AAARGH
L'un des travers
de la cause palestinienne a toujours été de se bercer
d'illusions et, parfois, de croire même à sa propre
propagande. Par là, je veux dire ses efforts de communication
tournées vers l'extérieur. Ce genre de comportement
n'est en rien une évocation passéiste, il vient
même de connaÓtre un regain avec les communiqués
vengeurs d'une partie des formations palestiniennes impliquées
dans l'Intifada d'Al-Aqsa.
J'en veux preuve une des dernières opérations menées par les SR israéliens, probablement le Mossad, ou l'A'Man (SR militaires), voire les deux à la fois.
Recourant à un de leurs " trucs " favoris, les barbouzes israéliennes, n'ont pas manqué Iyad Hardane, présenté par Israël comme le patron de la branche militaire du Djihad Islamique dans le nord de la Cisjordanie, et, à ce titre, " activement recherché depuis 8 ans " par les services de sécurité israéliens, rappelait la radio de l'armée(1).
Résultat de ce plan machiavélique, ce dernier a été tué en plein centre de Jénine, dans un attentat à l'explosif. " L'explosion ", précise la presse beyrouthine " est survenue près d'un poste de police o Iyad Hardane devait régulièrement se présenter après avoir été récemment libéré de prison par les autorités palestiniennes (...). Il a été tué sur le coup alors qu'il se trouvait près d'un téléphone public qui a explosé, projetant son corps à une distance de plusieurs mètres, a ajouté la radio, citant des témoignages. Selon ces témoignages, un appareil sans pilote aurait été repéré dans le ciel au moment de l'attentat, et aurait envoyé le signal électrique qui a déclenché l'explosion "(2).
Or qu'a provoqué cette exécution parfaitement ciblée, côté palestinien ?
Les premiers concernés --c'est-à-dire le Djihad Islamique --ont immédiatement promis une riposte adéquate contre Israël, un responsable du mouvement qui a requis l'anonymat affirmant que " Le Djihad Islamique ne restera pas silencieux devant ces crimes d'Israël contre notre peuple et ripostera durement et aussi rapidement que possible à ces crimes ".
Une riposte " rapide " et " dure ", n'en doutons guère, le Djihad Islamique palestinien, violemment opposé au processus de paix, a effectivement revendiqué ces dernières années de nombreux attentats anti-israéliens. Et, encore récemment, il a fustigé la rencontre de sécurité israélo-palestinienne de mercredi, prônant la poursuite du djihad (guerre sainte) contre Israël.
Une riposte efficace ? Rien n'est moins s°r.
Posons, ici, cette question iconoclaste aux yeux de beaucoup : à quoi servent donc les attentats indiscriminés du type de ceux attribués au Djihad, ou à d'autres, Tel-Aviv affirmant, de son côté, y voir la main même du président de l'Autorité Nationale Palestinienne, Yasser Arafat. Ce qui leur permet, en retour, de taper sans retenue, sur l'ensembles des infrastructures civiles et militaires de l'Autorité palestinienne...
Impressionnent-ils l'administration israélienne ?
Assurément pas ! Le ministre israélien des Transports, le général (CR) EphraÔm Sneh, membre du cabinet de sécurité, qui, tout en se refusant toutefois à tout commentaire sur la responsabilité d'Israël dans cette opération, s'est aussitôt réjoui de l'exécution parajudiciaire d'Iyad Hardane. Une mort, qui, selon lui, " freinera de manière sensible les activités "(3) du Djihad.
D'une manière plus générale, le Premier ministre israélien, le général (CR) Ariel ìArikî Sharon a, lui, averti qu'il sévirait contre ceux que son gouvernement tient pour responsables d'attaques anti-israéliennes, " une menace mise à exécution pour la première fois le 2 avril, avec l'élimination d'un autre militant du Djihad Islamique à Rafah, dans le sud de la Bande de Gaza "(4).
Rien d'ailleurs de bien nouveau sous le soleil, car comme le rappelle encore notre confrère beyrouthin, " Dans le cadre de sa répression de l'Intifada, l'tat juif a lancé début novembre une campagne de liquidation de militants de différents mouvements palestiniens accusés d'attaques anti-israéliennes, une stratégie qui a co°té la vie à une vingtaine de personnes, selon l'Autorité palestinienne "(5).
Pourquoi, d'ailleurs, ce terrorisme [au sens polémologique du terme et tel qu'il s'enseignait sous cette appellation, désormais controversée, dans toutes les bonnes académies militaires, et visant à semer la terreur dans les populations adverses de manière à : 1- les désolidariser de leur gouvernement ; 2- contraindre celui-ci à affecter des troupes à des missions de maintien de l'ordre. Ndlr] opérationnellement aléatoire, impressionnerait-il l'ennemi israélien, et plus précisément, les décisionnaires de l'establishment politico-militaire hyérosolymitain ?
Notons, préliminairement, qu'en l'absence, de tout autre front israélo-arabe, l'intérêt de détourner des troupes d'autres t,ches --qui n'existent pas compte tenu de la paix armée qui prévaut au Proche-Orient --un des deux piliers de la terreur armée, disparaÓt totalement.
Au-delà, ce terrorisme militaire (plus paramilitaire, stricto sensu, compte tenu de la nature exacte de ses acteurs palestiniens) a-t-il gagné en " efficacité " ?
Absolument pas. La société israélienne est l'une des mieux préparées à ce type de guerre subversive, ou de basse intensité. Le moindre incident est immédiatement répercuté, les services concernés (police armée, déminages, etc.) réagissent dans un temps record. De ce fait, les attentats, ont cessé de faire des victimes par dizaines, comme c'était le cas, il y a quelques années.
Le jeu vaut-il donc la chandelle pour ceux qui y recourent ?
Les militants islamiques peuvent toujours se draper dans leur vulgate qui veut qu'ils ont plus de " martyrs " à jeter dans la balance, cette approche militaire (et son discours idéologique) somme toute ancienne, l'Intifada a plus de dix ans, et le " terrorisme " (sic) proche oriental plus de quarante, cadre-t-elle encore avec les réalités de 2001 ?
Pratiquement plus.
Entre parader, bandé de semtex, au cours de manifestations --à l'intérieur des territoires occupés --et peser efficacement sur l'ennemi (par l'exécution, voire la seule menace de passage à l'acte) l'abÓme est aujourd'hui quasiment infranchissable. En raison du maillage sécuritaire israélien et du bouclage (que ceux-ci soient totalitaires ou non, n'y change rien) imposé aux territoires palestiniens, les menaces proférées contin°ment par le Djihad et le Hamas, relèvent désormais davantage d'une dissuasion --le terrorisme apparaissant, ici, comme l'apparatus nucléaire du pauvre --dépourvue de vecteurs réellement efficaces, car, pour l'essentiellement, dans l'incapacité d'atteindre leur cible.
Or, à quoi sert une dissuasion, si l'autre, l'hostis, ne vous entend plus. La dissuasion (nucléaire, bactériologique, chimique, terroriste) restant avant tout une tension dialectique entre (au moins) deux locuteurs stratégiques.
Quasiment hors de portée, les SR, armée et services actions --pendant " militaire " du locuteur israélien que cherche, en vain, à atteindre le terrorisme palestinien --n'ont, en revanche, guère de mal, à identifier, remonter, subvertir et détruire les réseaux terroristes qui leur font face. Pire pour les Palestiniens, la politique d'élimination systématique des commanditaires (ou supposés tels) mise en place, par Tel-Aviv, pour discutable qu'elle soit, est d'une redoutable efficacité.
Inefficacité totale, côté palestinien, à " marquer " ou toucher le moindre responsable israélien. Les rodomontades visant notamment le Ra'Mat'Kal (chef d'état-major israélien), le lieutenant-général (CR) Shaul Mofaz, qu'il ne s'agissait même pas de frapper directement, mais au travers de son... frère, n'ont jamais été suivi du petit début d'exécution, et confineraient au ridicule si quelque part des civils ne mourraient pas tous les jours des deux côtés de la ligne de front. Rappelons, en effet, que le général Mofaz et son frère se portent, à ce jour, comme un charme.
En clair, l'establishment politico-militaire israélien ne se sent pas menacé physiquement parce que se sachant inaccessible.
Y a-t-il la moindre chance qu'il se sente menacé politiquement ?
Dans le cadre d'une union nationale, restreinte ou élargie, peu de risques. La marge de basculement de l'opinion publique (la terreur étant supposée toucher la population, donc le corps électoral) étant trop faible.
Certains observateurs ont prêté comme intention originelle aux mouvements radicaux palestiniens d'avoir choisi, par leur montée aux extrêmes (au sens clausewitzien du terme), de faire gagner, par défaut, la droite israélienne, au détriment des Travaillistes.
Vrai ? Faux ? Aujourd'hui qu'importe ! Sharon est au pouvoir, et les méthodes de tension (qui n'impressionnaient pas davantage Ehud Barak) ad usum hierosolami sont, à l'évidence, complètement dépassées.
Pire, plus on avance dans le temps, plus la société israélienne se radicalise et se retrouve en communion, si l'on peut dire, avec le cabinet d'union nationale conduit par le général (CR) Ariel ìArikî Sharon.
Côté palestinien, beaucoup font mine de croire que l'Intifada d'Al-Aqsa, et la tension qu'elle engendre relèvent du même modus operandi que la Résistance libanaise, et son succès au Liban-Sud.
Rien n'est plus
faux. Car :
1. Le Hezbollah menait des attaques ciblées, touchant très
durement l'appareil militaro-sécuritaire israélien.
On ne comptait guère de mois sans que des soldats et des
officiers, voire des officiers supérieurs israéliens
(l'élite de la Sparte du sionisme qu'est, à bien
des égards, Israël). A contrario, l'essentiel des
pertes infligées par le Hamas et le Djihad Islamique, lorsque
d'aventure il parvient à atteindre des cibles militaires
ou sécuritaires, se limite à de simples appelés,
sous-officiers, et quelques rares officiers (souvent... Arabes,
en raison de l'implication des Mishmar Hag'Vul dans le dispositif
sécuritaire israélien).
2. Le Front Nord était un vrai casse-tête militaire pour Tsahal mobilisant (encore aujourd'hui, pour partie) le meilleur de ses forces. Tel-Aviv alignant face au Hezbollah, outre les unités standard de l'Heyl Shirion (arme blindée) de l'Heyl Tot'Hanim (artillerie), ses meilleurs corps d'élite : Les Sayeret Golani, et Egoz. Officiellement les Sayeret Tzanhanim et Duvdevan n'étaient pas affectés au Front Nord, mais, dans les fait y ont essuyé de lourdes pertes En fait, encore aujourd'hui, la Brigade Givati, théoriquement rattachée au Commandement Sud, voit toujours une partie de ses effectifs stationnés face au Hezbollah.
3. Le Liban-Sud n'a jamais été considéré comme faisant militairement partie d'Israël [politiquement oui, si l'on considère les cartes d'Eretz Israël, mais c'est un autre sujet. Ndlr]. La problématique libanaise n'a jamais pesé de la même manière pour le gouvernement israélien que la problématique palestinienne. Et pourtant, la mobilisation militaire israélienne est moindre face aux Palestiniens...
Pour preuve du manque de dangerosité ressenti, la nature des effectifs déployés par les Commandements Centre et Sud, concernés directement.
à examiner matériels, insignes et bérets, difficile, en effet, de qualifier de menace militaire, l'appareil palestinien.
Concernant les blindés, bien que la présence d'antichars de dernière génération soit attestée dans l'impedimentum palestinien, lorsqu'Israël décide, à partir d'octobre 2000, de déployer des blindés lourds autour des grandes villes et positions adverses, que voit-on surgir au coin des rues : majoritairement de vieux M-60A3, et des M-113 (eux, certes sur-blindés, mais la plupart le sont depuis plusieurs années), mais quasiment pas de Merkava ou de Magach de dernière génération.
D'ordinaire, les affrontements opposent des unités opérant en jeeps légèrement blindées.
Quant aux Sayeret Tzanhamin, Givati et Shaldag, on voit rarement fleurir leurs bérets sur la tête des hommes en première ligne. L'armement massivement constaté de visu reste le M-16A1, la CAR-15 (version courte du M-12A1). Quelques M-14 de tireurs d'élite, mais absolument pas de Galil ou Glilon (5,56 mm). Seul devant Gilo et quelques autres zones sensibles de Jérusalem [mais que ferait l'armée franÁaise se déployant pour protéger Passy. Ndlr], a-t-on pu constater la présence de tireurs d'élite " armé d'un fusil de sniping lourd Barret en 12,7 mm, excellente arme de contre-sniping "(6).
Que déduire de ces faits ?
Que Tsahal n'appréhende pas le moins du monde d'entrer en contact avec ses adversaires supposés, pourtant déjà (si l'on valide, évidemment, le discours israélien) positionnés sur le territoire national.
Face au Hezbollah, les Israéliens ne savaient plus comment opérer. Face aux Palestiniens (que cette suffisance israélienne soit fondée ou non, n'a, en l'occurrence, aucune importance, seule compte l'impact sur la planification israélienne), l'essentiel de la charge repose, encore et toujours, sur la Misheret Yisrael (la... police, 22 000 hommes et femmes) et les Mishmar Hag'Vul (gardes-frontières, 5 000 hommes). Apparemment, seules les colonies isolées au beau milieu des Palestiniens bénéficient d'un soutien plus visible et plus lourd de l'armée. Sans surcroÓt notable de charge, les unités affectées étant simplement repositionnées au sein de leur Commandement d'origine.
Concernant les gardes-frontières, que l'on voit le plus souvent sur nos petits écrans (la police porte des uniformes bleus et gris-bleus, et les gardes-frontières des uniformes verts, comme l'armée, mais restent cependant reconnaissables à leur insigne et leur béret " vert bouteille "), cette prééminence n'est en rien d° au hasard. En effet, leur " recrutement est multiconfessionnel, car ouvert aux juifs, musulmans (Arabes, Druzes et Circassiens) et chrétiens "(7).
Autrement dit, comme en Irlande du Nord, o les Britanniques ont toujours fait reposer l'essentiel de l'effort sécuritaire sur les Irlandais eux-mêmes (bien que Protestants et souvent d'origine écossaise) --Royal Ulster Constabulary (RUC), Irish Guard (effectuant plus de " tours " opérationnels en Ulster que les autres régiments de l'armée britannique), et Royal Irish Regiment (stationné, de fait, de manière permanente, en Irlande du Nord) --; Tel-Aviv s'ingénie à confier une part disproportionnée de ses t,ches sécuritaires à des... Arabes, dont elle ne se soucie que fort peu. Au point d'avoir suscité un mouvement de protestation --et même une démission --au sein de son encadrement... israélien, écúuré par le sort fait à ceux qu'ils considèrent comme leurs frères d'armes.
Ainsi, non seulement les Palestiniens n'ont, à ce jour, pas réussi (contrairement au Hezbollah) à forcer leur adversaire --Tsahal, police, etc. --à se remettre en question. Mais, pire, les coups que portent les différents mouvements palestiniens à l'ennemi sont sans commune mesure à ceux assénés lors des administrations Rabin, Pérès et Netanyahu. Ils causent peu de pertes significatives à l'appareil sécuritaire israélien (tuant souvent d'autres... Arabes). En retour, les mouvements armés palestiniens subissent de substantielles pertes, n'atteignant, le plus souvent, au cours d'opérations co°teuses en hommes à la longue, que des civils israéliens innocents qu'ils radicalisent politiquement, en les frappant dans leur chair.
Seul impact notable et quantifiable de l'Intifada, la première du moins, en termes militaires, la naissance au sein des Mishmar Hag'Vul (dont le niveau qualitatif reste assez bas) d'une unité d'élite tournée exclusivement contre les activistes palestiniens. En 1990, " appelée Yechidat Ha'Mista'arvim Shel Mishmar Hag'Vul ou unité secrète des gardes frontières, plus connue sous son acronyme de Ya'mas, celle-ci a pour mission d'infiltrer dans les territoires occupés et dans les zones de l'Autorité palestinienne pour traquer et capturer les ìterroristesî palestiniens, selon la terminologie palestinienne "(8). Elle venait s'ajouter au Yechida Mishtartit Meyuchedet, ou unité de police spéciale, qui est l'unité anti-terroriste du Mishmar Hag'Vul.
Un bilan militaire assez affligeant au bout du compte pour justifier les envolées lyriques de certains chefs " militaires " palestiniens, et la poursuite d'attentats aveugles qui ne servent, en l'état, plus aujourd'hui que les intérêts de la nouvelle administration israélienne, voire ceux, encore plus hors de portée, de l'administration américaine.
Tout au contraire du Hezbollah qui avait su contraindre Israël à se battre, sur un terrain extérieur qui plus est, selon des règles nouvelles et inadaptées à la nature profonde de son outil militaire, on voit mal en quoi, l'Intifada d'Al-Aqsa est une réelle nouveauté pour l'appareil sécuritaire israélien. Tel-Aviv a, de longtemps, envisagé l'essentiel des scenarii (en tout cas, tous ceux qu'on a vu se réaliser à ce jour) et les Palestiniens, depuis la provocation de l'Esplanade des Mosquées -- à quelle fin, devraient se demander les stratèges palestiniens, s'il en est -- devraient arrêter de danser sur une musique écrite par d'autres, et cesser de croire, qu'à mener quelques actions aussi désespérées qu'inutiles, ils arriveront à faire de leur combat, une crise régionale de nature à faire voler à leur secours les autres pays arabes.
Il est donc peu de dire que l'actuelle stratégie de la tension mise en place par une partie des mouvements palestiniens appartient à arsenal aujourd'hui obsolète.
Ne serait-ce que parce que comme le rappelle L'Orient-Le Jour, " Dans les deux camps, l'éventail des objectifs et des armes utilisées s'est élargi et le conflit se durcit de jour en jour, comme on l'a vu au cours des dernières heures, avec un raid d'hélicoptères israéliens dans la Bande de Gaza dans la nuit de jeudi à vendredi, suivi à la pointe du jour par une attaque au mortier contre une colonie juive au sud de Gaza "(9).
Encore une fois, il importe de souligner que, contrairement aux apparences et à l'épopée enveloppant les martyrs d'Al-Aqsa, c'est Tel-Aviv qui a gardé l'initiative.
En, effet, " C'est l'armée israélienne qui, la première, le 2 octobre 2000, cinq jours après le déclenchement de l'Intifada, a commencé à changer la donne, lorsqu'un raid d'hélicoptères faisait une cinquantaine de blessés dans la bande de Gaza.
" Le gouvernement du travailliste Ehud Barak venait, en mai, de sortir l'armée du bourbier libanais, o elle était enlisée depuis plus de 20 ans, et entendait exposer le moins possible les troupes. Le recours aux hélicoptères de combat s'est fait ensuite de plus en plus régulier et dévastateur.
" L'armée ne donne aucune information sur le type d'appareils utilisés lors de ces opérations, souvent exécutées de nuit, et refuse de fournir les moindres chiffres. Selon le Centre Jaffee pour les tudes Stratégiques de l'Université de Tel-Aviv, elle disposerait de 136 hélicoptères de combat, dont 42 Apache et 64 Cobra, pilotés par des équipages rompus à leur utilisation suite à de nombreuses missions au Liban, notamment contre le mouvement chiite Hezbollah "(10).
Apparemment, côté palestinien, on a le plus grand mal à innover militairement. Ou alors, tardivement.
Comme le rappelle encore notre confrère beyrouthin, " C'est le 30 janvier, soit environ quatre mois après l'entrée en lice des hélicoptères israéliens, que les Palestiniens tireront leur première salve de mortier de 81 mm sur Netzarim, une colonie de la bande de Gaza. Les tirs, imprécis au début, iront en s'accroissant et se feront plus précis, jusqu'aux tirs du 3 avril sur l'implantation d'Atsmona, dans le sud de la bande de Gaza, qui feront deux blessés, dont un bébé grièvement atteint. Ces tirs étaient une réponse à la liquidation, la veille, dans le même secteur, d'un militant du Djihad Islamique lors d'un raid d'hélicoptères israéliens. Israël devait riposter le soir même par une action combinée d'hélicoptères et de blindés. Ce soir-là, des missiles antichars à longue portée étaient aussi tirés pour la première fois à partir du territoire israélien contre des objectifs palestiniens.
" Dans la nuit du 5 au 6 avril, les kibboutzim Nahal-Oz, proche de la bande de Gaza, et Netiv-Haassara, plus en profondeur, en territoire israélien, essuyaient des tirs de mortiers palestiniens. Nahal-Oz avait reÁu une première salve le 17 mars, la première touchant le territoire israélien à partir de la bande de Gaza depuis la guerre israélo-arabe de juin 1967 "(11).
Toutefois, bien que tardive la leÁon a, semble-t-il (enfin) porté. Et les groupes palestiniens recourent de plus en plus à ce type d'armes, selon un modus operandi appris des spécialistes du genre, c'est-à-dire le... Hezbollah.
Or, " Le mortier de 81 mm a une portée de 3 à 4 km. Il nécessite au moins deux servants et doit reposer obligatoirement sur une assiette métallique fixée au sol pour en amortir le recul. Les servants n'ont besoin que de deux données : azimut et distance de la cible. Ils peuvent décrocher rapidement et se fondre dans la nature, une fois la salve tirée.
" Les Palestiniens disposent pour l'heure de lanceurs rudimentaires, selon des sources militaires citées par la presse israélienne. Il suffit, en effet, d'un gros tuyau et d'un mécanisme simple permettant à la pointe d'un percuteur de frapper l'amorce de l'obus pour provoquer la détonation qui déclenche le tir. Ces mêmes sources estiment que les mouvements palestiniens possèdent désormais une fabrique clandestine d'obus dans la bande de Gaza et que des militants du Hezbollah libanais servent d'instructeurs aux Palestiniens "(12).
La technique, bien que co°teuse en dommages collatéraux, en raison des ripostes indiscriminées de l'Heyl Shirion dont les M-60A3 tirent à vue sur des zones habitées, s'avère nettement plus payante, et plus équilibrée de les attentats à la bombe humaine d'hier, bien qu'un mortier artisanal et azimuté à la hâte ne puisse être un monument de précision.
" Pour Israël ", note encore L'Orient-Le Jour, " en dépit de son écrasante supériorité militaire, le phénomène est des plus inquiétants. Car on est loin des lance-pierres et des bouteilles incendiaires de la première Intifada (1987-1993), que l'armée israélienne avait combattu, dans un premier temps, à coups de matraque, passant ensuite, progressivement, aux grenades lacrymogènes, aux balles caoutchoutées, aux balles plastiques, puis aux balles réelles, sans oublier un mortier crachant des graviers "(13).
A cela s'ajoute que le fait que si les Palestiniens s'appliquent à suivre les critères de mobilité et de pugnacité du Hezbollah, collant littéralement aux positions militaires tenues par Tsahal, au point de s'en emparer régulièrement et d'y faire flotter leurs drapeaux (opérations toutes filmées et, in, fine, reprises par les media... israéliens), la guerre de résistance menée contre l'occupant pourrait prendre un tour nouveau. Ce d'autant que se procurer des pièces d'artillerie légères (ou antichars type Sagger) à suffisance ne devrait pas être une t,che insurmontable pour les logisticiens des territoires autonomes.
Reste, bien évidemment, la menace des voilures tournantes (AH64A Apache et autres) et de l'Heyl Ha'Avir (armée de l'air) qui, à ce jour, ont toujours sur rester en dehors de l'enveloppe de tir des Sol/Air à Très Courte Portée (type SA-7 Strella ou FIM-92A Stinger) dont dispose la Résistance libanaise. Une différence cependant ! D'une certaine manière, Palestiniens et Arabes-Israéliens campent eux, pour ainsi dire, à proximité des bases aériennes israéliennes. Verra-t-on un jour une variante de la bataille de Da-Nang au bout des pistes de Tell-Of ? Qui sait...
Notons pour être précis, que cette montée aux extrêmes en termes de moyens, a été initiée par les Israéliens. En effet, dès le 29 septembre 2000, " à la différence de l'Intifada de 1987-1993, o les unités de gardes-frontières se servaient de préférence de b,tons, gaz lacrymogènes et menottes pour stopper les émeutes --alors que les militaires employaient les armes --cette fois, la ìpolice en vertî avait rangé les b,tons pour le M-16 "(14).
Il est donc clair que dès le début de la provocation du binôme Barak/Sharon sur l'Esplanade des Mosquées, c'est la politique du pire qui avait été choisie, et de manière délibérée, dans les allées du pouvoir israélien.
Notes
(1) Galei Tsahal (6 avril 2001).
(2) L'Orient-Le Jour (6 avril 2001).
(3) Kol Yisrael (5 avril 2001).
(4) L'Orient-Le Jour (6 avril 2001).
(5) Idem.
(6) Raids hors-série n2.
(7) Idem.
(8) Idem.
(9) L'Orient-Le Jour (7 avril 2001).
(10) Idem.
(11) Idem.
(12) Idem.
(13) Idem.
(14) Raids hors-série n2.
Mise sur aaargh: 10 mai 2001
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