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janvier 2001|
- New York
Times,
Révision
à Auschwitz: les spécialistes polonais ont compilé
la version laissée par les victimes et les bourreaux
- Ralph
Blumenthal
- Fouillé
par les rescapés de lolocoste et les spécialistes,
Auschwitz vient de livrer un peu plus de secrets.
-
- En Pologne,
les chercheurs, qui ont exploité les documents allemands
devenus disponibles dans les archives russes, et après
cinquante ans de travail, ont compilé ce que les spécialistes
appellent l'histoire la plus complète et la plus sérieuse
du vaste ensemble criminel destiné par les nazis à
l'extermination des juifs.
- Sous le titre
Auschwitz 1940-1945, l'édition anglaise qui vient
de sortir consiste en un ensemble de cinq volumes, pour un total
de plus de cinq cent mille mots, que le musée national
d'Auschwitz-Birkenau préparait depuis 1979. Bourrée
de noms d'assassins et de victimes, elle a 1799 pages et contient
des plans de chambres à gaz et de fours crématoires,
des listes de prisonniers, des récits de témoins
oculaires, de rares photographies, une chronologie presque quotidienne
et une bibliographie de quarante-neuf pages. [Note de l'AAARGH: il serait intéressant
également de savoir combien pèse l'ensemble, en
kilos et en livres. Le poids d'un ouvrage est quand même
pour beaucoup dans sa valeur, il n'y a pas que le nombre de mots
ou de pages qui compte, chacun sait cela !]
- Lorsque les
troupes soviétiques libérèrent Auschwitz
et ses camps annexes, il y a eu cinquante-six ans hier, le livre
estime qu'un million trois cent mille personnes y avaient été
amenées et qu'au moins un million cent, dont neuf cent
soixante mille juifs, y étaient mortes. Mais comme les
gardiens, avant de fuir, ont brûlé des millions
de documents -- tout en abandonnant, pour se disculper, ceux
de l'Institut dit d'hygiène et l'infirmerie-- on ne connaîtra
jamais le nombre exact.
- "C'est
de loin l'étude la plus complète à la fois
dans les détails et le niveau de sources utilisé",
dit le rabbin Irving Greenberg, président du musée
de lolocoste des Etats-Unis [Note de l'AAARGH: ce rabbin est une autorité
bien connue dans le monde des archives et de la science historique.]. L'histoire d'Auschwitz,
grâce aux listes de victimes et à d'autres types
de documentation sur le camp récemment récupéré
en Russie, offre de nouveaux décomptes des morts, dont
celui de deux cent trente-deux mille déportés de
moins de dix-huit ans. Elle esquisse le portrait des huit mille
SS, ou presque, des deux sexes qui faisaient marcher le camp
et qui, dit le livre, ont dans une large mesure échappé
à la justice après la guerre. Elle énumère
aussi les biens pris aux prisonniers: les dents en or et les
cheveux par trains entiers et des cortèges de landaus
qui "étaient poussés par rangée de
cinq, et il fallait plus d'une heure à la procession pour
s'écouler", rappelle un ancien prisonnier.
- Mais il y a
aussi plus de quatre cents pages consacrées au mouvement
de résistance du camp, très souvent oublié:
les opérations des cellules polonaises clandestines; une
révolte du 7 octobre 1944 qui finit mal et où quatre
cent cinquante et un prisonniers périrent; et huit cent
trois évadés qui contribuèrent à
faire connaître les massacres à un monde souvent
indifférent.
- Le livre contient
aussi des récits relevés en secret par des prisonniers
condamnés anonymes, affectés aux exécutions
concrètes, qui ont enfoui leurs testaments sur tout le
territoire d'Auschwitz. Tout cela recoupe souvent les mémoires
des nazis et les témoignages des séries de procès,
dont celui de Rudolf Hoess, le commandant du camp, qui fut pendu
en 1947.
- Après
la guerre, pendant de nombreuses années, les autorités
polonaises commmunistes ont dissimulé le sort tout à
fait particulier des victimes juives, dit une des conservatrices
du musée, Teresa Swiebocka. Depuis la chute du communisme,
les spécialistes disent que les distortions ont été
éliminées comme ce livre en témoigne.
- Après
la parution du livre en Polonais en 1995 et en allemand en 1998,
une version augmentée a été traduite en
anglais par un éducateur et réalisateur de cinéma
américain, William Brand, et financée par Warren
K. Miller, ancien procureur fédéral avocat à
Washington.Depuis 1992, M. Miller est membre de la Commission
des Etats-Unis pour la protection du patrimoine américain
à l'étranger dont la mission est d'aider à
l'entretien de sites européens qui présentent un
intérêt historique ou culturel pour les Américains
[Note de
l'AAARGH: par exemple, ils restaurent tous les lieux où
les Noirs américains ont pu se mêler normalement
aux Blancs, notamment en France, à l'époque de
l'apartheid américain; un accent particulier est mis sur
les lieux où ont vécu Joséphine Baker, Angela
Davis et tous les musiciens de jazz.]. Le livre est vendu soixante dollars
au musée d'Auschwitz.
- La compilation
du livre a été un travail ardu, d'après
Mme Swiebocka, qui a aidé à mettre la version anglaise
au point. Les chercheurs ont utilisé des archives du musée
remontant à 1947, un fonds sinistre qui comprend plus
de soixante-dix mille certificats de décès, des
registres de punitions, les CV de plus de cinq cents SS, six
mille dessins de prisonniers et quarante mille photos de prisonniers,
presque tous noon-juifs, pris par les Allemands avant qu'ils
renoncent à cette habitude.
- Et cependant,
d'après Mme Swiebocka, malgré tout ce nouveau travail
de recherche, certaines questions épineuses sont restées
sans réponse.
- Le livre décrit
Auschwitz depuis sa désignation le 235 janvier 1940; c'était
alors un camp de l'artillerie polonaise situé à
Oswiencim, dans le district de Katowice, sur un site isolé
au confluent de la Sola et de la Vistule; il était desservi
par un bon réseau ferroviaire. Le 14 juin, le premier
convoi, en provenance de Tazrnow, amena sept cent vingt-huit
prisonniers polonais, poour la plupart des étudiants,
des lycéens et des soldats. Le 5 juillet eut lieu la première
évasion; lorsqu'elle fut découverte, tous les prisonniers
furent contraints de rester debout au garde-à-vous pendant
vingt heures. Beaucoup furent battus et fouettés et l'un
d'eux, Dawyd Wongczewski, un juif, mourut, la première
victime d'Auschwitz, d'après le livre.
- Les premiers
prisonniers furent affectés à l'agrandissement
du camp et à la construction du premier four crématoire.
Les fours, alimentés au coke, avec une capacité
initiale de cent cadavres minimum par jour, furent fournis par
la société Topf et Sohne d'Erfurt, et l'incinération
des cadavres commença le 15 août 1940. Himmler,
chef de la SS, visita le camp le 1er mars 1941 et décida
une expansion d'envergure qui engloberait la campagne alentour
dans un second camp nommé Birkenau, des camps annexes
et des usines d'IG Farben, de Bayer et d'autres géants
industriels, où le travail serait forcé. Höss
rapporte que, peu après, Himmlmer lui dit que le Führer
avait ordonné la solution finale de la question juive.
- On estime que
cent cinquante mille Polonais environ ont été déportés
pendant la guerre et que la moitié sont morts. A partir
de 1941, les prisonniers de guerre soviétiques furent
envoyés à Auschwitz, où quinze mille au
moins sont morts, beaucoup dans les premiers essais de chambres
à gaz alimentées en Zyklon B.
- Le premier
convoi de juifs arriva de Bytom (Pologne), le 5 février
1942. A la fin de l'année, il y avait désormais
plus de juifs que de Polonais à Auschwitz et par la suite,
le camp se transforma en centre d'extermination des juifs, bien
qu'on estime à vingt-trois mille les Tsiganes et peut-être
quinze mille les autres prisonniers déportés qui
y furent tués également.
- Bien que les
calculs faits à la libération aient suggéré,
en se fondant notamment sur la capacité des fours crématoires,
que quatre millions de personnes étaient mortes à
Auschwitz, la plupart des spécialistes se sont, depuis,
mis d'accord sur un nombre compris entre un million et un million
et demi.
- L'étude
analyse aussi, à partir des dossiers personnels de 6.335
personnes employées à Auschwitz, la constitution
variable de la garnison SS, dont l'âge moyen était
de 36,1 ans et le degré d'instruction relativement bas,
soixante-dix pour cent environ n'ayant pas dépassé
l'école primaire [Note de l'AAARGH: pour être gardien de
prison, on n'a pas réellement besoin de plus ! C'est le
type même d'études absolument inutile menée
uniquement pour donner une apparence "scientifique"
à ce qui n'est qu'un condensé d'extrapolation et
de témoignages circulaires]. Dans toute l'histoire d'Auschwitz,
dit l'étude, il y a eu quelques cas de SS refusant d'exécuter
les ordres et il n'y a pas un seul cas de gardien puni pour avoir
refusé de participer à un massacre. [Note de l'AAARGH: il
n'y a pas non plus un seul ordre de massacre mais c'est vrai
que ces ordres devaient se trouvzer dans les millions de documents
détruits par les SS en fuite.] Justice n'a pas été faite,
conclut Aleksander Lasik, sociologue polonais: 789 membres du
personnel seulement ont été traduits en justice
et "un pourcentage plus infime encore a accompli sa peine
en totalité".
- New York
Times,
28 janvier 2001
Auschwitz
Revisited: Polish Scholars Compile Version
Left by Victims and Killers Alike
- By
Ralph Blumenthal
-
- Prodded
by Holocaust survivors and scholars, Auschwitz has been giving
up more of its last infernal secrets.
- Drawing on
captured German documents newly available from Russian archives
and more than a half-century of Auschwitz studies, researchers
in Poland have compiled what experts call the most complete and
authoritative history of the vast killing center for the Nazi
extermination of the Jews.
- Called simply
"Auschwitz 1940- 1945" and just issued in English,
it is a five-volume work of more than half a million words that
has been under preparation by Auschwitz-Birkenau State Museum
since 1979. Replete with names of killers and victims, it fills
1,799 pages, including construction plans for the gas chambers
and crematories, prisoner lists, first-hand accounts, rare photographs,
an almost day-by-day calendar and a 49-page bibliography.
- By the time
Soviet troops liberated Auschwitz and its subcamps 56 years ago
yesterday, an estimated 1.3 million people had been shipped there
and at least 1.1 million, including 960,000 Jews, had died there,
the history establishes. Because fleeing guards burned millions
of documents -- while leaving behind others from the so-called
Hygiene Institute and infirmary as exculpatory ploys -- the exact
toll will never be known.
- "It is
by far the most comprehensive in its detail and level of source
material," said Rabbi Irving Greenberg, chairman of the
United States Holocaust Memorial Museum, which will be selling
the work.
- Using lists
of victims and other camp documentation recently retrieved from
Russia, the Auschwitz history offers new computations of the
death toll, including the fate of 232,000 deportees under 18.
It profiles many of the nearly 8,000 SS men and women who ran
the camp and who, the book says, largely escaped justice after
World War II. It tallies property plundered from the prisoners:
gold teeth and hair by the trainload and convoys of empty baby
carriages that, one former prisoner recalled, "were pushed
in rows of five, and the procession took more than an hour to
pass."
- But the study
also devotes nearly 400 pages alone to the often-overlooked camp
resistance movement: the operations of Polish underground cells;
an ill-fated mutiny on Oct. 7, 1944, in which 451 prisoners died;
and 802 escapes that helped smuggle out news of the killings
to an often uninterested world.
- The history
includes accounts secretly recorded by anonymous doomed prisoners
assigned to execution details who buried their testaments like
time capsules around the Auschwitz grounds. It also cross-references
Nazi memoirs and testimony from a welter of war crimes proceedings,
including the trial of the camp's commandant, Rudolf Höss,
who was hanged in 1947.
- For many years
after the war, said Teresa Swiebocka, a curator at the museum,
the Polish Communist authorities played down the singular victimization
of the Jews. Since the fall of Communism, scholars say, the distortions
have been redressed, as the book reflects. Eli Rosenbaum, director
of the Justice Department's Nazi-hunting Office of Special Investigations,
called the history "clearly a landmark work and a major
contribution to scholarship." He said his office has consulted
it on people suspected of being Nazi guards who might have taken
refuge in the United States and who could be stripped of their
American citizenship and deported.
- After the history
appeared in Polish in 1995 and in German in 1999, an expanded
version was translated into English by an American educator and
filmmaker, William Brand, and paid for by Warren L. Miller, a
former federal prosecutor and trial lawyer in Washington. Mr.
Miller has served since 1992 on the United States Commission
for the Preservation of America's Heritage Abroad, which helps
maintain European sites of historic and cultural interest to
Americans. The history costs $60 at the Auschwitz-Birkenau museum.
- Compiling the
history was an arduous job, said Ms. Swiebocka, who helped prepare
the English version. Researchers drew on museum archives going
back to 1947, a grim trove that now includes more than 70,000
death certificates, punishment annals, résumés
of more than 500 SS members, 6,000 drawings by prisoners and
40,000 photographs of mostly non-Jewish prisoners taken by the
Germans before they abandoned the practice.
- Yet despite
all the new research, Ms. Swiebocka said, some critical questions
remain unanswered: particularly the number of victims.
- The history
traces Auschwitz from its designation on Jan. 25, 1940, at the
site of a Polish artillery barracks in the Katowice district
at Oswiecim (pronounced ohsh-VYEN-cheem), a remote location at
the fork of the Sola and Vistula rivers served by good rail connections.
On June 14, the first transport, from Tarnow, brought 728 Polish
prisoners, mostly high school and university students and soldiers.
- On July 6,
a Polish prisoner became the first escapee. When his absence
was discovered, all prisoners were forced to stand at roll call
for 20 hours. Many were beaten and flogged and one, Dawid Wong-
czewski, a Jew, became the first to die at Auschwitz, according
to the history.
- The first prisoners
were put to work expanding the camp and building the first crematory.
The coke- fired ovens, with an initial capacity of at least 100
bodies a day, were supplied by J. A. Topf & Söhne of
Erfurt, Germany, and the burning of corpses began on Aug. 15,
1940. Heinrich Himmler, commander of Hitler's SS, visited the
camp on March 1, 1941, and decreed a vast expansion that would
clear the surrounding countryside for a second large camp called
Birkenau, subcamps and factories of I. G. Farben, Bayer and other
industrial giants, to be staffed by forced labor.
- Shortly afterward,
Höss later recalled, Himmler told him, "the Führer
has ordered the final solution of the Jewish question."
- Until 1942,
Poles made up the largest group of prisoners, the history recounts.
An estimated 150,000 were deported there throughout the war and
about 75,000 died. Starting in 1941, Soviet prisoners of war
were sent to Auschwitz, where at least 15,000 of them died, many
in the first trials of the gas chamber using pellets of Zyklon
B.
- The first transport
of Jews arrived from Bytom, Poland, on Feb. 15, 1942. By the
end of 1942, there were more Jews than Poles in Auschwitz, and
thereafter the camp became primarily an extermination center
for Jews, although most of the estimated 23,000 Gypsies and perhaps
15,000 other prisoners deported there also were killed.
- Although calculations
after liberation suggested that four million people may have
died at Auschwitz, based in part on the capacity of the crematories,
most scholars have since settled on a toll of 1 million to 1.5
million.
- From personnel
records of 6,335 of the men and women who served at Auschwitz,
the study also analyzes the varied makeup of the SS garrison,
putting the average age at 36.1 years and the educational level
as relatively low, with about 70 percent not having gone beyond
grade school. In the whole history of Auschwitz, it said, there
were few instances of SS members refusing to carry out orders
and no documented instance of any guard being punished for refusing
to carry out mass murder.
- Justice was
substantially cheated, a chapter by a Polish sociologist, Aleksander
Lasik, concludes. No more than 789 members of the staff were
ever tried and, he wrote, "a smaller percentage were convicted
and a still smaller percentage served their sentences in full."
- New York
Times,
January 28, 2001
- http://www.nytimes.com/2001/01/28/world/28AUSC.html
L'adresse électronique
de ce document est: http://aaargh-international.org/fran/actu/actu001/doc2001/nyt010128.html
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