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Taguieff allumeur d'incendie - Analyse du discours de la gauche nationale sur la "nouvelle judéophobie" et la "palestinophilie" ou la logique destructrice de la réversibilité mimétique

par Vincent Mespoulet


 

 

[Vincent Mespoulet est de France-Israël-Palestine (EduFIP).]


"Et il est politique d'ôter à la haine son éternité." Plutarque, Vie de Solon


Essai ou pamphlet ? Le dernier livre de Pierre-André Taguieff (1) oscille dangereusement entre les deux genres. Trop polémique et caricatural pour être un essai, trop bavard et rempli de notes en bas de pages (l'appareil critique ne compte pas moins de 400 renvois et ce paratexte souvent calomnieux occupe le tiers de l'ouvrage) pour être un pamphlet incisif. La vertu d'un pamphlet, son côté " coup de gueule " tient autant à la légitimité de la dénonciation qu'à la sincérité de l'indignation et à la concision de la formule, trois qualités permettant au lecteur d'accepter ou de supporter une certaine dose de mauvaise foi ou de raccourcis approximatifs. Dans cet ouvrage, rien de tel : ce ne peut être un pamphlet puisque le pamphlet n'est pas assumé. Pour se donner de l'honorabilité et de l'autorité, le livre se fait passer pour ce qu'il n'est pas : une démonstration argumentée ; comme si, la posture du pamphlétaire étant mal adaptée à lui, Pierre-André Taguieff avait cherché à se rassurer en l'enrobant de la stature imposante du chercheur reconnu. A trop vouloir prouver, il passe à côté de son sujet.

Pourtant, en fabriquant un de ces néologismes dont il est si friand, Pierre-André Taguieff tenait une vraie problématique. Après tout, la " nouvelle judéophobie " correspond bien à un fait incontestable : la multiplication d'actes racistes à l'encontre de la communauté juive en France est indéniable, même si l'on manque encore d'études probantes pour l'analyser correctement. Mais, au lieu de mener une enquête serrée sur le phénomène en restant circonscrit sur lui-même, Pierre-André Taguieff a choisi la voie de l'amalgame : il plaque a priori ses vieux ressentiments et ses schémas d'analyse un peu datés à l'encontre de la gauche radicale, véritable cible de l'ouvrage : il ne lui suffit plus de s'en prendre à l'ultra-gauche des années 80, supposée un peu vite avoir plongée en bloc dans l'antisémitisme via l'antisionisme et l'antiaméricanisme (2) ; il en vient à s'attaquer à toutes les formes d'organisations de la gauche alternative luttant contre la mondialisation néo-libérale, considérées comme un tout cohérent et supposées véhiculer et alimenter cette nouvelle judéophobie. Pour Pierre-André Taguieff, José Bové, malmené au même titre qu'Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde Diplomatique ou Daniel Bensaïd, incarne ce qu'il appelle " l'antisionisme absolu " regroupant selon sa terminologie les " néo-gauchistes " qu'il pense être les promoteurs de la destruction de l'Etat d'Israël. Le pêché mortel de José Bové autorisant sa stigmatisation par Pierre-André Taguieff ? Avoir participé à la première mission de protection civile européenne dans les Territoires Occupés durant l'été 2001 (3) ... Cela suffit à en faire un thuriféraire de l'antisémitisme nouvelle manière, même si Pierre-André Taguieff serait bien en peine de trouver la moindre déclaration judéophobe chez ce syndicaliste ou la moindre profession de foi " antisioniste ". La plus grande faiblesse de l'ouvrage réside dans l'impossibilité d'étayer ces accusations multiples par un corpus cohérent de textes ou de déclarations de responsables politiques, syndicaux ou associatifs français qui se déclareraient " antisionistes " et prôneraient la destruction de l'Etat d'Israël. A partir de là, les arguments se transforment en anathèmes désordonnés et incohérents. Pour faire fonctionner sa thèse, Pierre-André Taguieff est en effet obligé d'utiliser ce qu'il peut y avoir de pire dans la démarche d'un chercheur : le procédé de&nbsp reconstruction : " je souligne qu'il ne s'agit pas là d'une citation mais d'une reconstruction, par mes soins, d'un raisonnement ordinaire qui n'apparaît pas toujours sous cette forme développée et explicite " (4), et le procédé de schématisation : " cette schématisation d'une argumentation fondée sur un enchaînement d'amalgames ne se réalise pas telle quelle dans les discours ordinaires , où n'apparaissent que certains des termes mis en équivalence" (5). Autrement dit, Pierre-André Taguieff, dans l'incapacité d'alimenter en citations véritables son argumentation quand il s'agit de stigmatiser la gauche radicale, fabrique donc un corpus judéophobe pour dénoncer la nouvelle judéophobie... Dans la même veine, l'assimilation de la " judéophobie " à " l'islamophilie " supposée des organisations " néo-gauchistes " qui verraient dans le Musulman opprimé le Prolétaire du XXIème siècle, passe par l'amalgame avec le négationnisme avéré d'un Garaudy (sans cesse cité en référence dans le livre, comme s'il était le maître-à-penser de la gauche alternative !) ou carrément avec le terrorisme (il est rappelé par exemple à plusieurs reprises dans le livre que ... Carlos s'est converti à l'islam)

De la même façon, tout intellectuel juif et français cherchant à manifester publiquement sa distance avec la politique de l'actuel gouvernement israélien et à marquer que le destin des juifs de la diaspora n'est pas forcément lié au destin des juifs israéliens (6) est suspecté de développer le syndrome de la " haine de soi " (7). Ainsi, en s'enfermant dans un pro-israélisme (8) inconditionnel et en interdisant toute critique de la politique menée par Ariel Sharon, surtout si elle émane d'intellectuels juifs, Pierre-André Taguieff développe un curieux discours communautariste (9), plutôt contradictoire avec son ralliement à la gauche dite " réaliste ", hostile au multiculturalisme, de Jean-Pierre Chevènement dont il fait l'éloge à plusieurs reprises dans son pamphlet (10). Ce qu'il y a de plus frappant, chez cet analyste des failles du discours raciste et antiraciste des années 80, c'est d'être devenu progressivement prisonnier de son propre discours anti-antiraciste. Les deux " anti " finissant par s'annuler, il n'est pas étonnant que dans leur livre sur la " lepénisation des esprits " (11) Pierre Tévanian et Sylvie Tissot s'interrogeaient déjà en 1998 sur le discours de plus en plus ambigu de Pierre-André Taguieff, qui tout en se réclamant de la gauche républicaine et laïque en vient à flirter avec les discours de l'ancienne Nouvelle Droite ou du Grece, lieu matriciel de l'élaboration d'un nationalisme identitaire et sécuritaire, qui a influencé d'abord l'extrême droite, puis la droite, et qui est revendiqué désormais sans complexe dans les rangs mêmes des souverainistes de gauche. Les concepts politiques ont cette incroyable plasticité qui leur permet d'être utilisés à des moments différents par des forces politiques opposées : c'est ainsi que naissent les idéologies de troisième voie ayant la prétention le plus souvent d'effectuer une synthèse nationale, aussi factice qu'artificielle, le nationalisme enrobé de références au gaullisme étant en train de redevenir une valeur d'une partie de la gauche (de la même façon que le régionalisme décentralisateur et la célébration du " pays ", incarné par l'Action Française antijacobine de 1890 à 1930 est devenu la vertu cardinale de la gauche écologiste à partir des années 1970).

En ce qui concerne les références savantes censées appuyer sa thèse, on ne peut être que stupéfait de la façon dont Pierre-André Taguieff distribue les bons et les mauvais points. Les auteurs et spécialistes sont discriminés en fonction de leur " propalestinisme " supposé. Pierre-André Taguieff ne se contente pas de mentionner les livres, il range leurs auteurs dans l'un des deux camps qu'il fabrique artificiellement à coups de suffixes en -phobe et en -phile, de préfixes en pro- et anti-, tout au long de l'ouvrage. Voici un échantillon non exhaustif mais assez représentatif (12): " une approche informée mais trop empathique " pour le livre d'Isabelle Sommier Les nouveaux mouvements contestataires à l'heure de la mondialisation, " l'angélisme " de Catherine Withol de Wenden quand elle analyse la situation des jeunes issus de l'immigration, entre intégration culturelle et exclusion sociale, " l'ouvrage apologétique " de Dominique Vidal sur " le Péché originel d'Israël ", la " mise en perspective historique (orientée dans un sens pro-palestinien) " pour un article de Jean-François Legrain sur " Islamistes et lutte nationale palestinienne dans les territoires occupés par Israël " paru dans la Revue française de science politique ; une " étude (non dénuée d'empathie) " d'Agnès Pavlowsky pour son livre sur le " Hamas ou le miroir des frustrations palestiniennes " ; un " dossier intéressant mais quelque peu irénique de la revue Esprit " sur l'Islam d'Europe. Irénisme, empathie, angélisme, voilà les qualificatifs dont Pierre-André Taguieff crédite les points de vue n'allant pas exactement dans le sens de sa vision manichéenne des phénomènes complexes qu'il prétend analyser.

A l'inverse, les analyses de Gilles Képel et de Michèle Tribalat, qui semblent constituer les deux principaux appuis documentaires et conceptuels de Pierre-André Taguieff dans son ouvrage, sont systématiquement valorisées. Le premier, spécialiste de l'islamisme radical, est connu pour tomber souvent dans le travers du surdimensionnement de son objet de recherche (c'est le classique " effet-loupe " du chercheur qui succombe à l'analyse d'une masse de documents de propagande sans prendre toujours la peine de créer les outils méthodologiques permettant d'en vérifier l'impact réel, limite de toute histoire des idées se cantonnant à l'analyse de discours stéréotypés et repercutés à l'infini au lieu de déterminer les archétypes: " les islamologues ont-ils inventé l'islamisme ? " demandait malicieusement Olivier Roy dans une livraison récente de la revue Esprit (août-septembre 2001). La seconde a défrayé la chronique du landernau démographique en clamant il y a quelques années qu'elle était bloquée dans ses recherches à l'INED à cause du scandale provoqué par  l'intégration dans ses enquêtes de critères ethniques qui lui faisait distinguer " Français de souche " et " Français d'origine étrangère ", expressions immédiatement récupérées et travesties par Jean-Marie Le Pen (les xénophobes de tous bords ont une passion débordante pour la démographie version Tribalat où ils viennent puiser des éléments pseudo-scientifiques de leurs discours qui a besoin de chiffrer l'altérité), puis reprises en coeur dans les médias... Evidemment, la sous-estimation par Michèle Tribalat de la récupération de ses travaux à des fins politiques peu avouables ne semble pas lui poser des problèmes d'éthique. Il est pourtant peut-être élémentaire de se demander simplement si les contre-effets de la catégorisation ethnique des populations n'engendrent pas plus de discriminations qu'elle ne prétend en éliminer, à cause d'une instrumentalisation inévitable des résultats de ce type de travaux scientifiques lorsqu'ils sont déformés par des démagogues populistes (13). Pierre-André Taguieff défend d'ailleurs cette omnipotence du chercheur peu soucieux des rapports ambigus entre ses recherches et leur exploitation politique et médiatique qui fabrique les préjugés. Nous ne sommes plus loin alors de l'expertocratie, de cette supériorité arrogante et élitiste de celui-qui-sait sur les citoyens obscurantistes qui s'aviseraient de résister ou de revendiquer des actions de désobéissance civique : transposé dans le domaine des OGM, cela passe par la pénalisation des " néo-gauchistes " arrachant des plantations en plein air de maïs transgéniques.

L'autre versant référentiel du livre de Pierre-André Taguieff est constitué par les informations tirées de revues communautaires telle L'Arche ou de bulletins tel celui édité par l'Observatoire du monde juif, présidé par Shmuel Trigano (14), qui a vocation à " diffuser une information raisonnée sur les affaires du monde juif " pour contrebalancer " le black out généralisé qui occulte systématiquement l'insécurité spécifique dans laquelle le judaïsme français se voit plongé " (15). Cet Observatoire a été créé au moment du déclenchement de la seconde intifada en automne 2000. Autant cet effort de collecte d'informations sur le développement d'agressions racistes dans des synagogues et des écoles confessionnelles juives est nécessaire pour alerter les pouvoirs publics et les amener à poursuivre énergiquement les auteurs de ces actes, autant il est difficile de lui donner le sens développé par Pierre-André Taguieff dans son livre : quel est le rapport direct ou indirect entre les organisations " néo-gauchistes " et ces agressions antisémites qu'il faut justement prendre très au sérieux en déterminant la part qui revient à des actes isolés (ce qui semble généralement le cas, même si cela ne les excuse en rien) qui se multiplient dangereusement, à des actions concertées de salafistes (impossible à déterminer pour le moment), à des exploitations de la situation de tension communautaire par des groupuscules antisémites d'extrême droite développant depuis très longtemps ces agressions et ces intimidations dans nos universités (GUD, négationnistes...) ? Ne faut-il pas trouver dans cette judéophobie d'attitude et de comportement la résultante de l'ignorance alliée à la bêtise, cocktail détonant du racisme ordinaire qui ne touche malheureusement pas que la communauté juive en France, entretenu par l'inflation d'images télévisuelles ou de raccourcis journalistiques incapables de fabriquer autre chose que de l'émotionnel ? Tout cet aspect de la question est passé sous silence dans l'ouvrage. Aussi nous souscrivons à l'inquiétude de Shmuel Trigano lorsqu'il écrit " L'existence d'un mauvais journalisme finit toujours par déboucher sur une mauvaise démocratie " (16), à condition d'y rajouter " la mauvaise dialectique d'un intellectuel influent finit toujours par déboucher sur un mauvais journalisme " en pensant à l'ouvrage de Pierre-André Taguieff.

Ne convient-il pas plutôt dans ce contexte tendu de poser de façon plus constructive la question de la mission de l'Ecole Publique qui faillit actuellement, dans son incapacité à transmettre, par delà les appartenances communautaires et confessionnelles les valeurs d'une laïcité ouverte, au lieu d'entrer dans un discours simplificateur braquant communauté contre communauté, Juifs contre Arabes, juifs contre musulmans, " israélophiles " contre " palestinophiles ", " beurophobes contre beurophiles " ?

Pierre-André Taguieff n'hésite pas non plus à puiser dans des sources très contestables. Deux exemples suffiront à montrer combien il est important de démonter l'appareil critique de cet ouvrage pour en comprendre les insuffisances et les partis pris. Au détour d'une note (17) est mentionné Israël Magazine publiant un entretien d'Oussama ben Laden avec Peter Arnett, texte en fait très facile à se procurer sur le web. Ce périodique est un vrai torchon francophone d'extrême droite (Pierre-André Taguieff ne le précise pas et en fait ainsi une source ordinaire) édité en Israël et appelant explicitement à la haine contre les Palestiniens. Il y a une tendance récente dans la presse consistant à fabriquer rapidement et à faire circuler du papier à partir de sites ou de mails de désinformation transitant ordinairement sur le web . Israël Magazine, surtitré " Le Mensuel de la presse israélienne en français ", participe à cette nouvelle génération de périodiques que j'appelle la presse copiée-collée (18), qui ne se nourrit que de ce type de sources. Pour se faire une idée exacte du contenu de cette publication, il suffit de lire un éditorial de son directeur, à proximité d'une photo du visage d'Arafat entouré d'une cible : " Qu'est-ce que l'islam et faut-il en avoir peur ? J'avais dit il n'y a pas si longtemps (il est tellement agréable de se citer) que les pierres de Gaza atterriraient un jour sur le parvis de Notre-Dame ; j'avais simplement omis de penser qu'elles pouvaient un jour aussi viser les totems jumeaux gardant le port de Manhattan ou des usines dans la périphérie de Toulouse " (19). Double amalgame entre le terrorisme benladien et l'intifada d'une part, entre l'explosion accidentelle de l'usine AZF à Toulouse et un attentat terroriste islamiste...

Toujours pour accréditer que les jeunes beurs virent à l'islamisme et à l'antisémitisme, Pierre-André Taguieff fait marcher le café du commerce électronique que constituent les forums de discussion, à partir d'un article de Michèle Tribalat paru dans le Figaro (20), démographe qui pense peut-être trouver là un nouveau corpus significatif de la présence dans nos banlieues d'une masse considérable de dangereux terroristes en citant un " jeune candidat au djihad " anonyme (21). Ceux qui connaissent un peu les apories de la communication électronique savent que des propos haineux ou racistes se multiplient d'autant plus facilement qu'ils peuvent être proférés très lâchement, confortablement assis devant un écran d'ordinateur. Même des professeurs de philosophie respectables n'échappent pas à ce travers de considérer l'internet comme un égout tout en l'utilisant, pour corroborer leurs dires, comme un espace-défouloir : en témoigne cette provocation, sous forme d'apologie du meurtre, publiée sur la liste de diffusion " philoliste " par Robert Redeker, auteur d'un compte-rendu élogieux dans Libération du livre de Pierre-André Taguieff (22) : " Moi j'ai souvent envie de tuer des flics, des patrons, des militaires. Je rappelais lors de la fête de l'Huma à Toulouse à un écrivain de la série Le Poulpe que lorsque le chef d'une compagnie de CRS a été tué à Montredon Corbières j'ai, avec mon meilleur ami, aujourd'hui inspecteur dans l'éduc, et toujours mon meilleur ami, et qui était présent sur la voie ferré où se sont passés ces héroïques moments de la lutte des viticulteurs, aux côtés de ces héros, sabré (avec un sabre piqué dans un mess à Tarbes) le champagne. Rien n'est plus partagé que l'envie de tuer des ennemis réels ou fantasmatiques, imaginaires. Les explications socio-économiques du racisme me font rire, elles éludent la radicalité de cette haine-désir de tuer. " (23). Ces débordements langagiers seraient-ils réservés aux agrégés de l'Université et interdits aux " sauvageons fascistes " (24) qui peuplent nos banlieues ?

Dans cet amalgame décousu de références censées corréler la multiplication d'actes antisémites en France, avec d'une part un discours néo-gauchiste judéophobe, d'autre part la surdramatisation provoquée par le terrorisme d'Al Qaida, et enfin le déclenchement de l'intifada à l'automne 2000 interprété par Pierre-André Taguieff comme une islamisation du mouvement nationaliste palestinien, le plus grave est à venir : voici une analyse des points les plus litigieux des trois premiers chapitres, le dernier se terminant dans une profession de foi chevènementiste et une apologie de la tolérance zéro, en dehors de notre propos, sous un chapeau paranoïde : " Silences sur la nouvelle judéophobie : aveuglement, complaisance ou connivence ? "

Le premier chapitre, consacré aux " figures de la judéophobie contemporaine " est construit sur une falsification où il s'agit d'associer gouvernement palestinien et terrorisme islamiste international. Alors que le but de l'ouvrage est de mettre en rapport le déclenchement de la seconde intifada et l'apparition de nouvelles formes de manifestations anti-juives dans le monde entier et particulièrement en France (c'est ce qui est affirmé dès la première phrase du livre), on se serait attendu à trouver là une analyse des faits récents survenus dans le conflit israélo-palestinien, ou du moins une analyse de discours palestiniens participant à cette nouvelle judéophobie. Il n'en est rien. Pierre-André Taguieff pratique l'amalgame en mélangeant et accumulant des extraits longs de divers discours et écrits d'islamistes ou de fondamentalistes dont... aucun n'est palestinien ou en rapport avec l'intifada Al-Aqsa ! Un comptage sommaire suffit à discréditer cette énumération grotesque de citations émanant des quatre coins du monde, pour réduire à l'ennemi unique, LE terroriste islamiste , des hommes et des mouvements forts divers qui sont nés dans des contextes et à des moments différents, dont fort peu ont un rapport avec le conflit israélo-palestinien. Si l'on ne prend que le corps du texte du premier chapitre ; Oussama Ben Laden est cité douze fois très longuement (sur l'ensemble du livre, il est la personne la plus souvent citée), Ali Belhadj quatre fois. Aucun représentant palestinien dans cet inventaire à la Prévert, hormis deux déclarations datant de... 1967, comme si l'évolution géopolitique et idéologique du conflit n'avait pas changé depuis. L'OLP n'est citée que deux fois, pour stigmatiser sa corruption et sa propagande. Ce confusionnisme est entretenu pour effrayer le lecteur, au mépris de toute rigueur historique, géographique et politique. Il faut attendre la page 115, soit la moitié du livre, pour que soit évoqué subrepticement, au détour d'une phrase, la possible " instrumentalisation de la cause palestinienne " par les organisations terroristes de l'islamisme radical...

Le deuxième chapitre est construit sur une négation. Traçant " les chemins de la haine ", il disculpe au passage les responsabilités d'Ariel Sharon dans ses nombreux crimes de guerre et pratiques du terrorisme d'état depuis les années 50. Le massacre de Sabra et Chatila réalisé sous les lumières des fusées éclairantes (25) lancées par Tsahal installée autour du camp par les supplétifs phalangistes chrétiens d'Elie Hobeika, assassiné récemment,? Appelant Claude Lanzmann (26) à la rescousse, auteur de la célèbre réduction négationniste " Ce sont des Arabes qui ont tué d'autres Arabes ", Pierre-André Taguieff parle " d'un fait mal établi et volontairement mésinterprété " (27). Comme si cela ne suffisait pas, il cite aussi Eliane Amado Lévy-Valensi écrivant " quand quelqu'un tue, il peut y avoir des responsabilités partagées , le coupable reste celui qui tue ". On imagine la portée de ce genre d'argument négationniste si on le reportait aux massacres d'enfants juifs par les supplétifs ukrainiens ou lettons des forces nazies pendant la Seconde Guerre Mondiale... (28)

La provocation destructrice d'Ariel Sharon lors de sa venue sur l'Esplanade des mosquées le 28 septembre 2000 ? Elle nous vaut le commentaire suivant avec cette succession de négations: " le " post-hoc n'équivaut pas à un " propter hoc ", la succession factuelle n'est pas ici une relation causale : le seconde Intifada n'a pas été provoquée par la visite de Sharon, celle-ci n'aura été qu'une occasion, saisie par l'Autorité palestinienne pour déclencher une vague de violences spectaculaires qui avait été préparée, organisée et planifiée par ses stratèges " (29).

On s'interrogera longtemps sur la faillite de cette génération de politologues ayant fait du racisme ou de l'islamisme leur objet de recherche qui finissent par utiliser par imprégnation la même rhétorique de propagande des écrits racistes et/ou terroristes dont ils ont étudié les ressorts et les mécanismes, et qui peuvent tranquillement assener ce genre d'assertion citée plus haut, au mépris de toute précaution méthodologique et scientifique. A l'heure où le négationnisme n'existe plus en tant que tel ( Thion, Faurisson et Garaudy n'ont plus de surface médiatique ou éditoriale), il est frappant de constater que le mode de pensée négationniste est désormais reproduit par un politologue qui serait sans doute plus avisé de laisser les historiens travailler avec une méthode rigoureuse, en leur laissant notamment le temps d'avoir accès à des sources fiables et incontestables. Le négationnisme est un mécanisme pervers aux antipodes de la méthode historique. Cette dernière peut accepter (et même encourager) le révisionnisme (la réinterprétation de faits historiques à partir de problématiques nouvelles et de l'accès à de nouvelles sources archivistiques), mais certainement pas la négation ou la déformation des faits du passé, qu'il soit proche ou lointain. Quels sont les mécanismes négationnistes à l'_uvre dans l'ouvrage de Pierre-André Taguieff ?

- l'usage immodéré de néologismes (les négationnistes en ont toujours été de grands inventeurs, le plus connu étant celui d'"éliminationnistes " pour désigner les historiens de la Shoah), et l'emploi de qualificatifs dépréciatifs pour désigner les travaux des autres chercheurs. On sait aussi comment Jean-Marie Le Pen a bâti une grande partie de son succès populiste par une utilisation systématique des néologismes sous formes de calembours douteux.

- le travestissement et l'inversion des rapports de causalité et de conséquence, avec une souveraine indifférence, voire un mépris, pour la concatenatio, l'enchaînement des faits, et pour la mise en contexte. Un propos tenu en 1967 devient une preuve pour décrypter la réalité de 2002 ; dans la logique de subversion systématique des faits, un événement déclencheur, mis en doute, devient, par l'usage de l'hypercritique paranoïaque, procédé typiquement négationniste, une " occasion " attendue par l'adversaire permettant le développement d'un plan secret ourdi par l'ennemi.

- l'usage de sources peu fiables ou manifestement désinformatives, qui ne donnent lieu à aucune critique interne et externe : le cas des manuels scolaires palestiniens (voir infra) est particulièrement éclairant en ce domaine.

- La récupération vaut preuve : si un élément de propagande islamiste détourne et utilise la cause palestinienne à son profit, alors c'est la cause palestinienne en son entier qui devient islamiste et antisémite sui generis.

Le troisième chapitre est construite sur la dénonciation, dans une phraséologie digne des plus belles heures du terrorisme intellectuel des années de Guerre Froide. Ainsi, pour accréditer l'idée que les " néo-gauchistes " sont judéophobes, Pierre-André Taguieff revient longuement sur les relations troubles de " la Vieille Taupe " (librairie de l'ultra-gauche de Pierre Guillaume) avec Faurisson. La figure de proue de ce voisinage, et donc la cible personnalisée de la dénonciation est bien sûr Jean-Gabriel Cohn-Bendit qui avait en son temps (1979) fait effectivement des allégations stupides, au nom d'une conception pervertie de la liberté d'expression, très anglo-saxonne au fond, sur l'intérêt de la démarche de Faurisson. Que, depuis, Jean-Gabriel Cohn-Bendit ait fait son mea-culpa (30), reconnu publiquement son erreur , Pierre-André Taguieff n'en a cure et continue à enfoncer ce clou qui est devenu le pont-aux-ânes de la gauche nationale. Car, à l'évidence, l'enjeu s'est déplacé : ce qui intéresse , Pierre-André Taguieff, c'est de toucher ainsi l'ensemble de la gauche alternative en jouant sur l'homonymie et la relation familiale et personnelle entre Jean-Gabriel et son frère Daniel, responsable politique des Verts, et de ce fait honni par Pierre-André Taguieff. A deux reprises, Pierre-André Taguieff entre dans cette modalité de dénonciation par ricochet en évoquant " Jean-Gabriel Cohn-Bendit , mentor politique de son célèbre " petit frère " Daniel " puis reparle du " grand frère de Dany " (31). Dans cet escamotage, il n'y a plus de Jean-Gabriel, qui est défini simplement comme le " grand frère de Dany ". Visiblement, ces rapports familiaux passionnent Pierre-André Taguieff. Il utilise au détour d'une note le même procédé à l'encontre d'Alain Gresh pour lequel il nous précise la filiation valant preuve: " fils du militant tiers-mondiste Henri Curiel " et à l'encontre de Tariq Ramadan (32), petit-fils de Hassan al Banna fondateur des Frères Musulmans et surtout frère de Hani Ramadan. Voilà de belles preuves biologiques pour étayer le discours : tous coupables puisque issus de la même famille...

Pour terminer et marquer définitivement le caractère propagandiste de ce livre, il est nécessaire de faire mention aussi du problème des manuels scolaires palestiniens. Pierre-André Taguieff utilise massivement cet argument pour relier directement l'antisémitisme au gouvernement palestinien (33). Le manque de précaution méthodologique est particulièrement flagrant. Au lieu d'aller à la source même, à savoir les manuels palestiniens eux-mêmes, Pierre-André Taguieff utilise le rapport du CMIP, à travers un dossier de la revue communautaire L'Arche de janvier 2001 consacré aux " enfants palestiniens à l'école de la haine ". Ce rapport, réalisé en novembre 1999, est en fait à utiliser avec d'infinies précautions. A aucun moment, Pierre-André Taguieff ne précise ce qu'est le CMIP, ONG américaine (Center for Monitoring the Impact of Peace) dont le directeur de recherche vit en fait à ... Efrat, soit une occupation illégale israélienne en Cisjordanie. Cette ONG a fait un tel lobbying avec ce rapport que l'Union Européenne a bloqué les crédits d'aide à la haute Autorité Palestinienne pour sa politique scolaire (34). Or, malgré les rectifications faites par ceux qui sont allés à la source des manuels et ont pu constater puis prouver les " intentions malicieuses " (35) - c'est un euphémisme - des auteurs du rapport (traductions tendancieuses de l'arabe à l'anglais, mentions de textes absents des livres cités etc...), ce dernier devient chez Taguieff un élément décisif de ce qu'il appelle une démonstration.

Ainsi, les procédés utilisés par Pierre-André Taguieff dans cet ouvrage ne relèvent ni de l'essai, ni du pamphlet mais bien de la mystification. Par un processus de réversibilité mimétique, Pierre-André Taguieff finit par utiliser la même phraséologie que celle véhiculée dans les écrits de propagande raciste et antisémites, anciens ou récents, qu'il décrypte depuis des années. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que de définir " la réduction à l'ennemi unique " comme " première règle de fonctionnement du discours de propagande " (36) et dans le même temps de s'y livrer en englobant sous le qualificatif de " néo-gauchistes judéophobes " des personnes aussi diverses que des anarchistes, des trotskistes, des ex-communistes, des syndicalistes, des journalistes, des associatifs. Ce n'est pas la moindre des contradictions de vitupérer contre l'usage " de métaphores pathologisantes " (37) chez les " israélophobes " tout en les utilisant lui-même telle " la maladie de la gauche folle " ou en louant ses suiveurs serviles tel Robert Redeker, lorsque ce membre du comité des Temps Modernes signe dans une livraison récente de cette revue un article intitulé " De New-York à Gaillac, trajet d'une épidémie logo-toxique " (38) bourré de ce genre de formules. On se demande encore où peut bien se trouver dans ce livre rempli de haine la déclaration d'amour qui le conclut.

Risquons une hypothèse : n'y a-t-il pas derrière l'inquiétude légitime de la communauté juive en France face à cette recrudescence d'actes antisémites en France, le profond désarroi d'une génération des enfants de la Shoah, née dans les années 50, qui n'a pas connu véritablement dans sa jeunesse d'agressions antisémites directes à son encontre, tant le traumatisme de la destruction des Juifs d'Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale a fonctionné comme une chape de plomb, et neutralisé pendant quarante ans l'antisémitisme populaire en France ? Ne font-ils pas vivre aujourd'hui par procuration à leurs propres enfants leurs propres angoisses juvéniles, entre des parents survivants et silencieux qui ne leur évoquaient pas la Shoah et une opinion publique sous informée et indifférente qui jusque dans les années 80, avant les grands procès (Barbie, Touvier, Papon, sans compter l'affaire Bousquet) a largement ignoré l'antisémitisme de l'Etat français de Vichy ? N'y a-t-il pas derrière ce déchaînement de réactions communautaires un nouveau contre-effet pervers des enjeux de mémoire (39), ce qui n'excuse en rien la stigmatisation irresponsable de la communauté maghrébine en France et de leurs enfants à laquelle se livre Pierre-André Taguieff, aussi français que les petits-enfants de la Shoah ? Ce n'est qu'à ce compte qu'on pourrait comprendre cette étrange déclaration d'amour finale remplie de tant de haine.




Notes


(1) Pierre-André Taguieff, La nouvelle judéophobie, Fayard, Mille et une nuits, janvier 2002, 234 pages.

(2) Ces deux termes ne mériteraient-ils pas d'être soumis au même examen que le terme d'antisémitisme (voir pages 26-27 où Pierre-André Taguieff justifie l'usage du néologisme " judéophobie "), puisque l'antisionisme et l'antiaméricanisme, n'existent plus en tant que tel avec la disparition d'un monde bipolaire et que leur mésusage ne révèle que la disparition même des notions qui y sont attachées ?

(3) Voir notamment l'article cosigné par Taguieff au cours de l'été dernier dans Libération, " José Bové en territoires piégés " (10 juillet 2001), avec deux autres suites les 19 juillet et 11-12 août dans le même quotidien. Pour se faire une idée de la participation de José Bové à cette mission de protection civile en territoires occupés, on peut voir le documentaire de Samir Abdallah " Voyage en Palestine(s) " qui a suivi cette délégation. Pour se le procurer, écrire à <mailto:[email protected]>[email protected]

(4) note 2 page 12

(5) note 146 page 193

(6) Voir notamment la prise de position récente d'Esther Benbassa, " La loi de la République est la loi ", Libération, 11 janvier 2002, et l' " appel des 113 " qui comptait notamment Pierre Vidal-Naquet (Le Monde, 21-22 octobre 2001) gratifié d'un inélégant " inévitable mandarin à la retraite " (note 372, p218).

(7) voir note 53 page 42 et note 218 page 132

(8) A partir des travaux d'Alain Dieckhoff, on pourrait définir l'israélisme comme la forme que prend l'idéologie sioniste avec la création de l'Etat d'Israël, de la même façon que le stalinisme a pu être une forme étatique dévoyée de l'idéologie marxiste.

(9) Voir notamment Mona Chollet, les apprentis sorciers du communautarisme, sur son site <http://www.peripheries.net>www.peripheries.net pour une analyse des articles de presse en France qui ont suivi le 11 septembre, en rapport avec la situation du conflit israélo-palestinien.

(10) pages 206 et 216 par exemple

(11) Voir Pierre Tévanian et Sylvie Tissot, Mots à maux. Dictionnaire de la lepénisation des esprits, Editions Dagorno, 1998.

(12) Successivement : note 125 page 75 ; note 142 page 90 ; note 156 page 99 ; note 166 page 108 ; note 283 page 163

(13) Un autre démographe, Jacques Magaud, avait dès 1996 exprimé ses doutes quant aux méthodes utilisées par Michèle Tribalat qui ont déclenché le scandale : " Chaque fois que l'on souhaite, pour une observation spécifique, créer une catégorie de classement ad hoc, il faut bien sûr s'interroger sur l'effet qu'aura une telle création sur la réalité, car en classant, en nommant, on contribue aussi à faire exister. Scientifiques, chercheurs, universitaires à l'affût de compréhension de phénomènes mal connus sont en permanence demandeurs d'observations nouvelles, de classement nouveaux, ne serait ce que parce qu'ils ont analysé les inconvénients des regroupements anciens. En général, leur poids n'est pas suffisant pour arriver à leurs fins et s'ils se livrent à des observations utilisant des classifications nouvelles, c'est à une échelle trop restreinte pour qu'il y ait, ensuite, rétroaction comme on dit, sur le réel, pour que les catégories créées à l'occasion d'un travail universitaire prennent racine dans la vie quotidienne et le langage courant. De ce fait ils ne se préoccupent guère des effets indirects de leurs observations; à l'exception des ethnologues et anthropologues pour qui l'attention à la dialectique observateur/observé fait partie intégrante et importante de la formation, la plupart n'y sont ni sensibles ni formés. Le pont aux ânes des ethnologues n'est pas forcément bien connu des statisticiens. Et pourtant une telle procédure de création, pour la simple observation, de classifications nouvelles peut avoir des effets forts pervers. " in Si l'immigration nous était comptée, quatrième nocturne de Pénombre, Sénat, 22 octobre 1996, Hors série, Mars 1997, publié sur le site de l'association Pénombre, créée en 1993, qui propose un espace public de réflexion et d'échange sur l'usage du nombre dans les débats de société: justice, sociologie, médias, statistiques. <http://www.unil.ch/penombre/hors_serie/hs97_01.htm>http://www.unil.ch/penombre/hors_serie/hs97_01.htm

(14) Shmuel Trigano est par ailleurs l'auteur de L'idéal démocratique à l'épreuve de la Shoa,  Editions Odile Jacob, 1999, dans lequel il mène une attaque en règle indistincte contre les historiens révisionnistes israéliens pages 77-85. Pour une vision différente, on peut lire par exemple ce qu'en disait Yirmiyahu Yovel en 1998, dans un entretien accordé à la revue Confluences Méditerranée n· 26, en s'élevant contre une conception moralisante de l'histoire : " Je refuse de les mettre sur le même plan. Benny Morris est un historien sérieux, pas Illan Pappe dont le travail est très superficiel et confus. Si l'objectivité historique ne compte pas, alors il ne s'agit que d'idéologie et pour l'universitaire que je suis, cela n'a pas de valeur. Mais si le travail historique est sérieux, comme c'est le cas pour Benny Morris, alors il faut accepter son travail et le regarder en face."

(15) L'Observatoire du Monde Juif n· 1, novembre 2001

(16) Ibid.

(17) note 184 page 115

(18) Pour une amorce de réflexion sur cette presse, voir notamment les messages émis par Vincent Mespoulet sur la liste de diffusion à vocation pédagogique ecjs (Education Civique Juridique et Sociale) autour des titres Nexus et Israël Magazine <http://fr.groups.yahoo.com/group/ecjs>http://fr.groups.yahoo.com/group/ecjs . La liste ecjs rassemble plus de 500 professeurs d'histoire-géographie, de sciences économiques et sociales et de philosophie essentiellement.

(19) Israël-Magazine n· 16, décembre 2001, page 5. On peut d'ailleurs signaler que le n· 18, février 2002 de cette publication présente un intéressant tripatouillage d'image sur le thème de l'antisémitisme dans les banlieues françaises : sur la couverture apparaît une photographie d'un graffiti " A mort les Juifs " avec une croix gammée. A la page 24, sur la même photographie, dont la source n'est pas communiquée, la croix gammée est absente ce qui laisse penser à un ajout avec l'utilisation d'un logiciel de traitement d'images numériques type PhotoShop.

(20) Michèle Tribalat, " Sortir des amalgames ", Le Figaro, 21 septembre 2001, page 10.

(21) pages 129-130

(22) Robert Redeker , " Taguieff, avertisseur d'incendie " , Le Monde daté du 25 janvier 2002

(23) Courrier électronique diffusé le 29 juin 2000 et écrit par Robert Redeker sur la liste de diffusion à vocation pédagogique philoliste rassemblant essentiellement des professeurs de philosophie.

(24) Expression tirée du titre d'un article paru dans Le Monde du 17 février 2002, Charles Hadji " Des sauvageons au fascisme ".

(25) On peut lire à ce sujet la traduction du magnifique roman d'Elias Khoury, La Porte du soleil, Actes Sud/Sindbad, 2002 notamment l'admirable non-récit du massacre des pages 303-307.

(26) note 149 page 95

(27) page 93

(28) Voir Benoît Rayski, L'enfant juif et l'enfant ukrainien. Réflexions sur un blasphème, Editions de l'Aube, 2001, p. 29 (évocation du massacre de Lvov du 30 juin au 3 juillet 41 ; de Vinnitsa le 22 septembre 1941). L'ouvrage de Benoît Rayski est une attaque en règle contre Stéphane Courtois et Le Livre Noir du Communisme et plus généralement contre la banalisation de la destruction des Juifs d'Europe par un usage idéologique anticommuniste de la comparaison avec les crimes du stalinisme.

(29) note 165 pages 107-108

(30) Sur le sujet, voir notamment Philippe Mesnard, " Consciences de la Shoah. Critique des discours et des représentations ", Editions Kimé, 2000, pages 250-255, et dans le même ouvrage Philippe Corcuff, Négationnisme d'ultra-gauche et pathologies intellectuelles de la gauche. A propos d'un texte de Jean-Gabriel Cohn-Bendit de 1981 ", pages 260-273 op. cit., où Corcuff reprend des passages de " Jean-Gabriel Cohn-Bendit s'explique ", Libération, 12 mars 1992. L'ouvrage de référence le plus récent est : Valérie Higounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000 avec notamment sur le négationnisme d'ultra-gauche les pages 457-488.

(31) note 218 pages 132-134

(32) note 94 page 60

(33) pages 38-39 puis pages 168-169

(34) Amendement B7-420 du Parlement européen de l'Union Européenne aux modalités de financement des programmes d'éducation de l'Autorité Palestinienne, qui bloque les 3 millions d'Euros de la réserve en attendant la rédaction d'un rapport avant la deuxième lecture du budget. (25 octobre 2001)

(35) L'expression est tirée d'une mise au point de Fouad Moughrabi, " The Politics of Palestinian Textbooks " in Journal of Palestine Studies, 121, vol. XX1, automne 2001, traduit en français sous le titre " Les manuels scolaires palestiniens sont-ils antisémites ? " in Revue d'Etudes Palestiniennes, n· 82, Hiver 2002, pages 53-64. Fouad Moughrabi est le directeur du Centre Qattan pour la recherche et le développement de l'éducation à Ramallah. Sous le même nom, la journaliste Elsa Morena avait publié un article dans Le Monde diplomatique d'avril 2001.

(36) note 163 page 106.

(37) pages 37-38.

(38) Robert Redeker, " De New-York à Gaillac, trajet d'une épidémie logo-toxique ", in Les Temps Modernes, octobre 2001

(39) Parmi la floraison de réflexions sur ces enjeux de mémoire, très fournie ces dernières années, une contribution originale de Barbara Cassin " Politiques de la mémoire. Des traitements de la haine " in Multitudes n· 6, septembre 2001, pp. 177-196 où cette philologue rappelle l'approche d'amnistie-amnésie proposée par la cité grecque dans l'Antiquité, qu'elle confronte avec le cheminement inverse (mais accordant au langage une finalité analogue) de la commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, et avec la procédure de gestion des archives sensibles telle que nous la pratiquons en France. Elle cite notamment Platon, Lettre VII, 336e-337a : " Une cité en stasis (guerre civile) ne connaît la fin de ces maux (kaka) que lorsque les vainqueurs cessent de rappeler le passé (mnêsikakein, littéralement rappeler les maux de mémoire) par expulsion et égorgements."

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AMFP Marseille Bulletin 191 du 27 février 2002.


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