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Enquête :


Incroyable! Golias, des journalistes, des universitaires et des syndicalistes fichés!

La liste noire d'un centre de recherche...

par Christian Terras

Les "dérives totalitaires" et l'émergence d'une véritable "voyoucratie" mises en évidence par les médias à l'occasion des sales affaires d'écoutes téléphoniques, inquiètent à juste titre le public. Mais le monde politique n'a pas l'exclusivité de ces dérapages. A plusieurs reprises, Golias s'est fait l'écho des curieuses pratique à l'oeuvre dans l'université, par exemple l'interdit professionnel qui frappe l'Historien Philippe Videlier. Dans la meilleure tradition maccarthyste.

(Cf. Golias n° 51, novembre-décembre 1996.)

Comme de nombreux confrères, Golias s'était penché sur l'affaire du Centre Pierre-Léon à l'origine de ce scandale : le recrutement dans un centre d'histoire, avec bénédiction de son patron, d'un ingénieur de recherche connu pour son engagement dans le groupe négationniste des années quatre-vingt La Guerre Sociale qui avait apporté depuis le début son soutien militant à Faurisson. Nous avons même publié deux dossiers remarqués sur la question, qui ont permis d'éclairer aussi bien le phénomène négationniste en France que les dysfonctionnements graves du milieu universitaire (n° 35 et 36, 1993-94).

Et bien aujourd'hui, cela vaut à notre magazine d'être fiché d'étrange manière avec d'autres journalistes et des universitaires! Aussi incroyable que cela paraisse, des agents du CNRS, affectés au Centre Pierre-Léon (Lyon) et au Cristo (Grenoble) ont constitué un dossier sur ce qu'ils appellent "le réseau de soutien à Philippe Videlier". Ces curieux limiers diffusent le dossier plus ou moins sous le manteau aux correspondants supposés "amis", il a pu servir de base à article de Lyon Capitale, "La vraie-fausse affaire Videlier", publié en octobre (Lyon Capitale hélas n'en est pas à son premier dérapage journalistique). Ce dossier aurait dû rester en milieu "de confiance".Mais il y a eu des fuites. Il est parvenu jusqu'à Golias. Le dossier stupéfiant constitué au centre Pierre-Léon ressemble à la fameuse histoire du chaudron de Freud, souvent citée pour illustrer la stratégie de la dénégation et du retournement : dans un village de Pologne, A prête à B un chaudron qui le lui rend troué. Pour se défendre B explique que 1°) A ne lui a jamais prêté de chaudron, 2°) quand A le lui a prêté, le chaudron était déjà troué, et enfin 3°) quand B le lui a rendu, le chaudron était en parfait état... Le dossier inclut ainsi les sommaires de la revue négationniste La Guerre sociale comme s'il s'agissait de banalités, puis des textes osant expliquer que La Guerre sociale émit une simple "revue de critique sociale", enfin des lettres de Francois Robert affirmant, contre toute évidence, qu'il n'en a jamais fait partie!

Mais le clou du dossier, ce n'est pas l'accumulation de ces mensonges qui depuis quelques années font quand même tache dans l'université. Non, le clou du dossier c'est le fichage, dans le style chasse aux sorcières, d'un certain nombre de citoyens qui ont affirmé leur soutien à Philippe Videlier, sous le titre -- comme dans les mauvais romans d'espionnage! -- "Composition du réseau de soutien à Philippe Videlier", sont répertoriés un certain nombre de noms agrémenté de renseignements d'ordre professionnel, politique ou syndical. sont ainsi alignés : Philippe D. " CNRS (sciences politiques), membre du Ceriep (centre d'études et de recherche de l'IEP) " ; Pierre C., "CNRS (mathématiques), responsable local du Syndicat national des chercheurs scientifiques SNCS " ; Jean-Vincent J. "(ex de la Ligue communiste révolutionnaire, LCR) président de SOS-Racisme Lyon" ; Jean-Michel D. "secrétaire départemental de la FSU (ex LRC)" ; Michel S. "ex-LCR, rédacteur en chef de la revue Espaces latino-américains, correspondant sous le nom de Michel Sender du cercle Marc-Block créé le 12 octobre 1994 "; Maurice .M., "professeur d'histoire dans l'enseignement secondaire, FSU, Appel des 250 et Ras l'front, comité de réaction des Cahiers d'histoire de la CGT " ; Robert M., "ex-LCR, journaliste pigiste à L'Événement du Jeudi, Canard enchaîné, Jeudi Lyon " ; Pierine Piras, "compagne de Philippe Videlier, documentaliste à la Bibliothèque municipale de la Part-Dieu" ; et, à tous ces noms, naturellement écrits en toute lettres, s'ajoute dans le dossier celui de Christian Terras "directeur de la revue catholique critique Golias". Mais Où est on ?

[LE FLIQUEUR FLIQUÉ, C'EST LE COMBLE DU RIGOLO. CES TYPES PASSENT LEUR VIE A MONTER DES DOSSIERS PLUS OU MOINS BIDONS ET A DENONCER DES GENS, ET ILS S'ETONNENT. "OU EST-ON?" DEMANDENT-ILS. ON EST CHEZ GOLIAS, JUSTEMENT, CHEZ LES FLICS DE LA PENSEE.]

Et Il y a mieux (ou pire !). ce sont les commentaires qui suivent chaque nom, toujours donné en toutes lettres, sous la plume d'un certain Christian Thuderoz : "Depuis le début il (Ph. Videlier) est soutenu (et même plus conseillé) par Jean-Vincent J., président de Sos-Racisme du Rhône, ancien permanent trotskiste de la "LCR. Les informations de nos Duponds universitaires sont peu fiables. M. Jean- Vincent J., cela nous a été confirmé, n'a jamais été "permanent" de la LCR, il est actuellement membre du bureau fédéral du Parti socialiste du Rhône, chargé des droits de l'homme [C'EST CERTAINEMENT LA MEILLEURE PLANQUE POUR UN FLIC TROTSKYSTE]. Poursuivons : "Le journaliste qui a révélé l'affaire François Robert et qui l'a transmise aux autres organes de presse : Robert M.. Ancien journaliste à Libération tallant il a été licencié par Serge July). " Que veut-on insinuer y Robert M. est un journaliste très connu à Lyon et estimé pour ses qualités d'investigation. c'est lui qui a dirigé Lyon- libération jusqu'à la fermeture, ce que le dossier de dénonciation appelle " licencié par Serge July ". De quoi inquiéter nos compères. Le texte continue : " il a retrouvé une place au Monde R.A. (Rhône-Alpes) et à L'Evénement du Jeudi. C'est un ancien militant trotskyste de la LCR." Ensuite, le dossier passe en revue les universitaires qui s'étaient inquiétés en octobre 1993 du recrutement au centre Pierre-Léon "d'un ingénieur ayant eu qualité de collaborateur d'une revue négationniste". Parce qu'il s'agit du milieu universitaire très proche sans doute, les noms deviennent des initiales (transparentes en relation avec les autres parties du dossier) et les commentaires sont encore plus gratinés. "il y a Z, professeur d'économie à Lyon 2 et toujours membre du bureau fédéral du PCF" ; c'est ainsi qu'est décrit l'universitaire Henri J., conseiller municipal de Lyon élu de la convention pour une alternative progressiste (cap) et non du Parti communiste comme l'indiquent nos apprentis poulets. Mais dans une optique maccarthyste, un "coca" ça lait plus peur pas vrai?" x, secrétaire du SNCS du Rhône en gros la CGT des chercheurs)" : voilà pour Pierre c., déjà cité auparavant. La " CGT des chercheurs ", cela aussi fait "coco" ou agent de Moscou... " en gros ", comme il est dit ! Ensuite sont cités " Y et Y'" visant au choix : un professeur à la Sorbonne, anciennement à Lyon, un chercheur à la Maison Rhône-Alpes des sciences de l'homme, ou Philippe D., déjà cité. " Y et Y' ", donc, sont affublés de l'appréciation suivante : " ennemis jurés de Yves Lequin, l'ancien directeur du centre Pierre-Léon qui a recruté Robert pour des raisons de postes disponibles et de carrière. " Le commentaire le plus violent est réservé à Maurice M., historien respecté, ancien résistant, maquisard à 17 ans, transformé en une sorte de colonel du KGB : " Membre depuis une trentaine d'années des organes dirigeants du PCF, il sait mieux que nous comment se réglait jadis le débat démocratique dans les caves de la Loubianka. il connaît également fort bien l'identité de ses collègues accusateurs. Quelle étrange copulation que celle (...) entre d'anciens staliniens avérés, d'anciens trotskystes orphelins d'une révolution qu'ils n'ont jamais désirée que par romantisme et de bien réels théologiens, confondant la parole compréhensive chrétienne avec le discours inquisiteur.

L'envoi est, on l'aura deviné, pour Golias. Voilà donc le genre de documents qui se concoctent et circulent dans certains centres de recherche. Mais ce n'est pas tout encore ! Le Cercle Marc-Bloch nous a informés du fait qu'en 1994, déjà, un texte de dénonciation visant l'historien Philippe Videlier avait été envoyé massivement à tous les élus de la région et à diverses associations, aux frais du CNRS, machines à timbrer faisant foi. La direction du CNRS, informée, n'a rien fait. Par ailleurs, à l'automne dernier, le Parti socialiste de Villeurbanne ayant invité Philippe Videlier a donner une conférence sur le thème du négationnisme, a vu se multiplier les interventions, par téléphone, lettres et fax pour faire annuler la conférence. Le fax d'envoi était celui de la Maison Rhône-Alpes des sciences de l'homme. Le texte s'en prenait à "P. Videlier et le petit groupe d'anciens trotskistes qui le soutiennent", avec des menaces : "Nous serons nombreux dans l'assistance à ne pas tolérer que Philippe Videlier utilise la tribune qui lui est offerte pour évoquer "l'affaire" qui le concerne." La signature : " Hervé Joly, chercheur CNRS, Centre Pierre-Léon." Cette missive édifiante était doublée d'un coup de téléphone et d'une circulaire de Christian Thucleroz.

Ces "recherches" tout à fait spéciales se font, semble-t-il, dans le dos du nouveau directeur du Centre Pierre-Léon, M. Serge Chassagne. Que le soi-disant repenti du faurissonisme, François Robert lui-même soit impliqué ne fait absolument aucun doute car toute cette mascarade a pour but de le servir. A notre avis, elle sert au contraire d'indice de malhonnêteté et de stupidité. Mais c'est avant tout un dérapage d'une extrême gravité. Reste à connaître le rôle de l'ancien directeur Yves Lequin dans ces pratiques qu'il n'ignore pas. Car on sait que contacté par France culture pour intervenir dans une émission programmé par la chaîne autour de Philippe Videlier, M. Yves Lequin a refusé d'être interviewé et a renvoyé sur celui qui "s'exprime habituellement sur cette affaire " (sic)... Hervé Joly (cf. Lettre du cercle Marc-Bloch, n° 10).

Avec toutes ces lettres de dénonciation et ces fichages politiques, l'emploi du temps de ces messieurs doit être bien chargé. D'autant que, lorsque notre amie l'historienne Annie Lacroix-Riz publie dans Le Monde Juif, revue d'histoire de la shoah, un article documenté touchant à la fabrication du gaz zyklon B par le groupe Ugine pour le compte de l'Allemagne (ce qui met en cause les industriels francais), c'est encore M. Joly qui commet un texte publié par Libération pour expliquer tranquillement que, suivant les patrons d'Ugine, le zyklon francais n'a servi qu'à "des travaux de destruction de parasites (puces vermines, etc.)". Il ajoute à l'appui de sa brillante théorie que le zyklon est "un gaz peu stable, qui se transporte difficilement". Petite information : le Zyklon B se présente sous forme de cristaux... Pauvre M. Joly, c'est dur d'être chercheur au CNRS quand on a tant à faire..." Au regard de l'éthique comme inspiratrice du rapport à la vérité, pareilles institutions, en leurs légalités et en leurs pratiques, perdent toute légitimité", Constatait malheureusement Golias au départ de l'affaire. Guerre Sociale, fichage et zyklon B, que faut-il de plus pour que l'institution perçoive l'ampleur du désastre

Christian Terras

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Golias MAGAZINE n° 53 - mars/avril 1997.

Ce texte est récupéré sur la "page Videlier". Elle se trouve à:

<http://www.ens-lyon.fr/SNCS/videlier.html>

Nous respectons le style confusionnel, éructatif at abracadabrant de l'auteur, futur nain de jardin, ainsi que les fautes Les incises en lettres capitales sont de la rédaction de l'AAARGH.


Voici la "page Videlier" (qui tourne sur fonds publics).

Elle se trouve à <http://www.ens-lyon.fr/SNCS/videlier.html>. Ce qui veut dire qu'elle est hébergée sur l'ordinateur de l'Ecole normale supérieure de Lyon, qui a cédé un petit espace à un syndicat, le Syndicat national des Chercheurs scientifiques, qui est selon les endroits, au mais des communistes ou aux mains des trotzkystes.

. Pour envoyer des messages de soutien à l'indicateur Videlier, il suffit d'écrire à <[email protected]> Ne le ratez pas!!!

 

A partir de cette page,vous pouvez:

1. Lire une introduction à l'affaire Videlier par Pierre Crépel

2. Lire l'incroyable histoire de La liste noire d'un centre de recherche

3. Lire un texte de Didier Deaninckx paru dans l'Humanité le 25/06/97.

4. Lire la motion votée à l'unanimité par la section le 12/3/97.

5. Lire la motion adoptée par le 38ème congrès.

6. Lire un texte paru dans le bulletin FSU-Rhone-Alpes sur le cas Videlier (Janvier/Février 1997).

7. Lire le point de vue de Bruno Escoubes (publié dans CAES INFO, Janvier 1997)

8. Lire un article du Canard Enchaîné

9. Lire un article du Figaro

10. Lire un article de l'Humanité

11. Lire Le point de vue de Didier Daeninckx

12. Envoyer un message de soutien à Philippe Videlier.



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