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Un historien courageux et résistant !

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LA VIEILLE TAUPE

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Epron, le 31 octobre 1985

À Monsieur Henri Roques

Cher Monsieur

Ayant entendu parler de vos recherches et de la thèse que vous avez récemment soutenue à l’Université de Nantes, je me suis adressé à mon collègue J. Ch. Rivière qui a bien voulu me communiquer votre adresse. J’espère que vous ne trouverez pas ma démarche indiscrète.

Professeur émérite à l’université de Caen où j’ai enseigné pendant 42 ans l’histoire et l’archéologie, j’ai été déporté de 1943 à 1945 dans les camps de Neüe Bremm et de Mauthausen. De 1946 à 1981, j’ai été membre du Comité d’histoire de la 2ième Guerre mondiale ; depuis 1981, je fais partie du conseil scientifique de l’Institut d’Histoire du Temps Présent (C.N.R.S.).

Dès mon retour d’Allemagne, j’ai observé très attentivement la naissance et la rapide croissance d’un mythe de la déportation, qui a gravement nui à l’élaboration d’une histoire « vraie » de ce phénomène. Les media ont, à cet égard, relayé jusqu’à l’outrance les amalgames et les exagérations dans lesquels se complaisent la plupart des anciens déportés. J’ai a diverses reprises, préconisé de leur part un effort d’objectivité, mais sans grand succès. Le Comité d’histoire de la 2ième Guerre mondiale, par

exemple, a renoncé à publier les statistiques qu’il avait élaboré, et ce « de crainte d’incidents avec les associations d’anciens déportés ».

C’est vous dire, cher Monsieur, que je serais extrêmement heureux de consulter votre édition critique des « confessions » de Gerstein. Et j’aimerais aussi beaucoup vous rencontrer, si vous en êtes d’accord ; je suis très souvent à Paris.

Michel de Boüard

 

Caen, le 5 janvier 1987

À Monsieur Henri Roques

Cher Monsieur,

Je vous remercie de vos bons vœux et vous offre ceux que je forme bien sincèrement pour vous même et les vôtres, à l’aube  de la nouvelle année.

La causerie du 10 décembre s’est bien passée. J’avais demandé au président régional de l’Amicale de  n’inviter que des collègues historiens ; ils étaient une quarantaine, et plusieurs d’entre eux m’ont questionné sur « l’affaire Roques » dont je n’avais pas parlé dans ma causerie, sachant que je serais questionné sur ce point par les auditeurs. Le président régional Laspougeas croit fermement que le bulletin Historiens et Géographes fera écho à ce que j’ai dit ; il m’a demandé de préparer à cet effet un papier. J’avoue ne partager à aucun degré son espoir, mais on verra[1].

J’ai reçu, à l’occasion de Noël, une lettre du Frère Zind[2] qui m’a profondément touché. J’avais entendu parler de lui en terme très affectueux par un collègue sociologue, qui a préfacé naguère une de ses publications.

Encore une fois, cher Monsieur , je vous offre mes vœux  d’heureuse et féconde année.

Michel de Boüard

 

Epron, le 15 janvier 1987

Monsieur Henri Roques

Cher Monsieur,

Je vous remercie de votre lettre du 10. Je n’ai reçu aucune convocation à témoigner dans le procès en cours contre « Libération ». Je crois d’ailleurs que je vous avais fait part de ma répugnance à mêler la justice à des affaires dont elle ne saurait être juge. Ce que vous me dites des attendus du jugement qui vous a débouté me confirme dans ce sentiments ; il ne s’agit à mon sens que d’une lamentable dérobade. Je pense que les problèmes de la déportation relèvent de l’histoire et d’elle seule. Un grand nombre d’historiens sont aujourd’hui persuadés qu’il est enfin temps de traiter ces problèmes comme tels, même s’ils demeurent encore silencieux de crainte d’encourir la hargne de tel ou tel puissant lobby. De cette hargne, je fais actuellement l’expérience, mais elle ne me fera pas sortir de ma sérénité, pas plus qu’elle n’entamera ma détermination. Je vous souhaite une heureuse année 1987 et vous offre, Cher Monsieur, mon meilleur souvenir.

Michel de Boüard

 

Epron, le 6 janvier 1988

À Monsieur Henri Roques

Cher Monsieur,

Merci de votre bonne lettre et des vœux qu’elle m’apporte. Je vous offre réciproquement ceux que je forme pour vous et les vôtres.

Je n’ai pas reçu Les dossiers de l’histoire. Que cette publication ait offert 20 pages à ce brave Choumoff ne m’incline guère à la prendre en considération.

Après tout, comment tenir rigueur aux associations d’anciens déportés d’exploiter ce qui est leur raison d’exister. L’Amicale de Mauthausen continue de m’envoyer son bulletin ; c’est presque touchant tant c’est puérilement aveugle.

En revanche, ce qui me révolte c’est la « trahison des clercs » qui sont institutionnellement chargés d’élaborer l’histoire et bafouent l’objectivité. Ils ne font rien, bien au contraire, pour exercer un contrepoids critique à l’égard de cette littérature mythique.

Nous comptons partir pour Antibes vers le 15 janvier et y passer un mois. Au retour je serais heureux de reprendre avec vous, par exemple à l’occasion d’un déjeuner, l’échange de vues amorcé lors de notre première rencontre, voici déjà plus de deux ans. Encore une fois, cher Monsieur, je vous souhaite une heureuse et féconde année 88.

Bien sincèrement vôtre.

Michel de Boüard

 

Epron, le 17.06.88

 

Cher Monsieur,

Je vous remercie de m’avoir communiqué un long compte-rendu du procès de Toronto ; je l’ai lu avec beaucoup d’attention et d’intérêt , d’autant plus que je ne connais pas la plupart des auteurs et des écrits qui s’y trouvent cités. Mon information sur le problème des « camps d’extermination » est fort rudimentaire ; en revanche, je me suis attaché depuis bien des années, à l’histoire des KZ implantés à l’intérieur des frontières allemandes de 1937 ; au sein du Comité d’histoire de la 2ième Guerre mondiale, auquel j’ai appartenu de 1945 (avant même l’arrivée d’Henri Michel, Édouard Perroy étant alors secrétaire général) jusqu’à sa dissolution, j’ai maintes fois exprimé des réserves sur ce que je considère comme une « trahison des clercs ». Cette institution, dont la mission était d’élaborer et de faire prévaloir une histoire vraie de la déportation (ou plutôt des déportations, car le mot recouvre encore aujourd’hui des tas de choses très diverses) a constamment  cédé aux propagateurs «du mythe», c’est-à-dire aux médiats et aux lobbys qui les inspirent encore ; certains des membres les plus connus du Comité ont même exploité l’aspect « best-seller » de la littérature sur les KZ. Exemples : Tragédie de la déportation de H. Michel et Olga Wormser, ou Quand les alliés ouvrirent les portes… d’Olga Wormser.

Ci-joint la photocopie de deux pages du dernier bulletin de l’Amicale de Mauthausen. Vous connaissez l’acharnement mis par mes « bon camarades » à soutenir l’existence d’une chambre à gaz à Mauthausen. Or le Pape  Jean-Paul II doit faire prochainement un voyage en Autriche  au cours duquel est prévue une assez brève visite de Mauthausen. L’Amicale a fait des démarches au Vatican pour que le Pape visite la fameuse « chambre à gaz » ; les photographes et les reporters l’auraient photographié en cet endroit ; après quoi personne ne pourrait plus nier… Jamais peut-être les fanatiques n’avaient à ce point atteint le grotesque dans l’imposture ; mais bien sûr, cet épisode minable ne sera connu du grand public[3].

Merci encore, cher Monsieur, et aussi pour l’annonce de l’envoi du Rapport Leuchter.

Bien sincèrement vôtre.

Michel de Boüard

 

 

Antibes, le 28.09.88

 

Un grand merci, cher Monsieur, pour l’envoi du n° 3/1988 des Annales d’Histoire révisionniste. Je ne connais que bien imparfaitement le dossier de la controverse sur les chambres à gaz ; mais j’ai toujours trouvé étrange que l’on n’ait pas procédé, avant toute chose, à des examens comme ceux que vient de faire Fred A. Leuchter ; Les résultats me semblent d’une clarté aveuglante. Que vont bien pouvoir y objecter « les autres ». Comment d’autre part, n’a-t-on pas (si je ne me trompe) localisé les fameuses fosses de 100mx 20m x 12m, dont on a tant parlé (Gerstein entre autres), où l’on aurait entassé les cadavres des gazés, si nombreux que les crématoires ne pouvaient les incinérer. Tout archéologue sait fort bien que de tels charniers sont facilement localisables grâce aux instruments de prospection géophysiques.

Si j’ai le plaisir de vous revoir un de ces jours (je rentre en Normandie dimanche prochain), je vous parlerai d’un de mes très bons amis qui a séjourné à Auschwitz I de fin juillet 42 à fin 44 ; il travaillait au Kommando des électriciens et fut envoyé, à plusieurs reprises, à Birkenau pour y effectuer des travaux d’entretien sur les crématoires.

J’ai beaucoup apprécié, dans les AHR, la volée de bois vert que Pierre Guillaume administre à l’ignoble Georges Wellers, que l’Institut d’Histoire du Temps Présent, la Soc. des profs d’histoire et de géographie (et d’autres) s’obstinent à présenter comme un historien honnête.

Bien sincèrement vôtre, cher Monsieur.

Michel de Boüard


[1] On a vu. Silence total dans les rangs.

[2] Pierre Zind. Frère Mariste. Docteur ès Lettres et sciences humaines, il était membre du jury de thèse de Roques. Il est l’auteur de Les Nouvelles congrégations de Frères enseignants en France de 1800 à 1830, 3 volumes, Saint-Genis-Laval 1969 Alsace Lorraine, Paris 1979, 693 pages, mais aussi de L’Enseignement religieux dans l’Instruction primaire publique en France de 1850 à 1873 (Centre d’histoire du catholicisme) Lyon 1971, xvi-315 pages ; de Brèves histoire de l’Alsace, Albatros, Paris 1977 ; et de Alsace Lorraine 1870 – 1940, Éditions Copernic, Paris 1979, 691 pages.

[3]  Sauf bien sûr si vous aidez la vieille taupe à faire circuler ce modeste papier

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Ces lettres, reproduites ici in extenso, constituent la correspondance adressée à Henri Roques. Le doyen Michel de Boüard, a entretenu une correspondance avec d’autres révisionnistes, dont le professeur Robert Faurisson, qui n’a pas encore jugé opportun de rendre publique sa correspondance avec ce déporté résistant qui n’avait pas hésité à serrer la main du diable le 18 avril 1986 .

Une exposition intitulée « Michel de Boüard 1909-1989. Un intellectuel dans son siècle » s’est tenue du 1er mars au 19 avril 2009 au Musée de Normandie, au Château de Caen.

À cette occasion une luxueuse plaquette en couleurs de 24 pages (format 23 x 33 cm) agrémentée de nombreuses photographies et documents a été éditée en l’honneur « de  l’un des grands Caennais du XXe siècle » (Philippe Duron, Maire de Caen, député du Calvados, page 2 de  la plaquette). En page 3, dans la « Chronologie générale » on relève, à l’avant dernière ligne : « 1986 : Polémique autour de la thèse d’Henri Roques. Dans la même page, sous la signature de Jean-Yves Marin, directeur du Musée de Normandie  on relève cette perle dont chaque mot doit être dégusté :

« Bertrand Hamelin qui consacre sa thèse de doctorat à la vie et à l’œuvre de Michel de Boüard, et Jean-Marie Levesque, conservateur du Musée de Normandie, ont su avec rigueur et discrétion […] trouver les mots justes quand il fallut défendre sa mémoire face à l’ignorance accusatrice ou aux tentatives de récupération les plus abjectes. »

On aimerait savoir à quelles tentatives de récupération il est fait ici allusion. Page 9. Il y est fait allusion à « l’extrême-droite ». Mais ceci constitue en soi-même une falsification et une dénaturation complète de la pensée de Michel de Boüard qui avait soutenu clairement « la thèse de Nantes » parce qu’elle faisait avancer la connaissance du « document Gerstein ». Un point, c’est tout !

Michel de Boüard pensait par dessus tout (UBER ALLES)que la vérité s’impose à tous et avant tout.

 

L’exposition sera prolongée à l’Université de Caen – Basse-Normandie du 24 octobre au 4 décembre 2009

Le 23 octobre à 10 heures Colloque.

Ce 23 octobre sera une date historique.

Soit ce colloque sera le premier colloque consacré dans l’Université française à un historien résistant au conformisme « obligé », soit les « historiens » récupérateurs et falsificateurs se dévoileront par leur silence.                    (à suivre


[1]  Sauf bien sûr si vous aidez la vieille taupe à faire circuler ce modeste papier

 


        

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