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Le Monde, 13 février 1998, p. 4.

Une taupe révisionniste » à Berlin

L'AFFAIRE a fait les grands titres, jeudi 12 février, de la presse berlinoise. Le Centre franco-allemand de recherches en sciences sociales Marc-Bloch -- vitrine prestigieuse de la recherche universitaire française dans la capitale allemande -- s'est vu affecter en janvier par le CNRS un nouveau chercheur, Gabor Rittersporn, qui a participé à la publication de l'ouvrage de référence du mouvement négationniste français Vérité historique ou vérité politique ? Le dossier de l'affaire Faurisson, la question des chambres à gaz, paru en mars 1980, sous la direction de Serge Thion, aux éditions La Vieille Taupe. Sous la plume du journaliste Maxime Leo, le Berliner Zeitung, qui rend publique cette affaire, affirme qu'interrogé par le quotidien, l'intéressé a maintenu que "l'existence des chambres à gaz n'a pu être prouvée jusqu'à aujourd'hui".

Dans l'autre quotidien berlinois Tagespiegel, Rittersporn affirme, jeudi, n'avoir jamais nié les chambres à gaz, et avoir déclaré que "cela ne changerait rien à notre jugement sur le national-socialisme si les chambres à gaz n'avaient pas existé". Il souligne qu'il n'a pas participé lui-même à la rédaction de l'ouvrage de Serge Thion, mais qu'il faisait seulement partie du comité d'édition, aux côtés d'autres membres de La Vieille Taupe, comme Jean-Gabriel Cohn-Bendit. "Je pensais alors naivement, dit-il, qu'au nom de la liberté de la recherche, des thèses absurdes comme celles de Robert Faurisson, que je condamne, doivent être discutées ».

Selon le Cercle Marc-Bloch de Lyon, association de lutte contre le négationnisme, le Centre de Berlin avait été alerté dès le mois de novembre des amitiés de M. Rittersporn. Dans un communiqué, le directeur de l'institution berlinoise, l'historien Etienne François, indique, jeudi, que le passé du chercheur, spécialiste de l'ex-URSS, avait été discuté avec les responsables du CNRS avant sa nomination. Il était connu, indique M. François, que l'intéressé, "il y a plus de vingt ans, avait fréquenté des cercles d'ultra-gauche favorables aux thèses révisionnistes et négationnistes" mais celui-ci, précise-t-il, "avait pris ses distances par rapport à ces activités et en avait fait état aussi bien devant des collègues français que lors de sa nomination au centre Marc-Bloch".

Jusqu'à ses propos dans le Tagespiegel, M. Rittersporn, qui est né lui-même en 1948 à Budapest, d'une famille en partie juive, n'avait pas jugé utile de confirmer publiquement cette prise de distance. Devant l'émotion suscitée par la révélation de sa présence à Berlin, le Centre Marc-Bloch, qui a organisé lui-même plusieurs conférences sur le national-socialisme et la Shoah, rappelle qu'"il va de soi que nous ne pouvons en aucun cas accepter de travailler avec un chercheur qui défendrait ouvertement ou subrepticement des thèses négationnistes". Des discussions étaient en cours jeudi avec les autorités de tutelle du centre -- le CNRS et le ministère des affaires étrangères -- pour envisager le rappatriement (sic) du chercheur. Celui-ci conservera en tout état de cause un poste au CNRS, qui ne dispose pas d'organisme de contrôle permettant de démettre un de ses chercheurs statutaires en cas de manquement éthique. Si M. Rittersporn est aujourd'hui rattrapé par son histoire, il est de notorité (sic) publique que le CNRS continue d'abriter d'autres chercheurs négationnistes notoires, dont Serge Thion en personne.


Henri de Bresson

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Libération, 12 février 1998, p. 11.

 

Un historien négationniste embarrassant

Gabor Rittersporn, affecté dans un institut franco-allemand de Berlin, met en doute l'existence des chambres à gaz.

B o n n de notre correspondante

Pour un institut franco-allemand de recherches en sciences sociales qui se veut un modèle d'"ouverture européenne", l'affaire est désastreuse. Le centre Marc-Bloch nommé en hommage à un résistant abattu en 1944 par la Gestapo, compte parmi se membres un historien français négationniste, révèle le quotidien Berliner Zeitung, dans son édition de ce mercredi.

Affecté depuis le 1er janvier dernier au centre Marc-Bloch de Berlin, Gabor Rittersporn a participé en 1980 au livre de Serge Thion, intitulé Vérité historique ou vérité politique, dans lequel il est prétendu que "les chambres à gaz d'Hitler n'ont jamais existé". Lors d'un entretien avec le Berliner Zeitung, Gabor Rittersporn a réitéré le mensonge négationniste: "L'existence des chambres à gaz n'est pas prouvée jusqu'à présent," a-t-il affirmé. Il y a deux mois encore, dans une revue autrichienne d'extrême droite, Robert Faurisson, le pape du révisionnisme, citait son ami» Rittersporn comme preuve qu'il n'est pas antisémite. Gabor Rittersporn est lui-même d'origine juive. Une grande partie de sa famille a disparu dans les camps nazis.

Saisie de l'affaire, l'ambassade de France en Allemagne a réagi promptement: le centre Marc-Bloch relève en effet des ministères français des Affaires étrangères et de l'Education nationale. "S'il confirme ses propos, il n'est pas question que ce chercheur fasse partie du centre Marc Bloch" a fait savoir l'ambassade. Dans un communiqué qui doit être publié ce jeudi, le centre Marc-Bloch s'exécute, demandant qu'il soit mis fin» à l'affectation de Gabor Rittersporn à Berlin.

Rittersporn avait présenté un projet de recherche intéressant, muni de sérieuses cautions scientifiques», rappelle le directeur du centre Marc-Bloch, l'historien Etienne François, pour tenter d'expliquer comment il a pu accueillir une personnalité aussi douteuse au sein de son équipe. Rittersporn avait été nommé à Berlin pour étudier l'histoire de l'Union soviétique, ."pas pour travailler sur le négationnisme", précise le directeur du centre. Nous savions qu'il avait eu des fréquentations peu recommandables, explique encore Etienne François. Mais il nous avait assuré que c'était du passé.» Déclaré non grata à Berlin, Gabor Rittersporn ne se retrouve pas à la rue pour autant: il demeure chercheur titulaire du CNRS.

L. M. [Lorraine Millot]

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[ Reuters New Media]

vendredi 13 février 1998, 16h45 heure de Paris


Un chercheur français accusé de révisionnisme


PARIS, 13 février, Reuters - Le ministère français des Affaires étrangères a
annoncé vendredi qu'il avait demandé au Centre national de la recherche
scientifique de rappeler un chercheur qui aurait fait des déclarations
révisionnistes à un journal allemand.

Le Quai d'Orsay précise que ce chercheur, Gabor Rittersporn, a nié avoir
tenu de tels propos et que son rappel a été demandé "afin de rétablir un
climat de sérénité" dans l'attente des conclusions de l'enquête qui a été
ouverte.

Le chercheur incriminé a été cité par le "Berliner Zeitung" comme ayant
affirmé que l'existence des chambres à gaz "n'avait pu être prouvée jusqu'à
maintenant".

Chercheur au CNRS depuis 1981, il était accueilli depuis le 1er janvier 1998
au centre franco-allemand de recherches en sciences sociales de Berlin pour
poursuivre un projet individuel de recherche sur l'ex-URSS.

REUTERS
[email protected]

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Certains hebdomadaires ont mis leur grain de sel:

Le Canard enchaîné, 25 février 1998

Une nouvelle recette : Canard sauce Francfort

La "Frankfurter Allgemeine Zeitung" a une drôle de façon d'utiliser les articles du "Canard". Ou plutôt les non-articles. En un combat douteux pour défendre Gabor Rittersporn, un chercheur français accusé de négationnisme, l'honorable confrère allemand utilise un argument qui vaut son pesant de saucisses (14/2) : "Le Canard enchaîné, feuille de révélations vraiment professionnelle, à qui le "cas" Rittersporn a été proposé, a refusé d'en faire état", lit-on au bas d'un article au titre inquiétant: "Colonne de nettoyage" (Putzkolonne). Autrement dit, ne pas avoir son nom imprimé dans Le Canard équivaut à un brevet international de civisme Comme nous n'imprimons que huit pages par semaine, on en déduit qu'il reste énormément de gens honnêtes sur la planète.

Est-ce le cas de ce Gabor Rittersporn? Nommé l'an dernier à l'Institut franco-allemand Marc-Bloch de Berlin, ce chercheur traîne une casserole. En 1980, il a soutenu Faurisson, au nom de la liberté d'expression quand ce dernier commençait à nier l'existence des chambres à gaz. Un moment d'égarement, une erreur de jeunesse, expliquait Rittersporn quand on l'interrogeait sur cette lamentable prise de position. Quant au directeur de l'Institut Marc-Bloch, l'historien Étienne François, il se portait garant de l'honnêteté intellectuelle de sa recrue. Patatras! Le 11 février, dans une interview donnée à la Berliner Zeitung et réalisée par Maxim Leo -- le même journaliste qui recueillit naguère les divagations de Catherine Mégret sur l'inégalité des races --, Rittersporn craquait et affirmait sans désemparer que "l'existence des chambres à gaz n'a pas été prouvée jusqu'à présent". Tollé en Allemagne, jusque dans les colonnes de la "Frankfurter Allgemeine", qui tente de défendre l'historien français par tous les moyens, y compris en invoquant le non-dit canardesque.

Depuis l'interview de la Berliner, Rittersporn a fait marche arrière et affirme, pour la première fois publiquement qu'il condamne les thèses négationnistes. Attendons sa prochaine prise de position D'ores et déjà, les autorités françaises préparent son retour en France, loin de l'Institut Marc-Bloch, dont la direction a aujourd'hui bonne mine.

Quant aux lecteurs avertis de la "Frankfurter", ils remarqueront que "Le Canard" de cette semaine ne parle ni d'Hitler ni d'Attila. Qu'ils se rassurent: nous n'en pensons pas forcément le plus grand bien.

F. P.
On remarque donc une confirmation que nos suppositions: un dossier a été fabriqué vers novembre 1997 et il a été proposé à différents journaux. Il semble qu'ils l'aient tous refusé. Belle claque dans la gueule aux Videlier et autres goliasseux. Ils ont dû se rabatre sur un provocateur allemand, dans un journal ex-communiste qui ne semble pas regardant.

Autre son de cloche:

 

Rivarol, No 2374, 20 février 1998, p. 12

Le scandaleux de Berlin

A propos de révisionnisme, avez-vous entendu parler du scandaleux de Berlin? En nommant au Centre Marc-Bloch, qui se veut le fin du fin en matière de Kollaboration franco-allemande dans les sciences sociales, l'historien Gabor Rittersporn, juif et chercheur titulaire au CNRS, Paris pensait avoir fait le bon choix. Or voilà-t-il pas qu'après avoir copiné dans les années 80 avec l'équipe de la Vieille Taupe et collaboré au livre de Serge Thion Vérité politique et vérité historique (sur ce que son coreligionnaire américain George Butz a appelé The Hoax of the XXth Century) Rittersporn persiste et signe dans le négationnisme? Pour lui, "l'existence des chambres à gaz n'est pas prouvée" et il ne voit aucun inconvénient à ce que le professeur Faurisson lui donne du "mon ami". Du coup, cette "personnalité douteuse" (cf. Libération) a été décrétée non grata à Berlin, et le Quai d'Orsay comme l'Education nationale sont très embêtés.

Nouvelle illustration du Hodie mihi, cras tibi. Car l'affaire a été divulguée et montée en épingle par la Berliner Zeitung. Le même quotidien, ex-communiste, qui avait piégé Catherine Mégret sur les inégalités entre les races. Propos anodins mais qui avaient permis au gouvernement Juppé, soutenu par tout l'Establishment politique, de traîner en justice le maire de Vitrolles -- qui risque d'être déclaré inéligible par les juges d'appel. S'étant fait les dents avec le succès qu'on sait contre un maire Front national, la Berliner Zeitung persévère donc dans la dénonciation, mais cette fois contre l'Etat français, accusé de réchauffer un serpent dans son sein. Car le journal berlinois continuant sa campagne, c'est la présence de Rittersporn au CNRS même qui est en cause.

Affaire à suivre.

(...)

Claude Lorne

Cras tibi ou ignorance crasse? A cette petite paraphrase des articles publiés dans Le Monde et Libération, l'auteur ajoute son grain de sel, une invention jamais vue: Butz, qui se prénomme Arthur et non George, est soudain promu juif par Rivarol. On se demande où ils vont chercher tout ça.

Dans Libération du 25 février, même démenti de GTR que dans Le Monde.


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