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Besson : un polar à clefs


30 octobre 1997

Avec Didier dénonce, Patrick Besson publie son premier "polar". C'est le portrait ironique d'un adolescent qui passe son temps à ficher ses camarades de classe. [...]

--Le Figaro littéraire:

Alors, vous entamez un carrière d'auteur de romans policiers?

--Patrick Besson:

Presque tous les romans sont des romans d'amour et des romans policiers. [...] Donc, je n'entame pas une carrière d'auteur de polar, je la continue. La nouveauté, c'est l'éditeur: Gérard de Villiers!

-- On vous a accusé de tous les maux. Notamment d'être un intellectuel "rouge-brun". Vous réglez vos comptes?

-- J'ai été accusé de choses bien pires, surtout par mes ex, et je tiens à dire que toutes ces accusations sont vraies! Mais, comme disait mon maître, Hegel, si j'existe, c'est que j'ai une raison d'exister.

-- Votre polar paraît en même temps que le pamphlet de Didier Daeninckx contre Gilles Perrault. Hasard ou volonté délibérée?

-- C'est la première fois dans l'histoire de la littérature -- de toutes les littératures de toutes les époques -- qu'on voit un écrivain enquêter scrupuleusement, scientifiquement, patiemment, sur ses confrères, afin de découvrir dans leur passé, dans leurs oeuvres, dans leur vie privée, des fautes politiques amorales -- ou prétendues telles -- qui seront ensuite, par ce même écrivain, dévoilées, expliquées, commentées au public. Les délateurs intellectuels sous Staline, sous Hitler ou sous Truman, étaient obligés de faire ce qu'ils faisaient, sous peine de perdre leur travail, leur célébrité, leur vie. Dans le cas qui nous occupe, rien de tel. Ca valait bien un livre. Le personnage que vous citez se livre à une activité de délateur sans que rien ne l'y oblige. Comment appeler ça? Je n'ai pas encore trouvé le mot. Ca dépasse mon vocabulaire. Quand je l'aurai trouvé, je le dirai, et bien sûr l'écrirai ensuite.

-- Que vous inspire le livre de Didier Daeninckx?

-- Je suis désolé, mais je ne peux pas lire ça, ça me dégoûte trop, ce serait comme manger le vomi du sénateur McCarthy trente-cinq ans après sa mort. Je me suis contenté de lire, non sans nausée, l'article -- d'ailleurs excellent -- de David Dufresne dans Libération. On dirait d'ailleurs que même la gauche en a plein le dos de Daeninckx. Assimiler Perrault à l'abbé Pierre, c'est n'importe quoi! Lui reprocher d'avoir écrit, dans les années 60, dans Le Nouveau Candide, où écrivaient aussi Verny, Charpy ou Alexandre, c'est stupide. Il ne faut plus écrire dans L'Humanité, car Garaudy a sûrement écrit dedans... à une époque! Reprocher à Perrault de s'être fait ouvrir les dossiers de la Gestapo par un agent des services secrets... C'est tout de même plus simple que de se les faire ouvrir par une concierge portugaise! Ce que je tiens enfin à dire sur Gilles Perrault, c'est qu'il s'agit de l'un des plus grands journalistes et des meilleurs écrivains français, et qu'il serait abject de le laisser, sans réagir, traiter comme le traite Daeninckx.

-- A vous écouter, on a l'impression que le maccarthysme est de retour. N'allez-vous pas un peu trop loin?

-- Je crois au contraire que nous assistons à la fin d'un certain maccarthysme. Ce genre de méthode ne passe plus. Les pétitions contre Daeninckx se multiplient, et il déclenche dans l'intelligentsia un sentiment de haine qui sera bientôt incontrôlable si on n'y prend pas garde. C'est un petit gars de la banlieue qui a essayé de s'en sortir, comme moi. Il a un père prolo, comme moi! Il est d'Aubervilliers, je suis de Montreuil. Je me sens quand même proche de lui. Qu'il sache une chose: le jour, très proche, où tout le monde lui crachera dessus, il aura quelqu'un pour le défendre, moi. En hommage à tout ce qui, au-delà de la politique, nous rapproche, c'est-à-dire l'enfance.

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Le Figaro littéraire, 30 octobre 1997. Propos recueillis par Sébastien Le Fol.


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