AAARGH
Les Etats-Unis sont-ils coupables de l'holocauste? A première vue, c'est une question absurde et tous les écoliers savent que c'est Hitler qui a commis le plus grand crime de l'histoire et que les Etats-Unis ont versé leur sang et leur fortune pour le vaincre dans une guerre à mort. Et cependant, on voit surgir des procès dans lesquelles les entreprises américaines et le gouvernement américain lui-même sont accusés également. Des livres portant les mêmes accusations voient le jour et l'un d'entre eux a même eu des ventes astronomiques.
L'affaire la plus récente, enregistrée par un tribunal d'instance de Washington le mois dernier, exige que le gouvernement américain versent quarante milliards de dollars de dommages-intérêts pour n'avoir pas bombardé les rails conduisant au camp d'Auschwitz, ce qui aurait coûté la vie à un nombre de juifs inconnu. Cette plainte n'est que la dernière d'une série dirigée contre un nombre non négligeable d'entreprises américaines, dont des géants comme la Général Motors ou la banque Chase Manhattan qui auraient contribué à l'olocoste ou en auraient tiré des bénéfices.
Est-ce la justice en marche, ou bien quelque chose de beaucoup moins admirable?
Il est, bien sûr, indiscutable que les représentants allemands de certaines entreprises américaines ont participé à l'effort de guerre nazi et que les bénéfices sont allés dans les caisses des sociétés-mères jusqu'à l'entrée des Etats-Unis dans la guerre. Plus grave encore, certainses filiales ont employé des travailleurs forcés dont beaucoup sont aujourd'hui des vieillards qui vivent dans le dénuement, en Europe de l'Est, sans avoir jamais reçu de récompense [sic].
C'est pour mettre fin à cette injustice que l'année dernière, l'Allemagne, afin de mettre un terme à dix ans de négociations à la fois avec le gouvernement américain et les représentants des victimes des nazis [nda traduisez les organisations juives, il n'y a que les juifs à avoir souffert du nazisme, chacun sait cela], a accepté de créer un fonds de cinq milliards de dollars pour indemniser les travailleurs forcés; en échange, les entreprises allemandes (y compris les filiales de sociétés américaines) recevraient la garantie de l'extinction de l'action judiciaire contre elles.
Cet accord comporte des défauts graves mais il est très supérieur à ce qui se passe actuellement devant les tribunaux américains. Récemment, une affaire de tentative d'extorsion de fonds particulièrement révélatrice sur ce point est intervenue: l'avocat Michael Hausfeld a essayé en février de réclamer d'énormes sommes à IBM devant les tribunaux puis a retiré sa plainte après des pressions du ministère de l'intérieur des Etats-Unis, qui considérait que cette affaire mettait en danger l'accord sur le travail forcé conclu avec l'Allemagne.
Au cours des dernières années, le cabinet de M. Hausfeld situé à Washington, s'est spécialisé dans les procès collectifs intentés "au nom" d'actionnaires de grandes entreprises comme Amazon et MCI, accusées d'avoir violées la loi. En cas de succès, ces actions rapportent des clopinettes aux actiuonnaires et des honoraires royaux à Hausfeld et à ses associés. Les affaires autour de lolocoste constituent un autre filon très lucratif, avec le même type de répartition des bénéfices entre les "clients" et l'acovat. M. hausfeld a beau se draper dans le manteau d'une cause noble, ses méthodes habituelles sont les campagnes de contre-publicité dirigées contre les entreprises qu'il vise pour essayer de les contraindre à des accords financiers.
Dans l'affaire d'IBM, l'introduction de l'action judiciaire a coïncidé avec la campagne de promotion d'un nouveau livre provocant d'Edwin Black, IBM et l'Holocoste, d'où les "faits" sur lesquels s'appuyait l'assignation étaient directement tirés. On y relève notamment l'affirmation que les directeurs généraux d'IBM "ont participé consciemment à la perprétation de crimes contre l'humanité".
La campagne de dénigrement d'IBM a été considérablement stimulée par une conférence de presse autour de M. Black convoquée dans les locaux de la Ligue contre la diffamation qui, en même temps, a publié un communiqué annonçant "que des documents scandaleux" montraient "qu'IBM avait joué un rôle important dans la mise en oeuvre de l'extermination des juifs européens par Hitler".
Mais ces documents n'existent pas: comme beaucoup d'autres entreprises américaines et alliées, IBM a impudemment continué à faire des affaires avec l'Allemagne nazie. Mais les indices prouvant que les machines IBM auraient joué un rôle quelconque dans la déportation et l'assassinat des juifs sont très rares, de même que ceux qui prouveraient que les directeurs américains d'IBM auraient délibérément mis leurs machines sur le marché dans un but de génocide.
M. Black lui-même, qui accuse IBM dans son livre "d'avoir fait du programme d'extermination des juifs de Hitler une mission technique que la société a mené avec un succès terrifiant", a dû revenir précipitamment sur ces affirmations: lorsqu'on lui a demandé en direct, à la télévision, s'il existait réellement des documents inculpant des dirigeants présents ou passés d'IBM, M. Black n'a pu que répondre en bégayant: "Eh bien, je, personne ne dit ça. Ce que nous disons Absolument personne ne dit ça"
Quant à M. Hausfeld, d'après l'Associated Press, trois jours après l'introduction de l'action, il a dû admettre "qu'il n'avait pas de documents prouvant que des employés américains d'IBM savaient que leurs machines servaient à exterminer les victimes de l'Holocoste". Quelques semaines après, il cherchait à se dégager d'une affaire qui menaçait de se retourner contre lui en affirmant que ses motifs n'étaient en rien financiers: "Nous ne faisons que demander des documents", a-t-il dit à un journaliste.
Mais la plainte portée par M. Hausfeld prouve le contraire: elle énonce une demande de "restitution de tous les bénéfices" tirés par IBM de son rôle actif dans l'Holocoste"; les "frais" et les "honoraires d'avocats" devaient être déduits de cette restitution.
Il y a juste deux ans, le président de la Ligue contre la diffamation, Abraham Foxman, déclarait dans cette revue "qu'il n'y avait pas de place pour les chasseurs d'ambulance dans l'entreprise sacrée et sérieuse" de constitution du souvenir de l'Holocoste. Il est de plus en plus indiscutable que les agressions les plus sérieuses contre le souvenir, aujourd'hui, ne viennent pas des négateurs de l'Holocoste ni de David Irving, Norman Finkelstein et compagnie -- qui sont de toute évidence des dingues qui croient que le simple fait de réclamer des dommages intérêts pour l'Holocoste relève d'un complot sioniste -- mais des chasseurs d'ambulance littéraires et juridiques, qui font un énorme bénéfice en détournant les responsabilités dans l'assassinat de millions d'hommes des véritables coupables.
Mise sur l'aaargh: 10 mai 2001
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