Fin 1992, Philippe Videlier, alors en poste au laboratoire d'histoire du CNRS lyonnais, le Centre Pierre-Léon, symboliquement situé dans l'ancien siège de la Gestapo, découvre le passé négationniste de François Robert. Ce vacataire, qui fut dans les années 80 un militant actif de la "Guerre sociale", groupe négationniste apportant son soutien à Robert Faurisson et a ses thèses, est en passe d'être nommé ingénieur d'études au Centre Pierre-Léon. Philippe Videlier avertit sa hiérarchie. François Robert n'en est pas moins nommé. Yves Lequin, directeur du Centre, reconnaîtra ensuite les faits reprochés a François Robert.
Fauteur de scandale
Philippe Videlier demande alors sa mutation. Commence pour lui ce qu'il considère comme une mise au ban professionnel. L'historien, réputé pour ses recherches sur la mémoire des banlieues lyonnaises, reste sans poste après avoir refusé des affectations à Grenoble puis à Chambéry. Les choses semblent s'arranger au printemps 1996 lorsque André Kaspi, directeur du département des Sciences de l'homme et de la société, donne son accord à sa nomination dans un laboratoire de l'Institut d'études politiques (IEP), associé au CNRS. Mais Alain-Serge Mescheriakoff, directeur de l'IEP, avocat au barreau de Lyon, refuse.
Arguments donnés en conseil d'administration : Philippe Videlier est un fauteur de scandale et entretient de mauvaises relations avec une partie des membres de l'IEP. Le tout est affiché dans les locaux de l'IEP. Joint par téléphone, Alain-Serge Mescheriakoff nie en bloc : "Je n'ai jamais rien dit, rien n'a été affiché, je ne suis pas au courant de cette histoire, je débarque." Pourtant, nombreux sont ceux à avoir photographié le texte lorsqu'il était affiché.
Aujourd'hui, André Kaspi hausse le ton : "La balle est dans le camp de M. Meschenakoff et si nous n'avons pas son accord le 30 septembre, nous affecterons M. Videlier dans une équipe ne dépendant que du CNRS. Dans cette éventualité, le CNRS rompra ses relations avec l'IEP. En clair, nous suspendrons notre dotation budgétaire et nous ne procéderons plus à aucune reconnaissance scientifique. » Philippe Videlier, lui, vient d'attaquer Alain-Serge Mescheriakoff en diffamation et a déposé un recours en annulation du refus de nomination devant le tribunal administratif.
Marie-Ange POYET
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Le Figaro 25 septembre 1996
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