AAARGH

 

Paris, le 21 janvier 1999

Fugit irreparabile tempus

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De quelques cerveaux à semelles cloutées

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Peut-être s'agit-il des montées d'adrénaline que provoque la grand'peur de l'an 2000, mais il semble que la maison poulaga est en pleine effervescence. Des intellectuels à gabardine patrouillent dans les librairies borgnes, en jetant de furtifs coups d'oeil à des listes qui rembourrent la poche intérieure de leur veston Tati. Des fois qu'un libraire indélicat afficherait quelque publication heureusement soustraites à la vue de nos jeunes enfants par un paternel avis du ministre de l'intérieur, ou l'un de ses non moins miraculeux prédécesseurs. A Marseille aussi, les argousins veulent "poser des questions".

Et à Lyon itou. Témoin ce communiqué que nous avons reçu par le diabolique Internet:

 

15 janvier 1999
 
Communiqué de presse
 
"Couillon", "Taré", "Truffe", "Connard"
 
Un éditeur et directeur de publication, soupçonné de révisionnisme, vient de subir, dans des conditions révoltantes, une garde à vue de 27 heures.
Cela s'est passé à Lyon les 13 et 14 janvier. La victime s'appelle Jean Plantin. Responsable de la revue Akribeia sous-titrée Histoire,rumeurs,légendes, J. Plantin est connu pour son exceptionnelle érudition et le sérieux de ses travaux.
Les justiciers auxquels il a eu affaire appartiennent au service de la police judiciaire de Lyon : il s'agit de policiers parmi lesquels se sont distingués les inspecteurs Jean-Pierre Ducros et Damien Baconnier.
J. Plantin a été interpellé à son domicile de St-Genis-Laval et emmené à l'Hôtel de police. Il a subi une fouille à corps et une mise à nu. Certains policiers, saisis d'une sorte de frénésie mentale et verbale, ont multiplié les manifestations d'arrogance, de mépris, d'ironie ainsi que les insultes, le traitant tour à tour de "couillon", de "taré", de "truffe" et de "connard" (la liste des insultes n'est pas exhaustive).
Au bout de 24 heures, J. Plantin a été reconduit à son domicile. Une perquisition y a commencé, où l'inspecteur D. Baconnier a pris soin de semer le plus complet désordre dans la bibliothèque et les documents personnels de l'éditeur. Participaient aussi à la perquisition une jeune femme ainsi qu'un homme venu spécialement de Paris le jour même et semblant appartenir à l'officine de censure du ministère de l'Intérieur, officine qui se pare du nom de "Direction des libertés publiques" (sic). Les deux ordinateurs de J. Plantin ainsi qu'une dizaine de disquettes informatiques ont été saisis, ce qui réduit à néant plusieurs années de travail, de recherche, de traduction et d'édition.
Le 14 janvier, la mère de l'éditeur, âgée de 75 ans et gérante de la société éditrice d'Akribeia a été également interrogée à l'Hôtel de police. Même traitement pour le responsable de la société immobilière où se trouve domiciliée la boîte postale.
Les Amis de Jean Plantin, et ses admirateurs, n'ont pas l'intention de laisser l'affaire en l'état. Policiers et magistrats qui, de près ou de loin, participeraient à cette dégradante chasse aux sorcières et qui, notamment, refuseraient, sous quelque prétexte que ce soit, la restitution immédiate de ses biens et de ses instruments de travail à ce remarquable chercheur, doivent savoir que nous rendrons compte de leurs faits et gestes, nommément, précisément et comme la loi et le bon droit nous autorisent à le faire.
 
Les Amis de Jean Plantin
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Ce qui est remarquable c'est justement que cette revue, Akribeia, qui en est à son numéro 3 (45/3, route de Vourles, 69230 Saint-Genis-Laval, abonnement de soutien 300 F, deux numéros de 220-250 p. par an) est restée en marge du révisionnisme. Pour les amateurs, elle fournit une chronologie des événements liés au révisionnisme et une série de comptes rendus informatifs, sur des publications souvent confidentielles, en provenance des pays les plus divers, qui se contentent d'une évocation du contenu. C'est peut-être cette objectivité calme, cette approche sans préjugé qui a irrité les pandores et déclenché leurs représailles. Franchement, si nous étions en régime fasciste, ça se passerait exactement de la même façon. Mussolini et Hitler étaient, rappelons-nous le, des socialistes aussi.

 

Cependant, les chats fourrés veulent aussi nous besogner. Ainsi le juge Jean-Paul Valat met-il Pierre Guillaume en examen pour avoir diffusé le 22 janvier 1997 un tract intitulé "Brigitte Bardot traînée devant les Tribunaux! Les français culpabilisés et humiliés. L'Islam manipulé et instrumenté par le lobby sioniste." Ce tract figure depuis longtemps dans l'archive Vieille Taupe de ce site.

Le motif de cette grotesque accusation s'énonce comme suit: "Provocation à la discrimination, la haine, la violence envers un groupe de personnes à raison de leur origine, leur appartenance ou non appartenance à une race, une nation, une ethnie, une religion" et pour le cas où nous n'aurions pas compris, le juge Valat rajoute, entre parenthèses: "(la communauté juive)". On pourrait évidemment contester qu'une telle chose existe. La loi, en effet, parle de nation, d'ethnie, de religion mais nullement de "communauté". Donc, soit le juge Valat ignore le sens des mots, mélange tout et prend les uns pour les autres et il ne reste plus guère de possibilité de discuter si les mots n'ont aucun sens, soit le juge Valat se permet de créer un nouveau délit, celui de "provocation à la discrimination" envers une "communauté", ce que la loi ne prévoit justement pas. On constate que cette carence du législateur est heureusement compensée par des juges qui en prennent à leur aise, assurés qu'ils sont qu'en haut lieu on sera content d'eux et que leur carrière avancera d'autant plus vite.

Le juge fait suivre cette invention néo-juridique de longs extraits du tract par "faits prévus et réprimés par les articles 23, 24 alinéa 6 de la loi du 29 juillet 1881."

Une autre phrase tirée du tract a été sélectionnée; elle se termine par "Ou si la rhétorique (ici écrite <réthorique>...) antiraciste est devenue le fondement d'un nouvel ordre moral qui justifie la censure imposée par la police de la pensée. Ce qui revient à assurer en France le triomphe d'une inquisition judaïque". "Faits prévus et réprimés par les articles 23, 29 alinéa 1, 32 alinéa 2, 42, 43, 47, 48 de la loi du 29 juillet 1881." Evidemment si l'imprudent rédacteur avait parlé d'une "inquisition taoïste", ou "islamiste" ou "catholique" ou "animiste", il ne serait pas convoqué par le juge et menacé des foudres de Thémis par un juge qui invente le concept juridique de "communauté juive".

 

Cependant, en Argentine, se trouve justement une importante "communauté juive" qui ne manque pas d'inviter le Génie du Cherche-Midi, le sublime Pierre Vidal-Naquet à venir lui causer de ses travaux gigantesques. Dans une interview à La Nacion, du 28 août 1998, section 7, page 3, l'oracle prononce "la mort de l'antisémitisme en France". Et dire qu'on n'était pas prévenu! L'historiador frances, ajoute, en prime, que "los judios fueron la base de la resistencia a la ultima dictadura en la Argentina", c'est-à-dire qu'il vient apprendre aux Argentins qu'ils sont tous une bande de paltoquets et que la base de la résistance à la dictature, c'étaient les juifs, et seulement les juifs. On comprend pourquoi la communauté juive dépense de bons pesos pour inviter un si brillant historiador.

D'ailleurs, pour mieux fourbir son auréole, le brillant historiador vient de publier le tome 2 de ses Mémoires. L'auto-satisfaction du premier volume est, semble-t-il, largement surpassée. On y aperçoit la vie d'un gros fat. Mais comme l'auto-promotion, même dans le style des Carpathes, a des limites, Vidal-Naquet a recruté ses affidés pour qu'ils produisent une grosse plaquette de louanges et des tartinages (La Découverte). Ce type qui n'a guère produit que quelques articles, et encore, pas toujours tout seul, et une masse indifférenciée de préfaces tous azimuths, a le toupet de faire écrire sur la quatrième de couverture: "Il est incontestable que Pierre Vidal-Naquet et un grand historien." Affirmation entièrement privée de fondement, comme le prouve le simple fait qu'il ait fallu l'écrire. Personne n'aurait songé à la mettre sur un livre d'un vrai grand historien, comme Marc Bloch ou Lucien Fèbvre. Même Jacques Le Goff, qui organise aussi son culte pré-funéraire, n'aurait pas eu l'impudence de faire imprimer une telle ânerie. Car chacun sait que Le Goff est un historien. Plutôt banal, médiocre, emberlificoté quand il s'agit de rester politiquement correct (voir ses palinodies sur Saint Louis et les juifs, à se tordre de rire) mais enfin c'est un historien. Il était venu dépasser ses compétences à la barre du premier procès Faurisson en 1981. Vidal-Naquet n'est qu'un concierge qui fait les escaliers dans les livres des autres. On peut douter que de nouvelles palanquées d'ouvrages apologétiques et dévotionnels y changent grand-chose. Pourquoi ces types n'attendent-ils pas d'être morts pour faire faire leur panégyrique? Parce qu'on les oubliera aussitôt la dernière pelletée.

 

Mais heureusement, il n'y a pas que ces rigolos. Dans un livre intitulé La Falsificacion de la realidad. La Argentina en el espacio geopolitico del terrorismo judio, publié par les Ediciones tercera Posicion, (Bravo Murillo 37, 28015 Madrid) l'auteur, Norberto Ceresole, fait le point sur des affaires de terrorisme qui ont secoué l'Argentine, étudie les différents aspects de la guerre psychologique qu'elles manifestent et en vient, dans le chapitre 6, à "l'Etat d'Israel: origine du terrorisme juif". Le dernier chapitre s'intitule "El mito de l'holocausto y la consciencia occidental". Annexé à ce chapitre, l'article de R. Faurisson déjà publié en espagnol qui s'appelle "Auschwitz, les faits et la légende".

Le juge Valat parlait de haine. Les censeurs américains du révisionnisme (Sites Hatewatch, Simon Wisenthal, B'nai Brith, ADL, etc.) font tout un paquet sur la "haine" qu'ils prêtent généreusement aux autres. De plus en plus, la haine apparaît comme une sorte de crime. Quand elle est politiquement incorrecte, s'entend. Ainsi, on retrouve des expressions d'une haine incroyablement violente qui se trouve non seulement acceptée mais magnifiée par le fait qu'elle est dirigée par les bons contre les méchants. On trouve par exemple dans le New York Times du mercredi 23 mai 1945 un appel au meurtre d'un million et demi d'Allemands, cadres supposés de l'appareil nazi. C'est l'excellent Joseph Pulitzer, propriétaire-éditeur du Saint Louis Post Dispatch qui fait cette proposition en rentrant d'une tournée dans l'Allemagne vaincue. Il dit qu'il faut prendre l'état-major, les financiers et les industriels allemands, les membres de la Gestapo et des SS et, au terme de procès sommaires, "leur faire quitter ce monde avec des balles de l'armée dans la tête", soit, à son avis, de 1 à 2 millions de personnes. L'appel sanguinaire de cette personnalité humaniste, grand patron respecté, fils d'un immigré juif hongrois, devenu riche et converti à l'église épiscopalienne, ne semblait choquer personne. Son témoignage sur l'Allemagne à genoux est d'autant plus intéressant qu'il était à moitié aveugle depuis les années trente. Il est mort en 1955 entouré du respect de tous, honoré comme une haute conscience. Qui irait aujourd'hui reprocher à la dynastie Pulitzer d'abriter des chiens haineux? Moralité: vous pouvez haïr librement, lancer des appels au meurtre de masse et détruire toutes les réputations que vous voulez. A une seule condition: être du bon côté au bon moment.

 

Ceresole, cité plus haut, fait référence aux manipulations de certains mouvements islamiques par des services israéliens. On en a un superbe exemple en Belgique avec une improbable "association Actions interculturelles judéo-musulmanes" qui réclame à cor et à cris des flics sur Internet. Pensez donc: "N'est-il pas révoltant que, lorsqu'un enfant prépare un exposé sur la Seconde Guerre mondiale, l'un des premiers sites accessibles développe la prose de révisionnistes tels Faurisson ou Garaudy?" (Le Soir, 5-6 décembre 1998). Certes. Mais on serait tenté de demander s'il n'est pas révoltant de demander à un enfant de faire des exposés sur des choses qui le dépassent complètement? Cette rage de vouloir bourrer le crâne des enfants se retournerait contre les Kontrôleurs de la pensée? Quelle divine surprise!

Mais la frénésie des appels au flicage est sans limite. Le plus drôle, évidemment, c'est de demander à l'Etat belge de "faire figure de pionnier". L'Etat belge, comme le Congo du même nom, pour combien de temps encore?

D'ailleurs Yad Vashem a décidé de s'occuper de la Belgique. Son directeur, Avner Shalev, est venu en personne superviser les projets "d'inscription de la mémoire de la Shoa dans le XXIe siècle". "Un très gros effort de communication sera dès lors poursuivi en direction des jeunes mais aussi des enseignants, auxquels s'adresse déjà Yad Vashem depuis quelques années en leur proposant de suivre des cours sur la Shoa et sur les valeurs humanistes." (Le Soir, 15 septembre 1998). Les valeurs humanistes d'un groupe qui vole la terre, chasse les habitants, torture et massacre tous les jours depuis 50 ans impunément, voilà qui s'ajoute délicatement "aux approches plurielles de la Shoa".

C'était une histoire belge mais vraie.

 

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