AAARGH
[5]
Le livre de Jean-Claude Pressac, Les Crématoires d'Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse, auquel répond le présent ouvrage, tombe indiscutablement sous le coup de la loi Fabius-Gayssot telle que la reproduit le code pénal et, surtout, telle qu'elle se trouve appliquée par les magistrats de la XVII e chambre correctionnelle et ceux de la XIe chambre de la cour d'appel de Paris (ainsi que par les magistrats de Caen, de Fontainebleau, d'Amiens, de Nice, etc.), qui vont jusqu'à réprimer, sans que la loi leur en fasse une obligation, les moindres sous-entendus, arrière-pensées ou tendances dénotant la possibilité d'existence d'une hérésie révisionniste irrespectueuse des dogmes édictés, en 1945-1946, par les juges de Nuremberg. A elle seule, la brève introduction de Pressac (p. 1-2) contient quatre motifs de condamnation. L'auteur y affirme ou y laisse entendre qu'au procès de Nuremberg les juges se sont passés d' " informations techniques indiscutables sur la machinerie du meurtre de masse "; qu'ils n'avaient qu'une " connaissance à peine suffisante " des faits ; que la reconstitution historique à laquelle ils se sont livrés sur le chapitre du génocide et des chambres à gaz homicides n'était pas " affranchie des témoignages oraux ou écrits, toujours faillibles " et que, pour ne prendre que cet exemple, la date qu'ils ont assignée au " démarrage de la phase industrielle de la "Solution finale" " était si gravement erronée qu'il faudrait aujourd'hui la repousser d'un an. Cent autres motifs de condamnation pourraient être relevés dans les deux cents autres pages de son livre. Les propos q u'il a tenus dans les médias ne
[6]
font qu'aggraver son cas (voy., en particulier, l'article de Laurent Greilsamer dans Le Monde des 26/27 septembre 1993).
Si Pressac échappe à toute poursuite judiciaire sur le fondement de la loi Fabius-Gayssot ou de telle autre loi, il devra en être de même pour ceux qui lui répondent en se plaçant sur le même plan que lui. En revanche, si ces derniers devaient être poursuivis, Pressac, lui aussi, indépendamment de toute prescription extinctive, aurait à comparaître à la barre de la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris en compagnie des responsables du CNRS qui ont publié son ouvrage.
[7]
Mais qui sont donc les révisionnistes ? Et que disent-ils ?
On en parle depuis la fin des années soixante-dix. Cependant, on ne les voit ni ne les entend pour ainsi dire jamais et leurs arguments, s'ils en ont, sont toujours présentés par leurs adversaires. On ne peut les lire. La loi l'interdit. On les condamne, on les frappe, on les emprisonne. Mais pourquoi donc ?
On a forgé contre eux une loi spéciale : la loi Fabius-Gayssot. On leur en prépare une autre : la loi Méhaignerie-Pasqua-Goldenberg.
En même temps, on les dit morts ! Morts et enterrés !
Dans son récent ouvrage, Les Crématoires d'Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse, le pharmacien Jean-Claude Pressac apporte une réplique à la fois neuve, scientifique et définitive au chef de file des révisionnistes français, c'est-à-dire au professeur Faurisson -- qu'il ne nomme pas mais qu'il désigne ; du moins est-ce là ce que prétend une assourdissante campagne médiatique qui vient de se développer dans tout le monde occidental.
J.-C. Pressac se présente en chercheur soucieux de précision. Dans les médias, il affecte la froideur et le calme de l'homme de science aux prises avec le " problème des chambres à gaz " d'Auschwitz. Quant à son livre, il semble fourmiller de données techniques. Telles sont du moins les apparences.
Robert Faurisson se devait de répondre à un tel ouvrage. Il en connaît l'auteur qui, au début des années quatre-vingts, était venu lui confier ses propres doutes sur l'existence des chambres à gaz d'Auschwitz.
[8]
J.-C. Pressac était allé jusqu'à proposer ses services. Il avait été pris à l'essai. Puis, il avait été congédié par le professeur pour son inaptitude à la recherche scientifique, ses difficultés à s'exprimer, " sa confusion d'esprit, ses peurs paniques, son horreur de la clarté et des positions franches " (voy. R.H.R. n * 3, novembre 1990/janvier 1991, p. 130).
Aucun journaliste n'a pris contact avec Robert Faurisson pour lui demander son opinion sur un livre qui, à en croire leurs propres déclarations, anéantirait, paraît-il, tant d'années de recherche. Serait-ce à dire que les journalistes savent ou soupçonnent qu'en réalité la substance du livre de J.-C. Pressac n'a rien de neuf, que seule l'apparence en est scientifique et qu'au fond, une fois de plus, sans qu'on l'ait voulu, se trouve ainsi confirmée la solidité de la position révisionniste ?
A la fin de l'année 1978 et au début de l'année 1979, à une époque où Le Monde avait publié les vues du professeur Robert Faurisson sur " la rumeur d'Auschwitz " ou " le problème des chambres à gaz " (cette dernière formulation est d'Olga Wormser-Migot, historienne d'origine juive), une contre-offensive médiatique de grande envergure avait donné à entendre que le révisionnisme venait d'être tué dans l' oe uf. En juin 1982, un colloque international de la Sorbonne, annoncé à son de trompe par les journaux, allait, paraît-il, confirmer la mort du révisionnisme historique. Nombre d'autres colloques, en France et à l'étranger (notamment, en 1988, celui d'Oxford organisé sur une vaste échelle par le magnat de la presse Robert Maxwell) propageaient, dans les années suivantes, l'information selon laquelle des documents ou des arguments sensationnels permettaient d'enterrer pour toujours le phénomène du révisionnisme. En 1986 avait éclaté en France, puis dans toute une partie du monde, l'affaire de " la thèse de Nantes "; l'auteur de cette thèse, Henri Roques, se voyait clouer au pilori, son titre de docteur lui était retiré et on nous assurait que sa thèse disparaîtrait dans les oubliettes de l'histoire. En 1990, nouvelle mobilisation médiatique, cette fois pour ensevelir l'universitaire lyonnais Bernard Notin. Des procès à grand spectacle en Israël, à Lyon, en Allemagne, en Autriche, au Canada prenaient le relais de prétendues victoires, toujours plus définitives les unes que les autres, sur des révisionnistes dont il était, par ailleurs, impossible d'entendre la voix, ce qui sans doute confirmait qu'ils étaient morts et bien morts. De façon
[9]
chronique, des ouvrages antirévisionnistes étaient, en grande fanfare, lancés sur le marché : ce fut le cas, en 1980, du livre de Filip Müller, Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz ; en 1981, du livre de Georges Wellers, Les Chambres à gaz ont existé; et, en 1984, du livre d'Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl et d'un ensemble de vingt-et-un autres auteurs, Les Chambres à gaz, secret d' E tat. Chaque année de nouveaux musées de l'Holocauste, des expositions, des films comme Holocauste ou Shoah, des documentaires, des spectacles venaient illustrer la défaite infligée aux révisionnistes.
Le livre de J.-C. Pressac ne fait que prendre rang dans cette série de mises en scène à répétition.
Mais il faut lui rendre cette justice que, sans l'avoir voulu, J.-C. Pressac vient, d'un seul coup, de lever les interdits qui pesaient sur la libre recherche historique. Son ouvrage constitue, en effet, un défi à la loi Fabius-Gayssot, une loi dont il déclare qu'elle " interdit de s'exprimer librement " en matière d'histoire mais que, pour sa part, il outrage à plaisir (Le Monde, 26/27 septembre 1993). La voie est donc libre ...
En mai 1992, la R.H.R. s'était vue contrainte d'interrompre toute publication après sa sixième livraison et sa vocation n'a jamais été de publier des ouvrages. Elle ne peut donc publier cette Réponse à Jean-Claude Pressac ni comme une suite d'articles ni comme un ouvrage. Mais elle prend la responsabilité de la diffuser. Pendant deux ans, R. Faurisson a été le conseiller scientifique de notre revue et lui a personnellement fourni maintes contributions sous la forme d'articles ou d'études signés de son nom. En dépit des mesures d'interdiction prises à notre encontre par Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur (arrêté du 2 juillet 1990), et malgré les rigueurs de la loi Fabius-Gayssot instituant le délit de révisionnisme historique ( " contestation de crimes contre l'humanité " tels que sanctionnés au procès de Nuremberg), nous avions ainsi donné la parole au proscrit.
Il y a quinze ans, R. Faurisson avait pris publiquement l'initiative -- il était le premier au monde à le faire -- de placer " le problème des chambres à gaz " sur le plan matériel et scientifique. Son audace avait longtemps paru sacrilège. A présent, les adversaires des révisionnistes se voient contraints d'avancer sur le terrain où R. Faurisson espérait les voir s'engager. A l'ouvrage de J.-C. Pressac qui se veut essentiellement technique, il était normal qu'on pût opposer une réponse essentiellement technique. Ainsi qu'on le
[10]
constatera, c'est ce que fait le professeur Faurisson dont la spécialité est, selon la dénomination officielle, la " critique de textes et documents (littérature, histoire, médias) " .
La Réponse à Jean-Claude
Pressac constitue, grâce à l'analyse du professeur
Faurisson, un discours de la méthode à suivre dans
l'examen d'un problème historique et elle illustre ce qu'en
la personne du pharmacien J.-C. Pressac la fausse science peut,
avec l'aide des médias, créer de faux-semblants;
elle permet, en cette fin d'année 1993, d'évaluer
l'importance des concessions que la science historique officielle
a dû faire au révisionnisme historique; enfin, elle
aide la véracité des faits à reprendre ses
droits sur les aberrations d'une propagande de guerre qui n'a
que trop duré. Aussi longtemps qu'on ajoutera foi à
ces aberrations, on ne saura pas voir que le vrai crime de guerre,
le vrai " crime contre l'humanité " , est la
guerre elle-même, avec son cortège d'horreurs vraies.
La Rédaction de la
R.H.R.
24 décembre 1993
Avertissement 5
Préface ..................................................
7
INTRODUCTION .............................. 11
I -- LES E VIDENCES ........................ 19
que Pressac n'a pas pu taire
II -- LES R E ALIT E S ........................ 29
que Pressac a passées sous silence
III -- LES EXP E DIENTS ................... 37
que Pressac emprunte à d'autres historiens
IV -- LES TROMPERIES .................... 51
qui sont propres à Pressac
V -- LES DIVAGATIONS ................. 69
du romancier
CONCLUSION.................................. 75
Annexe : Le document NI-9912....... 80
[11]
Le récent ouvrage de Jean-Claude Pressac porte pour titre : Les Crématoires d'Auschwitz et, en sous-titre: La Machinerie du meurtre de masse (CNRS éditions, août 1993, VIII-156 p. et 48 p. hors-texte). Le titre tient ses promesses tandis que le sous-titre manque aux siennes. Dans cet ouvrage le contraste est saisissant entre, d'une part, la pléthore de preuves et de documents attestant l'existence -- que personne ne conteste -- de crématoires et, d'autre part, l'absence de preuves et de documents attestant l'existence -- fort contestée -- de chambres à gaz homicides à Auschwitz.
Ni photographie ni dessin
D'un auteur qui prétend
que les chambres à gaz nazies ont existé on est
en droit d'exiger une représentation physique de ces extraordinaires
abattoirs chimiques. Or, le livre de
[12]
Pressac ne contient ni une photographie, ni un dessin, ni un croquis,
ni une maquette de chambre à gaz homicide. Dans le cahier
photographique de 48 pages figurent soixante "documents"
mais aucun de ceux-ci n'a de rapport avec les chambres à
gaz homicides, y compris, comme on le verra ci-dessous, le seul
"document" (n* 28) présenté abusivement
comme une preuve. L'auteur n'a pas même osé reproduire
en photographie la chambre à gaz du crématoire I,
celle que tout le monde visite à Auschwitz. Il n'a pas
non plus présenté l'intérieur et l'extérieur
des restes -- fort parlants -- de la prétendue chambre
à gaz du crématoire II à Birkenau. La maquette
imprudemment exposée par les Polonais dans le Block 4 du
Musée d'Auschwitz n'est pas non plus reproduite. Le motif
de tant d'abstentions se devine aisément: la moindre
tentative de représentation physique de l'une des prétendues
chambres à gaz homicides d'Auschwitz rendrait immédiatement
patentes les impossibilités physiques et chimiques de tout
gazage à l'acide cyanhydrique en ces lieux 1.
Rien d'une nouveauté
Ce livre, bien modeste par son contenu, n'a rien d'une nouveauté.
Il n'est, pour l'essentiel, que le résumé du fastidieux
pensum que Pressac avait publié en 1989 sous le titre trompeur
d'Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers
2, dont j'avais publié la recension dans un article
[13]
intitulé: "Auschwitz: Technique and Operation
of the Gas Chambers (1989) ou Bricolage et "gazouillages"
à Auschwitz et Birkenau selon J.C. Pressac (1989)"
3. Quitte à paraître présomptueux, je constate aujourd'hui que ma recension de 1990 a conduit Pressac à limiter ici son argumentation sur les chambres à gaz, à la réduire à quelques pauvres pages extrêmement confuses et, pour commencer, à choisir en français un titre beaucoup moins ambitieux que celui de son ouvrage en anglais.
Auschwitz: 800 000 morts au lieu de neuf
millions
La seule importante nouveauté de ce livre en français
réside dans le total des morts d'Auschwitz, selon Pressac.
Dans le film d'Alain Resnais, Nuit et Brouillard, ce total
était de neuf millions ("Neuf millions de morts hantent
ce paysage", est-il dit à la fin du film). Au procès
de Nuremberg, un document ayant "valeur de preuve authentique"
(doc. URSS-008) fixait le total à quatre millions. Jusqu'en
avril 1990, c'est ce même chiffre qui figurait en dix-neuf
langues différentes sur dix-neuf dalles du monument de
Birkenau. En avril 1990, les autorités du Musée
d'Auschwitz retiraient discrètement ces inscriptions; il
était alors question d'inscrire le chiffre d'un million
et demi. En France, François Bédarida se prenait
à envisager le chiffre de 950 000 (Le Monde, 22/23
juillet 1990, p. 7). Voici que Pressac se décide pour celui
de 775 000, arrondi à 800 000, le total des juifs gazés
étant, lui, estimé à 630 000 (p. 148) 4. Le chiffre réel est probablement de
[14]
150 000 morts, juifs et non juifs, de 1939 à 1945, la grande
majorité de ces morts étant due à des causes
naturelles et, en particulier, aux épidémies de
typhus et de fièvre typhoïde.
Pressac ne croit plus à "Wannsee"
mais il continue de croire en Hitler
Autre nouveauté: Pressac ne croit plus que, le 20 janvier
1942, à la conférence de Wannsee présidée
par Heydrich, les Allemands auraient décidé l'extermination
physique des juifs (v o y., ci-dess o us , p. 19-20). Il semble,
par ailleurs, qu'il ne croit guère à l'existence
d'une politique d'extermination des juifs (ce qu'on appelle le
génocide). En tout cas, pas un instant il ne met en cause
Adolf Hitler 5. Le nom du Führer ne paraît que quatre fois dans son livre: d'abord, au sujet des "projets architecturaux" d'Hitler "qui devaient glorifier le renouveau allemand et servir à résorber le chômage" (p. 6), puis à propos de l'un de ses secrétaires (p. 10) et des diatribes d'Hitler contre les juifs (p. 65) et, enfin, au sujet de "la reprise des activités [économiques] entraînée par l'arrivée d'Hitler à la Chancellerie" (p. 137).
La théorie des "gazouillages"
La théorie pressacoise sur Auschwitz est des plus biscornues.
Elle est celle des "gazouillages", des "bricolages",
des "bavures" et des "bévues". Bien
entendu, l'auteur
[15]
n'emploie le mot de "gazouillages" que dans ses conversations
privées mais ce calembour résume bien la théorie
en question.
Selon Pressac, les Allemands auraient improvisé
aussi bien le crime que l'arme du crime. Ils auraient "gazouillé"
çà et là, de temps en temps, dans des proportions
irrégulières plutôt qu'ils n'auraient gazé
de façon systématique, continue et jusqu'à
tuer des millions de victimes. Pour commencer, toujours selon
Pressac, à Auschwitz, les Allemands n'aura ient
PAS MÊME CONST RUIT de chambres à gaz homicides.
Il admet que les crématoires II et III de Birkenau, par
exemple, terminés en 1943, n'avaient pas été
conçus en août 1942 pour tuer mais seulement pour
incinérer des cadavres. Il reconnaît que ces crématoires
possédaient d'inoffensives chambres froides (qu'il appelle
morgues) pour la conservation des cadavres en attente de leur
incinération; mais, ajoute-t-il, ce sont ces chambres froides
que les Allemands auraient, à une date imprécise
et dans des conditions obscures, décidé de transformer
en chambres à gaz homicides. Ces Allemands auraient été,
tout au plus, quelques capitaines, lieutenants et sous-officiers
SS ainsi que quelques ingénieurs et techniciens civils
de la crémation, de l'isolation et de la ventilation et
non pas, comme on aurait pu s'y attendre, d'éminentes autorités
politiques ainsi que des chimistes, des médecins et des
toxicologues. Le maître d'oeuvre aurait été
un ancien ouvrier maçon (p. 10) devenu spécialiste
de la construction des fours crématoires dans une société
d'Erfurt, la société Topf et Fils. Ce génie
du mal s'appelait Kurt Prüfer. Après la guerre, les
Américains l'arrêtèrent, l'interrogèrent
puis, estimant qu'il n'avait jamais construit que des fours crématoires,
le relâ-chèrent. Prüfer retourna en Allemagne
de l'Est, à Erfurt. Mal
[16]
lui en prit. Le KGB l'arrêta, l'interrogea et, en avril
1948, il fut condamné à vingt-cinq ans de travaux
forcés 6. Quatre ans plus tard, il décédait en prison.
Aux dires de Pressac, Prüfer et ses aides travaillaient si
mal que la transformation des chambres froides en chambres à
gaz s'apparenta à du bricolage; par exemple, dans la chambre
froide, l'entrée d'air se faisait par le haut et la sortie
d'air par le bas, ce qui, Pressac lui-même en convient,
est normal pour une chambre froide contenant des cadavres; or,
le gaz cyanhydrique, composante essentielle du Zyklon-B, est moins
dense que l'air; il aurait donc fallu, dit-il, inverser le système
d'aération pour évacuer le gaz par le haut, après
le gazage des victimes, car l'emploi de gaz cyanhydrique dans
une telle pièce aurait été "techniquement
insensé" (p. 71). Or, au lieu d'inverser le système
d'aération, les spécialistes de la ventilation le
conservèrent. Ils se contentèrent de vérifier
"la puissance de ventilation" (Ibid.). Ils ventilaient
beaucoup dans ces chambres à gaz. L'auteur nous étourdit
de considérations sur le sens des vents et des courants
d'air ainsi que sur la force des ventilateurs. Non sans raison,
certains révisionnistes facétieux lui ont reproché
d'avoir transformé ses chambres à gaz en chambres
à air et de mettre un peu trop de vent dans ses propos.
Pressac laisse entendre que les bricolages de ces petits techniciens
allemands ne pouvaient pas laisser de traces ou de preuves bien
visibles de leur activité criminelle; aussi, nous en prévient-il,
au lieu de bonnes et solides preuves de l'existence de chambres
à gaz homicides, ne pouvons-nous
[17]
espérer découvrir que de menus indices, des commencements
de preuves, des éléments de preuves ou des adminicules
qu'en son langage il appelle des "bavures" ou des "bévues"
criminelles. Encore faut-il une sagacité toute particulière
pour détecter ces traces infimes d'un crime sans précédent
dans l'histoire et cette sagacité, cela va de soi, ne peut
être que celle de Pressac, pharmacien le jour et historien
la nuit.
Les promesses de Pressac et la réalité
Dans son introduction, il nous promet une "histoire rigoureuse"
d'Auschwitz, "une compréhension presque parfaite de
l'ingénierie criminelle" et une "reconstitution
historique enfin affranchie des témoignages oraux ou écrits,
toujours faillibles et se contractant en sus avec le temps"
(p. 1-2).
Nous verrons qu'il ne s'agit là que de rodomontades et
que le corps du livre est, tout à l'inverse, riche de confusions,
d'incohérences, d'approximations; le recours aux témoignages
y est de pratique constante dès qu'il s'agit des prétendus
gazages homicides. Même sur la question des fours crématoires,
les propos sont décousus et souvent obscurs.
Pour juger un tel ouvrage, on devrait lui appliquer le plus simple
des critères: si l'auteur y propose la photographie ou
le dessin d'une chambre à gaz nazie, on l'écoutera;
dans le cas contraire, on ne l'écoutera pas. Pressac, qui
est bon photographe, bon dessinateur et probablement bon maquettiste,
a soigneusement évité l'épreuve de vérité
qui eût consisté à nous proposer la représentation
matérielle de l'un de ces prodigieux abattoirs chimiques.
En conséquence, on ne devrait
[18]
pas s'attarder à ce produit d'un cerveau brouillé.
Personnellement, je le ferai néanmoins afin que le lecteur
prenne la mesure de la catastrophe que constitue ce livre pour
les adeptes de la thèse exterminationniste.
Procédant en cinq temps, j'évoquerai, tour à
tour, les évidences que l'auteur n'a pas pu taire, les
réalités qu'il a passées sous silence, les
expédients qu'il a empruntés à d'autres historiens
de l' "Holocauste", les tromperies qui lui sont
propres et, enfin, ses divagations de romancier.
Pour terminer, je renouvellerai la proposition de l'Américain Fred Leuchter et je suggérerai à nos adversaires de fonder une commission internationale d'experts qui procéderait, à Auschwitz et à Birkenau, sur place, à l'examen de l'arme d'un des crimes les plus atroces que l'histoire aurait connus; ainsi seraient expertisés les locaux ou les emplacements où des centaines de milliers de juifs (des millions, disait-on autrefois 7) auraient été tués à l'acide cyanhydrique.
Pour des historiens qui se piquent d'entreprendre enfin une histoire scientifique d'Auschwitz, il n'y a plus de raison de refuser une telle expertise.
[19]
A cause de découvertes fondamentales
dues aux révisionnistes, il est des évidences embarrassantes
que les exterminationnistes ne peuvent plus masquer. Pressac suit
le mouvement.
"Wannsee" n'est plus "Wannsee"
Pendant des dizaines d'années, les historiens du prétendu
"Holocauste" des juifs ont répété
que, le 20 janvier 1942, à Berlin-Wannsee, les Allemands
avaient pris la décision d'exterminer les juifs européens.
Il a fallu attendre mai 1984 pour que les exterminationnistes
réunis en congrès à Stuttgart abandonnent
cette thèse dans la plus grande discrétion (Eberhard
Jäckel et Jürgen Rohwer, Der Mord an den Juden im
Zweiten Weltkrieg, DVA, 1985, p. 67).
[20]
Puis, il a fallu patienter jusqu'à 1992 pour que Yehuda
Bauer déclare publiquement que cette thèse était
"inepte" (silly) (The Canadian Jewish
News, 30 janvier 1992; voy., également, "Wannsee:
"Une histoire inepte"", R.H.R. n* 6, mai
1992, p. 157-158). Se conformant à la nouvelle vérité
officielle, Pressac écrit:
Le 20 janvier se tenait à Berlin la conférence dite de Wannsee. Si une action de "refoulement" des Juifs vers l'Est fut bien prévue avec l'évocation d'une élimination "naturelle" par le travail, personne ne parla alors de liquidation industrielle. Dans les jours et les semaines qui suivirent, la Bauleitung d'Auschwitz ne reçut ni appel, ni télégramme, ni lettre réclamant l'étude d'une installation adaptée à cette fin (p. 35).
Dans sa "chronologie récapitulative",
il confirme: "20 janvier [1942]: Conférence de Wannsee
à Berlin sur le refoulement des Juifs vers l'Est"
(p. 114). Il dit bien "refoulement" et non "extermination".
Auschwitz ne pouvait guère avoir de secret
L'emplacement d'Auschwitz, disait-on autrefois, avait été
choisi pour son éloignement et ses possibilités
de secret. En réalité, Pressac est obligé
de reconnaître que le camp était établi dans
un faubourg de la ville d'Auschwitz, elle-même située
sur un réseau de voies de chemin de fer internationales
conduisant à Berlin, Vienne ou Varsovie (p. 9). Ajoutons
que tous les jours les voyageurs de ces trains passaient à
proximité du camp.
On ne conteste plus aujourd'hui le fait que le camp d'Auschwitz
grouillait de travailleurs civils, allemands,
[21]
polonais ou autres, employés à toutes sortes de
travaux, y compris à la construction et à l'entretien
des crématoires; sauf en cas d'épidémie de
typhus, la plupart de ces civils regagnaient chaque jour leur
domicile. A elle seule, cette réalité est incompatible
avec la nécessité d'entourer du plus grand secret
l'existence et le fonctionnement d'abattoirs chimiques où
les victimes se seraient engouffrées par centaines de milliers
(par millions, disait-on autrefois). Ces civils portaient un brassard
vert ( p. 62):
Pour les crématoires de Birkenau, on fit appel à douze entreprises civiles [...]. Chaque chantier [...] employait cent à cent cinquante personnes, dont deux tiers de détenus et un tiers de civils, dirigés par les contremaîtres des entreprises impliquées (p. 56).
L'auteur n'explique pas l'anomalie qu'aurait
dû constituer à ses yeux cette abondance de civils
étrangers sur le lieu du crime et le fait que des travaux
supposés être le plus grand secret du Reich auraient
été dirigés par des contremaîtres d'entreprises
civiles extérieures au camp.
Les archives sont restées
en très grand nombre
En 1945, se plaisait-on à dire, les Allemands avaient détruit
presque toutes les archives du camp. Pressac admet que les pièces
d'archives d'Auschwitz se comptent aujourd'hui par dizaines de
milliers, sinon par centaines de milliers, à Auschwitz
même ou à Moscou. Celles de la direction centrale
de la construction (Zentral-Bauleitung) sont intactes.
Etant les plus compromettantes aux yeux de Pressac,
[22]
elles auraient dû être détruites en priorité.
Pourquoi ne l'ont-elles pas été ? La réponse
de bon sens est que, ne recélant aucune trace d'un gigantesque
crime précisément parce que ce crime n'avait pas
eu lieu, il n'y avait aucune raison de détruire de telles
archives. L'auteur, lui, propose une autre explication au fait
que les SS n'ont pas détruit ces archives-là: les
SS en ignoraient le contenu "explosif" (p. 1). Chez
lui, c'est l'usage: sitôt qu'il ne comprend pas un phénomène,
il tend à l'imputer à la bêtise ou à
l'ignorance des SS.
En 1972, il a fallu innocenter les deux principaux architectes
Pour ma part, j'ai toujours insisté sur l'acquittement en 1972 par un tribunal de Vienne de Walter Dejaco et de Fritz Ertl, les deux principaux architectes des crématoires d'Auschwitz. Les communistes soviétiques et polonais avaient transmis au tribunal les documents en leur possession. La conclusion qui vient normalement à l'esprit est que ces documents ne fournissaient aucune preuve d'un crime quelconque; tous devaient avoir une justification technique des plus banales pour des architectes, des ingénieurs, des experts. Le pharmacien Pressac, lui, conclut à l'incapacité de tous:
personne, juges ou prétendus experts, ne fut capable à l'époque d'exploiter l'excellent matériel historique fourni par les Polonais et les Soviétiques (p. 96).
Pour les révisionnistes, les pièces et documents du procès Dejaco-Ertl, détenus par la justice autrichienne, sont inaccessibles. Pourquoi ne les publie-t-on pas ?
[23]
Les épidémies de typhus combattues par le Zyklon-B
Le typhus -- endémique depuis toujours dans les populations de l'Est européen -- exerçait ses ravages à Auschwitz. En Union soviétique, dans la partie occidentale, les Allemands avaient constaté "cent cinquante mille cas de typhus lors de l'é t é 1941" (p. 32). En la circonstance, Pressac, contraint à faire état de quelques vérités depuis longtemps signalées par les révisionnistes , écrit:
Les médecins SS savaient que la région d'Auschwitz était marécageuse. Ils avaient déjà été confrontés au problème de l'eau non traitée qui provoquait des fièvres typhoïdes dues au bacille d'Eberth. Fin mai 1942, de nombreux cas de typhoïde étant apparus chez les détenus, la consommation de l'eau courante avait été interdite début juin aux SS et aux employés des dix-sept firmes civiles du camp. Pour compenser, de l'eau minérale était fournie gratuitement en abondance. Les médecins prévoyaient, presque fatalement durant l'été, des cas de paludisme (ou malaria) provoqués par les moustiques venant des marais. Pour contrer ce danger, un Institut d'hygiène SS devait être monté à Raïsko, ce qui fut fait en octobre. Mais le typhus les surprit. Ils pensaient que les mesures prophylactiques (quarantaine et tonte des cheveux) et d'hygiène (désinfection locale des poils, douches), appliquées aux détenus à leur arrivée, éviteraient l'introduction du fléau dans le camp par l'éradication du vecteur, le pou. Ce fut le cas, mais le mal vint de ceux qui n'avaient pas été soumis à un tel traitement, les civils, qui côtoyaient journellement les détenus 8. Bientôt, ces derniers
[24]
furent contaminés et, comme les conditions d'hygiène dans le KL étaient lamentables, le nombre de morts s'envola. De mai à décembre 1940, les décès mensuels sont estimés à 220; de janvier à juillet 1941, ils triplent; d'août à décembre 1941, ils atteignent le millier; en juillet 1942, ils dépassent les 4 000. La situation sanitaire devenait incontrôlable. Il fallait éviter que le typhus ne se répandît aux alentours. L'ensemble du camp devait être isolé et personne ne devait en sortir. Une quarantaine partielle fut ordonnée le 10 juillet [1942] (p. 43).
Il ajoute:
Mais comme l'épidémie de typhus continuait ses ravages de plus belle et que la situation devenait catastrophique, l'isolement total du camp fut décrété le 23 juillet [1942] (p. 46).
L'épidémie alla jusqu'à
provoquer quotidiennement 250 à 300 morts parmi les détenus,
les civils et les SS (p. 50). Pressac omet de dire que le Dr.
Popiersch, médecin-chef, mourut lui-même du typhus
9. Dans la période du 7 au 11 septembre 1942, la première épidémie atteignit avec 375 décès en un seul jour son point culminant (voy. le tableau de la page 145).
[25]
Une deuxième épidémie, suivie d'une troisième
épidémie, éclata durant le premier semestre
de 1943 (p. 82).
La désinfection, en particulier au Zyklon-B, constituait une nécessité vitale:
La semaine du 5 au 11 juillet [1942], le bâtiment où logeait la garde SS et qui grouillait de vermine fut gazé [au Zyklon-B] (p. 16).
A Birkenau, le Zentral-Sauna:
était un complexe sanitaire performant, devant être équipé de quatre chambres d'épouillage à air chaud (document 23), de trois autoclaves industriels (document 24), d'une pièce pour la tonte des cheveux, d'une d'examen médical et de cinquante douches. Par son édification, les SS voulaient contrer "définitivement" toute résurgence du typhus à Birkenau. Les détenus y seraient rasés, examinés, désinfectés et douchés pendant que leurs effets étaient épouillés. Malheureusement, l'installation ne fut opérationnelle que fin janvier 1944 (p. 69).
Le document 23 et surtout les documents 24 et 40 illustrent à quel point les Allemands se souciaient d'hygiène, en particulier dans la partie du camp occupée, à une époque, par les Tziganes. Les documents 42 et 43 montrent les vues intérieure et extérieure de la batterie de dix-neuf chambres à gaz de désinfection au Zyklon-B (ce travail allait rester inachevé).
Auschwitz fut doté de:
la plus récente des techniques d'épouillage mises au point en Allemagne. Il s'agissait d'une installation d'épouillage fixe à ondes ultracourtes (décimétriques ou centimétriques) (p. 82-83).
Dès 1946, un ancien détenu d'Auschwitz, Marc Klein, professeur à la faculté de médecine de Strasbourg, [26] mentionnait cet "épouillage aux ondes courtes" ainsi que la quantité impressionnante de mesures prises par les médecins allemands pour essayer de soigner les détenus dans les conditions de promiscuité d'un camp de travail forcé ("Observations et réflexions sur les camps de concentration nazis", Etudes germaniques n* 3, 1946, p. 18).
La crémation: une mesure d'hygiène
Pressac écrit:
Pour éviter que le typhus et d'autres épidémies incontrôlables ne s'étendent, les cadavres engendrés par le conflit, y compris leurs microbes, devaient être réduits en cendres. Prüfer [en ce qui concernait Auschwitz] était là pour ça (p. 32).
Les Allemands avaient commencé par enterrer les cadavres mais Auschwitz était situé dans une zone marécageuse. Par moments, l'eau remontait presque à la surface du sol. Il fallut déterrer les cadavres et les incinérer:
les produits de putréfaction des cadavres commençaient à empoisonner la nappe phréatique, qui risquait lors de sa remontée de l'être entièrement. Il ne restait qu'à déterrer les corps et à les incinérer en plein air avant l'hiver (p. 57).
La majeure partie du livre est consacrée
à l'histoire des crématoires, c'est-à-dire
à l'histoire, d'abord, des bâtiments appelés
crématoires, puis, à celle, en particulier, des
fours de ces crématoires. Le récit est fastidieux,
décousu, à peine compréhensible. Il en ressort
que les fours étaient sujets à des pannes constantes
(p. 22, 81, note 108, etc.), ce qui diminue d'autant les capacités
délirantes de rendement que les
[27]
exterminationnistes, y compris Pressac, leur attribuent généreusement
(300 000 incinérations en 70 jours (p. 148), soit plus
de 4 285 par jour !).
Des crématoires prévus sans chambres à
gaz homicides
On touche ici à la plus importante concession que l'auteur
ait dû faire aux révisionnistes: les quatre crématoires
de Birkenau, conçus en août 1942, c'est-à-dire
à une époque vraiment tardive de ce que les historiens
officiels appellent la politique d'extermination des juifs, étaient
"prévus alors sans chambres à gaz" (p.
53). On ne voit d'ailleurs pas plus à quel moment
précis ces crématoires, achevés entre le
31 mars et le 25 juin 1943, seront "prévus avec"
des chambres à gaz.
Sa concession est significative: en 1982, à une époque
où les historiens affirmaient que tous ces crématoires
avaient été prévus et construits avec
des chambres à gaz, l'auteur avait, en un moment d'audace,
osé écrire que les crématoires IV et V avaient
été conçus sans chambres à
gaz; puis, en 1989, faisant amende honorable, il écrivait
que ces deux crématoires avaient été conçus
avec chambres à gaz. Aujourd'hui, il revient à sa
thèse de 1982; ces crématoires ont été
conçus sans chambres à gaz. Pour les crématoires
II et III, il n'en a rien dit en 1982; puis, en 1989 et aujourd'hui
en 1993, il décrète qu'ils avaient été
prévus sans chambres à gaz. Quant au crématoire
I, antérieur à tous les autres crématoires,
on ne peut guère déterminer si, pour Pressac, à
un moment donné de ses variations sur le sujet, les Allemands
l'ont prévu avec ou sans chambre à
gaz. Même incertitude pour les mystérieux Bunkers
1 et 2. Pour les références à ces diverses
prises de
[28]
position, on pourra se reporter à R.H.R. n* 3, p. 74-79
(voy., également, ma Réponse à Pierre
Vidal-Naquet, La Vieille Taupe, 1982, 2e édition, p.
67-83).
Autres évidences qu'il ne pouvait pas taire
Pour se limiter au cahier photographique,
d'autres évidences y apparaissent que l'auteur ne pouvait
pas taire. Les membres de la direction centrale de la construction
à Auschwitz, loin de travailler dans la clandestinité
qui sied aux criminels, se faisaient complaisamment photographier
(doc. 12). Pressac aurait pu ajouter des photographies montrant
ces ingénieurs, architectes et techniciens travaillant
dans leurs bureaux où ils affichaient fièrement
les plans de leurs crématoires. On voit encore dans le
même cahier photographique une installation de chauffage
à grande distance pour le camp (doc. 44), des écuries
où s'affairent des détenus (doc. 45 et 46), des
usines d'armement ou de fabrication de carburants synthétiques
où travaillent des détenus (doc. 47 et 48), d'énormes
entrepôts de pommes de terre (doc. 49) dont la présence
est surprenante dans un camp dit, par les Alliés, "d'extermination",
une station de traitement des eaux située près des
crématoires (doc. 50), l'une des porcheries où travaillent
des détenus (doc. 51), des serres de maraîchage et
des champs de culture (doc. 52).
Pour l'instant, au titre des évidences que l'auteur ne pouvait pas taire, on notera à quel point tout jusqu'ici plaide contre la thèse d'une extermination à Auschwitz. Il aura fallu l'énorme pression exercée par les travaux révisionnistes pour faire admettre ces évidences-là.
[29]
L'auteur a passé sous silence
un nombre considérable de réalités qui montrent
qu'Auschwitz et Birkenau n'ont pas pu être des "camps
d'extermination" (expression forgée par les Alliés)
mais des camps de concentration, de travail et de transit. Il
a également gardé le silence sur un grand nombre
de documents de première importance. Je me limiterai à
quelques exemples.
Ni photographie, ni plan du crématoire I
Voici un livre consacré aux "crématoires d'Auschwitz"
qui, dans ses soixante photographies et documents, ne contient
paradoxalement aucune photographie ni aucun plan du crématoire
I et de sa "chambre à gaz" ! C'est pourtant
[30]
ce premier crématoire, avec sa prétendue chambre
à gaz homicide, qui, répétons-le, est montré
à tous les visiteurs comme la preuve même du crime.
Pressac reproduit la photographie d'un four situé à
Dachau (doc. 7) ou à Buchenwald (doc. 60) mais il ne montre
pas les fours d'Auschwitz I !
Il se garde bien de le faire car il sait que ce crématoire, avec sa "chambre à gaz", n'est qu'une supercherie. Il pouvait difficilement rappeler à ses lecteurs que j'en avais fait la découverte en 1976, sur place, et que, quelques années plus tard, j'en avais apporté la preuve dans le livre écrit en collaboration avec Serge Thion: Vérité historique ou vérité politique ? (La Vieille Taupe, 1980, p. 316-317). Pressac ne pouvait pas non plus préciser à ses lecteurs que j'avais été le premier au monde à découvrir dans les archives du Musée d'Auschwitz, au prix de bien des difficultés, des plans de tous les crématoires d'Auschwitz et de Birkenau, à publier certains d'entre eux et à montrer ainsi les impossibilités physiques et chimiques de tout gazage homicide dans ces bâtiments.
Aucune photographie de la "chambre à gaz"
du crématoire II
Il n'ose pas non plus montrer en photographie
les ruines de ce qu'il ose appeler la chambre à gaz du
crématoire II de Birkenau et qui, en réalité,
était une chambre froide semi-enterrée (Leichen
keller). LE T OIT DE BETON, AUJOURD'HU I E F FONDRE, ETAIT MANIFE
S TEMENT DEPOURVU DE TOUTE OUV E RTURE PREVUE POUR LE VERSEMENT
DE QUOI Q UE CE FÛT. Les deux seuls trous qu'on peut y voir
aujourd'hui résultent d'un percement
[31]
effectué après la guerre: le ferraillage du béton
armé avec ses fers pliés et retournés en
témoigne. Par conséquent, la théorie pressacoise
selon laquelle les SS versaient dans cette "chambre à
gaz" des granulés de Zyklon-B par quatre ouvertures
prévues à cet effet est insoutenable pour des raisons
de pure évidence physique que tout le monde peut aujourd'hui
aller constater sur place.
Pas un mot des expertises
L'auteur ne souffle pas mot des expertises
successives de l'Américain Fred Leuchter et de l'Allemand
Germar Rudolf ainsi que de l'étude technique de l'Autrichien
Walter Lüftl qui, toutes, ont conclu à l'inexistence
de chambres à gaz homicides à Auschwitz et à
Birkenau 10.
Et, surtout, il passe sous silence l'expertise de Cracovie.
Dans le désir de contrecarrer le rapport de F. Leuchter,
les autorités du Musée d'Auschwitz avaient réclamé
une contre-expertise à l'institut de criminologie de Cracovie:
le résultat s'en est trouvé tel que ce rapport de
contre-expertise, daté du 24 septembre 1990, a été
mis sous le boisseau 11. De quel droit Pressac fait-il l'impasse sur ces éléments scientifiques du dossier d'Auschwitz ? Si ces expertises ne lui convenaient pas, il aurait dû nous le dire dans son livre et suggérer une expertise de son cru. D'ailleurs, il est grand temps que nous
[32]
exigions de ceux qui critiquent les révisionnistes qu'ils
fournissent, à leur tour, une expertise de l'arme du crime
censément employée à Auschwitz et à
Birkenau. Un examen scientifique de bâtiments (ou de ruines
de bâtiments) qui n'ont qu'un demi-siècle d'âge
est des plus faciles. Pourquoi s'entêter à refuser
cette expertise ou cet examen à l'heure où l'on
prétend s'engager, comme les révisionnistes, sur
la voie d'une histoire scientifique?
Pas une photographie complète de L'Album d'Auschwitz
Le plus précieux document qu'on possède sur les
réalités d'Auschwitz est un recueil de 189 photographies
qu'on a pris l'habitude d'appeler L'Album d'Auschwitz.
Il inflige un démenti aux élucubrations sur le sort
des juifs arrivant à Auschwitz-Birkenau en 1944. Il est
si embarrassant pour les exterminationnistes que ces derniers
ont attendu trente-six ans après sa découverte en
1945 pour le publier, enfin, sous sa forme intégrale en
1981. Jusqu'à cette date, seules en étaient connues
quelques photographies délivrées, si l'on peut dire,
au compte-gouttes dans divers ouvrages. Encore a-t-il fallu, en
1981, accompagner cette publication intégrale de tout un
roman, écrit par Serge Klarsfeld, sur la découverte
"miraculeuse" dudit album. Deux ans plus tard, le même
S. Klarsfeld confiait à Pressac le soin de présenter
aux éditions du Seuil une "édition établie
et complétée [sic]12 [33] (voy. R.H.R. n* 3, Additif 3: "Les Tricheries de Pressac dans L'Album d'Auschwitz", p. 149-152).
Mis à part, en couverture, la
photographie de la femme juive (résultat du découpage
de l'une des photographies de l'album), Pressac ne reproduit pas
une seule photographie du précieux album !
Pas un mot des photographies aériennes
Pressac ne reproduit aucune des photographies
aériennes d'Auschwitz et de Birkenau publiées en
1979 par les Américains Dino A. Brugioni et Robert G. Poirier
13. Il est vrai que ces photographies administrent la preuve qu'autour des crématoires aucune foule ne s'est jamais pressée, que jamais les cheminées n'ont émis de panaches de fumée (voy., dans Les Crématoires
d'Auschwitz, "deux cheminées trapues crachant
des flammes", p. 91) et que les "fosses d'incinération"
sont une création de l'esprit.
Pas un mot du registre des cadavres en chambre froide (Leichenhallenbuch)
Il a fallu attendre 1989 pour que le Musée d'Auschwitz
se résigne à dévoiler l'existence du registre
mortuaire
[34]
d'Auschwitz I: le "Leichenhallenbuch" (à
ne pas confondre avec les registres généraux de
décès: les Sterbebücher ou Totenbücher).
En 1989, dans sa nouvelle édition du calendrier des événements
d'Auschwitz (Kalendarium der Ereignisse im Konzentrationslager
Auschwitz-Birkenau 1939-1945), Danuta Czech nous apprend ce
qu'elle avait curieusement "oublié" de mentionner
dans sa première édition du même calendrier
répartie sur six livraisons (Hefte von Auschwitz
n* 2 en 1959, n* 3 en 1960, n* 4 en 1961, n* 6 en 1962, n* 7 et
n* 8 en 1964, n* 10 en 1967): l'existence du précieux registre
recensant les morts entreposés dans la chambre froide (Leichenhalle)
du crématoire I entre le 7 octobre 1941 et le 31 août
1943 (Kalendarium, 1989, p. 10 et passim). Même si
quelques-uns de ces morts ont pu, au début de l'existence
du camp, être enterrés et non incinérés,
voilà bien un document qui donnerait une idée du
nombre réel et non pas simplement théorique des
incinérations pratiquées.
Beaucoup d'autres documents concernant l'incinération des
morts sont ignorés de Pressac: par exemple, les avis de
décès précisant qu'il y a eu incinération,
les télégrammes ou télex annonçant
les décès, les certificats d'envois d'urnes, les
rapports totalisant le nombre des cadavres incinérés
ou le nombre des cadavres entreposés en chambre froide
(voy., par exemple, pour Buchenwald, l'avis de décès
(Totenmeldung) reproduit par Reimund Schnabel, Macht
ohne Moral, Francfort, Rödenberg-Verlag, 1957, p. 346).
Le mythe selon lequel les futurs gazés
n'étaient pas enregistrés ne pouvait dispenser Pressac
de nous fournir ces renseignements dans un ouvrage intitulé
Les Crématoires d'Auschwitz.
[35]
Autres documents passés sous silence
D'autres documents sont passés
sous silence, par exemple ceux qui concernaient les demandes de
dotation de bois, de charbon et de coke ainsi que la livraison
de tout combustible aux crématoires, sans oublier les documents
qui prouvent que les fours ne pouvaient pas fonctionner 24 heures
sur 24 (voy. les instructions d'emploi reproduites dans A.T.O.,
p. 136).
Autres silences
Je ne reviendrai pas ici sur ce que, dans mon compte rendu de
son précédent ouvrage (A.T.O.), j'énumérais
sous les titres "Trois petits secrets de J.-C. Pressac"
(R.H.R. n* 3, p. 134-135) et "Omissions délibérées"
(Ibid., p. 137-140) 14. Il y aurait un chapitre à écrire sur les variations de la thèse pressacoise depuis onze ans avec des retournements à 180* dans les considérations sur Auschwitz. Pressac jette un voile sur ces péripéties et, en particulier, sur sa propre tentative
[36]
d'incinérer le cadavre d'un lapin dans un trou de son jardin
pour voir s'il fallait accorder quelque crédit aux récits
selon lesquels les Allemands auraient brûlé des milliers
de cadavres dans des "fosses d'incinération".
Malgré des efforts répétés, la tentative
s'était révélée infructueuse. L'auteur
en avait conclu qu'il était impossible, vu le manque d'oxygène,
d'incinérer des cadavres dans une fosse, surtout à
Auschwitz où, parfois, ainsi que je l'ai dit ci-dessus
(p. 26), la nappe phréatique remontait presque au niveau
du sol. Comme on le verra ci-dessous (p. 42-43), cela ne l'empêche
pas, dans son ouvrage, d'affirmer qu'à Auschwitz les Allemands
brûlaient parfois leurs victimes dans des "fosses d'incinération";
il leur arrivait même de les précipiter vivantes
"dans les fosses ardentes" (p. 91) !
Non content de passer sous silence tant de réalités
et tant de documents d'une si grande importance, Pressac a utilisé
d'autres moyens pour masquer la vérité d'Auschwitz:
il a employé aussi bien des expédients qui sont
traditionnels en la matière que d'autres qui lui sont propres.
[37]
Qu'il s'agisse des évidences que Pressac n'a pas pu taire
ou des réalités qu'il a passées sous silence,
tout concourt à prouver qu'on ne trouve trace à
Auschwitz et à Birkenau ni de génocide ni de chambres
à gaz homicides. Pour qui s'acharne néanmoins à
défendre la thèse exterminationniste, il ne reste
qu'une solution: le subterfuge. C'est celle qu'adopte notre historien
improvisé qui, se mettant à l'école d'illustres
prédécesseurs, va user des expédients habituels
à Léon Poliakov, Georges Wellers, Pierre Vidal-Naquet,
Raul Hilberg ou Christopher Browning ou encore certain tribunal
français (voy. R.H.R. n* 3, p. 204-205, ainsi que
n* 4, p. 192-193). Ces expédients sont, à tout le
moins, au nombre de quatre: l'affirmation sans preuve, le recours
au témoignage non vérifié, le décodage
d'un prétendu code et, enfin, l'assemblage non pas de preuves,
mais d'un faisceau hétéroclite
[38]
de bribes de preuves, de "bavures" et de "bévues"
que, par inadvertance, les SS auraient laissées derrière
eux.
L'affirmation sans preuve
Dans A.T.O., Pressac avait, au moins à cinq reprises (p. 115, 313, 464, 501, 533), fait état de "l'ordre donné par Himmler le 26 novembre 1944 de détruire les [crématoires] II et III de Birkenau, mettant ainsi officiellement fin aux gazages". Dans ma recension de son livre, j'écrivais: "notre autodidacte ne fait ici que reprendre, sans le vérifier, ce qu'affirment d'éminents auteurs juifs (avec des variations sur les dates)" (R.H.R. n* 3, p. 83-84). Que fait alors l'autodidacte dans son nouveau livre ? Il écrit: "Fin novembre [1944], sur ordre verbal d'Himmler, les gazages homicides furent arrêtés" (p. 93), mais il ne fournit, bien sûr, aucune preuve de l'existence de cet ordre maintenant présenté comme "verbal" et dont la date est subitement devenue imprécise. Tout aussi arbitrairement, il écrit que, le 17 juillet 1942, Himmler "assiste à un gazage homicide à Birkenau" (p. 115). Impavide, il prononce que l'extermination physique des juifs:
ne fut décidée par les autorités SS de Berlin [lesquelles?] qu'à partir de mai-juin 1942, pour être ensuite [quand cela au juste?] concrétisée techniquement par les SS de la Bauleitung d'Auschwitz et les ingénieurs de la firme J.A. Topf und Söhne d'Erfurt (p. 2).
Il se dispense de toute preuve et de
tout témoignage pour affirmer qu'on gazait des êtres
humains au Bunker 2 (p. 42), que "le 4 juillet, un convoi
de juifs slovaques fut "sélectionné" [sous-entendu:
en partie gazé] pour la première fois" (p.
43),
[39]
qu' "en novembre 1942 les SS de la Bauleitung résolurent
d'équiper les crématoires de chambres à gaz
homicides" (p. 66), que le spécialiste de la ventilation
Karl Schultze fut "affranchi [sic] par Prüfer
sur la destination particulière de l'aération et
de la désaération de la morgue 1 [du crématoire
II]" (p. 71). Par "destination particulière"
Pressac entend qu'il s'agissait de gazages homicides. Il affirme,
de la même manière, que "les SS pouvaient anéantir
en 70 jours jusqu'à 300 000 personnes" (p. 148), que
deux contremaîtres, quand ils descendaient d'un échafaudage
ou d'un toit, "parlaient des embrasements jaunes et pourpre
qui maculaient [!] le vert sylvestre de la zone interdite aux
contremaîtres des autres entreprises" (p. 58) et que
"s'imposa fin octobre 1942 l'idée, somme toute évidente,
de transférer l'activité "gazeuse"
[sic] des Bunkers 1 et 2" dans un crématoire (p. 60).
Sacrifiant à la routine des affirmations sans preuve, il
reprend à son compte le plus traditionnel des mensonges
de la propagande antiallemande: l'histoire de la prétendue
chambre à gaz de Dachau qui "ne fut, heureusement,
jamais mise en service" (p. 68).
Longue serait la liste des affirmations
de ce genre que Pressac ne prend la peine d'accompagner ni d'une
preuve ni même d'un témoignage. La brièveté
relative de son ouvrage ne saurait excuser une telle absence de
preuves, de témoignages et de références
à des sources précises pour des affirmations ou,
plutôt, pour des accusations d'une telle gravité.
Le recours aux témoignages
S'empressant d'oublier la promesse articulée dans sa préface,
il va multiplier tout au long de son livre le recours
[40]
aux témoignages, par exemple ceux du SS Pery Broad, du
SS Rudolf Höss, des détenus Henryk Tauber ou David
Olère et d'autres témoins dont il évite de
donner les noms: dans ces cas-là, il fait référence
au Kalendarium de Danuta Czech qui, elle-même, s'est
servie de témoignages.
Il faut de l'audace pour invoquer le témoignage du SS Pery
Broad, d'ailleurs en le manipulant (p. 18) 15. En 1989, Pressac disait de ce témoignage écrit qu'il soulève des "problèmes" et que la forme et le ton en "sonnent faux"; il ajoutait que ce que nous en connaissons est "manifestement coloré d'un patriotisme polonais passablement trop flagrant", qu'on n'en connaît pas le manuscrit original et que les Polonais ont "retravaillé" les déclarations
de P. Broad (A.T. O., p. 128) 16.
Le témoignage du SS Rudolf Höss, très souvent
invoqué (voy. son nom dans l'index des Crématoires
d'Auschwitz), est aujourd'hui totalement discrédité.
En 1989, Pressac lui-même expliquait que les "erreurs"
commises par Höss "tout au long de son autobiographie"
avaient une explication: "il était présent
sans voir" (A.T.O., p. 128), ce qui, pour un homme
présenté comme un témoin oculaire,
est inattendu. En 1993, il exécute son propre témoin
dans la longue note 132
[41]
(p. 102-103) où il utilise les mots suivants à propos
de Höss: "invraisemblance de taille", "anachronisme
net", "erreurs chronologiques", "visite imaginaire",
"chiffres des morts [...] régulièrement multipliés
par deux ou trois". Il conclut: "Höss, malgré
son rôle essentiel dans la "Solution Finale",
ne peut plus être considéré actuellement comme
un témoin fiable sur les dates et les chiffres."
Au sujet du cordonnier juif Henryk Tauber (notes 203 et 223),
Pressac, en 1989, énumérait ses graves "erreurs"
et "contradictions" et concluait qu'il n'avait, en fait,
jamais été le témoin de gazages homicides;
il expliquait que, sous l'influence du "climat politique
de l'époque", Tauber s'était permis de formidables
exagérations (A.T.O., p. 483-484, 489, 494).
Quant à David Olère, Pressac présente ses
dessins à l'encre de Chine comme des "documents"
(voy. doc. 30 -- noté 33 par erreur --, 31, 32, 35). Or,
en 1989, il estimait que ce témoin-là souffrait
du "Krematorium delirium" (A.T.O., p. 556). De
fait, ses dessins sont d'un lyrisme grotesque. L'un d'eux était
ainsi commenté en 1989 par Pressac: "Qu'il soit entièrement
imaginaire ou qu'il soit fondé sur ce que l'artiste a vu,
ce tableau est le seul qui montre un gazage homicide" (A.T.O.,
p. 258). On notait que, dans ce tableau ou dessin, les granulés
de Zyklon-B se répandaient d'une boîte qui se trouvait
sur le sol de la "chambre à gaz", ce qui vient
en contradiction avec la thèse de Pressac selon laquelle
les granulés étaient introduits de l'extérieur
par une "colonne grillagée de versement [sic
pour: déversement] du Zyklon-B" (doc. 31: dessin de
David Olère).
Quant aux autres témoignages, dont la source ainsi que
le nom du témoin ne nous sont pas indiqués, Pressac
s'y réfère
[42]
en des notes qui, toutes, renvoient au Kalendarium
de D. Czech. Or, à l'en croire, ce Kalendarium,
son auteur et les témoignages cités n'ont guère
de valeur de référence. Il écrit en effet:
Danuta Czech, en retenant sans explication certains témoignages aux dépens d'autres et en privilégiant les témoignages par rapport aux documents, a produit un travail qui prête le flanc aux critiques. Cette orientation historique particulière persiste dans la troisième et nouvelle version du Calendrier... de Czech, publiée actuellement en polonais et n'intégrant pas encore le fond Bauleitung des Archives centrales de Moscou, dépréciant fortement la véracité de cet ouvrage fondamental, établi malheureusement avec une optique un peu trop teintée dans le contexte politique tendu des années 60 (note 107).
A ce compte, pourquoi avoir puisé
de façon chronique à une source qu'on estime aussi
contestable ?
On relève avec étonnement qu'en 1993 Pressac ne
mentionne même plus deux témoignages dont, il y a
encore quatre ans, dans son livre en anglais (A.T.O.),
il faisait le plus grand usage: celui de Nyiszli (auteur présumé
du best-seller Médecin à Auschwitz) et
celui de Filip Müller (auteur présumé du best-seller,
prix de la LICRA: Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz).
Serait-ce à dire qu'il a tiré quelque enseignement
de mes remarques sur l'abus qu'il avait fait de ces témoignages
(voy. R.H.R. n* 3, p. 126-130, "Drôlerie [involontaire]
de Pressac à propos de M. Nyiszli" et p. 123) ?
Sans oser nommer F. Müller, il utilise
son témoignage de manière furtive. Rappelons ici
l'épisode des "fosses d'incinération":
[43]
Vers la fin de l'été, comme le Zyklon-B vint à manquer, les inaptes des convois, qui étaient encore dirigés vers Auschwitz, furent précipités directement dans les fosses ardentes du crématoire V et du Bunker 2 (293) (p. 91).
Cette note 293 nous renvoie au texte
suivant: "Hermann Langbein, Der Auschwitz-Prozess, eine
Dokumentation, Band I, Europa Verlag, Wien, 1965, p. 88".
Si l'on se reporte au livre et à la page indiquée
(en fait, p. 88-89), on découvre que ce témoignage
sur les victimes jetées vivantes dans les fosses d'incinération
émane de F. Müller, lequel ajoutait des précisions
que Pressac a préféré gommer: ces fosses
avaient une profondeur de 2,50 m (ce qui aurait été
impossible dans un terrain gorgé d'eau et ce qui aurait
aggravé le manque d'oxygène) et... on puisait la
graisse coulant des cadavres pour la reverser sur ces cadavres
en vue d'en accélérer l'incinération (!).
Le décodage du code
Beaucoup d'historiens ont affirmé que, pour désigner
leur prétendue politique d'extermination des juifs, les
Allemands utilisaient un "code". A cette assertion,
ces historiens en ajoutaient une autre: ils prétendaient
détenir la clé du code. En conséquence, leur
travail consistait à "décoder", c'est-à-dire
à trouver dans les documents ce qu'ils venaient d'y mettre.
Et il faut reconnaître qu'ils décodaient beaucoup.
En 1989, Pressac dénonçait le "mythe"
du "code" ou du langage secret (A.T.O., p. 247,
556).
En 1993, le voici qui sacrifie à l'usage qu'il condamnait.
A son tour, il décode avec abondance. Selon lui, "solution
[44]
finale" du problème juif aurait fini par signifier
liquidation des juifs (contexte de la page 29) et "commando
spécial" (Sonderkommando) aurait désigné
une équipe de juifs affectée au transport des cadavres
de gazés vers les fosses d'incinération (p. 43).
Les expressions de "traitement spécial" (Sonderbehandlung)
ou de "transfert de population juive" auraient masqué
"la liquidation par le gaz des inaptes juifs à Birkenau"
(p. 46). Les expressions d' "actions spéciales"
ou de "traités" auraient eu la même horrible
implication (p. 64, 77).
Mais, par moments, Pressac est en proie au doute. C'est ainsi
qu'il admet que l'expression d' "action spéciale"
pouvait n'avoir que le sens d'intervention ou de mobilisation
policière dans le camp d'Auschwitz à l'occasion
d'une grève spontanée des travailleurs civils (p.
63) tandis que "mesures spéciales" pouvait ne
désigner que des mesures d'ordre sanitaire (p. 82 et note
256).
Sur "traitement spécial"
(Sonderbehandlung), il devrait lire avec plus d'attention
ce qu'il cite lui-même. Quand il nous dit qu'un responsable
du camp réclame une dotation de 60.000 RM afin d'obtenir
"quatre baraques pour le traitement spécial des détenus
à Birkenau" (p. 46), c'est qu'on envisage, comme le
dit clairement le texte, de loger des détenus dans
des baraques et non d'envoyer de nouveaux arrivants
dans des chambres à gaz.
Les "bavures" ou "bévues" des SS
L'auteur appelle "bavure criminelle" "toute indication
relevée dans un document quelconque (écrit, plan,
photo)
[45]
relatif à un emploi anormal des crématoires et ne
pouvant s'expliquer que par le gazage massif d'êtres humains"
(p. 60). Parfois, au lieu de "bavure", il emploie le
mot de "bévue".
Il semble que, dans la pratique, cette définition revienne
à dire que, si Pressac -- et personne d'autre -- trouve
dans l'emploi des crématoires (des fours crématoires?)
un détail que lui, pharmacien, juge anormal et que, lui,
pharmacien, ne peut pas s'expliquer, il faudra en conclure qu'il
y a là l'indice d'un formidable crime. Quand on songe à
quel point le plus savant homme de science peut rester perplexe
devant un problème relevant de sa spécialité
et quand on se rappelle que le commencement de la sagesse consiste,
quand on ne sait pas, à se taire, on ne peut qu'admirer
ici l'ingénuité et la présomption du pharmacien.
L'auteur devrait se souvenir de sa propre expérience. Dans
son ouvrage de 1989, il consacrait tout un chapitre (le chapitre
VIII) à... trente-neuf "bavures". Aujourd'hui,
il semble n'avoir retenu que cinq ou six de ces "bavures",
ce qui signifierait qu'à ce jour il est parvenu à
s'expliquer une trentaine de détails qui, quatre ans plus
tôt, lui paraissaient constituer des indices d'un crime
abominable. Dans ma recension de 1990, j'avais traité de
ces trente-neuf "bavures" (R.H.R. n* 3,
p. 89-104) et je ne peux qu'y renvoyer mon lecteur. Je ne reviendrai
ici que sur certaines d'entre elles et je commenterai les quelques
nouvelles "bavures" que Pressac prétend
avoir découvertes.
1 (1) En matière de documentation photographique
et, en particulier, pour des photographies de la maquette polonaise,
le lecteur pourra se reporter aux 25 pages que j'ai ajoutées
à: Wilhelm Stäglich, Le Mythe d'Auschwitz,
Etude critique, traduit et adapté de l'allemand, La Vieille
Taupe, 1986, p.485-510, sous le titre «Illustrations. Le
mythe d'Auschwitz en images».
2 (2)Jean-Claude Pressac, Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers, New York, The Beate Klarsfeld Foundation, 1989, 564p., 45x30cm ci-dessous référencé A.T.O.
3 (3) Revue d'histoire révisionniste numéro 3·(novembre 1990/janvier1991), p.65-154 ci-dessous référencé R.H.R.
4 (4) Je sais, mais ne puis ici dévoiler ma source, que Pressac envisage, le moment venu, d'abaisser le total des morts d'Auschwitz à 700.000 si les esprits lui semblent préparés à accepter cette nouvelle baisse. En 1989, il évaluait le nombre des seuls gazés à un chiffre compris entre «million et un million et demi» (A.T.O., p.553).
5 (5) Pressac nourrit une telle dilection pour Adolf Hitler qu'il en possédait un buste à son domicile, au haut de l'escalier conduisant à une pièce de son grenier il avait insonorisé cette pièce afin d'y écouter de la musique militaire (pour confirmation, voy.Guillaume, Droit et histoire, La Vieille Taupe, 1986, p.124).
6 (6) Pressac, qui juge les Soviétiques et le KGB tellement plus clairvoyants que les Américains, écrit que Prüfer «fut condamné qu'à 25 ans de travaux forcés» (p.137).
7 (7) «Auschwitz, où périrent plus de cinq millions d'hommes, de femmes et d'enfants, dont 90% de juifs» («du souvenir à Paris devant le Mémorial du martyr juif inconnu», Le Monde, 20 avril 1978) d'après cette affirmation du Monde, plus de quatre millions et demi de juifs auraient donc péri dans les seuls camps d'Auschwitz et de Birkenau.
8 (8) De son côté, la Résistance polonaise, elle, s'efforçait de propager le typhus et la fièvre typhoïde nous devons cette révélation à la Revue d'histoire révisionniste n* 1 (mai 1990, p.115-128): «Rapport Mitkiewicz du 7 septembre 1943 ou l'arme du typhus»; ce rapport fait état, pour la période de janvier-avril 1943, de «centaines de cas» de «diffusion du microbe de la fièvre typhoïde et de poux vecteurs du typhus» (p.127). La Résistance française a utilisé des procédés identiques (Ibid., p.116, n.1).
9 (9)Voy. Comité international d'Auschwitz, Anthologie (bleue), vol.I, seconde partie (Varsovie, 1969), p.196. Parmi bien d'autres victimes allemandes du typhus à Auschwitz, citons le Dr.Siegfried Schwella, successeur du Dr.Popiersch, l'épouse de Gerhard Palitzsch (Rapportführer du camp) et l'épouse de Joachim Caesar (responsable des travaux agricoles). D'autres Allemands connus contractèrent le typhus sans en mourir parmi eux, le Dr.Johann-Paul Kremer, le Dr.Schwarz, le Dr.Uhlenbrock et le Dr.Mengele. Parmi les détenus les plus célèbres moururent du typhus le Dr. Ciepilowski, qui soignait les prisonniers soviétiques, le professeur Zygmunt Lempicki et la dentiste Danielle Casanova dont la légende a longtemps voulu qu'elle eût été tuée par les Allemands. Les Allemands avaient, à l'Est, la hantise du typhus Adolf Hitler lui-même fut vacciné contre le typhus les 7 et 14 février 1943 à Rastenburg (voy. les carnets de son médecin, le Dr.Morell, dans: David Irving, The Secret Diaries of Hitler's Doctor, New York, McMillan, 1983, p.109).
10 (10) F. Leuchter, spécialiste des chambres à gaz des pénitenciers américains (Boston) G.Rudolf, chimiste du Max-Planck-Institut (Stuttgart) W.Lüftl, président de la chambre des ingénieurs d'Autriche (Vienne).
11 l(11) Pour le texte de cette contre-expertise, que les révisionnistes sont parvenus à se procurer, voyez «au Musée d'Etat d'Auschwitz/La Contre-expertise de Cracovie» (R.H.R. n*4, février 1991, p.101-104).
12 (12) Pour comparaison, on consultera d'abord l'édition américaine qui est relativement honnête (The Auschwitz Album, New York, Random House, 1981, XXXIII-167 p.), puis l'édition pressacoise qui, elle, est remarquablement malhonnête (L'Album d'Auschwitz, édition française établie et complétée par Anne Freyer et Jean-Claude Pressac, éditions du Seuil, 1983, 224p.).
13 (13)Holocaust Revisited: A Retrospective Analysis of the Auschwitz-Birkenau Extermination Complex, Washington, CIA, février 1979, 19p.
14 (14) Il est significatif que Pressac ne souffle pas mot de l'abondante bibliographie révisionniste. Il ne cite pas l'ouvrage fondamental du professeur américain Arthur Robert Butz, The Hoax of the Twentieth Century (La Mystification du XXe siècle), qui , depuis 1976, a connu de nombreuses rééditions par l'Institute for Historical Review (P.O. Box 2739, Newport Beach, Ca.92659, Etats-Unis). Il ne mentionne pas l'opus magnum de l'avocate canadienne Barbara Kulaszka, Did Six Million Really Die? Report of the Evidence in the Canadian "False News" Trial of Ernst Zündel (comprenant une préface de Robert Faurisson, Toronto, Samisdat Publishers [206 Carlton Street, Toronto, Ontario, M5A-2L1], 1992, 564p., 28x21cm). Il affecte d'ignorer les études érudites de l'Italien Carlo Mattogno, de l'Espagnol Enrique Aynat, des Américains Mark Weber et Paul Grubach qui ont réduit à néant son ouvrage en anglais Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers.
15 (15) On comparera le texte auquel Pressac fait référence dans sa note avec le texte de la «déclaration» de Pery Broad in Auschwitz vu par les SS, Musée national d'Auschwitz, 1974, p.166. Pressac a escamoté tous les points qui prouvent qu'il s'agit d'un faux témoignage et, en particulier, la mention par Broad, dans le passage cité, de « six orifices d'aérage fermés par des couvercles»!
16 (16) Même P.Vidal-Naquet, qui s'est fait le protecteur de celui qu'il appelle «pharmacien de banlieue», reconnaît que: «la documentation sur Auschwitz, il existe des témoignages qui donnent l'impression d'adopter entièrement le langage des vainqueurs. C'est le cas, par exemple, du SS Pery Broad [...]» (Les Assassins de la mémoire, La Découverte, 1987, p.45).
17 (17) Voyez, ci-dessous, en annexe, le texte du document NI-9912 concernant l'utilisation du Zyklon-B cette «détection du gaz restant» était d'une nécessité tellement banale dans les gazages de désinfection qu'elle est mentionnée à six reprises dans ledit document.
18 (18) Loi promulguée le 17 juillet 1922, ministère du Ravitaillement et de l'Agriculture (Reichsgesetzblatt, Jahrgang 1922, p.630-631).
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