5/6
Traiter le massacre des Juifs pendant la guerre en consacrant cent pages (un tiers du Drame des Juifs européens, 1964} à des calculs statistiques pour savoir si 1 million 600.000 Juifs ou bien 6 millions sont morts, c'est bien prendre les choses par le petit bout de la lorgnette, continuer Nuremberg en le contestant. Un livre profond et neuf sur ce sujet serait documenté, mais sortirait des faux problèmes de quantification. On a tout dit quand on a montré comment se forma comme un dogme le chiffre pour le moins douteux de six millions. On ne dit rien quand on élabore soi-même des statistiques rivales aussi invérifiables, pour le lecteur non spécialiste, que celles qu'on critique.
La plupart des documents et archives que nous avons consultés nous ont été fournis par la VT2. Ils montrent que Rassinier était porté et soutenu par tout un courant pacifiste, socialiste SFIO, humaniste, dans la ligne des instituteurs laics style IIIe République, comme Dommanget, libres-penseurs et adversaires de la guerre. Quand celle-ci est venue, en 1914, comme en 1939, ils l'ont généralement acceptée, sinon justifiée. Mais en dehors des périodes de guerre, ils maintenaient la tradition antimilitariste et se déclaraient parfois même libertaires. Après le scandale du Mensonge, vers 1950-51, ce milieu qui avait accueilli favorablement la critique du bourrage de crâne par Rassinier, s'efface. Rassinier s'enfouit alors dans la question juive et les chambres à gaz, décroche d'avec la gauche de la SFIO qui mène d'autres combats (contre la guerre d'Algérie). Il côtoie alors d'autant plus aisément l'extrême droite que les anciens pacifistes et les socialistes en général donnent largement dans la guerre froide. Pour la Vieille Taupe, "Rassinier est resté jusqu'à sa mort inébranlablement socialiste, pacifiste, antiraciste, internationaliste [...]" (P. Guillaume, préface à Ulysse trahi par les siens, p. 179) Rassinier était socialiste, au sens où il est resté une vingtaine d'années à la SFIO qu'il a même représentée à la chambre des députés. Son pacifisme exclut l'internationalisme, qui suppose entre autres la rupture avec les "partis ouvriers", et explique qu'il ait accepté un bout de chemin avec l'extrême-droite.
Estimant que le "bellicisme est passé de la droite à la gauche" et que "le Résistancialisme l'y a maintenu" (brouillon de lettre à Bauchet, 1964), uniquement préoccupé par la paix, il réserve en priorité ses coups à la gauche. Il existe pour lui, comme il existe pour l'antifascisme, un ennemi privilégié, mais pour lui, c'est la gauche, en particulier le PC, et non le fascisme. Il juge -- et cela scandalise les intellectuels de gauche, la droite moins dangereuse, comme Sartre préférait vers 1950 l'URSS aux E-U. Il ne partage pas les idées de Bardèche, directeur de Défense de l'Occident, mais c'est tout de même un "brave homme [...] plus un poète qu'un éditeur" (lettre à Faurisson, 3 janvier 1967). Il trouve Défense de l'Occident ou Rivarol moins nocifs que l'Humanité. Rassinier n'est pas devenu un "révolutionnaire sans révolution" écrivant là où il peut faire connaître sa recherche "scientifique". Rassinier, au départ de son action d'après-guerre, obéissait à une ligne politique précise, nullement révolutionnaire: "Paix avant tout". Il a fini par mettre son pacifisme au service du camp occidental de la guerre froide, et plus particulièrement de l'extrême-droite.
Dans Rivarol du 1er janvier 1964, Rassinier expose ainsi son point de vue: obsédé par le désir de justifier les indemnités versées par l'Allemagne à l'Etat d'Israël, le mouvement sioniste international "apporte le renfort des chambres à gaz et des six millions de morts" à toutes les attaques de Kroutchev contre l'Europe. Ce faisant, le mouvement sioniste ne manquera pas d'aboutir à ce que "non seulement les chevaux des cosaques se viennent abreuver à l'eau du Rhin, mais encore que leurs tanks aillent faire sur place leur plein au Sahara et leurs avions escale pour aller jeter leurs bombes aux Etats-Unis."
Le soi-disant antiraciste Rassinier, qui trouve à juste titre dégoûtant le discours stalinien de l'Humanité, n'est pas gêné d'écrire en 1963-64 dans un torchon comme Rivarol où s'étale à longueur de colonnes le racisme le plus graveleux.
Quitte à faire connaître Rassinier, la VT2 devrait rééditer Les Responsables de la Seconde Guerre mondiale (Nouvelle Editions Latines, 1967). Dans ce livre, la Seconde Guerre mondiale devient l'oeuvre d'un complot de marchands de canons, dominé par les Francs-Maçons et les Juifs, influents jusque dans la SFIO. C'est trente longues citations qu'il faudrait pour donner toute la mesure du caractère platement antisémite de cet ouvrage. Les Alliés ont tout mis sur le dos de Hitler. Rassinier a commencé par partager les responsabilités, avant de les faire peser particulièrement sur les Alliés. A notre point de vue, il est tout aussi absurde de dire que Hitler voulait (point de vue de Nuremberg) ou ne voulait pas (point de vue de Rassinier} la guerre. Pour la théorie révolutionnaire, l'éclatement d'une guerre moderne n'a que peu à voir avec la volonté, bonne ou mauvaise, des hommes d'Etat.
Les "Juifs" permettent à Rassinier de reprendre à son compte une vision du monde bien connue: la vieille tradition, étrangère à la critique révolutionnaire, qui explique la politique mondiale par les manigances d'un réseau international de financiers et de marchands d'armes tirant toutes les ficelles. Rassinier rejoint ceux qui identifient ce réseau avec la "communauté" transnationale juive, opposant le "capitalisme international" à l'industrie et au travail national.
Certes, on peut séparer les opinions d'un auteur de son oeuvre. Mais lorsqu'il s'agit d'indulgence ou de préjugés antisémites chez quelqu'un qui étudie la question juive et les camps de concentration où passèrent pas mal de Juifs, on peut craindre que l'auteur ne soit pas plus objectif que les tenants de la version officielle de l'histoire.
Pourquoi la VT2 présente-t-elle une image faussée de Rassinier? Pourquoi les idées de celui-ci ont-elles besoin d'être accompagnées d'une image d'homme de gauche antiraciste? La VT d'autrefois signalait les aspects fondamentaux de Bordiga sans nier son léninisme, ni cacher par exemple qu'il avait toujours approuvé la répression de Cronstadt. On n'avait pas besoin d'arranger sa biographie. La force des idées communistes dont il était porteur suffisait à séparer dans son oeuvre les positions justes des opinions erronées. Si la VT2 affuble Rassinier d'un masque d'antiraciste et d'internationaliste, c'est parce que toute son action a eu pour objet d'influencer les médias. Son but, c'est que Rassinier et Faurisson soient reconnus, admis sur le forum des idées. Il faut donc le prendre présentable; on ripolinera donc sa biographie. Régression énorme par rapport à ce que disaient l'IS et la VT première manière: quand on parlait d'éléments subversifs contenus dans certains "livres sans emploi", on leur donnait une portée universelle en les replaçant dans une théorie critique. Rien de tel dans la pratique de la VT2 qui publie simplement Rassinier et Faurisson. Il lui faut donc rajouter du subversif et même simplement de l'acceptable et du raisonnable là où il n'y en a pas.
Fin 78, quand éclata l'affaire Faurisson, la question concentrationnaire faisait depuis plusieurs années l'objet de discussions parmi nous.
En 1977, un projet de texte avait été donné à la Guerre Sociale par G. Dauvé. Modifié avec la collaboration directe ou indirecte de pas mal de monde, dont P. Guillaume, il parut en 1979 dans le n· 3 de la Guerre Sociale. La manière dont nous entendîmes parler de Faurisson donnait plutôt envie de faire quelque chose pour lui: il s'était fait agresser à cause d'idées hérétiques sur les camps nazis et après avoir été dénoncé par Libération; quant à lui, dans ses déclarations, il replaçait ses mésaventures dans un cadre plus large, contre toute propagande officielle, en précisant que la campagne contre Baader l'avait dégoûté. S. Quadruppani adresse une lettre [non publiée] à Libération. P. Guillaume rédige la lettre que publiera Libération le 22 janvier 1979 dont nous avons déjà parlé plus haut [citée dans Thion, Vérité... pp 128-130]. Cette lettre écrite pour protester contre l'assimilation de Rassinier à Darquier de Pellepoix donnait de Rassinier une image aussi fausse que celle qu'elle prétendait critiquer.
Sans même parler d'un contenu bien discutable, ce fut une lourde erreur d'entrer, même un peu, dans ce qui était et est toujours un scandale journalistico-politique, et rien d'autre. Nous n'avions pas à pénétrer dans l'arène de l'opinion publique. Exprimer les intérêts d'un mouvement dans sa totalité, sous la forme d'un manifeste par exemple, ce n'est ni demeurer dans une tour d'ivoire, ni se projeter dans une cause en oubliant tout le reste. Mais les signatures apportées à cette lettre encouragèrent les plus lucides, ceux par exemple qui se reconnaissaient dans l'article de la GS sur les camps, à considérer les choses suivant un angle d'attaque qui n'avait plus rien à voir avec la théorie révolutionnaire, à ne plus s'intéresser qu'à ce qui intéresse Faurisson, comme P. Guillaume, ou à mal faire la différence entre leurs idées et celles de Faurisson, comme les "fantassins" de la Guerre Sociale.
La rencontre de Faurisson aurait dû nous ouvrir les yeux sur la différence de nature entre sa recherche et notre activité. Durant l'année 1979, face à P. Guillaume, nous discutions, nous le critiquions, mais sans nous-mêmes comprendre et donc essayer de lui faire comprendre le fond de l'affaire: les révolutionnaires ne peuvent être solidaires de Faurisson. Rien ne dit que nous aurions pu l'empêcher de ressusciter la Vieille Taupe pour un tel gaspillage d'énergie. En tout cas, notre responsabilité est grande, car nous étions parmi ceux que Pierre connaissait le mieux .
L'idée que: "Nous qui sommes révolutionnaires entendons en tout cas le soutenir [...] parce que Faurisson est attaqué pour avoir cherché et fait progresser la vérité", cette idée exposée dans le tract de la GS Qui est le juif ?, était fausse, dès la diffusion du tract (1979). Nous ne l'avons alors ni compris, ni dit clairement (tract cité dans Mise au point, pp 98-99).
D'abord, nous n'avons pas à soutenir Faurisson car nous n'avons pas plus en commun avec lui qu'avec ceux qui le persécutent. Le problème de Faurisson est clair: la société distingue le meurtre de la mort non voulue. Elle poursuit l'assassin et se résigne aux accidents du travail et de la circulation, conséquences "naturelles" d'un mode de vie. Or du point de vue de l'espèce humaine, l'important est d'éviter les massacres, les souffrances, qu'il s'agisse de meurtre ou de mort violente mais considérée comme normale. La mort d'un enfant étranglé par un "sadique" stimule davantage les imaginations que la mort de faim de milliers d'autres. Les procureurs de Nuremberg ramènent les morts dans les camps de concentration au premier cas: ils en font un crime. Les avocats des accusés de Nuremberg les ramènent au second cas: ils en font un accident. C'est adopter le point de vue des avocats du Nuremberg que de démontrer que les nazis ont tué sans le vouloir ou sans le vouloir systématiquement.
L'analyse de la guerre de 1939-45 n'est pas ce qui intéresse Faurisson. Sa "passion de la vérité" prend les chambres à gaz pour objet. Libre à lui. Mais cette auto-limitation aboutit au même résultat que la campagne antifasciste présentant les nazis comme des monstres seuls responsables de la guerre. Car Faurisson éclaire un point mineur, braque encore plus le projecteur sur ce point, comme les autres experts, obscurcissant ainsi ce gui entoure ce point et pourrait l'expliquer. En contribuant à polariser l'attention sur les chambres à gaz, il les dramatise davantage, renforce le mythe. Sur toute la question du nazisme et de 39-45, continue de régner une grande obscurité, que cette polarisation entretient. C'est en sortant des chambres à gaz qu'on pourrait les considérer sérieusement et tenir le seul discours qu'il y avait à tenir sur cette question:
"Faurisson est attaqué et persécuté pour avoir affirmé que les chambres à gaz ne sont qu'un bobard de prisonnier. Nous ne sommes pas des experts et ne voulons pas le; devenir, nous n'entrerons donc pas dans cette discussion. Mais ceux qui croient qu'en retirant les chambres à gaz au nazisme, on affaiblirait l'horreur qu'il doit inspirer, révèlent leur conception grand'guignolesque de ce qui peut rendre la vie humaine réellement horrible. Ceux-là attachent l'horreur à des images, au lieu de la voir là où elle est: dans les relations entre les hommes. Dans leur conception, qu'un grossier bobard se soit imposé à des millions de misérables serait moins grave que l'existence d'une technique d'extermination particulière. Pourtant, si les chambres à gaz n'étaient qu'un sinistre ragot de prisonnier, il faudrait admettre, pour qu'un aussi énorme bobard se fût imposé avec tant de force à tant de gens, que ces gens aient été jetés dans une dépossession radicale d'eux-mêmes. Or, que cette dépossession ait bel et bien existé, voilà un fait massif que nul ne songe à discuter.
Que les chambres à gaz nazies aient eu ou non une existence concrète nous importe peu. Elles existent aujourd'hui, comme elles ont existé au minimum pour les déportés, c'est-à-dire comme image issue d'une réalité horrible. Il n'est pas nécessaire d'avoir des arrières pensées antisémites pour discuter de la possibilité que cette image n'ait pas correspondu, ou n'ait correspondu que partiellement à la réalité. Notre tâche est de soumettre à la critique le rôle que cette image joue dans l'idéologie antifasciste, et cette idéologie elle-même. Ce faisant, lorsque cette discussion et ces critiques nous vaudront d'être traités de nazi, nous aurons vérifié la mentalité totalitaire de nos imprécateurs. Mais ce qui nous qualifie à nos propres yeux pour opérer ce travail de déconstruction d'une idéologie, c'est justement que nous ne sommes pas de froids maniaques de la vérité -- si tant est qu'une telle espèce existe vraiment. Nous ne croyons pouvoir parler que parce que nous reconnaissons aux chambres à gaz cette existence minimum: elles ont incarné aux yeux de millions de déportés l'horreur réelle de ce qu'ils vivaient. "Les chambres à gaz, si elles n'étaient pas le moyen, seraient à tout le moins la métaphore" (Y. ChotardJ. Cette atroce image parvenue jusqu'à nous ne nous renseigne guère sur le fonctionnement réel des camps. Mais elle nous dit très bien le sentiment qu'ils doivent inspirer aux hommes."
C'était là tout ce qu'il y avait à dire sur la question des chambres à gaz. Quant à celle des camps, c'était l'analyse du nazisme et celle de 1939-45 qui permettait de la situer, et de la comprendre. Ce ne sont certainement pas les camps qui permettent de comprendre le nazisme. De même ce n'est pas le "Goulag" qui explique l'URSS, mais la compréhension de l'histoire et de la nature de l'URSS qui explique le Goulag.
Le massacre des Juifs permet à la démocratie de faire l'économie d'une critique du nazisme. Hormis les travaux des spécialistes, il n'y a pas de réelle tentative de compréhension du nazisme dans son ensemble. L'image ordinaire qu'en ont le plus grand nombre des hommes est concentrée sur ses pires horreurs réelles et imaginées. Cette image se forme suivant un processus à la fois spontané et organisé, populaire et étatique. L'article du n·1 de La Banquise intitulé "l'Horreur est humaine" analyse le processus de projection de l'horreur du présent dans le passé.
Faurisson s'affirme poussé par la passion de la vérité. Mais le vrai n'est vrai que par une relation sociale, comme lorsqu'on parle d'un comportement "vrai", d'une attitude adéquate à une situation, d'une réaction qui a fait avancer les choses. La vérité n'est jamais dans le fait brut, ni dans une chose inerte ou une pensée isolée, elle se dégage d'une mise en rapport. Elle est construite par le regard qui se pose sur elle (voir, dans ce numéro: "Vérité et opinion publique"). La vérité des camps comprend sans doute aussi les intentions de ceux qui ont ordonné leur construction, mais elle est surtout dans les conditions qui les ont produits et dans leur fonctionnement. La vérité des camps, ce n'est pas la dimension des bâtiments, le coût des matériaux, le nombre de déportés, la proportion de Polonais, etc., ou plus exactement, ces chiffres ne sont que des données qui ne forment pas la vérité: elles la deviennent par ce qui est forcément une organisation des faits. La controverse sur le nombre des victimes juives du nazisme nous éloigne de la vérité des camps.
Que Faurisson le veuille ou non, lui aussi organise les faits en fonction de son point de vue. Or, ce point de vue le rend absolument indéfendable.
Faurisson recherche l'authentique. Un document authentique ne dit pas forcément (pas souvent) la vérité, on sait seulement qu'il émane bien de la source dont il (on) dit qu'il provient. L'authenticité, c'est rester fidèle à sa propre loi. L'authentique existe seulement par rapport à des normes, à un code limitatif. La vérité, relation sociale, est potentiellement universelle, elle relève de l'activité humaine. En cela, la "vérité est révolutionnaire". La vérité n'est pas chez Faurisson.
"... le nombre de Juifs exterminés par les nazis (ou victimes du "génocide") est heureusement égal à zéro." Faurisson, cité dans Thion, p. 197).
Les détracteurs de Faurisson le traitent de nazi ou de fou. Tout bonnement, il joue sur les mots. Nier le génocide n'a de sens que si l'on donne au mot la signification que lui donne l'antifascisme le plus borné. Dire que les nazis ont perpétré le génocide des Juifs signifierait qu'ils avaient voulu de longue date et planifié la mort de millions de Juifs et qu'ils l'ont organisée ensuite par une méthode exceptionnelle. C'est le sens qu'on trouve dans le Robert, dictionnaire postérieur au procès de Nuremberg: "Destruction méthodique d'un groupe ethnique". Faurisson parle le même langage faux que les "exterminationnistes". Lui aussi fait du massacre une question d'intention. Il est sur leur terrain, et non sur celui d'une critique historique révolutionnaire, ou même simplement sérieuse. Même les historiens libéraux sont capables de voir que la vérité des camps et du génocide n'est pas dans une histoire des intentions.
Il y a eu massacre d'un grand nombre de Juifs parce que juifs. Et à nos yeux, si les mots ont un sens, il y a eu génocide, quel que soit exactement le nombre de morts. La France a commis un massacre à Sétif et dans le Constantinois en 1945, qu'elle ait tué 4.500 ou 45.000 Algériens. Il y a eu un génocide des Peaux-Rouges.
Nous ne voulons pas discuter avec des gens qui nient des massacres et des persécutions raciales en tordant les mots, mais avec ceux qui essayent de les expliquer, ce que ne font ni les exterminationnistes ni les révisionnistes. Faurisson n'est ni utilisable ni soutenable, parce qu'il renforce une confusion que la théorie révolutionnaire est justement là pour dissiper.
Dans un texte publié par Libération le 7 mars 1979, Pierre Guillaume écrivait deux phrases qui pourraient fort bien résumer notre position sur le fond de cette affaire: "l'antinazisme sans nazi qui règne sur le monde est l'exutoire d'une société déboussolée qui ne parvient pas à affronter ses problèmes réels. On ne lutte pas contre les mécanismes inexorables des oppressions réelles avec des images d'Epinal". Si ce texte n'avait contenu que cela, on aurait simplement pu observer que sa publication dans Libération allait contre un de nos principes: à savoir qu'on ne défend pas de positions de fond dans les journaux. Malheureusement, il contenait bien autre chose. Peu après la parution de cet article, P. Guillaume expliquait pourquoi il avait jugé utile de donner sa prose à l'organe central du néoréformisme .
Après avoir expliqué les persécutions qui s'abattaient sur Faurisson, P. Guillaume poursuivait: ... il devenait vital pour le développement de la situation d'obtenir de l'appui et donc d'obtenir l'accord de tous sur un même texte, sans concession ni double pensée. Ce texte devait donc intégrer la fameuse phrase qui semblait rendre Faurisson indéfendable: "Hitler n'a jamais ordonné l'exécution d'un seul Juif par le seul fait qu'il fût juif" en montrant que cette phrase était strictement vraie, même si Hitler se foutait pas mal de ce que devenaient les Juifs en pratique."
Cette phrase rendait effectivement Faurisson indéfendable.
Qu'il soit strictement vrai que sur "le plan de l'histoire scientifique", "Hitler n'a jamais ordonné l'exécution d'un seul Juif par le seul fait qu'il fût juif", après avoir examiné de plus près le travail scientifique de Faurisson, nous n'en sommes plus si sûrs. Mais même si cela était vrai, cette vérité nous paraîtrait si stricte, si restrictive, qu'elle serait réduite à rien. Quand Pierre Guillaume ajoute: "même si Hitler se foutait pas mal de ce qui arrivait aux Juifs", il montre lui-même l'inanité de cette prétendue vérité.
Un membre du Herouth pourrait dire: "Jamais Begin n'a ordonné ou admis que quiconque fût tué, en raison de son appartenance palestinienne, à Sabra et Chatila." Faurisson serait d'accord: où sont les documents authentiques prouvant le contraire? La vérité, c'est qu'on est toujours responsable de ses alliés et que, si elle ne l'a pas voulu, l'armée israélienne a au moins créé les conditions propices à ce massacre (sans parler du fait qu'elle a laissé les assassins continuer). La commission d'enquête israélienne a elle-même reconnu une responsabilité "indirecte" de l'Etat. On pourrait multiplier les phrases du genre: jamais G. Mollet n'a ordonné ou admis que quiconque fut tué ou torturé du seul fait qu'on le soupçonnait d'appartenir au FLN. Jamais Staline...
Il est strictement faux d'affirmer que Hitler se foutait du sort des Juifs. Il n'a pas organisé leur massacre collectif depuis 1919, mais il a beaucoup fait pour qu'il en meure pas mal, et ce n'est vraiment pas être victime de la propagande antifasciste que de penser qu'il n'a pas dû pleurer sur leur sort. Faut-il vraiment retrouver des ordres écrits de la main de G. Mollet pour l'associer aux tortures des Algériens? Sans doute se foutait-il pas mal de ce qu'il advenait des militants du FLN tombés aux mains des parachutistes pendant la bataille d'Alger. Pour être antistalinien faut-il vraiment trouver des ordres écrits de Staline prouvant qu'il était directement impliqué dans la politique de son Etat? En réalité, la critique révolutionnaire n'a que faire de la culpabilité individuelle des chefs d'Etat, et il en est de même de leur innocence. Ce qui détermine notre attitude vis-à-vis d'eux, ce n'est pas leur volonté bonne ou mauvaise. Ce qui en fait des ennemis, c'est qu'ils sont chefs d'Etat. Or, la VT2 en est à démonter que les nazis, et particulièrement Hitler ne sont "pas coupables" de tout ce qu'on leur impute. Prendre le contrepied de la version officielle n'est pas la critiquer.
Comment Faurisson prétend-il défendre l'indéfendable? Voici les explications qu'il donne dans l'ouvrage de Thion:
C'est là que nous avons décroché. Hic jacet lepus.
Hitler et les nazis d'un côté, les Alliés et les Juifs de l'autre: cette délimitation des camps en présence est fausse historiquement, elle devrait être odieuse à tous ceux qui ne sont pas antisémites. Les nazis -- un parti politique au pouvoir dans un Etat -- et Hitler -- le chef de ce parti et de cet Etat -- constituent un ensemble aisément délimitable. Mais, à moins de penser, avec les antisémites d'avant-guerre, que les Juifs manipulaient les régimes démocratiques, il est faux de présenter les Juifs comme une entité belligérante. Faurisson précise en note: "Le 5 septembre 1939, Chaim Weizmann, président du Congrès juif mondial, a déclaré la guerre à l'Allemagne." Outre que c'est là, sur le plan de l'histoire, une affirmation romancée, on fera remarquer que Weizmann n'était nullement, comme Hitler ou Roosevelt, un chef d'Etat capable de mobiliser des armées et des citoyens. Faurisson poursuit en note: "Pour Hitler, les Juifs étaient représentants d'une nation hostile belligérante." Force est de constater que Faurisson partage là-dessus le point de vue de Hitler.
Dans son numéro spécial du 17 février 1939 consacré aux Juifs, Je Suis Partout, organe des fascistes et antisémites français, écrivait:
"Les Juifs -- nous croyons l'avoir suffisamment démontré -- constituent malgré leur dispersion une nation parfaitement homogène, plus cohérente au point de vue racial que tous les autres groupements humains. A ce titre, ils sont soumis aux grandes lois qui régissent les rapports entre les différentes communautés humaines du monde. Or la vie d'une nation est faite d'alternatives entre la paix et la guerre. [...] Le Peuple français est en paix avec I' Allemagne. Le Peuple Juif est en guerre avec l'Allemagne. Peu importe de savoir qui a commencé. Constatons que la nation juive a un différend PERSONNEL à régler avec le Reich et qu'elle s'efforce de le régler victorieusement en mobilisant sous ses étendards le maximum d'alliés possibles."
Faire de critères raciaux le signe d'appartenance à une nation qu'on combat, c'est une politique raciste. Considérer que cette nation définie par une politique raciste a existé, c'est adopter un point de vue raciste. Réduire la mort des Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale à un fait de guerre banal, c'est occulter le racisme comme composante fondamentale de l'idéologie et de la politique nazies.
Certes, "on ne lutte pas contre les mécanismes inexorables des oppressions réelles avec des images d'Epinal". Mais que font Faurisson et la VT2? A l'image d' Epinal dominante, dessinée à Nuremberg et coloriée par la projection de l'horreur moderne, ils opposent une autre image d'Epinal: celle de la guerre entre les Juifs et les nazis. Cette conception, qu'ils partagent avec la droite antisémite n'est pas plus fausse que celle qui fait d'une guerre impérialiste une croisade contre le Mal Absolu. Mais elle ne l'est pas moins. Ceux qui voient dans la naissance du "mythe" du génocide l'oeuvre d'un complot juif pensent suivant les mêmes schémas que ceux qui voient derrière les travaux de Faurisson la main d'une internationale néo-nazie. Les uns comme les autres ont en commun une conception policière de l'histoire.
Peu importent les intentions de P. Guillaume. Force est de constater que loin de permettre à nos positions de fond de s'exprimer en s'appuyant sur les travaux de Faurisson, son activité a seulement abouti à donner une caution ultra-gauche à l'hurluberlu lyonnais.
Début 1980, décidés à mettre les choses par écrit, J.-P. Carasso, G[illes]. Dauvé, C. Martineau et S[erge]. Quadruppani écrivirent chacun une lettre à P. Guillaume exprimant leur désaccord profond. Tentative tardive pour redresser la barre de la VT2, mais au moins, on mettait les pieds dans le plat.
Faurisson, écrivons-nous, viole un tabou sans le démonter, il reste sur le terrain du mythe. On ne réfute pas une religion, on ne "convainc" pas ses adeptes, on montre sa fonction et son fonctionnement. Pas plus qu'on ne réfuterait une publicité, qui n'est ni vraie ni fausse: son propos n'est pas de démontrer, mais d'associer, comme un mythe, riche et vivant par ses variantes. Il est donc absurde, si on veut le déconstruire, de chercher à prouver que le mythe ment.
"Les membres des classes populaires (...J croient à certains des dogmes fondamentaux de la doctrine chrétienne, et, s'ils ne se posent guère de questions à leurs propos, c'est simplement qu'ils ne croient pas que les dogmes puissent avoir un rapport quelconque avec les vérités de tous les jours." (R. Hoggart, La Culture du Pauvre, Ed. de Minuit, 1970, pp 162-163J. Cette vérité s'applique évidemment à toutes les classes. Le même qui fait preuve de grand bon sens dans sa vie quotidienne avale sans discussion les pires invraisemblances sur Jésus, Staline, les chambres à gaz, etc.
La réponse de P. Guillaume, quelques mois plus tard, se résuma à: persiste et signe. Depuis, il poursuit toujours dans cette voie.
En gros, les chambres à gaz, tout le monde y croit plus ou moins. Mais le doute à leur sujet n'est pas un levier miraculeux permettant de soulever le monde ou son idéologie. Il se peut que le doute soit en train de croître. Et alors? Croire qu'on pourrait intervenir pour que l'abandon de cette croyance ne se fasse pas en douceur, et oblige à réfléchir sur les mécanismes de l'idéologie, c'est une illusion proche du délire. Pourquoi les chambres à gaz seraient-elles le grain de sable providentiel, propre à gripper le mécanisme de l'idéologie antifasciste? Il n'y a pas de grain de sable. Pour s'en convaincre, il suffirait de voir combien toute l'affaire Faurisson était spécifiquement française .
La mythologie horrifique a pour fonction principale d'aveugler sur l'unité fondamentale du monde moderne. La mythologie concentrationnaire issue de la Deuxième Guerre mondiale n'est qu'une partie de cet ensemble de représentations d'une barbarie contre laquelle la démocratie serait le seul recours. Mais la mythologie concentrationnaire et l'imagerie des chambres à gaz ne sont nullement la clé de voûte de l'idéologie dominante. Elles jouent un rôle d'importance inégale suivant les pays. Aux Etats-Unis, un Butz, "révisionniste" et antisémite peut professer dans une petite université, sans que ses théories déclenchent l'hystérie journalistico-politicienne d'une "affaire Faurisson". En Grande-Bretagne, un ancien officier des services spéciaux peut organiser un faux camp de concentration où l'on paie pour se faire maltraiter, alors qu'en France une telle entreprise aurait été impossible, il y aurait eu mobilisation des organisations et intervention de la justice.
Comme P. Guillaume l'avait montré dans sa postface aux Trois sources du marxisme de Kautsky (Spartacus, 1969), il n'y a pas de conscience en dehors d'une pratique où cette conscience a une fonction. L'ambition léniniste de "faire prendre conscience" est idéologique: elle ne sert qu'à donner au donneur de conscience un pouvoir sur ceux à qui il l'apporte. Il ne nous viendrait pas à l'idée d'appeler par tract au communisme. Même en période révolutionnaire, on n'y "appellerait" pas, on exprimerait ce qu'on serait en train de faire. L'opinion publique, c'est l'inverse: elle se passionne pour ce qu'elle ne fait pas, ce qu'elle ne peut pas changer.
Quand l'horizon révolutionnaire paraît bouché, le révolutionnaire s'accroche facilement à des solutions miracles. La VT2 croit à un certain nombre de "principes" qui seraient subversifs: vérité, honnêteté, probité scientifique, exactitude de l'information. Elle se bat au nom de l'idéal des médias contre leur usage réel. Elle en appelle au code moral contre le viol du code. L'expérience enseigne pourtant que toute morale est faite pour être transgressée, toute déontologie fixée en fonction des écarts inévitables et prévus. Dans le faux Monde Diplomatique, nous n'avions pas reproché à la presse de mal jouer son rôle. Nous constations au contraire qu'elle le remplissait. Le mouvement révolutionnaire n'appelle pas à une idée de la justice contre les manquements à cette idée. Il montre que l'université, l'école, l'armée, la justice, la presse, l'art, etc., etc., ne peuvent jouer qu'un rôle de garants de l'ordre social. La VT2 en arrive à exiger du journaliste qu'il fasse le vrai devoir du journaliste. Rien ne sépare cette revendication des campagnes démocratiques pour une information "véritable", une presse "libre du pouvoir et de l'argent", l'"accès de tous à la culture", etc.
L'important n'est pas le fait que ces gens croient ou non à l'existence des chambres à gaz, mais la raison pour laquelle ils tiennent tellement à cette croyance. Il ne s'agit pas de s'en prendre à la vérité ou à la fausseté de la croyance, mais aux causes historiques qui en font un tabou.
L'affaire Faurisson eut des effets néfastes aussi bien dans la société que chez ceux qui la critiquent. Au moment où la "communauté juive" allait constituer un ghetto de plus, une "identité" de plus, au moment où le mouvement révolutionnaire devait affirmer l'espèce humaine contre la cristallisation des "communautés" homosexuelle, arabe, juive... à ce moment-là, l'influence délétère de Faurisson s'exerça dans les rangs révolutionnaires. La VT2 se mit à rechercher des noms à consonance juive pour signer ses lettres et pétitions. Or, parler des "juifs" comme d'une réalité banale, alors que c'est la première notion à critiquer, et dont la remise en cause ébranle à la fois l'antisémitisme et le sionisme, voilà une habitude que Faurisson contribua à renforcer parmi ceux qui lui trouvèrent de l'intérêt.
La conception de la Deuxième Guerre mondiale comme "guerre inexpiable entre Hitler et les juifs" procède, à l'instar de Hitler ou Begin, à une intégration forcée de toute personne née de parents juifs, dans le bloc "les juifs", en sommant cette personne de se conformer, pour son malheur ou son bonheur, à une communauté de destin "juive" qui relève du mythe. Dire "les juifs..." c'est justifier la prétention et la pratique du IIIe Reich et de l'Etat d'Israël à imposer leur loi à tout individu qui ne pourra prouver sa non-appartenance à cette "communauté".
Tout autant que la bombe de la rue Copernic ou la fusillade de la rue des Rosiers, le scandale Faurisson aura obtenu l'inverse de ce que pouvaient souhaiter les révolutionnaires: figer dans une hystérie défensive les "personnes nées de parents juifs". C'est entre autres à cause de Faurisson, si aujourd'hui des gens en sont encore à se chercher une identité en fonction de critères ressemblant comme deux gouttes d'eau à ceux des lois raciales du IIIe Reich.
Le printemps de la Guerre sociale
L'Organisation des Jeunes Travailleurs Révolutionnaires (OJTR) avait disparu à peu près à la même époque que le Mouvement Communiste. Début 1974, l'OJTR organisa une réunion nationale qui fut un échec. Ceci ne l'empêcha heureusement pas de publier Un monde sans argent (3 fascicules, 1975-76), où pour la première fois, peut-être, et à la différence des écrits utopistes et anarchistes, on envisageait le mécanisme concret d'une révolution communiste.
L'auteur de ce texte, D. Blanc, anima ensuite King Kong International (1976). Caractéristique de la période, l'éditorial, synthèse de positions communistes essentielles, tranchait avec d'autres articles mineurs, et un texte sur Lip qui ne faisait pas la critique de cette opération de sauvetage d'une entreprise par ses employés. Il ne suffit jamais d'indiquer les causes profondément prolétariennes d'actes sociaux, encore faut-il dire à quels effets ils aboutissent. Dans l'affaire Lip, comme dans bien d'autres cas, le capitalisme avait réussi à pénétrer de l'intérieur l'action ouvrière et à en faire une entreprise (aux deux sens du mot) capitaliste qui, en outre, de par le retentissement national et international qu'elle connut, eut une fonction antirévolutionnaire .
Au deuxième numéro, la revue changea de nom pour s'appeler la Guerre sociale (n·1, 1977J. Un texte sur l'abolition du travail salarié, diffusé massivement le 1er mai 1977, fut repris en éditorial. Il coexistait avec au moins deux textes profondément erronés, sur l'automation et le refus du travail interprétés unilatéralement comme preuve que le capital serait au bout du rouleau. La mise au point dans le n·2 ne mit pas les choses au point.
Parmi les participants passés ou actuels de la GS, certains avaient participé à la VT et au MC. En outre, G. Dauvé a contribué à la GS en donnant les premières versions, modifiées ensuite, du texte sur l'Etat (paru dans le n·2), et sur les camps (n·3, 1979).
La lecture de la GS et de la Banquise montrera clairement les parentés et les convergences. En plus de ce dont nous parlerons plus loin (et qui n'est pas rien), la Banquise adresse deux critiques à la GS: premièrement, la GS ne va pas au fond de l'analyse des luttes revendicatives; deuxièmement, elle a mal rompu avec la propagande.
Si la GS est tentée par le triomphalisme (articles du n·1 déjà signalés, articles sur Denain-Longwy dans le n·2), c'est probablement plus qu'un signe d'optimisme excessif. La critique du mouvement ouvrier, y compris des mouvements sauvages, n'est pas menée à terme. La GS écrit dans le n·4 (1982):
"Il nous semble que, indépendamment des formes d'organisation, syndicales ou autonomes, le prolétariat s'exprime également dans sa lutte élémentaire de résistance à l'exploitation. Même si de cette façon, il ne se montre pas révolutionnaire."
Thèse, au minimum, discutable et à discuter. (Voir nos positions sur la définition du prolétariat p...] [SIC] La résistance élémentaire est une condition du mouvement communiste, mais une condition seulement. Nous ne faisons ni l'apologie de toute lutte ouvrière (qui peut être ou devenir antiprolétarienne), ni même celle de toute lutte de classe (qui peut être réformiste ou même aboutir à emprisonner encore davantage les prolétaires dans le capitalisme).
On ne peut faire l'impasse sur ce sujet. Aucun regroupement ne se fera sur la seule base de la compréhension du communisme et de la révolution. Encore faut-il s'entendre sur ce qu'il y a entre maintenant et une révolution; sur ce que fait et ne fait pas le prolétariat.
Dans les premiers numéros la GS préférait publier des textes mineurs aux dépens d'autres fondamentaux (sur l'IS par exemple) réservés à une diffusion restreinte. La GS était souvent en deçà d'Un monde sans argent. Le texte sur la crise (n·3) laissait de côté ce qu'il y avait d'essentiel dans une autre analyse antérieure, de D. Blanc, polycopiée, sur le sujet. La GS a trop fait de la simplification, de la propagande.
"C'était une conférence, c'est-à-dire de l'éducation et de la vulgarisation. J'aurais voulu que cette conférence en m'apprenant quelque chose, vous apprît quelque chose à vous aussi. Ce critérium de la découverte est le seul qui m'apparaisse comme valable quand j'écris." (lettre d'A. Artaud à André Rolland de Renéville, 11 janvier 1933)
Fin 1979, après le n·3, D. Blanc adressa une lettre circulaire aux membres du groupe et à une série de gens ayant collaboré avec lui dans le passé, ainsi qu'à ceux qu'il connaissait parmi les rédacteurs du faux Monde Diplomatique. La GS, disait-il, subissait les conséquences de la passivité générale. Elle était en crise et il se demandait s'il fallait l'arrêter ou la continuer. Une correspondance s'ensuivit. Les futurs rédacteurs de la Banquise reconnaissaient l'importance de l'existence d'une revue comme la GS mais adressaient les critiques résumées ci-dessus.
Au printemps 1980, une réunion eut lieu à Paris dont un compte-rendu fut rédigé peu après par les membres Iyonnais de la GS. Aucun rapport n'est impartial, le nôtre aurait été différent, mais celui-ci est honnête, nous le reproduisons intégralement en annexe. [VOIR A LA FIN DE LA PARTIE 5, INFRA] La réunion s'était déroulée dans un climat de bonne volonté générale, de critiques franches et de refus des polémiques. Ceux qui font aujourd'hui la Banquise avaient le sentiment qu'on entrait peut-être dans une nouvelle période durant laquelle un regroupement révolutionnaire allait s'opérer. Dans les semaines suivantes des textes furent rédigés et expédiés à tous les participants:
-- un texte de G. Dauvé sur les camps de concentration et leur mythe (publié par la suite dans deux numéros du Frondeur; quelques pages ont été intégrées dans "L'horreur est humaine" du n·1 de La Banquise). Ce texte versait trop dans la psychologie de masse mais amorçait une critique de Rassinier et de Faurisson;
-- un autre texte du même sur "Prolétariat et communisme", reprenant des manuscrits antérieurs;
-- un texte de J.-P. Carasso et de S. Quadruppani, devenu après modification, "Pour un monde sans morale", paru dans le n·1 de La Banquise;
-- un texte de G. Dauvé sur la guerre, dont une partie deviendra "Guerre et peur" (n·1 de La Banquis, dont un extrait sera publié dans Indolencia, à Barcelone, et présenté par erreur comme émanant de la GS).
Les engagements semblaient tenus. Mais...
D. Blanc considéra d'abord que "Prolétariat et communisme" jetait le prolétariat par la fenêtre, puis quelques temps après, déclarait que le texte sur la morale était plus proche des positions de Bruckner (intellectuel moderniste) que de celles de la GS, que cette bouillie de "moralisme immoraliste ne valait rien, n'expliquait rien" et le qualifiait pour finir de "branlette vaneigemiste" (c'est-à-dire sous-situationnisteJ. Ses critiques s'exprimaient avec une agressivité de moins en moins contrôlée et laissaient peu de place aux arguments. Le texte sur la morale, contenait effectivement des passages très erronés qui ont été corrigés depuis (entre autres une présentation noncritique du mythe du "réfractaire", et même une demi-identification du réfractaire au révolutionnaire) mais des textes de travail ne méritaient pas pareille fureur.
Par ailleurs, l'affaire Faurisson aggrava davantage les différends. D'un commun accord entre P. Guillaume et nous, elle n'avait pas été discutée à la réunion, puisqu'on attendait encore (mars 1980) les réponses de Pierre à nos critiques. Quelques temps après, Pierre continuant avec une belle énergie dans la voie qu'il avait prise, nous estimâmes impossible de taire plus longtemps nos désaccords avec lui. Croyant préparer l'avenir et non le gâcher, nous portâmes tout cela à la connaissance de tous ceux qui avaient participé à la réunion de mars. Pierre réagit par une nouvelle lettre que nous fîmes également circuler. Nous voulions vider l'abcès. Il nous était presque impossible de croire que la VT2 persisterait longtemps encore dans ses aberrations. Nous pensions qu'en gros les membres de la GS seraient d'accord avec nous sur le fond de notre différend avec Pierre, le lui feraient savoir et qu'ainsi ce dernier se trouverait au pied du mur.
Mais D. Blanc, tout en donnant tort à Pierre sur la question de l'intervention dans les médias, concentra toutes ses énergies à critiquer notre attitude et déclara celle de Pierre plus "sympathique" que la nôtre. A notre grand étonnement, il ne se prononça guère sur le fond (doit-on soutenir Faurisson?) mais déclara Rassinier plus subversif et Pierre plus sympathique que nous.
Il choisissait de prendre comme un procès fait à Pierre par des gens également coupables de ce qu'ils lui reprochaient (lettres au journaux, erreurs effectivement critiquables), ce qui était pour nous un appel à une discussion indispensable et une mise en garde. D. Blanc avait à juste titre reproché à un de ses camarades d'avoir tenté d'obtenir du Nouvel Observateur qu'il parlât de la GS. Alors que dire d'une campagne de publicité systématique pour Faurisson?
Imagine-t-on un groupe publiant un article contre la démocratie et dont l'un des membres les plus éminents, un de ceux sans qui l'article n'aurait pas été fait, serait ensuite candidat à une élection? C'était bien cette inadmissible confusion que créait Pierre en participant à un regroupement révolutionnaire tout en menant une campagne pour la démocratisation des médias en faveur de Faurisson. Il y avait là une équivoque à trancher. D. Blanc s'y est refusé. En conséquence, à l'automne suivant, la GS rejoignait la VT2 dans l'activisme confusionniste pour la défense de Faurisson.
La critique des "droits de l'homme" fait partie des positions révolutionnaires minimum d'aujourd'hui, pour nous comme, sans aucun doute, pour la GS. Comment un groupe peut-il se laisser entraîner, de plus en plus ouvertement dans une campagne des droits de l'homme? Et pourquoi l'homme en question serait-il précisément Faurisson?
Un contrat avait été passé en mars. Nous avions l'impression de l'avoir rempli. Nous fûmes les seuls. Quels qu'aient été les désaccords avec la GS, ils ne motivaient pas une attitude qui se résume ainsi: la GS a délibérément choisi de ne pas s'associer des gens qu'elle a traité comme des intellectuels sous-situationnistes ou dérivant dangereusement vers le camattisme. Le texte sur les moeurs, amendé, se trouve dans le n·1, les idées sur le prolétariat sont dans les n·1 et n·2. Chacun appréciera les jugements portés sur nous par D. Blanc.
Il existe très certainement entre la GS et nous des désaccords importants, aussi bien sur la conception du prolétariat que sur la critique des moeurs. Ces désaccords nous auraient très vraisemblablement interdit une collaboration suivie, en tout cas dans la même revue. Mais il y avait là l'occasion de discuter de sujets essentiels, et l'attitude de D. Blanc nous l'a interdit.
Dans la lettre-circulaire qui mit un point final à nos relations avec la GS et son réseau de correspondants, nous écrivions ces phrases qui résument notre sentiment sur cet épisode: "Que les caprices d'un individu et les "obscurs règlements de compte affectifs" aient encore tant d'importance montre bien la faiblesse du courant révolutionnaire. Dans toute cette triste affaire, c'est ce qui nous gêne le plus." Tant que le courant révolutionnaire sera aussi faible, les affrontements de personnalité et de caractère garderont leur importance. Il faut parfois faire un peu de psychologie pour ne pas avoir à en faire beaucoup par la suite. Mais surtout, il faut trouver un mode de relations entre individus et entre groupes qui tienne en lisière les comportements affectifs paralysants. Le regroupement de quelques individus sur La Banquise n'est pas une fin en soi. Nous sommes ouverts à toutes relations avec des groupes et des individus, mais il faudra que ces relations se fassent dans des termes qui montrent qu'on a un minimum de départ en commun. Il y a des règles de conduite à trouver entre révolutionnaires. Après nous avoir traités de branleurs vaneigemistes et nous avoir déclarés moins subversifs que Rassinier, D. Blanc a eu l'air de s'étonner de ce que nous nous refusions désormais à toute discussion avec lui. Il vient encore de nous écrire une lettre d'insultes à propos du n·1 de La Banquise. A cette lettre* comme aux précédentes nous ne répondrons pas. Tout le monde a déjà vu des gauchistes qui se laissent patiemment abreuver d'insultes par leurs interlocuteurs avant de se remettre bravement à argumenter. Nous ne pratiquons pas cet angélisme-là, non pas (pas seulement) par amour-propre, mais parce qu'on ne discute de façon efficace qu'avec ceux avec qui on a au minimum, un langage commun. A des insultes, nous ne pourrions répondre que par des insultes et nous ne voulons pas non plus sombrer dans ce petit jeu sous-situationniste.
Après la fort sympathique réunion de mars 1980, les amis et membres de la GS, à qui avaient été adressés les textes et le double des correspondances avec P. Guillaume et D. Blanc, ne manifestèrent à une exception près aucune réaction. Rien. Pourquoi jouèrent-ils les white zombies que nous les savons ne pas être? Dans son exposé de ce qui s'est passé entre les numéros 3 et 4, la GS fait allusion à ce printemps raté: "Au lieu de nous renforcer, nous sommes parvenus à dégrader certains de nos rapports et même ceux avec lesquels une collaboration plus lointaine et plus épisodique pouvait être possible." (n·4, 1982, p. 43). Le lecteur de la GS n'en saura pas davantage.
La Banquise, comme toute revue révolutionnaire conséquente, travaille à sa disparition. Notre activité n'a de sens qu'en fonction d'un mouvement qui un jour englobera toutes les énergies manifestées ici ou là sous la forme de groupes ou de revues. Nous n'avons rien à voir avec la grande famille de l'extrême-gauche. En revanche, nous savons qu'un surgissement prolétarien aurait tôt fait de trancher les différends qui nous séparent des autres segments du mouvement révolutionnaire. En attendant, nous continuerons de rechercher entre nous et avec ceux que nous rencontrerons une cohérence qui n'est jamais donnée au départ, mais ne peut être atteinte qu'en éclairant au maximum les points de désaccord et en les travaillant. La VT première manière, le MC, la GS et ceux qui animent La Banquise ont commis des erreurs. Le plus grave aurait été de laisser ces erreurs dans l'obscurité.
-----------------------------------------------
ANNEXE
Une vingtaine de participants, dont 3 du Sud-Ouest, 3 de Lyon, le reste de Paris. Ce compte-rendu fait seulement état de la réunion du samedi 22, la discussion du dimanche (avec la participation d'un camarade d'Aix-en-Provence) étant plus informelle. Il convient de signaler le nombre très réduit de femmes (2) et la relative "vieillesse" des participants.
La discussion s'engage sur une critique de la G.S.
Critique du contenu de la revue qui interfère avec une critique du fonctionnement
-- Jean-Pierre, Serge, Christine, Gilles ne veulent pas se placer par rapport à l'existence de la revue en elle-même mais par rapport à ce que l'on a à dire. A côté de textes importants comme "MISERE DU FEMINISME", "LA QUESTION DE L'ETAT", "LES CAMPS"... coexistent des articles où les arguments ne sont pas à la hauteur des affirmations, ou contenant des choses carrément fausses. Qu'il s'agisse des éditoriaux, de New York (2), Denain-Longwy, l'lran (3) la réalité est amplifiée avec un optimisme qui masque un manque d'analyse, mais vient renforcer un optimisme plus général sur la révolution, conduisant à fabriquer de l'idéologie communiste rassurante pour le groupe et les lecteurs. (Point de vue partagé par Dominique de Lyon.)
-- Dominique K. explique que son optimisme n'est pas à courte vue. Si ce monde est gros d'une révolution, ce n'est pas qu'il la voit arriver avec Denain, mais a cause des contradictions du capitalisme. DK reconnaît la faiblesse de ces articles ou de passages faux (l'armée s'est-elle vraiment effondrée a une vitesse foudroyante en Iran). Pierre fait remarquer le mystère de cette armée iranienne ultra-puissante qui s'est apparemment volatilisée: "Où est passée la 7e compagnie?" (Pat) Mais ces carences sont le résultat d'une situation concrète (rapport des forces dans le N· 1), Denain-Longwy qui devait être une affiche-tract -- ce qui explique le ton -- les engagements non tenus -- et l'absence de certains qui auraient dû être présents dans la revue. Pierre pour résumer la situation, parle du rôle de rédacteur en chef de DK. "Le commencement du commencement c'est quand même l'existence d'une revue..." (DK)
-- Gilles dit qu'on ne peut pas se contenter d'aligner des listes de luttes ouvrières, que leur caractère violent contre l'Etat n'en fait pas forcément des luttes pour le communisme. "Les sidérurgistes se sont battus pour rester sidérurgistes." Est mentionné la réponse de Quim: "parce que toujours on se bat contre" -- Henri: dans la lutte élémentaire prolétarienne, il y a autre chose; par leur situation dans la production, des fractions du prolétariat cassent momentanément le fonctionnement de l'économie, même si le réformisme est leur conclusion logique (contradiction du prolétariat entre capital et communisme). Gilles parle de crise du prolétariat. Tout le monde est d'accord pour reconnaître que c'est le problème n·1 (constatation au niveau des concepts et de la terminologie où l'on emploie indifféremment classe ouvrière, prolétariat, travailleurs...).
Gilles s'étonne que des textes essentiels comme "Chant funèbre" et "l'I.S." ne soient jamais parus. Pierre parle de l'IS comme "style" et de son rapport subversif à la communication. Si l'ultra-gauche et le "milieu" ont un rapport surtout défensif au monde, l'IS avait montré une attitude beaucoup plus offensive. Tous ceux qui ont lu le texte de Dominique K. s'accordent à le trouver important (Gilles, Gérald) même si le style laisse à désirer. Mais Dom préfère se consacrer à la réécriture de "Un monde sans argent". Alain (Quillan-sud-ouest) n'est pas d'accord avec la publication du texte sur l'IS dans la revue, il craint que l'on ressuscite le mythe, que la revue reste branchée sur les mêmes interlocuteurs et ne sorte pas d'un certain milieu. (Point de vue partagé par Jacques (Sud-Ouest) François (Lyon).) Gilles signale qu'il a écrit un texte sur l'IS qui circule en anglais.
Le problème de l'intervention
Sous une forme un peu délirante la plate-forme Sud-Ouest avait posé le problème ainsi que les questions "A quoi sert la revue? a qui s'adresse-t-elle?" que soulève Sylvie. Jacques pense qu'on ne peut pas en rester à une revue théorique sans poser le problème des liens avec le mouvement social, de l'intervention pratique dans les luttes et de l'organisation de fractions communistes. Jean-Pierre répond; s'il s'agit d'intervention, il n'y a pas à en parler dans l'abstrait, il faut des choses précises à discuter et à décider. Jacques veut bien admettre que l'on passe d'abord par une revue théorique. Au passage la remarque de Gilles: on ne doit pas poser l'existence de la revue en terme de grosses têtes qui pensent et écrivent pour les autres, elle doit permettre la possibilité d'un débat et d'une circulation des idées ou projets, même si certains ont plus de capacités pour les formuler. Effectivement plusieurs n'ont rien dit à la réunion et après pourtant avaient un avis sur telle ou telle question. Les ouvriers ou ceux qui n'ont jamais trempé dans la politique et la réunionite seront toujours moins à l'aise dans les réunions. N'ont-ils pour autant aucun point de vue? Le problème se reposera. Dominique K. évoque son souci permanent d'être compris par des gens qui n'ont pas de références aux "classiques". Il s'inquiète si la théorie n'est pas communicable à ceux qui socialement peuvent la comprendre le mieux. (Problème de l'autonomisation de la théorie, ayant peu de liens avec le mouvement social -- et atomisation prolétarienne qui renforce cette situation -- abordé dimanche.)
-- Dominique parle de règles à établir afin de tenir ce à quoi on s'engage, et d'éviter certaines conneries évoquées dans sa lettre. J.-P. explique dans quelles conditions se sont faites les interventions dans les journaux à propos de l'affaire Faurisson et de ses retombées. La discussion s'enlise sur la question des règles formelles par exemple que soit connu l'utilisation précise des ressources financières. En fait derrière les règles formelles ce sont plutôt des principes qu'il faut rendre évident lorsqu'on dépasse le cercle des amis proches. Derrière la règle de ne pas intervenir dans la presse (sauf pour la défense d'un révolutionnaire en danger) il s'agit du principe de l'autonomie de la communication des idées communistes.
L'accord se fait sur le principe d'une activité collective, le problème n'étant pas de remplir un éventuel n·4 mais qu'il y ait un débat sur les questions importantes abordées et donc des contributions concrètes qui fourniront logiquement matière à beaucoup plus qu'un n·4.
-- J.-P., Serge, José, Gilles... mentionnent leurs discussions organisées sur la guerre avec un texte de Gilles.
-- J.-P. et Serge devaient faire un texte sur les moeurs. Il est possible qu'ils l'intègrent dans un texte plus général sur la crise (crise sociale -- crise économique).
-- Gilles reverra à nouveau son "Crise du prolétariat".
-- Henri fera parvenir des notes sur la recomposition du prolétariat a partir de la transformation du procès de travail.
-- Une suite au texte sur les camps est demandée, l'article se terminant sur "le besoin de démonter les mécanismes qui assurent la production et la reproduction de l'idéologie et de ses délires, on attend toujours l'horloger". Appel est fait à Pierre.
-- Le texte sur l'IS doit être revu. Confrontation avec le texte de Gilles et les lumières de Pierre. Pour sa parution il a été proposé de le sortir en brochure. Mais qui va le réécrire ???
-- Le texte sur l'écologie de DK est trouvé bon par tous ceux qui l'ont lu. Moyennant quelques améliorations il pourrait sortir (envoyer suggestions à Dominique), une traduction italienne attend. Il est proposé un tract affiche sur l'écologie avec lequel on pourrait intervenir (Perpignan journées écolo. -- Lyon assises nationales écolo. les 1,2,3,4 mai).
Toutes les contributions doivent être envoyées rapidement à la BP de la revue. José se charge de la redistribution des textes avec l'appui et l'aide des gens de Paris (photocopies). Le 15 mai confrontation des textes.
NOTE. -- Le déplacement des camarades de province a entraîné des frais et davantage d'énergie que pour les Parisiens (d'autant que la plupart sont chômeurs). Le minimum serait que les frais soient partagés. Pour cette fois il est proposé que la contribution parisienne soit reversée pour l'édition espagnole de "La Question de l'Etat", "Misère du féminisme...".
----------------------------------------------
NOTE
* Comme la totalité des documents relatifs aux questions abordés par La Banquise, il va de soi que cette lettre est à la disposition de ceux que ça intéresserait . [ON NE SAIT PAS SI CETTE PROPOSITION EST TOUJOURS VRAIE EN 1997. PRIERE DE NOUS LE FAIRE SAVOIR]
Fin partie 5
Ce texte, et sa suite, constituent l'essentiel du numéro 2 de La Banquise, paru lors du "deuxième trimestre 1983", à Paris. Après quelques numéros, la revue a disparu. Elle était rédigée par un collectif et le responsable de publication était Gilles Dauvé. Comme il se trouve que ce texte sert de base à toutes sortes de discours accusatoires et défensifs, dans l'affreuse mêlée oui se trouvent les Voraces, en grande parties auteurs de ce "roman de nos origines" et les Coriaces qui veulent les pendre à Montfaucon pour "révisionnisme", nous, les révisionnistes, les vrais, les poilus, blanchis sous le harnais, nous publions ce texte qui est, en partie, il est vrai, mais pour une petite partie seulement, à ranger dans nos origines aussi. Les auteurs sont traités de "branleurs vaneighemistes" par un autre "originaire". C'est une bonne qualification. Elle nous paraît juste. Ils pleurnichent aujourd'hui en disant que leur texte avait des "faiblesses". C'est le moins qu'on puisse dire.
Ce texte est long et ennuyeux. Ceux qui veulent aller tout de suite au croustillant devraient commencer avec la partie 3 où apparaît laVieille Taupe.Inutile de dire que ce texte expose un point de vue qui n'est pas le nôtre. Nos rarissimes commentaires sont en lettres capitales. Le texte est reproduit intégralement, mais nous avons omis les illustrations. On lisait, en dernière page: "Les textes publiés dans la BANQUISE peuvent être librement reproduits, sans indication d'origine."
Ami lecteur, n'oublie pas qu'avec un texte électronique on peut tout faire, sauf se torcher.
Ce texte a été affiché sur Internet à des fins purement éducatives, pour encourager la recherche, sur une base non-commerciale et pour une utilisation mesurée par le Secrétariat international de l'Association des Anciens Amateurs de Récits de Guerre et d'Holocauste (AAARGH). L'adresse électronique du Secrétariat est <[email protected]>. L'adresse postale est: PO Box 81475, Chicago, IL 60681-0475, USA.
Afficher un texte sur le Web équivaut à mettre un document sur le rayonnage d'une bibliothèque publique. Cela nous coûte un peu d'argent et de travail. Nous pensons que c'est le lecteur volontaire qui en profite et nous le supposons capable de penser par lui-même. Un lecteur qui va chercher un document sur le Web le fait toujours à ses risques et périls. Quant à l'auteur, il n'y a pas lieu de supposer qu'il partage la responsabilité des autres textes consultables sur ce site. En raison des lois qui instituent une censure spécifique dans certains pays (Allemagne, France, Israël, Suisse, Canada, et d'autres), nous ne demandons pas l'agrément des auteurs qui y vivent car ils ne sont pas libres de consentir.
Nous nous plaçons sous
la protection de l'article 19 de la Déclaration des Droits
de l'homme, qui stipule:
ARTICLE 19
<Tout individu a droit à la liberté d'opinion
et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher,
de recevoir et de répandre, sans considération de
frontière, les informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit>
Déclaration internationale des droits de l'homme,
adoptée par l'Assemblée générale de
l'ONU à Paris, le 10 décembre 1948.