AAARGH
James Vincent Forrestal, (1892-1949). A l'origine, c'est un banquier, qui devient conseiller de Roosevelt en 1940 puis ministre-adjoint (1940) et ministre de la Marine (mai 1944); il devient ministre de la Défense en 1947. Grand artisan de la guerre froide, il démissionne en mars 1949; interné pour une « dépression », il se suicide en mai de la même année. Après sa mort, son journal a été retrouvé et édité avec des coupures et des compléments pris dans ses archives : The Forrestal Diaries, 1944-1949, edited by Walter Millis. L'ouvrage a été traduit en français et publié sous le titre Le Journal de Forrestal, Paris, Amiot-Dumont, 1952, avec une préface de Raymond Cartier, directeur de Paris-Match, hebdomadaire d'actualité sensationnaliste à très large public.
Nous vous donnons un extrait de l'introduction de Cartier suivi de passages du Journal fort éclairant sur les responsabilités dans la seconde guerre mondiale. Cet ouvrage, que Rassinier a utilisé à plusieurs reprises dans Les responsables de la seconde guerre mondiale, est une source capitale pour comprendre la constitution du mythe de l'extermination des juifs, parce qu'il fait des juifs non des victimes passives mais de puissants chefs de réseaux de pouvoir, aptes à agresser et riposter. Il est intéressant de noter l'attitude très réservée de Cartier, pour qui les accusations d'antisémitisme sur le fondement d'attitudes antisionistes sont visiblement des armes, parfois mortelles, de guerre. L'extrait du Journal lui-même (page 38 à 40) est éloquent et nous ne le commenterons pas: il expose comment Roosevelt a adopté, à la suite de manoeuvres de Morgenthau et contre l'avis d'une partie de son cabinet , et non la moindre, le « le Plan Morgenthau pour la pastoralisation de l'Allemagne », c'est-à-dire sa réduction à l'état de famine. Le plan Morgenthau a finalement été abandonné (avant la mort de Roosevelt). Le même plan existait pour le Japon: nous reproduisons les passages qui le concerne. Puis le passage, cité par Rassinier dans Les responsables de la seconde guerre mondiale, (ch. 7 et 8) où Chamberlain attribue aux juifs du monde entier et à Roosevelt la responsabilité de la guerre.
Nous avons aussi le plan Morgenthau dans son intégralité et un article du Journal of Historical Review 9 (1989), qui étudie l'affaire.
[14]
[...]
[...]
Note de l'AAARGH:
en italique figurent les commentaires et explications des éditeurs.
Le texte lui-même est précédé de la
date.
[38]
[...]
Les premiers paragraphes du Journal complètent le tableau de préoccupations et des responsabilités du secrétaire à la Marine au derniers mois de la présidence de Franklin Roosevelt.
25 août 1944. - Conseil de cabinet.
Le secrétaire au Trésor [Henry Morgenthau, junior] est arrivé avec le Président; ils avaient déjeuné ensemble. Le Président a dit avoir parlé avec le secrétaire au Trésor du contrôle de l'Allemagne [39] après la fin de la guerre, ajoutant que l'on venait de lui parler d'un mémorandum préparé par l'armée et qu'il estimait tout à fait insuffisante la sévérité des méthodes que ce mémorandum préconisait. Il a déclaré que les Allemands ne devraient avoir que juste de quoi ne pas mourir de faim - selon ses propres termes, des soupes populaires seraient largement suffisantes pour entretenir la vie - que pour tout le reste, il faudrait les « nettoyer » et faire en sorte que leur niveau de vie ne dépassât pas le niveau le plus bas parmi les peuples qu'ils avaient conquis.
Le secrétaire à la Guerre [Henry L. Stimson] a élevé des objections, mais le Président a persisté dans son attitude et a déclaré finalement qu'il allait mettre sur pied un comité réunissant le Département d'Etat 1, la Guerre et le Trésor, qui étudierait le problème du traitement à réserver à l'Allemagne, dans l'esprit des directives qu'il venait de donner et que ce comité consulterait la Marine chaque fois que l'on aborderait des questions de son ressort.
Suit une parenthèse ajoutée
à cette même page deux ans plus tard:
(La note en question avait été préparée par le Département de la Guerre et envoyée à Eisenhower pour qu'il en prît connaissance et formulât ses observations. Il paraît qu'un certain colonel Bernstein s'en procura un exemplaire et sans passer par la filière militaire, la montra à M. Morgenthau qui provoqua les conséquences indiquées ci-dessus. Ce fut l'origine de ce que l'on a appelé « le Plan Morgenthau pour la pastoralisation de l'Allemagne ».) le secrétaire à la Guerre a souligné entre autres choses que l'Allemagne est une nation fortement industrialisée, qu'il serait pratiquement impossible de renvoyer à la terre des fractions importantes de sa population qui dépendent, pour leur subsistance, de l'économie industrielle. Il a également souligné que les produits de l'industrie et des autres activités allemandes sont nécessaires à la reconstruction de l'Europe, en particulier le fer et l'acier de la Ruhr.)
Le Journal contient encore une allusion
à cette affaire. En mai 1947, Forrestal déjeune
avec Robert P. Patterson, sous-secrétaire à la Guerre
et James F. Byrnes, directeur de la mobilisation de Guerre. Parmi
les points saillants de cette réunion, il note le suivant:
Le plan Morgenthau pour une Allemagne agricole a été élaboré par Morgenthau et soumis au cabinet à une réunion qui a eu lieu au cours de l'été de 1944, après le retour de Morgenthau d'un voyage en Europe [40]
Byrnes a rappelé que c'est après avoir déjeuné avec Morgenthau que le Président a proposé à cette réunion son programme pour l'Allemagne. Ce fut un sérieux choc pour Hull, [secrétaire d'Etat] et pour Stimson quand le Président plaça Morgenthau à la tête d'un comité chargé des affaires allemandes. A ce même déjeuner, le Président avait lu un certain nombre d'extraits pris dans les directives proposées par l'armée, soulignant sa désapprobation et son mépris pour une politique « molle » envers l'Allemagne. Byrnes a rappelé encore que Hull n'était pas allé à la conférence de Québec qui suivit, mais que Morgenthau, y était allé et avait profité de la réunion pour faire contresigner par Roosevelt et par Churchill ses plans à l'égard de l'Allemagne. Byrnes a dit que Hull s'était mis si fort en colère quand ce message lui était parvenu, qu'il avait exprimé le désir de démissionner.
18 septembre 1944.
Le secrétaire adjoint à la Guerre, M. John McCloy, m'a dit ce soir que le secrétaire au Trésor, M. Morgenthau, a rédigé un projet des plus sévères pour régler le sort de l'Allemagne après son effondrement. Il a dit que le secrétaire à la Guerre s'oppose violemment à ce plan, mais que le Président a décidé de soutenir Morgenthau. Dans ses lignes générales, ce plan vise, selon M. MacCloy, à détruire consciemment l'économie allemande et à favoriser un état de misère et de désordre. M. McCloy a ajouté que le rôle de l'armée sera difficile à remplir, car par formation et par instinct elle tend naturellement à refaire de l'ordre aussitôt que, cela redevient possible, alors qu'un tel plan lui confie une mission exactement opposée.
Le 27 décembre, Forrestal eut le temps d'insérer une note sur un grand problème historique appartenant au passé.
27 décembre 1945.
Joué au golf aujourd'hui avec Joe Kennedy [Joseph P. Kennedy avait été l'ambassadeur de Roosevelt en Grande-Bretagne au cours des années qui précédèrent immédiatement la guerre]. Je lui ai parlé de ses conversations avec Roosevelt et Chamberlain à partir de 1938 [114] m'a dit qu'en 1938 Chamberlain estimait que l'Angleterre n'avait rien pour se battre et qu'elle ne pouvait pas courir le risque d'une guerre avec Hitler. Opinion de Kennedy : Hitler se serait battu contre la Russie et la Grande-Bretagne n'aurait pas été entraînée dans le conflit s'il n'y avait eu Bullitt [William BuIlitt, alors ambassadeur en France] qui, tout au Iong de l'été de 1939, avait insisté auprès de Roosevelt pour que les Allemands soient stoppés net dans l'affaire polonaise; ni la France, ni la Grande-Bretagne n'auraient décIaré la guerre pour la Pologne sans les perpétuels coups d'épingle de Washington. Bullitt répétait à Roosevelt que les Allemands ne se battraiet pas, Kennedy qu'ils se battraient et qu'ils envahiraient l'Europe. Chamberlain aurait dit que c'était l'Amérique et les Juifs du monde entier qui avaient poussé l'Angleterre de force dans la guerre. Au cours de la conversation téléphonique que Kennedy avait eue avec Roosevelt dans l'été de 1939, le Président n'avait cessé de lui dire qu'il fallait pousser le fer dans les reins de Chamberlain. Kennedy répondait invariablement que cela ne pouvait servir à rien si les Anglais n'avaient pas de fer pour combattre l'ennemi, ce qui était curieusement le cas...
Ce que Kennedy m'a dit au cours de cette conversation concorde dans une large mesure avec les rernarques que Clarence Dillon m'avait déjà faites, et qui se résumaient à ceci - Roosevelt lui avait demandé de se mettre secrètement en rapport avec les Britanniques afin d'obtenir que Chamberlain fasse preuve de plus de fermeté avec les Allemands. Dillon me dit qu'à la demande de Roosevelt, il avait parlé à lord Lothian dans ce sens, et que sa démarche avait dû être à peu près parallèle à celle que Roosevelt avait pressé Kennedy de faire auprès de Chamberlain. Il est probable que Lothian devait communiquer.à Chamberlain l'essentiel de sa conversation avec Dillon.
Si l'on se reporte en arrière, il
est évident que la conviction de Kennedy, qui était
persuadé que I'attaque de Hitler aurait pu être détournée
vers la Russie, n'était pas sans fondement, mais je crois
qu'il n'avait pas tenu compte de ce qui se serait passé
après la victoire de Hitler sur la Russie. Se serait-il
arrêté là ? Rien dans son attitude ne permet
de le supposer; il est bien plus vraisemblable qu'ayant écarté
la menace qui pesait sur ses frontières orientales, il
aurait profité des possibilités qui s'offraient
à lui pour instaurer I'organisation d'une Europe unifiée
sous la dominatin allemande, comme il le fit après avoir
vaincu la France. Kennedy a déclaré que la demande
russe d'incorporation de la Lettonie, de l'Estonie et de la Lithuanie
au territoire de l'U.R.S.S. était l'obstacle sur lequel
les pourparlers entre l'Angleterre et la Russie étaient
venus buterer au printemps de' 1939. Toutefois, la difficulté
fondamentale pour l'Angl-terre, était la suivante: si elle
soutenait l'Allemagne... elle se trouverait alors en, face d'une
Allemagne agrandie, d'une France affaiblie et elle-méme
serait relativement sans défense, tandis qu'une alliance
avec la Russie [115] et la destruction de l'Allemagne lui poseraient
précisément le problème qu'elle était
maintenant obligée de résoudre, à savoir
un vide en Europe centrale dans lequel allait se déverser
l'influence russe.
[fin du chapitre]
1.
Appellation du Ministère des Affaires Etrangères
des Etats-Unis.
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Déclaration internationale des droits de l'homme,
adoptée par l'Assemblée générale de
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