Le 4 février 1998 le tribunal
correctionnel de Paris en audience publique présidée
par le magistrat Laroche, juge unique, a rendu un jugement
mémorable qui anéantit les fondements admis du droit
républicain, en effectuant un audacieux retournement qui
peut se résumer ainsi:
Les faits: [voir aussi le récit de la Vieille Taupe] Le mardi 13 mai 1997, vers 14 heures, M. Piscoci-Danesco, libraire à l'enseigne de la Librairie Roumaine Antitotalitaire, devisait avec un professeur d'université, client de la librairie, du philosophe et poète roumain Lucian Blaga, dont il a traduit et édité plusieurs oeuvres. La porte de la librairie était fermée à clef, d'une part parce que le libraire s'apprêtait à aller déjeuner (La librairie ferme de 13h à 16h) mais aussi parce qu'elle l'est en permanence depuis quelques mois, à la suite du harcèlement et des multiples agressions dont la librairie a été l'objet, notamment le 16 juillet 1996, au cours de laquelle des milliers de livres roumains avaient été maculés de peinture rouge, le téléphone, fax, Minitel, ordinateur et imprimante détruits, deux personnes présentes molestées, et le libraire sévèrement frappé (nez cassé, sinus frontal fracturé et enfoncé).
Chaque client frappe donc à la porte, et on lui ouvre. Ceci afin d'éviter l'irruption d'un commando comparable à celui du 16 juillet 1996. Cela constitue évidement une gêne considérable, psychologiquement et commercialement, mais aussi une insupportable humiliation, alors qu'évidemment nous ne demanderions pas mieux que d'accueillir n'importe qui s'exprime avec des mots et développe des arguments.
Vers 14h donc, un jeune homme s'est présenté à la porte, disant simplement vouloir un exemplaire du livre de Roger Garaudy. Mais une fois entré, ce jeune homme a ouvert lui-même la porte à un autre jeune homme, en disant: "c'est un ami". A peine entrés, ces deux hommes à qui on avait ouvert en leur disant expressément que l'on était pressé, ont posé toutes sortes de questions.
Le libraire avait refermé la porte à clef après l'entrée du deuxième homme, en laissant la clef dans la serrure, puisqu'il s'apprêtait à ressortir, et était retourné derrière son comptoir reprendre sa conversation avec le professeur d'université qui compulsait le livre de Lucian Blaga sur le comptoir. C'est alors qu'un des jeunes hommes tournait la clef et ouvrait la porte à deux femmes, dont Madame Marie Fainberg.
Or cette Marie Fainberg était déjà connue du libraire pour avoir, à de multiples reprises, en sa présence comme en son absence, manifesté son agressivité à l'encontre de la librairie, en proférant des menaces de mort, en proclamant qu'elle ferait fermer cette librairie...! et en apposant sur la vitrine et dans le quartier des tracts grossièrement mensongers et diffamateurs, provoquant à la haine du révisionnisme en général, et à la violence contre le libraire non-conformiste en particulier.
Il apparut immédiatement que ces quatre jeunes gens se connaissaient et agissaient de concert. L'introduction successive dans la librairie avait été manifestement préméditée... Monsieur Piscoci-Danesco pouvant tout craindre, pria fermement tout le monde de sortir.
Comme le risque d'être débordé par une situation devenant rapidement incontrôlable était très réel, il dévoila un pistolet d'alarme, dit Gum-Cogne, en indiquant fermement d'un geste large la direction de la porte... Madame Fainberg blêmit et sortit immédiatement, entraînant ses trois acolytes!
Le professeur qui continuait à compulser l'ouvrage de Lucian Blaga, sur la gauche du comptoir, ne vit même pas le pistolet, qui ne fut effectivement ni braqué, ni même brandi, mais seulement discrètement montré...
Puis le libraire partait vaquer à ses occupations..., sans soupçonner le moins du monde que ce non-événement puisse avoir une suite quelconque.
A 16h (reprise de la permanence à la librairie) M. Piscoci-Danesco était interpellé par cinq policiers en civil et emmené au commissariat de Police. La librairie et son logement faisaient l'objet d'une perquisition approfondie. Il était finalement libéré vers 20h. Le pistolet d'alarme lui était confisqué!
Madame Fainberg était allé porter plainte pour "violence volontaire avec menace d'une arme"! Elle avait bâti tout un opéra en prétendant avoir été menacée sans raison par un revolver "brandi à dix centimètres de l'étoile de David sur sa poitrine".
Cette jeune femme, plutôt jolie quand ses traits ne sont pas déformés par la haine, présente des symptômes hystériques tels qu'on peut s'interroger si elle ne finit pas par croire elle-même aux histoires qu'elle s'invente.
Vers 17h 30 Pierre Guillaume, informé par un ami du libraire, se rendait au commissariat. Il croisait la dame Fainberg dans le vestibule, ce qui lui permettait de vérifier qu'il s'agissait bien de cette même personne qui avait fait du scandale à plusieurs reprises et l'avait lui aussi menacé de mort en proclamant que la librairie serait fermée! Le lieutenant de Police Maillard, chargé du dossier, refusait de recevoir son témoignage. Le lendemain, mercredi 14 vers 10h, M. Piscoci-Danesco accompagné de M. Guillaume se rendaient à nouveau au commissariat pour porter plainte contre les divers agissements de la dame, et pour être entendus dans le cadre de la procédure ouverte la veille par la plainte de ladite dame. Une nouvelle fois l'un et l'autre furent éconduits par le lieutenant de Police Maillard qui refusa expressément d'enregistrer une plainte du libraire.
Notre conduite n'était dictée que par la nécessité de riposter à une tentative de montage qui nous paraissait tellement délirant que nous ne soupçonnions pas qu'il puisse prospérer, convaincus que nous serions au moins convoqués par un juge d'instruction, devant qui il serait toujours temps de démonter toute l'affaire.
C'est d'ailleurs ce que nous avait prétendu le policier Maillard pour nous éconduire et dissuader le libraire de porter plainte lui-même.
Or le libraire se voyait convoqué directement à l'audience sur réquisition du parquet, sur la base des déclarations de la dame Fainberg et de son acolyte Antoine Mary, sans même qu'aient été recueillis les témoignages de Thomas Wider, le jeune garçon entré en deuxième position et de Mélanie Heard, la jeune fille entrée avec madame Fainberg...! C'est-à-dire sans la plus élémentaire tentative de simplement vérifier les dires de la plaignante.
L'Audience: Le 4 février, la 10. chambre du tribunal, dés 13h 30 était pleine d'une trentaine de militants sionistes [notes des auteurs: Dont plusieurs participaient également à la chasse organisée aux révisionnistes qui fit plusieurs blessés dans le Palais de justice et autour, le 27 février 1998 (jugement Garaudy)]. organisés et d'amis et parents de Madame Fainberg, dont certains cherchaient à identifier qui pouvaient être les amis du libraire, puis à les toiser ou les provoquer, ou les menacer...discrètement, cependant que d'autres, parfaitement BCBG, courtois et amicaux, venaient solliciter les confidences antisémites», prêts à en témoigner le moment venu... (Mais le moment ne vint pas. A la fin de l'audience, les gendarmes firent sortir les témoins du libraire par une porte dérobée pour éviter l'affrontement prémédité...!)
Le libraire n'était accompagné que des cinq témoins cités. On reconnaissait en outre deux révisionnistes.
Mademoiselle Fainberg exposa sa version des faits.
Monsieur Piscoci-Danesco exposa la sienne.
Madame Maria Poumier, le professeur à l'Université de Paris VIII, vint alors témoigner. Curieusement, le juge écouta cette déposition évidement capitale sans manifester grande curiosité et sans faire aucun effort en posant des questions pertinentes pour départager le vrai du faux. Il ne cru pas même utile de ré-interroger la plaignante sur la scène que le témoin n'avait pas vue (!?) "du revolver braqué à dix centimètres de l'étoile de David, sur la poitrine" alors qu'il se trouvait entre le libraire et la plaignante!... ni sur le fait qu'étant derrière son comptoir au moment où il avait montré son pistolet d'alarme, le libraire se trouvait, compte tenu de la disposition des lieux, à une distance comprise au minimum entre 1,50 et 2 mètres de la plaignante.
Deux autres témoins vinrent rapporter divers scandales, agressions, menaces, auxquels la plaignante s'était livrée à plusieurs reprises à l'égard de cette librairie dans les semaines précédentes!
Deux témoins vinrent rapporter les conditions de l'agression à laquelle s'était livré le père de la plaignante contre la personne du libraire quelque temps après les faits faisant l'objet de ce procès!
L'avocat de la plaignante développa sur divers ton un seul et même argument "Le libraire est révisionniste, il est donc nécessairement coupable. Quant aux témoins, s'ils sont favorables au libraire coupable, ils ne sont nécessairement pas crédibles! Puis il cita l'exemple de braquages réalisés avec des revolvers factices...! enfin il évoqua le risque, en l'absence de condamnation, d'un appel par la Vieille Taupe à l'armement général des révisionnistes...!
Cet avocat, Maître Jean Chevais, particulièrement abject et impudent dans ses insinuations, avait eu l'outrecuidance de prétendre constituer partie civile et de réclamer des dommages et intérêts au profit de l'association sportive mono-éthnique Maccabi-Inter, sous prétexte que cette association a inscrit dans ses statuts la défense de la mémoire» et la lutte contre l'antisémitisme!
Maître Delcroix dit parfaitement et simplement ce qu'il y avait à dire. Il revint sur les faits. Il montra qu'il n'y avait eu aucune violence, rappela que la librairie était un lieu privé ouvert au public, mais en l'occurrence fermé à clef. Il rappela qu'il y avait eu introduction subreptice et les raisons qui ne permettaient pas de considérer la dame Fainberg comme une cliente anodine. Il rappela au surplus les constatations de Police: Il ne s'agissait pas d'un revolver mais d'un pistolet d'alarme, à un seul coup, dont le chien n'avait pas été relevé (il n'était pas armé), et dont le canon ne contenait pas de munitions (il n'était pas chargé). Cette "arme" fait beaucoup de bruit (si on tire) mais tire des balles en caoutchoucs inoffensives... Enfin Maître Delcroix rappela incidemment que dans les années soixante, il avait participé à la défense de dissidents à Moscou, et qu'à ce titre il avait été invité au mariage d'un dissident récemment libéré d'asile psychiatrique, le propre père (présent dans la salle d'audience) de la dame Fainberg. Ce monsieur l'avait assommé d'un coup violent à la nuque...! sans que l'on sache pourquoi... alors qu'on venait de lui servir une coupe de champagne...
Le jugement: Monsieur Piscoci-Danesco a été condamné à deux mois de prison avec sursis, à deux mille francs d'amende, à deux mille francs de dommages et intérêts, à mille cinq cent francs au titre de l'article 475(1) (Participation aux frais d'avocat de la plaignante, ce qui est cher payer la prestation de ce grotesque) et à la confiscation de son pistolet d'alarme.
Indépendamment même de l'aveu que constitue la présence en bande organisée dans la salle d'audience, d'activistes sionistes identifiables, dont plusieurs avaient déjà participés à des agressions contre des révisionnistes, la dame Fainberg, dans un article du 12 février 1998 d'Actualité Juive, sobrement intitulé "L'arme au poing", revendique, dans un galimatias emberlificoté, un "combat" contre la Librairie du Savoir, et proclame à nouveau son intention d'entraver le libre exercice par Monsieur Piscoci, de son activité de libraire, et notamment la diffusion, parfaitement légale du livre de Roger Garaudy: Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, en invoquant le précédent des actions terroristes grâce» auxquelles la librairie La Vieille Taupe avait été contrainte de cesser son activité, en 1993.
Dont appel: Il appartiendra donc à la Cour d'appel de manifester s'il existe encore en France une justice républicaine capable de se faire respecter, en qui des citoyens désireux de ne pas se soumettre à l'inquisition licrasseuse et à ses zélotes hystériques puissent encore avoir confiance.
Au delà de la question spécifique de la liberté d'expression des révisionnistes, se sont la totalité des commerçants et des paisibles citoyens qui sont menacés par cette jurisprudence.
On ose condamner quelqu'un qui, devant faire face à une situation indiscutablement difficile et périlleuse, pour défendre le droit élémentaire de ne pas céder au chantage, y fait face avec des moyens limités, très inférieurs à la menace qu'il subit. Les moyens dont il dispose manifestent en eux-mêmes sa détermination de ne pas recourir à la violence, quoiqu'il arrive, puisqu'il ne disposait, en dépit de la menace permanente, que d'un instrument rigoureusement inoffensif, dont il a fait un "usage" rigoureusement proportionné à la situation, et au ridicule de la menace qu'il subissait en la circonstance, pour défendre le droit élémentaire et irréfragable d'être tranquille chez soi.
Une Justice qui s'avérerait incapable de défendre ce droit primordial de l'homme prononcerait elle-même la faillite de l'Etat.
Pierre Guillaume et Georges Piscoci-Danesco. Librairie du Savoir, 5 rue Malebranche, 75005 PARIS