AAARGH
[Note de
l'AAARGH: Finkelstein a un site web où l'on trouve le dossier
de son livre: http://www.normanfinkelstein.com/index.html]
On
ne sait pas encore comment "les survivants nécessiteux
de l'Holocauste" s'en sortiront dans l'accord final. Gizella
Weisshaus, la première plaignante à engager un procès
sur la base d'un compte dormant suisse, a renvoyé son avocat,
Edward Fagan, en se plaignant amèrement qu'il l'ait utilisée
à ses fins propres. La note d'honoraires de Fagan au tribunal
se montait à quatre millions de dollars. Le montant total
des honoraires des avocats est de quinze millions, beaucoup d'entre
eux facturant au prix de six cents dollars de l'heure. Un avocat
demande deux mille quatre cents dollars pour la lecture du livre
de Tom Bower, L'or nazi. "Des groupes juifs et des
survivants", rapporte le New York Jewish Week, "réclament
sans vergogne leur part du milliard et quart de dollars de l'époque
de l'Holocauste." Les plaignants et les survivants affirment
que tout l'argent doit leur revenir directement. Les associations
juives, cependant, veulent une part de l'affaire. Dénonçant
l'impudence des associations juives, Greta Beer, qui fut un des
témoins essentiels contre les banques suisses au Congrès,
déclare au tribunal du juge Korman "je ne veux pas
qu'on m'écrase comme un petit insecte." Malgré
sa sollicitude pour les "survivants nécessiteux de
l'Holocauste", le Congrès juif mondial veut que presque
la moitié de l'argent suisse aille aux associations juives
et à "l'enseignement de l'Holocauste". Le centre
Simon Wiesenthal maintient que si des associations juives "méritantes"
reçoivent de l'agent, "une partie devait aller aux
centres éducatifs". Les associations religieuses orthodoxes
et réformistes "font chacune la quête"
pour une grosse part du butin, prétendant que c'est leur
branche particulière du judaïsme que les six millions
de morts auraient choisi de faire bénéficier. Et
pourtant, l'industrie de l'Holocauste avait obligé les
Suisses à un accord parce que le temps pressait: "Les
survivants nécessiteux de l'Holocauste meurent chaque jour."
Après la signature de l'accord par les Suisses, cependant,
l'urgence a miraculeusement disparu. Plus d'un an après,
il n'y avait toujours pas de programme de répartition des
sommes. On peut penser que lorsque l'argent sera finalement distribué,
tous "les survivants nécessiteux de l'Holocauste"
seront morts. En fait, en décembre 1999, moins de la moitié
des deux cents millions du Fonds spécial pour les victimes
nécessiteuses de la Shoah, établi en février
1997, avait été distribué aux victimes authentiques.
Après le paiement des honoraires d'avocats, l'argent suisse
affluera dans les coffres des associations juives "méritantes"1.
"Aucun accord n'est défendable", écrit dans le New York Times Burt Neuborne, professeur de droit à l'université de New York et membre de l'équipe de juristes du procès en nom collectif, "si, grâce à lui, l'holocauste s'avère une entreprise bénéficiaire pour les banques suisses." Edgar Bronfman nous a tous fait pleurer en disant devant la commission sur les affaires bancaires et les services financiers de la Chambre des représentants qu'il ne fallait pas "autoriser les Suisses à tirer profit des cendres de l'Holocauste." D'un autre côté, Bronfman a reconnu récemment que les coffres du Congrès juif mondial avaient recueilli "à peu près sept milliards de dollars" d'indemnisation 2.
Les rapports sérieux sur les banques suisses ont été publiés depuis. On peut donc maintenant juger soi-même s'il y a eu, comme Bower le prétend, "une conspiration helvético-nazie vieille de cinquante ans pour voler des milliards aux juifs d'Europe et aux survivants de l'Holocauste."
En juillet 1998, le rapport de la commission Bergier (indépendante), intitulé La Suisse et les transactions d'or pendant la seconde guerre mondiale, est sorti 3. La commission confirme que les banques suisses ont acheté de l'or à l'Allemagne nazie, pour un montant d'environ quatre milliards de dollars en valeur actuelle, et qu'elles savaient que cet or avait été pris dans les banques centrales des pays d'Europe occupés. Pendant les auditions au Congrès, les membres du Congrès ont été choqués que les banques suisses aient fait le commerce de valeurs volées et, pis encore, continuent de telles pratiques. Déplorant que les politiciens corrompus déposent leurs biens mal acquis dans des banques suisses, un membre du Congrès a demandé à la Suisse d'adopter enfin une loi contre "ce mouvement secret d'argent... par des gens au pouvoir qui pillent leurs ressources nationales". Se lamentant sur "le nombre de membres de gouvernement corrompus et d'hommes d'affaires qui, dans le monde entier, ont trouvé dans les banques suisses un asile pour leurs grosses fortunes", un autre membre du Congrès s'est demandé tout haut si "le système bancaire suisse rend service aux voyous actuels, et aux pays qu'ils représentant... de la même façon qu'elles avaient donné asile au régime nazi il y a cinquante-cinq ans?4" Le problème se pose réellement. On estime à cent ou deux cents millions de dollars par an le produit de la corruption politique qui est envoyé hors du pays d'origine dans des banques privées. Les remontrances de la commission du Congrès sur les affaires bancaires auraient eu plus de poids, cependant, si une bonne moitié de "ce capital en fuite illégalement" n'était déposé dans des banques américaines en plein accord avec la loi américaine 5. Les bénéficiaires récents de "l'asile" légal des Etats-Unis sont, par exemple, Raul Salinas de Gortari, frère de l'ex-président du Mexique, et la famille de l'ex-dictateur nigérian, le général Sani Abacha. "L'or pillé par Adolf Hitler et ses hommes de main", observe Jean Ziegler, un député suisse très critique envers les banques suisses, "ne diffère en rien, dans son essence, de l'argent du crime" détenu actuellement en Suisse sur les comptes privés des dictateurs du Tier-Monde." "Des millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont été conduits à la mort par les voleurs patentés de Hitler" et "des centaines de milliers d'enfants meurent tous les ans de maladie et de malnutrition" dans le Tiers-Monde parce que "des tyrans ont spolié leur pays avec l'aide des requins financiers suisses 6". Et avec l'aide des requins financiers américains aussi. Et je ne parle même pas de ce qu'un grand nombre de ces dictateurs ont été mis et maintenus au pouvoir par les Etats-Unis, autorisés par eux à dépouiller leurs pays.
Pour ce qui concerne l'holocauste nazi lui-même, la commission indépendante conclut que les banques suisses ont acheté "des lingots contenant de l'or pris par les nazis aux victimes des camps de travail et des camps d'extermination". Ils ne le savaient cependant pas quand ils l'ont fait: "il n'y a aucune indication permettant de dire que les décideurs de la banque centrale suisse savaient que des lingots contenant de l'or de cette provenance étaient envoyés en Suisse par la Reichsbank." La commission a évalué la valeur de "l'or des victimes" acheté sans le savoir par la banque à 134.428 dollars, soit à peu près un million de dollars actuels. Ce chiffre comprend "l'or des victimes" volés aux prisonniers des camps, juifs et non-juifs 7.
En décembre 1999, la commission indépendante de personnalités éminentes (Volcker) a remis son Rapport sur les comptes dormants des victimes des persécutions nazies dans les banques suisses 8. Le rapport contient les conclusions d'un examen complet des comptes qui a duré trois ans et coûté au moins cinq cent millions de dollars 9. Sa principale conclusion sur "le traitement des comptes dormants des victimes de persécutions nazies" mérite d'être longuement citée:
"Pour les victimes des persécutions nazies, il n'y a aucune preuve d'une discrimination systématique, d'un refus d'accès, de détournement ou de violations des prescriptions légales suisses sur la rétention de documents. Cependant, le rapport critique aussi les actes de certaines banques dans leur traitement des comptes des victimes de persécutions nazies. Le mot "certaines" dans la phrase précédente doit être souligné puisque les actes critiqués sont surtout ceux de certaines banques dans leur manipulation de comptes individuels de victimes des persécutions nazies dans le cadre d'une enquête sur deux cent cinquante-quatre banques, pour une période d'environ soixante ans. Pour les actes critiqués, le rapport reconnaît aussi qu'il y avait des circonstances atténuantes à la conduite des banques impliquées dans ces activités. Le rapport reconnaît, en outre, qu'il y a d'abondantes preuves que, dans beaucoup de cas, les banques ont activement recherché les titulaires des comptes ou leurs héritiers, parmi lesquels il y avait des victimes de l'Holocauste, et qu'elles ont versé le montant des comptes dormants aux propriétaires légitimes."
Le paragraphe se termine sur cette remarque modérée:
"La commission croit que les actes critiqués sont suffisamment importants pour qu'il soit désirable de décrire dans cette section ce qui s'est mal passé afin d'en tirer les leçons plutôt que d'en répéter les erreurs 10."
Le rapport déclare aussi que, bien que la commission n'ait pu retrouver tous les dossiers des banques pour la "période concernée" (1933-1945), la destruction de dossier sans qu'on s'en rende compte "serait difficile, sinon même impossible" et qu'"en fait, aucune trace de destruction systématique des dossiers des comptes afin de dissimuler la conduite passée n'a été découverte". Le rapport conclut que le pourcentage de dossiers retrouvés (60%) est "tout à fait extraordinaire" et "vraiment remarquable", surtout quand on se souvient que la loi suisse n'impose la conservation des dossiers que pendant dix ans"11.
Et maintenant, comparons cela avec le compte rendu qu'a fait le New York Times des conclusions de la commission Volcker. Sous le titre "Les tromperies des banques suisses"12, le journal rapporte que la commission n'a trouvé "aucune preuve décisive" que les banques suisses ont mal géré les comptes dormants juifs. Le rapport, en réalité, dit "aucune preuve". Le New York Times continue en disant que la commission "a trouvé que les banques suisses s'étaient arrangées pour perdre la trace d'un nombre très élevé de ces comptes". En fait, le rapport trouve que les Suisses ont conservé les dossiers d'un nombre de comptes "tout à fait extraordinaire", "vraiment remarquable". Enfin, le journal affirme que, d'après la commission, "beaucoup de banques ont cruellement éconduit par tromperie les membres des familles qui essayaient de recouvrer les avoirs perdus". En réalité, le rapport souligne que "certaines" banques se sont mal conduites et que, dans ces cas-là, il y avait des "circonstances atténuantes"; il dit aussi que dans "beaucoup de cas", les banques ont cherché activement les successeurs légitimes.
Le rapport condamne les banques suisses pour n'avoir pas été "sincères et ouvertes" dans les précédents examens de comptes dormants de l'époque de l'Holocauste. Néanmoins, il semble attribuer l'échec de ces examens de comptes plus à des causes techniques qu'à de la malfaisance 13. Le rapport identifie cinquante-quatre mille comptes qui ont "un lien probable ou possible avec des victimes des persécutions nazies". Mais il estime que dans seulement la moitié des cas, soit vingt-cinq mille, le lien était suffisamment vraisemblable pour qu'il donne les noms des comptes. La valeur estimée actuelle de dix mille des comptes pour lesquels des renseignements étaient disponibles est comprise dans une fourchette allant de cent soixante-dix à deux cent soixante millions de dollars actuels. Il a été impossible d'estimer la valeur actuelle des autres comptes 14. La valeur totale des comptes dormants de l'époque de l'Holocauste s'élèvera probablement beaucoup plus haut que les trente-deux millions de dollars estimés à l'origine par les banques suisses mais restera largement en-deçà de la fourchette de sept à vingt milliards de dollars réclamés par le Congrès juif mondial. Dans les témoignagnes ultérieurs au Congrès, Volcker a estimé que le nombre de comptes suisses "probablement ou peut-être" liés à des victimes de l'Holocauste était "beaucoup plus élevé que les estimations faites dans les enquêtes précédentes". Cependant, il continua: "Je souligne les mots "probablement ou peut-être" parce que, sauf dans quelques rares cas, au bout de plus d'un demi-siècle, nous ne sommes pas en mesure d'établir avec certitude un lien irréfutable entre les victimes et les titulaires de comptes 15."
La conclusion la plus explosive de la commission Volcker n'a pas été rapportée dans la presse américaine: les Etats-Unis, comme la Suisse, ont aussi servi de coffre-fort aux avoirs juifs européens transférables.
"Le pressentiment de la guerre et de la détresse économique, aussi bien que la persécution des juifs et d'autres minorités par les nazis avant et durant la seconde guerre mondiale, a amené beaucoup de gens, y compris les victimes des persécutions, à transférer leurs avoirs dans des pays qui semblaient devoir constituer des havres sûrs (il est important de noter que les Etats-Unis et le Royaume-Uni en faisait partie)... En raison des frontières de la Suisse neutre avec les pays de l'Axe et ceux occupés par l'Axe, les banques suisses et les autres intermédiaires financiers suisses ont également accueilli une partie des avoirs en quête de sécurité."
Une annexe donne la liste des "destinations favorites" du transfert des avoirs juifs européens. Les premières destinations sont les Etats-Unis et la Suisse (la Grande-Bretagne arrive en "troisième position, loin derrière")16.
La question qui se pose est évidemment celle du destin des comptes dormants de l'époque de l'Holocauste dans les banques américaines. La commission sur les affaires bancaires de la Chambre des représentants a nommé un expert sur cette question. Seymour Rubin, actuellement professeur à l'Université américaine, était le chef de la délégation des Etats-Unis dans les négociations avec la Suisse après la seconde guerre mondiale. Sous les auspices des associations juives américaines, Rubin a aussi travaillé pendant les années cinquante avec "un groupe d'experts de la vie juive communautaire en Europe" pour identifier les comptes dormants de l'époque de l'Holocauste dans les banques américaines. Dans son témoignage à la chambre, Rubin a déclaré que la valeur de ces comptes avait été estimée à six millions de dollars après un examen très superficiel et très rudimentaire des banques de New York seulement. Les associations juives avaient réclamé cette somme au Congrès pour "les survivants nécessiteux" (aux Etats-Unis, les comptes dormants abandonnés sont transférés à l'Etat en vertu du principe d'échéance). Rubin rappela alors:
"L'estimation initiale de six millions de dollars fut rejetée par ceux qui souhaitaient soutenir ce projet de loi au Congrès et la proposition de loi initiale prévoyait une limite de trois millions de dollars... En l'occurrence, le chiffre de trois millions fut ramené au cours des séances de la commission à un million. La discussion de la loi ramena ensuite le montant à cinq cent mille dollars. Ce montant fut encore refusé par le bureau du budget qui proposa une limite de deux cent cinquante mille dollars. Finalement, la loi fut votée sur la base de cinq cent mille dollars."
"Les Etats-Unis, conclut Rubin, n'ont fait que de petits efforts pour identifier les avoirs sans titulaire aux Etats-Unis et n'ont rendu disponibles que cinq cent mille dollars, ce qui contraste avec les trente-deux millions de dollars acceptés par les Suisses avant même l'enquête Volcker 17". En d'autres termes, le cas des Etats-Unis est bien pire que celui des Suisses. Il faut souligner qu'en dehors d'une remarque en passant d'Eizenstat, il n'y a eu aucune autre mention des comptes dormants aux Etats-Unis pendant les séances de la commission sur les affaires bancaires au Sénat et à la Chambre des représentants consacrées à la Suisse. De plus, bien que Rubin occupe une place de choix dans les récits de l'affaire des banques suisses Bower consacre de nombreuses pages à ce "croisé du ministère des affaires étrangères" aucun ne mentionne son témoignage devant la Chambre des représentants. Pendant la séance, Rubin a aussi fait part "d'un certain scepticisme devant les sommes importantes [contenues sur les comptes dormants] dont on parle." Il est inutile de préciser que les renseignements précis de Rubin, dans l'affaire, ont été soigneusement ignorés également.
Pourquoi le haro du Congrès ne s'est-il pas porté sur les "perfides" banquiers américains? Tous les membres des commissions du Sénat et de la Chambre ont exigé, l'un après l'autre, que les Suisses "paient enfin". Aucun, cependant, n'a exigé que les Etats-Unis en fassent autant. Au contraire, un membre de la commission sur les affaires bancaires de la chambre des représentants a affirmé sans pudeur et Bronfman a confirmé que "seule" la Suisse "avait refusé de montrer le courage d'affronter sa propre histoire 18." Il n'est pas étonnant que l'industrie de l'Holocauste n'ait pas lancé de campagne pour enquêter sur les banques des Etats-Unis. Un examen de nos banques semblable à celui que l'on a fait dans les banques suisses coûterait aux contribuables américains non pas des millions mais des milliards de dollars 19." Lorsqu'il serait enfin achevé, les juifs américains chercheraient asile à Munich. Le courage a des limites.
A la fin des années quarante, déjà, alors que les Etats-Unis insistaient pour que la Suisse identifie les comptes juifs dormants, les Suisses ont protesté que les Américains feraient mieux d'examiner la poutre dans leur oeil 20. Au milieu de 1997, le gouverneur de New York, George Pataki, a annoncé la création d'une commission d'Etat pour la récupération des avoirs des victimes de l'holocauste pour mener des réclamations contre les banques suisses. Les Suisses ne se laissèrent pas démonter et suggérèrent que la commission engage plutôt des réclamations contre les banques américaines et israéliennes 21. Et Bower, en effet, rappelle que les banquiers israéliens "ont refusé de donner les listes des comptes dormants appartenant à des juifs" après la guerre de 1948 et récemment, on a lu que "contrairement aux pays d'Europe, les banques israéliennes et les associations sionistes résistent aux pressions en vue d'établir des commissions indépendantes pour déterminer quelle quantité d'avoirs et combien de comptes dormants étaient détenus par des survivants de l'Holocauste et comment les titulaires pouvaient être localisés (Financial Times). (Des juifs européens ont acheté des lots de terre et ouvert des comptes en banque en Palestine pendant le mandat britannique pour aider l'entreprise sioniste ou préparer l'immigration à venir.) En octobre 1998, le Congrès juif mondial et l'Organisation juive mondiale pour la restitution" sont parvenus à un accord de principe pour empêcher qu'on s'occupe de la question des avoirs en Israël des victimes de l'Holocauste, parce que la responsabilité dans cette affaire est celle du gouvernement israélien." (Haaretz) L'accusation la plus sensationnelle contre les banques suisses était qu'elles réclamaient un certificat de décès aux héritiers des victimes de l'holocauste. Les banques israéliennes ont aussi demandé ce document. On chercherait vainement, cependant, des protestations contre "les perfides Israéliens". Pour prouver qu'"aucune équivalence morale ne peut être établie entre les banques en Israël et celle de Suisse", le New York Times cite un ex-député israélien: "Ici, c'est de la négligence, en Suisse, c'était un crime 22." Cela se passe de commentaire.
En mai 1998, une commission présidentielle consultative sur les avoirs de l'holocauste aux Etats-Unis a été chargée par le Congrès de mener une recherche originale sur le destin des avoirs pris aux victimes de l'Holocauste et parvenus entre les mains du gouvernement fédéral des Etats-Unis" et de "conseiller le président sur la politique à adopter pour la restitution des biens volés à leurs propriétaires légitimes ou à leurs héritiers". "Le travail de la commission démontre irréfutablement, "déclare Bronfman, président de la commission, "qu'aux Etats-Unis nous nous imposons des principes élevés de vérité au sujet des avoirs de l'Holocauste identiques à ceux que nous imposons aux autres nations." Cependant, une commission consultative au budget de six millions n'est pas tout à fait la même chose que l'examen externe complet du système bancaire d'un pays, mené avec un budget de cinq cents millions, et comprenant l'accès illimité à tous les dossiers des banques 23. Pour qu'on ne doute plus du tout que les Etats-Unis sont bien en première ligne des efforts pour restituer les avoirs juifs volés pendant l'époque de l'Holocauste, James Leach, président de la commission sur les affaires bancaires de la Chambre des représentants, a fièrement annoncé en février 2000 qu'un musée de Caroline du Nord avait rendu une toile à une famille autrichienne. "Cela prouve qu'on peut se fier aux Etats-Unis... et je pense que la commission devrait le souligner 24."
Pour l'industrie de l'Holocauste, l'affaire des banques suisses de même que les tourments endurés par le "survivant" suisse de l'holocauste Benjamin Wilkomirski est une preuve supplémentaire de la méchanceté indéracinable et irrationnelle des Gentils. L'affaire a mis en évidence l'insensibilité grossière "manifestée même par un pays européen démocrate libéral envers ceux qui portaient les cicatrices physiques et affectives du pire crime de l'histoire", conclut Itamar Levin. En avril 1997, une étude de l'université de Tel-Aviv constatait "une hausse évidente" de l'antisémitisme suisse. Pourtant, ce développement sinistre ne pouvait aucunement être lié aux attaques de l'industrie de l'Holocauste contre la Suisse. "Les juifs ne fabriquent pas l'antisémitisme", dit Bronfman, "ce sont les antisémites qui fabriquent l'antisémitisme 25."
L'indemnisation matérielle pour l'Holocauste "est la grande épreuve morale qui attend l'Europe à la fin du XXe siècle", affirme Itamar Levin. "Ce sera la véritable mise à l'épreuve de la façon dont l'Europe traite le peuple juif 26." En effet, enhardie par son succès dans la lutte contre la Suisse, l'industrie de l'Holocauste s'est immédiatement attaquée au reste de l'Europe. C'est alors le tour de l'Allemagne.
Après l'accord signé avec la Suisse en août 1998, l'industrie de l'Holocauste a déployé la même stratégie victorieuse contre l'Allemagne en septembre. Les trois mêmes équipes d'avocats (Hausfeld-Weiss, Fagan-Swift et le Conseil mondial des communautés juives orthodoxes) ont intenté des procès à titre collectif contre l'industrie privée allemande; elles ne réclament pas moins de vingt milliards d'indemnités. Sous la menace d'un blocus économique, le directeur financier de la municipalité de New York a commencé à "mener" les négociations en avril 1999. La commission sur les affaires bancaires de la Chambre des représentants a tenu ses premières séances en septembre. Le député Carolyn Maloney a déclaré que "le temps écoulé ne devait pas être une excuse à l'enrichissement sans cause" (au moins, lorsqu'il provient de l'esclavage des juifs; quand il s'agit de celui des Noirs américains, c'est une autre histoire), tandis que le président de la commission, Leach, entonnait une autre partie de cette litanie: "L'histoire ne connaît pas la prescription". Stuart Eizenstat a dit à la commission que les entreprises allemandes qui font des affaires aux Etats-Unis "apprécient leur bonne volonté ici et auront à coeur de maintenir les relations de bonne citoyenneté qu'elles ont toujours montré aux Etats-Unis et en Allemagne 27." [sic] Pour exciter l'hystérie publique contre l'Allemagne, l'industrie de l'Holocauste a acheté de nombreuses pages de publicité en octobre. L'horrible vérité ne suffisait pas; tous les thèmes brûlants de l'holocauste ont été convoqués. Une publicité dénonçant le laboratoire pharmaceutique Bayer était centrée sur Josef Mengele, bien qu'il n'existe aucune preuve que Bayer ait "dirigé" ses recherches meurtrières. Reconnaissant que le bulldozer de l'holocauste était irrésistible, les Allemands ont accepté un accord financier substantiel à la fin de l'année.The Times a attribué cette capitulation à la campagne de l'"holocash" aux Etats-Unis. "Nous n'aurions pas obtenu cet accord, a dit ensuite Eizenstat à la Commission sur les affaires bancaires de la Chambre des représentants, "s'il n'y avait pas eu la collaboration personnelle et la direction effective du président Clinton... et d'autres dirigeants importants" du gouvernement américain 28.
L'industrie de l'Holocauste a prétendu que l'Allemagne avait "l'obligation légale et morale" d'indemniser les anciens esclaves juifs: "Ces esclaves méritent un petit peu de justice", plaida Eizenstat, "pour les quelques années qu'il leur reste à vivre." Cependant, il est absolument faux qu'ils n'avaient reçu aucune indemnité. Les esclaves juifs étaient concernés par les premiers accords passés avec l'Allemagne qui portaient sur l'indemnisation des détenus des camps de concentration. Le gouvernement allemand a indemnisé les anciens esclaves juifs "pour la privation de liberté" et pour "le tort fait à leurs vies et à leurs corps". Seuls les salaires qui n'avaient pas été versés n'ont fait l'objet d'aucune compensation. Ceux qui avaient subi des blessures définitives ont reçu une pension viagère substantielle 29. L'Allemagne a aussi versé à la Conférence des réclamatiolns juives à peu près un milliard de dollars actuels au nom des ex-déportés juifs qui avaient reçu l'indemnisation minimale. Comme on l'a vu plus haut, cette Conférence des réclamations, violant son accord avec l'Allemagne, a utilisé l'argent pour ses petits projets personnels. La Conférence a justifié ce détournement de l'indemnité allemande en prétendant que "bien avant que les fonds venant d'Allemagne soient disponibles... les besoins des victimes nécessiteuses du nazisme avaient été déjà largement couverts 30." Et pourtant, cinquante ans après, l'industrie de l'Holocauste réclame encore de l'argent pour "les victimes nécessiteuses de l'Holocauste" qui vivent dans la pauvreté parce que les Allemands, prétend-elle, ne les avaient jamais indemnisées.
Il est impossible de déterminer ce qui constitue une indemnisation "appropriée" des esclaves juifs. On peut cependant dire ceci: d'après les termes du nouvel accord, les anciens esclaves juifs sont censés recevoir chacun à peu près sept mille cinq cents dollars. Si la Conférence des réclamations avait distribué convenablement l'argent reçu de l'Allemagne au début, beaucoup plus d'anciens esclaves juifs auraient reçu beaucoup plus d'argent et beaucoup plus tôt.
Nul ne sait si "les victimes nécessiteuses de l'Holocauste" recevront jamais les nouvelles indemnités allemandes. La Conférence des réclamations veut qu'une grande partie soit mise de côté sur son "fonds spécial". D'après le Jerusalem Report, la Conférence "a tout à gagner à s'assurer que les survivants n'obtiennent rien". Un député israélien à la Knesset, Michael Kleiner (membre du parti Herut) a qualifié la Conférence de "Judenrat, continuant l'oeuvre nazie de maintes façons". C'est "une institution malhonnête, qui observe le secret professionnel et qui reste entachée d'une horrible corruption publique et morale," accuse-t-il "une institution de ténèbres qui maltraite les survivants juifs de l'Holocauste et leurs héritiers et dort sur un gros matelas d'argent appartenant à des personnes privées mais qui fait tout pour hériter [de l'argent] alors qu'elles sont encore vivantes 31." Pendant ce temps-là, Stuart Eizenstat, lors de son témoignage devant la commission sur les affaires bancaires de la Chambre des représentants, se montrait dithyrambique sur "la transparence des procédures utilisées par la Conférence des réclamations matérielles juives au cours des quarante dernières années". En matière de cynisme, cependant, le rabbin Israël Singer est sans égal. Outre son poste de secrétaire général du Congrès juif mondial, Singer a été vice-président de la Conférence des réclamations et négociateur-en-chef des discussions avec l'Allemagne au sujet de l'esclavage. Il a répété pieusement à la commission sur les affaires banacaires de la Chambre des représentants, après les accords avec la Suisse et avec l'Allemagne "qu'il serait honteux" que le montant des indemnités de l'Holocauste "aille aux héritiers plutôt qu'aux survivants". "Nous ne voulons pas que cet argent aille aux héritiers. Nous voulons que cet argent aille aux victimes." Cependant, le journal israélien Haaretz dit que Singer a été le premier à réclamer que l'argent des indemnités de l'Holocauste soit consacré à "faire face aux besoins du peuple juif tout entier et non simplement des juifs qui ont eu la chance de survivre à l'Holocauste et de vivre vieux 32."
Dans une publication du musée de l'Holocauste des Etats-Unis, Henry Friedlander, un historien respecté de l'holocauste nazi, ancien déporté d'Auschwitz, dresse ce bilan chiffré pour la fin de la guerre:
"S'il y avait environ 715.000 prisonniers dans les camps au début de 1945, et qu'au moins un tiers, soit à peu près 238.000, a péri durant le printemps de 1945, on peut considérer que 475.000 prisonniers au plus ont survécu. Comme les juifs ont été systématiquement tués et que seuls les sélectionnés pour le travail (à peu près 15% à Auschwitz) avaient, ne serait-ce qu'une chance de survivre, nous devons considérer que les juifs ne représentaient pas plus de 20% de la population des camps de concentration."
"Nous pouvons donc estimer, conclut-il, que le nombre de survivants juifs se montait à cent mille au plus". L'estimation que fait Friedlander du nombre d'esclaves juifs encore en vie à la fin de la guerre est, notons-le, parmi les plus hautes que font les spécialistes. Dans une étude qui fait autorité, Léonard Dinnerstein rapporte: "Soixante mille juifs... sont sortis des camps de concentration. Une semaine plus tard, plus de vingt mille étaient morts 33."
Lors d'une conférence de presse au département d'Etat en mai 1999, Stuart Eizenstat, citant les chiffres fournis par "les groupes qui les représentent", a fixé le total des esclaves encore en vie à la fin de la guerre, juifs et non-juifs, "à peut-être soixante-dix ou quatre-vingt-dix mille 34." Eizenstat était le chef de la délégation américaine aux négociations sur l'esclavage avec l'Allemagne et il a travaillé en liaison étroite avec la Conférence des réclamations 35. Cela porterait le nombre total des esclaves juifs encore vivants à quatorze, au plus dix-huit mille (20% des soixante-dix à quatre-vingt-dix mille). Cependant, quand elle a entamé les négociations avec l'Allemagne, l'industrie de l'Holocauste a demandé des indemnités pour cent trente-cinq mille anciens esclaves juifs toujours vivants. Le nombre total des anciens esclaves encore vivants, juifs et non juifs, a été fixé à deux cent-cinquante mille 36. En d'autres termes, le nombre d'anciens esclaves juifs encore vivants a presque décuplé depuis mai 1999 et la proportion de juifs parmi les anciens esclaves encore en vie a grossi considérablement. En fait, si l'on en croit l'industrie de l'Holocauste, il y a plus d'anciens esclaves juifs encore en vie qu'il y a cinquante ans. "Quelle toile emmêlée nous tissons", a écrit Walter Scott, "lorsque nous commençons par tromper."
Tandis que l'industrie de l'Holocauste joue avec les nombres pour augmenter ses réclamations en argent, les antisémites se moquent abondamment des "menteurs juifs" qui "exploitent" leurs morts. En grossissant ces chiffres, l'industrie de l'Holocauste, sans en avoir l'intention, blanchit le nazisme. Raul Hilberg, l'autorité reconnue sur l'holocauste nazi, fixe à 5,1 millions le nombre de juifs tués 37. Or, s'il reste encore cent trente-cinq mille anciens esclaves juifs en vie aujourd'hui, environ six cent mille ont dû survivre à la guerre. C'est au moins cinq cent mille de plus que l'estimation habituelle. Il faudrait déduire ces cinq cent mille des 5,1 millions de tués. Alors, non seulement le nombre de "six millions" devient intenable mais encore les chiffres fournis par l'industrie de l'Holocauste se rapprochent de ceux des négateurs de l'Holocauste. Heinrich Himmler a évalué la population totale des camps, en janvier 1945, à un peu plus de sept cent mille et, d'après Friedlander, environ un tiers avait été tué, en mai. Mais si les juifs constituent seulement 20% de la population survivante des camps et si, comme l'industrie de l'Holocauste le laisse entendre, six cent mille déportés juifs ont survécu à la guerre, alors trois millions de déportés en tout ont dû survivre. Si l'on en croit l'industrie de l'Holocauste, les conditions de vie dans les camps de concentration n'étaient donc pas pénibles du tout; en fait, on doit supposer une très forte natalité et une mortalité extrêmement basse 38.
On prétend couramment que la solution finale était une extermination d'une efficacité unique, à la chaîne, industrielle 39. Mais si des centaines de milliers de juifs ont survécu, comme le suggère l'industrie de l'Holocauste, la solution finale n'a pas dû être si efficace que cela. C'était plutôt affaire de circonstances, exactement comme le suggère les négateurs de l'Holocauste. Les extrêmes se touchent.
Dans un entretien récent, Raul Hilberg donne à entendre que les chiffres sont importants pour la compréhension de l'Holocauste. En réalité, les chiffres revus par la Conférence des réclamations font peser le doute sur sa propre compréhension. D'après la "déclaration liminaire" de la conférence des réclamations dans ses négociations avec l'Allemagne sur l'esclavage, "Le travail esclave est une des trois méthodes utilisées par les nazis pour tuer les juifs, les autres étant le fusil et le gaz. L'un des buts du travail esclave était de faire travailler les individus jusqu'à ce que mort s'ensuive... Le terme esclave est un mot imprécis dans ce cadre. En général, les maîtres d'esclaves ont intérêt à préserver la vie et la bonne santé de leurs esclaves. Cependant, le plan nazi pour les "esclaves" était d'utiliser leur potentiel de travail, après quoi les "esclaves" allaient être exterminés." A part les négateurs de l'Holocauste, personne n'a encore mis en doute que le nazisme réservait ce sort horrible aux esclaves. Mais comment concilier ces faits établis, cependant, avec l'affirmation que des centaines de milliers d'esclaves juifs ont survécu aux camps? La Conférence des réclamations n'a-t-elle pas elle-même creusé une brèche dans le mur qui sépare cette affreuse vérité sur l'holocauste nazi de la négation de l'Holocauste 40?
Dans une publicité pleine page du New York Times, les grandes âmes de l'industrie de l'Holocauste, comme Elie Wiesel, le rabbin Marvin Hier, Steven T. Katz et d'autres condamnaient "la négation de l'Holocauste par la Syrie". Le texte se plaignait d'un éditorial publié dans un journal officiel du gouvernement syrien où l'on prétendait qu'Israël "invente des histoires à propos de l'Holocauste" pour recevoir "plus d'argent de l'Allemagne et d'autres établissements occidentaux". Malheureusement, l'accusation syrienne est exacte. Cependant l'ironie, perdue aussi bien pour le gouvernement syrien que pour les signataires de la publicité, c'est que les histoires de centaines de milliers de survivants constituent en elle-même une forme de négation de l'Holocauste 41.
L'extorsion d'argent à la Suisse et à l'Allemagne n'a été qu'un prélude au grand final, l'extorsion à l'Europe de l'Est. Avec l'effondrement du bloc soviétique, des perspectives séduisantes se sont ouvertes dans l'ancien centre des juifs d'Europe. Drapée du manteau hypocrite des "victimes nécessiteuses de l'Holocauste", l'industrie de l'Holocauste cherche à extorquer des milliards à ces pays déjà appauvris. Comme elle poursuit son but sans le moindre ménagement, elle est devenue la principale cause du développement de l'antisémitisme en Europe.
L'industrie de l'Holocauste s'est posée en seule plaignante légitime pour tous les avoirs privés et collectifs de ceux qui ont péri pendant l'holocauste nazi. "On a convenu avec le gouvernement d'Israël, a dit Edgar Bronfman à la commission sur les affaires bancaires de la Chambre des représentants, "que les avoirs tombés en déshérence iraient à l'Organisation mondiale juive de la restitution." En vertu de ce "mandat", l'industrie de l'Holocauste a demandé aux pays de l'ancien bloc soviétique de rendre toutes les propriétés juives d'avant-guerre ou de verser des indemnités financières 42. Contrairement au cas de la Suisse et de l'Allemagne, cependant, elle n'a pas fait ces demandes sous les yeux du public. L'opinion publique, jusqu'à présent, n'a pas vu d'un mauvais oeil le chantage exercé contre les banquiers suisses ou les industriels allemands mais elle pourrait considérer d'un oeil moins sympathique le chantage contre des paysans polonais affamés. Les juifs qui ont perdu des membres de leur famille pendant l'holocauste nazi pourraient aussi prendre très mal les machinations de l'Organisation mondiale juive de la restitution. On pourrait facilement considérer la prétention à être l'héritier légitime de ceux qui ont péri pour s'approprier leurs biens comme du pillage de tombes. D'un autre côté, l'industrie de l'Holocauste n'a pas besoin de mobiliser l'opinion publique. Avec le soutien du gouvernement américain, elle peut facilement briser la résistance de nations déjà affaiblies.
"Il est important de reconnaître que nos efforts en vue de la restitution des propriétés collectives", a dit Stuart Eizenstat à une commission de la Chambre des représentants, "sont partie intégrante de la renaissance et du renouveau de la vie juive" en Europe de l'Est. Soi-disant pour "promouvoir la renaissance" de la vie juive en Pologne, l'Organisation mondiale juive de la restitution réclame la propriété de six mille biens juifs collectifs d'avant-guerre, y compris ceux qui ont été transdformés en hôpitaux et en écoles. La population juive de Pologne était de trois millions cinq cent mille, elle est actuellement de quelques milliers. Pour le renouveau de la vie juive, a-t-on besoin d'une synagogue ou d'une école par juif polonais? L'organisation réclame aussi des centaines de milliers de parcelles de terre polonaise évaluées à des milliards de dollars. "Le gouvernement polonais craint", rapporte Jewish Week, que la demande "mette la nation en faillite." Quand le parlement polonais a proposé des limites aux indemnités pour éviter l'insolvabilité, Elan Steinberg du Congrès juif mondial a dénoncé la loi "comme un acte fondamentalement anti-américain 43."
Les avocats de l'industrie de l'Holocauste ont resserré leur étreinte sur la Pologne en engageant un procès à titre collectif devant le tribunal du juge Korman pour indemniser "les survivants de l'Holocauste vieillissants ou mourants". La plainte accuse les gouvernements polonais d'après-guerre "d'avoir pratiqué au cours des cinquante-quatre années écoulées une politique génocidaire "d'expulsion jusqu'à l'extinction" contre les juifs. Les membres de la municipalité de New York ont voté à l'unanimité une résolution demandant à la Pologne "d'adopter une loi globale organisant la restitution totale des avoirs de l'Holocauste", tandis que cinquante-sept membres du Congrès (avec à leur tête, Anthony Weiner, député de New York), ont envoyé une lettre au parlement polonais pour lui "demander une loi globale qui rendrait la totalité des propriétés et des avoirs saisis pendant l'Holocauste." "Comme les gens concernés vieillissent tous les jours, le temps presse pour indemniser ceux qui ont été spoliés", dit la lettre 44.
Dans une déposition à la commission sur les affaires bancaires du Sénat, Stuart Eizenstat s'est plaint du rythme très lent des évictions en Europe de l'Est: "Beaucoup de problèmes sont apparus pour la restitution des propriétés. Par exemple, dans certains pays, lorsque des individus ou des communautés ont voulu réclamer des propriétés, on leur a demandé, parfois exigé, d'autoriser les occupants à rester pour une longue période à des loyers contrôlés 45." La mollesse de la Biélorussie a particulièrement déplu à Eizenstat. La Biélorussie est très, très en retard dans la remise des propriétés juives d'avant-guerre, a-t-il dit à la Commission des relations internationales de la Chambre des représentants. Le revenu moyen mensuel en Biélorussie est de cent dollars.
Pour forcer les gouvernements récalcitrants à obtempérer, l'industrie de l'Holocauste agite la menace des sanctions américaines. Eizenstat a demandé au Congrès d'"augmenter" les indemnités de l'holocauste, à les "placer en haut de la liste" des conditions d'entrée à l'OCDE, au Bureau mondial du travail, dans l'Union européenne, à l'OTAN ou au Conseil de l'Europe: "Ils écouteront si vous parlez... Ils saisiront l'allusion 46." Israël Singer du Congrès juif mondial a demandé au Congrès "de continuer à regarder la "liste de courses" pour "vérifier" que tous les pays paient. "Il est très important que les pays impliqués dans l'affaire comprenne que leur réponse... est l'un des critères par lesquels les Etats-Unis apprécient les relations bilatérales", a dit le député Benjamin Gilman, membre de la commission des relations internationales de la Chambre des représentants. Avraham Hirschson, président du comité du parlement israélien sur la restitution et représentant d'Israël à l'Organisation mondiale sur les restitutions juives, a rendu hommage à la complicité du Congrès dans l'extortion de fonds. Rappelant ses "combats" avec le premier ministre de Roumanie, Hirschon a témoigné: "Mais j'ai fait une petite remarque, dans le courant de la discussion, et ça a changé l'atmosphère. Je lui ai dit, vous savez, dans deux jours je participerai à une séance du Congrès, ici. Que voulez-vous que je dise à la séance? Toute l'atmosphère s'en est trouvé changée." Le Congrès juif mondial a "créé toute une industrie de l'Holocauste", dit un avocat des survivants, et elle est "coupable d'encourager... une très vilaine réapparition de l'antisémitisme en Europe 47."
"S'il n'y avait pas les Etats-Unis d'Amérique", observe Eizenstat à juste titre dans son chant de triomphe au Congrès, "très peu, peut-être même aucune de ces actions ne serait en cours aujourd'hui." Pour justifier les pressions exercées en Europe de l'Est, il a expliqué que "rendre ou payer des indemnités pour des propriétés privées ou collectives saisies à tort était une marque de moralité "occidentale". Pour "les nouvelles démocraties" d'Europe de l'Est, répondre à ce critère serait "en harmonie avec leur passage du totalitarisme à un état démocratique." Eizenstat est un membre important du gouvernement américain et un partisan éminent d'Israël. Cependant, si l'on en juge par les réclamations respectives des Amérindiens et des Palestiniens, ni les Etats-Unis ni Israël n'ont encore fait la transition 48.
Dans son témoignage à la chambre des représentants, Hirschon a évoqué le triste spectacle "des victimes nécessiteuses de l'Holocauste" de Pologne qui viennent tous les jours dans mon bureau du parlement... me suppliant de récupérer pour eux ce qui leur appartient... de récupérer les maisons qu'ils ont laissées, les magasins qu'ils ont laissés." Pendant ce temps, l'industrie de l'Holocauste mène la bataille sur un autre front. Dénonçant le mandat illégitime de l'Organisation mondiale pour les restitutions juives, les communautés juives locales d'Europe de l'Est ont émis leurs propres réclamations sur les avoirs juifs en déshérence. Pour bénéficier d'une réclamation, cependant, il faut adhérer formellement à la communauté juive locale. La renaissance espérée de la vie juive va donc se présenter sous les espèces d'un troc dans lequel les juifs d'Europe de l'Est échangent les racines qu'ils viennent de se retrouver contre une part du butin de l'Holocauste 49.
L'industrie de l'Holocauste se vante de destiner le montant des indemnités à des oeuvres de charité juives. "La charité est certainement quelque chose de très louable, mais ce n'est pas bien de l'accomplir avec l'argent des autres", observe un avocat représentant les victimes elle-mêmes. Une des oeuvres favorites est "l'enseignement de l'Holocauste" le plus grand legs de nos efforts", d'après Eizenstat. Hirschon est lui aussi le fondateur d'une association nommée "La marche des vivants", un des fleurons de l'enseignement de l'Holocauste et un des bénéficiaires principaux des indemnités compensatrices. Dans ce spectacle d'inspiration sioniste qui met en scène des milliers de figurants, de jeunes juifs du monde entier convergent vers les camps de la mort de Pologne pour une formation de première main à la méchanceté des Gentils; ils s'envolent ensuite vers Israël où ils trouvent le salut. Le Jerusalem Report a saisi sur le vif le moment le plus kitsch de la marche: "J'ai si peur, je ne peux pas continuer comme ça, je voudrais déjà être en Israël", répète sans arrêt une jeune fille du Connecticut. Tout son corps tremble... Tout d'un coup, son amie sort un grand drapeau israélien. Elles s'enroulent toutes les deux dedans et s'en vont." On a toujours besoin d'un drapeau israélien pour sortir 50.
Dans un exposé à la Conférence de Washington sur les avoirs de l'époque de l'Holocauste, David Harris, membre du Comité juif américain, a fait assaut d'éloquence pour décrire "l'effet profond" qu'ont les pélerinages aux camps nazis de la mort sur les jeunes juifs. Forward a relevé un épisode particulièrement émouvant: sous le titre "Des adolescents juifs s'ébattent avec des stripteaseuses après une visite à Auschwitz", le journal expliquait que, d'après les experts, les élèves des kibboutz "ont loué les services de stripteaseuses pour soulager les émotions troublantes suscitées par cette excursion". Des élèves juifs en excursion au musée de l'Holocauste des Etats-Unis ont éprouvé les mêmes tourments, apparemment: d'après Forward, ils couraient dans tous les sens et s'amusaient formidablement, en se tripotant partout 51." La sagesse de la décision de l'industrie de l'Holocauste de réserver le montant des indemnités à l'enseignement de l'Holocauste plutôt que de "gaspiller les fonds" (Nahum Goldmann) est indubitable 52.
En janvier 2000, des ministres de près de soixante pays, dont Ehud Barak, premier ministre d'Israël, ont assisté à une conférence sur l'enseignement à Stockholm. La déclaration finale de la conférence a souligné "la responsabilité solennelle" de la communauté internationale dans la lutte contre les maux du génocide, de la purification ethnique, du racisme et de la xénophobie. Après la conférence, un journaliste suédois a interrogé Barak au sujet des réfugiés palestiniens. Barak a répliqué que par principe, il était hostile à la venue en Israël du moindre réfugié. "Nous ne pouvons accepter la responsabilité, morale, légale ou autre, des réfugiés." De toute évidence, la conférence a été un succès complet 53.
Le guide officiel de la Conférence des réclamations juives sur l'indemnisation et la restitution aux survivants de l'Holocauste énumère des dizaines d'associations-membres. Une administration vaste et ferme sur ses jambes a surgi. Des compagnies d'assurance, des banques, des musées des beaux-arts, des industriels privés, des locataires et des fermiers de tous les pays européens sont dans la ligne de mire de l'industrie de l'Holocauste. Mais les "victimes nécessiteuses de l'Holocauste" au nom desquelles agit l'industrie de l'Holocauste se plaignent qu'elle ne fasse "que perpétuer l'expropriation". Beaucoup ont porté plainte contre la Conférence des réclamations. L'Holocauste pourrait bien devenir "le plus grand vol de l'histoire de l'humanité 54."
D'après l'historien Ilan Pappe, lorsqu'Israël a entamé les négociations pour les réparations avec l'Allemagne, après la guerre, le ministre des affaires étrangères Moshe Sharett a proposé de transférer une partie aux réfugiés palestiniens "pour effacer ce qu'on a appelé la petite injustice (la tragédie palestinienne), provoquée par une injustice plus terrible, l'Holocauste) 55." Cette proposition est restée lettre morte. Un éminent universitaire israélien a suggéré d'utiliser une partie des fonds provenant des banques suisses et des entreprises allemandes pour "indemniser les réfugiés palestiniens arabes 56." Etant donné que presque tous les survivants de l'Holocauste nazi sont déjà morts, c'est une proposition raisonnable.
Dans le style classique du Congrès juif mondial, Israël Singer a fait "une annonce stupéfiante" le 13 mars 2000: un document américain rendu public récemment révèle que l'Autriche détient des avoirs juifs en déshérence remontant à l'époque de l'Holocauste pour un montant de dix milliards de dollars. Singer accuse aussi "la moitié des oeuvres d'art de l'Amérique sont des oeuvres d'art juives pillées 57." L'industrie de l'Holocauste, c'est évident, a perdu la tête.
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