AAARGH
Ce texte est dédié à Paul DURAND
-- Témoignage oral
de Rudolf Hoess, 15 avril 1946 (XI 403-411 <<445-454>>).
Hoess semble être motivé par le désir de sauver
sa femme et ses deux enfants, et de sauver d'autres accusés
par un témoignage selon lequel seulement soixante personnes
avaient été au courant des exterminations de masse.
Hoess tenta de sauver Kaltenbrunner par l'implication de Eichmann
et Pohl, qui n'avaient pas encore été capturés
(pour un cas similaire, voir la déclaration de Heisig,
qui avait voulu impliquer Raeder, XIII 460-461 <<509-510>>).
Hoess fut un "témoin pour la défense",
et son contre-interrogatoire par l'accusation fut coupé
court par l'accusation elle-même (XI 418-419 <<461-462>>).
Peut-être avait-elle peur que Hoess ne fasse se déchirer
tout son tissu de mensonges.
La fameuse "autobiographie" de Hoess, Kommandant
in Auschwitz, probablement établie sous forme de questions
et réponses dans des interrogatoires, comme une "déclaration"
gigantesque, et puis ré-écrite pour être ensuite
recopiée de la main de Hoess, n'est pas beaucoup mieux.
Dans ce livre, texte allemand, des feux de crémation étaient
visibles à de nombreux kilomètres (p. 160-161),
la puanteur était perceptible à des kilomètres
de là (p. 159), tout le monde dans la région avait
connaissance des exterminations (p. 159), les victimes savaient
qu'elles seraient gazées (p. 110, 111, 125), mais il était
cependant possible de les tromper (p. 123-124; voir aussi Document
3868-PS), mais sa famille n'en avait jamais rien su (p. 129-30).
Hoess était un alcoolique chronique qui "confessa"
des énormités quand il avait bu (p. 95) ou quand
il avait été torturé (p. 145).
Il n'est pas vrai que, selon ce qui est écrit p. 126 de
ce livre, texte allemand, des cadavres avaient été
retirés des chambres à gaz par des Kapos en mangeant
et en fumant, et/ou sans porter de masques à gaz; le texte
ne dit pas cela. Robert Faurisson a prouvé que Hoess fit
exactement cette affirmation, mais autre part, lors d'un interrogatoire.
La "traduction" polonaise de ce livre, publié
avant le "texte original" allemand, semble concorder
avec le texte allemand, sauf pour l'absence de nombreux noms de
lieux et de dates en polonais; il semble que le polonais ait été
écrit en premier lieu, ces détails y étant
insérés plus tard dans la version allemande.
Les textes intégraux et non expurgés des oeuvres
complètes" de Rudolf Hoess (?) (en polonais), sont
disponibles par prêt international bibliothécaire
(Wspomnienia Rudolfa Hoessa, Komendanta Obozu Oswiecimskiego).
PROCES DE CRIMES DE GUERRE JAPONAIS
Tandis que des accusés allemands étaient sur le
point d'être condamnés pour avoir fabriqué
du "savon humain" (pris au sérieux dans la septième
édition du prestigieux Oppenheim & Lauterpacht's International
Law, vol. II, p. 450), des accusés japonais allaient être
condamnés, eux, pour avoir préparé de la
"soupe humaine".
Il ne s'agit pas ici d'une faute de frappe ("Soap/Soup");
au contraire, en 1948 il était considéré
comme un "fait établi" que les Japonais étaient
une race de cannibales invétérés, qui interdisaient
sous peine de mort de dévorer leurs propres cadavres, mais
qui étaient officiellement encouragés à manger
des Américains. Des Américains étaient servis
frits, ou sous forme de soupe; des êtres humains étaient
dévorés même quand d'autres produits comestibles
étaient disponibles. C'est-à-dire que les Japonais
se seraient livrés au cannibalisme par choix, plutôt
que par nécessité; les parties du corps préférées
pour la cuisine étant le foie, le pancréas, et la
vésicule biliaire; et les Chinois auraient été
consommés sous forme de pilules!
Parmi les procès dans lesquels cette accusation fut "prouvée"
il y a, entre autres, U.S. vs. Tachibana Yochio and 13 others,
Mariana Islands, 2-15 août, 1946; Commonwealth of Australia
vs. Tazaki Takehiko, Wewaki, 30 novembre 1945; Commonwealth of
Australia vs. Tomiyasu Tisato, Rabaul, 2 avril 1946; et le plus
compliqué de tous les procès de crimes de guerre,
le International Military Tribunal for the Far East (IMTFE), personnellement
contrôlé par Douglas MacArthur. Ce procès
dura du mois de mai 1946 jusqu'en décembre 1948 (voir The
Tokyo Judgement, vol. 1, p. 409-410, University of Amsterdam Press,
1977, p. 49.674-5 du procès-verbal ronéotypé.)
Les 25 accusés qui survécurent au procès,
furent tous déclarés coupables; 7 furent pendus.
Leurs crimes comprenaient entre autres: Préparation, initiation,
et exécution d'une "guerre d'agression" contre
l'Union Soviétique (l'Union Soviétique attaqua le
Japon 2 jours après Hiroshima en violation d'un pacte de
non-agression; le même jour, le London Agreement était
signé, à la suite duquel se tint le procès
de Nuremberg); préparation, initiation, et exécution
d'une "guerre d'agression" contre la France (la France
est en Europe); blocus illégal maritime et bombardement
sans discrimination de populations (cas contre Shimada; c'est-à-dire
que ce que les Britanniques faisaient en Europe aurait été
criminel si cela avait été l'oeuvre des Japonais);
jugement illégal de "criminels de guerre" devant
un tribunal militaire (cas contre Hata et Tojo; voir aussi U.S.
vs. Sawada, probablement l'accusation la plus écoeurante
et hypocrite de toutes; les victimes étaient 7 Américains
qui avaient bombardé sans discrimination la population
japonaise: 80.000 femmes et enfants brûlés vifs);
et cannibalisme. Il ne fut pas prétendu que les accusés
avaient mangé qui que soit personnellement.
Les "preuves" comprenaient, entre autres:
La Réponse de l'Accusation aux Argumentations de la Défense à la fin du procès rejeta toutes les preuves et témoignages de la défense par l'affirmation que les documents étaient les meilleurs témoins. Si l'accusation et la défense citent le même document, c'est que la défense les a cités hors du contexte, mais jamais l'accusation. L'oui-dire posséderait valeur de preuve; des extraits de journaux posséderaient de la valeur comme preuve; les témoignages des témoins de la défense n'auraient aucune valeur comme preuve; des contre-interrogatoires seraient une perte de temps.
5 des 11 juges, William
Webb de l'Australie, Delfin Jaranilla des Philippines, Bert A.
Roeling des Pays-Bas, Henri Bernard de la France, et R.B. Pal
de l'Inde, présentèrent des jugements dissidents.
Pal écrivit un jugement dissident de 700 pages dans lequel
il caractérisa les preuves de l'accusation concernant les
atrocités comme "sans valeur pour la plupart",
remarquant avec sarcasme qu'il espérait qu'un des documents
fut écrit en japonais.
Une particularité des procès de crimes de guerre,
c'est que, loin de prouver quoi que se soit, tous les procès
se contredisent. On maintint dans le procès de Tokyo que
les Chinois avaient eu le "droit" de violer des traités
"injustes", et que des efforts de la part des Japonais
de faire respecter ces traités, du fait de l'"l'injustice"
de ceux-ci, constituaient une "agression".
Quand les bombes atomiques
furent lancées, Shigemitsu avait déjà tenté
de négocier une capitulation depuis presque 11 mois, à
partir du 14 septembre 1944. Ce fut naturellement déformé
dans un nouveau crime: "prolongation de la guerre par des
négociations".
Les "preuves" des activités cannibales nippones
peuvent être trouvées dans JAG Report 317, p. 12.467-8
du procès-verbal ronéotypé, Pièces
à conviction 1446 et 1447, p. 12.576-7, Pièce à
conviction 1873, p. 14.129-30, et Pièces à conviction
2056 et 2056A et B, p. 15.032-42.
JODL fut pendu pour sa complicité
dans le Kommandobefehl, un ordre de fusiller des soldats britanniques
qui combattaient dans des vêtements civils et qui étranglaient
leurs propres prisonniers de guerre (XV 316-329 <<347-362>>).
La défense de Jodl fut que le droit international est prévu
pour protéger des hommes qui se comportent comme des soldats.
On demande aux soldats de porter des armes ouvertement, de porter
des insignes ou uniformes clairement reconnaissables, et de traiter
des prisonniers avec humanité. La guerre des partisans
et les activités des commandos britanniques étaient
prohibées par le droit international. Il était légal
de mettre en jugement et exécuter de tels commandos si
cela se faisait en conformité avec l'article 63 de la Convention
de Genève sur les prisonniers de guerre de 1929 (N.B. -
Voir aussi le Dissentient Judgement of Judge Rutledge, U.S. vs.
Yamashita, et le Habeas Corpus Action of Field Marshall Milch).
En vérité, très peu d'hommes furent exécutés
en conséquence de cet ordre (55 en Europe de l'ouest, selon
Sir David Maxwell-Fyfe, XXII 284 <<325>>. L'intention
était de dissuader des hommes d'entreprendre un combat
de ce genre, en croyant qu'ils pourraient simplement se rendre
plus tard.
Un autre "crime" fut sa notification au Chef de l'Armée
que Hitler avait répété un ordre déjà
donné, qu'une éventuelle offre de capitulation provenant
de Leningrad ne devrait pas être acceptée.
Comme tant d'autres crimes allemands, celui-ci resta une idée
sans aucun effet, puisque aucune offre de capitulation ne fut
jamais reçue. L'intention était de forcer la population
à se retirer en arrière, puisqu'il aurait été
impossible de nourrir des millions de civils et de prisonniers,
ou d'éviter des épidémies. Des brèches
furent laissées vers l'est dans les lignes allemandes,
pour permettre à la population de se retirer.
Kiev, Odessa, et Kharkov avaient déjà capitulé
mais étaient minées, ce qui tua des milliers de
soldats allemands avec des bombes à retardement. Les quais
étaient réquisitionnés à des fins
militaires; les chemins de fers russes étaient construits
selon un écartement des rails différent des chemins
de fer allemands; des approvisionnements ne pouvaient pas être
acheminés vers l'avant pour nourrir des millions de prisonniers
ou de juifs à demi-affamés. Le mensonge soviétique
que les Allemands avaient tué des millions de prisonniers
russes fut pris au sérieux par beaucoup de gens sans connaître
les causes de la mortalité. Le document concernant Leningrad,
Document C-123, n'est pas signé.
Le cas Jodl illustre l'absurdité du procès tout
entier. Selon les propres termes du défenseur de Jodl,
le Dr. Exner:
"Meurtre et Révolution. En temps de paix, cela aurait signifié la guerre civile; en temps de guerre, l'écroulement immédiat du front et la fin du Reich. Est-ce qu'il aurait dû crier: Fiat justitia, pereat patria? L'accusation semble vraiment être d'avis qu'une telle conduite aurait pu être demandée aux accusés. Quelle pensée étonnante! Si jamais meurtre et révolution peuvent être justifiés moralement, cela devrait être laissé aux moralistes et théologiens. De toute façon, des juristes ne peuvent même pas discuter d'une telle question. Être obligé sous peine de punition de tuer le chef d'Etat? Un soldat devrait-il faire cela? Et en plus, en temps de guerre? Ceux qui ont commis de tels crimes ont toujours été punis, mais les punir pour ne pas les avoir commis, serait vraiment quelque chose de nouveau" (XIX 45 <<54>>; XXII 86-90 <<100-105>>).
Au Japon, les généraux
furent pendus précisément pour s'être occupés
de politique.
Sur un autre point, le Dr. Exner s'exclama: "Sur une seule
page du trial-brief anglais-américain, je lis six fois:
"Jodl was present at" (Jodl y était présent).
Qu'est-ce que cela veut dire légalement?" (XIX 37
<<44>>).
Jodl fut interrogé par un des procureurs soviétiques,
le Col. Pokrovsky, de la manière suivante: "Est-ce
que vous saviez que les troupes allemandes pendaient des gens
avec la tête en bas, et rôtissaient leurs prisonniers
de guerre à la broche? Saviez-vous cela?"
A quoi Jodl répondit, "Ce n'est pas seulement que
je ne le savais pas, je ne le crois même pas." (XV
545 <<595>>).
C'est là le vaste sujet de tous les procès de crimes
de guerre résumé en 3 phrases courtes (XV 284-561
<<313-612>>; XVIII 506-510 <<554-558>>;
XIX 1-46 <<7-55>>).
Pendant le contre-interrogatoire de Kaltenbrunner, il lui fut demandé avec indignation, comment il pouvait avoir l'audace de prétendre qu'il avait dit la vérité et que 20 ou 30 témoins avaient tous menti (XI 349 <<385>>).
Les "témoins",
naturellement, n'apparurent pas au Tribunal; il s'agissait de
noms et prénoms écrits sur de petits morceaux de
papier. Un de ces noms et prénoms est celui de Franz Ziereis, commandant du camp de concentration
de Mauthausen.
Sur son morceau de papier, Ziereis "confessait" avoir gazé
65.000 personnes; fabriqué des abat-jour en peau humaine;
et fabriqué de la fausse monnaie. En plus, il prétendait
fournir un tableau compliqué d'informations statistiques
contenant une liste du nombre exact de prisonniers dans 31 camps
de travail différents. Puis il accusait Kaltenbrunner d'avoir
donné des ordres de massacrer tout le camp (Mauthausen)
à l'approche des Américains.
Ziereis était déjà
mort depuis 10 mois quand il fit sa "confession"; heureusement,
sa "confession" fut "rappelée" par
quelqu'un d'autre, qui n'apparut pas devant le Tribunal non plus:
un prisonnier du nom de Hans Marsalek, dont la signature apparaît
sur le document (Document 3870-PS, XXXIII 279-286).
Les pages 1 jusqu'à 6 de ce document sont écrites
entre guillemets (!), y compris le tableau statistique, qui établit,
par exemple, qu'il y avait 12.000 prisonniers à Ebensee,
12.000 à Mauthausen, 24.000 à Gusen I et II, 20
prisonniers à Schloss-Lindt, 70 prisonniers à Klagenfurt-Junkerschule,
etc., pour les 31 camps du tableau.
Le document n'est signé par personne d'autre prétendant
avoir assisté à la prétendue "confession";
il n'y a pas de notes annexées au document qui auraient
été prétendument prises à l'époque.
Le document porte seulement 2 signatures: celle de Hans Marsalek,
le prisonnier, et celle de Smith W. Brookhart Jr., U.S. Army.
Le document porte la date du 8 avril 1946. Ziereis mourut le 23
mai 1945.
C'est-à-dire que Ziereis aurait été trop sévèrement
blessé (il est mort suite à des blessures de projectiles
à travers l'estomac) pour signer quoi que ce soit d'écrit
à l'époque, mais il aurait été en
suffisamment bon état de santé pour dicter ce document
long et complexe, dont Marsalek se serait souvenu parfaitement,
à la lettre près, 10 mois et demi plus tard. Marsalek
n'aurait eu, bien sûr, aucune raison de mentir. Le document
est écrit en allemand. Brookhart était un vrai nègre
littéraire spécialisé dans les confessions,
puisqu'il écrivit aussi la confession de Rudolf Hoess (en
anglais, Document 3868-PS) et celle de Otto Ohlendorf (en allemand,
Dokument 2620-PS).
(Adresse de Brookhart en 1992: 18, Hillside Drive, Denver Colorado
USA. C'est le fils du sénateur de Washington, Iowa.)
La "confession" de Ziereis continue à être prise
au sérieux (plus ou moins) par Reitlinger, Shirer, Hilberg,
et d'autres spécialistes itinérants du commerce
de l'"Holocauste".
Kaltenbrunner prétendait
qu'il y avait 13 camps de concentration centraux, ou Stammlager
pendant la guerre (XI 268-269 <<298-299>>). Le total
de 300 camps de concentration retenu par l'accusation avait été
obtenu en incluant des camps de travail tout à fait normaux.
Le treizième camp, Matzgau, près de Dantzig, était
un camp spécial, dont les prisonniers étaient des
gardiens SS et des membres de la police qui avaient été
condamnés pour des infractions commises aux dépens
des prisonniers placés sous leur responsabilité:
mauvais traitements physiques, détournements de fonds,
vols d'effets personnels, etc. Ce camp, avec sa population de
prisonniers SS, tomba aux mains des Russes à la fin de
la guerre (XI 312, 316 <<345, 350>>).
Kaltenbrunner prétendait que les sentences des tribunaux
SS et de la police étaient beaucoup plus sévères
que celles des tribunaux ordinaires pour les mêmes infractions.
Les SS avaient organisé des procès fréquents
de leurs propres membres accusés de délits contre
des détenus ou des violations de la discipline (XXI 264-291,
369-370 <<294-323, 408-409>>).
Des méthodes d'interrogation
au "troisième degré" étaient légalement
permises dans le seul but d'obtenir des informations concernant
des activités futures de la résistance; de telles
méthodes étaient interdites dans le but d'obtenir
des aveux. Ces interrogations nécessitaient la présence
d'un médecin, et permettaient un total de 20 coups de bâton
sur les fesses mises à nu, une fois seulement; cette procédure
ne pouvait pas se répéter plus tard. Parmi d'autres
formes de "torture nazie" légale, il y avait,
entre autres, la détention dans une cellule sombre, ou
celle d'être obligé de se tenir debout pendant de
longs interrogatoires (XX 164, 180-181 <<184, 202-203>>;
XXI 502-510; 528-530 <<556-565, 583-584>>).
Kaltenbrunner et beaucoup d'autres témoins de la défense
prétendaient que de telles méthodes étaient
pratiquées par des officiers de police partout dans le
monde (XI 312 <<346>>), et que des officiers respectés
avaient visité l'Allemagne pour étudier les méthodes
allemandes (XXI 373 <<412>>).
Les preuves de la défense en cette affaire et dans les
matières y afférentes consistent en des milliers
de pages, entre le procès-verbal du tribunal et celui de
la commission, ainsi que 136.000 déclarations écrites
(XXI 346-373 <<382-412>>; 415 <<458>>,
444 <<492>>).
Kaltenbrunner fut condamné
pour avoir conspiré en vue du "lynchage" des
aviateurs alliés qui avaient commis des bombardements en
masse de populations civiles. Les lynchages auraient été
illégaux, mais n'eurent jamais lieu. De nombreux aviateurs
alliés furent sauvés des foules civiles en colère
par des officiels allemands. Les Allemands se refusaient à
adopter de telles méthodes, dans la crainte qu'elles n'aboutissent
à un massacre général des aviateurs parachutés.
Comme tant d'autres crimes allemands, celui-ci resta une idée
sans application (XXI 406-407 <<449-450>>, 472-476
<<522-527>>).
Un autre crime prétendument commis par Kaltenbrunner était
sa responsabilité pour le soi-disant Kugelerlass
(Décret de Balle). Ce dernier aurait été
un ordre de fusiller des prisonniers de guerre en utilisant un
appareil de mesure (une machine très vraisemblablement
inspirée par la curieuse "machine de Paul Waldmann"
pour enfoncer des têtes avec un puissant marteau actionné
par une pédale (URSS-52, VII 377 <<416-417>>).
Concernant le "Kugelerlass", Document 1650-PS, s'il
s'agit d'un document authentique - ce qui n'est probablement pas
le cas (XVIII 35-36 <<43-44>>) - il s'agit d'une fausse
traduction: le sens du document est que les prisonniers qui font
des tentatives pour s'échapper doivent être enchaînés
à une "boule" de fer (Kugel), et non pas qu'ils
devraient être tués avec une "balle" (aussi
Kugel). Le mot "enchaîné" apparaît
dans le document, mais pas les mots "tirer", "tir",
ou "balle" (III 506 <<565>>; XXI 514 <<568>>);
Gestapo Affidavit 75; XXI 299 <<332>>). Le document
est un télétype, c'est-à-dire qu'il ne comporte
pas de signature (XXVII 424-428).
"Sonderbehandlung" (toujours traduit par "meurtre") est un exemple du jargon utilisé dans n'importe quelle bureaucratie, et serait mieux traduit par "traitement au cas par cas" (en effet, c'est un mot ordinaire, souvent trouvé dans des contrats de représentation commerciale). Kaltenbrunner réussit à prouver que, dans le contexte d'un document, le mot signifiait le droit de boire du champagne et de prendre des leçons de français. L'accusation avait confondu un lieu de vacances hivernal avec un camp de concentration (XI 338-339 <<374-375>>); (XI 232-386 <<259-427>>; XVIII 40-68 <<49-80>>). Le document sur le lieu de vacances hivernal est le Document 3839-PS, XXXIII 197-199, une "déclaration assermentée").
Keitel fut pendu pour sa
responsabilité dans des atrocités prétendument
commises en Russie, le Décret concernant les Commissaires
politiques, et le Décret "Nuit et Brouillard".
Les preuves contre Keitel consistent pour la plupart en des "rapports"
de "commissions soviétiques de crimes de guerre"
(XVII 611-612 <<663-664>>, XXII 76-83 <<90-98>>).
Il s'agit de résumés avec des jugements, conclusions,
et généralisations, sans aucune annexe de preuves
ou documents de base. Ces rapports font référence
à des agences militaires allemandes désignées
de façon erronée, et les agences sont confondues
entre elles.
Parmi les documents soviétiques utilisés pour la
condamnation à mort de Keitel, on trouve les Documents
URSS-4; 9; 10; 35; 38; 40; 90; 364; 366; 407; et 470.
URSS-4 est un "rapport" soviétique accusant les
Allemands d'avoir propagé exprès des épidémies
de typhus pour exterminer la population russe. La responsabilité
de ce crime est attribuée au "gouvernement de Hitler"
et "Chef der Obersten Heeresleitung der deutschen Wehrmacht".
Voyez aussi Report on U.S. Crimes in Korea, Pékin
(1952) (guerre bactériologique américaine).
Les Documents URSS-9, 35, et 38 sont aussi des "rapports"
de "commissions soviétiques de crimes de guerre".
Le Document URSS-90 est le jugement d'un tribunal militaire soviétique,
prétendant que "les envahisseurs fascistes allemands
commirent des crimes bestiaux", attribuant ces crimes à
l'"OKH" (Commandement des Forces Armées allemandes).
Des documents originaux ne sont pas annexés; des ordres
spécifiques ne sont pas mentionnés. Le nom de Keitel
n'est pas mentionné. Les autres documents sont des "copies
conformes" (XVIII 9-12 <<16-19>>) de documents
prétendument en possession des Russes.
Le Décret "Nuit et Brouillard" (XVIII 19-22 <<27-30>>)
avait eu pour but d'offrir une alternative à l'exécution
de membres de la résistance. Il fut admis par l'accusation
qu'en accord avec le droit international, les Allemands étaient
dans leur droit de fusiller des résistants (V 405 <<456>>).
Mais les Allemands n'estimaient pas envisageable de condamner
tout le monde à mort. Ils considéraient que les
peines d'emprisonnement avaient peu d'effet dissuasif, étant
donné que tout le monde croyait que la guerre serait finie
en quelques années (XXI 524 <<578-579>>). Le
Kommissarbefehl avait eu peu de résultats dans la pratique,
en partie à cause de la difficulté à déterminer
quels prisonniers étaient des Commissaires politiques et
quels autres ne l'étaient pas (XXI 404-405 <<446-447>>);
XXII 77 <<91>>).
Jusqu'à aujourd'hui, Keitel est accusé d'avoir bloqué
l'accès à Hitler, c'est-à-dire d'avoir privé
Hitler de certaines informations. Cette accusation, absurde jusqu'à
l'extrême, est réfutée aux pages 654-661 <<710-717>>
du volume XVII.
Parmi les autres "preuves" contre Keitel se trouvent
le Document 81-PS (cité dans le premier discours du procureur
Jackson), et le Document 470, une "copie conforme" (c'est-à-dire
que le document fut réécrit à la machine
pour réaliser la copie) d'un "document original"
écrit entièrement en serbo-croate (!) existant prétendument
en Yougoslavie, avec une "signature" de Keitel écrite
à la machine (!). On ne prétendit pas que Keitel
comprenait le serbo-croate: c'était plutôt une "traduction"
d'un document écrit en allemand que les Yougoslaves n'avaient
pas eu la bonne fortune de trouver (XV 530-536 <<578-585>>).
Le cas Keitel se trouve à X 468-658 <<527-724>>;
XI 1-28 <<7-37>>; XVII 603-661 <<654-717>>;
et XVIII 1-40 <<7-48>>.
Von Neurath fut la victime d'un faux grossier, le Document 3859-PS. Les Tchèques prirent un document authentique, le réécrivirent à la machine, avec des altérations et des ajouts en grand nombre, présentant une "photocopie" de leur "copie" (avec des signatures écrites à la machine) au Tribunal. Le document original était prétendument en Tchécoslovaquie.
Sur ce document, presque tout est incorrect: la bureaucratie allemande était extrêmement complexe. De nombreux documents de l'accusation portent de fausses adresses, de fausses notations, et de fausses références de procédure qui ne sont pas évidentes immédiatement. Concernant ce document, Von Neurath dit:
"Je regrette de devoir vous dire que vous mentez" (XVII 67 <<79>>; 373-377 <<409-413>>).
Von Neurath fut déclaré
coupable d'avoir fermé des universités tchèques
(ce n'est pas un crime en droit international lorsque la décision
émane d'un gouvernement d'occupation), et d'avoir fusillé
9 étudiants tchèques après une manifestation.
Ce crime fut "prouvé" par différents documents:
URSS-489, une "copie conforme", (certifiée par
les Tchèques); URSS-60, le "rapport" d'une "commission
de crimes de guerre", "citant" prétendument
les affirmations de Karl Hermann Frank (naturellement, les affirmations
n'étaient pas annexées au rapport); et URSS-494,
une "déclaration" de Karl Hermann Frank prétendument
signée 33 jours avant son exécution. Les affirmations
attribuées à Frank dans le rapport de la commission
de crimes de guerre n'étaient pas signées ni datées,
et les documents originaux se trouvaient prétendument en
Tchécoslovaquie (XVII 85-90 <<98-104>>).
De nombreuses "preuves" contre Von Neurath, Schacht,
Von Papen, Raeder, et d'autres tiraient leur origine des déclarations
d'un vieux diplomate américain résidant au Mexique
(Documents 1760-PS; 2385-PS; 2386-PS; EC-451).
On prétendit que le diplomate, Messersmith, était
trop vieux pour apparaître devant le Tribunal (II 350 <<387>>);
mais on nia qu'il fut sénile (II 352 <<389>>).
Les "preuves" consistent en des présomptions
de Messersmith concernant les motivations et le caractère
d'autres personnes.
Le cas Von Neurath apparaît à XVI 593-673 <<649-737>>;
XVII 2-107 <<9-121>>; XIX 216-311 <<242-345>>).
Von Papen fut accusé
d'avoir conspiré avec Hitler pour persuader Hindenburg
de prendre Hitler dans le gouvernement comme Chancelier du Reich.
Selon ce point de vue, Hindenburg avait été trompé
jusqu'au point de croire qu'une guerre civile suivrait si cela
ne se faisait pas.
Le Chancelier de l'époque, le Général Von
Schleicher, avait tenté de gouverner depuis longtemps illégalement
et en violation de la constitution sans l'appui des nationaux-socialistes,
qui jouissaient de la plus grande majorité dans l'histoire
du Reichstag. Beaucoup des illégalités de Hitler
datent en effet de la période du gouvernement de Von Schleicher
(XXII 102-103 <<118-119>>). C'était la seule
alternative au chaos de 41 partis politiques, la plupart d'entre
eux représentant un quelconque intérêt financier
privé.
Les vainqueurs démocratiques estimaient, en 1946, que Von Papen aurait dû prévoir, en 1933, l'intention de Hitler d'entamer une "guerre d'agression", autrement dit il aurait dû conspirer avec Von Schleicher pour gouverner au moyen d'une dictature militaire.
Von Schleicher fut fusillé plus tard pendant le Putsch de Roehm. Ces exécutions étaient considérées comme légales par Hindenburg, ce qui fut prouvé par un télégramme félicitant Hitler (XX 291 <<319>>; XXI 350 <<386>>; 577-578 <<636-637>>; XXII 117 <<134-135>>). Von Papen, lui aussi, considéra l'exécution de Roehm et de ses partisans comme justifiée par l'état d'urgence (XVI 364 <<401>>); en même temps, il croyait que beaucoup d'autres meurtres avaient eu lieu qui n'étaient pas justifiés; il aurait été du devoir de Hitler de mener une enquête et de punir ces actes. Ce qui ne fut pas fait.
Il fut admis par l'accusation
à Nuremberg que le programme du parti nazi ne contenait
rien d'illégal: il était même presque louable
(II 105 <<123>>). Les nationaux-socialistes furent
déclarés légaux par les autorités
d'occupation de la Rhénanie en 1925 (XXI 455 <<505>>),
par la Cour Suprême allemande en 1932 (XXI 568 <<626>>),
et par la Société des Nations et le Résident
Général polonais à Dantzig en 1930 (XVIII
169 <<187-188>>).
Il n'était pas évident en 1933 que l'armée
allait unanimement soutenir Von Schleicher contre les nationaux-socialistes,
lesquels jouissaient d'un droit parfaitement légal à
gouverner; c'est le refus de Hindenburg de violer la constitution
au risque d'une guerre civile qui porta Hitler au gouvernement
d'une façon parfaitement légale (voir aussi XXII
111-112 <<128-129>>).
Von Papen fut accusé d'avoir commis des "actes immoraux
pour favoriser le Projet Commun", comme d'avoir utilisé
la forme intime grammaticale "Du" (tu) en conversation
avec le Ministre des Affaires étrangères autrichien
Guido Schmidt (!). Von Papen remarqua: "Sir David, si vous
aviez été en Autriche au cours de votre vie, vous
sauriez qu'en Autriche presque tout le monde dit 'Du' à
tout le monde" (XVI 394 <<435>>).
Les actes de Von Papen qui
ne pouvaient pas être considérés comme "criminels"
furent utilisés pour prouver sa "duplicité".
On interpréta tous ses actes en prêtant après
coup à leur auteur d'inavouables arrière-pensées.
Il est quelquefois avancé que les acquittements de Von
Papen, Fritzsche, et Schacht constituaient une preuve de ce que
le procès de Nuremberg était un "procès
équitable". Le procès de Tokyo et les nombreux
autres procès de crimes de guerre dans lesquels il n'y
eût pas d'acquittement ne seraient pas naturellement une
preuve du contraire en ce qui les concerne; on oublie qu'il y
avait en moyenne 5 à 10% d'acquittements dans les procès
de sorcellerie du XVIIème siècle.
Le cas de Von Papen apparaît à XVI 236-422 <<261-466>>;
XIX 124-177 <<139-199>>.
Raeder fut accusé
d'avoir "conspiré" avec les Japonais pour attaquer
les Etats-Unis. Parmi d'autres crimes prétendument commis
par Raeder furent ceux d'avoir écouté des discours,
assisté à des conférences, avoir eu connaissance
de plans d'urgence, et avoir accepté des cadeaux d'anniversaire
(preuves de sa "participation au Projet Commun").
Raeder montra que les Américains avaient eu connaissance
de l'attaque contre Pearl Harbor avec 10 jours d'avance, tandis
que les Allemands n'en savaient rien (XIV 122 <<137-138>>).
La discussion de Raeder concernant l'état de préparation
militaire allemand et les discours de Hitler sera examinée
avec celle de Von Ribbentrop (XIII 595-599 <<656-660>>;
617-631 <<680-696>>; XIV 1-246 <<7-275>>;
XVIII 372-430 <<406-470>>).
Von Ribbentrop fut pendu
pour sa signature du Pacte Molotov-Ribbentrop, qui précéda
et permit l'attaque contre la Pologne.
Ribbentrop défendit ses actions avec la justification qu'un
million d'Allemands avait été expulsé des
territoires polonais tout au long d'une période de 20 ans,
expulsions associées à de nombreuses atrocités,
et que des plaintes à la Cour Internationale de Justice
de La Haye et à la Société des Nations avaient
été ignorées pendant toute cette même
période. Les victimes étaient des Allemands de souche
de nationalité polonaise, résidant dans les territoires
assignés au nouvel Etat de Pologne en conformité
avec le traité de Versailles.
Le 23 octobre 1938, Ribbentrop avait fait une offre aux Polonais que l'ambassadeur britannique reconnut être raisonnable, l'appelant une "offre tout à fait dans le style de la Société des Nations"; Ribbentrop demanda un plébiscite dans le couloir polonais; le retour de Dantzig (une ville 100% allemande) au Reich; la construction d'un chemin de fer et d'une autoroute extra-territoriale à travers le corridor pour accéder à la Prusse orientale, une province qui avait été coupée du reste de l'Allemagne par le traité de Versailles, et qui ne pouvait être rejointe que par voie maritime, une situation totalement insensée; autrement dit, un pont terrestre vers la Prusse orientale (X 260-269 <<295-304>>; 280-281 <<317-318>>; 367-369 <<416-417>>).
En contrepartie, les Polonais devaient recevoir un arrangement financier avantageux: une garantie d'utilisation pour les installations portuaires à Dantzig, et un débouché pour les produits polonais par le port de Dantzig. Le futur couloir aurait été décidé selon le principe de l'auto-détermination, les Polonais auraient obtenu un débouché vers la mer, et les Accords germano-polonais (signés par Hitler en 1934 malgré une forte opposition interne), auraient été renouvelés pour une période supplémentaire (XIX 362-368 <<399-406>>. Pour la version de l'accusation de ces mêmes événements, voyez III 209-229 <<237-260>>).
C'était là
le "Projet nazi pour la conquête du monde" qui
servirait (aux ennemis de l'Allemagne) de prétexte pour
la guerre toute entière, y compris, plus tard, Pearl Harbor,
Hiroshima, et Yalta.
En réplique, les Polonais affirmèrent avec insistance
que tout changement dans le statut de Dantzig impliquerait la
guerre avec la Pologne. Une mobilisation générale
fut ordonnée. Les expulsions continuaient, remplissant
des camps de réfugiés le long de la frontière
avec la Pologne.
On rapporte que l'ambassadeur polonais, Lipski, avait déclaré,
le 31 août 1939, que les réalités allemandes
lui étaient parfaitement bien connues après de nombreuses
années de service en Allemagne. Il ne s'intéressait
à aucune note ou offre de l'Allemagne. En cas de guerre,
la révolution éclaterait en Allemagne et l'armée
polonaise marcherait en triomphe jusqu'à Berlin (XVII 520-521
<<565-566>>; 564-566 <<611-614>>; XX 607
<<661>>).
Ribbentrop témoigna
que l'attitude des Polonais entraînait une guerre inévitable;
il fallait résoudre le problème du couloir et des
expulsions; pour Hitler et Staline, les territoires concernés
avaient été perdus pour les deux pays suite à
une guerre désastreuse suivie par des traités de
paix également désastreux (X 224-444 <<254-500>>;
XVII 555-603 <<602-655>>).
Pour les Allemands au procès de Nuremberg, il y n'avait
qu'une explication possible: les Polonais et les Britanniques
avaient été en contact avec la soi-disant "résistance"
en Allemagne, un mouvement qui avait grossièrement exagéré
sa propre importance (XVII 645-661 <<699-717>>; XIII
111-112 <<125-126>>).
L'interprète de Hitler apparut comme témoin et déposa
que les Allemands ne pouvaient pas croire que les Britanniques
feraient la guerre après que leur ambassadeur ait reconnu
que c'était les Allemands les plus raisonnables. Selon
l'interprète, Paul Schmidt, il y eut une pleine minute
de silence à l'arrivée de la nouvelle de la déclaration
de guerre britannique, après quoi Hitler se tourna vers
Von Ribbentrop pour demander: "Qu'est-ce qu'on fait maintenant?"
(X 200 <<227>>).
e témoignage de Schmidt fit la lumière sur un propos attribué à Von Ribbentrop, selon lequel les juifs devaient être tués ou internés dans des camps de concentration. Ce qui se passa, selon Schmidt (X 203-204 <<231>>) fut que Hitler était en train d'exercer des pressions sur Horthy pour prendre des mesures plus fortes contre les juifs. Horthy demanda: "Qu'est-ce que je dois faire? Je ne peux pas les tuer!". Ribbentrop, de très mauvaise humeur, avait répliqué: "Il y a deux possibilités: vous pouvez faire précisément cela, ou ils peuvent être internés". Ce propos fut repris dans le procès-verbal de la conférence de la façon suivante: "Le Ministre des Affaires étrangères dit que les juifs devraient être tués ou internés dans des camps de concentration". Ce propos fut utilisé contre Ribbentrop et d'autres accusés tout au long du procès, malgré le témoignage de Schmidt (un homme respecté et non un nazi) [selon qui] le procès-verbal n'était pas exact (X 410-411 <<462-463>>).
Selon Ribbentrop, Raeder,
Goering, et presque tous les accusés à l'exception
de Schacht, les Allemands n'avaient pas été préparés
pour une guerre, et n'avaient comploté aucune "agression"
(XVII 522 <<566-567>>), XXII 62, 90 <<76, 105>>).
L'invasion de la Belgique, des Pays-Bas, et de la France n'était
pas une "agression", parce que c'était la France
qui avait déclaré la guerre à l'Allemagne.
La Belgique et les Pays-Bas avaient permis à des avions
britanniques de survoler leur pays chaque nuit pour bombarder
la Ruhr; les Allemands avaient protesté par écrit
127 fois (XVII 581 <<630>>, XIX 10 <<16>>).
Goering, Raeder, Milch, et beaucoup d'autres témoignèrent
que l'Allemagne, en 1939, n'avait que 26 sous-marins pour le service
atlantique, en comparaison avec 315 sous-marins en 1919 (XIV 26
<<34>>), avec un stock de bombes qualifié de
"ridicule" par Milch (XIX 4-5 <<11-12>>).
Hitler avait informé Milch en mai 1939 qu'il n'y avait
pas besoin de production de bombes à pleine capacité,
parce qu'il n'y aurait pas de guerre. Milch répliqua que
la production de bombes à pleine capacité était
une question de plusieurs mois; il faudrait du temps pour arriver
à une pleine production. L'ordre de commencer la production
de bombes à pleine capacité ne fut pas donné
avant le 12 ou le 20 octobre 1939 (IX 50 <<60-61>>;
XVII 522 <<566-567>>)
La force aérienne allemande était conçue pour des bombardements exacts et ponctuels de cibles déterminées; les Allemands avaient coopéré avec les Britanniques ainsi qu'avec les Russes dans l'échange d'informations de valeur technique jusqu'en 1938 (IX 45-133 <<54-153>>; XIV 298-351 <<332-389>>).
Les Allemands n'avaient
jamais construit les quantités de navires de guerre et
surtout de sous-marins (XIV 24 <<31>>) qui leur avaient
été permises en conformité avec la Convention
anglo-allemande de 1935 (XVIII 379-389 <<412-425>>).
Cette convention représentait une reconnaissance par les
Britanniques que le traité de Versailles était périmé.
C'était aussi une limitation volontairement entreprise
par les Allemands de leurs armements navals (XIX 224-232 <<250-259>>).
A l'éclatement de la guerre, beaucoup de navires de guerre
allemands étaient toujours en construction et durent être
envoyés à la ferraille parce qu'il aurait fallu
des années pour les terminer (XIII 249-250 <<279-280>>;
620-624 <<683-687>>). Selon une déclaration
signée par son capitaine, un des plus grands navires de
guerre allemands, le Gneisenau, était en voyage de formation
près des Îles Canaries au début de la guerre,
sans aucun stock de munitions (XXI 385 <<425>>).
Hitler était un bluffeur qui se plaisait à terroriser
les hommes politiques avec des discours extrêmement illogiques,
qui se contredisaient tous eux-mêmes (XIV 34-48 <<43-59>>;
329-330 <<366>>), aussi bien que les uns les autres
(XXII 66-68 <<80-81>>). Pour cette raison précise,
on ne prenait pas de notes sténographiques exactes avant
1941 (XIV 314-315 <<349-350>>).
Beaucoup de "discours
de Hitler" sont des semi-mystifications ou des faux (XVII
406-408 <<445-447>>, XVIII 390-402 <<426-439>>;
XXII 65 <<78-79>>).
s Allemands ne se croyaient
plus liés par le traité de Versailles parce que
les prescriptions du traité, en particulier le préambule
à la Partie V, avait été violé par
les Britanniques, et surtout par les Français. Le désarmement
allemand devait être suivi par un désarmement général
(IX 4-7 <<12-14>>; XIX 242 <<269>>, 356
<<392>>).
Hitler avait offert de se désarmer jusqu'à la dernière
mitrailleuse, à la condition que les autres pays fassent
de même; mais l'Allemagne ne pouvait rester dans une position
affaiblie pour toujours, en attendant d'être envahie et
écrasée à n'importe quel moment. La réoccupation
de la Rhénanie avait donné à l'Allemagne
une frontière naturelle qui protégeait la Ruhr,
une chose normale pour n'importe quel gouvernement. L'Europe de
l'est risquait de s'embraser dans des conflits entre Etats lourdement
armés; la Prusse orientale était indéfendable;
les Polonais demandaient ouvertement des parties de la Haute-Silésie
(XII 476-479 <<520-524>>; XIX 224-232 <<249-259>>,
XX 570-571 <<623-624>>).
Les Accords franco-soviétiques du 5 décembre 1934
étaient déjà une violation du Pacte de Locarno,
dont la violation fut attribuée aux Allemands à
Nuremberg (XIX 254, 269, 277 <<283, 299, 308>>).
Il n'était pas évident que l'occupation du reste de la Tchécoslovaquie était une violation des Accords de Munich (X 259 <<293-294>>). Elle fut entreprise parce que les Russes avaient construit des aéroports dans le reste de la Tchécoslovaquie avec la coopération des Tchèques, pour transformer le pays en un "porte-avions" d'oû l'Allemagne pouvait être attaquée (X 348 <<394-395>>; 427-430 <<480-484>>). Roosevelt avait proclamé que les intérêts de l'Amérique s'étendaient au monde entier; les Britanniques revendiquaient un dominion sur la moitié du globe; les intérêts allemands ne pouvaient-ils pas sûrement s'étendre jusqu'à la Tchécoslovaquie? Berlin est à une demi-heure en avion de Prague; les actions tchèques étaient ouvertement menaçantes pour l'Allemagne.
Il n'y a pas de traités éternels dans ce monde; normalement ils deviennent périmés, et sont remplacés par d'autres traités. La désuétude d'un traité est habituellement prévue dans le corps même du traité, avec la formule rebus sic stantibus. Dès 1935, Locarno et Versailles étaient périmés.
Comme Frank, Rosenberg fut
accusé d'avoir "pillé" et "volé"
des oeuvres d'art. Les deux accusés, Rosenberg et Frank,
indiquèrent que l'Allemagne était obligée
de protéger des oeuvres d'art selon les conditions de la
"quatrième convention de La Haye sur la guerre terrestre";
pour ce faire, il fallait éloigner les oeuvres d'art des
zones des hostilités. Les oeuvres d'art avaient été
soigneusement emballées, évaluées, et réparées.
S'il avait été de l'intention des Allemands de "piller"
ou de "voler", ils n'auraient pas eu besoin de cataloguer
ces oeuvres d'art avec une notation exacte du nom et de l'adresse
du propriétaire, quand ce dernier était connu.
oering s'était approprié
quelques oeuvres d'art, non pas pour son usage personnel, mais
pour un musée que Hitler avait eu l'intention de créer
à Linz. Rosenberg avait protesté contre cet abus,
avec la justification qu'il était de son devoir de garder
ces collections intactes jusqu'à la fin de la guerre, dans
l'espoir d'arriver à un accord de paix concernant ces objets.
Rosenberg fut aussi accusé d'avoir volé des milliers
de wagons de chemin de fers pleins de meubles. Les meubles étaient
la propriété des juifs qui avaient abandonné
leurs résidences à l'arrivée des Allemands
à Paris. Les appartements juifs avaient été
fermés à clef pendant 90 jours, puis les contenus
avaient été confisqués comme propriété
abandonnée, puisqu'il était impossible d'en assurer
la sauvegarde. Finalement les meubles furent utilisés pour
aider des Allemands rendus sans abri par les attaques aériennes
alliées. Encore une fois, il était de l'intention
des Allemands d'arriver à un accord concernant ces objets
dans un traité de paix.
Le Ministère de Rosenberg
recevait de nombreuses plaintes, qui entraînèrent
des enquêtes. On avait découvert que beaucoup d'entre
elles manquaient de tout fondement dans la réalité.
Au procès de Nuremberg, il fut tout simplement présumé
que toutes les plaintes étaient "vraies". Des
lettres écrites à Rosenberg furent utilisées
comme des preuves contre lui, bien que ses réponses à
ces lettres aient été perdues. Les plaintes et les
lettres furent utilisées pour prouver sa prétendue
"participation volontaire au Projet Commun".
Rosenberg fut accusé d'avoir conspiré avec Sauckel
pour obtenir des "esclaves" pour l'industrie allemande.
Rosenberg, Sauckel, Speer, Goering, et Seyss-Inquart protestèrent
tous qu'en l'absence du blocus allié, de tels "pillages"
et "esclavages" n'auraient pas été nécessaires;
le blocus maritime était illégal, entraînant
un chômage de masse dans les territoires occupés;
les gouvernements d'occupation avaient la possibilité de
demander un paiement sous forme de services, selon les conditions
de la quatrième convention de la Haye concernant la guerre
terrestre. Les "esclaves" avaient reçu la même
paye que les travailleurs allemands, qui étaient aussi
l'objet d'un service obligatoire du travail. Funk prétendit
que les "esclaves" avaient viré 2 milliards de
marks en salaires à leurs familles pendant la guerre (XIII
136 <<153>>). Seyss-Inquart prétendit qu'il
y avait 500.000 chômeurs aux Pays-Bas en conséquence
du blocus; si on ne fournissait pas du travail à tous ces
chômeurs, soit volontaire soit obligatoire, ils étaient
incités à rejoindre les forces de la résistance,
ce qui était interdit par le droit international. Les populations
avaient été tout à fait contentes de travailler
sur des fortifications allemandes aux Pays-Bas, ainsi réduisaient-elles
la probabilité que l'invasion alliée prendrait pied
aux Pays-Bas plutôt qu'ailleurs (la probabilité d'une
invasion alliée avait aussi été la raison
de la déportation des juifs néerlandais (XV 662-668
<<719-726>>; XIX 99-102 <<113-115>>).
Fritzsche et d'autres accusés témoignèrent que les "esclaves" pouvaient être vus se promenant librement dans les rues de toutes les villes allemandes (XVII 163-164 <<183-184>>), qu'ils avaient beaucoup d'argent, et qu'ils avaient le marché noir entre leur mains (XIV 590 <<649>>). En outre, des centaines de milliers de ces "esclaves" refusaient de quitter l'Allemagne après la guerre, bien que leurs propres pays aient été "libérés" et l'Allemagne dévastée (XVIII 155 <<172-173>>). En outre, les "esclaves" ne s'étaient pas révoltés à la fin de la guerre (XVIII 129-163 <<144-181>>; 466-506 <<509-554>>; XIX 177-216 <<199-242>>; XXI 471-472 <<521-522>>).
Sauckel témoigna
que les "travailleurs esclaves" en France avaient été
obtenus grâce au gouvernement français et aux organisations
de collaborateurs. Beaucoup de travailleurs avaient préféré
être "forcés" pour éviter des représailles
de la part de la résistance (XV 1-263 <<7-290>>);
mais tous avaient reçu la même paie et avaient bénéficié
des mêmes conditions contractuelles et d'indemnités
de santé et prévoyance sociale que les travailleurs
allemands. Loin de "piller" les territoires occupés,
il avait été nécessaire d'importer de grandes
quantités d'équipements de grande valeur. En Russie,
tout avait été détruit pendant la retraite
russe, par les Russes eux-mêmes; quand les Allemands importèrent
leurs propres équipements et puis les retirèrent
pendant leur propre retraite, ce fut appelé du "pillage"
(IX 171-172 <<195-196>>).
Un exemple d'une plainte qui devint un "crime" est le
cas des prétendus "spectateurs de théâtre
raflés et envoyés en esclavage". Sauckel avait
enquêté sur ce cas pendant plusieurs mois et avait
découvert qu'il s'agissait d'un fournisseur de main d'oeuvre
qui avait interrompu une réunion de ses propres travailleurs
pour les transporter vers un autre chantier (XV 17-18 <<25-26>>).
Avec la détérioration
de la situation, il fut nécessaire d'avoir recours à
des mesures plus coercitives. Si les Alliés étaient
dans leur droit de confisquer la propriété des neutres
dans les eaux maritimes internationales, alors les Allemands étaient
dans leur droit d'utiliser les ressources des territoires occupés
sur la terre ferme.
Une accusation étroitement apparentée fut celle
concernant ce que l'on a appelé l'"Action Foin"
("Hay Action"), par laquelle 50.000 enfants avaient
été prétendument "enlevés"
pour travailler comme des "esclaves" à la campagne.
Aussi bien Rosenberg que Von Schirach témoignèrent
qu'il s'agissait d'un programme d'apprentissage dont l'objectif
consistait à éloigner les orphelins de guerre de
la zone des hostilités (XI 489-490 <<538-539>>
XIV 501-505 <<552-556>>). Si le Ministère de
Rosenberg n'avait pas retiré les orphelins de la zone des
hostilités, c'est l'armée qui l'aurait fait.
Une autre accusation faite dans le même ordre d'idées
fut celle de l'organisation "Lebensborn", prétendument
un complot pour enlever des bébés après avoir
mesuré la taille de leurs pénis (à en croire
des "historiens" juifs d'une santé mentale douteuse).
En vérité, le but de cette organisation avait été
d'enlever le stigmate de l'illégitimité et d'aider
les familles ayant de nombreux enfants (XXI 654-664, volumes allemands;
ces pages ont été exclues des volumes américains.
Voyez aussi XXI 352 <<389>>.
Le cas de Rosenberg apparaît à XI 444-599 <<490-656>>;
XVIII 69-128 <<81-143>>).
Schacht est une anomalie
comme accusé, parce que les accusations faites contre lui
contredisent celles faites contre les autres accusés. Tandis
que les autres étaient accusés d'"actes de
turpitude morale" comme d'avoir accepté des cadeaux
d'anniversaire; prononcé des discours d'anniversaire; avoir
été photographiés; avoir signé des
lois légalement promulguées par le chef de l'Etat;
être en accord avec le chef de l'Etat; ou, sinon, avoir
manqué à leur devoir de renverser et de tuer ce
même chef de l'Etat (un devoir qui ne peut de toute évidence
pas être imposé par la loi), Schacht fut accusé
de toutes ces choses, et plus encore, pour faire bon poids, d'avoir
violé son serment de loyauté envers Hitler et d'avoir
trompé Hitler! Ce qui était considéré
comme preuve d'une perversité particulière (XII
597 <<652-653>>).
Le propos de Schacht concernant la nécessité de
mentir a été fréquemment invoqué comme
une preuve de la duplicité nazie; on oublie que c'était
Hitler la victime de ces mensonges.
Schacht ridiculisait toutes ces accusations en enchaînant
les bons mots les uns après les autres, se révélant
même plus sarcastique que Goering. Mais l'accusateur Jackson
manquait trop de perspicacité pour se rendre compte qu'il
était en train de se faire ridiculiser (XII 416-493 <<454-539>>;
507-602 <<554-658>>; XIII 1-48 <<7-58>>;
XVIII 270-312 <<299-342>>.
Le mensonge de Jackson selon lequel il avait "forcé
Schacht à admettre qu'il avait menti" a été
pris au sérieux par beaucoup de gens qui auraient dû
en savoir davantage. Jackson était un menteur coutumier
(voir, par exemple, II 438 <<483>>; IX 500-504 <<555-559>>).
Von Schirach fut accusé
d'avoir conspiré avec des millions d'enfants pour conquérir
le monde dans des uniformes copiés des "Boy-Scouts"
anglais. Il fut relevé dans sa défense que le concept
même d'une conspiration qui compterait des millions de conspirateurs
était une absurdité logique (XIV 360-537 <<399-592>>,
XVIII 430-466 <<470-509>>.
Pour atteindre ce but, les conspirateurs s'étaient consacrés
au tir à la cible avec des fusils calibre 22 (XIV 381 <<420-421>>)
et avaient chanté des chansons qui dataient quelquefois
de plus de 300 ans (XIV 474 <<521>>).
Au procès de Nuremberg, on trouvait des crimes partout.
Dans l'accusation contre la S. A., un article décrivant
la façon dont il fallait soigner les pieds fut cité
pour prouver une "intention de s'engager dans une guerre
d'agression" (XXI 221-223 <<248-250>>).
Schirach fut accusé d'avoir eu connaissance des atrocités
par Hans Marsalek, dont le "souvenir" de la "confession"
de Ziereis (6 pages écrites entre guillemets un an après
la mort de Ziereis) fut utilisé contre Kaltenbrunner (XI
330-333 <<365-369>>; XIV 436-440 <<480-485>>).
Un autre crime commis par Schirach était celui d'être
"petit et gros" (un chef étudiant "petit
et gros" avait été entendu prononçant
un discours antisémite) (déposition de Georg Ziemer,
244-PS, XIV 400-401 <<440-441>>). Schirach nia cette
accusation.
On prétendait que Schirach avait reçu des rapports
des "Einsatzgruppen" à son bureau de Vienne.
Ces documents sont des photocopies de "copies conformes"
sur du papier normal, sans en-tête de lettre ou signature,
établis par des inconnus, et que l'on prétend avoir
été retrouvés enterrés dans une mine
de sel (II 157 <<185>>) par les Russes (IV 245 <<273>>,
VIII 293-301 <<324-332>>). Katyn y figure comme un
crime allemand (NMT IX 96-117, procès de Otto Ohlendorf).
Les Allemands sont supposés avoir tué 22.000.000 personnes (XXII 238 <<270>>), ou peut-être 12.000.000 (XXII 312 <<356>>), après quoi les cadavres avaient été brûlés et les documents enterrés. Les documents sont combustibles; les cadavres non.
Schirach aussi bien que Streicher furent trompés tous les deux par une "photocopie" d'un document de Hitler dans lequel il "confessait" des exterminations en masse (XIV 432 <<476>>; XII 321 <<349>>). Etant donné que Hitler était un génie (X 600 <<671-672>>, et puisque les génies ne tuent pas des millions de personnes avec des gaz d'échappement Diesel et des insecticides exigeant 24 heures pour tuer des mites (Dokument NI-9912), il semble que la signification de ce document ait été surévaluée. En effet, il est typique de Hitler: plein de langage violent, mais pauvre en contenu si l'on se limite aux faits. On ne sait pas très bien non plus si Hitler était bien sain d'esprit en 1945 (IX 92 <<107>>). La "confession" de Hitler est une "photocopie certifiée" (Streicher Defense Document 9, XLI 547).
Seyss-Inquart est un exemple
de la manière dans laquelle des actions parfaitement légales
furent considérées comme des "crimes"
lorsqu'elles étaient entreprises par les Allemands, tandis
que des actions identiques, ou des actions criminelles selon les
statuts du Tribunal de Nuremberg même (comme les bombardements
de Dresde, illégaux selon l'article 6(b) (XXII 471, 475
<<535, 540>>) étaient considérées
comme des inconvénients insignifiants lors d'une grande
croisade pour extirper le Mal.
En droit international, des gouvernements d'occupation sont dans
leur droit de légiférer comme ils l'estiment convenable
(un droit proclamé par le Tribunal même, XXII 461
<<523>>, mais contredit à XXII 497 <<565-565>>,
et l'obéissance à leur autorité est requise.
Ils sont autorisés à lever de la main d'oeuvre dans
certaines limites, confisquer des biens publics, lever des impôts
pour couvrir les frais d'occupation. Ils ne sont pas obligés
de tolérer la résistance armée, les grèves,
la publication de journaux hostiles, ou d'engager des fonctionnaires
locaux qui n'obéiront pas aux ordres. Parapher des documents
et faire circuler des ordres ne sont pas des crimes en droit international.
Seyss-Inquart évita beaucoup de destructions non-nécessaires
qui auraient été illégales, à la fin
de la guerre (XV 610-668 <<664-726>>; XVI 1-113 <<7-128>>;
XIX 46-111 <<55-125>>).
Comme Reichskommissar pour les Pays-Bas, Seyss-Inquart transmettait
des ordres d'exécuter des membres de la résistance
après leur condamnation pour des actes de sabotage ou résistance
armée. Mais les exécutions n'avaient lieu qu'après
la commission par d'autres personnes de nouveaux actes de sabotage.
C'est cela qu'on a qualifié d'"exécutions d'otages".
La désignation "otage" est cependant impropre
(XII 95-96 <<108>>, XVIII 17-19 <<25-27>>,
XXI 526 <<581>>, 535 <<590>>).
Pour une discussion du droit international du point de vue de
l'accusation, admettant la légalité de ces actions,
voyez V 537 <<603-604>>. Il fut expressément
admis par l'accusation que des membres de la résistance
pouvaient être fusillés (V 405 <<455-456>>).
La quatrième convention de La Haye sur la guerre terrestre
du 18 octobre 1907 contient une clause de toute participation
(art. 2); des belligérants qui auraient violé la
convention peuvent être contraints de payer des indemnités
(art. 3); les bombardements "par n'importe quel moyen"
de villes non défendues et de monuments culturels sont
interdits (art. 23, 25, 27, 56). La Convention ne fut pas ratifiée
par la Bulgarie, la Grèce, l'Italie, les Etats nationaux
de la Yougoslavie, mais elle fut ratifiée par le Russie
tsariste.
Albert Speer fut condamné
pour avoir conspiré en vue de réduire des millions
de personnes en "esclavage" en les faisant travailler
dans les industries d'armements allemandes, où ils avaient
été obligés de dormir dans des urinoirs (Document
D-288, déposition de Dr. Wilhelm Jaeger, déjà
discutée sous "Rudolf Hoess"), et torturés
dans des "boîtes à torture" camouflées
en armoires normales (les "camouflages" bizarres servent
à permettre la présentation d'objets ordinaires
comme des "preuves" accablantes) (Documents USA-894,
897).
Répliquant à cette accusation, Speer déclara:
"Je considère cette déposition comme un mensonge... il n'est pas possible de traîner le peuple allemand dans la boue de cette façon" (XVI 543 <<594>>).
Speer était le type
d'homme qui réussit toujours dans n'importe quel système.
Il a toujours maintenu qu'il ne savait rien concernant des "exterminations",
mais il prétendit qu'il aurait eu des informations si les
victimes avaient été incinérées en
utilisant des bombes atomiques (une hallucination de Robert Jackson,
XVI 529-530 <<580>>).
Speer prétendit avoir comploté l'assassinat de Hitler
moyennant un gaz innervant hautement sophistiqué (XVI 494-495
<<542-544>>). Le complot avait échoué
parce que le gaz ne pouvait être produit qu'à des
températures très élevées (XVI 529
<<579>>).
En fait, le Zyklon (l'insecticide avec lequel on prétend que les Allemands auraient gazé les juifs) présente un problème similaire, dans le sens que le liquide doit s'évaporer, et cela ne se produit que très lentement s'il n'est pas chauffé. Des prouesses de la technologie allemande et l'état avancé de l'industrie allemande rendent ridicule toute notion d'un "Holocauste" utilisant des insecticides ou des gaz d'échappement de moteurs Diesel. Il serait plus difficile de "traîner le peuple allemand dans la boue" s'il n'y avait pas des personnes comme Albert Speer (XVI 430-588 <<475-645>>); XIX 177-216 <<199-242>>).
Streicher fut pendu pour
"incitation à la haine raciale", un crime qui
semble devenir de plus en plus populaire. Le cas de Streicher
est remarquable dans le sens que des nations prêchant la
séparation de l'Eglise et de l'Etat, aussi bien que la
liberté de la parole et de la presse, avaient conspiré
avec des juifs et des communistes pour faire pendre un homme coupable
d'avoir exprimé des opinions dont l'exactitude n'était
pas contestée.
Un des crimes commis par Streicher fut la publication d'un supplément
sur les "Meurtres rituels juifs" dans son journal Der
Stuermer. Il fut expressément admis par l'accusation que
les illustrations de Streicher étaient authentiques (V
103 <<119>>), et que l'article était correctement
référencé. Parmi les références
de Streicher figurait celle d'au moins un savant reconnu, le Dr.
Erich Bischof, de Leipzig, ainsi que des poursuites pénales
modernes (IX 696-700 <<767-771>>). Il était
de l'opinion du Tribunal que rechercher la validité des
références de Streicher aurait prolongé le
procès d'une façon démesurée, c'est
pourquoi l'exactitude de l'article ne fut pas contestée.
Comme alternative, une espèce de télépathie
mentale fut exécutée, et Streicher fut pendu pour
sa prétendue manière de penser et pour sa motivation.
Un autre crime commis par
Streicher fut d'avoir appelé le Vieux Testament une "histoire
criminelle horrible... ce 'livre saint' est riche en meurtres,
inceste, fraude, vol, et indécence". Aucune preuve
ne fut présentée pour réfuter cette affirmation
(V 96 <<112>>).
Streicher devint fameux comme "pornographe", "perverti
sexuel", et "escroc". La "collection de pornographie",
examinée de plus près, se révéla être
l'archive de judaica de son journal (XII 409 <<445>>).
L'accusation de "perversion sexuelle", fortement soulignée
par les Russes, prit racine dans le soi-disant Rapport Goering,
une procédure disciplinaire du Parti, entamée par
un des nombreux ennemis de Streicher. Cette accusation fut abandonnée
pendant le procès, et radiée du procès-verbal
des audiences. Streicher fut informé qu'il ne devrait répondre
à aucune demande afférente à cette accusation
(XII 330, 339 <<359, 369>>).
L'"escroquerie immobilière"
était aussi dérivée du Rapport Goering, et
se référait à un seul cas, celui de Mars-Werke.
L'homme responsable des accusations contenues dans le rapport,
par on ne sait quelle coincidence curieuse, était aussi
responsable de l'achat (V 106 <<123>>). Le Rapport
affirme que les actions ont été rendues, et que
l'argent que Streicher avait payé pour les actions, 5.000
Reichsmarks, lui a été remboursé après
l'enquête.
Streicher avait donné à ses administrateurs pleins
pouvoirs pour faire ce qu'ils voulaient, disant: "Ne m'ennuyez
pas avec vos affaires d'argent. Il y a des choses plus importantes
que l'argent". Streicher affirma que son journal avait été
édité dans une maison louée jusqu'à
la fin de la guerre; ce n'était pas un journal du Parti;
Streicher n'avait rien eu à voir avec la guerre.
Un des employés de Streicher comparut comme témoin
et affirma: "Quiconque connaît Herr Streicher comme
moi, sait bien que Herr Streicher n'a jamais pris quoi que ce
soit d'un juif" (XII 385-386 <<420>>).
La deuxième femme de Streicher, Adele Streicher, comparut
et témoigna, "Je considère totalement impossible
que Julius Streicher ait acquis des actions de cette manière.
Je crois qu'il ne sait même pas à quoi ressemble
une action" (XII 391 <<426>>).
Il ne fut pas prétendu
au procès de Nuremberg que Streicher écrivait tous
les articles de son journal lui-même. 'Trau keinem Fuchs
auf gruener Heid, und keinem Jud' bei seinem Eid' [Ne te fies
pas à un renard, ni à aucun juif, même s'il
a juré], traduit par l'accusation en Don't Trust a Fox
Whatever You Do, Nor Yet the Oath of Any Jew (XXXVIII 129), avait
repris son titre de Martin Luther. Der Giftpilz [le champignon
vénéneux] fut écrit par un des rédacteurs
de Streicher sous l'inspiration d'une fameuse série de
crimes crapuleux contre des enfants, commis par un industriel
juif, Louis Schloss (XII 335 <<364-365>>).
Schloss fut finalement assassiné à Dachau, ce qui
devint encore "une atrocité nazie". Dans la discussion
du meurtre de Schloss de la part de l'accusation, il ne fut jamais
mentionné qu'il s'agissait d'un pervers dangereux reconnu
coupable d'attentats à la pudeur sur des enfants; au contraire,
il fut tacitement suggéré que Schloss avait été
tué tout simplement parce qu'il était juif, et pour
aucune autre raison (Document 664-PS, XXVI 174-187).
Aucun lien de causalité ne fut jamais prouvé entre
les "propos antisémites" de Streicher, Frank,
ou Rosenberg et la commission d'aucun crime; il ne fut jamais
prouvé non plus que le crime concerné, i.e., le
prétendu "Holocauste des juifs" ait jamais eu
lieu. Mais cela fut tout simplement supposé, et les écrits
de Streicher furent supposés avoir contribué à
le "provoquer".
Streicher fit quelques propos "hautement inconvenants" qui furent radiés du procès-verbal des débats, et pour lesquels il fut blâmé par le Tribunal avec le consentement de son avocat, le Dr. Marx. Un de ces propos a été supprimé après le 5ème alinéa à la page 310 du procès-verbal typographié <<page 337, ligne 30 du procès-verbal allemand>>, mais peut être trouvé aux pages 8494-5 du procès-verbal ronéotypé. Streicher dit:
"Si je pouvais terminer avec une description de ma vie, ce serait avec la description d'une expérience qui vous montrera, messieurs du Tribunal, que même sans le consentement du gouvernement, des choses peuvent arriver qui ne sont pas humaines, pas en accord avec les principes de l'humanité.
"Messieurs, je fus arrêté, et pendant ma détention j'expérimentais des choses comme celles que nous, la Gestapo, sommes accusés d'avoir commises. Pendant quatre jours je fus sans vêtements dans une cellule. Je fus brûlé. Je fus jeté au sol, et on m'a attaché avec une chaîne de fer. Je devais embrasser les pieds de gardiens noirs qui me crachaient à la figure. Deux hommes de couleur et un officier blanc crachaient dans ma bouche, et quand je ne l'ouvrais plus, ils me l'ont ouverte avec un bâton en bois; et quand je demandais de l'eau, on m'emmenait à la latrine et on m'a ordonné de boire là.
"A Wiesbaden, messieurs, un médecin a pris pitié de moi, et je déclare ici qu'un directeur juif de l'hôpital s'est comporté correctement. Je dis ici, pour ne pas être incompris, que les officiers juifs qui nous gardent ici en prison ont agi correctement, et que les médecins qui me traitent, eux aussi sont pleins de considération. Et vous pouvez voir dans mes propos le contraste de cette prison-là jusqu'au moment présent".
Un autre "propos inconvenant" fut supprimé après le premier alinéa à la page 349 du volume XII <<page 379 du procès-verbal allemand>>, mais se trouve au procès-verbal ronéotypé à la page 8549:
"Pour éviter tout malentendu, je dois dire qu'on m'a tellement battu à Freising, et cela pendant des journées sans vêtements, que j'ai perdu 40% de ma capacité d'audition, et les gens se moquent de moi quand je pose des questions. Je ne peux rien faire si on m'a traité de cette façon. Donc, je dois demander que l'on me repose la question encore une fois."
Ce à quoi le Lt. Col. Griffith-Jones répliqua:
"Je peux vous la montrer, et nous la répéterons aussi fort que vous le désirez".
Puisqu'il s'agissait d'une
affaire de la connaissance personnelle de Streicher et pas de
oui-dire, il est difficile de comprendre pourquoi les propos furent
supprimés, tandis que des oui-dire favorables à
l'accusation furent retenus (en effet, les preuves de l'accusation
consistent en des oui-dire écrits et oraux, et pas grand-chose
d'autre). Si les autorités de l'accusation ne croyaient
pas les affirmations de Streicher selon lesquelles il avait été
torturé, elles étaient libres de le contre-interroger
pour déceler d'éventuelles incohérences et
prouver qu'il avait menti. Mais au lieu de procéder ainsi,
il fut tout simplement réprimandé et les propos
supprimés. Ce qui montre bien peu de considération
pour la vérité, la justice, et un procès
impartial.
Streicher affirma que ses appels à l'"extermination"
de la juiverie avaient été provoqués, pour
la plupart, par les bombardements et les appels à l'extermination
du peuple allemand de l'autre côté.
"Si en Amérique un juif du nom de Erich Kauffman peut exiger publiquement que tous les Allemands capables d'engendrer des enfants soient stérilisés, afin d'exterminer le peuple allemand, alors moi je dis, dent pour dent, et oeil pour oeil. C'est donc une affaire purement théorique et littéraire" (XII 366 <<398-399>>). (V 91-119 <<106-137>>; XII 305-416 <<332-453>>; XVIII 190-220 <<211-245>>).
Ce texte a été affiché sur Internet à des fins purement éducatives, pour encourager la recherche, sur une base non-commerciale et pour une utilisation mesurée par le Secrétariat international de l'Association des Anciens Amateurs de Récits de Guerre et d'Holocauste (AAARGH). L'adresse électronique du Secrétariat est <[email protected]>. L'adresse postale est: PO Box 81475, Chicago, IL 60681-0475, USA.
Afficher un texte sur le Web équivaut à mettre un document sur le rayonnage d'une bibliothèque publique. Cela nous coûte un peu d'argent et de travail. Nous pensons que c'est le lecteur volontaire qui en profite et nous le supposons capable de penser par lui-même. Un lecteur qui va chercher un document sur le Web le fait toujours à ses risques et périls. Quant à l'auteur, il n'y a pas lieu de supposer qu'il partage la responsabilité des autres textes consultables sur ce site. En raison des lois qui instituent une censure spécifique dans certains pays (Allemagne, France, Israël, Suisse, Canada, et d'autres), nous ne demandons pas l'agrément des auteurs qui y vivent car ils ne sont pas libres de consentir.
Nous nous plaçons sous
la protection de l'article 19 de la Déclaration des Droits
de l'homme, qui stipule:
ARTICLE 19
<Tout individu a droit à la liberté d'opinion
et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher,
de recevoir et de répandre, sans considération de
frontière, les informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit>
Déclaration internationale des droits de l'homme,
adoptée par l'Assemblée générale de
l'ONU à Paris, le 10 décembre 1948.