AAARGH
Ceci appelle un camouflet!
Pour l'heure, le problème de la Preuve fait quatre victimes: le Professeur et les Juges de la Cour qu'irritent, eux aussi, les procès de sorcière, intentés par des ensorcelés.
Quelle sera donc l'attitude de M. le Garde des Sceaux en cette situation exigue? Sera-t-elle classique et conforme à la tradition qui requiert de lui une politique propre des procès politiques? Abandonnera-t-il à la mystique du vraisemblable un problème de preuve circonscrit et ponctuel? Livrera-t-il les juges aux forces obtuses et passionnées?
Faut-il laisser ces historiens interdire à leurs collègues, et du coup à leurs concitoyens, d'interpréter l'histoire à partir de faits vérifiables? Ceci reviendrait à empêcher l'étude historique et anthropologique des phénomènes concentrationnaires, car avant d'interpréter les faits, encore faut-il avoir liberté de les établir en vérité.
C'est sur cet unique plan qu'il est opportun de saluer et retenir les travaux du Professeur.
Cette étude est d'autant plus urgente que le phénomène concentrationnaire est un fait récent et mal connu de pathologie politique, caractéristique de notre siècle. Ses potentialités mortifères sont loin d'être épuisées. Pour en élucider la nature politique réelle, les règles de la méthode anthropologique conseillent d'ouvrir largement l'éventail de ses multiples interprétations possibles. Ce ne sont pas, pour l'instant, les crédits qui manquent mais les moyens éthiques.
L'interdit qui pèse sur l'interprétation de la représentation "chambre où l'on ne peut respirer sans mourir", dont la réalité psychique ne fait, elle, aucun doute, entraîne enfin une contamination inévitable du fantasme individuel et universel de scène primitive et constitue, de ce fait, un complexe fantasmatique pathogène, qui vient obnubiler la mémoire collective et individuelle. Laisser proliférer cet artefact, clef de voûte d'un mythe international, met aussi à la merci d'un éventuel passage à l'acte, c'est-à-dire, pourrait déterminer dans l'avenir l'émergence historique de réelles chambres criminelles.
Que l'opinion et la République gardent un silence expectatif serait le symptôme d'une vie civile molle où dorment les procureurs, et que Monsieur le Garde des Sceaux n'est pas homme de parquet.
Nous ne pouvons croire, Juges, qu'en votre sagesse, vous le permettrez!
Dagobert
Cour d'Appel de Paris
1re chambre A
M.E. N° 81/162 A
R.G. N° 1 18042
1 15635
1 14650
Signifiées le 14 mai 1982
CONCLUSIONS
POUR: La LIGUE INTERNATIONALE CONTRE LE RACISME ET L'ANTISEMITISME
(LICRA) 40, rue de Paradis à Paris (10e), représentée par son Président Monsieur Jean Pierre-Bloch.
INTIMEE Me ROBLIN
CONTRE: Monsieur Robert Faurisson
APPELANT Me Yves MENARD
Et en présence de:
Monsieur Serge THION
Monsieur Maurice DI SCUILLO
Monsieur RITTERSPORN GABOR TAMAS
Monsieur REDLINSKI Jean-Luc, Dominique,
Monsieur COHN-BENDIT Jean-Gabriel,
Monsieur GUILLAUME Pierre, Noel, Charles
Monsieur ASSOUS Jacob
APPELANTS Me Yves MENARD
et en présence des co-intimées:
1°.- A.N.F.R.O.N.F.
2°.- U.N.A.D.I.F.
3°.- F.N.D.I.R.
4°.- C.A.R.
INTIMEES SCR Garnier Dubosq
5°.- A.D.A.C. Hte Silésie
INTIMEE Me VARIN
6°.- M.C.R.P.A.P.
INTIMEE Me VARIN
7".- U.N.D.I.V.G.
INTIMEE SCR Garnier Dubosq
8°.- LE MONDE
INTIMEE Me RIBADEAU-DUMAS
9°- NOUVEAU QUOTIDIEN
MATIN DE PARIS
INTIMEE DAUTHY
10°.- Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France
INTIMEE RIBAUT
Statuant sur l'appel interjeté le 21 juillet 1981 par Monsieur Robert Faurisson d'un jugement rendu le 8 juillet 1981 par la 1re Chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris le condamnant à payer entre les mains de la LIGUE INTERNATIONALE CONTRE LE RACISME ET L'ANTISEMITISME (LICRA) la somme de 1F. "à titre de dommages et intérêts, ladite somme constituant la réparation du préjudice moral subi globalement et indivisiblement par chacune des associations demanderesses ou intervenantes" et le condamnant, en outre, aux frais de publications de la partie du jugement figurant sous la rubrique "sur la responsabilité de Monsieur Robert Faurisson" et de celle du dispositif sous la rubrique "publications judiciaires -- le problème des chambres à gaz" dans les publications:
- LE MONDE
- LE MATIN DE PARIS
- HISTORIA
Attendu que Me ROBLIN, Avoué à la Cour, s'est régulièrement Constitué par acte du Palais en date du................ pour le compte de la LICRA.
Attendu qu'il convient de rappeler qu'à partir de novembre 1978, Monsieur Robert Faurisson a publié divers écrits dans lesquels il prétendait que "HITLER n'a jamais ordonné ni admis que quiconque fut tué en raison de sa race ou de sa religion" et que les chambres à gaz dont se sont servis les Nazis pour exterminer des millions d'individus n'auraient jamais existé.
Qu'à l'appui de sa thèse, Monsieur Robert Faurisson, arguant de ses titres universitaires de Maître de Conférence à l'Université de Lyon soutenait qu'après 14 ans de réflexion personnelle et 4 ans d'une "enquête acharnée", il avait la certitude que "les prétendues chambres à gaz" à la réalité desquelles il avait d'abord cru, n'avaient en réalité jamais existé.
Que se voulant "porteur d'une bonne nouvelle pour la pauvre humanité à qui il était chargé de la révéler, Monsieur Robert Faurisson proclamait que "les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique 1".
Attendu que cette thèse a été publiée notamment dans un article du "MATIN DE PARIS" en date du 16 novembre 1978, puis répétée par trois fois au titre du droit de réponse dans le journal "LE MONDE" aux dates des 16 et 29 décembre 1978 et 16 janvier 1979.
Qu'à la suite de ces publications, la LICRA a assigné Monsieur Robert Faurisson devant le Tribunal de Grande Instance de Paris pour le voir condamner, en raison du préjudice moral que lui portent ses allégations.
Attendu qu'a la suite d'une mise en état particulièrement longue et qui a notamment impliqué que soient versés aux débats et consultés par les parties à l'instance, les documents de la procédure militaire ouverte après la guerre contre les responsables des exactions commises au camp de concentration du Stutthof que Monsieur Faurisson désignait également dans ses écrits pour mettre en doute qu'une chambre à gaz y eut jamais fonctionné, le Tribunal a fait droit aux demandes de la LICRA en condamnant Monsieur Robert Faurisson, d'une part à 1F. de dommages-intérêts au titre du préjudice moral subi, et d'autre part, à assumer les frais financiers afférents à la publication du jugement entrepris.
Que Monsieur Robert Faurisson a fait appel de ce jugement ainsi que les divers intervenants à cette instance.
1°.- L'irrecevabilité de l'action de la LICRA et des autres Associations demanderesses:
Attendu que Monsieur Robert Faurisson reprenant purement et simplement l'argumentation qu'il avait développée en première instance soutient que les actions des Associations intimées sont irrecevables en vertu des moyens suivants:
a) qu'il affirme en premier lieu qu'aucune des Associations concluantes ne prétend avoir été victime en tant que personne morale "d'injures, de diffamation ou de malveillance fautive", et qu'elles sont dès lors irrecevables en leur action, n'ayant pas qualité à agir "pour réclamer la réparation des atteintes qu'aurait porté, selon elles, Monsieur Robert Faurisson au prétendu intérêt collectif de leurs membres".
Mais attendu qu'il est aujourd'hui de jurisprudence constante qu'une Association est recevable à demander réparation d'un préjudice, résultat des atteintes portées à son objet ou en rapport avec "la spécialité du but et l'objet de la mission de l'Association".
Qu'en l'espèce, la LICRA a subi un préjudice répondant à ces définitions, distinct aussi bien de celui subi par ses membres que du préjudice supporté par la société toute entière dont seul le Ministère public peut poursuivre la réparation.
b) que d'autre part Monsieur Robert Faurisson prétend que même à admettre le droit pour les Associations d'agir dans l'intérêt collectif de leurs membres, encore faudrait-il "que les actions et interventions soient liées strictement à l'objet de chacune des Associations, et non génériquement à un trouble porté à l'ordre public ou à l'intérêt général que seul le Ministère Public a vocation, par hypothèse pour défendre dans le cadre des lois et règlements".
"Qu'en l'espèce, aucune des Associations requérantes n'ont [sic] un objet qui postule la défense de telle ou telle thèse historique relative à des réalités passées, et pour l'heure concernant la nature véritable de l'univers carcéral du IIIe Reich".
"Que dès lors, il convient de réformer le jugement entrepris puisque les Associations demanderesses ou intervenantes ne pouvaient trouver un intérêt à agir, si ce n'est celui qui réside dans la volonté d'imposer à l'opinion l'idée que leur Président ou représentant des membres se font, nonobstant les différents objets sociaux, d'une tranche dramatique et controversée de l'Histoire du xxe Siècle".
Attendu que la thèse soutenue par Monsieur Robert Faurisson peut être résumée en deux propositions principales:
"HITLER n'a jamais ordonné ni admis que quiconque fut tué en raison de sa race ou de sa religion".
"Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des Juifs forment un seul et même mensonge historique 1".
Attendu que ces affirmations publiées dans un esprit soi-disant purement scientifique, articulent implicitement mais nécessairement à l'égard de ceux qui sont rescapés de cette tragédie, l'imputation d'être des menteurs;
Qu'au surplus, il est apparu en cours de mise en état de la procédure de première instance que ces allégations avaient pour fonction de servir à Monsieur Faurisson de préparer l'articulation d'imputations encore beaucoup plus graves à caractère expressément raciste, ainsi qu'il résulte des propos qu'il a tenus le 17 décembre 1980 sur les ondes de la station de radio périphérique "Europe 1" et qui sont rappelés par le Tribunal, sans que leur réalité soit contestée par Monsieur Faurisson et qui sont les suivantes:
"Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique 1 qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l'état d'Israel et le sionisme international, et dont les principales victimes sont le peuple allemand, mais non pas ses dirigeants, et le peuple palestinien tout entier."
Attendu que La LICRA, Association régulièrement déclarée, se propose selon ses statuts de:
- lutter par tous les moyens en son pouvoir contre le racisme et l'antisémitisme qui déshonorent l'humanité,
- défendre par une action à la fois préventive et positive le droit à l'existence et à la paix des victimes du racisme dans le monde entier,
- réaliser par l'union des hommes et des femmes de toutes opinions le rapprochement des peuples, la paix entre les races et l'égalité parmi les homme;
Attendu que la remise en cause de l'extermination des populations à raison de leur appartenance à une race dont l'Allemagne nazie s'est rendue coupable sous l'influence et les directives du Chancelier Adolph Hitler et la remise en question des chambres à gaz qui ont été utilisées comme moyen pour parvenir à cette solution finale, constituent une atteinte aux intérêts collectifs des membres de la LICRA;
Attendu en effet que le rappel et le respect de la vérité historique qui a conduit à l'extermination industrielle et organisée de plus de 6 millions de personnes en raison de leur appartenance à une race par la mise en oeuvre d'une politique et d'une organisation criminelle, constituent précisément les moyens de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, puisqu'ils permettent de démontrer les aberrations et les crimes que ces fléaux ont engendrés au cours de l'histoire contemporaine;
Attendu que la déclaration précitée du 17 décembre 1980 est la démonstration, -- si celle-ci devait encore être nécessaire -- a posteriori que les affirmations exprimées dans Le Matin de Paris et Le Monde du 16 novembre 1978 au 16 janvier 1979 portaient une atteinte directe à l'action que la LICRA se propose de mener dans ses statuts;
Attendu que dans ces conditions, c'est à bon droit que le Tribunal a constaté que les écrits de Monsieur Robert Faurisson "portent directement atteinte aux intérêts légitimes dont les Associations ont la charge et pour la défense desquels elles ont été créées".
2°.- Sur les Fautes commises par Monsieur Faurisson au sens des articles 1382 et 1383 du Code Civil:
Attendu que Monsieur Faurisson a commis dans l'exercice de son travail, dont il prétend rendre compte dans les articles de presse visés, un certain nombre de fautes:
1. -- Qu'il a tout d'abord abusivement écarté, et sans en justifier sérieusement, un certain nombre de sources judiciaires importantes.
Ainsi, il écarte les documents recueillis par la Justice polonaise après la guerre.
Il écrit à cet égard:
"Les chambres à gaz de Pologne (...) n'ont pas eu plus de réalité. C'est aux appareils judiciaires polonais et soviétiques que nous devons l'essentiel de notre information sur elles. (Voyez par exemple l'ébouriffante confession de R. Hoess, commandant à Auschwitz)" (article du Monde, 29 décembre 1978).
Que Faurisson ne s'exprime pas plus sur cette question pour expliciter l'insinuation qu'il fait au regard de la Justice polonaise.
Qu'en vérité, de source soviétique, il n'en existe pas et pour ce qui concerne les pièces rassemblées par la justice polonaises, celles-ci sont pour l'essentiel constituées de documents d'origine allemande recueillis par la justice polonaise.
Qu'il s'agit des ruines proprement dites des crématoires, des plans et indices et des archives laissées sur place par les S.S.
Attendu qu'au surplus Faurisson ne s'explique pas sur les raisons pour lesquelles il écarte les actes et jugements rendus par le Tribunal international de Nuremberg, les Tribunaux allemands et autrichiens et enfin les Tribunaux militaires anglais et francais;
Attendu que Monsieur Faurisson ne s'explique pas non plus sur les raisons pour lesquelles il écarte les aveux de Rudolph Hoess et les expertises judiciaires de la justice polonaise faites précisément au sujet des chambres à gaz dont il ne craint pas d'affirmer faussement que jamais aucune expertise judiciaire n'a été accomplie à leur sujet;
Attendu enfin, que Monsieur Faurisson écarte en quelques mots la plupart des témoignages recueillis auprès des rares rescapés des Sonderkommando sans plus s'expliquer sérieusement sur les raisons pour lesquelles ceux-ci seraient suspects.
Attendu qu'il écarte également sans aucune explication, outre Rudolph Hoess, les témoignages et récits d'autres exécutants S.S. tels que Johan Paul Kremer, médecin à Auschwitz, Friedrich Entress, médecin de camp à Auschwitz, Perry Broad, ou encore des hommes tels que Kurt Gerstein;
Attendu qu'outre des pièces abusivement écartées par Faurisson, il s'avère que celui-ci a au surplus omis, par une négligence coupable de mentionner des documents importants allant à l'encontre de sa thèse.
2.- Les omissions de Monsieur Faurisson:
Attendu qu'il s'avère et qu'il est prouvé que Monsieur Faurisson n'a pas pris contact avec la Commission centrale d'Investigation sur les crimes hitlériens en Pologne, qu'ayant contacté le Musée d'Auschwitz il n'a fait aucune recherche de documents concernant à proprement parler l'extermination des Juifs dans les chambres à gaz d'Auschwitz.
Qu'il n'a pas pris de contact ni à Munich, ni à Ludwigsburg auprès de l'Institut d'Histoire contemporaine mondialement connu pour ses archives sur la question discutée par Faurisson.
Attendu que Faurisson a tu un certain nombre de documents importants relatifs à la décision de Hitler de procéder à la destruction physique des Juifs.
Qu'il omet volontairement les déclarations d'EICHMANN lors de son procès à Jérusalem, d'Albert SPEER dans son ouvrage "Technique et Pouvoir" ni de l'ordre donné par le Reichsmarechal GOERING ou de l'allocution d'HIMMLER, non plus que du compte-rendu de la Conférence dite de Wannsee du 20 juin 1942 suivant un procès-verbal établi par EICHMANN lui-même.
Attendu que Faurisson se tait également sur l'existence des nombreux documents relatifs aux camions servant au gazage.
Attendu qu'après avoir écarté indûment des documents fondamentaux, d'avoir omis d'évoquer d'autres pièces et témoignages essentiels, Monsieur Faurisson n'hésite pas à procéder à de véritables dénaturations de textes.
3.- Les dénaturations de textes:
Attendu qu'il en est ainsi des dénaturations du journal de KREMER (cité ci-dessus), ou des aveux écrits de sa main par Rudolph Hoess.
Attendu que des dénaturations grossières sont également commises tant en ce qui concerne les écrits de Madame Olga Wormser-Migot, de Monsieur Broszat ou du rapport de la Croix-Rouge au camp d'Auschwitz.
4.- Attendu enfin que Monsieur Faurisson se livre à des interprétations techniques fallacieuses pour accréditer sa thèse.
Attendu qu'il en est ainsi à propos de l'interprétation d'un document SS relatif au crématoire n° 2 d'Auschwitz daté du 29 janvier 1943 où apparaît le terme allemand de "Wergasungskeller" qui se traduit par cave de gazage et dont seul, et sans l'appui d'aucun interprète officiel, il prétend qu'il devrait signifier chambre de carburation.
Qu'à cet égard, la demanderesse, intimée en appel, a produit deux avis d'Experts signés de Monsieur Victor Borten, Expert-traducteur assermenté auprès de la Cour d'Appel, et du Tribunal de Grande Instance de Paris, au sujet de cette interprétation, sans que Monsieur Faurisson n'ait pu opposer autre chose que des sarcasmes.
Attendu surtout que Monsieur Faurisson, se permet, sans conforter son avis par celui d'aucun spécialiste de ces questions, de récuser la valeur des aveux de Rudolph Hoess quant à la possibilité de procéder rapidement à l'évacuation des chambres à gaz après que les opérations de gazage se soient effectuées.
Qu'il est remarquable de relever à ce sujet que:
a) Faurisson, dans l'article du 16 janvier 1979 dans LE MONDE, procède à une véritable manipulation du texte de l'aveu de Rudolph Hoess et,
b) a intentionnellement omis de citer l'avis de Monsieur Louis TRUFFERT, toxicologue, Expert honoraire près la Cour d'Appel de Paris, ex-liste nationale, Membre du Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France et Président de l'Association Internationale d'Expertise Scientifique qui, consulté par lui, lui a donné des indications démentant pour lui la possibilité de donner l'interprétation qu'il a exprimée dans les colonnes du Monde.
Monsieur TRUFFERT a écrit à l'Avocat de la LICRA le 16 Février 1981 que:
"J'ai recu l'année dernière Monsieur Faurisson qui m'a posé un certain nombre de questions, mais je ne vois rien, dans les réponses que je lui ai faites, qui permette de conclure que les Allemands n'avaient pas utilisé des chambres à gaz avec émission d'acide cyanhydrique, provenant du Zyklon B."
Que dans cette même lettre Monsieur TRUFFERT conclut:
"Il ne me paraît nullement impossible que des personnes non munies de masques à gaz pénètrent sans inconvénient dans une chambre à gaz contenant des corps nus dont la température devait encore dépasser 26° (donc non susceptible de retenir du toxique par absorption)[(2)] pour peu que celle-ci ait été ventilée, même très modérément."
Attendu que les faits énumérés ci-dessus constituent les fautes définies aux articles 1382 et 1383 du Code civil,
Attendu que la responsabilité civile de Monsieur Faurisson se trouve donc ainsi engagée.
Qu'il y a lieu d'indemniser l'Association concluante du préjudice subi qui en est la conséquence.
Attendu que la LICRA a été contrainte d'engager des frais importants de traduction nécessités par la présente procédure.
Que par conclusions signifiées le 9 octobre 1980, elle concluait et demandait au Tribunal de dire que les dépens de l'instance aux remboursement desquels elle demandait que Monsieur Faurisson fut condamné comprennent les frais de traduction et de photocopie exposés par la LICRA.
Attendu qu'il n'a pas été fait droit à cette demande, au surplus même pas évoquée par le Tribunal
Attendu qu'il convient donc sur ce point d'émander le jugement dont appel, et de faire droit à la demande de la LICRA.
PAR CES MOTIFS
Confirmer en tous points le jugement dont appel,
L'émandant pour le surplus:
Dire et juger que les débours au remboursement desquels Monsieur Faurisson sera condamné comprendront les frais et honoraires engagé auprès des Traducteurs-Jurés.
Condamner M. Faurisson en tous les dépens de 1re instance et l'appel dont le montant pourra être recouvré directement par Me ROBLIN Avoué dans les conditions de l'art. 699 du NCPC
SOUS TOUTES RESERVES
ET CE SERA JUSTICE
PLAISE A LA COUR
Attendu, pour répliquer aux conclusions régularisées pour la LICRA par acte du Palais en date du 14 mai 1982, qu'il convient de rappeler encore une fois que la demande initiale reposait sur une simple et sommaire imputation précise, quoique jamais explicitée, à savoir que le Professeur Faurisson avait:
-- "volontairement tronqué" le témoignage de Johann Paul Kremer (assignation introductive, page 3, 1° alinéa);
Attendu que les conclusions susvisées, après trois ans et trois mois de procédure, ont eu le mérite de circonscrire enfin relativement la demande (la longueur de la procédure fut imputable à la LICRA qui, quoique Monsieur Faurisson eût conclu dès le 2 octobre 1979, mit deux ans à rechercher des pièces pour justifier a posteriori son assignation, au mépris de l'article 56 du Nouveau Code de Procédure Civile, avant-dernier alinéa);
Attendu qu'au vu desdites conclusions de l'intimée, il est possible en effet de mieux cerner la demande, la LICRA reprochant, moins génériquement cette fois, à Monsieur Faurisson ses thèses et certains de ses articles de presse, articles énumérés dans la demande initiale non limitativement ("divers écrits", lisait-on dans l'assignation introductive, avant l'énumération de quatre articles précédés de l'adverbe "notamment");
Attendu que ces articles de presse étaient et semblent demeurer ceux publiés dans:
1° Le Matin de Paris du 16 novembre 1978;
2° Le Monde du 16 décembre 1978;
3° Le Monde du 29 décembre 1978;
4° Le Monde du 16 janvier 1979;
Attendu qu'on notera que l'article du Matin de Paris invoqué doit être écarté, s'agissant de l'oeuvre largement mensongère d'un journal (au demeurant condamné pour diffamation envers le Professeur Faurisson);
Attendu que doit de même être écarté l'article publié par Le Monde du 16 décembre 1978 (page 12), Monsieur Faurisson n'y ayant pas exposé ses thèses mais seulement élevé une protestation contre les vexations, intimidations et violences dont il était victime;
Attendu que les deux articles restants étaient nécessairement concis, puisqu'il s'agissait, dans un cas, d'un espace parcimonieusement accordé au Professeur Faurisson par Le Monde (numéro du 29 décembre 1978) et, dans l'autre cas (Le Monde du 16 janvier 1980), d'un "droit de réponse" étroitement limité par les règles du genre;
Attendu que l'intimée n'hésite pas à utiliser de prétendus arguments qui sont étrangers à ces articles;
Attendu toutefois que les conclusions en appel de la LICRA permettent de mieux définir ce que cette association reproche au Professeur, à savoir de n'avoir pas, dans la concision desdits articles -- et donc "en quelques mots" (conclusions de la LICRA, page 7, 6e alinéa) -- donné exhaustivement ses justifications;
Attendu que, si la Cour devait suivre le raisonnement de la LICRA, il faudrait tout d'abord détailler ce qui relève de la conviction de Monsieur Faurisson d'une part (éléments subjectifs incontrôlables), et ce qui relève des prétendues omissions ou dénaturations des éléments matériels d'autre part;
Attendu qu'il faudrait ensuite à la Cour, motif pris de ce qu'aucune omission ne saurait être tolérée, déclarer illicite le genre du "résumé" au profit des seules oeuvres complètes (?), à condition que celles-ci épuisent les sujets abordés, exigence manifestement absurde;
Attendu qu'il convient de remarquer qu'on en reste à deux imputations suffisamment explicitées pour permettre la discussion à savoir le reproche fait à l'appelant d'avoir:
1° dénaturé le Journal de Johann Paul Kremer (imputation que la LICRA ne cherche pas même à fonder en raison);
2° omis de citer l'avis de Louis Truffert, toxicologue (argument "exhaustiviste" apparu en cause d'appel) et interprété incorrectement le mot allemand "Vergasungskeller", comme l'auraient prouvé deux avis d'expert de Monsieur Borten (première esquisse d'une démonstration après plus de trois ans d'attente);
Attendu que pour le reste la LICRA n'oppose à l'appelant que des généralités qu'elle prétend appuyer par des kilos de pièces versées en vrac au débat en espérant voir Messieurs les Président et Conseillers de la Cour y mettre de l'ordre pour reconstituer une logique introuvable;
Attendu qu'en dépit de cela, et pour bien marquer la faiblesse du travail de son adversaire, le Professeur Faurisson entend répondre jusqu'aux moindres allusions de la LICRA, si vagues soient-elles;
Attendu, pour la compréhension de l'exposé qui suit, que l'appelant se propose de traiter les trois points suivants:
I. Le travail de l'appelant est de caractère scientifique.
II. L'appelant est en mesure de répondre à chaque objection de l'intimée.
III. La LICRA, dans sa légèreté, ne soupconnait pas la complexité du problème posé.
Attendu que la thèse de Monsieur Faurisson, professeur à l'Université Lyon-2 et membre du comité de rédaction de l'Institute for Historical Review de Los Angeles, est celle de tout un courant de pensée historique dit "révisionniste" et qu'elle constitue, dans le cas particulier de l'appelant, le fruit d'un travail méthodique et acharné qui s'est étendu sur de nombreuses années;
Attendu que même les adversaires de l'appelant, qui sont les tenants de la thèse dite "officielle" ou "exterminationniste", y compris celui d'entre eux qui ose le traiter de "falsificateur", sont obligés de rendre à l'appelant cet hommage qu'il a:
"usé un nombre incalculable de journées de travail dans les archives francaises ou allemandes" (Professeur P. Vidal-Naquet, "Un Eichmann de papier", Esprit, septembre 1980, page25);
Attendu que même la plus grande autorité mondiale de l'école officielle, le Professeur américain Raul Hilberg, qui lui, s'abstient de toute attaque contre l'appelant, vient de déclarer:
"Je dirai que, d'une certaine manière, Faurisson et d'autres, sans l'avoir voulu, nous ont rendu service. Ils ont soulevé des questions qui ont eu pour effet d'engager les historiens dans de nouvelles recherches. Ils ont obligé à rassembler davantage d'informations, à réexaminer les documents et à aller plus loin dans la compréhension de ce qui s'est passé" (Le Nouvel-Observateur, 3 Juillet 1982, page 71);
Attendu que le Professeur Hilberg, auteur de l'ouvrage de référence The Destruction of the European Jews, a depuis 1961 montré que, tout compte fait, pour un historien sérieux, il ne pouvait pas y avoir eu de chambres à gaz homicides ailleurs qu'en six points de Pologne occupée: Kulmhof, Majdanek-Lublin, Treblinka, Sobibor, Belzec et Auschwitz;
Attendu que, dans la livraison susmentionnée du Nouvel-Observateur, le Professeur Hilberg confirme ses conclusions de 1961 (voy. page 12, début de colonne A), ce qui exclut ainsi définitivement la possibilité de gazages homicides dans des camps où, selon une tradition historique généralement accréditée, ils avaient eu lieu:
- pour l'Allemagne: à Dachau, à Buchenwald, à Ravensbrueck, à Oranienburg-Sachsenhausen, à Neuengamme, à Bergen-Belsen,...
- pour l'Autriche: à Mauthausen, à Gusen, à Hartheim,...
- pour la France: au Struthof-Natzweiler;
- pour la Pologne: au Stutthof-Danzig;
Attendu que, pour en revenir aux six camps de Pologne occupée susmentionnés, le Professeur Hilberg affirme que:
- pour Belzec, Treblinka et Sobibor, nous ne possédons pas de documents, pas même un plan des bâtiments (voy. page 72, colonnes B & C);
- pour Kulmhof, "c'étaient des camions. Ils en avaient amené deux ou trois" (voy. page 72, colonne A): affirmation à l'appui de laquelle le Professeur Hilberg mentionne "une masse de documents allemands";
- pour Majdanek-Lublin, comme d'ailleurs pour tous les autres camps, les Allemands "ont pris soin de ne rien laisser derrière eux après la guerre" (voy. page 71, colonne C);
- pour Auschwitz, les preuves de gazages homicides seraient les suivantes: aveux du premier des trois commandants successifs (confessions de Rudolf Hoess), "photos prises par des réseaux polonais, communistes généralement", photos "prises par avion, par les services de renseignement alliés. On y voit des colonnes de gens entrant dans les chambres à gaz", "documents sur les livraisons de gaz précisant que c'est du matériel destiné à des "regroupements juifs". Cela ne signifie pas désinfection.";
Attendu que, sur ce dernier point, l'interviewer demande au Professeur Hilberg: "Qu'est-ce qui nous interdit de le penser? Cela aurait pu n'être qu'un désinfectant?" et qu'il lui est répondu: "Pas dans ces quantités. Bien sûr qu'ils ont aussi désinfecté quelques vêtements...";
Attendu que l'interviewer insiste et demande: "Dans les mêmes chambres?" et qu'il lui est répondu: "Peut-être..." (voy. page 76, colonnes B & C);
Attendu que, pour sa part, l'appelant remarque que dans le cas des gazages homicides d'Auschwitz, la thèse officielle n'est plus soutenue que par des preuves rares et fragiles, dont il est aisé de montrer, en les prenant une à une, qu'elles n'ont en réalité pas la valeur qu'on leur accorde;
Attendu, d'autre part, que l'école historique officielle a dû opérer, de 1960 à 1982, toute une série de révisions déchirantes, tant en ce qui concerne, ainsi qu'on vient de le voir, les prétendus gazages homicides, qu'en ce qui concerne:
- l'existence d'un ordre d'exterminer les Juifs;
- le chiffre des six millions de morts juives;
Attendu que, lors du récent colloque de la Sorbonne et des Hautes Etudes sur "l'Allemagne nazie et l'extermination des Juifs" (Paris, 28 juin- 2 juillet 1982), colloque présidé par MM. les Professeurs Raymond Aron et Francois Furet, on reconnaissait n'avoir, en trente ans de recherches, trouvé aucun ordre d'extermination des Juifs provenant soit de Hitler, soit de l'un des siens, et que l'existence d'un tel ordre n'était pas démontrée "par les recherches les plus érudites" (conférence de presse du 2 Juillet 1982, à la Maison des Sciences de l'Homme);
Attendu qu'une autre grande autorité mondiale de l'école officielle, le Dr Martin Broszat, directeur de l'Institut d'Histoire Contemporaine de Munich, a dû convenir devant un tribunal de Francfort que le chiffre des six millions n'est qu'un "chiffre symbolique" (3 mai 1979, procès 50 Js 12 828/79 919 Ls contre Erwin Schoenborn);
Attendu que selon l'appelant cette estimation exorbitante sera l'objet de considérables révisions en baisse, comme cela a été le cas pour le nombre des Juifs déportés de France (voy. Réponse à Pierre Vidal-Naquet, page 23);
Attendu d'autre part que, pour en venir à la thèse même de l'appelant, il convient de rappeler que celle-ci a été, jusqu'à ce jour, notamment développée dans les publications suivantes:
"D'une facon générale, cette exposition officielle de 1982 marque une évolution intéressante du mythe des chambres à gaz homicides: les fragments que l'on nous montre de prétendues chambres à gaz homicides se font de plus en plus petits. On va vers l'infinitésimal, le zéro, le néant. Déjà beaucoup de ces chambres à gaz homicides ne sont plus montrées du tout: on se contente de nous montrer le bâtiment qui est censé les contenir."
Attendu que, pour se limiter au monde scientifique francais, ces trois publications, ainsi que celles de Paul Rassinier, ancien déporté (Le Mensonge d'Ulysse, Ulysse trahi par les siens. Le Véritable procès Eichmann, L'Opération "Le Vicaire" (à propos des "confessions" de Kurt Gerstein), Le Drame des Juifs Européens), constituent quelques-uns des ouvrages de base, à lire de près, pour quiconque entend affirmer ou nier l'existence des "chambres à gaz" et du "génocide", sans se limiter à ce qu'il croit savoir de la question par les journaux, la radio, la télévision et les publications qui soutiennent la thèse officielle;
Attendu que, s'agissant d'un sujet aussi
controversé (aujourd'hui qualifié de délicat,
voy. "Le nazisme et les mécanismes du génocide"
par Pierre Assouline, L'Histoire, n° 46, juin 1982,
page 71: "L'Allemand Wolfgang Scheffler (Berlin) aura la
délicate tâche de parler des chambres à gaz"),
il sied de ne formuler une opinion qu'après avoir entendu
avec le moins de passion possible les arguments de l'une et l'autre
parties;
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Déclaration internationale des droits de l'homme,
adoptée par l'Assemblée générale de
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