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Israël-Palestine : La logique de l'apartheid


par Denis Sieffert





Participant à une délégation de la société civile française en Palestine, du 16 au 23 juin, Denis Sieffert livre ici ses impressions de voyage. Images de la dernière guerre coloniale de la planète. Et d'une discrimination qui rappelle de plus en plus le régime sud-africain de l'époque de l'apartheid.

Dimanche 17 juin

A mi-voix, l'homme qui est devant nous fait le récit des événements qui ont bouleversé sa vie. Son visage lisse et clair, barré d'épais sourcils noirs, ne trahit aucune colère apparente. Les mots, pourtant, sont terribles : " Mon fils a été tenu par les mains, jeté à terre, et abattu à bout portant. Quand la commission d'enquête a demandé aux tireurs pourquoi ils avaient fait cela, l'un d'eux a répondu : "Parce que c'était les ordres." " Originaire d'Arabi, un village proche de Nazareth, Hassan Asli est l'un des représentants des familles des victimes de la répression d'octobre. A ses côtés, Salah Bushnak, du village voisin de Kofermenda, a le trait plus émacié et plus sombre. Il prend la parole à son tour pour raconter comment, au cours des mêmes journées, il a lui aussi perdu son fils, Ramez, 24 ans, tombé sous les balles des forces de sécurité israéliennes. Nous sommes assis en cercle autour d'eux dans les jardins de l'hôtel Saint-Gabriel-de-Nazareth, un ancien couvent franciscain perché sur les hauteurs de la ville. Il est tôt, et l'ombre des arbres domine encore au-dessus de nos têtes. Hassan Asli raconte que son fils, Asil, 18 ans, a été tué dans un champ d'oliviers, alors qu'il tentait de relever un ami atteint par une balle. " Il n'était pas menaçant "., précise-t-il. Les deux hommes se relaient pour expliquer comment la police a pris le parti des assaillants quand des extrémistes juifs ont attaqué un village. Comment des travailleurs palestiniens ont pu être battus dans la ville juive d'Afula sans qu'on les protège. Huit mois après les événements, ils s'étonnent encore du déploiement hors de proportion de soldats et de policiers : " Deux cents membres des forces de sécurité et soixante policiers sont entrés dans mon village, se souvient Salah Bushnak, alors qu'il n'y avait pas le moindre danger. " Au contraire, à Tibériade, autrefois ville arabe, aujourd'hui presque exclusivement juive, la police a fait preuve d'une étrange passivité : " Des ordres ont été donnés aux forces de police de laisser les armes dans les voitures, alors que des extrémistes attaquaient la mosquée. " Pourquoi cette violence ? Pourquoi ce parti pris des autorités ? Silencieux, nous partageons ces interrogations qui n'en sont pas, tant la réponse est évidente.
La délégation française est arrivée à Nazareth la veille au soir. L'idée d'entamer ce long périple par la Galilée n'est pas fortuite. Trop souvent, on oublie ces Palestiniens de nationalité israélienne qui vivent sur ce qu'on appelle les territoires de 1948, initialement dévolus à la Jordanie, puis conquis militairement et annexés par Israël. Ils sont un million de citoyens israéliens de seconde zone. A la rigueur, Israël peut admettre qu'ils manifestent pour des revendications économiques, mais jamais qu'ils se solidarisent avec leurs frères de Cisjordanie et de Gaza. C'est pourtant ce qui s'est produit ce 2 octobre, au début de la deuxième Intifada qui a embrasé les territoires palestiniens après la visite provocatrice d'Ariel Sharon sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem. Les Arabes israéliens ont voulu exprimer pacifiquement leur soutien, et au-delà, leur profond sentiment d'appartenance au peuple palestinien.
En octobre 2000, il y eut en Galilée et dans le Triangle, la région proche d'Umm el Fahem, un peu plus au sud, treize morts, tous Palestiniens.
Si nous sommes là, c'est sans doute aussi que notre guide - et traducteur - a plaidé pour cette première halte : universitaire et essayiste, Marwan Bishara, qui éclairera de sa faconde et de son savoir la partie du voyage qu'il fera à nos côtés, est originaire de cette région. Et son frère, Azmi, prestigieux député palestinien de la Knesset, continue d'aller son chemin dans l'adversité, ignorant superbement les appels aux meurtres dont il est la cible de la part des extrémistes juifs.
Le directeur de la revue Adalah's nous a rejoints. Dans ce coin de jardin à présent envahi par le soleil, il refait devant nous l'histoire de cette population palestinienne d'Israël : le gouvernement militaire de 1948 à 1966, puis un semblant d'ouverture politique qui s'est immédiatement accompagnée d'une plus grande inégalité économique et sociale. Il raconte comment, au début des années 50, s'est dressée sur les hauteurs en surplomb de la vieille Nazareth arabe, la ville juive, Illit, qui contraste par la richesse de ses infrastructures. " D'un côté, 60 000 Palestiniens sur 4 000 hectares, de l'autre, 40 000 juifs sur 6 000 hectares ". Hassan Jabareen démonte surtout le mécanisme des confiscations des terres qui refoule la population arabe dans des ghettos : " Les autorités déclarent qu'une terre doit être réquisitionnée parce qu'elle est utile au service public. Mais la cour suprême elle-même se refuse à définir le service public. Israël considère que lorsqu'un juif acquiert un appartement ou construit une maison, il ne le fait pas à son seul profit, mais au compte de la construction de l'État juif. C'est du service public. " Et il conclut par ces mots désabusés : " Nous sommes devenus des invités sur notre propre terre. "
11 heures. Départ de l'hôtel en bus. Au volant, placide, éternellement souriant, Maher, une sorte de force tranquille à la mode palestinienne qui a déjà payé en années de prison son tribut à la cause. Nous longeons Illit. Peu de balcons sans drapeau israélien. Un peu plus loin, sur la droite de la route, une de ces images qui résument tout : un panneau annonce la construction prochaine d'un centre commercial. Les bulldozers sont déjà en action, en bordure du village d'Ein Mahel. Mais le panneau, au coeur de cette région à forte dominante arabe, ne connaît que deux langues : l'hébreu et le russe. Selon une configuration que l'on retrouvera souvent en Cisjordanie, le village arabe est niché au creux de la vallée, tandis que la cité juive domine sur le coteau. " La pollution va à Ein Mahel, et le profit à la cité juive ", commente ironiquement Marwan. Entre les deux, un mur sordide.
Arrivée à Um el Fahem, la deuxième ville palestinienne de la région, tout juste à l'extérieur des territoires. Un an auparavant, de graves incidents ont eu lieu là quand les autorités israéliennes ont confisqué des terres pour installer un camp militaire. Les soldats avaient alors occupé l'école, dont les murs portent encore des traces de sang. La bataille s'était achevée par une sorte d'absurde compromis. Les paysans auraient le droit à certains moments de l'année d'aller récolter les olives. Le reste du temps, exercices militaires. Um el Fahem est dramatiquement sous-équipée. Pas d'hôpital. Il faut aller se soigner à Afula, grande ville juive de la région, réputée pour son atmosphère férocement raciste, et théâtre de tentatives de lynchages pendant les événements d'octobre.
En début d'après-midi, nous arrivons à Jérusalem-Est. Escale brève et shuwarma au Jérusalem Hôtel, non loin de la porte de Damas qui marque l'entrée dans la vieille ville. Retrouvailles avec l'ami Michel Warshawski, inlassable et intarissable militant pour la justice et la paix, qui nous propose de faire avec nous le tour de ce que les Israéliens appellent le " grand Jérusalem ", autrement dit, cette ceinture de colonies juives qui enserrent à présent la vieille Al Qods (la Jérusalem arabe), et la séparent de l'autre grande ville arabe de Ramallah. En une petite heure de route nous sommes au coeur du problème. Pédagogue et précis comme un prof de géographie, Michel connaît toutes les hauteurs d'où nous pourrons, en un clin d'oeil, saisir la situation. Du haut de cette colline, où nous nous sommes arrêtés, il démonte la froide stratégie de l'occupation israélienne. Le village arabe toujours en contrebas, écrasé par les implantations juives construites en surplomb. Avant d'être économique et militaire, l'avantage semble être psychologique. Tout un rapport de domination s'étale devant nous. Mais il est au moins une bataille qu'Israël ne peut pas gagner, c'est la bataille esthétique. Tandis que le vieux village arabe, alangui sous le soleil, avec ses maisons blanches et basses, se fond harmonieusement dans la nature et charme nos regards, la colonie blesse le paysage d'une tache réprobatrice. D'un côté, on respire comme un parfum d'éternité ; de l'autre, tout trahit la hâte, la rage de construire, comme on prend position sur un champ de bataille. La géographie ne ment pas. Au nord de Jérusalem, nous avons aperçu la colonie de Giv'at Ze'ev et celle, ancienne déjà, de Ramot. Si ancienne qu'on y vit sans complexe colonial, même quand on est Israélien " de gauche ". A l'est, c'est French Ill (qu'il ne faut pas traduire " colline française " puisque son nom évoque un certain John Denton French, maréchal de l'armée britannique). Beaucoup plus loin à l'est, marquant les limites de ce grand Jérusalem rêvé par les colons, c'est l'immense Ma'ale Adunim, plus vaste que Tel-Aviv. Au sud, c'est Gilo, l'une des premières colonies, et de l'autre côté de la route, la sinistrement fameuse Har Homa, planifiée par la gauche travailliste, et construite sous Benyamin Netanyahou. Har Homa devait boucler géographiquement la boucle. Elle scelle aussi la continuité politique entre la gauche et la droite israélienne. Mais voilà, sa construction a provoqué des émeutes, et depuis le début de la deuxième Intifada, on ne se bouscule plus pour habiter là. Conçue comme une place forte de l'occupation, la cité toute neuve, et - avouons-le - très laide, est à portée de fusil des villages du nord de Bethléem.
Michel nous propose une nouvelle halte géostratégique. Du promontoire où nous nous hissons, on embrasse du regard la région de Bethléem. Au-dessus du village de Beit Jala, la colonie d'Ar Gilo. Presque toutes les nuits, on échange des tirs ici. Les Palestiniens visent au fusil mitrailleur ce qui est pour eux la partie occupée de Beit Jala. Et l'artillerie israélienne riposte avec une puissance de feu cent fois supérieure. " Il ne faut pas mesurer la colonisation par le nombre des colons, précise Michel, mais par l'occupation de l'espace. " Pour la première fois, en contemplant ce paysage, nous vient l'image d'un gigantesque jeu de go. Israël pose ses colonies comme des pions, pour briser toute continuité territoriale arabe, et à l'inverse, créer ses propres continuités par une savante technique d'encerclement.
Sur le chemin, José Bové, Jean-Claude Amara et Jean-Baptiste Eyraud s'offrent leur premier " check-point ", ces barrages militaires qui pourrissent la vie des Palestiniens. Dans le sillage des trois sus-nommés, toujours prêts pour aller en découdre, nous franchissons tous la ligne tracée par les soldats israéliens, semant parmi eux, une belle panique. Quoi faire ? On ne traite tout de même pas José Bové comme un Palestinien. Alors, on s'engueule ferme sur la conduite à tenir. Et pendant ce temps, toute la délégation française poursuit sa promenade en terres interdites sous le regard incrédule des Palestiniens qui, eux, attendent ce privilège depuis plusieurs heures.
Un peu plus loin, autre check-point, autre arrêt. Histoire d'aller parlementer avec le long cortège des ouvriers palestiniens retenus ici arbitrairement. Mais à l'intersection de la route principale et d'un chemin de terre, une voiture est immobilisée, comme sortie du rang. A cinq mètres de là, un jeune homme, assis à même la caillasse, regarde fixement ses godasses couvertes de poussière. Autour de lui, des centaines de douilles et des goupilles de grenades, souvenir d'affrontements récents. Renseignement pris, l'homme est coupable d'avoir emprunté une route interdite aux Palestiniens. Son épouse, recluse dans la voiture, est enceinte de sept mois, et ils ont voulu gagner quelques précieuses minutes pour aller consulter à l'hôpital le plus proche. Punition : l'homme, extrait de sa voiture, est exposé en plein soleil. Et la femme, comme le reste de la famille, attend dans la fournaise. Palabres, négociations conduites avec maestria par notre " doyen ", Marcel-Francis Kahn, anglophone distingué, et habile diplomate qui obtient finalement le départ de la voiture. Mais sans le père. José Bové, Jean-Claude Amara, Jean-Baptiste Eyraud, et quelques autres, prennent alors solidement position sur le capot de la Jeep dans laquelle les militaires tentent d'emmener le jeune homme. Flottement parmi les soldats. La police est appelée en renfort. Une autre Jeep dévale de la colline. Car c'est l'une des caractéristiques de ce pays : l'occupant est partout. A l'expérience, l'oeil apprendra à les débusquer, blottis derrière des sacs de sables, maladroitement fondus dans la caillasse, troquant le viseur de leur fusil pour des caméras filmant les importuns. Rien ne peut irriter plus ces hommes cachés, et qui prétendent voir sans être vus, que de leur adresser de grands saluts quand on les a repérés. Les policiers sont là. La délégation forme une chaîne autour du jeune Palestinien. Bousculade, coups. Pendant ce temps, José Bové a pris position au volant de la Jeep. Un comble pour un pacifiste comme lui. Et le bougre ne se laisse pas facilement arracher à sa nouvelle passion. L'image fera les délices des photographes. Finalement, le jeune Palestinien est emmené manu militari. Tout juste le temps de prendre ses coordonnées. Michel est alerté. Un avocat sera dépêché sur le lieu de sa détention.
Le soir, de retour au Jérusalem Hôtel, rencontre avec plusieurs organisations non-gouvernementales israéliennes, dont les Rabbins pour les droits de l'homme (et oui, ça existe !). Ici, curieux mélange de courage et de déprime. Phrases notées à la volée : " Nous appartenons à la société israélienne avec toutes ses contradictions " ; " Nous sommes dans une situation de grave isolement par rapport au reste de la société " ; " Je suis de ceux qui éprouvent aujourd'hui un certain désespoir. " Une militante nous explique que les destructions de maisons étaient autrefois annoncées et qu'on pouvait obtenir un sursis : " Maintenant, tout est fait par surprise et notre intervention se résume souvent à une protestation a posteriori. " Nous retrouverons à plusieurs reprises ces militants israéliens, ceux de cette soirée, les visages à peine devinés dans la nuit, ou d'autres, dont les fameuses femmes en noir qui manifestent chaque vendredi sur une place de Jérusalem. Ils et elles sont admirables. Et malgré leur aveu de désespoir, tous témoignent d'une inébranlable pugnacité.
Avant de gagner la chambre, on songe à cette irruption de colonies. Je n'étais pas venu ici depuis 1991. Tout a changé. Et puis, il y a ce chiffre obsédant : près de 30 % des colonies ont été construites (ou agrandies) après les accords d'Oslo, de septembre 1993. Il ne reste plus aujourd'hui de cette grande bouffée d'espoir que le sentiment amer d'une formidable entreprise de mystification.
Lundi 18 juin
A 8 heures, le soleil est déjà bouillant. A la porte de l'officine du ministère de l'Intérieur israélien, situé à Jérusalem-Est, des dizaines d'hommes palestiniens se pressent. L'un d'eux, en tête de file, me dit être arrivé à deux heures du matin. Il me montre la carte d'identité déchirée de sa fille. Pour obtenir un document neuf, cela fait déjà deux jours qu'il vient en vain, attendant, huit ou neuf heures devant le lourd tourniquet métallique qui ne s'ouvre que trop parcimonieusement. Ici, c'est une prison. Mais les prisonniers sont à l'extérieur. Inash a 37 ans, il veut un passeport pour se rendre aux Pays-Bas, patrie de son épouse. On le retrouvera en fin de matinée, invité à revenir le lendemain. Que pouvons nous dire à ces gens traités comme du bétail ? " Keep hope ! " Puis, on s'éloigne en songeant à ces destins qui se fracassent sur cette porte inhospitalière. Que peut-on pour eux ? Pas grand-chose, sinon un mot de réconfort : " Gardez espoir ! "
10 h 30. Nous voilà devant un haut lieu de la résistance palestinienne : la Maison d'Orient, vieille demeure de la grande famille des Husseini. Hélas, le plus prestigieux de ses descendants, Fayçal, vient de mourir, emporté par une crise cardiaque, après toute une vie de lutte. Son regard d'une grande douceur couvre les murs de l'enceinte et la façade intérieure. C'était un homme simple, apprécié par la population, et d'une grande élégance. L'endroit est aristocratique. Nous sommes invités à nous asseoir dans une vaste salle de réunion. Les mots de bienvenue sont prononcés par un cousin de Fayçal, Shérif al Husseini. Malgré la peine, il a ce mot d'espoir : " Nous faisons confiance au peuple palestinien pour produire un nouveau Fayçal. " La conversation porte sur les menaces qui pèsent sur " la Maison ". Netanyahou avait signé un décret pour la faire fermer. Barak n'a pas franchi le pas, mais il n'a pas non plus abrogé le décret qui plane toujours comme une menace. Nos hôtes sont amers devant ces timides visiteurs européens, ministres ou députés, qui préfèrent inviter la représentation palestinienne dans leurs ambassades respectives, plutôt que de franchir le seuil de cette maison. N'est-ce pas Nicole Fontaine, présidente du Parlement européen ? Venir ici, c'est pourtant accomplir un double geste : c'est protéger la Maison d'Orient contre les projets de fermeture ; et c'est affirmer un peu de la souveraineté palestinienne sur la partie arabe de la ville.
Alors, mesdames et messieurs les députés, les sénateurs ou les maires français en visite dans la région, venez à la Maison d'Orient. Vous y serez reçus comme des princes (ou des princesses) et vous délivrerez un message qui vaut mieux que bien des discours. Bien sûr, vous déplairez un peu à Ariel Sharon. Est-ce si grave ?
Midi. Départ pour Ramallah, la grande agglomération palestinienne située au nord de Jérusalem. Vingt minutes de route. L'entrée de la ville porte les stigmates des batailles inégales qui, des mois durant, ont opposé les jeunes à l'armée. Des carcasses de voitures calcinées, le bitume brûlé, les façades des maisons criblées d'obus : nous sommes sur les lieux des affrontements les plus violents de la deuxième Intifada. Combien de jeunes gens sont tombés ici ? Des dizaines sur les cinq cents victimes de la répression. Au déjeuner, que nous prenons dans les locaux de l'association caritative Inash El Ousra, une vieille dame, aux allures de dame patronnesse anglaise, nous accueille avec ce mot merveilleux : " Ici, on bâtit d'une main, et on résiste de l'autre. " On refera ce constat à plusieurs reprises. Dans le chaos, la société palestinienne continue de se construire. Ou du moins, existe-t-il quelques visionnaires pour oser penser à l'avenir. Et, cependant, dans le corridor d'entrée, tout près de la cour dont les palissades sont colorées de peintures d'enfants exaltant la paix, ou montrant un paysan creusant à l'antique son sillon avec un soc, une image nous arrête : celle du " martyr de Tel-Aviv ", ceint de pains de dynamites sur fond de fusils kalachnikov croisés. L'image est choquante. On la retrouvera un peu plus tard dans la nuit sur la place Al Manara, au centre de la ville. Elle témoigne de la détresse d'un peuple. On peut ne pas approuver le terrorisme, mais personne parmi ceux que nous avons rencontrés ne le désapprouveront ouvertement. Même lorsque nous les y inviterons fermement.
Un peu plus tard, sur la route, à quelques kilomètres de Bir Zeit, nouveau check-point, nouvelle halte. Les soldats, jeunes gens boutonneux égarés dans ce désert, retiennent un jeune Palestinien. On nous explique contradictoirement que celui-ci figure sur " une liste noire ", puis qu'il est suspecté d'avoir participé, quelques minutes auparavant, à une attaque contre des colons. La conversation s'échauffe quand une voiture arrive en trombe sur nous, dérape sur le gravillon, s'immobilise enfin. Son conducteur, homme boursouflé d'une soixantaine d'années, casquette de base-ball sur le crâne, sort en furie. Il éructe un américain nasillard : " Je suis ici chez moi. Tout ça, c'est mon pays. " Pêle-mêle, il invoque la Bible, montre des impacts de balles dans la carrosserie de sa Chevrolet, agresse verbalement Marwan. L'homme est blême, comme au bord de la crise de nerfs. A l'arrière, sans que nous en ayons tout de suite conscience, affluent peu à peu deux, trois, puis quatre voitures de colons en armes, qui se précipitent sur nous, ivres de colères, émettant une inextinguible logorrhée verbale. Ceux qui, parmi nous, tentent de les raisonner en constatent rapidement l'impossibilité. Les colons sont bientôt une vingtaine, fusils mitrailleurs en bandoulière, pistolets automatiques dans le pantalon, à déferler. Soudain, l'un d'entre eux hurle : " Les Arabes sont dans le car ! " Les Arabes, c'est le placide Maher, notre chauffeur, Fatiha Damiche, du MIB, et quelques autres. En un instant, un déluge de pierres s'abat sur le bus. Les vitres volent en éclats. A l'intérieur, plusieurs personnes sont coupées. Nous tentons de les rejoindre. Un soldat arrête in extremis une main jeteuse de pierre. Un autre crie étrangement : "I apologise for Israël" (Je m'excuse pour Israël). L'émotion est à son comble. Dans une atmosphère de lynchage, nous parvenons à nous hisser dans le car. Maher fait une rapide marche arrière pour nous sortir de ce guet-apens. Le jeune Palestinien est embarqué dans une Jeep, soustrait à la haine des colons. Nous l'avons tous échappé belle. Mais nous avons appris qui sont vraiment ces colons : miliciens racistes et fanatisés, organisés en réseaux, sûrs de leur impunité, capables, demain s'il le faut de tourner leurs armes contre les soldats. Une OAS, admise et encouragée par le gouvernement israélien. Effrayant.
Le soir venu, nous rentrons sur Ramallah, à l'hôtel Rocky Star, où nous sommes les hôtes de la plus importante ONG palestinienne, Palestinian non governmental organisation (prononcez " Pingo ") et de son président, Mustafa Barghouty. L'homme, proche du parti communiste, est un politique madré. Il nous offre un discours tout en finesses et en oeillades. On parle avec lui et José Bové de la mondialisation. Il s'intéresse à Attac. Il nous est familier par ses préoccupations et ses manières. Il brillerait aussi bien chez nous.
Nuit à l'hôtel. Moustiques. Insomnie. Tout le temps de contempler par la fenêtre la ville, étonnamment calme, plongée dans l'obscurité. Et juste en face, ce champ de ruines, traces indélébiles du fameux bombardement des avions F16, au mois d'avril. Et d'entendre les premiers appels à la prière des muezzins qui se font écho comme dans une litanie qui semble étirer le temps. Dans l'impeccable douceur de la nuit, on se dit que ce pays est fait pour la paix. Et que tout cela est trop absurde.
Mardijuin
Au petit matin, quittant Ramallah, on découvrira les quartiers riches, investis par les notables palestiniens. La société palestinienne, aujourd'hui étouffée par l'occupation, est aussi prompte à produire ses propres injustices. Anne, une Française qui travaille ici pour une ONG, note que Ramallah s'est considérablement agrandie depuis Oslo. En zone A, c'est-à-dire sous administration palestinienne, la ville a attiré à elle une partie de la population qui a voulu échapper à la botte israélienne. Sans échapper à une asphyxie économique qui frappe inégalement ses victimes. En redescendant plein sud, cap vers Gaza, nous longerons le camp de réfugiés de Shu fat, nid honteux de la misère humaine, situé à peu près à hauteur de la colonie de Ramot, déjà entrevue la veille. De Ramallah au check-point d'Erez, qui marque l'entrée dans la bande de Gaza, ce n'est qu'une longue route monotone qui s'étire au travers la partie sud d'Israël. Dans le bus, on s'arrache un exemplaire du quotidien palestinien Al Qods qui publie un article sur les démêlés, la veille, de la délégation française avec les soldats israéliens. Photo à l'appui de José Bové (de face) et de Jean-Baptiste Eyraut, identifiable seulement par les très intimes.
En milieu de journée, passage sans encombre du check-point d'Erez. Les militaires n'ayant pas le droit de fouiller les voitures, l'armée a recours à des sociétés privées. En l'occurrence, c'est un jeune Russe, plutôt avenant, qui veille au grain israélien. Nous passons dans le couloir réservé aux VIP, aux diplomates, et aux ONG. Inutile de dire que l'affaire est plus compliquée, et infiniment plus longue pour les Palestiniens, amassés sous un soleil de plomb, dans un couloir parallèle nettement moins hospitalier. Comme prévu, Maher notre chauffeur ne peut passer. De l'autre côté, un autre chauffeur et un autre car nous attendent. Installation rapide au Marna Hôtel. Nous avons un aperçu de la ville de Gaza, à la densité de population record (2 849 habitants au kilomètre carré sur toute la bande de Gaza, contre 295,9 en Israël). C'est un ruban humain continu qui se déroule sous nos yeux, coloré et bruyant, dans un perpétuel nuage de poussière. Ici, la mortalité infantile est de 24 pour mille (elle est de 9 pour mille en Israël). Il faut lire ces chiffres pour mesurer l'horreur de ce qui va suivre. A mi-chemin, un check-point vétilleux bloque la route principale. Les Palestiniens sont invités à emprunter une route secondaire pour un long contournement. C'est qu'une poignée de colons a élu domicile ici, dans la minuscule colonie de Kfar Darom. Pour leur bon plaisir, ces gens pourrissent quotidiennement la vie de centaines de milliers de Palestiniens de Gaza, qui ne peuvent traverser cette bande de terre de moins de cinquante kilomètres de long sans être contraints à s'arrêter longuement, et à faire un inutile détour. Un peu plus bas, nous atteignons la ville de Khan Yunis. Nous sommes presque à l'extrême sud de la bande de Gaza. La frontière égyptienne est à moins de dix kilomètres. Attenant à la ville, en direction du front de mer, le camp de réfugiés. Ici, comme souvent en Palestine, la topographie est plus éloquente qu'un long discours. Imaginez. Nous sommes à présent face à la mer, à moins de cinq cents mètres de nous. Là-bas, en bordure de plage, on devine à l'ombre d'une palmeraie la silhouette de confortables villas. Comme il doit faire bon vivre à cinq cents mètres de là : c'est la colonie juive de Neve Dekalim. Un peu plus au nord, sur le même front de mer, c'est Nezer Hazani, puis Katif, Ganei Tal ; un peu plus au sud, c'est Gan Or, Gadid Bedolah, Bne Atzmon, Pe'at Sade, Selav, et encore Rafiah Yam. De là où nous sommes, en amont d'un no man's land d'une centaine de mètres, défendu comme une forteresse par l'armée israélienne, ce n'est que ruines, gravats, façades trouées d'obus. Et sur ces ruines, des tentes de réfugiés plantées sur les vestiges des maisons détruites. Ici, le paradis et l'enfer sont à quelques centaines de mètres l'un de l'autre. Tandis que les gamins des colons juifs s'amusent dans les eaux tièdes de la Méditerranée, les enfants palestiniens traînent dans la poussière et la crasse. On leur a volé l'eau et la mer. Nulle part la logique d'apartheid dans laquelle s'enfonce Israël, avec ses routes interdites aux Arabes et ses espaces réservés aux juifs, n'est plus arrogante qu'ici. Tout pour les deux mille colons, rien pour les centaines de milliers de réfugiés de Kahn Yunis.
Un peu plus loin, des enfants caillassent une Jeep de l'armée toutes sirènes hurlantes. De temps en temps, un soldat sort du véhicule et pointe sur eux une sorte de lance-grenades que mes faibles connaissances militaires m'empêchent d'identifier. Détonation. Épaisse fumée blanche. Pas assez pour décourager ce terrible jeu avec la mort que nous regardons de profil, comme à la télévision, comme des voyeurs. Pour les gosses, c'est à qui ira le plus près du canon balancer sa caillasse projetée avec une force étonnante, et dont l'impact secoue à chaque fois la Jeep grillagée et harnachée. La vengeance visiblement est un plat qui se mange froid : un peu plus tard nous apprendrons que deux gamins de 12 et 15 ans, qui ne faisaient que jouer avec un cerf-volant, avaient été abattus, la veille de notre arrivée.
Nous approchons de l'une des tentes. A l'intérieur, une jeune femme, au visage très doux, coiffée d'un foulard, vêtue d'un chemisier fucshia et d'une longue robe noire, nous dit sa détresse. Elle est issue d'une famille de Bédouins qui a dû fuir la région de Beer Sheva, dans le centre, en 1948. Sa maison a été détruite par les bombardements israéliens. Elle vit avec quinze personnes de sa famille sous cette tente plantée dans les ruines. " La nuit, dit-elle, on continue de nous tirer dessus. Nous sommes obligés de nous réfugier chez des amis dans la ville. " A dix mètres, un réservoir d'eau assure la survie de ces quelques damnés de la terre. A hauteur du village d'Al Mawazi, Bové, Amara et Eyraud bravent le no man's land. Un porte-voix aboie : " N'avancez pas ! " Moment de tension. Finalement, l'un de nous, Georges Bartoli, armé de sa seule carte de presse, pourra entrer dans le bunker pour demander à traverser la ligne israélienne. Refus.
Fin d'après-midi. Rencontre avec les familles des victimes de Khan Yunis. Grande émotion quand un homme d'une trentaine d'années, vêtu d'une chemise à carreaux, le visage osseux, étonnamment pâle, prend la parole. Il parle, haletant, de la mort de son fils. Fréquemment, il s'interrompt pour se passer la paume de la main sur le visage, de haut en bas, comme pour chasser une vision insoutenable. Nous pensons à cette propagande odieuse qui répand l'idée que les parents palestiniens enverraient leurs enfants au martyre pour émouvoir l'opinion internationale.
18 heures. Rencontre avec le maire de Khan Yunis. Ici, 98 % de la population sont au-dessous du seuil de pauvreté. Depuis le début de la deuxième Intifada, neuf cents maisons ont été détruites, à Khan Yunis, la ville de tous les désastres.
20 heures. Rencontre et dîner au Centre palestinien des droits de l'homme, à Gaza-ville. Il y a là, vieux monsieur d'une exquise élégance, Haidar Abdel Shafi. C'est lui qui a conduit la délégation palestinienne à la conférence de Madrid, en 1991, pour le premier vrai face-à-face diplomatique avec Israël. D'une phrase, il résume près d'un siècle d'histoire : " Rien de ce qui s'est fait depuis 1922 n'a été fait par la loi. Tout a été fait par la force. " L'autre personnalité marquante de cette rencontre nocturne est Raji Sourani, directeur du centre qui nous accueille. Il dénonce la conspiration du silence, plaide avec ferveur pour une force de protection internationale. Il juge sans indulgence une diplomatie française et européenne impuissante. L'homme a des gestes vifs et un style direct qui tranchent avec la tradition oratoire arabe. Il sait répondre par oui ou par non. Il s'irrite quand on lui demande ce qu'il attend de l'Europe : " Tout le monde le sait, mais ils ne font rien. " La réunion est l'occasion pour Bové, Amara, et Évelyne Sire-Marin, de développer leur analyse. " Rien ne se fera sans la pression de la société civile. C'est pourquoi nous sommes là ", martèle Amara. Évelyne Sire-Marin développe, comme de juste, ses thèmes juridiques : la convention de Genève qui fait obligation de protéger les populations civiles et que bafoue Israël ; les poursuites, désormais possibles, contre Sharon pour crimes contre l'humanité, lui qui s'est rendu au minimum complice des massacres de Sabra et Chatila, en septembre 1982. José Bové présente à nos interlocuteurs un corps d'analyse dans lequel il resitue le conflit dans la bataille contre la globalisation. Essayons de résumer son propos en quelques mots. Il propose aux responsables palestiniens de s'inscrire dans ce combat, évoque le prochain contre-sommet de Gènes (où se tiendra le G8), à partir du 15 juillet. Ce serait pour eux rompre un certain isolement. Et donner à leur combat historique une nouvelle dimension. Puisqu'au fond, c'est aussi comme une sentinelle avancée de la globalisation libérale qu'Israël mène sa guerre coloniale contre les Palestiniens. Raji Sourani applaudit. L'analyse est solidement charpentée. La discussion ne fait que commencer.
Mercredi 20 juin
Après une rencontre avec les partis politiques (Hamas et Djihad compris), festival de langue de bois, et une autre avec plusieurs organisations des droits de l'homme, départ vers Gaza-ville, puis remontée dans la région de Bethléem où nous devons prendre part à une manifestation. Maher est de nouveau au volant.
15 heures. Arrivée dans le village d'El-Khader où nous sommes attendus par le comité des habitants du village, et quelques dizaines de pacifistes israéliens, dont évidemment Michel Warchavski. Il s'agit de manifester contre une nouvelle expropriation. Au bout du village, les militaires ont érigé une butte de terre qui n'est pas infranchissable mais qui peut se révéler un redoutable piège en cas d'affrontement. Les manifestants, en majorité israéliens, et la délégation française, prennent position face aux soldats israéliens eux-mêmes adossés à un nombre impressionnant de Jeep caparaçonnées. Parmi les Israéliens, une majorité de très jeunes filles dont beaucoup ont l'accent américain. Deux jours après notre rencontre abrupte avec les colons, eux aussi souvent d'origine américaine, on se dit que ce pays, décidément, peut donner le meilleur et le pire. Au sommet de la butte, les jeunes Palestiniens brandissent des drapeaux et des emblèmes aux couleurs de leur pays. Les jeunes Israéliens arborent des pancartes exigeant le départ des colons : " No more apartheid. Settlers out " (" Arrêt de l'apartheid, colons dehors "). Un paysan palestinien, assis sur le côté, songe à ses terres perdues : Aïssa Salah a 57 ans, sa famille cultive ce sol depuis trois cents ans. " Ce sont mes meilleures terres qu'on vient de me prendre. "
Après un long face-à-face, le climat se tend soudain. Bousculade : Michel Warchavski est emmené sans ménagement dans un fourgon de police. Une heure plus tard, un porte-voix nous met en demeure de quitter les lieux sous dix minutes. Coups de crosse dans les jambes des manifestants des premières lignes. Charge. Grenades lacrymogènes. Du haut de la butte, les gamins palestiniens lancent une pluie de cailloux sur les soldats. Non sans que quelques-uns se fassent sévèrement rappeler à l'ordre par le père. Le papa palestinien ne dédaigne pas de recourir à la bonne vieille méthode des taloches. Quand il en va de la vie de son gamin. Dans la tourmente, on voit à peine que Bové, Amara et Eyraud et plusieurs militants israéliens sont coffrés. On n'aura évidemment pas empêché ce nouvel acte de colonisation. Mais au moins celui-ci se sera fait devant les caméras de télévision, au vus et au sus de tous.
20 heures. Soirée au camp de réfugiés tout proche de Dheisheh. C'est ici que prendra fin notre récit. C'est ici que nous avons peut-être ressenti la plus forte émotion. Deisheh est l'un des 59 camps palestiniens du Proche-Orient ; il abrite quelque onze mille personnes. Mais c'est aussi un lieu de culture et de mémoire. Les murs de la cafétéria relatent en photographies l'histoire tragique de ce peuple. On y voit notamment la porte de Damas à Jérusalem, en 1922, le camp libanais de Nahr Al-Bered, en 1948 - immense camp de toile qui évoque immanquablement les Indiens d'Amérique -, Dheisheh en 1950 et tant d'autres. Mais surtout, on prépare l'avenir. Un jardin d'enfants, une bibliothèque, deux centres informatiques, un projet d'histoire orale, une troupe de danse, des échanges culturels internationaux : ce lieu perclus de toutes les douleurs de l'histoire, est aussi un lieu d'espoir. Grâce à des hommes exceptionnels comme cet Abu Khalil, quatorze ans dans les geôles israéliennes, qui, le soir venu, prononcera devant nous un discours d'une force exceptionnelle, illuminé par un sourire de gamin enthousiaste. Dois-je avouer (pardon, Marwan !) que j'ai rapidement cessé d'écouter la traduction pour me concentrer sur la beauté de cette langue arabe, à la fois douce et rugueuse, que j'avais l'impression de comprendre. La soirée a libéré des torrents d'émotion. En des termes très émouvants, Fatiha Damiche a dit les raisons de son engagement. Larme à l'oeil pour tout le monde. Entre temps, Bové, Amara et Eyraud avaient été relâchés. La soirée serait belle.
[Pour une force de protection - La délégation française qui s'est rendue en Palestine du 16 au 23 juin n'était pas une délégation comme les autres. Foin des rendez-vous protocolaires et des équilibres diplomatiques. Il suffit d'en voir la composition pour comprendre qu'il s'agissait d'exporter les méthodes du nouveau mouvement social qui ont fait leurs preuves chez nous. Partant du constat que les États occidentaux sont trop soumis au maître américain - la France notamment - pour oser dire haut et clair qu'il faut dans l'urgence une force de protection des populations palestiniennes, Jean-Claude Amara et Annie Pourre (Droits devant), Jean-Baptiste Eyraud (Droit au logement) et José Bové (Confédération paysanne) ont mis sur pied une mission non seulement destinée à témoigner mais aussi à apporter aux Palestiniens, grands oubliés de l'histoire, un soutien actif. L'idée est simple : si les États ne font pas leur devoir, il incombe aux représentants de la société civile de le faire. Associée à Marcel-Francis Kahn (Collectif des citoyens français d'origine arabe ou juive), à Évelyne Sire-Marin (présidente du Syndicat de la magistrature), à Fatiha Darmiche (Mouvement de l'immigration et des banlieues), à Malika Zediri (Association pour l'emploi l'information et la solidarité), à Lana Sadek (Association des Palestiniens de France), la délégation était accompagnée de journalistes engagés. C'est à ce titre que Politis était du voyage. Action et témoignage étant ici indissociablement liés (1). Évidemment, nous tiendrons nos lecteurs informés des prochaines initiatives.



(1) Il faut aussi citer nos amis Richard Sovied (Télé bocal), Samir Abdallah et José Reynes (cinéastes), Rouba Sarkis (photographe et traductrice toujours dévouée), Adila Bennedjaï-Zou (Indymédias) et, bien sûr, Joss Dray, qui signe les photos du présent reportage.
N.B. : Pour tous ceux qui veulent en savoir (bien) plus, conseillons une nouvelle fois la lecture du livre de Marwan Bishara, Palestine-Israël : la paix ou l'apartheid, La Découverte, 124 p., 42 F.]
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Politis, jeudi 28 juin 2001

 

 

 

 

 

 


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