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Le véritable procès Eichmann
ou les vainqueurs incorrigibles

Paul Rassinier

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CHAPITRE III

LE PROCÈS EICHMANN OU...

LES NOUVEAUX MAÎTRES-CHANTEURS

DE NUREMBERG

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Le 28 mai 1960, le nom d'Adolf Eichmann, jusqu'alors inconnu, hormis de quelques spécialistes de l'histoire du national-socialisme et des camps allemands de concentration, conquit brusquement la notoriété dans la presse mondiale. Ce jour-là, Ben Gourion, président du conseil de l'État d'Israël, était monté à la tribune de la Knesseth (Parlement israélien) et avait annoncé aux députés que « le responsable de la mort de six millions de juifs et leur bourreau » avait été enlevé le 11 mai précédent en Argentine où il bénéficiait du droit d'asile, par un commando des services secrets israéliens, qu'il était en prison à Tel-Aviv et qu'il serait jugé par un tribunal israélien.

Depuis cette date, les « six millions de juifs » ­ des journalistes zélés ont même parlé de 9 millions ­ « hommes, femmes, vieillards et enfants exterminés dans les chambres à gaz d'Auschwitz » et autres lieux, ont de nouveau été servis tous les matins au petit déjeuner du monde entier.

Le 11 avril 1961, au terme d'une instruction qui ne dura pas moins de onze mois, le procès en question s'est ouvert à Jérusalem devant un parterre de journalistes, venus de tous les coins du monde.

Et, le 11 décembre, le Tribunal rendit son jugement : condamnation à mort.

[122]

Sur la personnalité d'Eichmann, sur les conditions dans lesquelles s'est déroulé son procès, les arguments qui ont été produits, le contexte politique dans lequel il faut replacer les faits invoqués contre lui et les interprétations qui en ont été données, les juristes, semble-t-il, avaient beaucoup plus à dire que les historiens et en voici les raisons.

 

I. - QUI EST ADOLF EICHMANN ?


Adolf Eichmann est né le 19 mars 1906 à Solingen (et non en Palestine, dans la colonie allemande de Saron comme avait réussi à l'accréditer Mme Nina Gourfinkel, préfacière du livre de Joël Brand Un million de Juifs contre dix mille camions et qui tient une place honorable dans la longue théorie des historiens nés du résistantialisme).

Son père était Prokurist (fondé de pouvoir) de la compagnie des tramways de la ville. En 1913, la famille se transporta à Linz où, après avoir occupé, pendant un certain temps, les mêmes fonctions qu'à Solingen, le père prit sa retraite et créa un commerce d'appareils électriques. Mais, en 1913, la famille Eichmann se composait du père, de la mère et du seul Adolf : des cinq enfants qu'elle compta (dont un d'un second mariage du père), I'aîné était Allemand et les quatre autres Autrichiens. Dans les années 1930, sous le chancelier Dolfuss, ceci eut son importance, puisque l'aîné, considéré comme étranger en Autriche, n'y put plus trouver de travail. Comme sa famille était en relations avec Kaltenbrunner, alors leader du national-socialisme autrichien à Linz, il devint militant appointé du parti, mais en Allemagne, à Passau, puisque les activités de ce genre lui étaient aussi et plus encore interdites en Autriche. Ainsi commença la carrière d'Adolf Eichmann.

Peu à peu, il conquit ses grades dans les S.S. jusqu'à celui d'Obersturmbannführer (Lieutenant-colonel) du Reichsicherheithauptamt (Office Central de sécurité du Reich) où, dès sa création en 1936, il avait été affecté au Bureau (ou service) IV B 4 (affaires juives).

Pour situer sa responsabilité dans le drame juif, il faut situer l'homme à son rang dans ce service et c'est le moment de dire que le Reichsicherheithauptamt comprenait sept bureaux, tous d'exécution : dans le quatrième de ces bureaux et dans la section B (il y avait deux sections : A et B) Eichmann était le chef du quatrième sous-bureau. Au-dessus de lui, dans la hiérarchie, il y avait un colonel : Muller, chef de tous les sous-bureaux groupés sous la dénomination IV B et dont personne n'a jamais parlé (il serait actuellement ou aurait été un très haut fonctionnaire de la police dans l'Allemagne de l'autre côté du Rideau de fer).

[123]

Au-dessus de Müller, il y avait un autre colonel, chef des deux sections A et B du Bureau IV : Roth. Et, au-dessus de Roth, Kaltenbrunner  2 chef des sept bureaux. Enfin, le chef suprême : Heinrich Himmler.

Dans le Reichsicherheithauptamt, le lieutenant-colonel Adolf Eichmann était donc au 6e rang de la hiérarchie et au stade de l'exécution seulement des décisions qui étaient prises à un niveau supérieur à Himmler lui même, du moins jusqu'en 1943 puisque c'est seulement à cette date que Himmler fut élevé au rang de ministre.

Dans l'appareil du Pouvoir nazi, il y avait des milliers et des milliers de postes à ce degré de responsabilité.

A partir de mars 1942, date à laquelle commença la déportation massive des juifs, le bureau IV B 4, à la tête duquel était Eichmann, reçut mission de se consacrer à leur transport dans les camps de concentration. Comme, par exemple, celui à la tête duquel se trouvait Pohl avait reçu celle de se consacrer à l'organisation économique de ces camps, ou un autre de rechercher les juifs et de les regrouper. Mais l'ensemble des mesures visant les juifs ayant été décidé à l'échelon gouvernemental, il n'eut de part que dans l'exécution et dans la limite où cette exécution le concernait.

C'est en fonction de ces considérations que se définissent la responsabilité et la culpabilité d'Eichmann et c'est, dans toutes les sociétés de type traditionnel, le drame de l'individu à qui, sous peine d'être sévèrement condamné, le droit à l'objection de conscience est refusé. Sur ce point, le procès de Jérusalem a révélé qu'à partir de 1941, Eichmann avait vécu ce drame dans les mêmes termes qu'à Buchenwald, le professeur Balachowski de l'Institut Pasteur de Paris, contraint par le Dr Ding-Schuller d'expérimenter des vaccins sur des déportés, sachant pertinemment, il en a lui-même convenu, que cela équivalait à un assassinat (cf. p. 120). Dans les mêmes termes, dis-je, car, s'il y a une différence, elle n'existe qu'au niveau des mobiles : tandis que le lieutenant-colonel dont la culture est visiblement rudimentaire a expliqué son obéissance aux ordres reçu par la Raison d'État et l'amour de sa Patrie, le Professeur dont la culture ne devrait pas être douteuse a, en effet, expliqué la sienne par le souci de « ne pas disparaître ». Que cette différence se matérialise en fin de compte par la corde au premier et les honneurs au second, c'est toute la question. Si, comme le prétend la morale traditionnelle, il était exact que, dans tout cela, c'est d'abord le mobile qui compte, on pourrait déjà dire qu'en l'occurrence, les rôles ont été assez mal distribués par la justice.

[124]

 

II. - LES CIRCONSTANCES DU PROCÈS

 

Au regard du droit international comme à celui de la morale, Adolf Eichmann s'est trouvé en qualité d'accusé devant un tribunal israélien, dans des conditions qui sont une injure au premier comme à la seconde et nul ne l'a plus indiscutablement établi que Me Raymond de Geouffre de la Pradelle , dans un article publié par Le Figaro le 9 juin 1960.

Le mieux est de lui laisser la parole : si ma compétence peut très facilement être discutée en la matière, il sera très difficile de discuter la sienne.

Voici donc ce que dit Me Raymond de Geouffre de la Pradelle en dehors de toutes considérations sur la culpabilité :

« Les poursuites exercées au lendemain de la guerre par les Alliés sont fondées sur l'accord de Londres du 8 août 1945 et la déclaration de Moscou du 30 octobre 1943 à laquelle l'accord de Londres se réfère expressément.
 
« Le principe posé est celui du renvoi des criminels de guerre dans les pays où ils ont commis leurs crimes. De plus, le statut de Londres du 8 août 1945 a créé le Tribunal militaire international pour juger les criminels dont les crimes sont sans localisation géographique précise...
 
« Ce statut de Londres a été promulgué par les Alliés après qu'ils eurent reçu, le 8 mai 1945, du chef du gouvernement du Reich, le grand-amiral Dönitz, par la reddition sans conditions, I'exercice de la souveraineté allemande... ».
 
« Aucun texte international ne permet de donner compétence à I'état d'Israël pour juger un ressortissant étranger auquel sont imputés des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre alors que ces crimes ont été commis à l'étranger. De plus, à l'époque où ces crimes ont été commis, il ne pouvait s'agir de victimes de nationalité israélienne, puisque l'état d'Israël n'existait pas.
 
« L'état d'Israël est souverain. Dans les limites de son territoire, Israël peut, si bon lui semble, par une loi particulière, se donner la compétence juridictionnelle qu'il voudra. Mais cette loi viole les principes généraux du droit et de la règle internationale de compétence établie pour des crimes ayant essentiellement un caractère international puisque, accomplis en Allemagne à une époque où la loi allemande les considérait comme licites, ils ne constituent des crimes qu'au regard du droit international. »

Et Me Raymond de Geouffre de la Pradelle conclut que la seule procédure licite eût été celle d'une demande d'extradition à l'Argentine et par l'Allemagne seule qualifiée.

[125]

On ne saurait mieux dire. Mais l'Argentine avait accordé le droit d'asile à Eichmann, raison probable pour laquelle (comme le ferait n'importe quel autre État dans les mêmes circonstances) I'Allemagne ne demandait pas son extradition. La France demande-t-elle aujourd'hui à l'Espagne l'extradition des nombreux citoyens français qu'elle considère comme criminels et auxquels l'Espagne a accordé le droit d'asile ? Même Napoléon III ne demanda pas l'extradition de Victor Hugo à l'Angleterre.

Cependant, la France n'a pas procédé à des enlèvements en Espagne ou en Argentine. Le seul exemple historique comparable au cas d'Eichmann est l'enlèvement du duc d'Enghien par Napoléon Ier et ni le Droit, ni l'Histoire ne le lui ont pardonné.

Le lecteur m'excusera si, plutôt que d'invoquer des principes de morale toujours discutables, j'ai préféré citer des textes, bien qu'ils soient plus froids : ils donnent au procès Eichmann le caractère d'un procès de Moscou et si des griefs de culpabilité pouvaient être articulés contre Eichmann, ils ont déjà disparu derrière les circonstances impardonnables de l'enlèvement et aux yeux de la postérité, le condamné d'aujourd'hui risque d'être bien plus une victime qu'un bourreau.

 

III. - L'ACCUSATION

ET SON CONTEXTE POLITIQUE

 

L'accusation a été considérablement affaiblie par son motif central : les six millions de juifs européens exterminés dans la grande masse des chambres à gaz.

Au lendemain de la guerre, dans le désarroi des esprits et le désordre des choses, c'était là un argument qu'il était facile de faire admettre. Aujourd'hui, beaucoup de documents ont été rendus publics qui ne l'avaient pas été au moment où se déroula le procès de Nuremberg et ces documents tendent à prouver que, si les ressortissants juifs ont été odieusement visés et persécutés par le régime hitlérien, il n'est pas possible qu'il y ait eu six millions de victimes.

A partir du moment où l'on s'est mis à discuter le chiffre et où il a [126] été admis par à peu près tout le monde qu'il était considérablement exagéré, on s'est mis aussi à discuter le moyen. On sait, par exemple aujourd'hui, qu'il n'y avait pas de chambre à gaz à Buchenwald, ni à Bergen-Belsen, ni à Dachau, ni à Mauthausen : pris en flagrant délit de mensonge à propos de ces camps, au sujet des chambres à gaz, les témoins qui ont prétendu les avoir vues en fonction ne sont naturellement plus crus lorsqu'ils parlent de celles d'Auschwitz et il n'y a rien de plus naturel. Ils sont d'autant moins crus qu'ils se contredisent les uns les autres et que, si l'on croit l'un, on ne peut pas croire l'autre. Et, devant ces contradictions, que peut faire l'opinion, sinon les renvoyer dos à dos en les accusant les uns et les autres d'affabulation ?

Si, d'autre part, du lot des témoins à charge vivants, on en sort un de temps à autre en le lui présentant comme ne valant pas mieux que ceux qu'il accusait, qui avait été leur complice ou qui appartenait à l'lntelligence Service, etc. sa conviction réprobatrice n'y trouve que des raisons supplémentaires de s'affermir. Ce fut le cas du SS. von dem Bach-Zalewski, Obergruppenführer général des Taffen SS. et chef de l'un des célèbres Einsatzgruppen, sortes de corps-francs, chargés de la chasse aux partisans et aux juifs sur le front de l'Est. Grâce à lui, on connut l'activité de ces unités en marge, et même le texte d'un discours prononcé « au commencement de 1941 » sans autre précision à Weselberg et dans lequel le Reichsführer SS. aurait déclaré « que le but de la campagne de l'Est était de diminuer la population slave de trente millions d'individus » mais que personne d'autre n'entendit et dont on ne put jamais retrouver le texte. (Nur. Audience du 7-1-1946, T. IV, p. 500) : le 16 janvier 1961, il fallut arrêter ce Bach-Zalewski pour « un assassinat politique froidement commis le 2 juillet 1932, actes de cruauté auxquels il a été mêlé lors de l'écrasement du soulèvement de Varsovie en 1944 et au cours de la lutte contre les partisans dans la campagne de Russie, ainsi que I'exécution d'otages polonais à Sosnovitz-Dendzin. » (Les journaux, 17 janvier 1961, d'après une dépêche de l'A.F.P.). Et le 11 février suivant, il était condamné à quatre ans et demi de prison, ce qui prouve que depuis Nuremberg, la justice est devenue singulièrement indulgente.

Ce fut encore le cas lorsque, le 25 janvier 1961, la revue anglaise Week-End parut, avec, sur sa couverture, une photographie de Hoettl, accompagnée de la légende suivante :

 

THE SPY STORY
that's stranger than fiction
He was a friend of Nazi leaders
His real boss was a British
secret service man

[VERIDIQUE HISTOIRE D'UN ESPION
PLUS ETRANGE QU'UN ROMAN:
c'était un ami des dirigeants nazis mais son vrai patron était un agent secret britannique !]

[127]

Ainsi apprit-on que le principal témoin sur lequel on s'appuyait pour fixer à six millions le nombre de juifs exterminés 4 par le nazisme était un agent de l'Intelligence service (...! !...)

Sur le contexte politique dans lequel il faut replacer le Procès, il y a lieu d'ajouter que Me Raymond de Geouffre de La Pradelle n'a pas été seul à protester contre l'enlèvement d'Eichmann et à refuser la compétence aux juges de Jérusalem. Dans les milieux israélites eux-mêmes, il y a eu des remous avant l'ouverture du procès et il y en a encore après la condamnation de l'accusé .

Dans Le Monde du 21 juin l960, on pouvait, par exemple, lire le point de vue de l'American Council for Judaism qui représente la majorité des Israélites américains, à savoir :

« ...Le Conseil américain du judaïsme a adressé hier lundi une lettre à M. Christian Herter pour dénier au gouvernement israélien le droit de parler au nom de tous les juifs.
« Le Conseil déclare que le Judaïsme est une affaire de religion et non de nationalité et demande à M. Herter de s'opposer à la préten[128]tion du gouvernement israélien de juger Eichmann au nom du Judaïsme. »

A quoi, très embarrassé et comme pour répondre à cette demande de mise en demeure, M. Nahoum Goldman, président du Congrès juif mondial, déclarait :

« Comme les autorités israéliennes l'ont reconnu, l'opération est évidemment en contravention avec les lois argentines. Elle pourrait, de surcroît, constituer un précédent dangereux. Mais le cas est tellement exceptionnel que l'aspect illégal de l'opération ne doit pas devenir le seul ou le principal élément de l'affaire... L'état d'Israël ne peut prétendre représenter le judaïsme mondial, mais, puisqu' il existe et a réussi à capturer Eichmann, je suis d'accord pour que ce dernier soit jugé dans l'État Hébreu. Si M. Ben Gourion veut transformer le procès Eichmann en un nouveau Nuremberg, il gagnerait à adjoindre au président israélien d'un tribunal ad hoc des représentants de tous les pays qui ont subi le joug de l'ex-colonel S.S. »

Mais, même ce point de vue n'a pas été admis par le gouvernement d'Israël.

Aussi bien, ce n'était pas un problème de Droit que l'état d'Israël prétendait résoudre au moyen de ce procès, mais un problème politique. On sait, en effet , que les indemnités que l'Allemagne a été condamnée à verser à Israël au titre de réparation de dommages que cet État n'a pas subis 5 devaient cesser au 1er janvier 1962. Comme chaque annuité s'élève à 200 millions de marks, l'une des plus impor [129]tantes ressources de l'État était menacée d'être tarie. C'était d'autant plus grave que le budget israélien ne peut se passer d'une aide financière de cette importance : depuis douze ans, Israël ne survit que grâce aux réparations allemandes, à l'aide américaine, aux gracieusetés françaises et britanniques et aux versements de la Diaspora. Naturellement, le gouvernement israélien voulait obtenir la reconduction pure et simple des versements pour une période à déterminer et, non moins naturellement, I'Allemagne pensait que cela suffisait bien. Ce n'est donc pas Eichmann lui-même qui était mis en accusation, mais l'Allemagne menacée de voir, au cours de ce procès, tout son personnel politique dirigeant mis en accusation devant la conscience universelle : tous les Ministres et les membres les plus influents de la majorité du chancelier Adenauer étaient susceptibles d'être accusés de connivence avec le nazisme par le truchement de ce procès. Il s'agissait donc là, rien moins que d'une entreprise de chantage : ou bien l'Allemagne accepterait le marché qu'on lui proposait implicitement, ou bien il n'y avait plus de gouvernement allemand possible . Du moins était-ce le calcul que l'on pouvait prêter aux dirigeants de l'État d'Israël. Et, par une singulière coïncidence, il recoupait admirablement les préoccupations du Kremlin.

Cette thèse, je l'ai trouvée dans beaucoup de journaux qui ne peuvent être suspects de sympathie à l'égard de l'Allemagne, ou d'hostilité à celui des juifs, notamment dans Le Canard Enchaîné du 12 avril 1961, lendemain de l'ouverture du Procès Eichmann :

« Le Procès Eichmann, disait Le Canard Enchaîné , va se présenter [130] comme celui de l'Allemagne hitlérienne d'une main et celui de l'Allemagne de Konrad de l'autre. Certains, comme les Israéliens pour ne pas les nommer, pleurent qu'ils n'y sont pour rien, qu'en ce qui les concerne ils ne s'intéressent qu'au procès du National-socialisme, se balancent éperdument d'Eichmann et vont multiplier les proclamations contre Adenauer, parce qu'il emploie dans son gouvernement pas mal d'ex-nazis, comme son secrétaire d'État favori, Globke, commentateur dévoué des lois raciales de Nuremberg.
« Au cours des audiences, on s'attend à ce que des centaines et des centaines de noms de personnages actuellement en cour en Allemagne fédérale soient prononcés. Des tapées de juges, d'officiers, de députés, de hauts fonctionnaires, de professeurs, etc. vont être mouillés que ça va en être un plaisir.
« Tout ce qu'il y a de bon pour la propagande de Bonn. D'aucuns se marrent en disant que Nikita n'hésitera surtout pas à poser sèchement et à nouveau la question de Berlin, en plein procès, au moment où l'opinion mondiale sera très sensibilisée contre l'Allemagne. »

Deux semaines auparavant, le 29 mars, il avait déjà écrit :

« Quelques jours après sa capture (celle d'Eichmann), Ben Gourion qui faisait des conférences aux U.S.A. entendit dire qu'un certain Konrad était rappliqué à Washington pour y causer avec Ike. B. G. prit le premier taxi en partance et bondit chez Konrad.
 
« Entré avec un certain sourire, il en sortit en se fendant la pipe. En cherchant bien, on eût découvert dans un repli de sa cravate (bien qu'il n'en porte jamais) comme un chèque de 500 millions de marks. L'Allemagne recommençait à payer. Enfin !
 
« Les Israéliens ne se démontent nullement quand on leur remémore ce détail : faut bien couvrir les frais du procès qu'ils disent en se marrant. »

Qu'Adenauer ait ou non donné ces 500 millions de marks, je ne le sais pas : les deux hypothèses sont également plausibles. Mais, s'il les a donnés, 500 millions de marks, c'est à peine plus que deux annuités. Moyennant cette somme, assurance aurait été donnée au chancelier que certaines choses ne seraient pas dites. De fait, elles ne l'ont pas été 6.

[131]

Les choses en sont là.

Pour ce qui est de la reconduction des annuités au-delà du 1er janvier 1962, le procès terminé, I'Allemagne n'y semblait pas disposée.

Quelle sera la réaction d'Israël ? Il y a encore pas mal d'Eichmann, Je veux dire de gens susceptibles d'être accusés de crimes contre l'humanité et contre le peuple juif, qui se promènent de par le monde : I'état d'Israël est-il déjà en train de mijoter l'enlèvement du prochain pour recommencer une tentative de chantage dans les mêmes termes ? On parle beaucoup du SS Obersturmbannfuhrer Dr Mengele, médecin d'Auschwitz, accusé des plus inimaginables expériences sur les détenus juifs... C'est en tout cas un expédient éminemment profitable, qui a l'avantage de pouvoir recommencer presque indéfiniment et qui, pour un nombre appréciable de siècles assurerait l'équilibre des finances de l'État d'Israël. Quand, à une date si lointaine qu'on ne la peut prévoir , le dernier des nazis aurait été pendu en Israël, il ne resterait alors plus qu'à écrire la musique de ces... Nouveaux Maîtres Chanteurs de Nuremberg, puisque c'est sous le signe des procès de Nuremberg qu'aurait été écrit le livret de cette nouvelle... Ballade des Pendus.

 

IV. - LE MOT DE LA FIN


Si le lecteur nourrissait quelque doute sur le contexte politique du procès tel qu'il est défini ci-dessus et l'antisémitisme qu'il cultive sous prétexte de le combattre, il suffirait de préciser qu'à tous ces griefs beaucoup de bons esprits en ont encore ajouté. A la radio française même, la première revue de presse concernant les comptes rendus de la première journée du procès a donné l'impression que dans l'esprit de tous les journalistes présents, sans exception aucune, dominait l'idée qu'il s'agissait non d'une oeuvre de justice, mais d'une vengeance des plus banales et que, de toutes façons, c'était une erreur politique.

Et, huit jours après, définitivement fixés sur ce qu'on pouvait attendre des débats, tous les grands journaux du monde, qui y avaient envoyé leurs plus grands reporters judiciaires, les rappelaient pour les déléguer à des procès plus importants.

Le 10 avril, sous le titre « Ce procès est une erreur » et sous la signature d'un M. Alain Guinay, France-Soir n'hésitait pas à écrire :

« Il y a un certain nombre de gens qui estiment que tout ce procès a été une erreur. Que, loin de déraciner l'antisémitisme dans le monde ne fera qu'en attiser les flammes, que loin d'enseigner à la jeunesse israélienne la tragédie de ses pères, il poussera cette jeunesse combative à ne pas se sentir solidaire de ces six millions d'hommes qui, pour l'immense majorité, sont morts sans se défendre.
« Ils craignent aussi qu'ils ne nuisent aux rapports entre Israël, d'une part, la Grande-Bretagne et peut-être aussi les États-Unis , de l'autre, en révélant, comme Ben Gourion vient de le faire, que ni Londres, ni Washington n'ont rien fait pour sauver des millions de gens qu'ils auraient pu sauver. »

On a vu (cf. p. 40) comment, ayant voulu englober l'Angleterre et les États-Unis dans la tentative de chantage qu'il avait prononcée en direction de l'Allemagne, M. Ben Gourion a échoué.

Le procès terminé, Eichmann condamné, le malaise dénoncé par tous ces gens subsiste. Les campagnes d'antisémitisme redoutées par France-Soir prennent corps et s'amplifient.

Le boomerang ? Peut-être.

Mais il n'est pas certain que, pour atteindre ses buts, Tel-Aviv n'ait pas besoin d'une bonne petite vague d'antisémitisme de temps à autre. Ne serait-ce que pour faire venir en Israël ces millions de juifs qui s'obstinent à préférer les douceurs de la vie occidentale aux rigueurs des Kibboutz.

[135]

En matière de justice, c'est une règle : le dernier mot appartient toujours à l'accusé. Voici donc ce que, condamné à mort, par pendaison, Eichmann déclara aux juges de Jérusalem, le 13 décembre 1961 :

« J'ai entendu la dure sentence du Tribunal. J'ai été déçu dans mon espoir de la justice . Je ne puis pas admettre ce jugement.
 
« J'ai compris que l'on exigeait le châtiment des crimes qui ont été commis contre les juifs. Les déclarations que les témoins ont faites, ici, au Tribunal m'ont stupéfait, tout comme j'avais été frappé de stupeur de me voir considéré comme responsable des atrocités.
 
« J'ai eu le malheur d'être mêlé à ces horreurs. Mais ces méfaits ne se sont pas accomplis de par ma volonté. Ma volonté n'était pas de tuer des gens. Ces meurtres en masse sont uniquement la conséquence de la politique du Führer.
 
« J'ai essayé de quitter mon service, de partir au front combattre honorablement, mais je fus maintenu dans d'obscures fonctions.
 
« Je souligne à nouveau encore :
 
« Ma faute est mon obéissance, ma soumission à ma tâche et aux exigences de mon service de guerre auxquelles j'étais engagé par serment. Depuis le début de la guerre, seule prévalut la loi de la guerre. Cette soumission n'était pas facile et quiconque a commandé et obéi sait ce que l'on peut exiger d'un homme.
 
« Ce n'est ni avec avidité ni avec plaisir que j'ai poursuivi les juifs. Cela, c'est le gouvernement qui le fit. La persécution, d'autre part, seul un gouvernement pouvait la décider, mais en aucun cas moi.
 
« J'accuse les gouvernants d'avoir abusé de mon obéissance. A cette époque, l'obéissance était exigée, tout comme elle le fut plus tard des subalternes.
 
« L'obéissance était érigée en vertu. A ce propos, je vous prie de considérer que j'ai obéi et non pas à qui j'ai obéi. Je le répète : les autorités, auxquelles je n'appartenais pas, donnaient des ordres ; elles m'avaient imposé des tâches atroces qui, sur leurs ordres allaient faire des victimes.
 
« Mais maintenant, les subalternes sont aussi des victimes. Je suis une de ces victimes. Cela ne peut être perdu de vue. On dit que j'aurais pu refuser d'obéir et que j'aurais dû le faire. C'est une considération après coup. Dans les circonstances du moment, c'était chose impossible. Il n'a pu en être autrement pour personne.
 
« Je sais d'expérience que c'est une légende de soutenir comme on l'a fait après la guerre qu'il était possible de résister aux ordres.
 
« Quelques-uns ont pu se dérober secrètement. Mais je n'ai pas été de ceux qui pensaient la chose concevable
 
« C'est une grande erreur de dire que j'appartenais aux fanatiques de la persécution des juifs.
 
« Depuis la fin de la guerre je suis outré de constater que toute la responsabilité de mes supérieurs et des autres retombe sur moi. Je n'ai d'évidence rien fait qui autorise à m'accuser de fanatisme et la responsabilité de ce crime sanglant ne m'incombe pas. Les témoins ont dit là une grande contre-vérité L'ensemble des déclarations et des documents présentés au Tribunal semble à première vue convaincant mais il est mensonger.
 
« Je vais essayer, dans les minutes qui vont suivre, d'éclaircir ces. erreurs. Personne n'est venu me trouver pour me mettre en garde . contre mon comportement. Même le témoin Probst Grüber ne pourrait soutenir le contraire. Il me rendit visite et souhaita seulement . obtenir quelques allégements, sans critiquer mon activité professionnelle elle-même. Il confirma ici, au Tribunal que je ne lui opposai pas de refus mais que je lui expliquai que je devais prendre I'avis de mes supérieurs car je ne pouvais décider moi-même.
 
« A ce propos, il y avait le directeur de ministère Loesener qui était rapporteur dans les questions juives (Judenreferent) au ministère de l'Intérieur. Il est mort. Dans un mémoire récemment paru, il indique qu'il était au courant des atrocités et qu'il en a informé ses supérieurs. On doit donc admettre que tout le monte au . Ministère de l'Intérieur a eu connaissance de ces méthodes. Mais personne ne s'est élevé contre mes supérieurs. Le directeur du ministère Loesener se cantonna dans une opposition silencieuse et servit son Führer comme un bon Juge de l'administration judiciaire du Reich. Ainsi apparaît sous son vrai visage le courage civique d'une importante ,personnalité.
 
« Dans un rapport écrit en 1950, Loesener émet à mon propos une appréciation selon laquelle j'aurais été une des figures principales de la persécution juive. Mais on ne trouve dans ces sentiments violents rien qui permette d'étayer ces suppositions ni sur quoi reposent ces allégations. Chez d'autres témoins, c'est la même chose.
 
« Le Juge m'a demandé si je voulais plaider coupable comme l'avaient fait le commandant d'Auschwitz, Hoess et le gouverneur général de Pologne, Frank. Tous deux avaient la même raison d'agir de la sorte : Frank, en tant que responsable des ordres qu'il avait donnés, craignait d'être chargé par ses subordonnés, Hoess étant . celui qui avait réellement exécuté les massacres en masse.
 
« Ma position est différente.
 
« Je n'ai jamais eu la compétence ni la responsabilité de quelqu'un qui donnait des ordres. Je n'ai jamais eu à m'occuper, comme Hoess, de meurtres Si j'avais reçu l'ordre d'exécuter ces massacres, je ne me serais pas réfugié derrière de faux prétextes ; je l'ai expliqué au cours de mon interrogatoire : si je m'étais trouvé en présence d'un ordre que je ne pouvais exécuter, je me serais tiré une balle dans [135]la tête de manière à résoudre le conflit entre ma conscience et mon devoir.
 
« Le Tribunal pense que mon attitude actuelle est dictée par les besoins de ma cause dans ce procès. Il y a un ensemble de points qui semblant le confirmer. Les contradictions apparentes proviennent de ce que je n'ai pu me rappeler exactement tous les détails tout au début de l'interrogatoire de la police. J'ai vécu trop de choses pendant cette année.
 
« Je n'ai pas refusé de répondre : le rapport d'instruction qui comporte 3.500 pages le montre. Il était de mon devoir d'apporter ma collaboration à l'explication des faits. Des fautes ou des erreurs se sont produites, mais je dois les rectifier. De telles erreurs ne peuvent m'être reprochées alors qu'il s'agit d'un temps long de 16 à 20 ans et ma bonne volonté dans le sens de la collaboration ne doit pas être prise pour de la ruse et du mensonge.
 
« Ma règle de vie, qu'on m'avait apprise très tôt, était : la volonté et l'ambition d'atteindre à une éthique de l'honneur
 
« A partir d'un certain moment, la Raison d'État m'empêcha de poursuivre dans cette voie. Je dus choisir hors de cette éthique et m'engager tans une autre des multiples voies de la morale. Il me fallut me plier aux exigences du renversement de toutes les valeurs par la Raison d'État.
 
« J'ai fait mon autocritique personnelle, je me suis mis en accusation devant ma conscience, domaine qui est du seul ressort de mon Moi intérieur. Me considérant comme juridiquement non coupable, j'ai négligé totalement de tenir compte de ce point de vue tans cet examen.
 
« Je voudrais maintenant demander pardon au peuple juif, confesser la honte qui m'étreint à l'idée des injustices qui ont été commises à son égard et des actions qui ont été entreprises contre lui. Mais, il n'en reste pas moins que le fond de ce jugement m'apparaît comme une imposture. Je ne suis pas le barbare que l'on a présenté je suis la victime d'une argumentation : on s'est emparé de moi à Buenos Aires, on m'a gardé ligoté sur un lit une semaine entière, puis on m'a fait une injection tans le bras et l'on m'a conduit à l'aérodrome de Buenos-Aires ; c'est de là que j'ai quitté par avion l'Argentine. Il est tout à fait évident pour ne revenir que là dessus, que l'on me tenait pour le responsable de tout.
 
« Tout repose sur le fait que quelques nationaux-socialistes de cette époque et d'autres ont répandu des calomnies sur mon compte. Ils ont voulu se décharger sur moi ou m'ont calomnié pour des raisons qui m'échappent. Une partie de la presse a fait auteur de ces assertions incroyables et mensongères une propagande suggestive pendant quinze années.
 
« Cela, c'est le fondement de cette condamnation injuste.
 
a Cela, c'est la raison de ma présence ici.
 
« Je remercie mon défenseur qui s'est porté garant de mon droit.
 
« J'ai la conviction profonde que je paie pour d'autres.
 
« Je dois accepter ce que le sort m'a réservé. »

Cette déclaration d'innocence n'est évidemment pas remarquable et on ne risque rien à dire qu'elle ne passera sûrement pas à la postérité.

Condamné à mort par erreur au siècle dernier, dans la célèbre affaire du Courrier de Lyon, l'innocent Lesurques déclara :

Tout le monde ne peut pas être Lesurques.

Eichmann, au surplus, n'était qu'un petit lieutenant-colonel d'une culture rudimentaire comme il y en avait des milliers et peut-être des dizaines de milliers dans l'armée allemande, comme il y en a toujours des centaines de milliers tans les armées du monte.

Et, si on rapproche cette explicationou cette justificationde celle qu'a donnée d'une attitude semblable, le distingué professeur Balachowski (cf. p 114) de l'Institut Pasteur à Paris, homme cultivé ou qui du moins n'a aucune excuse s'il ne l'est pas, couvert d'honneurs et tout, force est bien de convenir que... ce n'est pas si mal que ça : entre la raison d'État à laquelle la conscience troublée du lieutenant-colonel inculte ou à peu près se réfère, et le seul souci de sauver sa peau invoqué par le professeur à la conscience claire, les gens de bon sens et même ceux qui, comme moi, substituent en tout la raison de l'Homme à la raison d'État, n'hésiteront en tout cas pas tans le choix qui s'impose.

On ne demandera au lecteur de rapprocher cette déclaration, ni des accusations mises en forme par le Procureur israélien, ni des justifications juridiques et morales du jugement rendu par le Tribunal : ici, le contraste serait encore plus désespérant.


| T. des m. et introduction | Ch.1 | ch.2.1 | ch.2.2 | ch.2.3 | ch.3 | ch. 4 | ch.5 | ch.6 | Annexes |


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