[(70)]Ceci marque un mépris que je trouve scandaleux pour une large partie de l'humanité qui a pensé et qui pense encore que la terre est plate. Après tout, croire que la terre est plate est une expérience plus sensible, et plus pleine de vérité vécue que de croire que six millions de juifs ont été précipités vivants dans le feu des fours.
Les attaques contre Chomsky reviennent aussi régulièrement que les hirondelles. Consulter d'abord ses Réponses inédites à mes détracteurs parisiens, 1984, 93 p. On trouvera des détails dans Pierre Guillaume, Droit et histoire, p. 152-172. Pour une étude favorable à Chomsky, voir l'article de Christopher Hitchens, "The Chorus and Cassandra-- what everyone knows about Noam Chomsky", dans la revue new-yorkaise Grand Street, qui n'a pu éviter quelques erreurs factuelles. La controverse a rebondi, entre mille autres endroits, dans le Village Voice avec une attaque de Paul Berman et des réponses de Ch. Hitchens, N. Chomsky et P. Guillaume. Voir les numéros des 10 février, 18 mars et 6 mai 1986. On aura un bon concentré des calomnies les plus usuelles dans la brochure de Werner Cohn, The Hidden Alliance of Noam Chomsky, publié vers 1988 par une organisation qui n'est peut-être pas purement philanthropique, "Americans for a Safe Israel".
[(71)] Intitulé Rethinking Political Myths, (par référence à un ouvrage d'Edmund Leach sur sa propre discipline. Avec Dan Sperber, nous en avions fait la traduction française de Rethinking Anthropology, parue aux PUF, sous le titre de Critique de l'anthropologie en 1968.) The Village Voice, 22-29 juillet 1981.
[(72)] "La Voice a été une sentinelle vigilante en ce qui concerne le droit à l'avortement, les libertés et le militarisme mais les droits des juifs sont passés au second plan. Le nationalisme juif a été traité [dans ce journal] d'une manière différente de celle qui a été appliquée à tous les autres nationalismes."
[(73)] C'est d'ailleurs exactement la situation que décrit à maintes reprises Soljénitsine pour les camps soviétiques. Voir aussi les souvenirs sur les camps allemands de l'ancien communiste espagnol Jorge Semprun, Quel beau dimanche!, Grasset, 1980.
[(74)] J'ai envoyé ledit Baier chez Nadine Fresco. Ils ont fini par si bien s'acoquiner que, sempiternelle égérie, elle a préfacé un ouvrage que Baier a écrit en français, sur la France. Elle y confesse le racisme anti-boche qui a bercé son enfance. Sa découverte que les Allemands sont finalement aussi des hommes est un chef d'oeuvre digne de figurer dans une anthologie de la naiveté contemporaine. De Lothar Baier, Un Allemand né de la dernière guerre et L'Entreprise France, chez Calmann-Lévy.
[(75 [Depuis que ces lignes ont été écrites, il s'est passé beaucoup de choses en Allemagne. Plusieurs historiens ont ouvert les dossiers et proposé des réflexions qui sortaient du ronron orthodoxe sur l'histoire du vingtième siècle. On les vite qualifiés de "révisionnistes", bien qu'aucun d'entre eux n'ait pour l'instant remis en cause les vues les plus courantes sur l'extermination. Une bonne partie de la polémique a été rendue disponible en français dans Devant l'histoire. Les documents de la controverse sur la singularité de l'extermination des Juifs par le régime nazi, Cerf, 1988, 353 p., avec une préface débile de Luc Ferry. Ainsi a commencé en 1986 le mouvement de retour critique que Rassinier appelait de ses voeux en 1950. En Allemagne, on l'appelle Historikerstreit, la Querelle des historiens. Voir en complément Ernst Nolte, Das Vergehen der Vergangenheit. Antwort an meine Kritiker im sogenannten Historikerstreit, 223 p. Le titre renvoie à celui d'un des premiers articles qui a déclenché la controverse, sur "le passé qui ne passe pas". A la suite de quoi, Nolte a vu sa voiture incendiée. Ces discussions sont mille fois plus intéressantes que ce qui se fait en France sur le même sujet. L'infime Baier n'y participe évidemment pas.
[(76)] In Louis Ferdinand Céline, Cahiers de l'Herne, rééd. 1972, p. 23.
[(77)] Le plaignant fit venir à Paris à deux reprises pour témoigner le baron suédois Von Otter, ce diplomate à qui Gerstein aurait fait ses confidences, dans un train, en août 1942. On a longtemps cru que le diplomate avait rédigé un rapport sur cette rencontre exceptionnelle avec quelqu'un de la SS, qui se disait témoin d'exécutions dans les chambres à gaz. Il l'a affirmé à Pierre Joffroy (L'Espion de Dieu, p.17) mais ce texte était resté introuvable. Il a fallu attendre que Laqueur, le premier, ait accès aux archives du ministère suédois pour que se dissipe le mystère qui entourait ce fameux rapport: "What emerges from all this is that there was only an oral report by Von Otter in 1942 which did not result in a written memorandum or note" (Laqueur, op.cit., p. 50). Bref, aucune trace écrite. Ceci montre que Von Otter, sur le moment, n'a pas dû prendre au sérieux Gerstein, manifestement illuminé, et aussi comment fonctionne la mémoire reconstructive, le baron croyant avoir fait un rapport. Von Otter et Joffroy se trouvaient ensemble au procès mais la machine de la Justice, tout occupée de ses formes, n'a pas permis de les confronter sur ce point, ni même de faire dire au baron ce qu'il avait réellement compris de cet embrouillamini à l'époque. Oserais-je insinuer que les débats judiciaires ne font guère avancer le shmilblic historique? C'est tout le problème de Nuremberg.
[(78)] La plus intéressante, parce que procédant d'une réflexion, à la fois très large et très personnelle, a été, à mon avis, celle de Claude Karnoouh. Il l'a reprise et augmentée dans un texte intitulé: "De l'Intolérance et quelques considérations subjectives sur le nationalisme. Mémoire adressé à mes amis sur les raisons de mon témoignage lors du procès du professeur Robert Faurisson", publié dans Intolérable intolérance, Paris, Ed. de la Différence, 1981, p. 43-135. Cet ouvrage contient des considérations sur les procès, sous les plumes de Me Delcroix, Vincent Monteil, Jean-Louis Tristani, avec le jugement du tribunal de grande instance de Paris, en date du 1er juillet 1981.
[(79)] "Un délit d'opinion", 16 juillet 1981.