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Extrait de L'Autre Histoire, numéro 7, mars 1997, adresse : BP 3, 35124 Coësmes, Bretagne, article non signé, probablement de Trystan Mordrel. Droits réservés.

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SCENES DE CHASSE

À HONFLEUR

 

Le jeune et brillant historien révisionniste Vincent Reynouard vient d'être la victime d'une nouvelle chasse aux sorcières orchestrée par les Pieds Nickelés du rectorat de Caen.

 

EN ce mois de janvier Honfleur sous la neige semble être devenue pour quelques jours un petit port norvégien au fond d'un fjord glacé. Les voitures roulent au pas, les promeneurs mal assurés cherchent à éviter les glissades. La température glaciale oblige les personnes âgées à rester cloîtrées chez elles.

Aux abords de la ville, sur le plateau de Gonneville, la vague de froid n'a pas consigné les élèves du lycée professionnel de la Côte fleurie dans leurs classes. On remarque une activité inhabituelle. Des adolescents manifestent dans la cour. Ils arborent des banderoles aux textes écrits à la hâte "Rendez nous M. Reynouard" et "Touche pas à mon prof". Que se passe-t-il? Quel événement dramatique est-il venu troubler la vie paisible de cet établissement scolaire sans histoires ? Un seul coupable est désigné à la vindicte générale: Vincent Reynouard, enseignant en mathématiques.

 

Un proviseur zélé

Vincent Reynouaid sent le fagot. Dans les couloirs on murmure sur les idées pas convenables de ce jeune homme à l'apparence si sage. On se doute que l'administration l'a à l'oeil. Ses convocations répétées dans des affaires de délit d'opinion font désordre dans un établissement sérieux et si korrect.

Des ordres venus d'en haut encouragent très certainement les petits chefs du lycée à suivre chaque pas du jeune enseignant dans l'espoir de le coincer.

Les élèves semblent à leur aise avec lui. Des cas désespérés retrouvent le goût de la mathématique. Tous, dans l'ensemble, font des progrès. Les parents se réjouissent mais l'administration locale se lamente. Comment se gagner les bonnes grâces du rectorat?

Un beau jour, "on" découvre en fouillant l'ordinateur de l'établissement, le répertoire personnel de Vincent Reynouard. Beaucoup d'enseignants en possèdent un afin d'y classer leurs travaux.

Sans hésiter, s'armant de courage, une main anonyme cambriole la boîte aux lettres du professeur et découvre, oh! stupeur, des documents que dans sa sagacité, le proviseur Dominique Montagne ne tarde pas à analyser comme relevant du "révisionnisme".

Maîtrisant son dégoût et n'écoutant que son sens civique, le chef d'établissement transmet le 16 décembre 1996 ces éléments accusatoires au recteur d'Académie. Dès le 2 décembre le recteur ordonne à Guy Picot de se rendre à Honfleur pour une inspection de Vincent Reynouard avec, peut-être, l'espoir de surprendre in fraganti le jeune enseignant en pleine séance d'endoctrinement révisionniste.

Le vendredi 13, l'inspecteur arrive dans la classe de Reynouard et s'installe au fond de la classe, tous sens aux aguets, le stylo à la main pour consigner sans faiblir toute parole équivoque, croquer fidèlement tout schéma ambigu et consigner exactement toutes les statistiques non autorisées.

 

Une inspection qui fait chou blanc

En dépit de tous ses efforts, l'inspecteur ne relève rien de négatif dans le cours de Vincent Reynouard. La mort dans l'âme, le limier du rectorat rédige un rapport dans lequel il formule quelques observations banales sur le style de l'enseignant.

Ayant fait part aux hautes autorités du lycée professionnel de la Côte fleurie de sa déconvenue, l'inspecteur s'apprête à repartir la queue entre les jambes lorsque, à nouveau, une autre main anonyme remet à Guy Picot le texte de deux exercices de statistiques proposés par Vincent Reynouard l'année précédente.

Il faut louer le sens d'à propos de cette sagace main anonyme qui, un an à l'avance, avait mis de côté le texte de ces deux exercices dans le but de les remettre à l'inspection académique.

La lecture du premier exercice permet de se rendre compte de la dangerosité sociale de l'enseignant. Tout d'abord, il demande aux élèves de s'interroger sur les chiffres de décès à la suite d'une épidémie de variole en Allemagne en 1871. Ensuite, il les interroge sur les défunts lors d'une épidémie de poliomyélite à Blackburn en 1965.

L'autre exercice demandait aux élèves de construire un diagramme à partir des statistiques officielles de décès au camp de Dachau entre janvier 1941 et août 1945. Ensuite, il les questionnait sur les causes de l'augmentation des décès à partir d'octobre 1944. Puis, pour finir, leur proposait de commenter des photographies prises lors de l'arrivée des Américains dans le camp.

 

Le jus de crâne de Picot

Ragaillardi par ces trouvailles, l'inspecteur Picot gagne ses pénates et rédige le lundi 16 décembre un second rapport qui, dans son esprit, rachète largement l'échec de l'inspection. Voici quelques extraits parmi les plus savoureux:

"Les exercices [...] ont un but clair: celui d'installer l'idée qu'un message officiel falsifie la réalité. On peut toutefois s'interroger sur l'aspect caricatural dû au manque de références précises (dans quelle mesure les références indiquées sont-elles réelles?) et aux faibles effectifs concernés. L'exercice sur Dachau est beaucoup plus contestable. D'où sortaient ces nombres ? Quelle validité accorder aux éléments figurant sur ce document ? Le plus grave réside dans la chronologie! [Dans son charabia, l'inspecteur fait allusion à l'ordre de présentation des exercices]. Après avoir bien installé que le discours officiel falsifie la réalité [ici l'inspecteur se cite lui-même !], il s'agit de reproduire cette démarche sur un sujet dont on peut se demander quel est le rapport avec la réalité et le développement de l'esprit critique. [ Que veut dire l'inspecteur?l Cela semble particulièrement insidieux auprès d'adolescents qui n'ont peut-être pas les références culturelles pour appréhender la situation de cette époque. On peut craindre le type de conclusion résultant d'une telle démarche quant à la responsabilité des décès en camps de concentration voire en camps d'extermination !"

 

Vitesse et précipitation

Le jour même, alors que l'encre du rapport de l'inspecteur Picot n'est pas encore sèche, le proviseur avertit Vincent Reynouard qu'il est convoqué pour le 18 décembre à 9 h 15 par le recteur d'Académie. Le proviseur affirme à l'enseignant, la main sur le coeur, qu'il ignore tout de cette convocation.

Le jour dit, mais avec beaucoup de retard, le recteur finit par recevoir l'enseignant. Il l'informe de la teneur des rapports de l'inspecteur et de celui du proviseur sur le contenu "révisionniste" de sa boîte aux lettres.

Vincent Reynouard confirme l'utilisation à des fins personnelles de l'ordinateur du lycée et reconnaît avoir proposé ces exercices de statistiques à ses élèves.

Le recteur lui annonce son intention de prendre une mesure: "A partir d'aujourd'hui vous serez étroitement surveillé par votre proviseur et vous serez inspecté très régulièrement car je dois protéger les élèves".

 

Le mensonge du recteur

Contrairement aux déclarations du recteur, le jeudi 19 le proviseur informe l'enseignant: "Une mesure à été prise à votre égard. Vous êtes suspendu à partir de vendredi et une plainte a été déposée par le recteur auprès du procureur de la République de Caen". Le professeur avait eu le temps de prévenir ses élèves que pour lui "ça sent le roussi".

 

Les élèves se mobilisent

Durant les vacances, le téléphone fonctionne entre les élèves qui sont révoltés par la mesure qui à leur yeux frappe injustement un bon professeur.

Le 21 décembre, deux jeunes filles (nous ne citons pas leurs noms afin de leur éviter les représailles de l'administration) se présentent au domicile de Vincent Reynouard pour manifester leur appui à la jeune famille, offrir des chocolats aux enfants et lui demander: "Que peut-on faire pour vous réintégrer?" L'enseignant leur donne sa version des faits et les informe de son intention de se défendre.

Au cours des vacances, d'autres élèves viennent spontanément apporter des marques de soutien et de sympathie à la famille de l'enseignant sanctionné. Ils rapportent que des bruits de grève circulent au lycée.

 

Une rentrée mouvementée

Le lundi 6 janvier, la rentrée des classes au lycée de la Côte fleurie est perturbée par la grève des élèves de Vincent Reynouard. Un surveillant intervient vigoureusement. Il les menace des foudres de l'administration et les somme de se plier au "devoir de mémoire".

Un enseignant se mobilise pour tenter de convaincre les adolescents qu'ils ont été manipulés par un enseignant raciste et nazi. Stupeur parmi les élèves dont certains ne sont pourtant pas d'une blancheur d'albâtre et d'un blond vénitien.

N'écoutant que son sens moral, un enseignant de comptabilité se porte volontaire pour expliquer à ces jeunes gens, abusés par un enseignant ayant trahi leur confiance, ce que furent les camps de concentration. Il leur apprend notamment qu'on y brûlait les juifs.

 

Vincent Reynouard réagit

Devant les mensonges de l'administration, l'enseignant rédige un appel aux élèves du lycée.

"Je suis suspendu de mes fonctions depuis le 20 décembre 1996.

Lundi 6 janvier, au LEP, on a porté contre moi de nombreuses accusations On a prétendu notamment que j'étais raciste (que je détestais les noirs et les Arabes) et que face à mes élèves, j'avais dit que les camps de concentration n'avaient pas existé.

Ces accusations sont mensongères Il s'agit de calomnies honteuses.

Je jure que je n'ai jamais observé de comportement raciste envers quelque élève que ce soit;

je jure que, dans mes cours, je n'ai jamais prétendu que les camps de concentration n'avaient jamais existé Je n'ai jamais pris position en faveur des thèses dites "révisionnistes".

Pour mettre un terme à ces racontars scandaleux, je demande à être confronté à mes élèves en présence du proviseur.

Mes élèves pourront alors dire si, oui ou non, ils me considèrent comme un raciste et un individu qui, en classe, soutient ouvertement les thèses dites 'révisionnistes'-"

 

Une lettre ouverte au proviseur

Dans la foulée de ces événements, l'enseignant rend publique une lettre adressée à Dominique Montagne, proviseur du lycée.

"Suite à votre action menée en parallèle avec l'inspecteur Guy Picot, je suis actuellement suspendu de mes fonctions De plus, le recteur semble avoir porté plainte contre moi auprès du procureur de la République.

Que me reprochez-vous? Officiellement:

Hier, vous (et d'autres professeurs) avez parlé à mes élèves. Ceux que j'ai rencontrés le soir m'ont semblé très désorientés. Lorsque je leur ai demandé de me rapporter ce qui avait été dit sur moi, j'ai cru comprendre qu'on leur avait tenu des discours où j'étais présenté comme un néo-nazi et un raciste qui manipulait ses élèves et qui prétendait devant eux que les camps de concentration nazis n'avaient jamais existé, choses que j'aurais reconnues devant le recteur.

J'ignore si ces propos ont été réellement tenus devant eux, mais voilà ce que mes élèves ont compris et retenu, cela seul comptant pour moi.

J'en déduis que les accusations portées officiellement à mon encontre sont de simples prétextes et qu'en réalité, je suis sanctionné pour mes opinions politiquement incorrectes. Cette hypothèse est appuyée par un membre du personnel du LEP qui, hier soir, m'a confirmé que, face aux professeurs, vous aviez justifié ma suspension en déclarant que je remettais en cause certains points d'histoire.

J'assume toujours les conséquences de mes actes et je ne refuse pas d'être sanctionné (dans une juste mesure) si l'on me prouve que j'ai commis une faute. Aujourd'hui, ainsi, ma question est la suivante:

Quelle faute professionnelle me reproche-t-on qui mérite une suspension et une plainte devant le procureur de la République ?

On a parlé de racisme, de discours face aux élèves rejoignant ceux de Jean-Marie Le Pen, de propagande nazie et révisionniste.

Les rapports me concernant ont été rédigés le 16 décembre 1996. J'ai été convoqué le 18 chez le recteur et deux jours plus tard, j'ai appris qu'un arrêté de suspension me frappait Tout cela semble avoir été décidé bien à la hâte et sans instruction préalable. Cette sanction repose sur du vide -- car il m'est impossible d'imaginer que je puisse être suspendu pour un usage d'ordinateur à des fins personnelles et pour deux ''modules'' au sujet desquels je dois être entendu.

[...] Je demande à être confronté à eux en votre présence Vous serez juge en la circonstance".

 

Les élèves se mobilisent

Cette situation confuse déclenche le mardi 7 janvier un mouvement de solidarité parmi les élèves du lycée qui connaissent l'excellente réputation de l'enseignant suspendu.

Dans le hall de l'Etablissement, deux cents adolescents se rassemblent. L'injustice de la sanction les révolte. lls rédigent à la hâte des banderoles qui proclament en noir sur fond jaune: "Touche pas à mon prof", "Rendez-nous M. Reynouard". Le remplaçant de l'enseignant se trouve face à des classes vides.

A 11 h, le proviseur appelle Vincent Reynouard et lui annonce qu'il a devant son bureau des délégués des élèves et lui décrit la situation du lycée.

Le proviseur ajoute: "Je pense que ces manifestations vous portent tort. Qu'en pensez-vous ? Vous parlez devant vos élèves."

La réponse est cinglante: "Mes élèves sont responsables. Ils font ce qu'ils estiment être le meilleur pour moi. Même si cela venait à me porter tort, je ne leur reprocherai pas."

 

Les médias s'en mêlent

Les élèves ont pris contact avec la presse locale. Les journalistes de FR3 diffusent à l'antenne des images des élèves et de leurs banderoles. Ils s'entretiennent avec Mme Bouzéloc, parent d'élève qui confirme que Vincent Reynouard n'a jamais fait de propagande à ses élèves Les journalistes rapportent que des pétitions circulent avec les signatures des élèves du lycée pour témoigner de la conduite irréprochable de l'enseignant.

Le recteur déclare: &laqno; Puisque cette personne ne s'est pas amendée, il faudra en tirer toutes les conséquences ».

 

Le recteur s'acharne

Le mercredi 8 janvier [1997], Vincent Reynouard est convoqué une nouvelle fois par le recteur qui lui signifie un troisième motif d'accusation: "manipulation d'élèves" !

Vincent Reynourd lui pose alors la question de savoir si ses déclarations à la télévision faisaient référence à lui en tant que personne privée ou en tant que professeur?

La réponse du recteur brille par sa brièveté et sa concision: "Dehors! "

Joignant le geste à ces paroles augustes, le &laqno; secrétaire particulier » du recteur pousse brutalement l'enseignant vers la porte en ajoutant un commentaire à la mesure des propos de son maître: "Foutez le camp! "

La porte du bureau du recteur claque avec violence et fait trembler les murs de l'antichambre.

 

Le soutien des élèves s'effrite

Les menaces, les rumeurs diffusées par le proviseur et les "informations" distillées par l'administration à certains parents, contribuent à démobiliser progressivement les élèves au cours de la journée de mercredi.

Une des jeunes filles les plus combatives est africaine. Elle apporte son soutien sans faille à l'enseignant et certifie aux journalistes que tous les élèves se sont mobilisés spontanément sans y être le moins du monde encouragés par Vincent Reynouard.

 

L'incroyable menace du proviseur

Pour réagir, le proviseur écrit aux parents des élèves de l'enseignant qui reçoivent cette lettre le jeudi 9 janvier.

"Après instruction sérieuse du dossier, j'ai été amené à signaler le 24 novembre au recteur d'Académie les agissements de Vincent Reynouard, professeur de mathématiques qui faisait usage du matériel mis à la disposition des professeurs pour élaborer des documents révisionnistes et communiquer avec les adeptes des thèses révisionnistes. Je lui ai également fait part des soupçons qui pesaient sur ses activités pédagogiques.

Le recteur a désigné le 2 décembre 1996 un inspecteur pour enquêter sur les pratiques pédagogiques de ce professeur.

Après avoir pris connaissance du rapport de l'inspecteur en date du lundi 16 décembre, le recteur a convoqué l'enseignant. Celui-ci ayant reconnu les faits qui lui étaient reprochés lors de l'audience du 18 décembre, le recteur l'a suspendu le lendemain par mesure conservatoire.

Dans le même temps, le recteur a, d'une part, saisi le procureur de la République, et d'autre part, engagé à l'endroit de l'enseignant la procédure disciplinaire. Un remplaçant a été désigné qui a pris ses fonctions dès la rentrée. J'ai accueilli personnellement les classes pour expliquer aux élèves la situation. Je l'aurais fait également avec ceux de seconde si les élèves, pensant que leur professeur, auquel ils sont attachés, était injustement sanctionné, n'avaient arrêté le travail hier mardi.

[...] Après une première réaction de solidarité, compréhensible, j'attire votre attention sur le fait que les élèves qui prendraient position pour leur professeur risquent d'être pris pour des sympathisants à des thèses révisionnistes. [...]"

L'impudence du proviseur s'étale sans limites . Il n'hésite pas à menacer d'un délit d'opinion des élèves pour les contraindre à cesser leur soutien à leur professeur. Que va-t-il arriver aux élèves pris pour des "sympathisants des thèses révisionnistes" ? Le proviseur va-t-il les dénoncer au procureur de la République ? Va-t-il les expulser du lycée et les désigner à la vindicte publique ?

Il faut vraiment que les révisionnistes fassent peur aux culs bénis de l'administration pour les pousser à perdre le sens de la mesure et des proportions.

 

Nouvelle maneuvre du proviseur

Pour démobiliser les élèves, le proviseur tente une manoeuvre machiavélique. Il convoque le jeudi soir les parents de la jeune fille la plus engagée dans le soutien à l'enseignant Que s'est-il passé dans le bureau? Nul ne le sait, mais à la sortie du collège, la jeune fille dit à ses camarades que le proviseur avait montré des "choses très graves" à ses parents et que ceux-ci lui avaient formellement interdit tout contact avec le professeur mis en cause et enjoint de cesser de faire campagne en sa faveur. En raison de son jeune âge, cette élève n'avait pas d'autre choix que d'obéir à ses parents.

L'administration a dû affoler les parents en leur dévoilant des "preuves" qui ont révolté des esprits simples peu au fait des méthodes de manipulation et les falsifications dont sont capables les tenants du système. Il est significatif que ces "choses très graves" ne soient pas versées au dossier.

De toute évidence il s'agit soit de faux grossiers, soit d'éléments tronqués, pris hors de leur contexte et ne concernant en rien les activités professionnelles de Vincent Reynouard.

 

La réaction des parents

La menace orwellienne du proviseur contre les enfants choque certains parents de gauche qui restent attachés à une certaine idée des droits de l'homme et du respect des personnes. Ils sont préoccupés par les menaces explicites du chef d'établissement car le proviseur peut effectivement nuire aux enfants qui manifesteraient trop bruyamment leur soutien au professeur. Soucieux de ne pas laisser sans réponse cette lettre intolérable, digne des méthodes du KGB, ils écrivent une mise au point qui est diffusée le vendredi 10 janvier :

"En tant que parents d'élèves, tout ce qui nous intéresse, c'est la qualité de l'enseignement que Vincent Reynouard a prodigué à nos enfants. Nous nous moquons éperdument de ce qu'il a pu faire par le passé, de ses opinions politiques ou autres et de l'utilisation qu'il a pu faire, à titre personnel, du matériel mis à la disposition des enseignants.

[...] Le proviseur a parlé de "soupçons" qui pesaient sur ses activités pédagogiques Cette formule est bien floue. Afin de pouvoir juger sur pièces, nous sommes allés trouver Vincent Reynouard et nous lui avons demandé si, comme on l'entend à la radio, il a effectivement donné à ses élèves des devoirs qui remettaient en cause l'étendue des crimes nazis.

L'enseignant nous a montré le devoir qui lui était reproché ainsi que le rapport de l'inspecteur qui le dénonçait Nos remarques sont les suivantes:

Nous constatons que sur plus d'un millier d'heures de cours et des dizaines de devoirs, le rectorat n'a pu en produire qu'un qu'il qualifie d'''indélicat''. C'est extrêmement peu. L'enseignant a accepté de nous ouvrir ses archives. Nous avons pu librement examiner les cours et les devoirs qu'il avait donnés à ses élèves. Nous n'avons rien trouvé de répréhensible. [...] Bref, après examen, nous restons persuadés que Vincent Reynouard a toujours exercé son métier avec la plus grande neutralité.

En ce qui concerne le devoir qu'on lui reproche, il s'agit d'un cours qui ne parle pas de l'holocauste. L'enseignant a pris pour situation de départ les chiffres officiels concernant la mortalité mensuelle au camp de concentration de Dachau. Après quatre questions purement mathématiques, il a invité ses élèves à réfléchir (ainsi qu'on le demande dans les textes officiels) sur les résultats. Il les invitait notamment à essayer de comprendre pourquoi, ainsi que les chiffres le montraient, la mortalité dans le camp avait soudainement augmenté à partir de 1944. Toujours en s'appuyant sur les chiffres, il les invitait à s'interroger sur les clichés qu'avaient pris les Américains lorsqu'ils libérèrent les camps (des photographies terribles qui montrent des centaines de cadavres).

On soupçonne Vincent Reynouard d'avoir voulu, par cet exercice amener ses élèves sinon à nier l'existence des crimes nazis, au moins à les minimiser C'est un procès d'intention Ce qu'on lui reproche relève du fantasme

[...] Le proviseur sait également que les élèves de Vincent Reynouard le soutiennent non parce qu'ils ont de la sympathie pour les thèses révisionnistes, mais parce qu'ils sont étonnés par le traitement brutal dont est victime leur professeur, celui-ci ne leur ayant jamais fait de propagande.

C'est pourquoi le proviseur, incapable de les retourner, a choisi d'intimider les parents par des menaces. Il prétend tout d'abord que ''les élèves qui prendraient position pour le professeur risquent d'être pris pour des sympathisants des thèses révisionnistes''. Mais réfléchissez, comment des élèves qui ont entre treize et vingt ans et, qui, comme l'inspecteur d'Académie l'a écrit, n'ont peut-être pas les références culturelles pour appréhender la situation de cette époque [1939-1945], comment ces élèves pourraient-ils soutenir les thèses révisionnistes? Le révisionnisme est une question extrêmement complexe qui nous dépasse et dépasse nos enfants. Votre prétendue mise en garde est un chantage manifeste

[...] Denis Montagne tente, pour casser la révolte des élèves, d'apeurer les parents au moyen d'un chantage afin qu'ils donnent l'ordre à leurs enfants de cesser le mouvement. [...] Quand on a recours à une mauvaise action, c'est que l'on veut cacher et mener à terme une mauvaise action.

Nous en appelons aux autres parents d'élèves Ceux qui changeraient leur position suite au chantage deviendraient, consciemment ou non, les complices d'une infamie. Ils lâcheraient un professeur qui, chose rare, a réussi à se faire aimer de ses élèves et, plus important, qui leur donne le goût de l'étude."

 

"Une affaire délicate"

Tel est le commentaire de l'hebdomadaire le Pays d'Auge dans son édition du vendredi 10 janvier. Portant l'affaire en première page, il titre: "Les élèves soutiennent leur prof de math". Dans les pages intérieures, outre un long articles il publie un entretien avec l'enseignant dont voici la conclusion:

"J'estime être victime de l'hystérie actuelle et de la chasse aux sorcières qui l'accompagne. Je pense que mon passé est pour quelque chose puisque j'ai déjà été condamné pour des opinons révisionnistes que j'ai toujours divulguées en dehors de mon travail.

J'ai bien pris soin de taire ces opinions au LEP. J'attends les sanctions de la commission de discipline et je me défendrai à ce moment allant même jusqu'à saisir le Centre pour les droits de l'homme des Nations unies à Genève."

 

Le coup de pied des ânes

Un professeur populaire, soutenu par ses élèves et dont les résultats sont bons ne peut susciter que la jalousie et l'envie de ses collègues. Pour eux l'occasion était trop bonne pour se débarrasser d'un gêneur.

Un certain André Sand, agissant au nom du syndicat FSU des enseignants du lycée de Honfleur a apporté "son soutien total à l'action entreprise par le proviseur et le recteur d'Académie [...] Les faits reprochés, la déontologie professorale ne nous permettent pas d'admettre l'existence de tels agissements dans l'établissement d'enseignement." Quant à Gérard Palouin, du syndicat départemental, il n'a rien trouvé de mieux que de signer un communiqué conjoint avec le président de la section locale de la LICRA où ils appellent à l'interdiction professionnelle de Vincent Reynouard. Ils trouvent aussi le temps de "condamner le détournement à son profit de la petite main de "Touche pas à mon pote'' dans la lettre que le professeur a adressée à ses élèves [...] L'école ne saurait accueillir en son sein un individu qui, au lieu de privilégier le respect de la mémoire de la Shoah, utilise des outils pédagogiques à des fins pernicieuses »

 

Une coincidence amusante

Dans son édition du jeudi (datée du 10 janvier), le quotidien de la gauche conformiste Le Monde publie une brève qui donne l'information tout en consacrant sur la même page un long article à Bernard Defrance, un professeur de philosophie de Meaux qui a été suspendu pour trois mois par le rectorat de Créteil pour s'être mis nu en classe le 30 novembre à l'issue d'un jeu un peu particulier.

On apprend que des parents d'élèves s'étaient mobilisés auprès du recteur pour lui faire part de son comportement inhabituel. Il a fallu le passage à l'acte de l'enseignant devant ses élèves pour que le rectorat suspende l'enseignant.

On reste songeur en comparant la célérité et la rigueur de la sanction contre Vincent Reynouard avec la lenteur et l'indulgence de l'administration à l'égard d'un professeur exhibitionniste.

Mais n'est-il pas vrai que le révisionnisme est la forme la plus dangereuse de la perversité?


Ce texte a été affiché sur Internet à des fins purement éducatives, pour encourager la recherche, sur une base non-commerciale et pour une utilisation mesurée par le Secrétariat international de l'Association des Anciens Amateurs de Récits de Guerre et d'Holocauste (AAARGH). L'adresse électronique du Secrétariat est <[email protected]>. L'adresse postale est: PO Box 81475, Chicago, IL 60681-0475, USA.

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