LES GRANDS FEUILLETONS DE L'AAARGH
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ÉDITION COMMENTÉE par l'aaargh
[95]
Lundi 12 mars 2007, après-midi.
M. le président : L'audience est reprise. Nous allons continuer l'audition de témoins engagée ce matin.
M. Brouard : Je me constitue partie civile au nom de l'association Halte à la censure, à la corruption, au despotisme, à l'arbitraire. [Il se nomme en fait Bouard.]
M. le président : Nous sommes dans le cadre d'une procédure civile. La représentation par avocat est obligatoire. Veuillez sortir.
M. Brouard : C'est une procédure pénale. C'est l'audience civile, je me constitue intervenant volontaire, j'ai des conclusions comme cela.
M. le président : Nous sommes dans une audience civile, la représentation par avocat est obligatoire...
[96]
M. Brouard : Vous vous trompez, monsieur.
M. le président : Je vous demande par voie de conséquence de bien vouloir retourner dans la salle ou sortir.
M. Brouard : Je fais des réserves. Je constate que vous me refusez l'intervention. C'est un déni de justice dont vous êtes certes coutumier.
M. le président : Prenez la mesure de la patience du tribunal.
M. Brouard : Je vais tout de suite à la Cour de cassation faire une prise à parti contre vous. C'est une procédure dont vous avez l'habitude.
[Cette intervention volontaire fera l'objet d'une disjonction et d'un renvoi. Elle sera examinée par le tribunal à l'audience du 10 décembre 2007 après rejet de la récusation du président Bonnal.]
Me Delcroix : Est-ce que tous les témoins sont dans la salle des témoins ?
M. le président : Je crois que la réponse est positive.
[Nous
ne croyons pas que cette affaire d'intervention volontaire soit
terminée...]
[97]
[Le témoin prête serment.]
Me Jouanneau : M. Didier Daeninckx est
écrivain. Il a été cité dans cette
affaire parce qu'il a consacré plusieurs années
de sa vie à étudier le phénomène du
négationnisme, les travaux de M. Faurisson lui-même,
les travaux qu'il a consacrés au Journal d'Anne
Frank.
Comme le négationnisme de Faurisson s'étend à
la contestation de ce journal et pas seulement à la contestation
du génocide et de l'existence des chambres à gaz,
il nous a paru essentiel de faire entendre un témoin à
cet égard, d'autant que Robert Faurisson a fait l'objet
en Hollande de poursuites judiciaires à propos du livre
qu'il a publié sur la question.
Je voudrais d'abord demander à Didier Daeninckx dans quelles
conditions il a été amené à s'intéresser
aux écrits de Robert Faurisson au sujet du génocide
des Juifs en général et des chambres à gaz
en particulier, et s'il a le souvenir précis de la déclaration
faite par Robert Faurisson sur l'antenne d'Europe 1 le 17 novembre
1980 qu'on résume généralement
[98] comme étant la phrase de soixante mots dont nous avons déjà parlé ce matin. Puisque vous n'étiez pas là, est-il nécessaire que je la répète devant vous ou l'avez-vous en mémoire ?
M. Daeninckx : Je l'ai en mémoire.
Me Jouanneau : Voulez-vous dire au tribunal dans quelles conditions et sur quel support vous avez publié les travaux sur la question du négationnisme ?
M. Daeninckx : Je me suis véritablement
intéressé à cette question à partir
de 1996. Je m'y intéressais de loin en loin, mais à
partir de 1996, quand a été publié le livre
de Roger Garaudy, j'ai lancé une recherche pour savoir
exactement comment le mouvement du négationnisme s'était
installé en France. À partir de là, j'ai
découvert que, pour moi en tout cas, Robert Faurisson était
l'élément moteur qui expliquait un peu la manière
dont ces thèses s'étaient installées en France.
À partir de là, je me suis particulièrement
intéressé à la région lyonnaise, où
l'implication de certains universitaires négationnistes
était flagrante, et donc là j'ai fait un centaine
d'articles extrêmement précis sur toute cette implantation
négationniste à Lyon où professait, à
une période, Robert Faurisson, le véritable déclencheur
étant ce qu'on a appelé l'affaire Garaudy. [C'est un peu confus, mais si on
relit trois fois, on devine que cette phrase peut avoir un sens.]
Me Jouanneau : Avez-vous publié des écrits édités ou des articles qui ont été diffusés en ligne et sur quels sites ?
M. Daeninckx : Énormément. Il y a un site que j'anime pour partie qui s'appelle Amnistia.net, où on peut retrouver une centaine d'articles où toutes les affirmations que nous avons avec l'équipe de ce site sont appuyées sur des docu-
[99] ments et sur la lecture précise
des textes de Robert Faurisson et d'autres militants négationnistes.
Quant à la phrase qui a été prononcée
par Robert Faurisson sur Europe 1, je ne l'ai pas entendue à
l'époque à la radio, mais je me souviens véritablement
de cette période, surtout de ce qui avait précédé
l'article publié dans Le Monde en décembre
1978 et de l'émotion que cela avait provoqué dans
le milieu notamment politique, qui avait été non
pas sensible à cela mais déstabilisé par
le fait qu'un journal de référence comme Le Monde
donne la parole à Robert Faurisson. Je me souviens véritablement
du trouble et cette phrase avait augmenté ce trouble.
Il y avait une chose que le journal Le Monde n'a malheureusement
pas faite en 1978, qui aurait dissipé ce trouble, c'est
de dire que Robert Faurisson était entouré de gens
qui étaient identifiés comme étant des militants
d'extrême gauche, des chercheurs au CNRS. Donc il y avait
un effet d'annonce extrêmement fort dans ce que disait Le
Monde, plus ces intellectuels identifiés à l'extrême
gauche. Il aurait suffi à ce moment-là au journal
Le Monde en 1978 de dire que le texte de Robert Faurisson
n'était pas un texte original, simplement un résumé
de quelque chose paru six mois plus tôt dans Défense
de l'Occident, qui est une revue néonazie publiée
par Maurice Bardèche, fondateur du négationnisme
d'extrême droite.
Si cette information avait été donnée en
1978, je pense véritablement que la réputation de
Robert Faurisson en aurait été directement amoindrie,
que le travail de légitimation qu'il n'a cessé de
vouloir mettre en place aurait été tué dans
l'uf par le simple fait qu'il s'exprimait depuis la revue de Maurice
Bardéche, Défense de l'Occident. Tout ce
qu'on dit depuis trente ans aurait pu être largement épargné
par le fait qu'on identifiait véritablement ce dont parlait
Robert Faurisson. Il a toujours joué sur cette fausseté
de se présenter entouré par des gens comme ceux
de La Vieille Taupe, comme étant quel
[100] qu'un qui s'exprimait depuis un
espace d'ultragauche ou un espace révolutionnaire.
Ce trouble-là aurait pu être dissipé dès
le départ. J'ai vu autour de moi des gens qui étaient
sensibles aux thèses de Robert Faurisson à cause
de la façon dont il s'exprimait, de l'endroit d'où
il s'exprimait et des gens qui l'entouraient.
Me Jouanneau : Avez-vous eu connaissance, à l'époque ou plus tard, des poursuites ou des actions qui ont été engagées par la LICRA et par diverses associations contre Robert Faurisson à propos de ces articles publiés dans Le Monde et dans Le Matin de Paris et dans lesquels, justement, les personnes que vous avez citées sont intervenues ? Et savez-vous en détail ce qu'il est advenu de ces poursuites ?
M. Daeninckx : Je me souviens précisément
d'un article du Monde du début des années
1980 quand il y a eu ce procès intenté par la LICRA.
Un chercheur du CNRS, Claude Karnoouh, avait fait une déclaration
pour dire qu'en tant que scientifique il considérait que
les chambres à gaz n'existaient pas. Cet article du Monde
relatait exactement les choses.
Je me souviens ensuite [On
croirait entendre Sami Frey réciter du Pérec...] de la condamnation de Robert Faurisson, la première
condamnation, car il a eu de multiples condamnations. Si on reprend
toute l'histoire du négationnisme, on s'aperçoit
- le mot est fort - de fautes qui ont été commises.
Par exemple, dans les attendus, il y a une condamnation de Faurisson
et un passage où le tribunal reconnaît la valeur
des recherches et le travail qui a été fourni par
Robert Faurisson. Il y a une condamnation, mais de ces quelques
lignes-là Faurisson va faire une utilisation répugnante
jusqu'à la nausée, alors qu'avec la soudaineté
de l'arrivée des thèses négationnistes, la
publicité qu'elles ont eue, la légitimation par
les intellectuels reconnus, cette rapidité de la justice
ne lui a pas permis, à ce moment-là, de jeter un
il très précis sur
[101] le travail de Robert Faurisson et de s'apercevoir que, pour l'essentiel, c'était un véritable travail de faussaire, quelqu'un qui travaille sur des citations tronquées, invente des traductions, met en relation des documents qui n'ont aucun rapport, qui joue sur les fautes de traduction pour considérer que c'est l'original qui ment alors que c'est la traduction qui est fautive. Après, quand on fait un travail précis sur ce que publie Robert Faurisson, on s'aperçoit de méthodes qui sont tout sauf scientifiques. [Même si ces accusations étaient fondées, ce qui n'est pas, elles ne relèveraient pas de la justice, mais du débat intellectuel, ce que le témoin et ses semblables refusent en poussant les hauts cris.]
Me Jouanneau : Lorsque la loi Gayssot est intervenue en 1990 et que M. Faurisson appelle tantôt la « lex Faurissonia »...
M. Faurisson : Je n'ai jamais dit cela. Ce sont des avocats qui ont fait du mauvais latin en disant Faurissonia...
Me Jouanneau : Cette loi, vous l'avez appelée dans votre conférence de Téhéran la loi du Juif Fabius.
M. Faurisson : Ce n'est pas de moi.
Me Jouanneau : Cette action judiciaire engagée en dehors de la loi Gayssot du 13 juillet 1990 était une action civile. Avez-vous estimé, vous, que la justice avait à se mêler de la chose et à se prononcer sur les méthodes employées par Faurisson pour parvenir à cette conclusion et qu'il était nécessaire que la justice intervienne, ou fallait-il, au contraire, réserver aux seuls historiens, aux experts, au publie, le soin de se prononcer sur ce conflit ?
M. Daeninckx : Je suis totalement persuadé de la nécessité de cette loi. C'est une loi qui a dix-sept ans. Quand on reprend son histoire, on s'aperçoit qu'elle n'a pas gêné la recherche
[102] historique. Depuis dix-sept ans,
il n'y a jamais eu autant de colloques, d'articles, de livres,
d'interventions, de films sur le thème de la Shoah. Cette
loi, d'évidence, n'a jamais freiné la recherche
historique. Je pense que cette loi ne condamne pas l'expression
d'une recherche, elle condamne le fait que le négationnisme
aujourd'hui est considéré comme la nouvelle forme,
la forme virulente de l'antisémitisme. [Comment un ignare de cette espèce pourrait
avoir la moindre idée de ce qui se passe dans la recherche
? Comment identifier les thèses qui ne se passent pas,
les jurys qui n'ont pas de président, les mémoires
qui restent dans les tiroirs, les orientations nouvelles que les
chercheurs doivent suivre faute de subsides, etc. Comme toujours,
DD parle sans savoir. Ceux qui viennent mettre l'antisémitisme
dans une affaire où il n'a pas lieu d'être sont ceux
qui ont une peur panique de voir leur mythologie s'effondrer d'un
coup. Les certitudes qui n'ont pas passé l'épreuve
de l'examen critique sont promises à une inéluctable
disparition. La religion nouvelle, qui a émergé
dans les années soixante, est d'une extrême fragilité.
C'est pourquoi elle se cuirasse d'une loi stupide, aussi stupide
que ceux qui la défendent.]
Cette loi condamne véritablement un discours qui est un
discours raciste extrêmement virulent. En m'exprimant ainsi
sur cette loi, je veux dire aussi que, sur la Shoah précisément,
dans une ville comme Paris, dans un pays comme la France, on est
sur le lieu du crime. [Assez
de blabla !] Cette loi prend en compte
aussi le fait que nous ne sommes pas, sur cette question, rentrés
dans l'Histoire. Nous sommes dans le temps de la douleur des survivants
et dans le temps de la parole des enfants de victimes. [Mais on s'en fout énormément.
Tout le monde porte ses souffrances, ce n'est pas une raison pour
emmerder les autres...] Nous sommes
dans ce temps-là. Cette loi, à mon avis, se justifie
pleinement par ce fait. [Ce
type nage dans le grotesque.]
Me Jouanneau : Est-ce que vous considérez que l'action entreprise par Robert Faurisson contre Robert Badinter en 2007 est un combat d'arrière-garde, que la cause est entendue ou qu'il faut, aujourd'hui encore, que la justice s'en mêle à cause de l'écho que peut avoir ce débat auprès des jeunes générations ?
M. Daeninckx : C'est un travail inlassable.
Je ne suis pas quelqu'un qui utilise le terme « devoir de
mémoire ». La mémoire n'est pas un devoir,
c'est une nécessité, c'est quelque chose qui nous
permet d'avancer, face à ces gens qui assassinent la mémoire,
qui truquent toutes les leçons du passé. [Quel pathos, quel curé,
quel faux-jeton !]
Le combat des historiens, le combat des citoyens, l'expression
de la justice sur le discours antisémite, sur le discours
virulent antisémite négationniste, tout cela est
d'une nécessité
[103] absolue. Voir aujourd'hui Robert Badinter sur le banc des accusés, c'est quelque chose que je considère comme injurieux.
Me Jouanneau : Avez-vous eu l'occasion de vous pencher sur les travaux et les recherches de Faurisson concernant le Journal d'Anne Frank, notamment sur le point de savoir si ce journal est authentique ? Et considérez-vous que ses travaux ont une valeur quelconque ou est-ce qu'ils procèdent également de la falsification pure et simple, de la méthode qu'il emploie ?
M. Daeninckx : Le Journal d'Anne
Frank, je l'avais lu adolescent et quand j'ai commencé
à travailler véritablement en 1996 sur tous les
textes de Faurisson : le Journal d'Anne Frank est-il authentique
? Quand j'ai lu ce document, je dois à la vérité
de dire que de ce texte m'a déstabilisé. [Traduction française de
cette phrase ?] Nous sommes humains
et nous accordons un minimum de crédit à quelqu'un
qui signe un livre, même si ce livre est négationniste.
On se dit que chaque mot n'est pas faux, n'est pas détourné.
[On est content d'apprendre
que l'ancien apprenti imprimeur de banlieue, stalinien et juge
suprême des élégances policières, auteur
de quelques fantaisies coloniales, inlassable dénonciateur,
est "humain". La corporation des écrivains de
romans "noirs" avait jugé qu'il est une merde.]
Je me suis procuré une analyse remarquable publiée
par Calmann-Lévy. C'est un livre de 700 pages qui s'appelle
Les Journaux d'Anne Frank et qui, en fin de compte, est
un travail fait par le Centre de documentation sur la Seconde
Guerre mondiale, un institut national hollandais, et aussi une
analyse faite par la police scientifique hollandaise sur tous
les documents, les papiers, les encres. Là, vous avez une
enquête judiciaire, une enquête de vérification
de chaque texte d'Anne Frank d'une manière extrêmement
minutieuse, une analyse aussi de la graphologie. Là, vous
avez tous les arguments qui détruisent totalement les allégations
de Robert Faurisson.
Pour cela il faudrait que je puisse vous donner quelques lectures
très rapides des procédés de Robert Faurisson.
[104]
Déjà le Journal d'Anne Frank, la manière
dont Robert Faurisson, dès le départ, nie son authenticité.
M. le président : Précisez-nous avant chaque lecture ce que vous nous lisez.
M. Daeninckx : « Le Journal d'Anne Frank est-il authentique ? », par Robert Faurisson. Cela fait partie d'un livre de Serge Thion, Vérité historique ou Vérité politique, Éditions de la Vieille Taupe.
Me Delcroix : Je veux bien qu'on autorise tous les témoins du monde à s'appuyer sur des documents qui permettraient de rafraîchir leur mémoire, mais il y a déjà beaucoup de pièces versées aux débats et je ne vois pas comment on peut permettre aux témoins de verser de nouvelles pièces aux débats.
M. le président : Sur ce point, des observations ?
Me Jouanneau : Le livre Vérité
historique ou Vérité politique ? publié
à la Vieille Taupe est un document parfaitement connu de
M. Faurisson puisqu'il s'en est servi dans le procès de
1981, qu'il l'avait, à l'époque, versé aux
débats. C'est vrai qu'il y a vingt-cinq ans de cela, c'est
vrai que nous ne l'avons pas remis dans les pièces aujourd'hui.
Il est resté
dans la mémoire de tout le monde comme étant un
document de référence
auquel Faurisson se rapporte constamment. Et il me semble qu'il
ne s'agit pas de verser de nouvelles pièces aux débats,
mais simplement de faire appel à la littérature
publiée par chacun, comme il nous arrive, à nous
avocats, de nous reporter aux recueils de jurisprudence sans avoir
l'obligation de produire la photocopie des pages du Dalloz ou
des pages de jurisclasseurs qui sont nos références
de travail.
Dans nos rapports avec Faurisson et dans mes rapports avec
[105]
Me Delcroix, Vérité historique ou Vérité
politique ? a la même valeur de référence
que le Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent
de falsifier l'Histoire et qui est l'ouvrage que Faurisson
a publié à l'occasion du procès de 1981.
[C'est au tour de
Thion de boire du petit lait.]
Dans ces conditions, il me semble que le témoin doit pouvoir
s'exprimer en se référant à cet ouvrage qu'il
a apporté sans me le dire à l'avance - je n'ai pas
eu de contacts avec lui à ce sujet - mais pour faciliter
sa déposition.
Dans ces conditions je prie le tribunal de bien vouloir permettre
au témoin de poursuivre sa déposition. L'objection
qui est faite l'est au cours d'une déposition et je ne
pense pas que l'on puisse interrompre un témoin alors que
la question a été posée, qu'il n'a pas été
fait d'objection.
Me Delcroix : Avec votre autorisation,
je rappelle à mon confrère, qui le sait fort bien,
que le principe, c'est que le témoin dépose sans
notes, c'est le principe général. Il peut y être
fait dérogation aussi bien au titre de la procédure
civile que pénale, peu importe, cette dérogation
peut être faite.
S'il s'agissait de déposer des pièces aux débats,
nous aurions, nous, déposé la critique qui a été
faite à l'époque par M. Vidal-Naquet qui disait
que sur ce travail le professeur Faurisson a raison, et c'est
clair, net et précis. Si cette pièce avait été
déposée, j'aurais produit l'analyse favorable de
M. Vidal-Naquet.
Me Jouanneau : Pour vous rassurer et anticiper sur d'autres questions que je poserai à d'autres témoins qui viendront déposer sur M. Vidal-Naquet, j'ai précisément l'intention de leur poser la question de savoir ce qu'a dit M. Vidal-Naquet à ce sujet et de s'en expliquer. Je le demanderai d'abord à M. Daeninckx car je n'ai pas l'intention de dissimuler les positions prises par M. Vidal-Naquet à ce sujet qui a, c'est
[106] vrai, un temps cédé du terrain sur cette question. On va en parler mais soyez un peu patient !
Me Delcroix : Qu'on me donne acte de la présence de cette pièce.
M. le président : Je ne crois pas qu'il s'agisse de verser aux débats une nouvelle pièce, les choses sont bien claires. Le tribunal, pour sa part, ne voit pas d'inconvénient à ce qu'un témoin dans sa déposition s'appuie sur des citations qu'il est libre de faire dès lors, encore une fois, qu'il précise exactement d'où il les extrait, ce que vous venez de faire pour la citation que vous vous apprêtiez à effectuer. Le tribunal vous écoute.
M. Daeninckx : Dans le chapitre premier,
Robert Faurisson s'ingénie à montrer qu'il y a toute
une série de faussetés dans le Journal d'Anne
Frank sur le bruit que feraient les gens qui sont cachés
dans l'annexe, et tous ces bruits qui sont notés par Anne
Frank feraient que les gens qui travaillaient dans le magasin
les auraient entendus. Donc il en tire la conclusion que ce n'est
qu'une supercherie.
Je fais une citation directe
« Il est invraisemblable et même inconcevable que Mme Van Daan ait pour habitude de passer l'aspirateur chaquejour à 12 h 30. Nous sommes en 1943, les aspirateurs de l'époque étaient de plus particulièrement bruyants. Je demande : comment cela est-il concevable ? Ma question n'est pas de pure forme, elle n'a pas pour but de manifester un étonnement, ma question est une question, il faut y répondre. »
Le problème, c'est qu'Anne Frank y répond. Au tout début elle écrit : « Il est 12 h 30, c'est la pause. » Elle explique que
[107] les employés, ceux qu'elle
appelle les étrangers, ne sont plus dans le magasin. Vous
avez l'explication. Robert Faurisson coupe, pour que son argument
ait de la force, l'explication qui est donnée. Il fait
semblant de poser une question à laquelle Anne Frank a
répondu depuis 1942.
Deuxième citation : le 6 décembre 1943, Robert Faurisson
dit qu'Anne Frank parle de crise interminable. J'ai recherché
cela, cela n'existe pas. Cette assertion est totalement fausse.
Il n'y a pas de crise interminable, ce sont des éclats
de rire interminables. Quand vous regardez de quoi parle Anne
Frank, elle parle de ce qui s'est passé la veille. La veille,
c'était tout simplement le 5 décembre 1943, qui
était un dimanche. Ce dimanche-là, les gens qui
étaient cachés dans l'annexe se sont, à un
certain moment, un peu lâchés et donc il n'y a pas
d'étrangers, il n'y a personne qui, à ce moment-là,
peut les dénoncer. Là aussi, il y a véritablement
la réponse dans le Journal d'Anne Frank.
Après, Robert Faurisson dit qu'Anne Frank parle, un jour
de novembre 1942, d'un fracas de Jugement dernier et il en tire
la conclusion encore que ce fracas aurait alerté les étrangers.
Le problème, c'est qu'Anne Frank explique qu'ils sont en
train de véhiculer un sac de haricots rouges. D'un seul
coup, le sac craque, il y a un fracas important. La phrase qu'il
y a juste après dans le Journal d'Anne Frank est celle-ci
:« Dieu merci, il n ' avait là que des initiés
que des gens qui étaient au courant de notre présence.
»
On est dans la première page de la démonstration
de Robert Faurisson. Quand vous la lisez, vous êtes convaincu.
Comme à chaque fois, il coupe le texte, ce qui lui permet
d'avoir cette démonstration.
Ensuite, sur un procès important qui a eu lieu d'un négateur
allemand du Journal d'Anne Frank, en 1961, il y a eu trois
expertises : une expertise qui a été rejetée
par le tribunal simplement parce que le tribunal s'aperçoit
que la personne qui
[108] fait l'expertise n'a pas les qualités
requises pour la faire, donc s'appuie sur d'autres expertises.
[C'est curieux cette
façon de passer du coq à l'âne.]
Là, Robert Faurisson, dans son texte, dit que la réponse
à ces questions est la suivante : le procureur s'était
avisé que cette expertise risquait de donner raison, dans
les faits, au négateur allemand. Quand on va rechercher
dans les textes, on s'aperçoit que ce n'est pas du tout
l'expertise faite par la Hollande, on s'aperçoit que cela
n'a pas été écarté pour cette raison-là,
mais parce qu'un expert n'était pas compétent. Là,
Robert Faurisson invente totalement une raison : le négateur
a raison, donc la justice a mis à la poubelle une expertise
qui lui était défavorable.
Et ensuite il parle d'une expertise qu'il n'a pas lue, dont il
n'a aucune connaissance, il en fait une page entière. Voilà
ce que cela donne :
« D'après le peu d'éléments que je possède sur le contenu de ce rapport d'expertise, cette dernière ferait état d'une grande quantité de faits intéressants. Elle parlerait de textes remaniés et irait jusqu'à nommer les personnes qui auraient apporté leur collaboration. Ces personnes auraient collaboré à l'établissement du texte. »
Là, on a quelqu'un qui n'a pas
le texte en main, qui n'a pas pu le vérifier, qui utilise
en tant que démonstration un procédé de bas
journalisme, d'avancer des arguments sous le couvert du conditionnel.
[Et celui-ci n'est-il
pas un argument "bas" ? Faudrait-il supprimer le conditionnel
?]
A partir de là il se produit quelque chose dans ce procès
le 17 octobre 1961, c'est que ce procès va se terminer
par un accord entre les parties à la demande du procureur
de la cour de Lübeck. [Non,
c'est parce que le père Frank retire sa plainte. Un
fait que l'affreux dédé préfère passer
sous silence.]
Qu'est-ce que dit Robert Faurisson, alors que cet accord était
basé sur le fait que le négateur reconnaissait que
tout ce qu'il avait allégué était totalement
faux, qu'il avait été totale-
[109] ment convaincu par les témoins et les expertises, qu'il faisait ses excuses par écrit, qu'il payait une partie des frais de justice ? Robert Faurisson dit:
« Je suppose que M. Otto Frank [le père d'Anne Frank] a versé au tribunal de Lübeck ces mille marks et qu'il a ajouté à cette somme 14.712 marks pour sa propre part dans les frais de justice. »
C'est une invention totale. [Non, une supposition marquée
au coin de l'ironie, une chose légère qui est totalement
étrangère à ce gros plouc de banlieue.] Nous avons la preuve par la justice allemande
que le négateur a versé ce à quoi il s'était
engagé, les frais de justice étaient à la
charge de l'État allémand. Là, on fait passer
Otto Frank pour quelqu'un qui aurait acheté le silence
du négationniste parce que les expertises lui étaient
défavorables. Là aussi, on a ce type de communication
de la part de Robert Faurisson.
Un autre argument, qui est un argument déstabilisant :
en annexe de son texte, Robert Faurisson publie deux modèles
d'écriture et il dit : voilà, il y a un modèle
d'écriture extrêmement adulte, une cursive très
forte en juin 1942, et au-dessous, il met: 10 octobre 1942, une
écriture bâton qui est assez enfantine. On nous présente
cela comme étant les écritures d'Anne Frank. Anne
Frank ne peut pas avoir en juin une écriture extrêmement
forte, adulte et, quelques mois plus tard, une écriture
enfantine. Il en tire la conclusion que ce journal n'a pas été
créé par Anne Frank mais par son père, après
la guerre, que c'est un montage éhonté.
Le problème c'est que, là aussi, Robert Faurisson
n'a pas été voir les originaux du Journal d'Anne
Frank. [Mais, gros
plouc, à l'époque, le père Frank les tenait
sous clé. Il a fallu attendre de nombreuses années,
qu'il passe l'arme à gauche.]
On les a maintenant en fac-similé. J'ai apporté
plusieurs pages, il y a sur la même page les deux écritures.
Robert Faurisson n'a pas été voir les graphologues
qui font des analyses d'écriture. Dans le travail qui a
été fait par l'institut néerlandais, il y
a un rapport de 270 pages pratiquement consacré à
cette question des écritures. Tous les scientifiques disent
avec
[110] une certitude absolue que l'écriture
est celle d'Anne Frank. Ils s'appuient sur toutes les analyses
de textes, ils s'appuient sur toutes les matières qui ont
été analysées, ils s'appuient aussi sur quelque
chose qui a été rassemblé après, des
lettres, des cartes postales d'Anne Frank envoyées avant
1942-1943, et sur ces lettres et ces cartes postales on retrouve
les deux écritures. Des gens spécialistes de la
psychologie enfantine et adolescente ont fait des échantillonnages
des travaux sur l'écriture adolescente. On s'aperçoit
que, dans les échantillons, 15 % des jeunes qui tiennent
des journaux intimes, qui écrivent de la poésie,
alternent ces deux types d'écriture. [Cette histoire est bizarre, et bien difficile
à croire. Dédé croit aveuglément ces
"experts" néerlandais parce que ça l'arrange.
Mérite-t-elle d'êtrer approfondie ?]
Pour terminer, [c'est
tout? Cette montagne n'a pas d'autres souris à nous présenter
?] ce qui m'avait le plus arrêté
dans ma première lecture, c'est qu'à certains moments
Robert Faurisson dit : le 9 octobre 1942, Anne Frank parle déjà
de chambres à gaz (texte hollandais : « vergassing
»). Si jamais véritablement dans le Journal
d'Anne Frank on parle de chambres à gaz le 9 octobre 1942,
c'est quelque chose qui signifie que le Journal d'Anne
Frank est un faux.
Je suis allé voir la traduction sur laquelle s'appuie Robert
Faurisson, la traduction Calmann-Lévy de 1950. Vous vous
apercevez que, dans le texte français, publié en
France en 1950, à la date du 9 octobre 1942, Anne Frank
écrit « la radio anglaise parle de chambres à
gaz ». Vous êtes d'autant plus déstabilisé.
La question se pose de savoir si c'est une faute de traduction
ou la réalité du manuscrit d'Anne Frank. Je suis
allé à la source, ce que n'a pas fait Robert Faurisson.
[Le manuscrit était
au coffre, dans une banque, à Bâle...] Il ne va pas à la source, il dit : il
y a cela dans la traduction française, donc cela veut dire
que le Journal d'Anne Frank n'existe pas, et son père
a fait un faux par la suite. Dans le texte hollandais publié,
vous n'avez pas de chambres à gaz.
Me Delcroix : C'est un nouveau texte. [c'est-à-dire : que n'a pas pu lire Faurisson au moment où il a fait sa recherche.]
[111]
M. Daeninckx : Qu'est-ce que dit Anne Frank ?
Me Delcroix : Dans quel livre ?
M. Daeninckx : Le Journal d'Anne Frank.
M. le président : C'est la pièce communiquée numéro 4.
Me Delcroix : Il travaille sur les pièces d'accord...
M. Daeninckx : En date du 9 octobre 1942,
qu'est-ce qu'écrit Anne Frank ? - lecture en hollandais
- Je me suis mis en rapport avec un ami professeur à l'université
de Gand et je lui ai demandé de me traduire ce texte. Cela
veut dire : « la radio anglaise parle de gazages ».
À aucun moment il n'est question de chambres à gaz.
Vous avez le dictionnaire hollandais. « Vergassing
», cela veut dire gazage. À aucun moment Anne Frank
n'a parlé de chambres à gaz. Le professeur Faurisson
le sait très bien. Il parle allemand, il a une connaissance
approfondie du hollandais. La moitié de son livre est une
comparaison entre les versions française, allemande et
hollandaise. Il sait très bien que « vergassing
», cela ne veut pas dire chambres à gaz.
Pourtant, dans sa démonstration, pour troubler le lecteur,
il fait un faux total et, en même temps, il met «
vergassing » entre parenthèses pour faire croire
que cela veut dire chambres à gaz. Anne Frank n'a jamais
écrit « chambres à gaz ». Là,
on est dans un faux de première importance, c'est le sujet
principal de Robert Faurisson, la question des chambres à
gaz. Dans le cadre d'une comparaison des différentes version,
il était normal de relever cette étrangeté.
[Ce n'est pas un "faux",
gros plouc, c'est une erreur de traduction. Ce n'est pas Faurisson
qui introduit ce terme de "chambre à gaz", ce
sont les traducteurs français du Journal, en 1950.
Il s'agit de T. Claren, un nom hollandais de quelqu'un qui comprend
le hollandais mais a peut-être besoin d'un rédacteur
connaissant le français, et Suzanne Lombard, sans doute
la plume de ce duo. La technique qui consiste à faire faire
un mot-à-mot par un connaisseur de langue d'origine, et
ensuite une réécriture en français par quelqu'un
qui ne la connaît pas, était assez courante à
une époque où les polyglottes étaient rares.
C'est ainsi, par exemple, que Giono, dans les années 30,
a "traduit" Moby Dick de Melville: "Traduit
de l'anglais par Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono."
(NRF, 1941). Cette traduction est considérée comme
l'une des meilleures et est souvent rééditée.]
Pour terminer, Anne Frank est tout à fait au courant des
gazages parce que, quelques mois auparavant, la radio anglaise,
la BBC, avait commencé à parler de gazages, des
gens qui avaient été tués, asphyxiés
au moyen d'un gaz. Le thème des chambres à gaz apparaîtra
plus d'une année plus tard. Il y a ce déplacement
dans le temps de la part de Robert Faurisson [C'est une de ces vastes opération que les
spécialistes anglais appelaient "Black Propaganda"
pour intoxiquer et démoraliser les Allemands. On ne peut
pas tenir les propos de la BBC pour "factuels.]
[112] pour faire un véritable travail
de faussaire en disant : le 9 octobre 1942, Anne Frank parle de
chambres à gaz. En hollandais, chambres à gaz se
dit « gaskamer ». Ce mot n'existe pas dans le texte
original d'Anne Frank. [C'est
sans doute Mme Lombard qui a cherché à rendre ce
que lui disait M. Claren...]
Ce texte de Robert Faurisson, qui fait une centaine de pages,
est à l'université de Lyon-2 dès 1978. Ces
choses qui ne sont ni faites ni à faire sont des choses
qui sont apprises à des étudiants de la faculté
de Lyon-2, des prospectus sont distribués, elles sont inscrites
à ce type de cours à partir de 1978 à Lyon.
Donc, là, on a l'exemple d'une université qui fait
un cours de faussaire sur le sujet des chambres à gaz.
[Affirmation que DD,
plus connu dans certains milieux, comme "l'ahuri des poubelles",
n'a pas encore étayée...]
Me Jouanneau : Le témoin peut-il dire au tribunal s'il a connaissance de poursuites qui ont été engagées aux Pays-Bas à l'encontre d'un ouvrage que Faurisson aurait signé avec un dénommé Siegfried Verbecke ?
M. Daeninckx : J'avais été au courant de cela suite à un article du journal Libération en décembre 1998. Siegfried Verbecke est véritablement ce que j'appelle un nervi, quelqu'un qui vient de l'extrême droite néonazie, en même temps un militant de service d'ordre, un personnage extrêmement inquiétant, qui a été condamné l'année dernière à purger une peine de prison d'un an et qu'il purge actuellement en Belgique pour son travail de militant négationniste. Il y a un livre qui a été fait en hollandais qui reprend le texte de Robert Faurisson et un autre texte de Siegfried Verbecke et ce livre-là, composé de ces deux parties, a été distribué gratuitement, envoyé, comme le fait la secte négationniste en France, à toute une série de professeurs d'université, de centres de documentation. L'État néerlandais a attaqué cette publication, et Robert Faurisson et Siegfried Verbecke ont été condamnés en première instance en décembre 1998, comme l'article de Libération le rappelle. [Les deux auteurs ont traité ce procès par le mépris et n'ont pas comparu.]
[113]
Me Jouanneau : Dernière question : vous avez à l'instant
apporté la démonstration précise des différentes
procédures utilisées par Robert Faurisson pour soutenir
sa thèse négationniste au sujet du Journal
d'Anne Frank, je ne vais pas les reprendre. Avez-vous eu l'occasion
à propos de vos recherches [Ce gros nase, qui a tout juste son certificat,
serait bien en peine de faire des "recherches". En général,
il se contente de calomnies et de délations.] sur la question même des chambres à
gaz et sur le génocide de constater d'autres manipulations,
trucages ou falsifications commis par Faurisson et pouvez-vous
nous dire si vous considérez que la position même
qui consiste à nier l'existence du génocide et des
chambres à gaz peut être considérée
en soi comme l'attitude d'un faussaire ? [Toujours le même coup de force sémantique.
Jouanneau est proche de la débilité mentale.]
M. Daeninckx : Il y a véritablement cela. Le travail de Faurisson n'est pas un travail de doute. On s'aperçoit que Faurisson a une idée dès le départ. Il dit : le Journal d'Anne Frank est un faux, voilà ma démonstration. Tout ce que fait Robert Faurisson, c'est, de cette manière-là, de bloquer une idée, de détourner les traductions, les citations, afin de garantir sa thèse. C'est tout à fait l'inverse d'un travail d'historien. Et dans l'état maintenant des connaissances de tout ce qui est aussi bien documents que témoignages, prendre comme thèse l'inexistence des chambres à gaz est directement une attitude de faussaire pour moi. [Voyez cette phrase et toute l'indigence de la pensée qu'elle révèle...]
Me Delcroix : Je voudrais que le témoin dise au tribunal quels sont ses titres universitaires ?
M. Daeninckx : Je n'ai aucun titre universitaire, je ne m'en fais aucune gloire. J'ai été pendant très longtemps imprimeur et les hasards de la vie font qu'un livre qui s'appelle Meurtres pour mémoire a eu un succès sur l'intérêt historique, reconnu maintenant par énormément d'universitaires comme étant un livre, un roman, qui a permis de ressusciter la journée du
[114] 17 octobre 1961 lorsque la police
du préfet Papon a assassiné plusieurs centaines
d'Algériens dans les rues de Paris. [Cette phrase est évidemment hautement incorrecte.
Son sens n'est pas clair.]
Les titres universitaires, ce sont les livres que j'ai écrits.
Le dernier s'appelle Cannibale, où j'ai ressuscité,
après un voyage en Nouvelle-Calédonie, cet épisode
où des Kanak ont été exposés derrière
les grilles du zoo pendant l'Exposition coloniale de 1931.
J'aurais bien aimé que ma famille ouvrière puisse
m'ouvrir la voie des études. Cela n'a pas été
possible, j'ai été obligé d'aller travailler
à seize ans sans aucun diplôme. Véritablement,
il m'arrive souvent de me dire que la vie aurait été
plus facile, que mon travail d'écrivain aurait été
facilité, si j'avais eu la chance de tomber dans une famille
qui pouvait payer des études à ses enfants. [S'il avait reçu une éducation
plus poussée, il n'aurait jamais osé écrire
et publier ce flot d'âneries conventionnelles, et il n'aurait
donc pas pu se prendre pour un "écrivain", un
titre, là, vraiment usurpé.]
Me Delcroix : Est-ce que le témoin peut dire s'il a publié des livres scientifiques sur l'affaire du Journal d'Anne Frank ?
M. Daeninckx : Je n'ai publié aucun
texte scientifique sur le Journal d'Anne Frank. J'ai été
ému par le Journal d'Anne Frank, un peu déstabilisé
par la lecture, au moment de l'affaire Garaudy, de la thèse
de Robert Faurisson. Et je me suis astreint à un travail
de vérification de toute une série de choses qui,
dans le travail de Robert Faurisson, m'avaient touché et
je me disais que cela me posait problème. J'ai eu une attitude
intellectuelle d'aller aux sources pour essayer de dissiper ce
malaise, au risque, en allant aux sources, de dire que Robert
Faurisson ne raconte pas des mensonges. [Ce qui semble difficile, c'est qu'il parle français.]
Le travail que j'ai fait en m'appuyant sur tous ces documents,
c'est que j'en arrive à la conclusion - et toutes les personnes
qui font les mêmes démarches que moi en arriveront
exactement à la même conclusion- que Robert Faurisson
[115] a manipulé les sources, a fait des traductions de parties de ce journal qui sont totalement aberrantes.
Me Delcroix : Est-ce que le témoin peut nous dire s'il connaît une ou plusieurs décisions de justice qui condamneraient le professeur Faurisson comme faussaire qui auraient été obtenues par Robert Badinter du temps qu'il était avocat?
M. Daeninckx : Je considère véritablement que le fait d'être condamné comme négationniste, c'est être condamné comme un faussaire de l'Histoire. [Personne ne peut être condamné "comme négationniste" puisque ce terme n'existe pas dans le Code civil et le Code pénal. C'est un hochet de journaliste.]
Me Delcroix : Je vais reformuler ma question : dans lesquelles Robert Badinter aurait plaidé comme avocat ?
M. Daeninckx : Je ne peux pas répondre à cette question précisément. Si vous me laissez un peu de temps, je pourrai vérifier la liste des condamnations de M. Faurisson !
M. le président : Le tribunal vous dispense de cette recherche.
[117]
[Le témoin prête serment.]
Me Jouanneau : Monsieur le président, je souhaite que le témoin fasse part au tribunal de son activité universitaire et des travaux qu'il a publiés, en précisant si certains d'entre eux ont porté sur le négationnisme en général et sur Robert Faurisson plus particulièrement.
M. Rousso : Oui, j'ai consacré une bonne partie de mon activité professionnelle de chercheur à l'histoire du régime de Vichy et d'autre part à l'histoire de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. A ce titre, j'ai publié en 1987 un ouvrage intitulé Le Syndrome de Vichy, dans lequel je me suis intéressé à l'émergence du phénomène négationniste et, par ailleurs, pour citer un ouvrage plus récent, je me suis intéressé à ces questions-là dans le cadre d'une mission qui m'a été confiée par le ministère de l'Éducation nationale en 2002-2004 sur les réseaux négationnistes universitaires lyonnais et je me suis intéressé à cette occasion aux problèmes négationnistes à l'université de Lyon-2, où M. Faurisson avait exercé.
[118]
Me Jouanneau : Voyons d'abord la question du négationnisme
en tant que tel. Nous avons, à l'occasion des précédentes
auditions, eu à nous interroger sur l'origine de ce néologisme
et plusieurs auteurs vous attribuaient la paternité de
ce mot. Est-ce que c'est exact ? Quand l'avez-vous forgé,
si c'est vrai ?
M. Rousso : Probablement c'est vrai. Sauf
erreur, je pense en avoir été le premier utilisateur
dans l'ouvrage mentionné tout à l'heure, en 1987.
C'est un néologisme que j'ai utilisé dans une intention
précise. À l'époque, dans le débat
public, il était en permanence fait mention des «
révisionnistes ». Je considérais que cet usage
prêtait à confusion pour deux raisons.
La première est que le mot « révisionniste
» est polyvalent et donc qu'il était délicat
d'utiliser ce terme sans lui attribuer une signification précise.
La deuxième est que je considérais que ces discours
sur l'Holocauste et les chambres à gaz constituaient non
pas des phénomènes de révision de l'Histoire
mais des phénomènes de négation pure et simple
déjà illustrés par les écrits et propos
de M. Faurisson.
Il fallait donc distinguer ce qui me paraît être la
démarche normale d'un historien - la remise en question
permanente d'un certain nombre d'interprétations - de la
négation pure et simple d'un certain nombre de faits établis.
J'ai considéré que la démarche intrinsèque
et la nature même de ce qu'était le projet non seulement
de M. Faurisson, mais d'un certain nombre d'autres auteurs qui
entrent, de mon point de vue, dans l'univers négationniste
n'avaient aucun rapport avec ce qu'on peut appeler la révision
de l'Histoire. C'est dans cet esprit-là que j'ai utilisé
ce néologisme. [qui
n'est rien d'autre qu'une façon fuyante de se masquer la
réalité, à savoir que la thèse officielle
ne fonctionne pas ! Elle s'écroule ! Elle ne sera pas sauvée
par des néologisme en carton !]
[119]
Me Jouanneau : Avant même que ce néologisme apparaisse,
c'est en 1987 que vous publiez Le Syndrome de Vichy. M.
Faurisson avait publié des travaux déjà en
1977, puis en 1978, puis en janvier 1979, d'abord dans Défense
de l'Occident puis dans Le Matin de Paris et dans Le
Monde. Et dans ses écrits il avait utilisé,
notamment pour désigner Georges Wellers, le directeur du
Monde juif, l'expression « exterminationnisme ».
Quel sens donnez-vous à ce terme employé par Faurisson
?
M. Rousso : Sur le plan scientifique aucun. Sur un autre plan, celui qui consiste à étudier le débat sur la Seconde Guerre mondiale dans la société française des années 80 - ce qui était mon propos -, l'expression avait à l'évidence pour objectif d'exister dans l'espace public. Un certain nombre d'auteurs, dont M. Faurisson, n'avaient pas réussi à obtenir une légitimité scientifique sur ces questions malgré leurs tentatives répétées ; ils ont donc créé une opposition artificielle entre l'écrasante majorité des historiens, qualifiés d'« exterminationnistes », et leur infime minorité d'historiens dits « révisionnistes ». Je constate, c'est un fait, que sur un plan scientifique, cette opposition artificielle n'a aucune signification. [Sur un plan scientifique, on ne voit pas bien qui reste debout : Hilberg ? Wellers ? Pressac ? Goldhagen ? Rogerie ? Ce Rousso est un petit plaisantin qui croit se protéger avec le gros mot "scientifique". A d'autres !]
Me Jouanneau : Avez-vous eu connaissance des procès qui ont eu lieu après la publication de ces articles que j'évoquais tout à l'heure contre Robert Faurisson de la part de certaines associations, dont la LICRA, le MRAP et les associations de déportés ? Avez-vous eu connaissance d'un jugement rendu par le tribunal en 1981 ? Avez-vous considéré que l'idée de faire un procès était une bonne idée, voire une idée nécessaire ?
[120]
M. Rousso : J'ai eu connaissance évidemment du procès
de 1981, du jugement qui a été rendu ainsi que de
l'arrêt en 1983. Le phénomène auquel j'assistais
en tant que jeune historien (J'avais à l'époque
25 ans) était pour moi quelque chose d'intéressant.
Comment un fait aussi reconnu, aussi établi pouvait-il
faire l'objet d'une contestation aussi radicale ? Je pense notamment
aux articles qui ont été publiés en 1978
et 1979, un point sur lequel il faut insister. Nous sommes face
à une masse historiographique qu'à mon sens aucun
historien professionnel ne peut véritablement maîtriser
seul. Il a fallu plusieurs générations d'historiens
pour maîtriser l'histoire de la Shoah et du nazisme. En
face, les révisionnistes prétendaient qu'il leur
suffisait de quelques mots pour « abattre » seuls
cette historiographie. [Nous
avons déjà l'aveu qu'il ne maîtrise pas le
problème historique. Les historiens d'autrefois étaient
d'une autre trempe: ils maîtrisaient des sujets autrement
plus complexes. Mais l'ardeur au travail n'était pas la
même...]
En ce qui concerne l'utilité de ces procès, j'essaie
de me remettre dans l'état d'esprit de l'époque.
Je répondrais : oui et non. S'il s'agissait de faire le
procès d'une proposition historique, la chose me semblait
effectivement étrange, je ne pouvais pas imaginer que le
débat puisse être tranché devant une cour
de justice. En revanche, ce qui m'a paru tout à fait normal
et qui me paraissait presque de l'ordre de l'évidence,
surtout lorsque je me suis penché personnellement sur les
textes de M. Faurisson, c'est que l'antisémitisme qui s'en
dégageait était clair. Il est donc évident
qu'on puisse lui faire un procès dans ces circonstances,
et qu'on puisse lui reprocher non seulement ses prises de position,
mais aussi son manque de rigueur et son manque d'objectivité,
qui sont, je le rappelle, les obligations d'un universitaire.
[Obligations morales,
mais sans caractère légal.]
Si je me souviens bien, dans le jugement de 1981, dans l'arrêt
de 1983, il est bien fait mention du fait que M. Faurisson est
un universitaire français, ce sont des mots qui ont une
signification précise. Cela veut dire qu'il est soumis
aux lois concernant l'enseignement supérieur qui ont assigné
aux universitaires un « devoir d'objectivité et de
tolérance ». À ce titre, il pouvait paraître
[121] presque évident que, par le texte qu'il avait publié, M. Faurisson avait manqué à ces obligations. [Au chapitre de la tolérance, et donc de l'intolérance, la meute hargneuse des poursuivants de Faurisson mériterait des châtiments énormes !]
Me Jouanneau : Vous avez parlé d'une mission qui vous a été confiée par le ministère de la Culture en 2001 et l'Éducation nationale sur le négationnisme au sein des universités Lyon-2 et Lyon-3 [décidée par le nouveau clown Paillasse de la Culture: Jack Lang]. Pouvez-vous rappeler au tribunal l'étendue de cette mission, sa raison d'être et préciser si, dans le cadre de cette mission, vous avez évoqué les travaux de Robert Faurisson ? [Ni lui ni Rousso n'osent prononcer le nom de Jack Lang. Ils ont trop peur du ridicule.]
M. Rousso : Cette mission m'a été
confiée à l'automne 2001 (mais elle a débuté
en mars 2002) dans un contexte où l'université de
Lyon-3 était encore en proie à une agitation très
importante concernant la présence d'un certain nombre d'universitaires
qui professaient des théories ou des écrits négationnistes.
Le ministre d'alors [qui
c'est ? qui s'est ?] a essayé
de trouver un scientifique qui accepte de remplir une mission
d'analyse et, après deux tentatives infructueuses, [des
noms ! des noms!] il me l'a proposée et je l'ai acceptée
car, à mon sens, elle entrait dans le cadre d'une analyse
à la fois du métier d'historien et des valeurs universitaires.
[En fait, Rousso,
rien ne le dégoûte. Il est là pour faire carrière
en en fichant le moins possible. Sa bibliographie est d'une incroyable
indigence.]
Le cadre de la mission n'était pas un cadre normatif, pour
une raison simple : l'Université possède ses propres
instances de jugement. Elle se voulait une mission d'analyse et
d'information sur l'histoire de ce phénomène puisque
le phénomène négationniste existait à
Lyon-3 depuis une vingtaine d'années.
Il se trouve que dans le cadre de cette enquête j'ai eu
à analyser un certain nombre de faits, que j'ai été
obligé de me pencher également sur le cas de Lyon-2,
université dans laquelle M. Faurisson avait exercé.
C'est dans ce cadre que j'ai eu accès à un certain
nombre de documents concernant la carrière de M. Faurisson.
[122]
Me Jouanneau : Concernant les écrits de M. Faurisson que
vous avez analysés dans ce rapport, y avait-il parmi ces
écrits des cours qu'il aurait donnés à l'université
qui portaient sur cette période de l'Histoire ? [L'idée que l'administration
des université conserverait des "cours" professés
en son sein, est passablement loufoque et montre que la pauvre
Jouanneau pédale dans la choucroute.]
M. Rousso : C'est une des premières questions que je me suis posées de manière générale. Dans quelle mesure ces idées avaient été professées dans le cadre de l'enseignement ? À ma connaissance, je n'ai pas trouvé trace, [on voit que ce type ne connaît pas le français] de façon systématique et conséquente, d'un enseignement de ce type sur la question spécifique de l'Holocauste et des chambres à gaz. Ce qui était en jeu, aussi bien à Lyon-3 qu'à Lyon-2, c'étaient les prises de position et les écrits d'un certain nombre de professeurs d'université, de maîtres de conférences qui engageaient, d'une certaine manière, l'Université française, ne serait-ce que parce qu'un enseignant du supérieur dans l'Université française est tenu à un certain nombre d'obligations statutaires, rappelées plus haut. Ces obligations ont même fait l'objet, en 1984, d'une intégration dans le cadre de la Constitution, puisque les droits d'un universitaire sont aujourd'hui protégés par elle et qu'en retour les obligations de tolérance et d'objectivité en sont d'autant plus fortes. Ce qui était en jeu, c'étaient à la fois des prises de position, des écrits et des individus particuliers.
Me Jouanneau : Nous avons eu l'occasion
de nous interroger ce matin sur l'usage que fait encore Robert
Faurisson de l'usage du titre de professeur d'université
en retraite. [L'usage
qu'il fait de l'usage. Fatigué le petit jouanneau...] C'est expressément mentionné dans
son assignation. Un certain flottement est apparu à ce
sujet puisque certains des témoins nous ont parlé
de lui comme maître de conférences alors que d'autres
doutaient qu'il ait réellement été professeur.
Pouvez-vous dire au tribunal si vous avez fait des investigations
à ce sujet ? Qu'en est-il exactement ? Et s'il a été
nommé professeur, à quelle époque et dans
quelles conditions ?
[123]
M. Rousso : Je crois que je peux répondre par l'affirmative.
M. Faurisson, d'après les dossiers administratifs, a été
nommé professeur de deuxième classe en août
1979 dans le cadre d'une mesure collective de reclassement qui
ne le concernait pas lui, spécifiquement, mais concernait
un certain nombre d'autres universitaires dans le même cas.
J'en profite pour dire que cela me paraît un élément
important. L'une des caractéristiques qui me sont apparues
dans l'étude du dossier de M. Faurisson, c'est de voir
à quel point, à partir du moment où il fait
ses déclarations en 1978-1979, il va être, d'une
certaine manière, exclu de fait de la communauté
scientifique. Toutefois, l'université Lyon-2, tout comme
Lyon-3, deux universités, classées l'une «
à gauche », l'autre « à droite »,
n'ont pas voulu user de procédures disciplinaires, alors
même que les universités possèdent le grand
privilège de pouvoir juger elles-mêmes leurs membres.
Puis-je ajouter une remarque personnelle ? L'affaire Faurisson
n'est pas la première affaire de négationnisme en
France, mais elle est la première à avoir un tel
écho médiatique. C'est elle qui installe la question
du négationnisme dans le débat public, et durablement.
Or les responsables de Lyon-2, pas plus que le ministère,
n'ont voulu utiliser dans ce contexte l'arsenal disciplinaire
à leur disposition. Ils le feront par la suite, dans d'autres
affaires. À titre d'exemple, à la suite de la remise
de mon rapport en octobre 2004 au ministre de l'Éducation
nationale, M. Gollnisch a fait non seulement des déclarations
antisémites à mon sujet, mais il a tenu des propos
considérés comme négationnistes. La section
universitaire de Lyon-3 a été saisie et il a été
exclu pour cinq ans de son poste. Dans les années 70, ce
type de réflexe était inexistant. En revanche, il
faut souligner que la communauté scientifique, la communauté
de ses pairs, a bien rejeté alors hors de son sein M. Faurisson,
ce qui me paraît un élément décisif.
[124]
Me Jouanneau : La mission ministérielle qui vous a été
confiée vous a-t-elle permis de consulter son dossier ?
Avez-vous pu voir un document sur lequel il apparaisse comme ayant
bénéficié de cette mesure collective de reclassement
?
M. Rousso : Je l'ai vu. C'est un document équivalent à l'arrêté que reçoit l'intéressé, des documents qui existent en plusieurs exemplaires, qui font mention de cette promotion de l'intéressé. Je suis formel, il s'agit bien d'une nomination au rang de professeur de deuxième classe. [Donc tous les autres cons de témoins qui ont prétendu savoir qu'il n'était pas professeur, Panczer en tête, ont maintenant l'air d'être de sacrées andouilles.]
Me Jouanneau : Ce qui est difficile à comprendre pour les associations, en tout cas, qui agissaient à l'époque en justice - c'était en février 1979 - contre Robert Faurisson, c'est que, quelques mois plus tard, il bénéficie ainsi d'une sorte de promotion, d'une nomination ministérielle, même si cela n'est pas au nom d'une commission d'historiens, qu'il ait accédé au titre de professeur en 1980 alors que nous étions en procès contre lui. Comment expliquer cette contradiction ou est-ce que cela n'a rien à voir ? [Quelle contradiction ? Pourquoi le fonctionnement de l'administration devrait dépendre de l'hystérie de petits groupes de fanatiques ?]
M. Rousso : Je n'ai pas investigué en profondeur sur cette question. [charabia !] Les deux choses n'ont pas de rapport. La mesure dont a bénéficié M. Faurisson est une mesure collective qui a été prise en 1979 et concerne un certain nombre d'universitaires, dès lors qu'ils remplissent les critères, c'est quelque chose qui se passe dans tous les corps professionnels en France. C'est la raison pour laquelle, alors même que M. Faurisson faisait l'objet de beaucoup d'attention de par ses écrits et ses propos, l'une des réponses que je vous fournis, c'est que, précisément, l'université Lyon-2 a refusé de saisir la section disciplinaire. Si la section disciplinaire avait été saisie, probablement que la nomination n'aurait pas été prononcée, ou du moins appliquée.
[125]
Me Jouanneau : Je crois savoir personnellement que vous avez,
à une certaine époque, exprimé des réticences
sur l'opportunité pour les historiens d'intervenir dans
les débats judiciaires, notamment dans les procès
criminels pour crimes contre l'humanité. Détrompez-moi
si c'est une erreur de ma part. Si cela n'en est pas une, pouvez-vous
expliquer au tribunal pourquoi vous êtes là aujourd'hui
dans ce procès qui, cette fois-ci, est fait par M. Faurisson
pour diffamation à M. Badinter ?
M. Rousso : J'ai refusé de témoigner alors que j'avais été appelé formellement dans le cadre du procès Papon et, de manière officieuse, dans le cadre du procès Touvier. Je considérais - c'était une position personnelle - qu'on demandait aux historiens de fournir un contexte qui faisait défaut à la cour qui, dans sa grande majorité, n'avait pas vécu la période de l'Occupation. Dans le procès d'aujourd'hui, nous sommes dans une tout autre configuration. Je ne considère pas que ce procès ait pour objectif de juger l'Histoire, nous sommes là pour juger les propos d'un certain nombre de personnes. ["nous sommes là pour juger "... Le témoin est aussi juge, et qui plus, de la liberté d'expression qui sera consentie à...un adversaire. Dans quel monde vit-on ?] Il s'agit d'une affaire contemporaine qui met en question les droits et les devoirs de toute personne qui prétend écrire l'Histoire, les droits et les devoirs de quelqu'un qui prétend exercer une activité d'historien. Et, dans ce cas-là, je pense que les termes accolés aux travaux de M. Faurisson depuis vingt-cinq ans, à savoir ceux de faussaire ou de falsificateur, me paraissent, comme il y a vingt-cinq ans, la seule façon possible de les qualifier. [Et ces mêmes termes "accolés" à Elie Wiesel, par exemple ? Rousso raconte des salades: il n'existe ni droits ni devoirs particuliers à qui veut écrire l'histoire. Le champ est libre. La loi encadre cette liberté de manière égale pour tous et ignore totalement les historiens, professionnels ou amateurs, dont le triste Rousso se fait l'arbitre. La seule excuse est probablement une ignorance crasse de ce qu'est le droit.]
Me Jouanneau : Permettez cependant que je vous pousse dans vos retranchements. Le tribunal en 1981 et la cour en 1983, lorsque eut lieu ce procès engagé contre Robert Faurisson, ont expressément déclaré qu'il n'appartenait pas aux tribunaux de se faire juges de l'Histoire et, que, par contre,
[126] l'appréciation - je crois
que ce sont les mots exacts - de la valeur des conclusions de
Faurisson relevait de la compétence exclusive des historiens,
des experts et du public. On assistait donc à une sorte
de renvoi de l'autorité judiciaire vers les experts, alors
que, dans les procès pour crimes contre l'humanité
que vous avez évoqués à l'instant, les tribunaux,
au contraire, qui avaient à les juger ne devaient pas s'en
rapporter, d'après vous, à l'avis des experts.
Reconnaissez-vous cette différence et considérez-vous
que la communauté des historiens, à laquelle vous
appartenez, ait vocation à se prononcer sur le point de
savoir si Faurisson a été et est encore un faussaire
de l'Histoire ?
M. Rousso : Je maintiens qu'il existe
une distinction fondamentale entre un procès devant une
cour d'assises qui met en accusation des faits vieux de plus d'un
demi-siècle [contrairement
à toutes les traditions qui ont établi le principe
de la prescription] et un procès
comme celui d'aujourd'hui qui met en cause des propos contemporains
concernant la façon de dire ou d'écrire l'Histoire.
En ce qui concerne votre dernière remarque, oui, je crois,
j'en suis même certain, qu'il appartient d'abord et avant
tout à une communauté scientifique d'évaluer
l'un de ses pairs, d'évaluer la solidité, la rigueur,
la crédibilité d'un certain nombre de propositions
et en ce sens, en allant jusqu'au bout de votre raisonnement,
j'imagine mal qu'un tribunal, qu'il soit français ou allemand,
ait à trancher, par exemple, entre les « intentionnalistes
» et les « fonctionnalistes » dans le cadre
de l'historiographie de la Shoah : cela relève exclusivement
d'une controverse scientifique, car il y a un espace commun de
discussion entre les parties en présence qui permet d'aboutir
à des interprétations certes différentes,
mais en accord sur un certain nombre d'acquis, notamment factuels.
En revanche, lorsqu'on se trouve dans la négation pure
et simple d'un fait, le rejet de la totalité des témoignages
produits sur un événement aussi considérable
que l'extermination
[127] des Juifs par les nazis, lorsqu'on est dans la logique d'un antisémitisme aussi systématique, aussi affirmé, je trouve tout à fait logique que ce type de comportement puisse être traduit devant une cour de justice. Je ne sais pas si je réponds à votre question.
Me Jouanneau : Je n'entendais pas vous souffler votre réponse. Vous êtes cité avec plusieurs autres témoins que vous avez pu côtoyer dans la salle des témoins, dont, en tout cas, vous avez la liste puisque l'offre de preuve la mentionnait. Considérez-vous que les personnes en question forment avec vous une communauté scientifique historique suffisamment sérieuse et compétente sur la question de savoir si Faurisson est un faussaire de l'Histoire, ou manquait-il quelqu'un ?
M. Rousso : Je ne sais pas s'il manque quelqu'un...
Me Jouanneau : Abandonnez votre modestie un instant.
M. Rousso : Je ne vois pas le sens de la question.
Me Jouanneau : Y avait-il d'autres personnes que vous et les autres témoins qui ont été sollicités pour se prononcer sur le point de savoir si Faurisson est un faussaire de l'Histoire ?
M. Rousso : S'il avait fallu faire appel
à tous les historiens français, allemands, nord-américains,
israéliens qui ont travaillé sur la Solution finale,
une audience n'aurait pas suffi. Ma réponse est un peu
rapide, mais elle tend à souligner l'isolement des négationnistes,
qui n'ont jamais obtenu la moindre reconnaissance dans une instance
scientifique. C'est bien cela le fond du problème.
Les écrits qui sont incriminés, les écrits
de M. Robert Faurisson, que je considère depuis toujours
comme un faussaire,
[128] ont été exclus du débat scientifique parce qu'ils n'entrent pas dans le débat scientifique. [Baratin ! C'est une exclusion politique qui permet d'ailleurs de ne pas la motiver ! Voir le cercle vieux posé ici par Rousso.]
Me Jouanneau : Les propos de M. Faurisson,
connus depuis si longtemps, ont été répétés,
ressassés dans le cadre de la conférence de Téhéran
qui a eu lieu le 11 décembre 2006 et dont il est possible
aujourd'hui de se procurer le texte intégral sur Internet.
Je produis aux débats le texte de cette conférence
prononcée par M. Faurisson avec les commentaires qu'il
y a ajoutés depuis.
Le fait que ce procès intervienne maintenant, même
avec un décalage de deux mois puisqu'il devait avoir lieu
le 17 janvier, qu'il intervienne maintenant, alors que la conférence
de Téhéran a eu lieu le 14 décembre 2006,
vous paraît-il de nature à relancer un intérêt
quelconque sur le négationnisme, vous paraît-il significatif
ou, en tout cas, avoir un sens pour la position qu'adopte M. Faurisson
?
M. Rousso : Ma réponse est oui,
bien sûr. Autant que je puisse en juger, n'étant
pas un exégète de la pensée de M. Faurisson,
son dernier texte important sur le sujet est la conférence
qu'il a prononcée à Téhéran. Dans
cette conférence M. Faurisson confirme ses prises de position
antérieures. Si vous voulez que j'entre dans les détails,
je peux le faire. Je ne veux pas commenter toute la conférence,
mais j'ai été frappé par plusieurs choses.
La première chose, c'est qu'il est difficile pour un historien
de voir un individu décréter qu'une phrase de soixante
mots prononcée en 1981 a rigoureusement la même valeur
en 2007, en ignorant complètement la littérature
qui a été produite par la production scientifique
mondiale. Cela me paraît suffisant pour considérer
que M. Faurisson n'appartiendra jamais à l'univers scientifique.
J'ai été frappé par la répétition
de l'argument depuis vingt-cinq ans, les mensonges que j'ai trouvés
dans cette conférence. [Ce
n'est pas un argument, c'est une conclusion !]
[129] J'en ai relevé deux qui sont
plus proches de nous. Dans cette conférence, M. Faurisson
dit que M. Pierre Vidal-Naquet, historien, qui a combattu M. Faurisson,
aurait été l'un des plus farouches partisans et
aurait contribué au vote de la loi dite Gayssot. C'est
totalement absurde, dans la mesure où M. Vidal-Naquet,
y compris un an avant sa mort, a été à l'intérieur
de la communauté des historiens un de ceux qui s'est le
plus - je ne dirai pas farouchement mais presque - opposé
au principe de cette loi dite Gayssot. [Nous trouvons au contraire cette opposition d'une
mollesse très suspecte...]
Le deuxième élément sur lequel je peux apporter
un témoignage - c'est un petit fait - est que M. Faurisson
relate dans cette conférence qu'il aurait été
exclu d'un colloque qui s'est tenu à la Sorbonne en 1987.
Il se trouve que ce colloque a été organisé
par mon institut (l'Institut d'histoire du temps présent),
dirigé à l'époque par François Bédarida,
historien très connu, historien qualifié de «
Juif » par M. Faurisson dans son introduction des Écrits
révisionnistes en quatre volumes qu'il a publiés
en 1998. [Disons,
marrane.]
Ce colloque, j'y étais, j'ai même fait partie de
l'organisation. Je me rappelle très bien la présence
de M. Faurisson à l'intérieur de la salle. Je me
rappelle même à quel moment il a posé une
question. Ce sont là parmi d'autres un certain nombre de
mensonges que l'on retrouve en permanence.
D'une manière générale, on trouve trois éléments
dans le discours négationniste. Le premier, c'est la négation
des chambres à gaz et ce glissement qui consiste à
dire que puisqu'il n'y a pas eu de chambres à gaz, il n'y
a pas eu de génocide. C'est un mensonge énorme,
une falsification grossière évidente.
Le deuxième, j'ai le sentiment que l'on en parle moins,
ressortit à une affirmation. D'un côté, on
nie l'existence des chambres à gaz et de l'Holocauste,
mais de l'autre, on affirme que si l'opinion a pu croire à
ce « mensonge », c'est parce qu'il y a eu «
complot » depuis 1945 (parfois même on le fait
[130] remonter au milieu de la guerre).
Ce « complot » aurait permis de faire pression sur
tous ceux qui ont donné des informations sur le déroulement
de la Solution finale : les responsables, notamment les anciens
nazis qui ont été interrogés; les historiens,
soit plusieurs générations d'historiens, situés
dans des endroits aussi différents que les États-Unis,
l'Allemagne, Israël, l'Angleterre, la Hollande, voire dans
les anciennes démocraties populaires : tous ces gens-là,
sans pourtant aucune connexion entre eux, auraient participé
à un seul et même « complot ». [Cette histoire est une fabrication
des adversaires du révisionnisme, à partir peut-être
de quelques cas de fanatiques isolés.]
C'est d'une telle absurdité ! Venir devant un tribunal
pour dire cela a quelque chose d'un peu indécent même
si je témoigne volontiers ici pour participer à
la manifestation de la vérité.
Il y a un troisième élément qui me paraît
très important dans la stratégie de légitimation
négationniste, celle qui cherche à se faire reconnaître
par l'Université, à donner le sentiment, au moins
pour ses interlocuteurs, que l'on est un professeur dans une université
reconnue. C'est celui qui consiste à se faire passer pour
une victime. Pourquoi ai-je rappelé l'épisode, peu
important, du colloque de l'IHTP pour préciser que M. Faurisson
n'en avait pas été exclu ? Nous avions longuement
discuté, à l'époque, de ce qu'il fallait
faire, face à la présence attendue des négationnistes.
Or nous sommes des universitaires, il était hors de question
d'interdire à qui que ce soit de venir dans un colloque
scientifique ouvert au public, et de faire en sorte que M. Faurisson
apparaisse comme une victime.
Je reviens sur la question de son titre de professeur. M. Faurisson
a été affecté au Centre national d'enseignement
à distance, où il n'a jamais enseigné. Il
a pourtant touché son salaire de 1980 à 1990, année
où il est parti à la retraite. Si on doit dire les
choses clairement - je ne porte aucun jugement -, l'État
français a payé M. Faurisson pendant dix ans
[131] en échange d'aucun service universitaire, ce qui lui a permis de bénéficier des largesses de l'État pour mener à bien ce qu'il appelait ses recherches. Dans le cas contraire, il aurait pu dire qu'il était une «victime». C'est cela sa stratégie: la négation de l'Histoire, l'affirmation d'un complot, la victimisation personnelle. [Rappelons quand même que cette situation, effectivement un tantinet paradoxale, était due au fait que les autorités de l'Université et du Ministère ne trouvaient rien à reprocher, sur un plan légal, au profeseur Faurisson et que la décision, arbitraire, de supprimer son enseignement, ne tenait pas la route. L'audace dans l'illégalité a fait ensuite des progrès, comme on l'a vu dans le cas Gollnisch, où même lui, juriste, n'a pas pu faire prévaloir le droit. L'illégalité progresse, lentement, mais elle progresse, sous les acclamations des officines qui ont pour but d'abolir le droit et d'instaurer une dictature ethnico-politique. C'est une bataille séculaire, et les révsionnistes représentent une obstacle très solide à ces prétentions.]
Me Jouanneau : Est-ce que l'affirmation de ce complot correspond à cette « bonne nouvelle » que fournit Faurisson lorsqu'il a publié son article ?
M. Rousso : Il suffit d'avoir en mémoire la publication récente d'un rescapé des Sonderkommandos d'Auschwitz pour comprendre l'ampleur de ce que signifient les mots « bonne nouvelle »... [Le triste pitre Schlomo Venezia, déjà mentionné plus haut. Rousso fait montre de toute sa crédulité d'esclave...]
Me Delcroix : Je voudrais que le témoin nous dise sur quels documents, quelles sources, il fonde le propos que j'ai cru comprendre selon lequel le professeur Faurisson prétendait qu'il y avait eu un complot, où il décrivait la thèse du complot ?
M. Rousso : Je ne peux pas les citer de mémoire. Si on reprend cette fameuse phrase de 1980, reprise lors de la conférence de Téhéran de décembre 2006, il est affirmé que non seulement les chambres à gaz n'ont pas existé, que le génocide n'a pas existé, mais que tout ceci relève d'une histoire « politico-financière » au service de l'État d'Israël. C'est une des thèses proclamées depuis des années par les négationnistes. Or on voit mal comment une telle entreprise de mensonges perpétrés à un tel niveau, avec une telle ampleur sur l'ensemble de la planète, n'aurait pas été le résultat d'un complot. [Donc, c'est bien lui, et ses semblables, qui fournit l'idée de complot. Merci bien.]
[132]
Me Delcroix : Je crois que le témoin a écrit un
livre en collaboration avec Éric Conan. Il avait publié
un article dans L'Express au sujet d'Auschwitz, il disait
: tout y est faux. Il mentionnait le propos de la sous-directrice
qui disait : on laisse en l'état, on verra plus tard, c'est
trop compliqué. Qu'en pensez-vous ?
M. Rousso : Il ne s'agit pas d'Auschwitz, il s'agit du musée d'Auschwitz, cela fait quand même une grande différence. [Rousso a tort: tout y est faux, le y renvoie bien à Auschwitz, le camp, qui est à lui seul un musée.]
Me Delcroix : Il s'agissait de la chambre à gaz, j'ai lu l'article.
Me Jouanneau : Les chambres à gaz qui ont été détruites, vous le savez parfaitement.
Me Delcroix : Le témoin répond, c'est tout.
M. Rousso : J'ai connaissance de cet article, connaissance du fait que cet article concerne la façon dont la question des chambres à gaz, du génocide, en particulier, a été présentée sur le site d'Auschwitz après la guerre, article qui, je le rappelle, était partie prenante d'un dossier que ne rappelle pas M. Faurisson, article qui était consacré à un ouvrage de Jean-Claude Pressac sur les crématoires.
M. Faurisson : Aucun rapport.
M. Rousso : Plusieurs articles d'Éric Conan ont porté sur cette question-là. J'ajoute que ce qui peut être dit dans un musée n'a rien à voir avec ce qui peut être avalisé par la communauté scientifique.
Me Delcroix : Existe-t-il une ou plusieurs expertises physico-chimiques accréditant l'existence d'une ou plusieurs
[133] chambres à gaz homicides et dans l'affirmative pouvez-vous expliciter ?
M. Rousso : Je ne répondrai pas à cette question. [Là, il baisse le pantalon.]
Me Delcroix : Le témoin n'a pas à choisir les questions, il répond ou non.
M. Rousso : Je considère qu'il n'y a pas lieu de débattre ici (comme ailleurs) sur le fait de savoir si les chambres à gaz ont existé ou pas : c'est la stratégie du négationnisme depuis vingt-cinq ans et ce n'est pas ici que je vais, à moi tout seul, venir apporter la preuve de l'existence des chambres à gaz. [Où l'on voit que Rousso est un tout petit bonhomme, nul, archinul.]
Me Delcroix : Je constate que le témoin n'est pas capable de nous indiquer s'il y a eu des expertises physico-chimiques. Le témoin a-t-il connaissance de décisions de justice qui auraient déclaré que le professeur Faurisson était un faussaire de l'Histoire obtenues par un avocat nommé Robert Badinter ?
M. Rousso : J'ai connaissance d'un certain nombre de décisions de justice où effectivement il a été désigné comme faussaire. [Heureusement que le président ne lui demande pas de dire lesquelles...]
fin du feuilleton 3 / A suivre.
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inquiété pour ses opinions et celui de chercher,
de recevoir et de répandre, sans considération de
frontière, les informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit>
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adoptée par l'Assemblée générale de
l'ONU à Paris, le 10 décembre 1948.