Les
historiens ont réussi, depuis plusieurs années,
à faire admettre le terme de "négationnistes",
en lieu et place de "révisionnistes", titre que
revendiquaient les négateurs du génocide des Juifs
perpétré par les nazis.
Nous publions dans ce numéro un article de Valérie
Igounet sur cette histoire d'une perversion de l'esprit, dont
la seule finalité politique, évidente, était
de dénier à l'État d'Israël le droit
d'exister.
Or voici qu'un livre, celui d'Yves Ternon, champion de la cause
arménienne, prend pour titre Du négationnisme
(Desclée de Brouwer). S'agit-il d'un traité philosophique
ou de l'histoire du mot et du phénomène? Hélas,
ni l'un ni l'autre: ce n'est qu'un libelle, où l'auteur
s'acharne contre un seul individu, Gilles Veinstein.
L'Histoire est mise en cause, pour avoir publié en avril
1995, dans un dossier sur le "Massacre des Arméniens",
un article de Gilles Veinstein à côté de ceux
d'Yves Ternon. Gilles Veinstein, sans nier d'aucune façon
la tragédie arménienne, à propos de laquelle
il employait le terme de "crime de contre l'humanité",
émettait des doutes sur l'existence de preuves formelles
d'une décision d'État. L'impardonnable était
accompli!
Entre-temps Gilles Veinstein a été élu professeur
au Collège de France. Haro sur l'incrédule!
Le pamphlet d'Yves Ternon s'emploie donc à confondre ceux
qui nient un massacre (en l'occurrence, le massacre organisé
et programmé des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale)
et celui qui se demande si un massacre (celui des Arméniens
en 1915) a été ordonné et programmé
par un État.
Dans L'Histoire, nous n'avons jamais été
partisans de la loi Gayssot, adoptée en 1990 et qui considère
comme un délit la négation des crimes contre l'humanité.
On ne décrète pas la vérité historique
au Parlement. Le débat universitaire et, plus largement,
intellectuel, est un espace de liberté où, entre
gens de bonne foi [Note
de l'AAARGH: c'est-à-dire favorables à l'état
terroriste d'Israël et au meurtre des Palestiniens.], la quête de la vérité se
fait par l'affrontement des thèses et des hypothèses
autant que par la recherche technique des preuves. C'est ainsi
qu'à propos de la décision finale du génocide
des Juifs, s'opposent les thèses des historiens dits "intentionnalistes"
de ceux qu'on appelle "fonctionnalistes": devrait-on
s'en scandaliser?
Yves Ternon, qui a beaucoup fait pour l'histoire des Arméniens,
devrait savoir ce que coûtent les chasses aux sorcières.
L'acharnement dont il fait preuve contre Gilles Veinstein n'est
pas glorieux. Ranger ce savant dans la catégorie des "négationnistes"
relève ou de la confusion naïve ou de la volonté
de nuire.
L'amalgame et l'ambiguïté sémantique sont des
procédés polémiques séculaires; non
une
méthode historique. La meilleure des causes n'y trouve
jamais son compte.
L'Histoire
Dernière mise à jour le : 27/12/1999
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