AAARGH
Josef Kramer arriva au camp de concentration du Struthof-Natzweiler en avril 1941. Il y fut d'abord l'adjoint de Huettig, puis de Zill. En octobre 1942, il fut nommé commandant du camp. En avril 1944, il quitta le Struthof-Natzweiler pour Auschwitz. En décembre 1944, il fut nommé à Bergen-Belsen. C'est dans ce camp ravagé par le typhus qu'il fut arrêté par les Britanniques.
A deux reprises des juges militaires français interrogèrent Josef Kramer en Allemagne sur son activité passée au Struthof-Natzweiler.
Dans les archives de la Justice militaire française, on découvre trois documents qui sont censés nous rapporter ce que Josef Kramer a dit sur la "chambre à gaz" du Struthof.
Ces trois documents se présentent comme suit:
1. Document 1806/Y/14. Il s'agit d'une courte déclaration entièrement dactylographiée en français, sans signature sinon "Josef Kramer" écrit à la machine! Cette déclaration est datée de "Celle, le 26 juillet 1945". Elle est adressée "au lieutenant français Paul Heiker". Peut-être s'agit-il là du lieutenant Hecker (notez la différence d'orthographe) dont il sera question dans le document du 6 décembre 1945 (voyez ci-dessous). Dans la courte déclaration le nom de Natzweiler est à deux reprises écrit Nutzweiler.
2. Document 107 (voyez également document 1806/V/2). Il s'agit du procès-verbal d'interrogatoire mené par le juge d'instruction militaire commandant Jadin. Le texte est manuscrit; il a été rédigé en français par le greffier et il porte entre autres signatures celle de Josef Kramer; ce dernier n'a donc pas signé un texte rédigé dans sa propre langue, mais un texte rédigé en français et dont le greffier-interprète (?) nous garantit qu'il a donné à Kramer une interprétation en allemand. Ce procès-verbal est, comme la courte déclaration susmentionnée de "Celle, le 26 juillet 1945". Le texte en est assez négligé.
3. Documents 157 (texte allemand) et 158 (traduction en français) (voyez également pour 158 la curieuse reproduction qui en a été donnée dans le document 1806/V/2bis). Il s'agit du procès-verbal d'interrogatoire mené par le capitaine Paul André, officier de liaison auprès du "HQ British Army of the Rhine" agissant en vertu d'une commission rogatoire du commandant Jadin. Les deux textes ont été dactylographiés par le greffier; le texte allemand est entaché de très nombreuses fautes et le texte français contient, en plus d'une grave erreur de traduction, de nombreuses fautes d'orthographe. Kramer a signé les deux documents. Tous deux datent de Luneburg (en français Lunebourg) le 6 décembre 1945. Il est intéressant de comparer ainsi à quatre mois et demi de distance les "confessions" de Kramer.
A quatre mois et demi de distance, ces "confessions" divergent gravement. On s'étonne de ce que la Justice militaire ne se soit apparemment pas souciée de ces divergences. On s'étonne aussi de ce que les historiens parlent de "la confession" de Kramer comme s'il n'existait qu'une "confession".
Une chambre à gaz homicide est un instrument qui est obligatoirement très difficile à concevoir, à construire et à faire fonctionner. Rien n'est dangereux comme de tuer un homme par le moyen d'un gaz. Il a fallu de nombreuses années aux Américains pour mettre au point leurs chambres à gaz destinées à l'exécution d'un seul condamné à la fois. Aussi voit-on mal comment Josef Kramer a pu, en l'espace de quelques jours du mois d'août 1943, concevoir et réaliser une "chambre à gaz" homicide pour l'exécution de groupes d'une quinzaine de personnes. Cet ancien libraire avait-il le génie de la chimie et de toutes sortes de technologies industrielles? Dans une chambre à gaz américaine tout est conçu pour que le gaz cyanhydrique provoque la mort du condamné dans les délais les plus rapides. Il ne faut que quarante secondes après l'émission du gaz pour que le condamné s'endorme irrémédiablement, mais la mort, elle, ne vient qu'au bout de quelques minutes (environ une dizaine de minutes). Josef Kramer, lui, tuait ses victimes en trente secondes environ! On se demande de quel produit magique il se servait.
Selon chacune des deux principales versions contradictoires de ses "confessions", il aurait reçu, un jour d'août 1943, soit un ordre écrit accompagné d'une lettre, soit simplement un ordre écrit. Aucune référence, sinon très vague, ne nous est fournie sur cet ordre ou cette lettre. D'après la première version, il ne s'agissait pas d'un ordre d'exécution mais seulement d'un ordre de recevoir environ 80 internés venant d'Auschwitz et la lettre lui demandait seulement de se mettre en relation avec le professeur Hirt, de Strasbourg. D'après l'autre version, un seul et même ordre écrit lui faisait obligation d'exécuter des internés envoyés d'Auschwitz et de se mettre en rapport avec le professeur Hirt pour le mode d'exécution. Selon la première version, Kramer est allé voir Hirt qui lui a dit qu'"il avait eu connaissance d'un convoi d'internés d'Auschwitz pour le Struthof"; et Hirt "précisa que ces personnes devaient être exécutées dans la chambre à gaz du Struthof à l'aide de gaz asphyxiants". Selon l'autre version, Kramer "fait part" à Hirt des ordres d'exécution qu'il a reçus et le professeur lui "donna le conseil [sic] d'exécuter les gens par le gaz"; Kramer lui répondit alors que "dans le camp, il n'y avait ni une chambre à gaz, ni gaz"; qu'importe sans doute puisque Kramer avait à sa disposition un entrepreneur de bâtiments qui lui avait été envoyé d'Oranienburg (Centrale des camps de concentration allemands); il faisait "alors construire la chambre à gaz par des internés". Quand on sait que le moindre plan de construction en temps de guerre était l'objet d'une foule d'études et d'autorisations officielles, on se dit que la construction d'un engin aussi extraordinaire qu'une chambre à gaz homicide aurait dû laisser de nombreuses traces écrites; nous possédons bien, par exemple, sous la cote NI-7961 (cotes des tribunaux alliés), une lettre du 3 septembre 1943 adressée à la Direction des constructions du camp de Natzweiler-Struthof par la firme allemande spécialisée dans la construction de chambres à gaz pour épouillage; soit dit en passant, le contenu de cette lettre prouve très clairement qu'à cette date du 3 septembre 1943, c'est-à-dire postérieurement aux prétendues exécutions de Kramer, les autorités du camp en étaient encore à envisager la création d'une chambre à gaz pour épouillage; elles s'y prenaient d'ailleurs si maladroitement dans le plan de leur projet qu'il faut voir comme elles se font rabrouer pour leur incompétence.
D'après la première version des aveux de Kramer, Hirt remit à ce dernier, "à la suite" de leur conversation, "un flacon de la contenance d'un quart de litre environ contenant des sels que je crois être cyanhydriques". D'après l'autre version, "Hirt me donna alors une bouteille de verre fermée avec de la cire. Dedans il y avait un produit se constituant de petits corps blancs, semblables à de la soude". D'après la première version, Hirt ne semble pas à première vue avoir dit à Kramer qu'il fallait ajouter de l'eau à ces sels pour en obtenir le dégagement immédiat d'un gaz létal, mais, étant donné que dans la suite du récit Kramer dit qu'il a procédé de cette manière, on peut supposer que c'est le professeur Hirt qui lui a indiqué ce curieux processus; obtenir ainsi un gaz à partir d'un mélange de sel et d'eau constitue une prouesse chimique. D'après l'autre version, il est dit en toutes lettres que Hirt déclara qu'en ajoutant de l'eau à ces sels Kramer obtiendrait un gaz toxique!
Selon les versions, la dose est "approximative" ou "exacte". Toutefois, aucune des deux versions ne nous précise combien il fallait de sel pour chaque opération. Kramer, en effet, a dû se voir obligé d'ouvrir et de fermer à plusieurs reprises son "flacon" ou sa "bouteille de verre fermée avec de la cire" car, selon une version, il a tué d'abord "une quinzaine de femmes", puis, "quelques jours après", "une certaine quantité de femmes", "puis encore, quelques jours après, [...], en deux ou trois fois une cinquantaine d'hommes environ, peut-être cinquante-cinq", tandis que, selon l'autre version, il a d'abord tué 26 femmes (et non une quinzaine), puis, "à quelque temps de là", un transport d'hommes au nombre indéterminé, puis "2 ou 3 semaines après, un transport de 30 hommes". En réalité d'ailleurs, si l'on tient compte non seulement de ces deux versions principales mais aussi du texte de l'"erratum" de la seconde version ainsi que de la "déclaration" au lieutenant Paul Heiker, on aboutit à un ensemble de données inextricables en ce qui concerne aussi bien le nombre des transports à exterminer que le nombre et la cadence et la date de chaque séance d'extermination. Pour ne prendre que l'exemple des dates, c'est en juillet que Kramer aurait perpétré ses crimes selon la version de la courte "déclaration"; selon le premier procès-verbal, c'est apparemment en août, et, selon le second procès-verbal, il semblerait que ces exécutions se soient étendues sur une assez longue période de temps qui a pu s'étendre jusqu'au mois de septembre. Je rappelle ici que pour l'accusation on devait, en fin de compte, jeter son dévolu sur la version suivante (Doc. 1806/vps): "Kramer a exécuté par le gaz 87 Juifs et Juives les 11, 13, 17 et 19 août 1943." On se demande bien comment une pareille affirmation peut s'accommoder, ainsi qu'on tend à nous le faire croire, avec "l'aveu" (sic) ou "la confession" (sic) de Josef Kramer.
Les divergences les plus graves apparaissent au moment où Kramer est censé nous relater comment il a tué ses victimes.
Selon la première version, il commence par enfermer les femmes dans la "chambre à gaz"; il ferme la porte; et, de l'extérieur, il verse à travers la paroi dans un entonnoir ses mystérieux sels et de l'eau; sels et eau semblent se mélanger dans l'entonnoir sans provoquer de dégagement gazeux sous le nez de Kramer qui ne paraît pas porter de masque à gaz; c'est seulement quand ces sels et cette eau parviennent dans une excavation située à l'intérieur de la "chambre à gaz" que le gaz se dégage et qu'il tue en une demi-minute la quinzaine de victimes. Selon la seconde version, Kramer entre le premier dans la "chambre à gaz"; il dépose dans l'excavation ("le trou aménagé dans le plancher") "une poignée de produit"; puis il sort de la pièce et il y fait entrer les femmes (elles sont 26 et non pas une quinzaine); de dehors il verse de l'eau dans l'entonnoir; et cette eau coule "par un tuyau muni d'une fermeture dans le trou où se trouvaient les petits grains". Après une demi-minute les cris cessent dans la "chambre à gaz".
Selon la première version, Kramer est censé avoir observé cette mise à mort. Selon la seconde version, il ne l'a pas observée; il était seulement aux écoutes! On lit en effet dans la première version:
"J'allumai l'intérieur de la chambre à l'aide du commutateur placé près de l'entonnoir et j'observai par le regard extérieur ce qui se passait à l'intérieur de la chambre. -- Je constatai que ces femmes ont continué à respirer environ une demi-minute puis elles tombèrent à terre. Lorsque j'ouvris la porte après avoir fait en même temps marcher la ventilation, [etc.]."
Dans la seconde version on lit en revanche:
"Je déclare que je n'ai pas, par la fenêtre, observé la mort. J'étais seulement aux écoutes. Comme il n'y avait plus rien à entendre et que plus rien ne se mouvait, j'ai mis le ventilateur en marche. Pendant ce temps, je me trouvais à l'extérieur et je n'ai ni respiré, ni senti le gaz. Après un quart d'heure, j'ai ouvert la porte."
On a présenté à Kramer des photographies de la "chambre à gaz" qu'il prétendait avoir fait construire et avoir utilisée. Ces photographies sont celles de l'album du commandant Jadin. Kramer a manifestement été incapable d'expliquer la structure, l'agencement et l'emploi du local. Dans la première version il déclare: "J'ignore à quoi était destiné le tuyau de fer situé dans la porte d'entrée de la chambre à gaz." Quant au gaz, Kramer dit dans sa seconde version: "Le professeur me nomma le gaz; j'ai oublié son nom. Mais je pourrais reconnaître les graines si on me les présentait." Il ne peut pas être question de granulés de Zyklon; le produit était d'un usage courant dans l'armée allemande pour la désinfection des locaux et Kramer, qui était commandant de camp, connaissait certainement ce produit. Le professeur Hirt était un éminent spécialiste des gaz et il n'est pas étonnant que sur le carnet de Volkmar on trouve son nom à côté de la mention de "Gas Blausaeure" (gaz cyanhydrique), surtout si à la date en question on cherchait à construire à Natzweiler une chambre d'épouillage en circuit fermé à acide cyanhydrique. Il est stupéfiant que Kramer ait procédé lui-même à la manipulation du poison et qu'aucun des médecins du camp ne se soit trouvé à ses côtés. Il ne cite nommément comme complice que "Zeus" (texte français) ou "Zeuss" (texte allemand); il s'agissait en réalité de Wolfgang Seuss, lequel, après la guerre, sera interrogé par la justice française et, à l'exemple de ses camarades SS présents au Struthof, niera toute participation à un tel crime, y compris lorsqu'il se verra confronté avec le témoin Paul Weigel le 4 novembre 1949 (pièce 1806/V/16). Il est également curieux que Kramer n'ait à aucun moment rappelé que la prétendue "chambre à gaz" homicide du Struthof avait été effectivement une chambre à gaz pour l'essai des masques à gaz par la troupe. Ce genre de local existe dans toutes les armées du monde et son caractère rudimentaire fait qu'il ne saurait être utilisé pour un gaz foudroyant aux effets redoutables pour son utilisateur.1
Le professeur Bickenbach devait d'ailleurs profiter de l'existence de cette chambre à gaz pour y procéder d'abord sur sa propre personne, puis sur la personne de détenus "volontaires" à des essais sur l'urotropine comme préventif des effets du gaz phosgène. Le gouvernement allemand avait appris que dès la fin de 1942 les Alliés entreposaient en Afrique du Nord de grandes quantités de gaz phosgène; craignant que ce gaz ne serve à bombarder les populations allemandes, le gouvernement avait chargé le professeur Bickenbach de mener des recherches en ce domaine.
Bref, "la confession de Kramer" est digne en tous points des différents éléments qui ont contribué à forger la légende de la prétendue "chambre à gaz" homicide du Struthof. Je me permets de rappeler le caractère scandaleux du recueil photographique établi et commenté par le juge d'instruction militaire Jadin avec ses grattages sur photographies ou ses grattages de légendes (quand il ne s'agit tout bonnement pas de pages arrachées) et aussi avec ses commentaires marquant à la fois les préventions du commentateur et son incapacité à expliquer le fonctionnement d'une installation que d'entrée de jeu il baptise de "chambre à gaz" homicide. Je rappelle le caractère infantile et odieusement tendancieux du rapport dit d'expertise des D rs Simonin, Piedelièvre et Fourcade; on s'y acharne mais sans succès à prouver que les cadavres trouvés à l'Institut d'Anatomie de Strasbourg sont ceux de détenus "gazés" au Struthof. Je rappelle l'absence dans les archives de la Justice militaire du rapport du professeur René Fabre établissant qu'il n'avait trouvé de trace d'acide cyanhydrique ni dans les cadavres, ni dans les produits de raclage de la "chambre à gaz" ou dans les plâtras (bocaux W et X). Je rappelle l'absence de toute expertise de la "chambre à gaz" par un homme de l'art. Je rappelle l'embarras croissant de l'Amicale des déportés et familles de disparus de Natzweiler-Struthof dont le président François Faure me déclarait en 1975 qu'il n'avait jamais visité cette "chambre à gaz"; curieusement, cette "chambre à gaz" n'est aujourd'hui plus visitable dans la pratique. Je rappelle le silence total des autorités locales ou nationales que je saisissais par une lettre du 23 septembre 1976 de la supercherie que constituait cette "chambre à gaz". Pour terminer, je ne laisserai la parole ni au colonel Rémy, qui ne croit pas à la "chambre à gaz", ni à Me Floriot rappelant en 1954 au tribunal militaire de Lyon qu'il ne fallait pas confondre les "chambres à gaz" homicides d'Auschwitz avec le petit local du Struthof, mais à un incrédible témoin: le député RPR de Paris, Joel Le Tac. Dans France-Soir du 25 novembre 1978, ce dernier prétendait me donner la réplique en évoquant ses souvenirs des "gazages" homicides du Struthof. Quand on connaît, d'une part, la configuration de la pièce et du bâtiment où s'inscrit cette pièce et, d'autre part, la version officielle du "gazage" de 87 juifs et juives, on admirera la fausseté du témoignage et ses fantastiques confusions; on admirera aussi combien les Allemands s'y sont pris pour installer à son aise le témoin de leurs crimes et lui permettre de tout observer. Voici le texte de ce faux témoignage:
Cette nuit-là donc, une vingtaine de tziganes furent amenés. On les a fait monter dans des camions en même temps que des brancards roulés. Les camions se sont arrêtés à 2 kilomètres plus loin devant une sorte de blockhaus. Alors a eu lieu le tri: 5 par 5, à raison de deux vieux, un enfant et deux jeunes, les tziganes étaient choisis. On a constitué ainsi quatre groupes. Au premier groupe on a donné une ampoule de gaz qu'il devait briser à l'intérieur du blockhaus Dès qu'ils furent entrés, les SS et les "spécialistes" se sont précipités pour regarder par un hublot ce qui se passait à l'intérieur du blockhaus. Après dix minutes, ils ont fait sortir les tziganes. Ils avaient le visage marqué mais aucun d'entre eux n'était mort. -- Après avoir ventilé le blockhaus on a fait rentrer le deuxième groupe mais cette fois avec deux ampoules de gaz. Mais là encore il n'y eut pas de mort. Le troisième essai fut le "bon". Pour faire entrer les cinq nouveaux cobayes, les SS durent intervenir mais cette fois personne n'en sortit vivant. Même chose pour le quatrième groupe. Quand le blockhaus fut ventilé, ce sont des cadavres que nous avons chargés avec les brancards dans les camions. Du sang coulait de leurs narines. -- Je pourrais raconter cette nuit pendant des heures jusqu'à ce que le jour se lève, même à Faurisson, professeur de l'université française.
On trouvera ci-dessous le texte des "confessions" de Kramer. Je reproduis ce texte d'après les notes que j'ai prises, dans de mauvaises conditions, lorsque j'ai pu consulter les archives de la Justice militaire française. Je n'étais pas autorisé à faire de photocopies. Il se peut donc que j'aie commis des fautes malgré le soin que j'ai apporté à mon travail. J'ai tenté de reproduire toutes les fautes des textes originaux français. Je ne livre pas ici le texte allemand de la seconde "confession", mais sa traduction officielle. Je n'ai retenu de ces textes que ce qui concernait la "chambre à gaz" du Struthof. Bien que Kramer ait eu de hautes responsabilités à Auschwitz, il ne semble pas que la Justice militaire française l'ait interrogé là-dessus. Dans le livre d'Arthur R. Butz (The Hoax of the Twentieth Century) on trouvera le texte en anglais de deux dépositions ("statements") successives de Kramer (p.264-277). La comparaison des deux dépositions est instructive. La première déposition est longue, détaillée et ne paraît pas avoir été faite sous la contrainte; Kramer n'y souffle pas mot de "gazages" au Struthof; quant aux "gazages" d'Auschwitz, il en dit ceci:
Je suis au courant des allégations d'anciens prisonniers d'Auschwitz faisant mention de l'existence d'une chambre à gaz, d'exécutions et de corrections massives, de la cruauté des gardes, tout cela en ma présence ou à ma connaissance. Tout ce que je puis répondre à tout cela, c'est que c'est faux du début à la fin.
La seconde déposition de Kramer est brève et d'un tout autre ton quand il s'agit de Natzweiler-Struthof ou d'Auschwitz. Kramer fait allusion à sa déposition devant le commandant français Jadin; il dit qu'il avait reçu l'ordre de gazer des femmes (il ne parle pas d'hommes et de femmes), que l'ordre de Berlin était signé de Gluecks sur ordre d'Himmler (ce qui vient totalement en contradiction avec l'affirmation de Rudolf Hoess selon laquelle Himmler lui avait dit de tout cacher à ses supérieurs hiérarchiques en matière de "gazages"), que Hirt lui avait donné un récipient contenant des cristaux avec des instructions sur le mode d'emploi. Kramer ajoute qu'il n'y avait pas au Struthof de chambre à gaz spécifique (no regular gas chamber) mais que Hirt lui décrivit (sic) comment utiliser une pièce ordinaire (he described to me how an ordinary room might be used). Quant à Auschwitz, ce qu'en dit Kramer est tout à fait vague en matière de "chambres à gaz" et, pour commencer, il ne parle que d'une "chambre à gaz" à Auschwitz-Birkenau là où, selon la légende officielle, il y avait au moins quatre "chambres à gaz".
J'ai ci-dessous placé l'une en face de l'autre la "confession obtenue" à Celle le 26 juillet 1945 par le commandant français Jadin et la "confession" obtenue à Lunebourg le 6 décembre 1945 par le capitaine français André. C'est ce que j'appelle la première et la seconde "confessions" de Kramer. J'ai repoussé à la fin ce que j'appelle "une autre "confession" de Kramer"; en fait, cette courte déclaration se situe le même jour que la "confession" recueillie par Jadin et il est probable qu'elle lui est antérieure de quelques instants. Elle est manifestement hâtive (voyez l'orthographe de Nutzwiller, à deux reprises; elle ne porte pas même la signature de Kramer; elle situe les "gazages" en juillet 1943 alors que la vulgate exterminationniste place ces "gazages" en août 1943).
|
(Lunebourg, 6 décembre 1945) |
Ce texte a été affiché sur Internet à des fins purement éducatives, pour encourager la recherche, sur une base non-commerciale et pour une utilisation mesurée par le Secrétariat international de l'Association des Anciens Amateurs de Récits de Guerre et d'Holocauste (AAARGH). L'adresse électronique du Secrétariat est <[email protected]>. L'adresse postale est: PO Box 81475, Chicago, IL 60681-0475, USA.
Afficher un texte sur le Web équivaut à mettre un document sur le rayonnage d'une bibliothèque publique. Cela nous coûte un peu d'argent et de travail. Nous pensons que c'est le lecteur volontaire qui en profite et nous le supposons capable de penser par lui-même. Un lecteur qui va chercher un document sur le Web le fait toujours à ses risques et périls. Quant à l'auteur, il n'y a pas lieu de supposer qu'il partage la responsabilité des autres textes consultables sur ce site. En raison des lois qui instituent une censure spécifique dans certains pays (Allemagne, France, Israël, Suisse, Canada, et d'autres), nous ne demandons pas l'agrément des auteurs qui y vivent car ils ne sont pas libres de consentir.
Nous nous plaçons sous
la protection de l'article 19 de la Déclaration des Droits
de l'homme, qui stipule:
ARTICLE 19
<Tout individu a droit à la liberté d'opinion
et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher,
de recevoir et de répandre, sans considération de
frontière, les informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit>
Déclaration internationale des droits de l'homme,
adoptée par l'Assemblée générale de
l'ONU à Paris, le 10 décembre 1948.