoir de secret


L'emplacement d'Auschwitz, disait-on autrefois, avait été choisi pour son éloignement et ses possibilités de secret. En réalité, Pressac est obligé de reconnaître que le camp était établi dans un faubourg de la ville d'Auschwitz, elle-même située sur un réseau de voies de chemin de fer internationales conduisant à Berlin, Vienne ou Varsovie (p. 9). Ajoutons que tous les jours les voyageurs de ces trains passaient à proximité du camp.
On ne conteste plus aujourd'hui le fait que le camp d'Auschwitz grouillait de travailleurs civils, allemands,
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polonais ou autres, employés à toutes sortes de travaux, y compris à la construction et à l'entretien des crématoires; sauf en cas d'épidémie de typhus, la plupart de ces civils regagnaient chaque jour leur domicile. A elle seule, cette réalité est incompatible avec la nécessité d'entourer du plus grand secret l'existence et le fonctionnement d'abattoirs chimiques où les victimes se seraient engouffrées par centaines de milliers (par millions, disait-on autrefois). Ces civils portaient un brassard vert ( p. 62):

Pour les crématoires de Birkenau, on fit appel à douze entreprises civiles [...]. Chaque chantier [...] employait cent à cent cinquante personnes, dont deux tiers de détenus et un tiers de civils, dirigés par les contremaîtres des entreprises impliquées (p. 56).

L'auteur n'explique pas l'anomalie qu'aurait dû constituer à ses yeux cette abondance de civils étrangers sur le lieu du crime et le fait que des travaux supposés être le plus grand secret du Reich auraient été dirigés par des contremaîtres d'entreprises civiles extérieures au camp.

Les archives sont restées en très grand nombre

En 1945, se plaisait-on à dire, les Allemands avaient détruit presque toutes les archives du camp. Pressac admet que les pièces d'archives d'Auschwitz se comptent aujourd'hui par dizaines de milliers, sinon par centaines de milliers, à Auschwitz même ou à Moscou. Celles de la direction centrale de la construction (Zentral-Bauleitung) sont intactes. Etant les plus compromettantes aux yeux de Pressac,
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elles auraient dû être détruites en priorité. Pourquoi ne l'ont-elles pas été ? La réponse de bon sens est que, ne recélant aucune trace d'un gigantesque crime précisément parce que ce crime n'avait pas eu lieu, il n'y avait aucune raison de détruire de telles archives. L'auteur, lui, propose une autre explication au fait que les SS n'ont pas détruit ces archives-là: les SS en ignoraient le contenu "explosif" (p. 1). Chez lui, c'est l'usage: sitôt qu'il ne comprend pas un phénomène, il tend à l'imputer à la bêtise ou à l'ignorance des SS.


En 1972, il a fallu innocenter les deux principaux architectes

Pour ma part, j'ai toujours insisté sur l'acquittement en 1972 par un tribunal de Vienne de Walter Dejaco et de Fritz Ertl, les deux principaux architectes des crématoires d'Auschwitz. Les communistes soviétiques et polonais avaient transmis au tribunal les documents en leur possession. La conclusion qui vient normalement à l'esprit est que ces documents ne fournissaient aucune preuve d'un crime quelconque; tous devaient avoir une justification technique des plus banales pour des architectes, des ingénieurs, des experts. Le pharmacien Pressac, lui, conclut à l'incapacité de tous:

personne, juges ou prétendus experts, ne fut capable à l'époque d'exploiter l'excellent matériel historique fourni par les Polonais et les Soviétiques (p. 96).

Pour les révisionnistes, les pièces et documents du procès Dejaco-Ertl, détenus par la justice autrichienne, sont inaccessibles. Pourquoi ne les publie-t-on pas ?

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Les épidémies de typhus combattues par le Zyklon-B

Le typhus -- endémique depuis toujours dans les populations de l'Est européen -- exerçait ses ravages à Auschwitz. En Union soviétique, dans la partie occidentale, les Allemands avaient constaté "cent cinquante mille cas de typhus lors de l'é t é 1941" (p. 32). En la circonstance, Pressac, contraint à faire état de quelques vérités depuis longtemps signalées par les révisionnistes , écrit:

Les médecins SS savaient que la région d'Auschwitz était marécageuse. Ils avaient déjà été confrontés au problème de l'eau non traitée qui provoquait des fièvres typhoïdes dues au bacille d'Eberth. Fin mai 1942, de nombreux cas de typhoïde étant apparus chez les détenus, la consommation de l'eau courante avait été interdite début juin aux SS et aux employés des dix-sept firmes civiles du camp. Pour compenser, de l'eau minérale était fournie gratuitement en abondance. Les médecins prévoyaient, presque fatalement durant l'été, des cas de paludisme (ou malaria) provoqués par les moustiques venant des marais. Pour contrer ce danger, un Institut d'hygiène SS devait être monté à Raïsko, ce qui fut fait en octobre. Mais le typhus les surprit. Ils pensaient que les mesures prophylactiques (quarantaine et tonte des cheveux) et d'hygiène (désinfection locale des poils, douches), appliquées aux détenus à leur arrivée, éviteraient l'introduction du fléau dans le camp par l'éradication du vecteur, le pou. Ce fut le cas, mais le mal vint de ceux qui n'avaient pas été soumis à un tel traitement, les civils, qui côtoyaient journellement les détenus 8. Bientôt, ces derniers
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furent contaminés et, comme les conditions d'hygiène dans le KL étaient lamentables, le nombre de morts s'envola. De mai à décembre 1940, les décès mensuels sont estimés à 220; de janvier à juillet 1941, ils triplent; d'août à décembre 1941, ils atteignent le millier; en juillet 1942, ils dépassent les 4 000. La situation sanitaire devenait incontrôlable. Il fallait éviter que le typhus ne se répandît aux alentours. L'ensemble du camp devait être isolé et personne ne devait en sortir. Une quarantaine partielle fut ordonnée le 10 juillet [1942] (p. 43).

Il ajoute:

Mais comme l'épidémie de typhus continuait ses ravages de plus belle et que la situation devenait catastrophique, l'isolement total du camp fut décrété le 23 juillet [1942] (p. 46).

L'épidémie alla jusqu'à provoquer quotidiennement 250 à 300 morts parmi les détenus, les civils et les SS (p. 50). Pressac omet de dire que le Dr. Popiersch, médecin-chef, mourut lui-même du typhus 9. Dans la période du 7 au 11 septembre 1942, la première épidémie atteignit avec 375 décès en un seul jour son point culminant (voy. le tableau de la page 145).
[25]
Une deuxième épidémie, suivie d'une troisième épidémie, éclata durant le premier semestre de 1943 (p. 82).

La désinfection, en particulier au Zyklon-B, constituait une nécessité vitale:

La semaine du 5 au 11 juillet [1942], le bâtiment où logeait la garde SS et qui grouillait de vermine fut gazé [au Zyklon-B] (p. 16).

A Birkenau, le Zentral-Sauna:

était un complexe sanitaire performant, devant être équipé de quatre chambres d'épouillage à air chaud (document 23), de trois autoclaves industriels (document 24), d'une pièce pour la tonte des cheveux, d'une d'examen médical et de cinquante douches. Par son édification, les SS voulaient contrer "définitivement" toute résurgence du typhus à Birkenau. Les détenus y seraient rasés, examinés, désinfectés et douchés pendant que leurs effets étaient épouillés. Malheureusement, l'installation ne fut opérationnelle que fin janvier 1944 (p. 69).

Le document 23 et surtout les documents 24 et 40 illustrent à quel point les Allemands se souciaient d'hygiène, en particulier dans la partie du camp occupée, à une époque, par les Tziganes. Les documents 42 et 43 montrent les vues intérieure et extérieure de la batterie de dix-neuf chambres à gaz de désinfection au Zyklon-B (ce travail allait rester inachevé).

Auschwitz fut doté de:

la plus récente des techniques d'épouillage mises au point en Allemagne. Il s'agissait d'une installation d'épouillage fixe à ondes ultracourtes (décimétriques ou centimétriques) (p. 82-83).

Dès 1946, un ancien détenu d'Auschwitz, Marc Klein, professeur à la faculté de médecine de Strasbourg, [26] mentionnait cet "épouillage aux ondes courtes" ainsi que la quantité impressionnante de mesures prises par les médecins allemands pour essayer de soigner les détenus dans les conditions de promiscuité d'un camp de travail forcé ("Observations et réflexions sur les camps de concentration nazis", Etudes germaniques n* 3, 1946, p. 18).


La crémation: une mesure d'hygiène


Pressac écrit:

Pour éviter que le typhus et d'autres épidémies incontrôlables ne s'étendent, les cadavres engendrés par le conflit, y compris leurs microbes, devaient être réduits en cendres. Prüfer [en ce qui concernait Auschwitz] était là pour ça (p. 32).

Les Allemands avaient commencé par enterrer les cadavres mais Auschwitz était situé dans une zone marécageuse. Par moments, l'eau remontait presque à la surface du sol. Il fallut déterrer les cadavres et les incinérer:

les produits de putréfaction des cadavres commençaient à empoisonner la nappe phréatique, qui risquait lors de sa remontée de l'être entièrement. Il ne restait qu'à déterrer les corps et à les incinérer en plein air avant l'hiver (p. 57).

La majeure partie du livre est consacrée à l'histoire des crématoires, c'est-à-dire à l'histoire, d'abord, des bâtiments appelés crématoires, puis, à celle, en particulier, des fours de ces crématoires. Le récit est fastidieux, décousu, à peine compréhensible. Il en ressort que les fours étaient sujets à des pannes constantes (p. 22, 81, note 108, etc.), ce qui diminue d'autant les capacités délirantes de rendement que les
[27]
exterminationnistes, y compris Pressac, leur attribuent généreusement (300 000 incinérations en 70 jours (p. 148), soit plus de 4 285 par jour !).


Des crématoires prévus sans chambres à gaz homicides


On touche ici à la plus importante concession que l'auteur ait dû faire aux révisionnistes: les quatre crématoires de Birkenau, conçus en août 1942, c'est-à-dire à une époque vraiment tardive de ce que les historiens officiels appellent la politique d'extermination des juifs, étaient "prévus alors sans chambres à gaz" (p. 53). On ne voit d'ailleurs pas plus à quel moment précis ces crématoires, achevés entre le 31 mars et le 25 juin 1943, seront "prévus avec" des chambres à gaz.
Sa concession est significative: en 1982, à une époque où les historiens affirmaient que tous ces crématoires avaient été prévus et construits avec des chambres à gaz, l'auteur avait, en un moment d'audace, osé écrire que les crématoires IV et V avaient été conçus sans chambres à gaz; puis, en 1989, faisant amende honorable, il écrivait que ces deux crématoires avaient été conçus avec chambres à gaz. Aujourd'hui, il revient à sa thèse de 1982; ces crématoires ont été conçus sans chambres à gaz. Pour les crématoires II et III, il n'en a rien dit en 1982; puis, en 1989 et aujourd'hui en 1993, il décrète qu'ils avaient été prévus sans chambres à gaz. Quant au crématoire I, antérieur à tous les autres crématoires, on ne peut guère déterminer si, pour Pressac, à un moment donné de ses variations sur le sujet, les Allemands l'ont prévu avec ou sans chambre à gaz. Même incertitude pour les mystérieux Bunkers 1 et 2. Pour les références à ces diverses prises de
[28]
position, on pourra se reporter à R.H.R. n* 3, p. 74-79 (voy., également, ma Réponse à Pierre Vidal-Naquet, La Vieille Taupe, 1982, 2e édition, p. 67-83).

Autres évidences qu'il ne pouvait pas taire

Pour se limiter au cahier photographique, d'autres évidences y apparaissent que l'auteur ne pouvait pas taire. Les membres de la direction centrale de la construction à Auschwitz, loin de travailler dans la clandestinité qui sied aux criminels, se faisaient complaisamment photographier (doc. 12). Pressac aurait pu ajouter des photographies montrant ces ingénieurs, architectes et techniciens travaillant dans leurs bureaux où ils affichaient fièrement les plans de leurs crématoires. On voit encore dans le même cahier photographique une installation de chauffage à grande distance pour le camp (doc. 44), des écuries où s'affairent des détenus (doc. 45 et 46), des usines d'armement ou de fabrication de carburants synthétiques où travaillent des détenus (doc. 47 et 48), d'énormes entrepôts de pommes de terre (doc. 49) dont la présence est surprenante dans un camp dit, par les Alliés, "d'extermination", une station de traitement des eaux située près des crématoires (doc. 50), l'une des porcheries où travaillent des détenus (doc. 51), des serres de maraîchage et des champs de culture (doc. 52).

Pour l'instant, au titre des évidences que l'auteur ne pouvait pas taire, on notera à quel point tout jusqu'ici plaide contre la thèse d'une extermination à Auschwitz. Il aura fallu l'énorme pression exercée par les travaux révisionnistes pour faire admettre ces évidences-là.

[29]

II

LES REALITES QUE PRESS A PASSEES SOUS SILENCE

 

L'auteur a passé sous silence un nombre considérable de réalités qui montrent qu'Auschwitz et Birkenau n'ont pas pu être des "camps d'extermination" (expression forgée par les Alliés) mais des camps de concentration, de travail et de transit. Il a également gardé le silence sur un grand nombre de documents de première importance. Je me limiterai à quelques exemples.

Ni photographie, ni plan du crématoire I


Voici un livre consacré aux "crématoires d'Auschwitz" qui, dans ses soixante photographies et documents, ne contient paradoxalement aucune photographie ni aucun plan du crématoire I et de sa "chambre à gaz" ! C'est pourtant
[30]
ce premier crématoire, avec sa prétendue chambre à gaz homicide, qui, répétons-le, est montré à tous les visiteurs comme la preuve même du crime. Pressac reproduit la photographie d'un four situé à Dachau (doc. 7) ou à Buchenwald (doc. 60) mais il ne montre pas les fours d'Auschwitz I !

Il se garde bien de le faire car il sait que ce crématoire, avec sa "chambre à gaz", n'est qu'une supercherie. Il pouvait difficilement rappeler à ses lecteurs que j'en avais fait la découverte en 1976, sur place, et que, quelques années plus tard, j'en avais apporté la preuve dans le livre écrit en collaboration avec Serge Thion: Vérité historique ou vérité politique ? (La Vieille Taupe, 1980, p. 316-317). Pressac ne pouvait pas non plus préciser à ses lecteurs que j'avais été le premier au monde à découvrir dans les archives du Musée d'Auschwitz, au prix de bien des difficultés, des plans de tous les crématoires d'Auschwitz et de Birkenau, à publier certains d'entre eux et à montrer ainsi les impossibilités physiques et chimiques de tout gazage homicide dans ces bâtiments.


Aucune photographie de la "chambre à gaz" du crématoire II

Il n'ose pas non plus montrer en photographie les ruines de ce qu'il ose appeler la chambre à gaz du crématoire II de Birkenau et qui, en réalité, était une chambre froide semi-enterrée (Leichen keller). LE T OIT DE BETON, AUJOURD'HU I E F FONDRE, ETAIT MANIFE S TEMENT DEPOURVU DE TOUTE OUV E RTURE PREVUE POUR LE VERSEMENT DE QUOI Q UE CE FÛT. Les deux seuls trous qu'on peut y voir aujourd'hui résultent d'un percement
[31]
effectué après la guerre: le ferraillage du béton armé avec ses fers pliés et retournés en témoigne. Par conséquent, la théorie pressacoise selon laquelle les SS versaient dans cette "chambre à gaz" des granulés de Zyklon-B par quatre ouvertures prévues à cet effet est insoutenable pour des raisons de pure évidence physique que tout le monde peut aujourd'hui aller constater sur place.

Pas un mot des expertises


L'auteur ne souffle pas mot des expertises successives de l'Américain Fred Leuchter et de l'Allemand Germar Rudolf ainsi que de l'étude technique de l'Autrichien Walter Lüftl qui, toutes, ont conclu à l'inexistence de chambres à gaz homicides à Auschwitz et à Birkenau 10.
Et, surtout, il passe sous silence l'expertise de Cracovie. Dans le désir de contrecarrer le rapport de F. Leuchter, les autorités du Musée d'Auschwitz avaient réclamé une contre-expertise à l'institut de criminologie de Cracovie: le résultat s'en est trouvé tel que ce rapport de contre-expertise, daté du 24 septembre 1990, a été mis sous le boisseau 11. De quel droit Pressac fait-il l'impasse sur ces éléments scientifiques du dossier d'Auschwitz ? Si ces expertises ne lui convenaient pas, il aurait dû nous le dire dans son livre et suggérer une expertise de son cru. D'ailleurs, il est grand temps que nous
[32]
exigions de ceux qui critiquent les révisionnistes qu'ils fournissent, à leur tour, une expertise de l'arme du crime censément employée à Auschwitz et à Birkenau. Un examen scientifique de bâtiments (ou de ruines de bâtiments) qui n'ont qu'un demi-siècle d'âge est des plus faciles. Pourquoi s'entêter à refuser cette expertise ou cet examen à l'heure où l'on prétend s'engager, comme les révisionnistes, sur la voie d'une histoire scientifique?


Pas une photographie complète de L'Album d'Auschwitz

Le plus précieux document qu'on possède sur les réalités d'Auschwitz est un recueil de 189 photographies qu'on a pris l'habitude d'appeler L'Album d'Auschwitz. Il inflige un démenti aux élucubrations sur le sort des juifs arrivant à Auschwitz-Birkenau en 1944. Il est si embarrassant pour les exterminationnistes que ces derniers ont attendu trente-six ans après sa découverte en 1945 pour le publier, enfin, sous sa forme intégrale en 1981. Jusqu'à cette date, seules en étaient connues quelques photographies délivrées, si l'on peut dire, au compte-gouttes dans divers ouvrages. Encore a-t-il fallu, en 1981, accompagner cette publication intégrale de tout un roman, écrit par Serge Klarsfeld, sur la découverte "miraculeuse" dudit album. Deux ans plus tard, le même S. Klarsfeld confiait à Pressac le soin de présenter aux éditions du Seuil une "édition établie et complétée [sic]12 [33] (voy. R.H.R. n* 3, Additif 3: "Les Tricheries de Pressac dans L'Album d'Auschwitz", p. 149-152).

Mis à part, en couverture, la photographie de la femme juive (résultat du découpage de l'une des photographies de l'album), Pressac ne reproduit pas une seule photographie du précieux album !

Pas un mot des photographies aériennes

Pressac ne reproduit aucune des photographies aériennes d'Auschwitz et de Birkenau publiées en 1979 par les Américains Dino A. Brugioni et Robert G. Poirier 13. Il est vrai que ces photographies administrent la preuve qu'autour des crématoires aucune foule ne s'est jamais pressée, que jamais les cheminées n'ont émis de panaches de fumée (voy., dans Les Crématoires d'Auschwitz, "deux cheminées trapues crachant des flammes", p. 91) et que les "fosses d'incinération" sont une création de l'esprit.

Pas un mot du registre des cadavres en chambre froide
(Leichenhallenbuch)


Il a fallu attendre 1989 pour que le Musée d'Auschwitz se résigne à dévoiler l'existence du registre mortuaire
[34]
d'Auschwitz I: le "Leichenhallenbuch" (à ne pas confondre avec les registres généraux de décès: les Sterbebücher ou Totenbücher).
En 1989, dans sa nouvelle édition du calendrier des événements d'Auschwitz (Kalendarium der Ereignisse im Konzentrationslager Auschwitz-Birkenau 1939-1945), Danuta Czech nous apprend ce qu'elle avait curieusement "oublié" de mentionner dans sa première édition du même calendrier répartie sur six livraisons (Hefte von Auschwitz n* 2 en 1959, n* 3 en 1960, n* 4 en 1961, n* 6 en 1962, n* 7 et n* 8 en 1964, n* 10 en 1967): l'existence du précieux registre recensant les morts entreposés dans la chambre froide (Leichenhalle) du crématoire I entre le 7 octobre 1941 et le 31 août 1943 (Kalendarium, 1989, p. 10 et passim). Même si quelques-uns de ces morts ont pu, au début de l'existence du camp, être enterrés et non incinérés, voilà bien un document qui donnerait une idée du nombre réel et non pas simplement théorique des incinérations pratiquées.
Beaucoup d'autres documents concernant l'incinération des morts sont ignorés de Pressac: par exemple, les avis de décès précisant qu'il y a eu incinération, les télégrammes ou télex annonçant les décès, les certificats d'envois d'urnes, les rapports totalisant le nombre des cadavres incinérés ou le nombre des cadavres entreposés en chambre froide (voy., par exemple, pour Buchenwald, l'avis de décès (Totenmeldung) reproduit par Reimund Schnabel, Macht ohne Moral, Francfort, Rödenberg-Verlag, 1957, p. 346).

Le mythe selon lequel les futurs gazés n'étaient pas enregistrés ne pouvait dispenser Pressac de nous fournir ces renseignements dans un ouvrage intitulé Les Crématoires d'Auschwitz.
[35]

Autres documents passés sous silence

D'autres documents sont passés sous silence, par exemple ceux qui concernaient les demandes de dotation de bois, de charbon et de coke ainsi que la livraison de tout combustible aux crématoires, sans oublier les documents qui prouvent que les fours ne pouvaient pas fonctionner 24 heures sur 24 (voy. les instructions d'emploi reproduites dans A.T.O., p. 136).

Autres silences


Je ne reviendrai pas ici sur ce que, dans mon compte rendu de son précédent ouvrage (A.T.O.), j'énumérais sous les titres "Trois petits secrets de J.-C. Pressac" (R.H.R. n* 3, p. 134-135) et "Omissions délibérées" (Ibid., p. 137-140) 14. Il y aurait un chapitre à écrire sur les variations de la thèse pressacoise depuis onze ans avec des retournements à 180* dans les considérations sur Auschwitz. Pressac jette un voile sur ces péripéties et, en particulier, sur sa propre tentative
[36]
d'incinérer le cadavre d'un lapin dans un trou de son jardin pour voir s'il fallait accorder quelque crédit aux récits selon lesquels les Allemands auraient brûlé des milliers de cadavres dans des "fosses d'incinération". Malgré des efforts répétés, la tentative s'était révélée infructueuse. L'auteur en avait conclu qu'il était impossible, vu le manque d'oxygène, d'incinérer des cadavres dans une fosse, surtout à Auschwitz où, parfois, ainsi que je l'ai dit ci-dessus (p. 26), la nappe phréatique remontait presque au niveau du sol. Comme on le verra ci-dessous (p. 42-43), cela ne l'empêche pas, dans son ouvrage, d'affirmer qu'à Auschwitz les Allemands brûlaient parfois leurs victimes dans des "fosses d'incinération"; il leur arrivait même de les précipiter vivantes "dans les fosses ardentes" (p. 91) !

Non content de passer sous silence tant de réalités et tant de documents d'une si grande importance, Pressac a utilisé d'autres moyens pour masquer la vérité d'Auschwitz: il a employé aussi bien des expédients qui sont traditionnels en la matière que d'autres qui lui sont propres.


[37]

III

LES EXPEDIENTS QUE PRESSAC EMPRUNTE A D'AUTRES HISTORIENS



Qu'il s'agisse des évidences que Pressac n'a pas pu taire ou des réalités qu'il a passées sous silence, tout concourt à prouver qu'on ne trouve trace à Auschwitz et à Birkenau ni de génocide ni de chambres à gaz homicides. Pour qui s'acharne néanmoins à défendre la thèse exterminationniste, il ne reste qu'une solution: le subterfuge. C'est celle qu'adopte notre historien improvisé qui, se mettant à l'école d'illustres prédécesseurs, va user des expédients habituels à Léon Poliakov, Georges Wellers, Pierre Vidal-Naquet, Raul Hilberg ou Christopher Browning ou encore certain tribunal français (voy. R.H.R. n* 3, p. 204-205, ainsi que n* 4, p. 192-193). Ces expédients sont, à tout le moins, au nombre de quatre: l'affirmation sans preuve, le recours au témoignage non vérifié, le décodage d'un prétendu code et, enfin, l'assemblage non pas de preuves, mais d'un faisceau hétéroclite
[38]
de bribes de preuves, de "bavures" et de "bévues" que, par inadvertance, les SS auraient laissées derrière eux.

L'affirmation sans preuve

Dans A.T.O., Pressac avait, au moins à cinq reprises (p. 115, 313, 464, 501, 533), fait état de "l'ordre donné par Himmler le 26 novembre 1944 de détruire les [crématoires] II et III de Birkenau, mettant ainsi officiellement fin aux gazages". Dans ma recension de son livre, j'écrivais: "notre autodidacte ne fait ici que reprendre, sans le vérifier, ce qu'affirment d'éminents auteurs juifs (avec des variations sur les dates)" (R.H.R. n* 3, p. 83-84). Que fait alors l'autodidacte dans son nouveau livre ? Il écrit: "Fin novembre [1944], sur ordre verbal d'Himmler, les gazages homicides furent arrêtés" (p. 93), mais il ne fournit, bien sûr, aucune preuve de l'existence de cet ordre maintenant présenté comme "verbal" et dont la date est subitement devenue imprécise. Tout aussi arbitrairement, il écrit que, le 17 juillet 1942, Himmler "assiste à un gazage homicide à Birkenau" (p. 115). Impavide, il prononce que l'extermination physique des juifs:

ne fut décidée par les autorités SS de Berlin [lesquelles?] qu'à partir de mai-juin 1942, pour être ensuite [quand cela au juste?] concrétisée techniquement par les SS de la Bauleitung d'Auschwitz et les ingénieurs de la firme J.A. Topf und Söhne d'Erfurt (p. 2).

Il se dispense de toute preuve et de tout témoignage pour affirmer qu'on gazait des êtres humains au Bunker 2 (p. 42), que "le 4 juillet, un convoi de juifs slovaques fut "sélectionné" [sous-entendu: en partie gazé] pour la première fois" (p. 43),
[39]
qu' "en novembre 1942 les SS de la Bauleitung résolurent d'équiper les crématoires de chambres à gaz homicides" (p. 66), que le spécialiste de la ventilation Karl Schultze fut "affranchi [sic] par Prüfer sur la destination particulière de l'aération et de la désaération de la morgue 1 [du crématoire II]" (p. 71). Par "destination particulière" Pressac entend qu'il s'agissait de gazages homicides. Il affirme, de la même manière, que "les SS pouvaient anéantir en 70 jours jusqu'à 300 000 personnes" (p. 148), que deux contremaîtres, quand ils descendaient d'un échafaudage ou d'un toit, "parlaient des embrasements jaunes et pourpre qui maculaient [!] le vert sylvestre de la zone interdite aux contremaîtres des autres entreprises" (p. 58) et que "s'imposa fin octobre 1942 l'idée, somme toute évidente, de transférer l'activi"gazeuse" [sic] des Bunkers 1 et 2" dans un crématoire (p. 60).
Sacrifiant à la routine des affirmations sans preuve, il reprend à son compte le plus traditionnel des mensonges de la propagande antiallemande: l'histoire de la prétendue chambre à gaz de Dachau qui "ne fut, heureusement, jamais mise en service" (p. 68).

Longue serait la liste des affirmations de ce genre que Pressac ne prend la peine d'accompagner ni d'une preuve ni même d'un témoignage. La brièveté relative de son ouvrage ne saurait excuser une telle absence de preuves, de témoignages et de références à des sources précises pour des affirmations ou, plutôt, pour des accusations d'une telle gravité.

Le recours aux témoignages


S'empressant d'oublier la promesse articulée dans sa préface, il va multiplier tout au long de son livre le recours
[40]
aux témoignages, par exemple ceux du SS Pery Broad, du SS Rudolf Höss, des détenus Henryk Tauber ou David Olère et d'autres témoins dont il évite de donner les noms: dans ces cas-là, il fait référence au Kalendarium de Danuta Czech qui, elle-même, s'est servie de témoignages.
Il faut de l'audace pour invoquer le témoignage du SS Pery Broad, d'ailleurs en le manipulant (p. 18) 15. En 1989, Pressac disait de ce témoignage écrit qu'il soulève des "problèmes" et que la forme et le ton en "sonnent faux"; il ajoutait que ce que nous en connaissons est "manifestement coloré d'un patriotisme polonais passablement trop flagrant", qu'on n'en connaît pas le manuscrit original et que les Polonais ont "retravaillé" les déclarations de P. Broad (A.T. O., p. 128) 16.
Le témoignage du SS Rudolf Höss, très souvent invoqué (voy. son nom dans l'index des Crématoires d'Auschwitz), est aujourd'hui totalement discrédité. En 1989, Pressac lui-même expliquait que les "erreurs" commises par Höss "tout au long de son autobiographie" avaient une explication: "il était présent sans voir" (A.T.O., p. 128), ce qui, pour un homme présenté comme un témoin oculaire, est inattendu. En 1993, il exécute son propre témoin dans la longue note 132
[41]
(p. 102-103) où il utilise les mots suivants à propos de Höss: "invraisemblance de taille", "anachronisme net", "erreurs chronologiques", "visite imaginaire", "chiffres des morts [...] régulièrement multipliés par deux ou trois". Il conclut: "Höss, malgré son rôle essentiel dans la "Solution Finale", ne peut plus être considéré actuellement comme un témoin fiable sur les dates et les chiffres."
Au sujet du cordonnier juif Henryk Tauber (notes 203 et 223), Pressac, en 1989, énumérait ses graves "erreurs" et "contradictions" et concluait qu'il n'avait, en fait, jamais été le témoin de gazages homicides; il expliquait que, sous l'influence du "climat politique de l'époque", Tauber s'était permis de formidables exagérations (A.T.O., p. 483-484, 489, 494).
Quant à David Olère, Pressac présente ses dessins à l'encre de Chine comme des "documents" (voy. doc. 30 -- noté 33 par erreur --, 31, 32, 35). Or, en 1989, il estimait que ce témoin-là souffrait du "Krematorium delirium" (A.T.O., p. 556). De fait, ses dessins sont d'un lyrisme grotesque. L'un d'eux était ainsi commenté en 1989 par Pressac: "Qu'il soit entièrement imaginaire ou qu'il soit fondé sur ce que l'artiste a vu, ce tableau est le seul qui montre un gazage homicide" (A.T.O., p. 258). On notait que, dans ce tableau ou dessin, les granulés de Zyklon-B se répandaient d'une boîte qui se trouvait sur le sol de la "chambre à gaz", ce qui vient en contradiction avec la thèse de Pressac selon laquelle les granulés étaient introduits de l'extérieur par une "colonne grillagée de versement [sic pour: déversement] du Zyklon-B" (doc. 31: dessin de David Olère).
Quant aux autres témoignages, dont la source ainsi que le nom du témoin ne nous sont pas indiqués, Pressac s'y réfère
[42]
en des notes qui, toutes, renvoient au Kalendarium de D. Czech. Or, à l'en croire, ce Kalendarium, son auteur et les témoignages cités n'ont guère de valeur de référence. Il écrit en effet:

Danuta Czech, en retenant sans explication certains témoignages aux dépens d'autres et en privilégiant les témoignages par rapport aux documents, a produit un travail qui prête le flanc aux critiques. Cette orientation historique particulière persiste dans la troisième et nouvelle version du Calendrier... de Czech, publiée actuellement en polonais et n'intégrant pas encore le fond Bauleitung des Archives centrales de Moscou, dépréciant fortement la véracité de cet ouvrage fondamental, établi malheureusement avec une optique un peu trop teintée dans le contexte politique tendu des années 60 (note 107).

A ce compte, pourquoi avoir puisé de façon chronique à une source qu'on estime aussi contestable ?
On relève avec étonnement qu'en 1993 Pressac ne mentionne même plus deux témoignages dont, il y a encore quatre ans, dans son livre en anglais (A.T.O.), il faisait le plus grand usage: celui de Nyiszli (auteur présumé du best-seller Médecin à Auschwitz) et celui de Filip Müller (auteur présumé du best-seller, prix de la LICRA: Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz). Serait-ce à dire qu'il a tiré quelque enseignement de mes remarques sur l'abus qu'il avait fait de ces témoignages (voy. R.H.R. n* 3, p. 126-130, "Drôlerie [involontaire] de Pressac à propos de M. Nyiszli" et p. 123) ?

Sans oser nommer F. Müller, il utilise son témoignage de manière furtive. Rappelons ici l'épisode des "fosses d'incinération":
[43]

Vers la fin de l'été, comme le Zyklon-B vint à manquer, les inaptes des convois, qui étaient encore dirigés vers Auschwitz, furent précipités directement dans les fosses ardentes du crématoire V et du Bunker 2 (293) (p. 91).

Cette note 293 nous renvoie au texte suivant: "Hermann Langbein, Der Auschwitz-Prozess, eine Dokumentation, Band I, Europa Verlag, Wien, 1965, p. 88". Si l'on se reporte au livre et à la page indiquée (en fait, p. 88-89), on découvre que ce témoignage sur les victimes jetées vivantes dans les fosses d'incinération émane de F. Müller, lequel ajoutait des précisions que Pressac a préféré gommer: ces fosses avaient une profondeur de 2,50 m (ce qui aurait été impossible dans un terrain gorgé d'eau et ce qui aurait aggravé le manque d'oxygène) et... on puisait la graisse coulant des cadavres pour la reverser sur ces cadavres en vue d'en accélérer l'incinération (!).

Le décodage du code


Beaucoup d'historiens ont affirmé que, pour désigner leur prétendue politique d'extermination des juifs, les Allemands utilisaient un "code". A cette assertion, ces historiens en ajoutaient une autre: ils prétendaient détenir la clé du code. En conséquence, leur travail consistait à "décoder", c'est-à-dire à trouver dans les documents ce qu'ils venaient d'y mettre. Et il faut reconnaître qu'ils décodaient beaucoup. En 1989, Pressac dénonçait le "mythe" du "code" ou du langage secret (A.T.O., p. 247, 556).
En 1993, le voici qui sacrifie à l'usage qu'il condamnait. A son tour, il décode avec abondance. Selon lui, "solution
[44]
finale" du problème juif aurait fini par signifier liquidation des juifs (contexte de la page 29) et "commando spécial" (Sonderkommando) aurait désigné une équipe de juifs affectée au transport des cadavres de gazés vers les fosses d'incinération (p. 43). Les expressions de "traitement spécial" (Sonderbehandlung) ou de "transfert de population juive" auraient masqué "la liquidation par le gaz des inaptes juifs à Birkenau" (p. 46). Les expressions d' "actions spéciales" ou de "traités" auraient eu la même horrible implication (p. 64, 77).
Mais, par moments, Pressac est en proie au doute. C'est ainsi qu'il admet que l'expression d' "action spéciale" pouvait n'avoir que le sens d'intervention ou de mobilisation policière dans le camp d'Auschwitz à l'occasion d'une grève spontanée des travailleurs civils (p. 63) tandis que "mesures spéciales" pouvait ne désigner que des mesures d'ordre sanitaire (p. 82 et note 256).

Sur "traitement spécial" (Sonderbehandlung), il devrait lire avec plus d'attention ce qu'il cite lui-même. Quand il nous dit qu'un responsable du camp réclame une dotation de 60.000 RM afin d'obtenir "quatre baraques pour le traitement spécial des détenus à Birkenau" (p. 46), c'est qu'on envisage, comme le dit clairement le texte, de loger des détenus dans des baraques et non d'envoyer de nouveaux arrivants dans des chambres à gaz.

Les "bavures" ou "bévues" des SS


L'auteur appelle "bavure criminelle" "toute indication relevée dans un document quelconque (écrit, plan, photo)
[45]
relatif à un emploi anormal des crématoires et ne pouvant s'expliquer que par le gazage massif d'êtres humains" (p. 60). Parfois, au lieu de "bavure", il emploie le mot de "bévue".
Il semble que, dans la pratique, cette définition revienne à dire que, si Pressac -- et personne d'autre -- trouve dans l'emploi des crématoires (des fours crématoires?) un détail que lui, pharmacien, juge anormal et que, lui, pharmacien, ne peut pas s'expliquer, il faudra en conclure qu'il y a là l'indice d'un formidable crime. Quand on songe à quel point le plus savant homme de science peut rester perplexe devant un problème relevant de sa spécialité et quand on se rappelle que le commencement de la sagesse consiste, quand on ne sait pas, à se taire, on ne peut qu'admirer ici l'ingénuité et la présomption du pharmacien. L'auteur devrait se souvenir de sa propre expérience. Dans son ouvrage de 1989, il consacrait tout un chapitre (le chapitre VIII) à... trente-neuf "bavures". Aujourd'hui, il semble n'avoir retenu que cinq ou six de ces "bavures", ce qui signifierait qu'à ce jour il est parvenu à s'expliquer une trentaine de détails qui, quatre ans plus tôt, lui paraissaient constituer des indices d'un crime abominable. Dans ma recension de 1990, j'avais traité de ces trente-neuf "bavures" (R.H.R. n* 3, p. 89-104) et je ne peux qu'y renvoyer mon lecteur. Je ne reviendrai ici que sur certaines d'entre elles et je commenterai les quelques nouvelles "bavures" que Pressac prétend avoir découvertes.

 


1 (1) En matière de documentation photographique et, en particulier, pour des photographies de la maquette polonaise, le lecteur pourra se reporter aux 25 pages que j'ai ajoutées à: Wilhelm Stäglich, Le Mythe d'Auschwitz, Etude critique, traduit et adapté de l'allemand, La Vieille Taupe, 1986, p.485-510, sous le titre «Illustrations. Le mythe d'Auschwitz en images».

2 (2)Jean-Claude Pressac, Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers, New York, The Beate Klarsfeld Foundation, 1989, 564p., 45x30cm  ci-dessous référencé A.T.O.

3 (3) Revue d'histoire révisionniste numéro 3·(novembre 1990/janvier1991), p.65-154  ci-dessous référencé R.H.R.

4 (4) Je sais, mais ne puis ici dévoiler ma source, que Pressac envisage, le moment venu, d'abaisser le total des morts d'Auschwitz à 700.000 si les esprits lui semblent préparés à accepter cette nouvelle baisse. En 1989, il évaluait le nombre des seuls gazés à un chiffre compris entre «million et un million et demi» (A.T.O., p.553).

5 (5) Pressac nourrit une telle dilection pour Adolf Hitler qu'il en possédait un buste à son domicile, au haut de l'escalier conduisant à une pièce de son grenier  il avait insonorisé cette pièce afin d'y écouter de la musique militaire (pour confirmation, voy.Guillaume, Droit et histoire, La Vieille Taupe, 1986, p.124).

6 (6) Pressac, qui juge les Soviétiques et le KGB tellement plus clairvoyants que les Américains, écrit que Prüfer «fut condamné qu'à 25 ans de travaux forcés» (p.137).

7 (7) «Auschwitz, où périrent plus de cinq millions d'hommes, de femmes et d'enfants, dont 90% de juifs» («du souvenir à Paris devant le Mémorial du martyr juif inconnu», Le Monde, 20 avril 1978)  d'après cette affirmation du Monde, plus de quatre millions et demi de juifs auraient donc péri dans les seuls camps d'Auschwitz et de Birkenau.

8 (8) De son côté, la Résistance polonaise, elle, s'efforçait de propager le typhus et la fièvre typhoïde  nous devons cette révélation à la Revue d'histoire révisionniste n* 1 (mai 1990, p.115-128): «Rapport Mitkiewicz du 7 septembre 1943 ou l'arme du typhus»;  ce rapport fait état, pour la période de janvier-avril 1943, de «centaines de cas» de «diffusion du microbe de la fièvre typhoïde et de poux vecteurs du typhus» (p.127). La Résistance française a utilisé des procédés identiques (Ibid., p.116, n.1).

9 (9)Voy. Comité international d'Auschwitz, Anthologie (bleue), vol.I, seconde partie (Varsovie, 1969), p.196. Parmi bien d'autres victimes allemandes du typhus à Auschwitz, citons le Dr.Siegfried Schwella, successeur du Dr.Popiersch, l'épouse de Gerhard Palitzsch (Rapportführer du camp) et l'épouse de Joachim Caesar (responsable des travaux agricoles). D'autres Allemands connus contractèrent le typhus sans en mourir  parmi eux, le Dr.Johann-Paul Kremer, le Dr.Schwarz, le Dr.Uhlenbrock et le Dr.Mengele. Parmi les détenus les plus célèbres moururent du typhus le Dr. Ciepilowski, qui soignait les prisonniers soviétiques, le professeur Zygmunt Lempicki et la dentiste Danielle Casanova dont la légende a longtemps voulu qu'elle eût été tuée par les Allemands. Les Allemands avaient, à l'Est, la hantise du typhus  Adolf Hitler lui-même fut vacciné contre le typhus les 7 et 14 février 1943 à Rastenburg (voy. les carnets de son médecin, le Dr.Morell, dans: David Irving, The Secret Diaries of Hitler's Doctor, New York, McMillan, 1983, p.109).

10 (10) F. Leuchter, spécialiste des chambres à gaz des pénitenciers américains (Boston)  G.Rudolf, chimiste du Max-Planck-Institut (Stuttgart)  W.Lüftl, président de la chambre des ingénieurs d'Autriche (Vienne).

11 l(11) Pour le texte de cette contre-expertise, que les révisionnistes sont parvenus à se procurer, voyez «au Musée d'Etat d'Auschwitz/La Contre-expertise de Cracovie» (R.H.R. n*4, février 1991, p.101-104).

12 (12) Pour comparaison, on consultera d'abord l'édition américaine qui est relativement honnête (The Auschwitz Album, New York, Random House, 1981, XXXIII-167  p.), puis l'édition pressacoise qui, elle, est remarquablement malhonnête (L'Album d'Auschwitz, édition française établie et complétée par Anne Freyer et Jean-Claude Pressac, éditions du Seuil, 1983, 224p.).

13 (13)Holocaust Revisited: A Retrospective Analysis of the Auschwitz-Birkenau Extermination Complex, Washington, CIA, février 1979, 19p.

14 (14) Il est significatif que Pressac ne souffle pas mot de l'abondante bibliographie révisionniste. Il ne cite pas l'ouvrage fondamental du professeur américain Arthur Robert Butz, The Hoax of the Twentieth Century (La Mystification du XXe siècle), qui , depuis 1976, a connu de nombreuses rééditions par l'Institute for Historical Review (P.O. Box 2739, Newport Beach, Ca.92659, Etats-Unis). Il ne mentionne pas l'opus magnum de l'avocate canadienne Barbara Kulaszka, Did Six Million Really Die? Report of the Evidence in the Canadian "False News" Trial of Ernst Zündel (comprenant une préface de Robert Faurisson, Toronto, Samisdat Publishers [206 Carlton Street, Toronto, Ontario, M5A-2L1], 1992, 564p., 28x21cm). Il affecte d'ignorer les études érudites de l'Italien Carlo Mattogno, de l'Espagnol Enrique Aynat, des Américains Mark Weber et Paul Grubach qui ont réduit à néant son ouvrage en anglais Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers.

15 (15) On comparera le texte auquel Pressac fait référence dans sa note avec le texte de la «déclaration» de Pery Broad in Auschwitz vu par les SS, Musée national d'Auschwitz, 1974, p.166. Pressac a escamoté tous les points qui prouvent qu'il s'agit d'un faux témoignage et, en particulier, la mention par Broad, dans le passage cité, de « six orifices d'aérage fermés par des couvercles»!

16 (16) Même P.Vidal-Naquet, qui s'est fait le protecteur de celui qu'il appelle «pharmacien de banlieue», reconnaît que: «la documentation sur Auschwitz, il existe des témoignages qui donnent l'impression d'adopter entièrement le langage des vainqueurs. C'est le cas, par exemple, du SS Pery Broad [...]» (Les Assassins de la mémoire, La Découverte, 1987, p.45).

17 (17) Voyez, ci-dessous, en annexe, le texte du document NI-9912 concernant l'utilisation du Zyklon-B  cette «détection du gaz restant» était d'une nécessité tellement banale dans les gazages de désinfection qu'elle est mentionnée à six reprises dans ledit document.

18 (18) Loi promulguée le 17 juillet 1922, ministère du Ravitaillement et de l'Agriculture (Reichsgesetzblatt, Jahrgang 1922, p.630-631).

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Voir la seconde partie


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