AAARGH

| Accueil général | Accueil Rassinier |

| T. des m. et introduction | Ch.1 | ch.2 | ch.3 | Conclure ? | Annexes 1 | Annexes 2 |

***************

Ulysse trahi par les siens

Paul Rassinier

***************

[127]

Annexes (1/2)

***

 

Note de l'éditeur

Articles de J.P. Bermont [Rassinier] dans RIVAROL : Le procès des gardiens d'Auschwitz, 1963-1965:

LE PROCÈS DES GARDIENS D'AUSCHWITZ : INTERVIEW DE PAUL RASSINIER (Rivarol n° 692, 16 avril 1964.)

ACTE DE CONTRITION (Rivarol, 4 novembre 1965.)

Note de l'éditeur (suite).

Lettre de Rassinier à Kogon (5 mai 1960.

[Biographie de] PAUL RASSINIER

NOTE DE L'ÉDITEUR

Ce livre est, jusqu'à cette page, une reproduction en fac-similé de Ulysse trahi par les siens, édité en 1961, par Henry Coston, dans la collection «Documents et Témoignages».

Seules ont été corrigées les plus importantes fautes typographiques de la précédente édition relevées par l'auteur sur son exemplaire personnel. Les corrections d'auteur n'ont pas été introduites. Pour deux raisons: d'abord fournir au lecteur le texte exact de l'édition précédente, ensuite parce que ces ajouts se réfèrent aux documents nouvellement publiés sur le sujet et ont fait l'objet de développements plus exhaustifs dans les ouvrages suivants de l'auteur.

Ce livre est, et n'est que, un complément au Mensonge d'Ulysse, qui reste l'ouvrage fondamental de Paul Rassinier.

Il nous est cependant apparu nécessaire de le publier, pour son contenu bien sûr, mais aussi pour une raison qui tient aux circonstances particulières de ce qu'il faut bien appeler l'«affaire Rassinier».

On parle beaucoup (et l'on écrit même) sur Paul Rassinier et Le Mensonge d'Ulysse. Force est de constater que la plupart de ceux qui en parlent (et écrivent) ne l'ont pas lu, et le font sur la base de rumeurs. Ils tirent leurs informations des formidables campagnes de presse qui se sont déclenchées contre l'homme et l'oeuvre. Aussi n'est-il pas rare d'entendre sur le compte de Rassinier des contre-vérités dénuées du moindre fondement, dont la fonction essentielle est de [127] fournir des justifications pour ne pas lire une oeuvre qui dérange.

Au niveau le plus vulgaire de désinformation, on vous déclare tout crûment que Rassinier était un néo-nazi ou un fou. On concède parfois qu'il fut lui-même déporté, résistant et socialiste pacifiste, mais qu'il a tourné sa veste. Lorsqu'on a affaire à un interlocuteur moins ignare, il conviendra que les choses sont un peu plus complexes, mais conclura immanquablement: «De toute façon, je ne veux même pas le lire, il a fait une tournée de conférences en Allemagne pour réhabiliter les S.S., et il a tenté cette réhabilitation jusque dans les colonnes de Rivarol

En ce qui concerne la tournée de conférences en Allemagne, le lecteur a pu juger le contenu du texte pages 83 à 120 de la présente édition. En ce qui concerne la collaboration de Rassinier à Rivarol, le texte des articles était difficilement accessible, ce qui permettait à la rumeur de s'enfler sans contrôle. C'est pourquoi il nous a paru nécessaire de donner à lire cette pièce du dossier avant même les articles parus à la même époque dans la presse anarchiste et pacifiste. L'idéal eût été de publier le tout mais nos moyens financiers ne permettaient pas de l'envisager.

Nous voudrions simplement indiquer ici les circonstances de la collaboration de Rassinier à Rivarol.

1963. On annonce le procès des gardiens d'Auschwitz.

C'est évidement un événement considérable pour quiconque cherche à approcher la vérité.

Rassinier fait immédiatement les démarches nécessaires pour pouvoir assister au procès et cherche une tribune. Ancien déporté et auteur d'ouvrages sur le sujet, ce devrait être facile... n'est-ce pas?

En ce qui concerne une tribune, toutes ses tentatives restent vaines... C'est alors qu'un ami lui annonce que Rivarol accepterait de lui ouvrir ses colonnes. A cette époque Rassinier collabore régulièrement à La Voie de la paix, revue pacifiste, et Défense de l'homme de Louis Lecoin. Il est aux antipodes de Rivarol puisqu'il est antimilitariste et anticolonialiste radical [129] depuis toujours et qu'il s'est élevé dès l'origine contre la guerre d'Algérie et son cortège d'atrocités, la torture et les camps.

Il hésite, puis, éperonné par les rebuffades qu'il a subies, il accepte. Il signera du pseudonyme de Bermont, son village natal. Il espère que les articles de Bermont dans Rivarol ouvriront un débat et une brèche dans le mur épais du conformisme, qui permettra enfin à Rassinier d'intervenir sous son nom dans d'autres organes moins marqués. Cette technique est tellement fréquente chez les journalistes professionnels qu'elle a un nom: l'amorce.

Le 12 décembre 1963 paraît donc dans Rivarol n·674 un article signé J.-P. Bermont. (Voir plus loin.)

Le 20 décembre 1963, Rassinier était déclaré indésirable en Allemagne par le ministère de l'Intérieur de R.FA., qui précise dans un communiqué que: «Monsieur Rassinier appartient à un groupe international de tendance fasciste.» (Voir Le Monde du 21 décembre 1963.)

C'est une abominable calomnie, mais qui portera ses fruits en confirmant l'adage fameux: «Calomniez, calomniez... Il en restera toujours quelque chose.» Or cette calomnie venait de loin. Le ministère allemand de l'Intérieur ne l'avait pas forgé seul. Ce n'était que le coup d'envoi d'une campagne de presse internationale d'une rare perfidie et persévérance.

Bernard Lecache relance immédiatement le ballon dans Le Droit de vivre, organe de la L.I. C.A., justifiant largement l'opinion qu'avait de lui Jules Humbert-Droz «Lecache: connu pour ses campagnes de bluff et de chantage.» (Rapport confidentiel à FLC., adressé le 30 décembre 1922 à Zinoviev, Trotsky, Kolarov.)

C'est ainsi que la presse va enfoncer le clou et marteler: Rassinier nazi, contre un homme qui a affiché avec une rare continuité des positions pacifistes, antimilitaristes, internationalistes, qui lui valurent entre autres choses onze jours de torture par la Gestapo, et la déportation.

Cette campagne marque le tournant de l'affaire Rassinier. D'une part parce que l'intox atteint un [130] niveau tel que le débat honnête, en connaissance de cause, devient impossible. D'autre part, parce que Rassinier, ulcéré, acculé, sera conduit à commettre des «erreurs» qu'évidemment on ne ratera pas. A partir de janvier 1964, les articles signés Bermont dans Rivarol deviennent plus agressifs, et l'un d'entre eux comporte des allusions nettement fielleuses et provocatrices, sous le couvert d'une logique formelle inattaquable qu'il est seul au monde à n'avoir pas le droit d'utiliser.

Finalement, aucune autre tribune ne s'ouvrant à lui, il donne sous son nom, contrairement à son intention primitive, une interview à Rivarol et il porte plainte en diffamation contre Bernard Lecache.

C'est l'hallali et la curée.

Bien que la preuve que Rassinier soit nazi, ou simplement en contact avec des néo-nazis «n'ait nullement été rapportée» (dixit le tribunal), il est débouté de sa plainte et Bernard Lecache relaxé, sous le prétexte savoureux que ces imputations calomnieuses avaient été faites «de bonne foi». La L.I.C.A. puis la presse rendirent compte du jugement comme si Rassinier avait été condamné et, plus grave... comme si ses thèses avaient été condamnées, et la preuve qu'il était un faussaire apportée. Cette campagne se poursuivit avec une telle persévérance que même des journalistes qu'on peut estimer consciencieux se laissèrent abuser (ainsi P. Viansson-Ponté en 1978 dans Le Monde). A ce procès d'ailleurs, un manuscrit de Bermont fut produit par l'avocat de la LICA. qui permit d'identifier Rassinier comme l'auteur. Les voies par lesquelles la L.I.C.A. l'avait obtenu restent à ce jour inexpliquées.

Ces articles dans Rivarol furent l'occasion d'un autre procès intenté à Rassinier cette fois par Mmes Marie-Claude Vaillant-Couturier et Speter-Ravine (voir plus loin). Ce procès se poursuivit, après appel, jusqu'en juin 1967. Harassé par la persécution judiciaire et ses frais, Paul Rassinier, dont les fonctions rénales étaient détruites à 80 % des suites des tortures subies en 1943, qui vivait en état d'hypertension permanente et à qui la station debout était dangereuse, meurt le 28 juillet 1967. Son épouse dut emprunter l'argent pour payer l'amende.

[131]

AVANT LE PROCÈS DES GARDIENS DU CAMP D'AUSCHWITZ

 


(Rivarol n° 674, 12 décembre 1963.)

Le 17 décembre 1960, dans la région de Hambourg où il vivait sous un faux nom depuis plus de quinze ans, la police allemande arrêta un homme dont elle découvrit rapidement qu'il n'était autre que l'Obersturmbannführer Richard Baer, lequel avait été, du 1er décembre 1943 au 25 janvier 1945 - date de son évacuation devant l'avance des troupes russes - le second et dernier commandant du camp de concentration d'Auschwitz. On sait que, du 14 juin 1940, date de son ouverture, au 1er décembre 1943, le premier commandant de ce camp fut l'Obersturmbannführer Rudolf Höss, aujourd'hui universellement connu par l'aussi immense que peu scrupuleuse campagne de subversion publicitaire faite autour de la publication en cinq langues de ses mémoires sous le titre Le commandant d'Auschwitz parle... (en langue française chez Julliard, 1959).

Après avoir, en avril-mai 1946, docilement quoique au prix d'innombrables contradictions - authentifié à la barre du tribunal de Nüremberg les plus invraisemblables accusations portées contre l'Allemagne en matière de crimes de guerre et contre l'humanité, Rudolf Höss fut condamné à mort le 2 avril 1947 par le tribunal suprême polonais pour avoir, dit le jugement, «participé à l'assassinat... par asphyxie dans les chambres à gaz, par incinération de personnes vivantes, [132] fusillades, injections mortelles, expériences médicales, famine, etc, de 2.812.000 personnes, pour la plupart juives». «... Le surlendemain 4 avril, il était pendu à Auschwitz même.»

Depuis, on recherchait son successeur sur la conscience duquel pesait l'accusation d'avoir pris son relais, dans cet épouvantable travail d'extermination et porté le total des victimes à un nombre indéterminé, mais généralement estimé aux environs de 4 millions de Juifs par la littérature concentrationnaire. Enfin découvert, il fut aussitôt incarcéré à la prison de Francfort et l'instruction de son procès commença.

Cette instruction ne fut pas facile: nous croyons savoir que, d'entrée de jeu, l'ex-Obertsturmbannführer déclara qu'il n'y avait jamais eu de chambre à gaz à Auschwitz sous son commandement, qu'il en avait entendu parler pour la première fois sous les espèces des échos qui, du Tribunal de Nuremberg, lui arrivaient dans sa retraite clandestine et que, s'il s'y était réfugié, ce n'était pas parce qu'il se sentait coupable, mais seulement pour ne pas tomber sous la coupe des justiciers de la saison... Le procureur général Fritz Bauer qui dirigeait l'instruction lui opposa les déclarations de Rudolf Höss à Nuremberg et dans ses mémoires: il a répliqué qu'il ne savait pas ce qui s'était passé sous le commandement de Höss, qu'il ne pouvait répondre que de ce qui s'était passé sous le sien, et il fit citer des témoins. Au fur et à mesure, le procureur général Bauer les fit inculper de complicité et incarcérer. Ils sont aujourd'hui 23 qui attendent de comparaître devant la cour d'assises (Schwergeritch) de Francfort.

Mais, jusqu'au bout, Baer s'est maintenu sur sa position et jamais on ne l'en put faire démordre. Jamais non plus on ne réussit à lui opposer la moindre preuve. C'était grave: le procureur général Bauer allait-il être obligé de convenir que jamais «les 434.351 Juifs hongrois, déportés à Auschwitz en 147 trains, du 16 mai au 8 juillet 1944» dont fait état l'attendu 112 du Procès de Jérusalem, n'y avaient été exterminés par les gaz? De cette accusation il ne démordit pas, lui non plus, [133] mais... Mais, annoncé pour l'automne 1961, le procès fut, une première fois, repoussé au printemps 1962, une seconde à l'automne 1962, une troisième au printemps 1963, et une quatrième au printemps 1964, Soudain le 17 juin dernier, le procureur général Bauer annonça que, bien que rien ne l'eût laissé prévoir (quelques jours auparavant sa femme, qui lui avait rendu visite dans sa prison, l'avait trouvé plein de santé et de l'espoir d'être très prochainement mis hors de cause par un non-lieu), l'ex-Obersturmbannführer Richard Baer avait pris la décision de mourir d'une défaillance cardiaque: moins d'une semaine après, on apprenait de même source que le procès d'Auschwitz pouvait être avancé du printemps 1964 au début de l'hiver 1963.

Il est actuellement prévu qu'il commencera le 20 décembre prochain à raison de deux jours d'audience par semaine pendant une durée dont, de source qualifiée, on estime qu'elle ne peut pas être inférieure à huit ou neuf mois. Les gens qui se disent informés pensent généralement que, dans ces conditions, il sera reporté au lendemain des fêtes de Noël. Mais on est aujourd'hui assuré qu'il aura lieu: chaque fois qu'un procès spectaculaire de ce genre est sur le point de commencer, on reparle d'Anne Frank par manière de préparation psychologique de l'opinion. C'est ainsi qu'on vient d'annoncer au tam-tam de presse l'arrestation à Vienne (Autriche) du policier S.S. qui, en août 1944, arrêta la malheureuse enfant et toute sa famille à Amsterdam. C'est un signe qui ne trompe pas. Le principal inculpé étant mort, la voie est ainsi, d'autre part, considérablement déblayée devant les entreprises du procureur général Bauer qui, comme un de ses prédécesseurs le fit pour un dénommé Kurt Gerstein à propos des chambres à gaz de Belzec, Chelmno, Sobibor, Maïdanek et Treblinka, pourra, tout à son aise, faire faire toutes les déclarations posthumes qu'il voudra sur celles d'Auschwitz.

Notre collaborateur Jean-Pierre Bermont, qui, depuis quelques années s'est spécialisé dans l'étude des documents produits à la barre du Tribunal de Nuremberg, suivra ce procès pour le compte de Rivarol.

On trouvera ci-dessous le premier des deux articles [134] que, cette semaine et la prochaine, il consacre à la présentation de l'affaire soumise aux méditations de nos lecteurs.

La Rédaction

***

LA SITUATION APRÈS L'ARMISTICE DE 1940

 

De 1933 à 1939, la diplomatie allemande avait vainement essayé d'obtenir de l'Angleterre le transfert de tous les Juifs du Grand Reich en Palestine et, à cette revendication que, depuis 1895, le mouvement sioniste international a faite sienne par la voix et la plume de Théodore Herzl, dont Hitler pense qu'un aménagement adroit de la Convention Balfour (2 nov. 1917) la peut faire entrer dans la voie des réalisations, la diplomatie anglaise a toujours opposé un refus catégorique: elle était incompatible avec sa politique au Moyen-Orient sur lequel le Traité de Versailles lui avait donné la haute main; elle s'insurgeait contre les aspirations nationales des Arabes et, d'autre part, depuis le 16 mai 1948, date de l'accession de l'état d'Israël à l'existence, la preuve est quotidiennement faite qu'elle n'était pas rationnelle.

Dès le 10 juillet 1940, la débâcle des armées françaises puis ]'Armistice ont fait naître chez les dirigeants du IIIe Reich l'espoir d'une autre solution du problème juif. Le gouvernement du maréchal Pétain est assez représentatif d'un mouvement d'opinion qui, en France, se plaint depuis 1937 du sous-peuplement dont Madagascar souffre au point que son développement économique en est à peu près irrémédiablement [135] compromis. Pourquoi, alors, n'accepterait-il pas que tous les Juifs de l'espace européen à l'époque occupé par les troupes allemandes y fussent transportés? Depuis le 10 juillet donc, la diplomatie allemande sonde Vichy dans ce sens.

L'histoire de ces sondages est racontée en détail dans un document qui porte la date du 24 septembre 1942, la signature du secrétaire d'État aux Affaires étrangères du Ille Reich Martin Lüther, et qui fut produit à la barre du Tribunal de Nuremberg le 2 avril 1946, sous le P.S. 3688. On y lit que Pierre-Étienne Flandin, qui avait succédé à Pierre Laval au ministère des Affaircs étrangères après le 13 décembre 1940, refusa toujours d'en entendre parler. Connaissant ses dispositions d'esprit sur la question, Otto Abetz en fait part à Hitler dès le 13 décembre, mais celui-ci ne s'en émeut pas: son plan étant d'amener le maréchal Pétain à se défaire de P.-É. Flandin connu pour son «anglophilie», il ne doute pas d'y réussir rapidement et il ne change rien à sa politique du moment à l'égard des Juifs européens dont il ne désespère pas de faire, un jour ou l'autre, admettre au gouvernement de Vichy la mise de Madagascar à leur disposition.

Au départ de P.-É. Flandin, le 10 décembre 1941, les sondages dans ce sens reprennent. L'espace européen occupe par les troupes allemandes comprenait alors, outre l'Allemagne et l'Autriche reconstituées en Grand Reich (Grossdeutschland):

- A l'Est, la Bohême-Moravie érigée en protectorat par dislocation de la Tchécoslovaquie dont la Slovaquie a été distraite pour former un état indépendant sous influence allemande et la bonne moitié de la Pologne;

- A l'Ouest, le Danemark, la Hollande, la Belgique, le Luxembourg et la France jusqu'à la ligne de démarcation qui la coupait en deux. Au total, combien de Juifs?

Pour ainsi dire pas en Bohême-Moravie: ils avaient à peu près tous fui en Slovaquie d'où, ne s'y sentant pas en sûreté parce qu'à portée de main du national-socialisme, ils s'évadaient lentement vers la Palestine par la voie du Danube jalonnée par la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie non occupées qui ne leur étaient pas [136] hostiles. Lentement parce que c'était un problème de devises qui posait lui-même un problème de passeport; en avril 1939, l'Angleterre avait décidé de n'autoriser l'entrée libre en Palestine qu'aux Juifs qui s'y présenteraient [avec] 1.000 livres sterling (environ 1.500.000 anciens francs) en poche et, pour tous ceux qui ne posséderaient pas cette somme, de les limiter 1.500 personnes par an. De son côté, l'Allemagne voulait bien laisser partir tous les Juifs de l'espace européen qu'elle occupait ou sur lequel elle exerçait son influence, mais elle s'opposait irréductiblement à ce qu'ils emportassent avec eux les 1.000 livres sterling exigées. En vertu de quoi, s'il était facile à n'importe quel Juif de se procurer 1.000 livres sterling (les communautés juives étaient riches), il l'était beaucoup moins d'obtenir un passeport: pour cela il fallait arriver à Budapest où, nous raconte Joël Brand dans son livre Un million de Juifs contre dix mille camions, le comité de salut de Juifs en fabriquait en série qu'il distribuait à la volée. Si l'on consentait à arriver en Hongrie nu comme un ver, il n'y avait pas de problème: les Allemands fermaient les yeux aux frontières polono ou slovaco-hongroises. Mais, si l'on y voulait arriver en possession de 1.000 livres sterling ou de leur équivalent, ce qui était une ambition à la fois légitime et générale, cela posait le problème du passage clandestin de la frontière qui impliquait une longue préparation et ralentissait le mouvement de migration.

Cette première difficulté surmontée, s'en présentait une autre: à l'entrée en Palestine, il y avait le problème du faux passeport obtenu à Budapest. La supercherie était découverte par les autorités anglaises, on était refoulé même si on possédait les 1.000 livres sterling requises et il ne restait plus qu'à prendre le chemin de l'Asie centrale, à gagner le Birobidjan, état juif autonome dans le cadre de la R.F.S.S.R. créé par Staline dans les années 1930, et de là, les États-Unis, le Canada, le Brésil ou l'Argentine via Hong Kong ou Shanghaï. Le nombre de Juifs européens qui, de 1940 à 1945, empruntèrent cette voie et réussirent à atteindre le continent européen est considérable.

En Pologne, les Juifs avaient fui devant les troupes [137] allemandes. Le 11, mai 1961, à la barre du tribunal de Jérusalem, deux Israélites polonais, MM. Zevi Patcher et Yacob Goldfine, sont ingénument venus raconter, non seulement comment les Juifs polonais avaient pu fuir en masse, mais encore comment ceux qui s'y étaient refusés avaient été arrêtés par les soldats allemands, rassemblés et conduits par groupes à la ligne de démarcation définie par les accords germano-russes du 23 août 1939, et les statistiques de source juive examinées dans le détail établissent qu'environ un million de Juifs polonais (sur les trois millions que comptait la Pologne avant la guerre) étaient restés dans la zone d'occupation allemande.

A l'Ouest, à de rares exceptions près, tous les Juifs français avaient fui en zone non occupée et ils y avaient été vite rejoints, fut-il dit au Procès de Jérusalem, par 40.000 Hollandais (sur 120.000), autant de Belges (sur 60.000) et environ 250.000 Polonais et Russes qui, tous, essayaient de gagner la Palestine via l'Afrique du Nord. L'Allemand Korherr, inspecteur général des Services de la population du III· Reich, prétendit un jour qu'à la fin de 1940 il y avait en France environ 750.000 à 800.000 Juifs européens de toutes nationalités...

Enfin, des quelque 540.000 Juifs allemands et des 240.000 autrichiens, 510.000 (330.000 Allemands et 180.000 Autrichiens) avaient réussi à quitter leur pays avant le 1er septembre 1939, nous disent les statistiques du Centre mondial de documentation juive contemporaine, ce qui signifie que 270.000 seulement n'avaient pas réussi

Total au 13 décembre 1940: approximativement 2.500.000 Juifs dans l'espace européen occupe par les troupes allemandes - un peu plus ou un peu moins. En état de migration vers la Palestine, je le répète, car, pour ceux de l'Ouest, ils sont animés du même désir que ceux de l'Est, de se mettre rapidement hors de portée des entreprises qu'ils redoutent de voir prendre à leur égard par le national-socialisme: par l'Espagne, vers la Corse et même l'Italie - le régime mussolinien n'est pas raciste ils gagnent l'Afrique du Nord d'où ils essaieront de rejoindre la Palestine. Arrivés en Afrique [138] du Nord, ils y renoncent généralement: en raison des difficultés qui leur sont faites par l'Angleterre à partir du moment où ils arrivent à la frontière de l'Égypte. Ils sont plus riches que les Juifs de l'Est, le sionisme les emballe moins. Alors ils prennent l'avion ou le bateau à destination du continent américain. Par cette voie aussi, le nombre des Juifs européens qui ont réussi à atteindre les États-Unis, le Canada, le Brésil ou l'Argentine est considérable.

A l'exception des transferts de fonds qu'ils surveillent étroitement à la ligne de démarcation, au 13 décembre 1940, les Allemands n'ont, de même qu'à l'Est, encore pris aucune mesure contre les Juifs: il leur suffit d'arriver en zone non occupée et la ligne de démarcation est plus facile à franchir clandestinement que la frontière polono ou slovaco-hongroise. On sait aujourd'hui - le Jugement de Jérusalem le reconnaît lui-même expressément - que la politique constante du Gouvernement de Vichy a été de s'opposer résolument à toutes les mesures d'exception qui lui furent proposées par les autorités d'occupation: jusqu'au 8 novembre 1942 (occupation de la zone Sud par les troupes allemandes), une fois arrivé dans son aire d'influence, on était pour ainsi dire sauvé.

Et on y arrivait facilement: les Allemands eux-mêmes en facilitaient l'accès aux Juifs qui ne portaient aucune devise. Dans son attendu 77, le Jugement de Jérusalem, qui fit peser sur la conscience d'Eichmann tant de millions de Juifs européens - dont l'écrasante majorité ne fut, d'ailleurs, jamais à portée de sa main - déportés vers les problématiques chambres à gaz d'Auschwitz y fait aussi assez paradoxalement peser, à la date d'octobre 1940, un train de 7.400 Juifs de Bade et du Palatinat qu'il dirigea sur Gurs (Basses-Pyrénées), c'est-à-dire vers la liberté et le salut...

On sortait aussi très facilement de cette aire d'influence et plus facilement encore par la frontière franco-suisse que par l'Espagne, la Corse ou l'Italie: beaucoup de Juifs gagnèrent très officiellement la Suisse où, à Genève, Sally Meyer, représentant du «Joint de Distribution», qui travaillait en plein accord avec les autorités fédérales, acheminait directement sur [139] le continent américain tous ceux qui lui arrivaient. Si l'aérodrome de Cointrain pouvait parler...

C'est à partir de l'entrée en guerre de l'Allemagne contre l'U.R.S.S., son alliée de la veille, que le cas des Juifs européens prit un tour dramatique.

Jean-Pierre BERMONT

***


L'ENTRÉE EN GUERRE DE L'ALLEMAGNE CONTRE LA RUSSIE
ET LA SOLUTION FINALE PROBLÈME JUIF

 

(Rivarol n· 677, 2 janvier 1964.)

22 juin 1941, à l'aube, sur un front de plus de 700 kms, les troupes allemandes ont commencé à s'enfoncer dans les immensités russes. En tenue d'été, Hitler et l'O.K.W. (Oberkommando der Wehrmacht: état-major général de l'armée) ne doutent pas qu'avant les premiers froids elles auront atteint Moscou et contraint Staline à la capitulation.

Il y a beaucoup de Juifs en Russie: la veille de la guerre, les statistiques de source juive faisaient état de trois millions et il leur faut ajouter les quelque deux millions de Juifs polonais qui, pendant la campagne de Pologne, ont fui devant l'avance des troupes allemandes et y ont trouvé refuge. Au total, environ cinq millions. De même que, pendant la campagne de Russie, beaucoup, certes, fuiront devant les troupes allemandes: on ne saura combien que le 5 décembre 1942 par le journal sioniste Die Einheit, qui paraît à Moscou et où le journaliste israélite David Bergelson écrit, ce jour-là, que «grâce à [140] l'évacuation, 80% d'entre eux ont été sauvés». Les 20% qui seront alors tombés aux mains des Allemands représenteront tout de même un million de personnes et, avec deux millions et demi qui y sont déjà, le total des Juifs qui se trouveront dans l'espace européen occupé par les troupes allemandes sera porté aux environs de trois millions et demi.

Mais nous ne sommes qu'au 22 juin 1941 et aussi bien Hitler que l'O.K.W. et les services d'Himmler chargés de la solution du problème juif, en redoutent, ainsi qu'on le verra dans un instant, un nombre voisin du double. Car ils en sont encore au Blitzkrieg, à une épopée fulgurante qui, cette fois, ne laissera qu'à un nombre important, mais pourtant limité d'entre eux, la possibilité de fuir.

Au début, la campagne se développe selon le plan prévu: à la fin de juillet, Hitler convoque Göring, le met en présence des données du problème et le charge, au titre de responsable de l'économie allemande, d'en adapter la solution aux circonstances pour le cas improbable, mais qu'il faut néanmoins prévoir, où, Moscou étant prise, la Russie ne capitulerait pas.

Göring convoque Heydrich, chef du R.S.H.A. (Reichsichereithauptamt: Service central de la sécurité du Reich) et lui confie la mission de préparer une conférence interministérielle d'étude et de mise au point d'une solution. Pour authentifier cette mission, il lui remet un ordre écrit qui porte la date du 31 juillet 1941 et qui sera produite au Tribunal de Nuremberg sous le numéro P.S. 7 10 (compte rendu des débats, Tome XXVI, p. 267). Il n'y est pas question de solution finale qui rend un son si meurtrier, mais de la «Gesamtlösung der Judenfrage: solution globale», expression reprise dans le dernier paragraphe de l'ordre sous la forme «Endlösung der Judenfrage: solution définitive» et non finale, employée pour la première fois en 1895 par Théodore Herzl dans son célèbre État juif.

A son tour, Heydrich convoque Müller chef de la Gestapo, dont une récente campagne de presse a laissé entendre qu'il pourrait bien occuper un poste important dans la police est-allemande et dont le service, le célèbre Bureau IV B 4 est chargé de la question juive: celui-ci [141] lui envoie Eichmann... Heydrich le met au fait et lui confie toute la paperasserie relative à la préparation et la convocation de cette conférence interministérielle aujourd'hui entrée dans l'histoire du drame des Juifs européens sous le nom de Conférence de Wannsee (le quartier de Berlin où elle s'est tenue).

LA CONFÉRENCE DE WANNSEE

Elle était convoquée pour le 9 décembre 1941

Pearl-Harbourg et l'entrée en guerre du Japon contre les Etats-Unis, laquelle entraînait celle de l'Allemagne à ses côtés (accords internes de l'axe Berlin-Rome-Tokio) la repoussèrent au 20 janvier 1942.

A cette date, les participants qui y avaient été envoyés (ils étaient 30) par les différents ministères intéressés, se trouvent devant la situation suivante: les troupes allemandes se trouvent aux portes de Moscou (elles y sont bloquées, ce qui n'était pas prévu) et, de la statistique établie à leur intention, par l'Allemand Korherr, inspecteur général des services de la population du Ille Reich ils peuvent déduire que, dans l'espace européen occupe par les troupes allemandes ainsi porté a ces dimensions, il y a entre quatre million et quatre millions et demi de Juifs. Pour être forcé (cf. ci-dessus) ce chiffre n'en est pas moins celui qu'ils ont retenu.

Et voici la conclusion qu'ils en tirent: d'une part, le plan Madagascar auquel la France n'a pas encore donné son adhésion est devenu stratégiquement inapplicable depuis l'entrée en guerre contre les États-Unis (la flotte allemande ne peut plus assurer la sécurité de convois aussi nombreux de Juifs dans une île aussi éloignée: il faut passer par le Cap) et, de l'autre, de ces quatre millions et demi de Juifs les trois quarts se trouvent dans l'Est européen, ce qui leur fait venir à l'esprit qu'en pleine guerre il est à la fois plus facile et plus économique de transporter le million de Juifs de l'Ouest dans l'Est, qu'à l'Ouest (en France libre, par exemple) les trois millions et demi de l'Est. En vertu de quoi, la conférence de Wannsee décide le refoulement (die Zurückdrängung, c'est le mot qui se trouve dans le compte rendu de la conférence et qui fut traduit par «élimination» dans le sens «élimination physique»: [142] extermination) de l'espace vital allemand (Lebensraum) de tous les Juifs qui seront acheminés vers l'Est où ils seront mis au travail et attendront la fin de la guerre qui décidera de leur sort. Contrairement à tout ce qui a été dit jusqu'ici par des historiens peu scrupuleux, le mot Vernichtung, qui signifie extermination, ou le mot Ausrottung, qui le signifie parfois aussi par extension de sens, n'y figurent pas. Le Dr Kubovy, directeur du Centre de documentation juive contemporaine de Tel-Aviv, a d'ailleurs reconnu, nous dit La terre retrouvée (15 décembre 1960), qu'«il n'existe aucun document signé par Hitler, Himmler ou Heydrich parlant d'exterminer les Juifs et (que) le mot extermination n'apparaît pas dans la lettre de Göring à Heydrich concernant la solution finale de la question juive...»

L'Est européen dont il est question à Wannsee, c'est la région d'Auschwitz où, depuis le 14 juin 1940, un camp de concentration que Himmler destinait jusqu'alors à 100.000 prisonniers de guerre qu'il projetait d'y rassembler et ses environs à Chelmo, Belzec, Sobibor, Maïdanek et Treblinka, localités que les troupes allemandes en opération ont, depuis le 22 juin 1941, équipées avec des moyens de fortune d'embryons de camps de concentration pour y rassembler les partisans qu'elles ont capturés et particulièrement les Juifs.

C'est dans cette région qu'ayant acquis dès le 13 décembre 1940 la conviction que le Plan Madagascar était irrémédiablement compromis, Eichmann avait projeté de créer un État juif sur les principes exposés en 1895 par Théodore Herzl et commencé, avec l'assentiment de Himmler, à rassembler plusieurs centaines de milliers de Juifs à partir du printemps 1941. Cette affaire dite «Nisko» lui fut véhémentement reprochée par l'attendu 72 du procès de Jérusalem.

LES CHAMBRES A GAZ

Dès le 21 janvier les décisions de la Conférence de Wannsee sont communiquées à tous les services intéressés avec mission d'aménager les camps et embryons de camps de la région d'Auschwitz en commençant par Auschwitz même. Il s'agit, ne l'oublions pas, de prévoir [143] des installations pour recevoir des millions de personnes...

Au vrai, les services du R.S.H.A. et notamment du Bauleitung (Service central de la Construction) sont déjà au travail, mais pour un nombre d'internés prévu beaucoup plus bas: il suffira de leur demander d'étendre leurs projets en cours aux dimensions nouvelles.

Dans le document N. 4401 (produit au procès des organisations nazies à Nuremberg) on trouve sous le nom de Bauleitung, à la date du 28 janvier 1942, portant les N. 932 et 938, des plans de construction de quatre fours crématoires de chacun 15 cornues, comportant en sous-sol, des salles dénommées, pour deux d'entre eux, Leichenkeller (morgues), pour les deux autres Badeanstalt (douches). On y trouve aussi, à la date du 3 août 1942, une lettre de commande de ces fours crématoires à la maison Topf und sohn (Topf et fils) de Erfurt, sous le N. N 11; 450/42/B/I.H. Enfin, dans un autre document qui porte le numéro N.O. 4463, produit au même procès, il est dit que ces fours crématoires ont été livrés au camp à Auschwitz, le 20 février 1943: le temps de les installer, ils ont pu être prêts à être utilisés, au début de mars...

Ce sont ces morgues et installations de douches dont il a été dit qu'il s'agissait là, en langage de code, de chambres à gaz.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est un peu gros.

Surtout si, comme le prétend le Dr Kubovy, directeur du Centre de documentation juive contemporaine à Tel Aviv, aucun ordre d'extermination des Juifs n'a jamais été donné par les autorités du Ille Reich.

LE NOMBRE DES VICTIMES

Au total, on le sait, 6 millions, du moins la presse sioniste internationale le prétend-elle et l'autre, dans laquelle les financiers de la Diaspora ont assez de participations pour la décider à aligner ses positions sur leurs thèses, leur emboîte le pas. Mais six millions d'exterminés par tous les moyens, chambres à gaz, mauvais traitements, fusillés ou abattus dès que capturés par les Einsatzgruppen.

[144]

A Nuremberg, requérant sur ce point le 21 novembre 1945, le procureur américain Jackson était un peu plus modeste: «Des 9.600.000 Juifs qui vivaient dans l'Europe dominée par les nazis, dit-il, on estime en toute connaissance de cause à 60 % le nombre de ceux qui périrent: 5.700.000 Juifs manquent dans les pays où ils vivaient auparavant et plus de 4.500.000 ne peuvent être portés ni au compte du taux normal des décès, ni à celui de l'immigration dans les autres pays.»

Combien à Auschwitz ?

Les chiffres les plus divers - les plus fantaisistes aussi - ont été avancés par les historiens et statisticiens du Centre mondial de documentation juive contemporaine: «Birkenau fut, écrit froidement un dénommé Henri Michel, la plus internationale et la plus occidentale des usines de mort et sa terre s'est engraissée des cendres de 4 millions de cadavres.»

La presque totalité donc, des Juifs européens portés manquants à Nuremberg par M. Jackson !

Mais, dans ses Mémoires, Hoess donne les détails suivants sur le nombre total des internés dans ce camp .

 De Haute-Silésie ou du gouvernement général de Pologne 250.000
 D'Allemagne et de Theresienstadt 100.000
 De Hollande 95.000
 De Belgique 20.000
 De France 110.000
 De Grèce 65.000
 De Hongrie 400.000
 De Slovaquie 90.000
 Total 1.130.000

 

Il est bien évident que, s'il n'y eut, au total, que 1.130.000 Juifs déportés à Auschwitz, il n'a pas été possible aux Allemands d'en «exterminer» plus. C'est sans doute pour cette raison que, dans une brochure publiée en 1961 à New-York l'Institute of Jewish Affairs du World Jewish Congress dit que «900 000 Juifs ont péri dans ce camp» (Eichmann Confederates and the Third Hierarchy, p. 18).

[145]

IMPORTANCE DE LA QUESTION

En Europe occidentale, chaque fois que les relations ont tendance à se normaliser entre l'Allemagne et les autres peuples, M. Krouchtchev prononce un discours où il est question de l'Allemagne revancharde et néo-nazie, de la renaissance du militarisme allemand, de la responsabilité unilatérale de l'Allemagne dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale, etc. et, des communistes amis à ceux qui n'osent pas dire leur nom, tous les journaux auxquels la presse sioniste donne le ton reprennent l'antienne en l'assortissant des chambres à gaz d'Auschwitz, de l'extermination des six millions de Juifs, de génocide délibéré, etc.

Qu'on ne s'y trompe pas: ces campagnes portent dans les masses populaires sans lesquelles, sous quelque forme que ce soit, il n'y a pas d'Europe possible. Chaque fois qu'un historien qualifié remet en cause la responsabilité unilatérale de l'Allemagne dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale, chaque fois qu'un homme politique parle de la nécessité de faire l'Europe si l'on ne veut pas que les chevaux des Cosaques du panslavisme viennent non seulement s'abreuver à l'eau du Rhin et faire pleurer les yeux de pierre de sainte Odile ainsi que le veut une tradition alsacienne, mais encore prendre là le départ pour aller beaucoup plus loin, à l'un et à l'autre on jette à la face les chambres à gaz d'Auschwitz et les six millions de Juifs *. Convaincue qu'un peuple qui a été capable de ce forfait est capable de tout et ne mérite pas qu'on se penche sur son cas, l'opinion publique ne pousse pas plus avant l'étude de la question.

Et, à la grande satisfaction de Krouchtchev, porteparole du panslavisme, l'Europe reste divisée contre elle-même par refus d'y intégrer l'Allemagne à part entière, ne se fait pas, ou se présente sous la forme caricaturale rêvée par le couple gérontocratique De Gaulle-Adenauer. Il est donc indispensable de couper les ailes à l'argument qui empêche l'histoire de reprendre son cours normal et de déboucher sur l'Europe qui est la nécessité impérieuse du XXe siècle, je veux dire aux torrents d'insanités qui, depuis bientôt vingt ans, à jet continu, sont déversées sur l'Allemagne **.

[146]

Ou alors, il faut accepter l'autre terme de l'alternative, c'est-à-dire non seulement que les chevaux des Cosaques se viennent abreuver à l'eau du Rhin, mais encore que leurs tanks aillent faire sur place leur plein au Sahara et leurs avions escale pour aller jeter leurs bombes sur les États-Unis.

Car, nous le disons sans ambages au mouvement sioniste international qui - pour faire et refaire sans cesse la preuve que les indemnités versées par l'Allemagne à l'état d'Israël sont justifiées - chaque fois que Krouchtchev ouvre la bouche contre l'Europe, lui apporte le renfort des chambres à gaz et des six millions de Juifs, etc ***. C'est à quoi il ne peut, à la longue, manquer d'aboutir.

On comprend alors que nous ayons décidé d'avoir le coeur net de ces accusations à propos desquelles, contrairement aux espoirs de ceux qui ont conçu ce procès spectaculaire, nous avons, nous, l'espoir - peut-être naïf, il est vrai - qu'il peut faire sortir la vérité historique de son puits et remettre l'Europe sur ses rails.

D'où l'intérêt que nous lui accordons.

Jean-Pierre BERMONT

 
M. Paul Rassinier, dont les travaux sur la seconde guerre mondiale ont retenu l'attention de nos lecteurs en raison de leur objectivité, avait projeté de se rendre à Francfort pour assister au procès des gardiens du camp d'Auschwitz, dont la première audience eut lieu le 20 décembre dernier. Il y était envoyé par la Fondation Hoover, le Centre d'études historiques de Burlingame (U.S.A.) et divers journaux de différentes nationalités intéressés au problème de la vérité historique en matière de crimes de guerre lui avaient demandé de bien vouloir leur tenir lieu de correspondant particulier. A ce titre, le règlement du tribunal l'imposant en raison du nombre limité des places dans la salle d'audience, il avait demandé une carte de presse à son président et obtenu sans difficulté celle qui portait le n°113. Tous ses papiers étant en règle, le 18 décembre il prit le train pour Francfort.
[147]
En gare de Sarrebrück, la police allemande l'attendait : trois policiers le firent descendre et le reconduisirent à Forbach par le train suivant. Aux demandes d'explication de M. Rassinier, ils répondirent que seul l'ambassadeur d'Allemagne à Paris était habilité à répondre.
Dès son retour à Paris, le soir même, M. Rassinier adressait donc une demande d'explication à l'ambassade d'Allemagne et il en communiquait le double à M. Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères, excipant près de l'un et près de l'autre, du fait que, chaque année, il passait deux à trois mois en Allemagne, qu'il y avait encore fait une tournée de conférences du 4 au 18 mars 1963, un séjour de dix jours du 26 septembre au 6 octobre dernier et qu'on ne lui avait jamais fait la moindre difficulté.
Le lendemain 19 décembre, l'Associated Press et la D.P.A. alertées par l'éditeur allemand de M. Rassinier ayant répercuté cet incident et la presse mondiale en ayant fait état en manifestant soit son étonnement, soit son indignation, le ministre allemand de l'Intérieur, M. Hocherl, communiquait :
1. - Que depuis de longues années l'accès du territoire allemand était interdit à M. Rassinier « en raison de son appartenance à un groupement fasciste international ». Pressé par l'Associated Press de nommer ce groupement, le ministre a répondu... « qu'il ne serait pas répondu à cette question ». Et pour cause : ancien député socialiste, retiré de la politique depuis 1956, M. Rassinier a communiqué aux agences de presse, sur leur demande, qu'en dehors des travaux d'histoire auxquels il se consacre, son activité publique se limite au soutien du War Resister's International, organisation pacifiste internationale dont le siège est à Londres et le mensuel français La voie de la Paix, exprime en gros sa conception de la paix en ces termes: No Moscou, ni Washington.
2.- Que « la présence de M. Paul Rassinier sur le territoire allemand provoquerait des perturbations de l'ordre public » ce qui est démenti par les faits puisque même lorsqu'il y a fait des tournées de conférences, l'ordre public n'a jamais été perturbé.
[148]
En vérité, le gouvernement allemand ne voulait pas que M. Rassinier, spécialiste reconnu par ses collègues historiens des U.S.A. en matière de crimes de guerre, assiste aux débats du procès de Francfort. Ainsi, en toute tranquillité, l'accusation pourra produire à la barre les témoins les plus fantaisistes et appuyer leurs témoignages par des documents aussi outrageusement faux que celui sur lequel repose l'argument de la pièce de M. Hochhut qui fait actuellement scandale à Paris, tous les soirs, sous la protection de la police *****. M. Paul Rassinier et son éditeur allemand ont assigné en diffamation le ministre de l'Intérieur allemand devant la justice de son pays, ainsi que tous les journaux qui auront reproduit ses accusations et refusé de les retirer.

******

LE PROCÈS DES GARDIENS DU CAMP D'AUSCHWITZ


(Rivarol, n° 680, 23 janvier 1964.)

Francfort, 16 janvier.

On comprendra aisément qu'à raison de deux audiences par semaines, au maximum trois, ce procès ait beaucoup de peine à atteindre son rythme de croisière. Au seuil de la cinquième semaine, il n'y est pas encore arrive. Si peu qu'il y paraisse à la lecture des journaux, tous les envoyés spéciaux sont atterrés : dès le soir de la première journée l'évidence qui leur a sauté aux yeux c'est qu'avec les quelque deux cent cinquante témoins à charge qu'il leur fallait entendre, ils étaient ici pour un moment. Les vingt-deux accusés leur ont, d'autre part, posé un autre problème : la veille de la première audience, lorsqu'ils se sont présentés au secrétariat de la cour pour [149 ] retirer la carte qui les habilitait à suivre les débats, on leur avait remis un résumé de l'acte d'accusation dont la lecture leur avait donné la chair de poule. Des centaines d'enfants froidement assassinés par injection de phénol directement au coeur, des filles jetées vivantes dans des cornues de four crématoire, des balles dans la nuque, la balançoire de la mort, etc. sur toile de fond de chambres à gaz et de millions de Juifs exterminés. Ils s'attendaient à du sensationnel : je suis bien sûr qu'à la lecture de tout cela, Mme Madeleine Jacob, dite la hyène de Libération, en avait mouillé d'aise. Et voilà que, le lendemain, ils s'étaient trouvés en présence de vingt-deux personnes aux allures aisées de bons bourgeois à propos desquels ils se rendirent compte tout de suite qu'il leur faudrait beaucoup plus d'imagination qu'ils n'en avaient pour donner de l'original et du sensationnel à leurs journaux.

Il y a maintenant un mois que cela dure : à l'audience d'hier le « coin » - car c'est un coin, non un banc - des journalistes s'était considérablement éclairci car beaucoup avaient renoncé à trouver de l'intérêt à cette affaire. Rendons à César : après avoir entendu l'interrogatoire d'identité et les plus importants interrogatoires sur le fond, parmi ceux qui restent - un peu plus de la moitié des cent vingt prévus par la cour - et qui, à de rares exceptions près, parlent de conseiller à leur rédacteur en chef de les rappeler pour les envoyer ailleurs, le sentiment qui domine est que, vingt ans après la guerre, il y a longtemps que le problème posé par ce procès aurait dû être résolu par l'amnistie.

Au cours de l'interrogatoire d'identité et des interrogatoires sur le fond auxquels il a déjà été procédé, si sensationnel il y a eu, ce n'est pas des accusés qu'il est venu, mais du président du tribunal qui dirige les débats et de la méthode qu'il emploie, beaucoup plus que des chefs d'accusation qu'il articule. Les deux cents enfants auxquels, en une seule soirée (celle de Noël 1944) un seul homme a injecté du phénol par piqûre directe au coeur, la fille qu'un autre a jetée vivante dans une cornue de four crématoire (j'attends au tournant le [150] témoin qui viendra attester le fait), les coups de revolver dans la nuque en série, etc. on sent bien que ce n'est pas l'essentiel du débat : l'essentiel, ce qui sera le centre d'intérêt, ce sont les chambres à gaz et les six millions de Juifs exterminés par ce moyen.

Voici comment, dès la première audience, le président a posé le problème:

- A Birkenau (un des trois camps de l'immense complexe d'Auschwitz qui comprenait, en outre, Auschwitz à 3 km et Monowitz à 6 km) il y avait des chambres à gaz et, périodiquement, dans les trois camps du complexe, on procédait à la sélection de milliers de Juifs à y envoyer pour être gazés. A la fin, en 1944, on procédait même à des sélections à la rampe d'arrivée des trains de déportés. Avez-vous ordonné ces sélections ou y avez-vous participé ? demande-t-il à chacun des accusés.

La question est subtilement formulée: il ne leur demande pas s'ils ont envoyé ces milliers de Juifs aux chambres à gaz en question ou s'ils ont participé aux exterminations, mais seulement s'ils ont ordonné les sélections ou s'ils y ont participé.

La réponse est inéluctable : oui.

Mais, pour chacun d'eux, à la poursuite de l'interrogatoire, on s'aperçoit qu'aucun des accusés ne savait qu'il y avait des chambres à gaz à Birkenau et que les sélections avaient pour but d'y envoyer les Juifs. Or, parmi eux, il y a deux adjoints des deux chefs successifs du complexe. Il y a même un détenu polonais, un nommé Bednarec, qui était chef de block et qui y a participé avec zèle, croit-on deviner: on se demande pourquoi tous les détenus chefs de block du camp qui ont tous été dans son cas - ils sont des milliers, tous vivants et à de rares exceptions près tous juifs - ne sont pas, comme lui, au banc des accusés. Réponse : celui-ci n'est pas juif. A ce banc des accusés, s'il n'était pas mort en cours d'instruction, un des deux chefs de camp eût pu être assis : à l'audience du 11 janvier on apprend qu'à l'instruction il a déclaré, lui aussi, qu'il n'avait jamais su qu'il y avait des chambres à gaz, à Birkenau. Pour le moins étrange... Ces sélections pourtant ? Elles avaient, paraît-il, pour but de séparer les malades incapables de [151] travailler, des biens portants capables, les premiers devant être acheminés sur des camps spéciaux à eux destinés. C'est ce qui ressort de l'interrogatoire sur le fond de Robert Mulka (aujourd'hui un des plus grands de l'export-import de la ville de Hambourg) et de Höcker, tous deux adjoints, l'un au premier commandant du complexe (Höss, pendu à Auschwitz par les Polonais, le 4 avril 1947), l'autre du second (Baer, mort en cours d'instruction).

En somme, ils ont sélectionné des gens qui devaient être envoyés dans un camp de concentration bien précis. Sur le traitement qui a été infligé à ces gens, ils ne savent rien. C'est bien possible, bien qu'ils aient appartenu aux S.S. qui gardaient le camp et qu'ils commandaient : ils étaient à la porte du camp et ils ne savent rien de ce qui se passait à l'intérieur - pour ces deux-là au moins - ou ils affirment, au surplus, qu'aucun incident fâcheux ne leur ayant été signalé, ils n'ont jamais eu à mettre les pieds, ce qui est encore possible. Ceci relève de la structure générale des camps de concentration qui comprenaient, en réalité, deux camps : celui de la garde S.S. à l'entrée, et celui des détenus. Et nous avons une déclaration de ce grand pourfendeur du nazisme (après coup !) que fut M. Eugen Kogon, qui fut déporté lui-même, et qui est, dans les milieux officiels, considéré comme le spécialiste par excellence en matière de camp de concentration : « La garde S.S. qui veillait à la porte des camps, dit-il (p. 275 de son livre L'Enfer organisé) ignorait ce qui se passait réellement derrière les barbelés. » Il faut savoir que tous les camps de concentration étaient conçus sous le régime du self-government par les détenus eux-mêmes.

Alors, ces exterminations par les gaz auraient-elles été perpétrées par le self-government des détenus à l'insu des S.S. ? La question n'a pas encore été posée par la défense : le sera-t-elle ultérieurement ?

Permettez-moi une incidente : je me trouverais moi-même dans une situation très délicate, si M. Paul Reynaud avait réussi à couper la route du fer en 1940 : c'est simple, l'Axe aurait pu gagner la guerre et je me trouverais au banc des accusés d'un procès semblable à celui de Francfort, mais organisé à la requête de l'Italie.

[152]

En juin 1940, après l'entrée en guerre de l'Italie, je fus désigné par le commandement militaire de la ville où je me trouvais pour organiser le recensement de tous les Italiens du département qui, disaient les instructions, devaient être rassemblés dans une caserne du chef-lieu pour être envoyés dans un camp de concentration : on parlait de Gurs que les Espagnols républicains qui y furent enfermés ont rendu célèbre par la description des horreurs qu'ils avaient eu à y subir.

Et j'entends le président du tribunal me dire :

- Dans ce département vous avez sélectionné les Italiens qui ont été envoyés au camp de Gurs où ils ont dû subir ceci, puis cela, puis encore ceci, etc.
Réponse: J'ai sélectionné, c'est vrai, mais je ne savais pas que...

Mon compte serait alors bon.

Heureusement pour moi, vous dis-je, M. Paul Reynaud n'a pas réussi à couper la route du fer !

Ce 16 janvier, trois remarques sont encore à faire : l'une sur la psychologie des accusés, une autre sur celle des journalistes et de la tribune du public et, enfin, la dernière, sur l'accusé Breidweiser.

1- Psychologie des accusés : à la troisième audience, ils ont compris qu'ils étaient des condamnés en sursis. Alors, peu à peu, ils ont dû se dire que le mieux, pour eux, était de chercher à mériter l'indulgence du tribunal. C'est ainsi que, peu à peu, leurs déclarations sont devenues moins catégoriques. Par exemple, les deux adjoints des deux commandants du complexe ont fini par dire, tout en se maintenant sur leur ligne générale de défense, qu'ils avaient, au camp même, « entendu dire » qu'à l'intérieur du camp de Birkenau, il se passait « des choses horribles » en se retranchant derrière le fait qu'il s'agissait là d'une « Staatsgcheime Sache » (secret d'État) ordonnée par les plus hautes instances du IIIe Reich et dans laquelle ils n'avaient « pas à interveni r» - que même « il eût été dangereux pour eux d'y intervenir ».

Le président n'en attendait pas plus : car, au-delà des accusés eux-mêmes, ce qu'il faut condamner, ça n'est pas eux, mais l'Allemagne elle-même pour justi[153]fier les astronomiques réparations auxquelles elle est condamnée - principalement au bénéfice de l'état d'Israël: 5 000 D.M. par victime juive ! - en faisant la preuve que toutes les atrocités articulées contre les accusés ont été perpétrées d'ordre gouvernemental.

Une fois engagés dans cette voie, ils déclareront n'importe quoi : à l'audience du 14 janvier, l'accusé Klaus Dylewsky a déclaré avoir vu arriver à la rampe du camp de Birkenau, soixante-dix trains de déportés juifs. Mentalement, j'ai fait le compte : l'attendu 112 du Procès de Jérusalem nous dit que chacun de ces trains contenait environ 3 000 personnes, ce qui fait 210 000 personnes par jour. Je laisse au lecteur le soin de faire le compte général des Juifs qui ont été concentrés sur Auschwitz entre mars 1942 (date à laquelle y sont arrivés les premiers convois de la déportation systématique) et le 8 juillet 1944, date à laquelle semble être arrivé le dernier.

Personne - et même pas la défense n'a relevé cette imbécillité. Le lendemain, je me rendais compte qu'à Paris, France-Soir l'avait répercuté sans sourciller à un million et demi d'exemplaires pour ses lecteurs.

Bien sûr, l'accusé Klaus Dylewsky n'était pas responsable de ces arrivées au camp : là c'était le gouvernement d'alors qui avait ordonné cette concentration massive et, le coupable, c'était l'Allemagne tout entière qui s'était donnée ce gouvernement. Quel sourire d'aise sur la figure du président. Enfin il la tenait, la condamnation de l'Allemagne ! *****

2- Psychologie des journalistes et du public : pas un seul journaliste et, à la tribune du public, personne qui ne soit dans la disposition d'esprit des tricoteuses de Fouquier-Tinville. Les déclarations de ce Klaus Dylewsky ont provoqué, là des exclamations de sardonique satisfaction parmi lesquelles celles de Mmes Madeleine Jacob de Libération et Dominique Auclères du Figaro ne sont pas les moins significatives. Elles n'ont pas vu, ces mignonnes un peu montées en graine, que 210.000 Juifs envoyés chaque jour à Auschwitz, pendant 27 mois, ça devait faire pas loin de deux milliards. A la tribune du public - où on n'a pas de peine à distinguer quelques témoins professionnels qu'on entendra plus [154] tard - les « Nazischwein ! Sauhund ! Nazisau ! ...» (je ne traduis pas, tous le monde a compris) ne cessent de fuser.

Dans ce petit univers de Comité de salut public (de celui de Fouquier-Tinville, bien sûr) celui qui provoqua la plus grande révolte des consciences fut Robert Mulka, lorsqu'il déclara qu'il n'avait connu « que deux incidents provoqués par des tentatives de fuite de deux détenus » pendant tout son mandat, et que, dans son ensemble, à ses yeux, le camp d'Auschwitz avait été « un camp sans incidents, pour ainsi dire ».

3- L'Accusé Breidweiser : on a voulu lui faire dire qu'il avait participé au premier essai d'asphyxie pratiqué en 1941, au cyclon B, dans un bâtiment du camp non prévu à cette fin, de huit cent cinquante prisonniers de guerre russes. Il avait un air si hébété que, visiblement, on n'en pouvait que conclure qu'il ne savait pas de quoi il s'agissait. Il le dit, d'ailleurs, très expressément. Et l'accusation n'a insisté que pour la forme, sans conviction, semblait-il.

J'attends aussi, et avec impatience, son interrogatoire sur le fond : il est le seul sur lequel pèse l'accusation d'avoir participé lui-même à des exterminations.

Dernier fait à noter à ce jour: ce procès rendu libre à tous les danseurs de corde de l'univers journalistique, pour la plupart des ratés des métiers académiques qui ne connaissent rien à la question et, d'autre part, interdit à l'historien Paul Rassinier, spécialiste reconnu en matière de crimes de guerre, est ouvert à l'avocat communiste de l'Allemagne de l'Est Kaul, lequel s'est vu reconnaître la qualité d'adjoint de l'accusation par le tribunal.


***

(Rivarol n° 682, 6 février 1964.)

Nous engagerions-nous enfin sur le chemin de la vérité ? Le cas de l'accusé Breidweiser est venu beau[154]coup plus tôt qu'on ne le pensait.

Il s'agit de ce S.S. - le seul - sur lequel pèse une participation effective à une extermination par les gaz : celle de 850 prisonniers de guerre soviétiques.

« Moi ? Bien sûr, j'ai manié du cyclon B, mais c'était pour désinfecter des vêtements, pas pour asphyxier des gens ! »

Et il décrit à la fois le cyclon B et l'opération. Ainsi apprend-on que ce célèbre gaz qu'ont nous a, jusqu'ici, présenté « en pastilles d'où le gaz sortait au contact de l'air » (on dit les uns à Nuremberg), « au contact de la vapeur d'eau » (ont dit les autres devant le même tribunal), se présentait, en réalité, sous la forme d'un « liquide en bonbonnes », d'un liquide très volatil.

La discussion mettant en évidence le faux témoignage commis par tous les témoins de l'accusation dans tous les procès de ce genre qui ont eu lieu au cours de ces vingt années, le président Hoffmaier tourne court.

Je me reporte à la documentation que j'ai emportée avec moi et j'y apprends que ce cyclon B était un insecticide en usage dans l'armée allemande depuis 1924 et que, pendant la Seconde Guerre mondiale, on l'avait utilisé non seulement dans l'armée, mais dans les services d'hygiène du IIIe Reich et dans tous les camps de concentration. A Nuremberg, le 30 janvier 1946, on a retenu à charge contre les accusés deux factures de ce gaz datées du 30 mai 1944, l'une pour Auschwitz, l'autre pour Orianenburg. Or, à Orianenburg, il n'y avait pas de chambres à gaz (compte rendu, débats, vol. 27, p. 740-742).

Question: que faisait-on avec le cyclon B à Orianenburg, puisque là on n'asphyxiait pas ? Il ne semble pas qu'on puisse trouver ailleurs que là la preuve irréfutable que le gouvernement du Ille Reich n'a jamais conçu le cyclon B pour exterminer les Juifs.

On en a exterminé à Auschwitz par ce moyen ? Premièrement, le fait reste à prouver. Et, deuxièmement, si on arrive à le prouver, le problème de ces exterminations se posera sous un tout autre aspect que celui sous lequel on nous l'a présenté jusqu'ici : à l'insu des autorités du IIIe Reich, ainsi que je l'ai déjà signalé. En même temps se posera le rôle joué dans ces horreurs [156] par le self-government du camp, si tous les Breidweiser accusés arrivent à prouver qu'ils n'y sont pour rien.

On comprend alors que le président Hoffmaier n'ait pas insisté. C'était, d'ailleurs, la seconde fois. La première s'étant produite lors de l'interrogatoire de l'accusé Hans Stark, le vendredi précédent.

Celui-ci, en effet, a reconnu avoir exécuté cinq ou six déportés juifs par balle dans la nuque :

« Ceux-ci, dit-il, étaient arrivés au camp régulièrement condamnés à mort par les tribunaux alors compétents du III' Reich, et j'avais été désigné pour faire partie du peloton... »

C'est évidemment le cas de tous ceux qui font partie d'un peloton d'exécution.

Mais pourquoi le président Hoffmaïer était-il mal à son aise ? pensera le lecteur. Voici : l'accusé Hans Stark et le président Hoffmaïer sont du même âge. En 1943, ils avaient tous deux dix-sept ans et appartenaient tous deux au parti nazi. L'un a été envoyé aux S.S. à Auschwitz (Hans Stark), l'autre (Hoffmaïer) dans un régiment de chasseurs alpins en Italie. Le premier est aujourd'hui professeur d'université (agronomie) et accusé, le second magistrat et... juge. Face à face après avoir été si longtemps côte à côte...

Le second a eu de la chance de ne pas avoir été désigné pour faire partie d'un peloton d'exécution, jusqu'à plus ample informé du moins.

Le lendemain, il confiait à l'envoyée de France-Soir : « Heureusement que je n'ai jamais eu à participer à une de ces opérations ! » En effet...

Et heureusement aussi pour M. Eugen Gustenmaier (aujourd'hui président du Bundestag) et Heinrich Luebke (aujourd'hui président de la République fédérale) qui étaient, eux aussi, d'importants personnages sous Hitler et approuvaient chaleureusement sa politique. Le premier était membre du parti nazi (en mission dans une université pendant la guerre). Quant au second, son cas était beaucoup plus grave : chef d'une entreprise industrielle travaillant à la construction des V 1 et V2 avec la main-d'oeuvre des déportés faméliques du camp de concentration de Seenemünde (Baltique).

Et il n'a jamais figuré au banc des accusés d'aucun [157] procès du type de celui de Francfort pour... participation aux horreurs du camp de concentration de Seenemünde !

Il y a des grâces d'État, on vous le dit.



***

(Rivarol n° 684, 20 février 1964.)

C'est fait : tous les accusés ont été interrogés sur le fond, la première phase du procès est terminée. Le tribunal a fait relâche et n'a repris sa tâche que lundi dernier, 17 février, pour la raison qu'à Francfort, comme à Nice, Carnaval est sacré.

Pour le moment - et cela durera jusqu'au 24 février - on entend les spécialistes de l'Institut d'histoire contemporaine de Munich, parangon mondial du résistantialisme antinazi convoqués comme experts pour authentifier des témoignages écrits - dont les auteurs sont morts ou ne peuvent se déranger - à la lecture publique desquels il est procédé au cours de cette semaine. Il n'est pas indifférent de noter que ces experts sont ceux que, le 19 août 1960, M. Paul Rassinier a contraints à reconnaître qu'il n'y avait « jamais eu aucune chambre à gaz dans aucun camp de concentration situé sur le territoire du Grand Reich », et qui, jusque-là, avaient soutenu le contraire.

Le 27 février, on a entendu le premier ­ et le plus important - témoin de l'accusation: M. Hermann Langbein, un Israélite autrichien, secrétaire général du Comité international des rescapés d'Auschwitz. La Frankfurter Allgemeine Zeitung du 27 janvier avait préparé à son de trompe son audition, en publiant de lui un article qui fut, à mon sens, la sensation de cette semaine-là.

Par son titre d'abord : « La capacité des fours crématoires d'Auschwitz : 4 756 cadavres par jour. » C'est précis. Mais, en 1951, cette capacité était, devant les tribunaux de l'époque, évaluée à 20.000 cadavres par [158] jour sur la foi d'un témoin mort, un docteur hongrois du nom de Miklos Nyiszli, dont le témoignage fut, dans le détail, rendu public en France par Les Temps modernes (numéro de mars et avril 1951 ).

Par son contenu, cet article était encore plus surprenant : il y était dit que M. Hermann Langbein a été interné pendant deux années au camp d'Auschwitz, où il exerçait les fonctions de secrétaire du Dr S.S. Wirths, le chef direct des exterminations par les gaz, et que, dans ce camp, la nourriture était si insuffisante (1.800 calories par jour prévues par le R.J.H.A.) qu'on n'y pouvait survivre plus de quatre mois si on «n'organisait» - dans le jargon des camps, « organiser » signifiait voler à droite et à gauche, du pain par-ci, de la margarine par-là, de la soupe ailleurs, etc.

Mais M. Hermann Langbein, lui, a survécu deux années. Conclusion : il a « organisé » de la nourriture - de la nourriture prise sur les rations des autres détenus. Rien d'étonnant : être secrétaire du Dr Wirths, cela signifiait appartenir au self-government du camp - à cette bande de détenus qui en assumaient l'administration et la police... et dont la principale occupation consistait à se servir d'abord sur la masse des rations de 1.800 calories qui arrivaient chaque jour au camp, à s'en attribuer chacun 3.000 ou 4.000 et à condamner la masse des détenus à vivre avec 600, 800 ou 1.000 calories, c'est-à-dire à mourir de faim à petit feu.

Cela, ce n'est pas moi qui le dis, c'est M. Hermann Langbein qui l'avoue lui-même : s'il a survécu deux ans, dans un camp où on ne pouvait survivre que quatre mois avec les rations allouées, sauf à condition de se résoudre à voler la nourriture de ses compagnons de détention, la conclusion qui s'impose est qu'il a été lui-même parmi les voleurs, qu'il a fait mourir de faim un certain nombre de ses codétenus, qu'il a ajouté à l'horreur des camps et qu'alors sa place est au banc des accuses, non à celui de l'accusation. Dans la logique des organisateurs du procès, au moins, comme son codétenu Bednarek qui était, lui, chef de block et qu'on a entendu jeudi. Mais voilà, Bednarek ne s'appelle pas... Langbein.

[159]

Au reste, l'audition de ce Bednarek fut décevante au possible.

Mais quel est le bilan des opérations au terme de l'interrogatoire sur le fond ? Voici : deux accusés sur vingt-trois ont avoué partiellement ce qui leur était reproché, et je dois confesser que c'est un résultat remarquable. En 1946, devant le Tribunal de Nuremberg, ils eussent, tous, tout avoué. C'est bien la preuve que nous ne sommes plus en 1946...

Il faut alors se pencher sur ce qui a été avoué par ces deux-là. Sur les aveux du premier, le lecteur de Rivarol est déjà fixé : il s'agit de l'accusé Hans Stark, aujourd'hui professeur d'agronomie, qui avait été désigné pour faire partie d'un peloton d'exécution de gens régulièrement condamnés par les instances judiciaires du Ill' Reich. Le cas de ceux qui ont exécuté le lieutenant Degueldre, la mort dans l'âme. Il n'y a donc pas a y revenir : voir le dernier numéro de Rivarol.

Quant au second, le sous-officier Klaehr, il a reconnu qu'il avait exécuté, par piqûre de phénol au coeur, deux à trois cents détenus juifs. Je conseille au lecteur de lire attentivement un livre remarquable de Me Maurice Garçon: La Vie exécrable de Guillemette Babin qui, au Moyen Age, accusée de sorcellerie, avait avoué avoir rencontré tous les soirs à minuit, dans des sabbats orgiaques, des incubes et des succubes, sur promesse que, si elle avouait, elle ne serait pas brûlée comme sorcière. Le dénommé Klaehr était accusé d'avoir exécuté par piqûre au coeur, ces deux à trois cents détenus juifs, le soir de Noël 1942. Il niait. En cours de procès, on s'est aperçu de deux choses : le soir de Noël 1942, il n'était pas à Auschwitz ; et, d'autre part, piquer deux à trois cents personnes en une soirée, pour un seul homme, c'était vraiment un peu beaucoup. Interrogez le premier étudiant en médecine venu. Alors il a avoué avoir atteint ce score en deux mois, à raison d'une dizaine ou d'une quinzaine de personnes par séance. C'était plus vraisemblable. Le malheur, c'est qu'en 1948, l'accusé a déjà été impliqué dans le procès de Dachau et qu'il avait « accepté » qu'il y eût une chambre à gaz dans ce camp, [160] tout en précisant qu'il n'avait pas participé aux exterminations. Or, depuis 1948, on a su qu'à Dachau il n'y avait jamais eu de chambre à gaz (cf. déclaration ci-dessus citée de l'Institut d'histoire contemporaine de Munich). Si ses aveux devant le tribunal de Francfort sont de la même valeur que ceux qu'il a faits en 1948 dans l'affaire de Dachau... Et pourquoi pas? En vérité, je vous le dis: relisez La Vie exécrable de Guillemette Babin et vous comprendrez.

Ce qui est curieux, c'est que, au terme de deux mois de débats, le problème des chambres a gaz, en soi, n'ait pas encore été évoqué. Chaque fois que l'occasion s'en présente, le président Hoffmaïer (ancien nazi S.S. en Italie) limite les réponses des accusés au problème de la « sélection » à l'intérieur du camp ou à la rampe d'arrivée.

Chaque fois, le scénario est le même :je n'ai jamais su qu'il y avait des chambres à gaz à Auschwitz, dit l'accusé. Et le président : On a tout de même sélectionné des gens, donc...

L'accusé reste coi. Car il est exact qu'on a sélectionné des gens et il ne peut qu'en convenir. Je dirai donc, dans un prochain article, ce qu'étaient ces sélections - dans tous les camps, pas seulement à Auschwitz - telles qu'elles apparaissent après l'interrogatoire des accusés sur le fond, confronté à la documentation que je suis allé consulter à la bibliothèque de Francfort.


***

(Rivarol n· 686, 5 mars 1964.)

A la veille des fêtes de Carnaval, lorsqu'ils décidèrent de faire relâche pour une semaine, les juges du tribunal de Francfort étaient dans le sentiment qu'ils avaient perdu, sur le plan de l'actualité, la vedette que jusque-là, ils n'avaient, d'ailleurs, que très difficilement et assez médiocrement occupée. Les audiences de [161] reprises des 17 et 21 février, entièrement consacrées à l'audition des « experts » de l'Institut (résistantialiste) d'histoire contemporaine de Munich n'y ont rien changé: c'eût été bien impossible, ces fameux « experts » ayant été si souvent pris en flagrant délit de mensonge et de falsification de documents historiques. M. Hermann Langbein, premier et plus important témoin de l'accusation, aujourd'hui président international de l'Amicale des déportés d'Auschwitz et, de son propre aveu (cf. notre dernier article) autrefois un des quelque huit à dix mille voleurs de nourriture qui constituaient le self-government du camp, y réussira-t-il ?

En matière de poursuites contre les criminels anciens nazis, le centre d'intérêt s'est, pendant les fêtes de Carnaval, à la fois déplacé et étendu à toute l'Allemagne et même à l'Autriche. Au cours de ces trois dernières semaines, une véritable chasse à l'homme ancien nazi et criminel par définition s'est organisée sur toute l'étendue des deux pays. Des procès de même nature que celui de Francfort sont déjà engagés parallèlement dans quatre ou cinq autres villes. Un certain nombre d'entre eux seront déjà terminés quand paraîtra cet article. D'autres auront commencé. D'autres sont en préparation. Il est impossible, actuellement, a déclaré le procureur Bauer, d'en prévoir la fin.

Le plus important d'entre eux fut celui des médecins impliqués dans l'affaire de l'euthanasie, qui se tenait à Limbourg et qui n'est pas terminée. C'est lui qui a ravi la vedette à celui de Francfort. Au point où en sont les débats, rien à en dire encore, sauf que les deux accusés principaux, incarcérés depuis près de quatre années et que les juges d'instruction n'avaient pas réussi à confondre, se sont suicidés à la veille de l'ouverture du procès. Comme Baer, ancien commandant du camp d'Auschwitz, à la veille de l'ouverture de celui de Francfort. Et comme Gerstein (auteur présumé du faux et apocryphe document qui est tout l'argument du Vicaire) à la veille de celui de Nuremberg. Tous ces suicides en prison et en cours d'instruction, qui ont lieu chaque fois que l'accusation est en situation délicate et hors d'état de prouver ce qu'elle avance, paraissent, au minimum, suspects. Mais de là à penser qu'une enquête sera ouverte...

[162]

***

(Rivarol n· 689, 26 mars 1964.)

Le procès de Francfort n'a toujours pas résolu le problème des chambres à gaz: il n'a encore trouvé d'autres moyens de faire la preuve de leur existence que par les « sélections » qui avaient lieu périodiquement et, à une certaine époque, quotidiennement, soit à l'infirmerie, soit dans le camp, soit même à la rampe d'arrivée des convois du camp de Birkenau.

Il paraît donc nécessaire d'expliquer en quoi consistaient ces opérations. Leur but, on le connaît : séparer les malades incapables de travailler des biens portants. Que devenaient les premiers ? Les témoins de l'accusation qu'on entend depuis le 27 février répondent invariablement : ils étaient envoyés à la chambre à gaz. Ce qui est curieux, c'est que tous les ont vus, chargés sur des camions ou dans des wagons, quitter le camp, mais... aucun ne les a vus arriver à la chambre à gaz en question et n'a assisté à l'opération d'extermination.

Par contre, il suffit de lire La Tragédie de la déportation (publié sous la direction de Olga Wormser et Henri Michel chez Hachette, 1962) pour se rendre compte qu'un grand nombre des auteurs de la littérature concentrationnaire ont vu des convois de malades en provenance d'Auschwitz arriver à Bergen-Belsen, Neuengame, Buchenwald, Dora, Ravensbrück, etc. dans le courant de l'année 1943 et plus particulièrement à partir de mai 1944. D'Auschwitz et pas seulement d'Auschwitz: de tous les camps de concentration qui étaient, dans la conception du IIIe Reich, des camps de travail, non des camps d'extermination.

Explication : camps de travail, les camps de concentration, qui louaient les déportés aux entreprises industrielles de la région où ils se trouvaient, devaient être rentables. Et la S.S. de garde à l'entrée veillait à ce que, dans chacun d'eux, le nombre des malades incapables de travailler (les « bouches inutiles », a dit Mme de Beauvoir) ne compromît pas la rentabilité. Chaque fois qu'elle jugeait ce nombre excessif, elle faisait procéder, à l'intérieur du camp, par le self-government des détenus (Kapos, Vorarbeiter, etc., gummi à la main) à des rafles qui étaient de véritables chasses à l'homme - [162] chaque malade visé cherchant à y échapper parce qu'il était convaincu que, dans le cas contraire, il allait être acheminé sur la chambre à gaz.

Ceux qui avaient été « sélectionnés » ainsi étaient acheminés sur l'un ou l'autre des camps ci-dessus cités, le plus souvent sur Bergen-Belsen et Neuengame, spécialement prévus pour les malades de tous les camps et, comme leurs compagnons d'infortune ne les voyaient plus, ils concluaient qu'on les avait envoyés à la chambre à gaz. Dans le sabir des camps, l'opération était désignée par l'expression Himmels fahrtkommando = commando du départ pour le ciel. En réalité...

La raison de ce grand nombre de malades? Les vols de nourriture commis au préjudice de la masse des détenus par le personnel du self-government et dont j'ai déjà dit qu'ils avaient, pour Auschwitz, été assez ingénument avoués par le dénommé Hermann Langbein. Parce qu'il appartenait à ce self-government , ce Langbein a réussi à survivre « deux ans dans un camp où, si l'on ne volait pas de nourriture, on ne pouvait durer plus de quatre mois ». Il reste seulement à savoir si les 1.800 calories mises, dans tous les camps, à la disposition de chaque détenu, ne permettaient pas de survivre plus de quatre mois. Qu'elles aient été chichement mesurées, on en conviendra aisément. Mais si les Langbein du self-government (en général 10 % de la population de tous les camps) prélevaient encore sur cette maigre portion à leur profit, il n'y a rien d'étonnant à ce que, pour la masse des détenus, le maximum de survie n'ait pu dépasser quatre mois.

Le Monde a cité un autre témoin, qui est la réplique féminine de Langbein : une dame Hacha Speter-Ravine, qui était infirmière à l'hôpital d'Auschwitz (il était, lui, secrétaire d'un des principaux médecins du camp) et qui a survécu 26 mois. Mme Dominique Auclères, du Figaro a cité un autre témoin, Mme Lindgens, qui a survécu trois ans. Cette Mme Lindgens était, elle aussi, infirmière à l'hôpital et elle cite elle-même une détenue qui a survécu quatre ans... tout en précisant également, « si on ne volait pas de nourriture, on ne pouvait survivre plus de quatre [164] mois »... Si, maintenant, on se reporte au compte rendu des débats du Procès de Nuremberg, on y verra (tome VI, pp. 211-237) que Mme Vaillant-Couturier, née Vogel, infirmière à l'hôpital, a - de même que les ci-dessus cités - survécu deux années.

Mon opinion est que le tribunal de Francfort devrait commencer à dresser le compte exact de tous les Langbein, Lindgens, Speter-Ravine, Vaillant-Couturier, etc. qui, de leur propre aveu, ont eu la main très lourde en matière de vols de nourriture au détriment de la masse des détenus: on leur doit sûrement le fait que le nombre des malades du camp d'Auschwitz-Birkenau ait été constamment maintenu à un niveau très supérieur a celui qui eût permis au camp d'être «rentable», les sélections quotidiennes à l'intérieur du camp et, à partir de 1943, à la rampe d'arrivée des convois.

Qu'on les amnistie comme on devrait amnistier tous les accusés de ce procès, J'en suis bien d'accord, mais...

Qu'ils soient aujourd'hui les témoins de l'accusation et lui apportent des témoignages qui dissimulent - assez mal. d'ailleurs, puisqu'ils avouent - leurs vols, c'est là qu'est le scandale.

Jean-Pierre BERMONT

 


| T. des m. et introduction | Ch.1 | ch.2 | ch.3 | Conclure ? | Annexes 1 | Annexes 2 |


Ce texte a été affiché sur Internet à des fins purement éducatives, pour encourager la recherche, sur une base non-commerciale et pour une utilisation mesurée par le Secrétariat international de l'Association des Anciens Amateurs de Récits de Guerre et d'Holocauste (AAARGH). L'adresse électronique du Secrétariat est <[email protected]>. L'adresse postale est: PO Box 81475, Chicago, IL 60681-0475, USA.

Afficher un texte sur le Web équivaut à mettre un document sur le rayonnage d'une bibliothèque publique. Cela nous coûte un peu d'argent et de travail. Nous pensons que c'est le lecteur volontaire qui en profite et nous le supposons capable de penser par lui-même. Un lecteur qui va chercher un document sur le Web le fait toujours à ses risques et périls. Quant à l'auteur, il n'y a pas lieu de supposer qu'il partage la responsabilité des autres textes consultables sur ce site. En raison des lois qui instituent une censure spécifique dans certains pays (Allemagne, France, Israël, Suisse, Canada, et d'autres), nous ne demandons pas l'agrément des auteurs qui y vivent car ils ne sont pas libres de consentir.

Nous nous plaçons sous la protection de l'article 19 de la Déclaration des Droits de l'homme, qui stipule:
ARTICLE 19 <Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit>
Déclaration internationale des droits de l'homme, adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU à Paris, le 10 décembre 1948.


[email protected]

| Accueil général | Accueil Rassinier |

L'adresse électronique de ce document est:

http://aaargh-international.org/fran/archRassi/uts/uts5.html