Le 28 mai 1960, le nom d'Adolf Eichmann, jusqu'alors inconnu, hormis de quelques spécialistes de l'histoire du national-socialisme et des camps allemands de concentration, conquit brusquement la notoriété dans la presse mondiale. Ce jour-là, Ben Gourion, président du conseil de l'État d'Israël, était monté à la tribune de la Knesseth (Parlement israélien) et avait annoncé aux députés que « le responsable de la mort de six millions de juifs et leur bourreau » avait été enlevé le 11 mai précédent en Argentine où il bénéficiait du droit d'asile, par un commando des services secrets israéliens, qu'il était en prison à Tel-Aviv et qu'il serait jugé par un tribunal israélien.
Depuis cette date, les « six millions de juifs » des journalistes zélés ont même parlé de 9 millions « hommes, femmes, vieillards et enfants exterminés dans les chambres à gaz d'Auschwitz » et autres lieux, ont de nouveau été servis tous les matins au petit déjeuner du monde entier.
Le 11 avril 1961, au terme d'une instruction qui ne dura pas moins de onze mois, le procès en question s'est ouvert à Jérusalem devant un parterre de journalistes, venus de tous les coins du monde.
Et, le 11 décembre, le Tribunal rendit son jugement : condamnation à mort.
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Sur la personnalité d'Eichmann, sur les conditions dans lesquelles s'est déroulé son procès, les arguments qui ont été produits, le contexte politique dans lequel il faut replacer les faits invoqués contre lui et les interprétations qui en ont été données, les juristes, semble-t-il, avaient beaucoup plus à dire que les historiens et en voici les raisons.
Adolf Eichmann est né le 19 mars 1906 à Solingen (et non en Palestine, dans la colonie allemande de Saron comme avait réussi à l'accréditer Mme Nina Gourfinkel, préfacière du livre de Joël Brand Un million de Juifs contre dix mille camions et qui tient une place honorable dans la longue théorie des historiens nés du résistantialisme).
Son père était Prokurist (fondé de pouvoir) de la compagnie des tramways de la ville. En 1913, la famille se transporta à Linz où, après avoir occupé, pendant un certain temps, les mêmes fonctions qu'à Solingen, le père prit sa retraite et créa un commerce d'appareils électriques. Mais, en 1913, la famille Eichmann se composait du père, de la mère et du seul Adolf : des cinq enfants qu'elle compta (dont un d'un second mariage du père), I'aîné était Allemand et les quatre autres Autrichiens. Dans les années 1930, sous le chancelier Dolfuss, ceci eut son importance, puisque l'aîné, considéré comme étranger en Autriche, n'y put plus trouver de travail. Comme sa famille était en relations avec Kaltenbrunner, alors leader du national-socialisme autrichien à Linz, il devint militant appointé du parti, mais en Allemagne, à Passau, puisque les activités de ce genre lui étaient aussi et plus encore interdites en Autriche. Ainsi commença la carrière d'Adolf Eichmann.
Peu à peu, il conquit ses grades dans les S.S. jusqu'à celui d'Obersturmbannführer (Lieutenant-colonel) du Reichsicherheithauptamt (Office Central de sécurité du Reich) où, dès sa création en 1936, il avait été affecté au Bureau (ou service) IV B 4 (affaires juives).
Pour situer sa responsabilité dans le drame juif, il faut situer l'homme à son rang dans ce service et c'est le moment de dire que le Reichsicherheithauptamt comprenait sept bureaux, tous d'exécution : dans le quatrième de ces bureaux et dans la section B (il y avait deux sections : A et B) Eichmann était le chef du quatrième sous-bureau. Au-dessus de lui, dans la hiérarchie, il y avait un colonel : Muller, chef de tous les sous-bureaux groupés sous la dénomination IV B et dont personne n'a jamais parlé (il serait actuellement ou aurait été un très haut fonctionnaire de la police dans l'Allemagne de l'autre côté du Rideau de fer).
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Au-dessus de Müller, il y avait un autre colonel, chef des deux sections A et B du Bureau IV : Roth. Et, au-dessus de Roth, Kaltenbrunner 2 chef des sept bureaux. Enfin, le chef suprême : Heinrich Himmler.
Dans le Reichsicherheithauptamt, le lieutenant-colonel Adolf Eichmann était donc au 6e rang de la hiérarchie et au stade de l'exécution seulement des décisions qui étaient prises à un niveau supérieur à Himmler lui même, du moins jusqu'en 1943 puisque c'est seulement à cette date que Himmler fut élevé au rang de ministre.
Dans l'appareil du Pouvoir nazi, il y avait des milliers et des milliers de postes à ce degré de responsabilité.
A partir de mars 1942, date à laquelle commença la déportation massive des juifs, le bureau IV B 4, à la tête duquel était Eichmann, reçut mission de se consacrer à leur transport dans les camps de concentration. Comme, par exemple, celui à la tête duquel se trouvait Pohl avait reçu celle de se consacrer à l'organisation économique de ces camps, ou un autre de rechercher les juifs et de les regrouper. Mais l'ensemble des mesures visant les juifs ayant été décidé à l'échelon gouvernemental, il n'eut de part que dans l'exécution et dans la limite où cette exécution le concernait.
C'est en fonction de ces considérations que se définissent la responsabilité et la culpabilité d'Eichmann et c'est, dans toutes les sociétés de type traditionnel, le drame de l'individu à qui, sous peine d'être sévèrement condamné, le droit à l'objection de conscience est refusé. Sur ce point, le procès de Jérusalem a révélé qu'à partir de 1941, Eichmann avait vécu ce drame dans les mêmes termes qu'à Buchenwald, le professeur Balachowski de l'Institut Pasteur de Paris, contraint par le Dr Ding-Schuller d'expérimenter des vaccins sur des déportés, sachant pertinemment, il en a lui-même convenu, que cela équivalait à un assassinat (cf. p. 120). Dans les mêmes termes, dis-je, car, s'il y a une différence, elle n'existe qu'au niveau des mobiles : tandis que le lieutenant-colonel dont la culture est visiblement rudimentaire a expliqué son obéissance aux ordres reçu par la Raison d'État et l'amour de sa Patrie, le Professeur dont la culture ne devrait pas être douteuse a, en effet, expliqué la sienne par le souci de « ne pas disparaître ». Que cette différence se matérialise en fin de compte par la corde au premier et les honneurs au second, c'est toute la question. Si, comme le prétend la morale traditionnelle, il était exact que, dans tout cela, c'est d'abord le mobile qui compte, on pourrait déjà dire qu'en l'occurrence, les rôles ont été assez mal distribués par la justice.
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Au regard du droit international comme à celui de la morale, Adolf Eichmann s'est trouvé en qualité d'accusé devant un tribunal israélien, dans des conditions qui sont une injure au premier comme à la seconde et nul ne l'a plus indiscutablement établi que Me Raymond de Geouffre de la Pradelle , dans un article publié par Le Figaro le 9 juin 1960.
Le mieux est de lui laisser la parole :
si ma compétence peut très facilement être
discutée en la matière, il sera très difficile
de discuter la sienne.
Voici donc ce que dit Me Raymond de Geouffre de la Pradelle en dehors de toutes considérations sur la culpabilité :
Et Me Raymond de Geouffre de la Pradelle conclut que la seule procédure licite eût été celle d'une demande d'extradition à l'Argentine et par l'Allemagne seule qualifiée.
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On ne saurait mieux dire. Mais l'Argentine avait accordé le droit d'asile à Eichmann, raison probable pour laquelle (comme le ferait n'importe quel autre État dans les mêmes circonstances) I'Allemagne ne demandait pas son extradition. La France demande-t-elle aujourd'hui à l'Espagne l'extradition des nombreux citoyens français qu'elle considère comme criminels et auxquels l'Espagne a accordé le droit d'asile ? Même Napoléon III ne demanda pas l'extradition de Victor Hugo à l'Angleterre.
Cependant, la France n'a pas procédé à des enlèvements en Espagne ou en Argentine. Le seul exemple historique comparable au cas d'Eichmann est l'enlèvement du duc d'Enghien par Napoléon Ier et ni le Droit, ni l'Histoire ne le lui ont pardonné.
Le lecteur m'excusera si, plutôt que d'invoquer des principes de morale toujours discutables, j'ai préféré citer des textes, bien qu'ils soient plus froids : ils donnent au procès Eichmann le caractère d'un procès de Moscou et si des griefs de culpabilité pouvaient être articulés contre Eichmann, ils ont déjà disparu derrière les circonstances impardonnables de l'enlèvement et aux yeux de la postérité, le condamné d'aujourd'hui risque d'être bien plus une victime qu'un bourreau.
L'accusation a été considérablement affaiblie par son motif central : les six millions de juifs européens exterminés dans la grande masse des chambres à gaz.
Au lendemain de la guerre, dans le désarroi des esprits et le désordre des choses, c'était là un argument qu'il était facile de faire admettre. Aujourd'hui, beaucoup de documents ont été rendus publics qui ne l'avaient pas été au moment où se déroula le procès de Nuremberg et ces documents tendent à prouver que, si les ressortissants juifs ont été odieusement visés et persécutés par le régime hitlérien, il n'est pas possible qu'il y ait eu six millions de victimes.
A partir du moment où l'on s'est mis à discuter le chiffre et où il a [126] été admis par à peu près tout le monde qu'il était considérablement exagéré, on s'est mis aussi à discuter le moyen. On sait, par exemple aujourd'hui, qu'il n'y avait pas de chambre à gaz à Buchenwald, ni à Bergen-Belsen, ni à Dachau, ni à Mauthausen : pris en flagrant délit de mensonge à propos de ces camps, au sujet des chambres à gaz, les témoins qui ont prétendu les avoir vues en fonction ne sont naturellement plus crus lorsqu'ils parlent de celles d'Auschwitz et il n'y a rien de plus naturel. Ils sont d'autant moins crus qu'ils se contredisent les uns les autres et que, si l'on croit l'un, on ne peut pas croire l'autre. Et, devant ces contradictions, que peut faire l'opinion, sinon les renvoyer dos à dos en les accusant les uns et les autres d'affabulation ?
Si, d'autre part, du lot des témoins à charge vivants, on en sort un de temps à autre en le lui présentant comme ne valant pas mieux que ceux qu'il accusait, qui avait été leur complice ou qui appartenait à l'lntelligence Service, etc. sa conviction réprobatrice n'y trouve que des raisons supplémentaires de s'affermir. Ce fut le cas du SS. von dem Bach-Zalewski, Obergruppenführer général des Taffen SS. et chef de l'un des célèbres Einsatzgruppen, sortes de corps-francs, chargés de la chasse aux partisans et aux juifs sur le front de l'Est. Grâce à lui, on connut l'activité de ces unités en marge, et même le texte d'un discours prononcé « au commencement de 1941 » sans autre précision à Weselberg et dans lequel le Reichsführer SS. aurait déclaré « que le but de la campagne de l'Est était de diminuer la population slave de trente millions d'individus » mais que personne d'autre n'entendit et dont on ne put jamais retrouver le texte. (Nur. Audience du 7-1-1946, T. IV, p. 500) : le 16 janvier 1961, il fallut arrêter ce Bach-Zalewski pour « un assassinat politique froidement commis le 2 juillet 1932, actes de cruauté auxquels il a été mêlé lors de l'écrasement du soulèvement de Varsovie en 1944 et au cours de la lutte contre les partisans dans la campagne de Russie, ainsi que I'exécution d'otages polonais à Sosnovitz-Dendzin. » (Les journaux, 17 janvier 1961, d'après une dépêche de l'A.F.P.). Et le 11 février suivant, il était condamné à quatre ans et demi de prison, ce qui prouve que depuis Nuremberg, la justice est devenue singulièrement indulgente.
Ce fut encore le cas lorsque, le 25 janvier 1961, la revue anglaise Week-End parut, avec, sur sa couverture, une photographie de Hoettl, accompagnée de la légende suivante :
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Ainsi apprit-on que le principal témoin sur lequel on s'appuyait pour fixer à six millions le nombre de juifs exterminés 4 par le nazisme était un agent de l'Intelligence service (...! !...)
Sur le contexte politique dans lequel il faut replacer le Procès, il y a lieu d'ajouter que Me Raymond de Geouffre de La Pradelle n'a pas été seul à protester contre l'enlèvement d'Eichmann et à refuser la compétence aux juges de Jérusalem. Dans les milieux israélites eux-mêmes, il y a eu des remous avant l'ouverture du procès et il y en a encore après la condamnation de l'accusé .
Dans Le Monde du 21 juin l960, on pouvait, par exemple, lire le point de vue de l'American Council for Judaism qui représente la majorité des Israélites américains, à savoir :
A quoi, très embarrassé et comme pour répondre à cette demande de mise en demeure, M. Nahoum Goldman, président du Congrès juif mondial, déclarait :
Mais, même ce point de vue n'a pas été admis par le gouvernement d'Israël.
Aussi bien, ce n'était pas un problème de Droit que l'état d'Israël prétendait résoudre au moyen de ce procès, mais un problème politique. On sait, en effet , que les indemnités que l'Allemagne a été condamnée à verser à Israël au titre de réparation de dommages que cet État n'a pas subis 5 devaient cesser au 1er janvier 1962. Comme chaque annuité s'élève à 200 millions de marks, l'une des plus impor [129]tantes ressources de l'État était menacée d'être tarie. C'était d'autant plus grave que le budget israélien ne peut se passer d'une aide financière de cette importance : depuis douze ans, Israël ne survit que grâce aux réparations allemandes, à l'aide américaine, aux gracieusetés françaises et britanniques et aux versements de la Diaspora. Naturellement, le gouvernement israélien voulait obtenir la reconduction pure et simple des versements pour une période à déterminer et, non moins naturellement, I'Allemagne pensait que cela suffisait bien. Ce n'est donc pas Eichmann lui-même qui était mis en accusation, mais l'Allemagne menacée de voir, au cours de ce procès, tout son personnel politique dirigeant mis en accusation devant la conscience universelle : tous les Ministres et les membres les plus influents de la majorité du chancelier Adenauer étaient susceptibles d'être accusés de connivence avec le nazisme par le truchement de ce procès. Il s'agissait donc là, rien moins que d'une entreprise de chantage : ou bien l'Allemagne accepterait le marché qu'on lui proposait implicitement, ou bien il n'y avait plus de gouvernement allemand possible . Du moins était-ce le calcul que l'on pouvait prêter aux dirigeants de l'État d'Israël. Et, par une singulière coïncidence, il recoupait admirablement les préoccupations du Kremlin.
Cette thèse, je l'ai trouvée dans beaucoup de journaux qui ne peuvent être suspects de sympathie à l'égard de l'Allemagne, ou d'hostilité à celui des juifs, notamment dans Le Canard Enchaîné du 12 avril 1961, lendemain de l'ouverture du Procès Eichmann :
Deux semaines auparavant, le 29 mars, il avait déjà écrit :
Qu'Adenauer ait ou non donné ces 500 millions de marks, je ne le sais pas : les deux hypothèses sont également plausibles. Mais, s'il les a donnés, 500 millions de marks, c'est à peine plus que deux annuités. Moyennant cette somme, assurance aurait été donnée au chancelier que certaines choses ne seraient pas dites. De fait, elles ne l'ont pas été 6.
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Les choses en sont là.
Pour ce qui est de la reconduction des annuités au-delà du 1er janvier 1962, le procès terminé, I'Allemagne n'y semblait pas disposée.
Quelle sera la réaction d'Israël ? Il y a encore pas mal d'Eichmann, Je veux dire de gens susceptibles d'être accusés de crimes contre l'humanité et contre le peuple juif, qui se promènent de par le monde : I'état d'Israël est-il déjà en train de mijoter l'enlèvement du prochain pour recommencer une tentative de chantage dans les mêmes termes ? On parle beaucoup du SS Obersturmbannfuhrer Dr Mengele, médecin d'Auschwitz, accusé des plus inimaginables expériences sur les détenus juifs... C'est en tout cas un expédient éminemment profitable, qui a l'avantage de pouvoir recommencer presque indéfiniment et qui, pour un nombre appréciable de siècles assurerait l'équilibre des finances de l'État d'Israël. Quand, à une date si lointaine qu'on ne la peut prévoir , le dernier des nazis aurait été pendu en Israël, il ne resterait alors plus qu'à écrire la musique de ces... Nouveaux Maîtres Chanteurs de Nuremberg, puisque c'est sous le signe des procès de Nuremberg qu'aurait été écrit le livret de cette nouvelle... Ballade des Pendus.
Si le lecteur nourrissait quelque doute sur le contexte politique du procès tel qu'il est défini ci-dessus et l'antisémitisme qu'il cultive sous prétexte de le combattre, il suffirait de préciser qu'à tous ces griefs beaucoup de bons esprits en ont encore ajouté. A la radio française même, la première revue de presse concernant les comptes rendus de la première journée du procès a donné l'impression que dans l'esprit de tous les journalistes présents, sans exception aucune, dominait l'idée qu'il s'agissait non d'une oeuvre de justice, mais d'une vengeance des plus banales et que, de toutes façons, c'était une erreur politique.
Et, huit jours après, définitivement fixés sur ce qu'on pouvait attendre des débats, tous les grands journaux du monde, qui y avaient envoyé leurs plus grands reporters judiciaires, les rappelaient pour les déléguer à des procès plus importants.
Le 10 avril, sous le titre « Ce procès est une erreur » et sous la signature d'un M. Alain Guinay, France-Soir n'hésitait pas à écrire :
On a vu (cf. p. 40) comment, ayant voulu englober l'Angleterre et les États-Unis dans la tentative de chantage qu'il avait prononcée en direction de l'Allemagne, M. Ben Gourion a échoué.
Le procès terminé, Eichmann condamné, le malaise dénoncé par tous ces gens subsiste. Les campagnes d'antisémitisme redoutées par France-Soir prennent corps et s'amplifient.
Le boomerang ? Peut-être.
Mais il n'est pas certain que, pour atteindre ses buts, Tel-Aviv n'ait pas besoin d'une bonne petite vague d'antisémitisme de temps à autre. Ne serait-ce que pour faire venir en Israël ces millions de juifs qui s'obstinent à préférer les douceurs de la vie occidentale aux rigueurs des Kibboutz.
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En matière de justice, c'est une règle : le dernier mot appartient toujours à l'accusé. Voici donc ce que, condamné à mort, par pendaison, Eichmann déclara aux juges de Jérusalem, le 13 décembre 1961 :
Cette déclaration d'innocence n'est évidemment pas remarquable et on ne risque rien à dire qu'elle ne passera sûrement pas à la postérité.
Condamné à mort par erreur au siècle dernier, dans la célèbre affaire du Courrier de Lyon, l'innocent Lesurques déclara :
«J'en appelle à la postérité. »
Tout le monde ne peut pas être Lesurques.
Eichmann, au surplus, n'était qu'un petit lieutenant-colonel d'une culture rudimentaire comme il y en avait des milliers et peut-être des dizaines de milliers dans l'armée allemande, comme il y en a toujours des centaines de milliers tans les armées du monte.
Et, si on rapproche cette explicationou cette justificationde celle qu'a donnée d'une attitude semblable, le distingué professeur Balachowski (cf. p 114) de l'Institut Pasteur à Paris, homme cultivé ou qui du moins n'a aucune excuse s'il ne l'est pas, couvert d'honneurs et tout, force est bien de convenir que... ce n'est pas si mal que ça : entre la raison d'État à laquelle la conscience troublée du lieutenant-colonel inculte ou à peu près se réfère, et le seul souci de sauver sa peau invoqué par le professeur à la conscience claire, les gens de bon sens et même ceux qui, comme moi, substituent en tout la raison de l'Homme à la raison d'État, n'hésiteront en tout cas pas tans le choix qui s'impose.
On ne demandera au lecteur de rapprocher cette déclaration, ni des accusations mises en forme par le Procureur israélien, ni des justifications juridiques et morales du jugement rendu par le Tribunal : ici, le contraste serait encore plus désespérant.
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