AAARGH
L'article ne devient franchement amusant que quand il en vient à la Vieille Taupe, ou plutôt aux quelques individus libres, avec chacun leur passé politique à l'extrême-gauche, qui se coalisent de temps à autres sous ce nom. "Comment cela est-il possible?" se demande un Berman visiblement éberlué, parce qu'il ignore qu'il n'a encore rien compris à tout cela. "Qu'est-ce qui peut bien avoir propulsé ces penseurs parisiens épris de liberté sur les avenues de l'extrême-droite paranoide, animée par la haine des juifs?" A question idiote, pas de réponse. Mais Berman cherche. Peut-être les guerres coloniales qui nous auraient rendus un peu fous. Ou alors l'effondrement idéologique du marxisme en France qui nous obligerait à nier toutes les réalités pour mieux résoudre des problèmes théoriques. Et, c'est bien connu, en cas de crise, qu'est-ce qui ressort? C'est l'antisémitisme. Il ne reste plus à Berman qu'à souligner que Chomsky appartient à une tradition politique "française" pour jeter le tout à la trappe. J'admire beaucoup les gens comme Berman pour qui tout est toujours simple. Que n'ai-je l'esprit ainsi fait pour vivre enfin tranquille dans une chaise longue, à l'ombre des certitudes en fleurs...
Je rédigeai aussitôt une brève réponse qui fut publiée le 22-29 juillet. Auparavant, Berman avait refusé de me rencontrer devant le micro d'une radio, WBAI, en disant qu'il ne discutait pas avec des gens qui pensent que la terre est plate[(70)] .
Je traduis ce texte qui avait été écrit sur place en anglais [(71)].
C'est une tâche difficile pour Paul Berman et quelques autres de comprendre pourquoi quelques socialistes libertaires et anarchistes, vaguement fédérés au sein d'un groupe informel basé à Paris et appelé La Vieille Taupe, se sont intéressés à l'affaire Faurisson. Ils ont fait plus. Ils ont publié son point de vue, lutté pour protéger ses droits élémentaires à la libre expression et, en outre, plaidé à ses côtés devant les tribunaux.
Il ne semble pas venir à l'esprit de M. Berman que la première raison pourrait être que l'on trouve au moins un atome de vérité dans ce que dit Faurisson. C'est pourtant ce qui a été reconnu même par ses adversaires les plus acharnés en France. Si votre adversaire a raison sur un point et profère une proposition dont on peut démontrer la vérité, refuserez-vous de le reconnaître? Il n'y a qu'un esprit tordu, insensible aux faits et à la vérité, qui puisse le faire.
Mais à l'évidence, les socialistes libertaires ont trouvé à cette affaire un intérêt plus politique et M. Berman est assez loin de comprendre ce qu'il a pu être. Ils pensent depuis longtemps que le système politique occidental, qui domine aujourd'hui la plus grande partie du monde, tient debout essentiellement parce qu'il existe un consensus idéologique à l'intérieur des sociétés qui le composent. On peut appliquer ce point de vue, d'une manière un peu différente, au bloc soviétique. En pratique, ce consensus est fondé sur le concept d'une alliance des forces de liberté-- qui incluaient à l'origine l'Union soviétique-- contre les forces du Mal, écrasées en 1945 lors de l'effondrement de l'Allemagne nazie. L'idée que le Mal se trouve entièrement d'un côté et que le Bien se situe de l'autre est un procédé très utile pour les contes de fées et pour les mythes politiques.
Il est donc pour nous évident qu'il est impossible de comprendre notre époque sans une sérieuse critique de ses fondements mythiques, ou idéologiques, dont les racines plongent profondément dans celles de la seconde guerre mondiale. Pour effectuer cette critique, il est nécessaire de distinguer les faits des représentations déformées qui en ont été données successivement par la suite. Le socialiste libertaire Paul Rassinier fut, dans ce travail nécessaire, un pionnier, même s'il ne fut pas exempt d'erreurs, et Faurisson, avec ses méthodes très matérialistes, est un continuateur de Rassinier. Les gens de la Vieille Taupe savaient cela depuis au moins une dizaine d'années. Il est parfaitement stérile d'imputer notre engagement politique à quelque circonstance que ce soit, comme les aventures bouffonnes des tigres maoistes devenus des moutons libéraux, ou une "amertume insurmontable" provoquée par les guerres coloniales. Ce qui est insurmontable, ce sont les guerres coloniales d'aujourd'hui, qui se mènent au Salvador, en Namibie, au Sahara occidental, au Liban, aux Philippines, etc. Les avions et les camions de l'Occident terrorisent des centaines de millions d'individus, à travers les cinq continents, en ce moment même. Les atrocités très réelles du régime hitlérien deviennent relativement "normales" quand on les compare à l'accumulation des atrocités perpétrées par les puissances occidentales dans leur domaine d'influence depuis la seconde guerre mondiale, et même si cet horrible bilan trouve largement son équivalent dans les horreurs perpétrées par les pouvoirs communistes dans leur propre sphère d'influence. Ceux qui crient "jamais plus" s'aveuglent et se mentent à eux-mêmes. Les nazis ne furent que les précurseurs de notre modernité. Être antinazi aujourd'hui revient à fouetter un cheval mort. Le cheval a été abattu en 1945. Tout cela fonctionne comme un écran, un rituel religieux destiné à masquer et à blanchir les tendances profondément totalitaires de nos prétendues démocraties.
Tout ceci est le cadre dans lequel se sont situées les activités d'un certain nombre de gens, plus ou moins reliés à la Vieille Taupe. Le travail de Faurisson est alors apparu comme un essai de confronter le mythe à l'histoire. Quel que soit le jugement ultime que l'on portera sur l'oeuvre de Faurisson, il restera à son crédit un mérite particulier: celui d'avoir montré la nécessité de se concentrer sur les seuls faits. Toute l'historiographie officielle, fondée essentiellement sur les éléments d'accusation fournis au Tribunal de Nuremberg, s'en trouve ébranlée. Nous l'avons constaté devant les tribunaux français. Le besoin de développer une véritable étude historique de ces réalités atroces et insupportables n'en sera pas supprimé, bien au contraire.
M. Berman et quelques autres en Amérique s'inquiètent gentiment de voir la Vieille Taupe escortée par d'étranges alliés issus des groupes fascistes américains. Ils ne semblent pas saisir un fait élémentaire: parce qu'ils ont des buts totalement différents, les ressemblances entre ces groupes sont entièrement superficielles, accidentelles et sans conséquence durable. Nous avons déjà exprimé notre totale indifférence à ce genre de hasard. Ce que nous disons n'a pas la même signification et ne se situe pas dans la même action. Il suffit. La position véritablement ambigue consiste à accepter sans la moindre critique la version officielle de ce qui s'est passé en Allemagne. On y trouve côte à côte MM. Brejnev, Reagan, Begin, Schmidt, Giscard, Mitterrand, et beaucoup d'autres, ainsi que M. Berman. Cela ne semble pas le gêner. Cela signifie-t-il pour autant qu'il manifeste une solidarité active avec tous les politiciens mentionnés ici?
Sa grande justification est la lutte contre l'antisémitisme, en accolant l'étiquette d'antisémite à Faurisson. C'est vraiment un très pauvre argument. On pourrait comprendre qu'un officiel israélien amalgamât l'antisionisme (ou même simplement tout point de vue critique sur la politique israélienne ou juive) à de l'antisémitisme. Mais cette extension sans limite du concept d'antisémitisme porte tort à toute réflexion politique et ne peut avoir sa place dans un débat sérieux.
Nous avons assisté à la même tentative de réduire le débat en France, à la fois dans les media et devant les tribunaux. Mais au bout d'un certain temps cet argument se retourne contre ceux qui l'emploient. Plus on emploie des arguments irrationnels et émotionnels, plus se renforce l'image d'un Faurisson rationaliste. Je dis cela par pure charité pour M. Berman. Les procès contre Faurisson ont été bien acceptés en 1979 mais beaucoup de gens en France se sentent maintenant embarrassés par ces procédures. La défense clairvoyante de Chomsky à l'égard des droits élémentaires de Faurisson a fait beaucoup dans ce sens.
Le reproche le moins grave que l'on puisse adresser à M. Berman est son ignorance totale à l'égard des faits les plus élémentaires-- je dis bien les faits-- qui concernent la véritable politique nazie de persécution des juifs européens, politique qui a causé des millions de morts parmi eux. Ce n'est pas un reproche grave parce que cette ignorance est partagée par la plupart de nos contemporains, et la plupart de ceux qui écrivent sur ce sujet. Son attaque à propos du Journal de Kremer en est une preuve. Les lecteurs de M. Berman doivent savoir qu'ils n'ont pas eu la moindre possibilité d'avoir sous les yeux les arguments qui sont ceux de Faurisson, ni des raisons plus générales qui poussent à s'intéresser à cette affaire, et que j'ai exposées dans un livre publié par la Vieille Taupe.
M. Berman avait enfoncé son clou avec un marteau. La semaine suivante, le Voice passait au marteau-pilon avec un article principal intitulé: "Anti-Semitism and the Crime of Silence". Le titre en lui-même est déjà assez ahurissant, mais le contenu de l'article l'est encore plus. L'auteur Jack Newfield ("I am Jewish and I have a healthy amount of ethnic pride") se fustige et fustige ses collègues parce que, décidément, on ne se préoccupe pas assez des juifs et de l'antisémitisme qu'on voit monter à vue d'oeil partout, dans tous les pays. "The Voice has been a vigilant watchdog on abortion, Civil Liberties, and militarism. but the rights of the Jews have been a secondary concern. Jewish nationalism has been treated differently than every other nationalism" [(72)]. Il attaque un de ses collègues, Alexander Cockburn, qu'il accuse de soutenir l'OLP et de mépriser Israel, puis il vide ses tiroirs de coupures de presse qu'il y accumulait, mélangeant anecdotes plus ou moins insignifiantes et problèmes politiques sérieux ("Iran, Khomeiny"), sans oublier l'affaire Timerman en Argentine et le livre de Faurisson, qualifié d'"insane, anti-semitic". Newfield est effrayé de constater qu'une petite partie de la gauche américaine est devenue, peu à peu, "plus indifférente au sujet de l'existence d'Israel".
Les deux articles suscitèrent une assez vive polémique (1-7 juillet) où intervinrent Alex Cockburn, Noam Chomsky, Berman, Newfield, Richard Falk, W. Kunstler et quelques autres. Mais on avait l'étrange impression de tourner en rond parce que finalement le mur des tabous politiques américains n'était pas vraiment mis en cause. Il est encore impossible d'écrire dans la presse américaine un article qui pose véritablement le problème du rôle de la culpabilité, vraie, fausse, fabriquée, entretenue, dans l'attitude de la gauche américaine vis-à-vis du nationalisme juif et d'Israel. Les Newfield peuvent dire n'importe quoi, attaquer tous ceux qui ne sont pas à la botte de Begin, et ces gens-là vont protester, se défendre, se justifier au lieu de chercher à faire éclater cette baudruche qui les terrorise.
Je trouve par exemple symptomatique qu'une radio new-yorkaise ayant enregistré en studio une conversation avec moi, ne se soit pas jugée en mesure de la diffuser sans y adjoindre une masse d'autres propos, aussi contradictoires que possible avec les miens et qu'après diverses tentatives, elle n'ait trouvé personne qui ose tout simplement venir me contredire. Même ça, c'était trop. J'ai finalement vu arriver à Paris, quelques semaines plus tard, un membre de la rédaction qui venait y chercher des contradicteurs à m'opposer. Je lui ai conseillé Vidal-Naquet: "Son anglais n'est pas fameux, mais ce sera le moins mauvais". Quelle époque! Quelle misère!
Nous eûmes droit aussi à un long article dans une excellente revue allemande, Transatlantik (juillet 1981). Son auteur, un jeune écrivain allemand tout à fait sympathique, était venu à Paris se documenter et rencontrer les divers protagonistes: sous le titre "Les blanchisseurs d'Auschwitz", il fit un article très hostile, auquel je fus obligé de faire la réponse suivante:
Le texte de Lothar Baier, "Die Weisswaescher von Auschwitz", appelle de ma part quelques commentaires, principalement à cause du ton qu'il adopte. Il utilise presque tout le temps l'ironie facile et le persiflage, ce qui dénote, je crois, une gêne et une incapacité à aller au fond des problèmes. Je le dis d'autant plus librement que je suis généralement bien traité dans son article et que je ne fais pas, personnellement, l'objet d'insinuations plus ou moins malveillantes.
Il est impossible d'entrer en peu de pages dans une discussion complète de tous les points qui ont été soulevés dans cet article. Il faudrait, par exemple, pour saisir réellement le sens des propos de Rassinier sur la vie et l'organisation des camps de concentration de l'époque nazie, faire une analyse complète de leur fonctionnement interne et la comparer avec ce qu'il en dit et ce qu'en disent beaucoup d'autres écrivains. Ce qui transparaît dans les réactions de Baier à ce sujet, c'est surtout l'aspect très superficiel de ses connaissances à ce sujet. Je dois dire qu'à une première lecture de Rassinier, il y a plus de dix ans, j'ai été aussi surpris et souvent incrédule. Néanmoins, au lieu de me livrer à la dénégation et à l'ironie facile, j'ai été consulter un bon nombre d'anciens déportés de mes amis.
Ils appartiennent à la génération de mes parents et ont pour la plupart été liés à l'organisation politique de la résistance dans les camps, soit comme communistes, qui en étaient la force dominante, soit comme chrétiens ou progressistes à qui les communistes "tendaient la main", selon l'expression politique de l'époque. J'ai pu, par ces conversations, me convaincre du bien-fondé des affirmations de Rassinier. Je ne dirais certes pas qu'il a raison dans tous les détails, mais il a eu le courage et le mérite de mettre le doigt sur une question qui me paraît essentielle si l'on veut comprendre le phénomène concentrationnaire: la collusion d'une partie organisée, politique-- les communistes-- des détenus avec les représentants locaux de l'appareil répressif d'Etat. Cette vérité commence à se faire jour dans la littérature concentrationnaire [(73)]. Elle est exemplairement détaillée dans un livre qu'il faut conseiller fortement parce qu'il est écrit par un de ceux qui subissaient le maximum de l'oppression accumulée, Heinz Heger, Die Maenner mit dem rosa Winkel, Merlin Verlag, 1972. Heger a survécu, parce qu'il était kapo il explique cela très bien. Rassinier a survécu parce qu'il a trouvé une situation privilégiée. On le sait parce qu'il le raconte lui-même. Pourquoi donc Baier prétend-il que ce fait, Rassinier l'a "visiblement occulté"?
Il y a, dans l'article, beaucoup de petites inexactitudes qui sont sans grande importance si l'on ne construit pas un raisonnement dessus. Ainsi, Baier dit que le président de l'Université de Lyon, où enseignait Faurisson, "aurait garanti sa sécurité". C'est exactement le contraire qui s'est passé. L'Université, a dit en substance le président, n'a pas les moyens matériels d'assurer la sécurité. Et chaque semaine, au fil des mois, un commando sioniste est venu attendre Faurisson à l'heure de son cours qu'il donnait, en réalité, en cachette, dans un café. L'Université n'a rien fait pour mettre fin à cette situation, elle a même préféré fermer les yeux sur le fait que Faurisson était physiquement absent pendant six mois.
Je me suis demandé même si Baier savait réellement lire. Il cite, p. 20, Faurisson qui rapporte, p. 188 de mon livre, des "propos de table de Hitler". Ensuite Baier ajoute: "Je ne sais pas de quelle version clandestine des Propos de table disposait Faurisson, mais dans la mienne (Seewald, Stuttgart, 1976), je lis ceci (p. 456)". Et il cite les propos de Hitler. Si Baier savait lire, il se serait reporté à la note 44 du livre français qui donne le texte de cette phrase en allemand et indique comme source l'édition fort peu clandestine de 1963, p. 471. Cette phrase est mot pour mot la même, sauf que dans la version Baier on lit Juden, et dans la version Faurisson Drecksjuden (juifs de merde). Erreur dans la transcription de Baier? Censure de son édition de 1976? Je l'ignore, mais imaginons ce que l'on aurait reproché à Faurisson si c'était lui qui avait édulcoré des paroles de Hitler... En tout cas, lorsque Baier commente en disant que "c'est une faible prestation pour un diplômé de littérature", il montre qu'il a encore beaucoup à faire avant d'espérer pouvoir se qualifier en vue d'un tel titre.
Je me suis demandé aussi jusqu'où allait la capacité de raisonnement d'un Baier emporté par le désir de dénigrer. Il veut montrer que Hitler a bien ordonné l'extermination des juifs, ce que Faurisson conteste. Les historiens sont tous d'accord pour dire qu'il n'existe pas de document à cet effet, mais Lothar Baier va résoudre la question grâce à des propos privés de Hitler. Ce peut être une bonne méthode. Il cite deux phrases qui expriment l'idée qu'il faut exterminer le judaisme. Ausrotten peut aussi se traduire en français par extirper. Mais je ne jouerai pas sur les mots, avec le souvenir qu'au temps des guerres de religion, en France, ceux qui voulaient extirper l'hérésie n'hésitaient pas à recourir à la violence et aux massacres. Dans la troisième phrase, Hitler affirme avoir donné l'ordre d'exterminer "tous ceux qui appartiennent à la race qui parle polonais" (p. 21). Si des propos de ce genre sont la preuve de l'ordre d'extermination des juifs, ils sont une preuve plus claire et plus écrasante encore du génocide des Polonais, puisqu'il affirme avoir déjà donné l'ordre d'extermination.
Je suis de ceux qui pensent que les Slaves, Polonais, Russes, Baltes, Yougoslaves, ont payé un tribut beaucoup plus lourd, en chiffres absolus, que les juifs, aux exactions des nazis. Mais à part les politiciens de Varsovie et, peut-être, M. Baier, personne ne croit qu'il a existé un projet de liquider les vingt ou trente millions de Polonais. Et d'ailleurs, en dépit d'atrocités sans nombre et de lourdes pertes en vies humaines, les Polonais, n'ont pas été à proprement parler liquidés.
Le raisonnement de Baier est donc parfaitement absurde et il ne l'oppose à Faurisson que parce que son désir de le contredire est plus fort que les moyens qu'il a de le faire. C'est le cas de beaucoup d'adversaires de Faurisson et c'est ce qui rend la réflexion sur toute cette affaire si difficile et si perpétuellement encombrée de querelles mineures, nées de la mauvaise foi.
Je me suis également demandé si M. Baier avait raison de parler de ce qu'il ne connaît pas. A propos de la controverse sur le sens que possède le mot Vergasung dans un descriptif technique, il croit malin de "recommander au spécialiste de la carburation qu'est Faurisson de faire breveter au plus vite la découverte de ce four crématoire qui est enflammé à l'aide d'un carburateur et cependant n'explose pas" (p. 21). Ce n'est là qu'un brevet d'ignorance. S'il s'était renseigné, il saurait qu'un four crématoire brûle du gaz, que ce gaz provenait dans ces appareils anciens de la chauffe du coke et qu'il fallait le mélanger à de l'air pour qu'il puisse faire son office et brûler les corps, que ce mélange s'appelle carburation. J'ai eu ces renseignements du directeur de l'une des rares maisons françaises qui construit des crématoires. Il est aussi juste de dire que cet expert ne voyait pas, sur les plans d'un crématoire d'Auschwitz, l'utilité d'une pièce appelée Vergasungskeller, l'opération se faisant par un jeu de tuyauterie. Si j'ai dit quelque part que les arguments de Faurisson sont sérieux et qu'il faut y répondre, je suis obligé de perdre l'espoir de voir Lothar Baier y répondre autrement que par des pirouettes aussi médiocrement spirituelles que les lourdes plaisanteries de Nadine Fresco dans les Temps Modernes [(74)]. Comme il le dit lui-même à propos de l'analyse du Journal d'Anne Frank, "Je ne me suis pas donné la peine de l'examiner en détail". Parce que Baier croit que Faurisson ne fait que copier les autres... Ceci est parfaitement ridicule et cette analyse est justement la partie des travaux de Faurisson qui est acceptée par ses adversaires les plus déterminés. Et pourquoi M. Baier ne veut-il pas se donner la peine de courir le risque d'avoir à dire que, sur certains points au moins, il arrive aux esprits les plus prévenus de donner raison à Faurisson?
Moi, je ne crois pas du tout que Faurisson ait raison sur tout. Je trouve qu'il a entièrement tort de dire qu'il n'y a pas eu de politique qui visait plus ou moins à exterminer les juifs. Je crois qu'il n'y a aucun doute sur le fait que plusieurs millions de juifs ont péri à cause de la discrimination, de la déportation, de la concentration et des massacres effectués de sang-froid. Je ne sais pas si le gazage faisait partie de l'éventail des techniques employées pour tuer des gens et je ne sais pas si on pourra un jour cerner complètement cette question et l'éclairer définitivement. Mais peu importe, ce qui compte, c'est l'effort qu'il faut faire pour comprendre toutes les réalités, si complexes et parfois si contradictoires, de cette époque sauvage. Nous en sommes les héritiers, elle nous marque et nous la connaissons bien mal, aussi en raison de tous les bobards qu'ont fait courir tant de gens intéressés à justifier le rôle plus ou moins trouble qu'ils ont joué à cette période. Discutant avec Lothar Baier quand il est venu chez moi, nous avons ensemble constaté à quel point toutes ces questions sur la réalité des années 30-40 étaient occultées, et surtout en Allemagne. J'ai beaucoup voyagé en Allemagne quand j'étais adolescent et cette absence de mémoire historique, ce passé noir et vide, m'ont souvent choqué chez les amis allemands de mon âge. Il est absolument inévitable qu'une nouvelle génération d'Allemands veuille un jour lever les tabous pour récupérer ce passé. J'ignore quand et comment cela se fera et peut-être est-il beaucoup trop tôt encore. Mais je ne suis pas sûr que la meilleure chose que puissent faire les intellectuels soit de bétonner les tabous et de s'opposer à toute curiosité critique, à toute remise en question. En tant que groupe, je sais bien que leur fonction sociale consiste à chanter les louanges de l'Etat, mais en tant qu'individus, ils ne répriment le questionnement que par des procédés aussi discutables que ceux de cet article [(75)].
Que veut dire Baier, par exemple, en me reprochant de citer le fascicule de Thies Christophersen en bibliographie? Est-ce que je perds la raison en cataloguant les ouvrages divers qui portent sur le sujet que je traite? Je n'ai nullement utilisé le fascicule de Christophersen ni dans mon texte, ni dans mon raisonnement, puisque ce livre n'apporte aucun renseignement sur ce qui m'intéresse. Il dit que, dans une petite annexe rurale d'Auschwitz, la vie était plutôt bonne. C'est bien possible, mais ça n'a rien à voir avec ce qui se passait à Birkenau. C'est Baier qui accorde à Christophersen une importance factice puisqu'il en fait "un des piliers de base de la construction de Faurisson". C'est tout simplement absurde. Je m'étonne que l'on emploie de tels procédés.
Pour conclure par des considérations plus générales, et pour répondre aussi à ce que dit Baier en caricaturant les propos tenus par la Vieille Taupe et les gens qui en sont proches, nous sommes un certain nombre à penser que l'antifascisme est surtout un écran, qu'il sert à masquer les très réelles atrocités que les démocraties occidentales ne cessent d'infliger à travers le monde à tous ceux qui souhaiteraient échapper à leur coûteuse sollicitude. Le danger nazi, fasciste en Europe? Il est mort en 45. Franchement, ça ne fait pas sérieux. Cette lutte acharnée contre des ectoplasmes, il faut en comprendre les buts: elle sert à faciliter l'installation de systèmes de domination beaucoup plus subtils, beaucoup plus modernes et efficaces, et donc moins sanglants, que les archaiques méthodes nazies ne permettaient de le faire. Une domination sans douleur, sans couleur, sans prise visible, bien intériorisée. La dictature de la marchandise, et non plus celle d'un pantin sanglant.
Céline, dont M. Baier est assurément un fin connaisseur, disait, dans son Hommage à Zola, en 1933:
« Nous voici parvenus au but de vingt siècles de haute civilisation et cependant aucun régime ne résisterait à deux mois de vérité. Je veux dire la société marxiste aussi bien que nos sociétés bourgeoises et fascistes. L'homme ne peut persister en effet dans aucune de ces formes sociales entièrement brutales, toutes masochistes, sans la violence d'un mensonge permanent et de plus en plus massif, répété, frénétique, "totalitaire", comme on l'intitule.
"Privé de cette contrainte, elles s'écrouleraient dans la pire anarchie, nos sociétés. Hitler n'est pas le dernier mot, nous verrons plus épileptique encore, ici peut-être. Le naturalisme dans ces conditions, qu'il le veuille ou non, devient politique. On l'abat. Heureux ceux que gouverna le cheval de Caligula [(76)]. »
Ce texte étant arrivé à Transatlantik plusieurs mois après celui de Baier, la rédaction jugea qu'elle ne pouvait le publier. La presse a toujours d'excellentes raisons pour ne pas publier les réponses aux attaques qu'elle lance, et toujours ces raisons sont différentes. Elle n'a donc pas tout à fait perdu le sens de l'originalité.
C'est à la fin de mai 1981 que commencèrent les procès. Ils avaient été précédés par une affaire aussi ridicule que démonstrative du climat d'intolérance qui règne autour de cette affaire. Lors de son passage à Europe n°1 et pour répondre aux calomnies dont l'abreuvait Ivan Levai, Faurisson avait dit que l'un de ses avocats, Me Yvon Chotard, était membre du MRAP, une organisation antiraciste généralement considérée comme proche du PCF. Or le MRAP faisait partie du cartel qui poursuivait Faurisson. Il ne pouvait d'ailleurs pas laisser sa principale rivale, la LICRA, dans une affaire aussi riche de potentialités publicitaires. La révélation de ce secret de Polichinelle provoqua aussitôt une vive émotion chez les mrapistes qui, dans un beau geste d'intelligence généreuse, exclurent Chotard, malgré l'opposition de son groupe local. Cette décision souleva évidemment maintes protestations, bientôt anesthésiées par les soporifiques justifications que dut multiplier Albert Lévy, un secrétaire général qui sécrète généralement surtout de l'ennui.
Le premier procès n'était qu'un prologue, comme dans une bonne pièce de théâtre. Léon Poliakov s'estimait diffamé par une note de Mémoire en défense (p. 119) qui le traitait de "manipulateur" et "fabricateur de texte" à propos de diverses versions du fameux, ou plutôt fumeux, document Gerstein [(77)]. Les avocats de Poliakov étaient justement ceux que l'on allait retrouver dans les procès suivants. On sentait que tout cela était bien coordonné et que leur stratégie consistait à obtenir rapidement une condamnation de Faurisson en diffamation, pour aborder en position favorable le grand procès d'opinion. Cette manoeuvre échoua de peu. On parla finalement peu du chef d'inculpation. Poliakov se défendit assez mollement. Il ne se souvenait d'ailleurs pas très bien de cette histoire de document. Il avait sa conscience et sa réputation pour lui, ça devait bien suffire. Il a eu tout à fait raison, puisque le tribunal devait dire dans son jugement que Poliakov avait pu commettre des erreurs, et même des erreurs "fautives", pour reprendre l'admirable litote de son petit camarade Vidal-Naquet et même, à l'occasion, "enfreindre la rigueur scientifique", sans que cela empêchât le tribunal de condamner tout uniment Faurisson.
Il serait trop long et peut-être fastidieux de reprendre toutes les interventions, celles des témoins [(78)] ou celles de la dizaine d'avocats qui s'employèrent à terrasser le dragon. La formidable machine, mise en branle par ce puissant collectif d'avocats-- les dizaines de kilos de documents, les missions à Varsovie et à Tel-Aviv-- n'a pas apporté beaucoup de grain à la meule judiciaire. Les effets les plus sûrs étaient plutôt d'ordre sentimental. L'assistance, bourrée de membres des associations demanderesses venus là sans bien savoir de quoi il s'agissait, se trouvait plutôt abasourdie. La presse était assez nombreuse, avec un bon nombre de correspondants étrangers. Vidal-Naquet les accrochait au passage pour leur confier que "Faurisson is a rat, just a rat". On nageait dans le grotesque, les uns en train d'essayer de refourbir le vieux thème des haines raciales, les autres amusés, incapables de prendre tout ce guignol vraiment au sérieux. L'issue était connue d'avance et le vrai débat n'était pas là. Les juges avaient des têtes de juges, les avocats étaient bons, ils faisaient chacun le petit numéro qu'ils s'étaient réparti dans l'éventail des passions humaines. Le meilleur fut incontestablement Me Badinter, avec sa belle voix de bronze, fin produit d'une vieille tradition d'éloquence, fort apparentée dans son style noble à celle de la Comédie française.
Evidemment, certains lèveront peut-être un sourcil en pensant que ce devait être sa dernière plaidoirie, puisque celui qui animait depuis deux ans l'attaque contre Faurisson allait se trouver, entre les débats et le jugement, désigné comme ministre de la justice du nouveau gouvernement socialiste. Cela ne changea sûrement rien au jugement, mais quelque chose à la loi d'amnistie, traditionnellement votée au début de chaque septennat, qui exclut spécialement les délits pour lesquels Faurisson était traîné en justice. Badinter, que j'ai par la suite entendu dire à la radio qu'il ne prenait pas de grande décision sans s'être entretenu avec des rabins, n'a pas voulu, par cette mesquinerie, gâcher son propre travail.
J'ai tâché de résumer quelques enseignements de ces procès dans un article que publia Le Monde, en le raccourcissant [(79)]. Le voici en entier:
Au lendemain de la condamnation de Robert Faurisson devant le tribunal correctionnel et avant celle qui interviendra devant le tribunal civil, pour ce que l'on ne peut qualifier que de délit d'opinion, il n'est pas inutile de se poser quelques questions. Pour la LICRA, partie civile, et ses associés, l'enjeu de ce procès n'était pas mince. Me Badinter a dit qu'il s'agissait d'un tabou, le dernier tabou qui protégeait les juifs contre un retour des pratiques qui avaient amené l'extermination. Tout est là, sans doute. Il faut comprendre l'angoissse de ceux qui ne se croient protégés que par la magie opératoire d'un tabou, dans un monde qui en respecte de moins en moins. Le roi nu a toujours à craindre le regard naif qui simplement ignore le tabou et déclenche ainsi la chute dans le réel.
Je suis de ceux qui ont contribué à faire connaître les arguments de Robert Faurisson, et à les proposer au débat pour qu'on les soumette à la critique. Je m'étonne encore, dans ces conditions, que la LICRA n'ait pas osé me poursuivre. C'est sans doute que le débat, pour rester judiciaire, devait être manichéen: les adversaires de l'antisémitisme d'un côté, l'affreux Faurisson et ses phrases provocantes de l'autre. La partie était jouable et même, avec les habituels moyens du prétoire, facile à jouer. Mais il était rigoureusement impossible de prétendre que les gens de la Vieille Taupe pouvaient être soupçonnés d'antisémitisme. Et s'il avait fallu répondre à ce qu'ils avaient à dire en cette affaire, le manichéisme n'aurait plus été de mise.
Pour qui a suivi cette affaire depuis le début, ce verdict a quelque chose de très inquiétant. Je laisse ici de côté la question de la liberté d'opinion dans ce pays et je la confie à ses défenseurs habituels, en remarquant simplement que pour une bonne partie d'entre eux, ils se sont rangés parmi les demandeurs de répression. Ainsi en va-t-il habituellement du libéralisme, quand il sort de l'abstraction. La vraie question est de savoir ce qui protège effectivement les juifs, si tant est qu'ils puissent se sentir menacés dans notre société aujourd'hui. Aux partisans du tabou, aux sacralisateurs profanes et religieux, à tous ceux qui ont tendance à amalgamer successivement les individus juifs volens nolens à une mystérieuse "communauté juive", puis le destin juif au sionisme, le sionisme à Israel et Israel à la politique de M. Begin, je dis qu'ils font involontairement le lit d'un antisémitisme dont nous ne connaissons pas encore le visage parce qu'ils pratiquent exactement ce dont ont toujours eu besoin les bourreaux des juifs: retrancher, d'abord mentalement, les juifs du commun du genre humain, en faire des êtres à part, porteurs de ceci ou de cela, jouissant d'une sorte de privilège d'extra-historicité que leur vaudraient les souffrances, réelles, issues du passé. L'on peut juger que l'Holocauste (terme religieux d'usage très récent) mérite ou non réflexion. Mais l'usage que font de l'Holocauste des idéologues, des groupes politiques, des Etats, des ligues partisanes, des organisations qui se prétendent antiracistes quand elles comptent dans leurs rangs des thuriféraires de l'apartheid, ça peut se discuter. Comme on peut discuter l'assistance militaire que fournit Israel à l'Afrique du Sud. C'est de la bonne grosse politique, avec ce qu'il faut de mensonges et de corruption; on sait bien qu'en politique les morts servent surtout à engraisser les vivants. Sinon, il n'y aurait pas tant de monuments "aux morts". Et pour se servir de l'Holocauste à des fins politiques, on utilise principalement le levier de la culpabilité.
Alors, s'il faut en croire Faurisson, la culpabilité ne serait plus, ou serait moins. Mais, avec ou sans Faurisson, elle s'évapore de toute façon, pour mille raisons, qui tiennent au fonctionnement social et à l'éloignement du temps. Cette culpabilité, on cherche à la ré-enraciner, aussi bien chez les juifs qui n'ont pas eu le douteux mérite d'y laisser leur peau que chez les non-juifs qui sont allègrement tous rangés dans le camp des assassins. Hélas! Défendre un tabou, c'est déjà reconnaître qu'il a disparu. Demandez aux anthropologues si une société qui fonctionne avec un corps de tabous peut même concevoir de les défendre!
Pour nous, la seule réponse à l'antisémitisme consiste à traiter les juifs très exactement comme n'importe qui et comme tout le monde, et donc à refuser l'ouverture d'une béance entre eux et les autres, à renverser les dérisoires barrières où veulent les enfermer aussi bien les racistes de tout poil que les sionistes. L'histoire des juifs et la tragédie qui les a frappés n'ont de sens que confondues avec l'histoire et la tragédie qui se sont jouées pour tous les hommes de ce temps-là. Protéger les juifs en tant que tels, c'est déjà les désigner. Mais vouloir les protéger contre un professeur et ses idées, c'est aussi les mettre dans un embarras absurde. On sait que certains ont protesté.
Depuis le début, cette affaire touche à la raison d'Etat. Nous en avons eu mille témoignages depuis bientôt trois ans. Mais quelle plus merveilleuse démonstration que de voir le chef du collectif d'avocats acharnés à la perte de Faurisson, accumulant procès sur procès, dépouiller sa robe, passer, pendant le temps d'un délibéré, de la barre à la garde des Sceaux, passer en somme sur tous les sièges, sauf le banc de l'accusé... Le temps pressait, il a pu néanmoins changer de procureur et veiller à ce que l'amnistie proposée au gouvernement ne puisse s'appliquer au cas, fort rare, de Faurisson. C'est l'humanisme total. Je ne crois pas que le régime giscardien aurait fait juger autrement. Mais on voit bien, par cette admirable contiguité, que le sort imaginaire des juifs touche à la religion d'Etat. C'est bien cela que révèlent ces procès, et c'est bien le plus inquiétant quand on pense à ce dont les Etats modernes sont capables.
La véritable surprise vint quand on fit le compte des amendes et des obligations d'insertion dans la presse auxquelles fut condamné le professeur. Puisqu'il fallait lire un jugement fort long à la radio et à la télévision, au prix de la minute de publicité, le total en venait à dépasser les trois millions de francs, une trentaine d'années de salaire, peut-être... La liberté d'expression, c'est très beau, mais il faut être un peu riche. Appel a été fait.
A un moment, pendant les procès, suffoqué par tous ces artifices, j'avais griffonné dans la salle d'audience ces quelques lignes:
Procès-- Ritualisation de l'empêchement de la parole et du dialogue. Les avocats peuvent dire absolument n'importe quoi et ne se gênent pas pour le faire.
L'histoire des chambres à gaz tourne entièrement autour de l'idée de la chose unique dans l'histoire, de la spécificité nazie comme reflet de la spécificité juive. Badinter reconnaît franchement que c'est un tabou et l'importance de ce tabou vient de ce qu'il est le verrou, le barrage, qui empêcherait le retour, la répétition du grand massacre. C'est là évidemment une hallucination. Mais on peut aller plus loin. Acceptons les chambres à gaz, acceptons tout, acceptons les témoignages même les plus controuvés, même les chiffres les moins sûrs au bout du compte, il ne reste aucun mystère, il ne subsiste aucune spécificité réelle, il n'y a pas de barrière entre humanité et inhumanité. Si, comme le dit Wellers dans son livre, 80% des convois étaient gazés et que, dans les camps, ceux qui étaient internés périssaient à 80%, on voit bien que le résultat était le même, qu'il s'agit fondamentalement de l'inhumanité qui fait partie de l'humanité, et que le mythe de la spécificité nazie nous cache le fait que nous sommes absolument capables de la même chose. Voir Israel et les Arabes. Je ne discuterai plus des chambres à gaz parce que, finalement, la discussion n'est pas plus intéressante que celle de savoir si les Allemands connaissaient et utilisaient, à cette époque et en ces lieux, la mitraillette ou la grenade. Ce sous-paragraphe de l'histoire des techniques meurtrières s'est gonflé pour des raisons purement idéologiques, qu'il fallait seulement montrer du doigt.
(Juillet 1981.)
On est parfois brusquement étreint par la sensation de marche dans la nuit polaire, sur la banquise des idées gelées, et qu'il ne nous reste que quelques allumettes pour y voir clair et faire fondre cette sacrée banquise. Alors, on se dit qu'il vaut mieux s'asseoir et, en tâchant de ne pas mourir de froid, attendre la débâcle.
Janvier 1982
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