AAARGH
Mardi 20 décembre 2005
20 minutes, édition web, mardi 20 décembre 2005, à la une:
Une pétition réclame le maintien de la loi Gayssot sur le négationisme
20 Minutes publie une pétition lancée par des chercheurs en réaction au texte «Liberté pour l’histoire
» , qui demandait l’abrogation de toute législation sur les faits historiques. PAGE 26
Nous revendiquons pour tout un chacun une pleine et entière liberté de recherche et d’expression. Mais il paraît pernicieux de faire l’amalgame entre un article de loi éminemment discutable et trois autres lois de nature radicalement différente. La première fait d’une position politique le contenu légal des enseignements scolaires et il paraît souhaitable de l’abroger. Les secondes reconnaissent des faits attestés de génocide ou de crimes contre l’humanité afin de lutter contre le déni, et de préserver la dignité de victimes offensées par ce déni.
Ces trois lois ne restreignent en rien la liberté de recherche et d’expression. Quel historien a donc été empêché par la loi Gayssot de travailler sur la Shoah et d’en parler ? Déclarative, la loi du 29 janvier 2001 ne dit pas l’histoire. Elle prend acte d’un fait établi par les historiens le Génocide des Arméniens et s’oppose publiquement à un négationnisme d’Etat puissant, pervers et sophistiqué. Quant à la loi Taubira, elle se borne simplement à reconnaître que l’esclavage et la traite négrière constituent des crimes contre l'humanité que les programmes scolaires et universitaires devront traiter en conséquence.
Le législateur ne s’est pas immiscé sur le territoire de l’historien. Il s’y est adossé pour limiter les dénis afférents à ces sujets historiques très spécifiques, qui comportent une dimension criminelle, et qui font en tant que tel l’objet de tentatives politiques de travestissements. Ces lois votées ne sanctionnent pas des opinions mais reconnaissent et nomment des délits qui, au même titre que le racisme, la diffamation ou la diffusion de fausses informations, menacent l’ordre public.
L’historien serait-il le seul citoyen à être au-dessus de la loi ? Jouirait-il d’un titre qui l’autorise à transgresser avec désinvolture les règles communes de notre société ? Là n’est pas l’esprit de la République où, comme le rappelle l’article 11 de la déclaration des Droits de l’Homme, « tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ».
Premier signataires : Yves Ternon, Joël Kotek, Laurent Leylekian, Marc Knobel
signataires
Ont aussi signé la contre-pétition: l’avocat Serge Klarsfeld, l’écrivain Didier Daeninckx, le cinéaste Danis Tanovic ou l’avocat Alain Jakubowicz.
http://www.20minutes.fr/journal/france/article.php?ida=68021
Génocides : les historiens croisent le fer
Une trentaine de chercheurs et de personnalités s’opposent à la pétition « Liberté pour l’histoire »
Mardi 20 décembre 2005
« L’historien serait- il le seul citoyen à être au- dessus de la loi ? » C’est la question que posent une trentaine de chercheurs et de personnalités dans une lettre ouverte intitulée « Ne mélangeons pas tout » qui sera rendue publique aujourd’hui et que 20 Minutes s’est procurée en exclusivité. Elle répond à la pétition « Liberté pour l’histoire » , signée le 13 décembre par dix- neuf prestigieux historiens demandant l’abrogation des articles de loi « contraignant la recherche et l’enseignement de l’histoire » . Etaient alors visés aussi bien le désormais célèbre article 4 de la loi du 25 juillet 2005 qui souligne le « rôle positif » de la colonisation que la loi Gayssot du 13 juillet 1990 ( relative aux propos racistes, antisémites et négationnistes), celle du 29 janvier 2001 ( relative à la reconnaissance du génocide arménien) et la loi Taubira du 21 mai 2001 ( qui reconnaît l’esclavage comme crime contre l’humanité).
«Cette pétition fait un amalgame entre des textes complètement différents» , s’emporte Yves Ternon, historien spécialiste des génocides et signataire de la contre- pétition.
«Elle met sur le même plan un article de loi qu’il faudrait en effet abroger sur la colonisation et d’autres textes qui reconnaissent des faits attestés de génocides ou de crimes contre l’humanité.» Si les auteurs du deuxième appel reconnaissent «une pleine et entière liberté de recherche et d’expression» aux historiens, ils s’interrogent : «Quel historien a donc été empêché par la loi Gayssot de travailler sur la Shoah et d’en parler » ? « Le négationnisme est une atteinte directe à la dignité des victimes, s’exclame Laurent Leylekian, physicien et directeur de la Fédération euroarménienne. Il n’appartient pas au champ du débat historique.» Et de poursuivre: «Les signataires du premier appel ne croisent pas de négationnistes dans les couloirs de la Sorbonne. Ils n’ont pas dû comprendre tous les enjeux politiques.»
Alexandre Sulzer
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