AAARGH
La conclusion de ce livre, telle que je l'ai rédigée le 27 mars 1990, était la suivante:
"Aujourd'hui, la question est devenue très simple. Le gaz cyanhydrique est un acide qui laisse des traces repérables longtemps après. Fred Leuchter, l'un des rares experts dans le domaine de l'utilisation du gaz cyanhydrique à des fins d'exécution, a montré, au delà des impossibilités pratiques, que-- dans les lieux où l'on croit généralement qu'ont eu lieu des gazages massifs d'êtres humains-- ce gaz mortel n'a pas été utilisé de manière répétée. Cette démonstration se fait en prélevant sur place des échantillons dans les parois des lieux incriminés et en les analysant en laboratoire (Fred A. Leuchter, Rapport technique, traduction française dans les Annales d'histoire révisionniste, n° 5, été-automne 1988).
"Les résultats sont les suivants: aucune trace de composé cyanuré dans le Krema II d'Auschwitz des traces, entre 1,9 et 6,7 mg/kg dans le Krema III des traces de 1,4 et 2,3 dans le Krema iv des traces allant de 1,7 à 4,4 dans le Krema V et des traces allant de 1,1 à 7,9 dans le Krema I. Ces chiffres doivent être comparé à l'échantillon prélevé dans le local de désinfection des vêtements: 1 050 mg/kg. On trouve donc dans ce local des traces 133 fois plus fortes que le chiffre le plus élevé observé dans les lieux donnés pour des "chambres à gaz" où les traces de composé cyanurés peuvent être imputées à des procédures de désinfection, normales dans des locaux officiellement appelés "morgues" sur les plans disponibles (chiffres tirés du tableau récapitulatif dans le texte original du rapport).
"Ces analyses peuvent être refaites. D'autres échantillons peuvent être prélevés et analysés dans d'autres laboratoires. Si Leuchter ou le laboratoire Alpha d'Ashland, dans le Massachusetts, se sont trompés, il est facile d'en apporter la preuve. Ce que l'ingénieur Leuchter a fait, n'importe qui peut le refaire. Les expertises appellent les contre-expertises. C'est à partir de là qu'il faudra expliquer le reste."
Depuis trois ans, l'eau qui a coulé sous les ponts n'a pas changé le cours du fleuve. D'autres expertises ont eu lieu. Je donne ci-dessous une petite bibliographie des textes qui touchent à ces questions en sorte que le lecteur de bonne volonté puisse se reporter aux documents et se faire sa propre opinion. J'y inclus les critiques qui ont été adressées à l'énorme fouillis qui provient de la plume de Jean-Claude Pressac. Je ne procéderai pas à sa dissection moi-même puisqu'il n'a nullement emporté ma conviction. Bien au contraire, dirais-je. Je vois dans le fait que Klarsfeld a évité de mettre ce "livre" à la disposition du public une manière d'aveu, à la fois de la faiblesse intrinsèque de la démonstration et de la volonté de faire de la réfutation des révisionniste un pur objet de rumeur. Néanmoins, je tirerai de sa lecture trois observations.
Premièrement, on n'avait jamais fait un tel effort pour rechercher les preuves matérielles qui auraient appuyé l'idée d'un usage industriel du gaz pour un homicide de masse. Pressac a fait ce que les Badinter, Jouanneau et consorts auraient dû faire avant de se lancer dans la cascade de procès contre le professeur Faurisson. On ne compte plus ses voyages à Auschwitz où il a trouvé l'entière complaisance des autorités du musée sur place. Or il est symptomatique qu'il n'ait rien trouvé d'autres que des éléments de suspicion. Aucune preuve franche, nette, massive, qui aurait résidé quelque part dans des archives. On voit d'ailleurs encore une fois que l'idée que les documents auraient disparu est ridicule. Aux éléments de suspicion apportés par Pressac, dans l'ordre matériel, menuiserie, serrurerie, ventilation, etc. peuvent correspondre des explications de toutes sortes car aucun fait ne s'impose de lui-même comme démontrant clairement l'intention d'agencer des locaux pour des fins purement homicidaires.
A vrai dire, et pour se cantonner aux questions d'ordre matériel, Pressac apporte un document qui ravage entièrement sa tentative de démonstration. C'est celui qui permet de calculer la quantité de charbon livrée à Auschwitz pour le fonctionnement des fours crématoires. Si on la rapporte au nombre de victimes supposées, tel qu'il est élaboré par Pressac, d'une manière que je trouve fantaisiste, et qui dépasse le million de personnes, on aurait utilisé pour procéder à la crémation quelque chose comme 2,5 kg de charbon par personne. Or dans le monde qui n'est pas celui du fantasme, dans le monde réel des années trente-quarante, les fours crématoires, qui existaient dans toutes les grandes villes, utilisaient de 30 à 50 kg de charbon pour procéder aux crémations. Il y a évidemment de grandes variations selon la corpulence des défunts. On objectera l'état cadavérique des déportés qui aurait nécessité de moins grandes quantités de combustible au moment de les incinérer. Mais ce que nous disent les tenants de l'orthodoxie, c'est que les gens étaient gazés à l'arrivée, à un moment où ils étaient donc encore en relativement bonne santé, longtemps avant les derniers mois de guerre qui ont vu l'effondrement alimentaire et sanitaire des camps. La seule conclusion que l'on puisse donc tirer des chiffres fournis par Pressac, c'est qu'il faut diviser par dix le nombre de victimes qu'il propose. Est-ce qu'un nombre situé entre 100 et 150.000 victimes, réparties sur trois à quatre ans, aurait comme seule explication possible le recours à un moyen de mort industriel? Encore une fois, tout cela est horrible et tous ces morts ont été tués par une politique radicalement inhumaine. Mais Pressac, qui s'est donné beaucoup de mal pour se hisser sur la branche d'où il nous écrit, vient de lui donner un grand coup de scie.
Seconde observation. Pressac, dont on connaît le cheminement tortueux et les incessants revirements, explique très bien qu'au milieu de ses doutes et de ses hésitations, il a rencontré un homme, un ancien déporté, qui lui a parlé et qui l'a convaincu. Pressac a été converti, il a reçu la foi, par la grâce d'une personne et d'une seule. Phénomène admirable, tableau touchant: le petit pharmacien de banlieue, de tradition antisémite, touché par la souffrance intime de l'ancien déporté juif, hanté par l'irrépressible cauchemar de ses années de camp. Il y a là une vérité humaine profonde que nous tous, qui avons travaillé sur ces sombres sujets, avons vécu et comprenons très bien. Je suis heureux pour Pressac, qui traitait ces sujets comme de vulgaire problèmes de laboratoire, qu'il ait accédé à l'humanité qui a produit ces horreurs. Mais comme la pharmacie et l'histoire sont deux mondes qui diffèrent sensiblement, il s'est trouvé désarmé par sa propre conversion. Il a sans doute cru que c'était à prendre ou à laisser, qu'il fallait accepter la totalité des propos de son interlocuteur, qu'il avoue n'avoir pas soumis à la critique, ou ne rien en prendre. La démarche de l'historien, du sociologue, est autre et peut se résumer en cet autre adage: il faut en prendre et en laisser. Et les critères de ce choix sont très complexes. Ils sont le produit d'une expérience dont notre potard est, la bise étant venue, fort dépourvu.
Troisième observation. J'ai rencontré une fois Jean-Claude Pressac, en 1979. Nous avons accompagné le professeur Faurisson qui rendait visite au patron d'une petite entreprise qui construit des fours crématoires. Il s'agissait de comprendre certains problèmes techniques. Pressac me montra sa voiture, une petite Volkswagen dont la plaque minéralogique se terminait par "SS 91". "Je la garde parce que j'ai eu du mal à l'obtenir", disait-il en riant. Pour lui, c'était une sorte de jeu. S'il existait une catégorie politique de "pseudo-nazis", il s'y serait rangé parfaitement. Et de ce point de vue, il n'a pas tellement changé. Son livre se termine par un éloge inattendu de Léon Degrelle, le chef du mouvement rexiste belge des années trente, réfugié depuis 1945 en Espagne. C'est le dernier leader fasciste survivant[(mort depuis, Note de 1995]. Mais plus que comme chef politique, il restera, sans doute, comme écrivain. Sa Campagne de Russie est un très grand livre par sa qualité littéraire. Quoi qu'il en soit, il est extrêmement drôle de voir publier par le consortium Klarsfeld, l'éloge confus d'un ancien haut officier de la SS, ami personnel et non repenti de Hitler, peu porté au philosémitisme, et révisionniste avéré (p. 530). Les Klarsfeld, agitateurs politiques professionnels et historiens d'occasion, devaient publier Pressac à n'importe quel prix puisque pour répondre au révisionnisme, il fallait, en définitive, trouver quelqu'un qui avait commencé par s'inspirer de leur approche matérielle et technique. D'un autre côté, ils tentent par les moyens les plus bas de ruiner aux Etats-Unis la carrière d'ingénieur de Fred Leuchter mais, malheureusement pour eux, le fantasque pharmacien ne tient pas la route.
Les Rapports Leuchter se trouvent traduits en français dans:
"Rapport technique sur les présumées chambres à gaz d'Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek", Annales d'histoire révisionniste, n° 5, 1988, p. 51-102.
"Le Second Rapport Leuchter (Dachau, Mauthausen, Hartheim)", préface et bibliographie de Robert Faurisson, Revue d'histoire révisionniste, n° 1, 1990, p. 51-114.
D'autres expertises ont suivi:
"La Contre-expertise de Cracovie", Revue d'histoire révisionniste, n° 4, 1991, p. 101-104
Pierre Marais, "La Contre-expertise de Cracovie", Revue d'histoire révisionniste, n° 5, 1991, p. 143-150.
Célestin Loos, "Le Rapport Rudolf (1992)", Revue d'histoire révisionniste, n° 6, 1992, p. 9-21.
Walter Lueftl (ingénieur autrichien) , "The Lueftl Report", Journal of Historical Review, 12, 4, 1992-93, p. 391-420.
Les analyses critiques du travail de J.-C. Pressac se trouvent dans:
Robert Faurisson, "Bricolage et "gazouillage" à Auschwitz et à Birkenau selon J.C. Pressac (1989)", Revue d'histoire révisionniste, n° 3, 1990-91, p. 65-154.
Mark Weber, compte-rendu dans The Journal of Historical Review, 10, 2, été 1990, p. 231-237.
Carlo Mattogno, "Jean-Claude Pressac and the War Refugee Board Report", The Journal of Historical Review, 10, 4, 1990-91, p. 461-486.
Pressac a critiqué Leuchter dans une brochure publiée à New York par l'entreprise Klarsfeld, Truth Prevails , 135 p., qui se présente, avec une emphase qui touche au grotesque, comme "la fin du Rapport Leuchter", édité par Shelly Shapiro, 1990. Voir Paul Grubach, "The Leuchter Report Vindicated: A Response to J.-C Pressac's Critique", The Journal of Historical Review, 12, 4, 1992-93, p. 445-473. Dans le même numéro, Mark Weber rend compte de ce nouvel avatar des Klarsfeld Follies [(1)]
LES DOGMES NE VIVENT PAS TOUJOURS
Le travail de Pressac, s'il était fait proprement et correctement rédigé, c'est-à-dire dégagé de sa confusion personnelle et des contorsions arbitraires auxquelles il se livre pour sauver des témoignages aberrants, présenterait, à la suite de la foule des détails qui ont arrêté son attention, une synthèse rationelle de ses conclusions: elle ferait apparaître qu'il convient dans tous les cas de réviser l'histoire des gazages homicides puisqu'il présente sa version des faits comme entièrement nouvelle, basée pour la première fois sur des documents jusque là inconnus ou négligés, qui rendrait caduques les autres versions, en particulier celle que Me Jouanneau a développé devant le tribunal en 1981, dont Pressac montre, tout en la portant aux nues, qu'elle était bourrées d'inévitables erreurs. Par exemple, il détruit complètement l'idée qu'il y aurait eu un "codage" des documents nazis. Mais les diverses "traces criminelles" que notre romantique pharmacien accumule sont très loin de former un système de preuves, tel qu'on pourrait en attendre pour la solution d'une question purement matérielle et technique. Car il ne s'agit pas de psychologie et d'histoire des mentalités, mais d'un fait matériel dont l'interprétation est une autre question. Flaubert serait ravi: M. Homais s'est transformé en Bouvard et Pécuchet.
Je voudrais reprendre ici ce que j'écrivais à la fin du grand procès de 1981: "Je ne discuterai plus des .i.chambres à gaz parce que, finalement, la discussion n'est pas plus intéressante que celle de savoir si les Allemands connaissaient et utilisaient, à cette époque et en ces lieux, la mitraillette ou la grenade. Ce sous-paragraphe de l'histoire des techniques meurtrières s'est gonflé pour des raisons purement idéologiques, qu'il fallait seulement montrer du doigt". En réalité, dans toute cette histoire, le plus intéressant n'aura pas été le fond historique de l'affaire, mais la résistance furieusement opposée à l'idée même qu'une retouche quelconque puisse être apportée à ce qui est devenu un dogme essentiellement politique. Rappelons qu'en dépit des "études holocaustiques", très à la mode aux Etats-Unis, il reste à la recherche beaucoup de lacunes à combler, et des tonnes d'archives à dépouiller, pour que nous ayons une vue complète et synthétique de la déportation et de l'activité des camps de concentration.
Il suffit de se retourner sur la passé pour voir que les dogmes politiques ne vivent jamais que quelques générations, que leur agonie, pour longue et violente qu'elle puisse être parfois, n'en est pas moins inéluctable car les temps changent et de nouveaux dogmes remplacent les anciens. Quand ils se sont effondrés, il revient aux historiens et aux esprits éclairés de ramasser les morceaux et de se demander quel sens pouvait bien avoir les actions des hommes du passé et les raisons, désormais évanouies, pour lesquelles ils se sont acharnés à se détruire mutuellement. Sur la cause profonde, l'actualité suffit à nous renseigner: c'est la soif de pouvoir de quelques uns qui pervertit le corps social. Mais les discours derrière lesquels elle se cache changent continuellement.
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adoptée par l'Assemblée générale de
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