(Rivarol n° 692, 16 avril 1964.)
Comment refuser de vous répondre? Je fais de l'histoire, pas de la politique et, chaque fois qu'on est [166] venu m'interviewer, j'ai toujours accepté d'exprimer très franchement ma pensée, pourvu que mon interlocuteur me promette de ne pas la travestir.
Bien... En effet, J'ai lu les articles de M. Jean-Pierre Bermont et je puis vous dire que les ai trouvés très objectifs et bien documentés. Peut-être aurais-je pu faire quelque chose de plus complet, sûrement pas de plus pertinent. Cependant, je n'ai pas été étonné de le voir prendre à partie par MM. Martin-Chauffier et Rémy Roure: je le fus moi-même pour les mêmes raisons. Avec le R.P. Riquet nous avons là les trois plus farouches gardiens du sanctuaire français des vérités historiques officialisées par autorité de justice à Nuremberg, Varsovie, Jérusalem et autres hauts-lieux de la germanophobie, qui s'exprime aujourd'hui en millions de morts à porter au compte des camps de concentration allemands...
M. Rémy Roure est plus modeste: des centaines de milliers, dit-il, et ceci est plus proche de la vérité et aussi plus honnête. Je crois qu'effectivement des centaines de milliers de détenus sont morts à Auschwitz.
C'est une autre question. Parlons d'abord chiffres. Sur ce point, les témoins ne sont pas d'accord. M. Broszat, directeur de l'Institut (résistantialiste) de Munich, dit « entre un million et un million et demi » Frankfruter Allgemeine Zeitung, 26-2-64 *. M. Henri Michel, secrétaire général du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, dit « quatre millions », et c'est vraisemblablement à lui que M. Martin-Chauffier a emprunté le renseignement. Mais l'Institute of Jewish Affairs du World Jewish Congress dit « 900.000 »... Si l'on tient compte que Höss, premier commandant de ce camp, a déclaré dans ses mémoires, que 1.130.000 personnes, en tout avaient été internées dans ce camp, 900.000 me paraît un maximum. Déjà très suffisant !
[167]
A dire vrai, depuis que j'ai contraint l'Institut d'histoire contemporaine de Munich à convenir, le 19 août 1960, qu'il n'y avait eu aucune chambre à gaz dans aucun camp de concentration situé sur le territoire allemand, depuis surtout qu'on m'a interdit d'assister au procès de Francfort - qui m'aurait permis de savoir ce qu'il en était exactement de celles d'Auschwitz, seules encore en question - je ne crois guère à ces histoires de chambres à gaz.
Pourquoi des chambres à gaz, puisque le Dr Kubovy, directeur du Centre de documentation juive contemporaine de Tel-Aviv, a lui-même, selon La Terre retrouvée du 15-12-1960, reconnu qu'il n'existait aucun document portant la signature de Hitler, Himmler ou Heydrich parlant d'exterminer les Juifs et que le mot « extermination » n'apparaît pas dans la lettre de Goering à Heydrich concernant la « solution finale de la question juive » ?
Les témoins? .A ce jour, on n'en connaît qu'un seul qui ait avoué avoir participé à une opération de ce genre, mais son coaccusé, qui aurait effectué la même terrible besogne, soutient, lui, qu'il s'agissait d'une désinfection de vêtements, non d'une extermination d'hommes... Les autres ont «entendu dire... vu partir pour la chambre à gaz, etc. 1», mais aucun n'a ni assisté, ni participé. C'est ce qu'établissent les débats de Francfort et votre collaborateur J.-P. Bermont a entièrement raison sur ce point...
Justement... ce self-government des camps auquel M. Martin-Chauffier trouve tant de vertus. Avec leurs amis et protégés, les détenus chargés d'administrer le camp représentaient environ 25 % de la population de [168]tous les camps, a dit, à Francfort, un témoin de l'accusation, le Dr Münch, ancien médecin S.S. du camp d'Auschwitz. Si, au lieu des 1.800 calories attribuées à chaque détenu par le règlement des camps de concentration - et qui étaient, effectivement, bien peu -, ces 25 % s'en attribuaient le double, les 75 % qui restaient ne disposaient plus que des deux tiers d'une ration déjà très maigre, et point n'est besoin de sortir de l'École des Chartes comme M. Martin-Chauffier pour comprendre que, pour eux, c'était alors la condamnation à la mort lente par inanition...
En fait, dans tous les camps, les détenus du self-government s'attribuaient beaucoup plus que le double de leur droit et, dans la pauvre masse, beaucoup ne disposaient plus que de la moitié, et souvent moins, du leur. D'où l'effroyable taux de mortalité.
Oui. Et dans le même journal, mais il ne lui trouve pas de vertus. Au contraire... Le mieux est donc de renvoyer M. Martin-Chauffier à M. Frossard en leur demandant de s'expliquer entre eux...
L'argument de M. Rémy Roure, c'est le témoignage de Rudolf Höss, premier commandant du camp d'Auschwitz, publié sous le titre Le commandant d'Auschwitz parle... Il ignore malheureusement un autre témoignage du même Rudolf Höss devant le Tribunal de Nuremberg (compte rendu du procès, tome XI, pp. 410 et suivantes) qu' environ trois millions de Juifs avaient été exterminés (dont 2.500.000 par les gaz), il écrit, dans le livre en question (p. 239), qu'au maximum 1.130 000 personnes ont été internées dans ce camp. Et M. Rémy Roure ignore aussi que ce n'est pas la seule contradiction que la comparaison des deux témoignages successifs du même homme met en évidence; ainsi les [168] convois de Juifs qui « ne comportaient jamais plus de 1000 personnes » (p. 229), mais qui, à raison de «cinq convois par jour (p. 236), amenaient au camp 15 000 personnes par jour» (p. 239); sur les chambres à gaz que Himmler lui donne l'ordre de construire pour exterminer physiquement les Juifs (p. 227), mais au sujet desquelles « on n'a jamais pu obtenir de Himmler une décision claire et nette » (p. 233); sur le cyclon B, qui est tantôt un liquide et tantôt se présente sous la forme de tablettes dégageant un gaz au contact de l'air; l'opération d'extermination elle-même, qui « dure en moyenne une demi-heure » (p. 174), après quoi « on ouvre les portes et le sonderkommando commence aussitôt son travail de déblaiement des cadavres » (p. 230); mais « le maniement du cyclon B est si dangereux qu'il faut aérer la chambre à gaz pendant deux jours avant d'y pénétrer » (p. 229 etc.).
Pour tout dire, un document apocryphe : Höss a été pendu à Auschwitz, le 4 avril 1947, et il ne viendra sûrement pas protester contre ce qu'on lui fait dire aujourd'hui. D'ailleurs, le Dr Broszat, directeur de l'Institut d'histoire contemporaine de Munich, a déclaré, le 26 février dernier, devant le tribunal de Francfort, qu'« on ne pouvait pas faire confiance aux déclarations de Rudolf Höss », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 27 février 64 **. S'il plaît à M. Rémy Roure d'être plus royaliste que le roi, c'est son affaire...
Ce procès ?... Ces procès, devriez-vous dire : pour les cinq années qui viennent, huit cents procès du même genre sont prévus ou en cours de préparation. Environ quinze mille personnes sont déjà sous les verrous et elles y peuvent être encore rejointes par beaucoup d'autres au cours de ces cinq années. C'est dire qu'on n'a pas fini de nous démontrer et redémontrer que l'Allemagne est un pays [170] de barbares, indignes d'être intégrés dans la communauté des peuples européens, pour le plus grand plaisir de M. Krouchtchev, car c'est là tout le problème.
Ou bien se créera une Europe dans laquelle l'Allemagne tiendra sa place à égalité de droits avec les autres peuples européens et, dans ce cas, le bolchevisme commencera à reculer -, ou bien on refusera d'intégrer l'Allemagne dans la communauté des peuples européens, et il n'y aura jamais d'Europe.
A cet argument d'ordre politique s'en ajoute un autre d'ordre économique: déclarée seule responsable de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne doit, à elle seule, supporter la réparation des dégâts et, en premier lieu, le préjudice que l'état d'Israël dit avoir subi. Or, à 5.000 D.M. par victime, six millions de victimes cela « fait du bruit ». Indépendamment de ce qui est réclamé au même titre par la Yougoslavie et les satellites de la Russie, qui vient d'être chiffré aux environs de soixante-dix milliards de dollars (Express, 20 février 1964). Je précise bien: milliards... Autant dire qu'on veut faire de l'Allemagne actuelle une nouvelle république de Weimar, et c'est encore une autre façon de tuer l'Europe.
[171]
[172]
(Rivarol n° 696, 14 mai 1964.)
Aux attaques fielleuses lancées contre moi par M. Rémy Roure (Le Figaro) et surtout M. Martin-Chauffier (Le Figaro littéraire), Rivarol avait riposté par une interview de M. Paul Rassinier, homme de gauche, ancien déporté de Dora et Buchenwald, qui, avec une conscience exemplaire, s'est donné pour tâche de rétablir la vérité sur les camps de concentrations allemands.
A ce texte étaient jointes deux citations édifiantes d'Eugen Kogon, dont ces messieurs auraient mauvaise grâce à récuser le témoignage, puisqu'il est, somme toute, le chef de file de leur « école historique ».
Les collaborateurs de M. Pierre Brisson, dont le journal célèbra en leur temps, la rencontre de Montoire et le statut des Juifs élaboré par Vichy, n'ont, sans doute, rien à répliquer aux faits et aux chiffres avancés par M. Paul Rassinier, puisque M. Martin-Chauffier a dû recourir, une fois de plus, à l'insulte pour me vouer - et Rivarol de surcroît - à l'exécration des « bien pensants » (Figaro des 2 et 3 mai).
L'insulte n'a jamais constitué une réponse, ou plutôt si : celui qui en est réduit à cette échappatoire - faute d'arguments dignes d'un honnête homme - prouve par là-même qu'il n'a rien de sérieux à répondre. Il est toujours plus facile d'injurier que de discuter sur le fond. Sommés de s'expliquer et furieux d'être confondus, les maquilleurs de l'histoire essaient vainement de [173] s'en tirer avec une pirouette calomnieuse: procédé classique qui suffit à disqualifier ceux qui l'emploient. Ne gaspillons pas d'avantage de papier en accordant à ces singuliers « contradicteurs » plus de place qu'ils n'en méritent... et passons à l'ordre du jour.
Le procès d'Auschwitz se poursuit dans des conditions chaque jour plus pénibles pour l'accusation : les témoins ne se sont-ils pas mis à réciter purement et simplement ce qu'ils avaient lu dans des livres comme Le commandant d'Auschwitz parle... du premier commandant du camp Rudolf Höss, et Médecin à Auschwitz d'un certain Dr Miklos Nyiszli ? Presque mot à mot et en respectant jusqu' aux erreurs et aux contradictions évidentes qu'ils contiennent. A tel point qu'à deux d'entre eux déjà, qui ne pouvaient répondre à des questions de la défense, le président du tribunal s'est vu contraint de le faire remarquer non sans manifester une amère déception (audience des 3 et 7 avril). Du coup, Mme Dominique Auclères, envoyée du Figaro a trouvé beaucoup plus intéressant (et sans doute plus important) de s'occuper du cas d'Anastasia. Et, dans Candide (26 mars) M. Arthur Miller, la célèbre « tête d'oeuf » que cette très féale feuille avait fait venir spécialement d'Amérique pour la représenter à quelques audiences, conclut que « à 90 % l'opinion publique est indifférente ou hostile à ce procès ». En précisant qu'il comprend très bien la chose...
Cependant, toute l'Allemagne est devenue le champ clos d'une véritable chasse aux sorcières. Pour estomper et compenser cet échec de l'entreprise dont le caractère retentissant n'apparaît qu'aux initiés. La préparation des huit cents procès de criminels de guerre prévus pour les cinq années à venir y bat son plein : tous les jours, un contingent plus ou moins important de « suspects » va rejoindre en prison ceux qui y croupissent déjà ; parfois depuis de longues années...
Sur cette toile de fond, la France a célébré, le 19 avril, la Journée de la déportation à laquelle, voulant profiter au mieux de l'atmosphère créée par le procès de Francfort - et qu'ils croyaient favorable - les organisateurs ont voulu donner un caractère plus sensationnel encore que les années précédentes, Ce fut l'occasion de [174] mettre en circulation tout un lot de fausses nouvelles sur lesquelles la loi prévue pour les réprimer (et dont Rivarol a éprouvé la rigueur... en l'occurence injustifiée!) ferma très pudibondement les yeux.
Trois exemples:
1. - L'unique rescapé de la chambre à gaz de Dachau participera a la Journée nationale des déportés (Figaro, 15 avril [1964], titre d'article qu'on retrouve dans tous les journaux et que la R.T.F. a le soir, abondamment commenté, interview du personnage à l'appui).
2. - Dans le même numéro du Figaro en leader, un article de M. Rémy Roure (déjà cité) qui rappelle la mort « de cette religieuse qui, à Ravensbruck, dans le petit camp, prit la place d'une vieille femme dans le funèbre cortège qui allait à la chambre à gaz ».
Or, «il n'y avait de chambre à gaz, ni à Dachau, ni à Ravensbruck, ni dans aucun autre camp de concentration situé en territoire allemand» a déclaré officiellement, le 19 août 1960, le Dr Broszat, directeur de l'Institut (pourtant résistantialiste) d'histoire contemporaine de Munich.
3. - Rendant compte de la cérémonie qui se déroula, le 25 avril, dans la crypte où repose la dépouille du déporté inconnu, Le Figaro (27-4) écrit encore : « Les porte-drapeaux des associations des résistants et des déportés se sont relayés en une garde immobile à l'entrée du long boyau symbolique ou brillent les facettes des deux cent mille pointes de cristal évocatrices des deux cent mille Français sombrés dans la nuit et le brouillard 2.»
Or, répondant par la voie du Journal Officiel (24 février 1962, débats parlementaires p. 229) à un député (M. Ziller) qui lui posait la question, le ministre des Anciens combattants et victimes de la guerre précisait que 49.135 Français exactement avaient été déportés et que 19.018 d'entre eux étaient morts à la date du 1er décembre 1961 3. Ces chiffres ne sont-ils pas suffisants pour qu'on s'abstienne d'en rajouter?
[175]
Je cite ces trois exemples, car il faut bien se borner, mais la liste est loin d'être limitative... J'en ajouterai un quatrième, celui de La Tragédie de la déportation (Hachette, 1962), publié sous la direction de Mme Olga Wormser et de M. Henri Michel, livre auquel la Journée de la déportation a permis de faire une « publicité du tonnerre » : il s'agit là d'une anthologie rassemblant 208 témoignages qui placent (ceux de Mme Germaine Tillion et de Mlle Geneviève De Gaulle y compris) des chambres à gaz un peu dans tous les camps allemands où l'Institut d'histoire contemporaine de Munich a établi qu'il n'y en avait pas.
Alors, je pose la question: la loi contre la propagation des fausses nouvelles ne s'applique-t-elle qu'à celles - vraies ou fausses, et de préférence aux vraies - qui égratignent tant soit peu le prestige du Guide?
Et la France restera-t-elle encore longtemps livrée aux fantaisies journalistiques de fabulateurs auxquels la qualité de déporté conférerait le droit de mettre l'opinion publique en condition, dans le dessein - aussi visible qu'inavoué - de tuer l'Europe en jetant, à longueur d'articles et de déclarations, le discrédit sur l'Allemagne qui, avec la France, en constitue la clé de voûte?
Priant les lecteurs de Rivarol de m'en excuser tant la chose « va de soi » (mais l'insigne malignité de mes adversaires m'y contraint), je préciserai en terminant qu'avec plus de sincérité que beaucoup d'exploiteurs de cadavres, je m'incline respectueusement devant les souffrances des déportés et la mémoire de ceux qui n'en sont point revenus. Comme je m'incline devant le malheur de tous ceux que la guerre a frappés non moins durement.
Cela fait, hélas ! beaucoup de monde de 1939 à 1945. Je n'en veux pour preuve que les bombardements criminels des populations civiles de Hambourg, Dresde, Leipzig, Hiroshima, dont on parle beaucoup moins, bien qu'au regard de la morale ils aient été tout aussi condamnables que les camps de concentration. Puis-je ajouter que ces horreurs sont, historiquement, beaucoup mieux établies que la plupart de celles qui ont fourni ses thèmes à la propagande que vous savez?
[176]
Que ces propagandistes ne cherchent donc pas à dénaturer le sens de mes propos: ce que je veux dire, c'est que, lorsque certains porte-parole des déportés mentent effrontément pour les besoins d'une politique qui, sinon... serait dépourvue de toute référence justificative, ils n'ont plus droit, eux, à aucun respect.
Jean-Pierre BELMONT
Paul Rassinier, poursuivi pour diffamation par Mmes Vaillant-Couturier et Spejter Ravine à la suite d'un article paru dans Rivarol, nous a adressé la mise au point que voici, après sa comparution devant la XVIIe chambre correctionnelle. Ce texte se suffit parfaitement à lui-même. Nous n'y ajouterons qu'un «détail»: on aimerait savoir qui a eu le plus à souffrir de l'occupation allemande de Paul Rassinier, détenu dans un camp de concentration durant dix-neuf mois, et des commentateurs de presse qui prétendent l'accabler de leur mépris sous prétexte qu'il s'est élevé contre certains récits historiques ne coïncidant nullement avec sa propre expérience.
(Note de Rivarol.)
[177]
(Rivarol, 4 novembre 1965.)
Dans France-Soir (numéro du vendredi 29 octobre), Mme Madeleine Jacob prétend que j'ai « osé écrire que l'on ne pouvait survivre dans les camps au-delà de trois ou quatre mois et que ceux qui revinrent doivent leur survie au fait qu'ils volèrent les rations de nourriture de leurs compagnons de déportation ».
Mille regrets. J'ai seulement cité le témoignage de M. Hermann Langbein, président de l'Association internationale des anciens déportés d'Auschwitz, lequel dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung du 27 janvier 1964 et, le 8 mars suivant, devant le tribunal de Francfort, s'était exprimé ainsi:
En précisant:
1. - qu'il avait lui-même survécu deux ans au camp d'Auschwitz;
2. - qu'à la forme près, 359 témoins qui y avaient survécu de huit mois à quatre ans et demi, avaient tenu le même propos;
3. - que le tribunal de Francfort avait fait sienne cette opinion;
4. - qu'un autre témoin, le Dr Münch, avait ajouté, à l'audience du 12 mars, que 25 % de la population du camp désignés, par lui, comme [178] travailleurs légers et anciens détenus, mais comme cadres (ce qui est la même chose), par le Dr Wellers, s'attribuaient des rations alimentaires qui pouvaient aller jusqu'à 5.000 calories, alors qu'ils n'avaient droit qu'à 1.500 - les autres 75 % de la population du camp étant, de ce fait, réduits à une ration alimentaire mortelle au bout de trois ou quatre mois. En substance : ce témoignage tient en une quinzaine de pages du livre de M. Poliakov, intitulé Auschwitz (op. cit. pp. 200 et suivantes), qu'il ne peut être question de reproduire ici.
Mon tort est, évidemment, d'avoir précisé que, parmi ceux qui avaient survécu plus de quatre mois au camp d'Auschwitz, se trouvaient Mmes Vaillant-Couturier et Spejter Ravine. Et d'en tirer les conclusions qui me paraissaient s'imposer.
Juridiquement, je n'avais pas ce droit. Même si le président du tribunal de Francfort avait, en son temps, accepté les témoignages ci-dessus cités comme reflétant la réalité des faits.
Mea culpa, mea culpa, mea culpa...
Je tiens, toutefois, à souligner que, si les propos contenus dans ces témoignages sont jugés diffamatoires, ce n'est pas moi qui les ai tenus, n'ayant fait que les rapporter - et seulement parce qu'ils avaient été authentifiés à la barre d'un tribunal.
Cette mise au point était nécessaire puisque, dans son ensemble, la presse du 28 octobre m'a attribué la paternité de ces propos, dans les mêmes termes - ou à peu près - que Mme Madeleine Jacob.
Reste les qualificatifs « odieux » et « ignobles » que la dite presse a appliqués à ma personne en s'abritant derrière l'opinion de M. le président Monzein et de M. le procureur Houdot. J'étais déjà un « agent de l'Internationale nazie ». La gradation est certaine, mon cas s'aggrave ! A ma panoplie ne manque plus que le mot « criminel », appliqué en association à ces qualificatifs, à la personne du pape Pie XII par M. Rolf Hochhuth et les adversaires des thèses historiques que je soutiens.
Et cela fait qu'en fin de compte, je ne me retrouve pas en si mauvaise compagnie...
Paul RASSINIER
[179]
Voilà... le lecteur a eu sous les yeux les pièces fondamentales du dossier : le texte de la conférence faite en Allemagne, et surtout, la série d'articles parue dans Rivarol. Il peut donc instruire le procès le lèse-gauche commis par Rassinier, et s'il le veut, accuser La Vieille Taupe de complicité dans ce crime abominable.
Pour être complet et ne rien celer des abominations dont La Vieille Taupe se fait le complice, signalons que Rassinier a récidivé quelques jours avant sa mort en publiant un article dans Défense de l'Occident (No 64, juillet-août 1967) intitulé : « Une troisième guerre mondiale pour le pétrole. »
Signalons aussi que le dépouillement en cours des archives de Rassinier, et notamment de sa correspondance, nous a permis de constater qu'il est resté jusqu'à sa mort inébranlablement socialiste, pacifiste, antiraciste, internationaliste, et qu'il avait l'amité et l'appui de nombreux déportés. La Vieille Taupe publiera en temps utile ce dossier complet. Que Rassinier n'attendait pas de transformations sociales radicales dans l'immédiat, et qu'il n'attendait absolument plus rien d' aucun parti ou organisation existants à l'époque, le lecteur l'aura compris... Que partant de là, toutes les tribunes se valaient, et que dans l'immense naufrage aucune n'était plus déshonorante qu'une autre, la meilleure étant celle qui était accessible, voila ce qui ne manquait pas de logique. Qu'en écrivant dans les organes les plus extrêmes des deux bords il contribuerait à faire éclater un peu plus les vanités d'une époque, voilà une idée dont nous espérons qu'elle a contribué à réconforter sa solitude. Son calcul était-il bon ou mauvais? difficile à trancher : écrire dans Rivarol ne lui permettait pas d'espérer, compte tenu des pesanteurs sociologiques, trouver tous les lecteurs qu' il souhaitait. Mais écrire ailleurs était impossible.
Il paya cette expérience fort cher, et la considéra lui-même comme un échec quasi total. Le bilan définitif n'est pas si simple puisque c'est précisément l'invraisemblance des rumeurs qui couraient sur son compte qui mit Pierre Guillaume, puis toute l'équipe de La Vieille Taupe, sur la trace de ses textes. Parmi ces textes, [180] péniblement découverts entre 1967 et 1972, Le Mensonge d'Ulysse fit l'unanimité de l' équipe de La Vieille Taupe pour reconnaître son importance radicale sur tous les plans. Les autres textes suscitèrent des appréciations plus mélangées, mais il n'en était aucun qui ne comportât, soit des informations, soit des idées, soit des thèses, qui méritaient qu'on s'y arrête, quels que puissent être les désaccords qui pouvaient exister par ailleurs.
Face aux affirmations historiques, factuelles et documentaires de Paul Rassinier, une seule attitude raisonnable s'imposait: vérifier. Ce que nous fîmes. Quant aux réactions assez générales de vertueux effarouchement (pensez donc... ! Rivarol, Défense de l'Occident ... ) Il fallait les prendre pour ce qu'elles étaient - des réactions d'évitement - et de fuite, d'autant plus qu'elles étaient le fait de personnes nullement vierges ni vertueuses historiquement.
En ce qui concerne les articles parus dans Rivarol, les articles signés Bermont ne devaient, dans l'esprit de Rassinier, que constituer l'amorce d'un débat. La partie historique et documentaire est sans aucun doute totalement assumée par l'auteur, mais on peut imaginer que certaines allusions à d'autres numéros de Rivarol, ou certaines allusions politiques, ne sont destinées qu'à donner de la vraisemblance à la personnalité de ce Bermont.
Au lieu de contribuer à ouvrir le débat, cette ruse de guerre fit long feu et servit ses adversaires.
La révélation en cours d'audience, au procès en diffamation intenté par Rassinier contre Bernard Lecache, de l'identité Bermont/Rassinier fit très mauvais effet, et la plupart de ses meilleurs camarades socialistes ou anarchistes l'abandonnèrent. Le procès intenté par deux déportés mis en cause paracheva son discrédit. Ce fut donc une erreur tactique. Certes une lecture attentive montre que Rassinier reprochait moins à ces déportés leur comportement dans les camps que leur attitude et leur idéologie revancharde après la guerre, et qu'il ne cherchait, en les mettant nommément en cause de façon quelque peu provocatrice, qu'à faire éclater les contradictions et les absurdités de leurs témoignages.
[181]
Maintenant que le témoignage et les analyses de Rassinier sur le comportement et la fonction globale de la Häftlingsführung dans les camps sont universellement admis, cette mise en cause apparaît aussi comme une erreur théorique. Le jugement catégorique que l'on peut porter sur le comportement et la fonction globale de la bourgeoisie ou de la bureaucratie capitalistes, n'implique pas la déchéance morale de chacun de ses membres et n'exclut pas de très réelles qualités humaines chez certains d'entre eux. L'insistance à critiquer la nuisance de telle ou telle personnalité, plutôt que la structure qui les produit, constitue même l'indice de la déchéance de la théorie ou de la pratique révolutionnaire.
De même le jugement catégorique sur le comportement et la fonction globale de la Häflingsführung... Ses membres, de même que pour les bourgeois ou les bureaucrates, pouvaient s'y trouver intégrés par l'effet de la chance et du hasard. En tout cas, l'unanimité des témoins convoqués à la barre se fit pour rendre hommage au comportement et aux qualités humaines des déportés mis en cause, et nous sommes tout disposé à nous laisser convaincre. Ce qui ressortira, lorsque l'apologétique fera place à un minimum de sérénité, c'est que la société à l'intérieur des camps n'a jamais été que la caricature de la société à l'extérieur des camps, dans une situation paroxystique, et que, dans un cas comme dans l'autre, les idéologies politiques n'ont servi qu'à couvrir, au nom des plus nobles idéaux, des solidarités bien efficaces dans la conquête ou le maintien d'avantages matériels bien concrets.
En décortiquant le mensonge d'Ulysse, Rassinier n'a fait que décortiquer le mensonge de toute société d'exploitation, car enfin... il n' y a pas que dans les camps que l'on peut voir une minorité qui survit dans l'opulence en condamnant (souvent sans s'en rendre compte) la masse à la misère. Pour conclure provisoirement ce dossier, nous publions en annexe une lettre adressée par Paul Rassinier au professeur Eugen Kogon. La lettre de ce dernier, à laquelle Rassinier répond, n'a pas été retrouvée.
[182]
Asnières, le 5 mai 1960
A M. le Pr Dr Eugen Kogon
Monsieur,
Pour éviter tout malentendu qui aurait pu résulter de mon imparfaite connaissance de la langue allemande et, dans un débat aussi important, avoir de regrettables conséquences, j'ai pensé qu'il valait mieux, avant de vous répondre, que je fasse traduire votre lettre du 28.3. dans un français rigoureux. Au reçu de cette lettre donc, c'est-à-dire le 4 avril dernier, je l'ai retournée a Monsieur Priester en le priant de confier ce soin à un traducteur de qualité. Entre temps, Monsieur Priester est tombé si gravement malade qu'il en est mort le 16 du même mois, et si soudainement qu'il n'a pas eu le temps de déférer à mon désir. A sa famille si douloureusement éprouvée, il a fallu le temps de se remettre un peu, de retrouver votre lettre dans ses papiers, de la faire traduire et tout cela est cause d'un premier retard auquel est venu s'ajouter un second, du fait que, pour prévenir toute contestation sur le contenu et le sens de ma réponse, j'ai préféré la penser et l'écrire dans ma propre langue, puis pour votre commodité, la faire traduire dans la vôtre et vous en adresser les deux versions.
Ne serait-ce que par respect des bons usages, je devais d'abord vous donner cette explication d'un retard que vous pourriez être tenté d'interpréter de toute autre façon. Je me permets d'ajouter que si, dans cette lettre, je n'adopte pas le ton assez peu académique de la vôtre, c'est aussi par respect de ces bons usages. Le voudrais-je d'ailleurs, que je ne le pourrais pas : je me crois aussi tenu au respect de moi-même.
Ceci dit, voici, assorties de quelques vues plus générales, les mises au point explicites, correctives ou conjecturales que vous semblez attendre de moi et que, de toutes façons, je vous dois.
Sur les considérations qui servent de préambule à vos questions et observations, il ne me semble pas nécessaire d'insister outre mesure : elles ne traduisent [183] que l'état d'esprit de quelqu'un qui se croit ou se veut victime d'un machiavélisme très perfectionné. Or, la vérité est bien plus simple: si Monsieur Priester ne vous a écrit que le 15 mars pour vous inviter à prendre part à un débat public au cours duquel, du 25 mars au 8 avril, vos thèses pourraient être confrontées avec les miennes, c'est seulement parce que, entre les différents libraires de sa chaîne de distribution, d'un part, et de l'autre, entre eux et les propriétaires ou administrateurs des salles de conférences dans les diverses villes où je devais parler, l'accord n'a été réalisé que le 15 mars sur les dates, lieux et heures de mes conférences. Que le délai dans lequel vous avez été prévenu et poliment invité ait été un peu court, cela n'a échappé ni à Monsieur Priester, ni à moi-même : il a été celui dont nous avons nous-mêmes disposé et il n'a pas dépendu de nous qu'il en soit autrement. Je me tiens donc pour dispensé de vous donner plus amples explications à ce sujet ou de vous dire combien il nous eût été, à tous deux, insupportable de vous mettre publiquement en cause sans avoir utilisé au maximum toutes les possibilités que nous pouvions, malgré tout, encore avoir de ne le faire qu'en votre présence. Il vous est, bien sûr, loisible de continuer ou non a penser que nous avons agi par calcul et employé « une méthode vile et bien connue pour mettre l'adversaire dans une situation désavantageuse et créer artificiellement l'impression qu'il était dans son tort ». Mais ici, ce n'est plus pour moi, qu'une question à résoudre, selon ce que vous ferez, dans le sens de votre bonne ou de votre mauvaise foi.
Sur vos questions et observations proprement dites, voici dans l'ordre, ce que j'ai à vous dire:
1. Si Monsieur Priester vous a écrit qu'il y avait eu entre nous un échange antérieur de lettres, il ne s'agit là que d'une confusion, probablement et pour autant que je me souvienne, née dans son esprit d'une conversation au cours de laquelle nous avons parlé de vous et de beaucoup d'autres dont le pain quotidien est aujourd'hui assuré par la place qu'à la faveur des circonstances, ils ont réussi à se créer dans la littérature concentrationnaire, et dont l'un, après m'avoir écrit une lettre visiblement de dépit mais qu'il aurait voulu vengeresse, [184] ne m'avait même pas accusé réception de ma réponse. Comme j'avais ajouté que vous ne m'avez pas non plus accusé réception de l'exemplaire de l'édition française de mon livre que, par souci de correction, je vous avais adressé dès sa sortie des presses (1949) et que c'était sans doute parce que vous n'en étiez pas très content 4, pour peu que je ne me sois pas très bien exprimé en allemand, confusion peut provenir de là *.
2. Vous me dites ici, qu'aussitôt en possession de l'exemplaire de mon livre que, fidèle à mes principes, je vous ai fait adresser dans sa version allemande, vous l'avez porté chez un juriste : c'est justement là, Monsieur, de tout ce qui nous oppose, ce qui nous différencie le plus et me sépare radicalement de ceux qui, en France, ont eu la même réaction que vous. Je vous peinerais certainement un peu si je vous disais qu'à de très rares exceptions près, les bons esprits de notre temps assimilent cette réaction à celle de l'enfant qui va se plaindre à son maître d'école et la disent primaire. Je préfère donc vous dire qu'elle ressemble étrangement à son prolongement logique dans le monde des adultes c'est-à-dire par exemple, à celle du Pape faisant condamner Galilée; qu'à ce titre, elle est attentatrice à la liberté d'examen et le meilleur atout des forces obscurantistes contre les chercheurs de vérités; et qu'en aucun cas elle ne peut être celle d'un homme cultivé.
Il ne vous échappera peut-être pas que si l'idée a pu venir à l'esprit d'un Pape, de faire trancher un problème scientifique par des juristes, quatre siècles ont tout de même passé depuis, et qu'aujourd'hui, aucun homme vraiment cultivé n'aurait celle de soumettre à ceux de notre temps, un problème historique. J'ai lu avec beaucoup d'attention votre livre, Der S.S. Staat - en allemand et en français. A l'époque, j'avais eu l'impression que s'il représentait une somme considérable de travail au plan de la compilation, il ne faisait cependant la preuve que de moyens assez limités à celui de l'analyse et de l'interprétation. M'étant laissé dire depuis, que ce livre vous avait valu vos grades universitaires et n'en ayant rien cru, j'en arrive, après avoir lu [185] votre lettre, à me demander si ce ne serait pas vrai. Quoi qu'il en soit, je puis en tout cas vous assurer qu'en France ce livre aurait, comme celui de votre homologue David Rousset, été considéré comme un pamphlet politique et que, dans aucune université, vous n'auriez trouvé un jury susceptible de l'accepter comme une thèse.
Cette disposition d'esprit que je vous reproche en ce qu'elle me paraît avoir d'incompatible aussi bien avec votre rang social actuel qu'avec les données les plus élémentaires de l'humanisme au nom duquel vous croyez parler, je la retrouve en deux autres endroits de votre lettre : celui où vous m'annoncez que vous engagerez des poursuites contre mon éditeur (point 6) et celui ou vous me menacez moi-même de porter l'affaire devant le Conseil de l'ordre académique dont je pourrais relever en France (point 4).
Il ne m'appartient pas de préjuger des résultats que vous pourriez obtenir d'éventuelles poursuites contre mon éditeur. Je sais seulement qu'en France, mon livre a été admis par les tribunaux comme un témoignage digne d'autant d'intérêt que tous les autres et que les griefs produits contre moi par l'accusation (injures et diffamation) n'ont pas été retenus. Si le juriste que vous avez consulté a laissé dormir l'édition allemande dans ses tiroirs pendant cinq mois, c'est peut-être parce qu'il a pensé que les tribunaux allemands adopteraient la même attitude qu'ont adoptée les tribunaux français (à l'exception d'un seul dont le président était un ancien collaborateur et dont la sentence a été cassée).
Quant aux réparations morales et aux sanctions contre moi que vous pourriez demander à un conseil de l'ordre académique, je ne sais pas non plus ce que vous pourriez obtenir de pareille démarche dans l'Allemagne de 1960 où les juges de ce genre semblent de moins en moins être ceux de la saison qui a commencé en 1945, mais je puis vous assurer qu'en France, l'Université reste fidèle aux traditions de liberté nées des circonstances dans lesquelles elle a été fondée, après l'affaire Abélard, au temps d'Albert le Grand, et qui n'ont souffert que de rares exceptions dans les périodes troubles de notre histoire. En 1949, elle n'est donc pas [186] intervenue dans le débat et, sachant que ce serait en pure perte, mes accusateurs eux-mêmes ne le lui ont pas demandé. Comme tous les livres qui traitent de problèmes historiques, le mien a fait l'objet, dans le Bulletin de la société des professeurs d'histoire et de géographie de débats qui ne sont jamais sortis des règles du discours académique et qui se sont poursuivis dans tous les journaux publiés par des universitaires à l'intention de tout le corps enseignant. Pour vous permettre, à la fois de vous faire une idée de ce qu'on en pense dans ce milieu et de mesurer les chances de votre éventuelle intervention, vous trouverez sous ce pli, l'opinion d'un historien français (Maurice Dommanget) spécialiste réputé des problèmes révolutionnaires et qui traduit assez bien l'opinion générale. Croyez-moi, notre différend relève des historiens, non des autorités judiciaires ou administratives et je suis à votre entière disposition pour en soumettre, contradictoirement avec vous, les données aux Instituten für Zeitgeschichte qui existent dans toutes les villes allemandes d'université, si vous voulez bien, parallèlement à vos autres entreprises contre mes thèses, admettre ce point de vue. N'ayant jamais été un homme politique que par accident, je ne poursuis d'ailleurs pas d'autre but.
Quelle que soit la nature de mes préoccupations, je n'ai cependant pas le droit d'oublier que vous m'avez demandé tous les renseignements susceptibles de vous permettre d'engager, contre moi, une action devant les autorités dont je relève. En même temps, je vous en fixerai les limites et ce sera ma conclusion sur ce point.
Jusqu'à la date de mon arrestation par la Gestapo, j'ai enseigné dans les cours complémentaires (Oberschule) de la ville de Belfort, académie de Besançon (département du Doubs). Mon état de santé ne m'ayant pas permis de rejoindre mon poste, à mon retour du camp de concentration, j'ai été mis à la retraite par anticipation à la date du 11 octobre 1950. Je ne relève donc plus d'aucune autorité académique - et croyez qu'en cette circonstance, je le regrette bien plus qu'en toute autre ! - mais seulement comme tout citoyen français, du ministre de la Justice au plan qui vous intéresse. Vous pourrez vérifier ces renseignements, soit [187] en écrivant à l'inspection académique, rue de la Préfecture à Besançon, soit, pour les avoir plus rapidement, au ministère de l'Éducation nationale, 107 rue de Grenelle, Paris (7e).
3. Parce que je ne vous connais pas (en passant, cette phrase signifie en français que je ne vous ai jamais rencontré, si on veut bien la replacer dans son contexte) vous me déniez le droit de parler de votre témoignage et c'est bien la première fois que je me rencontre avec un raisonnement de ce genre ailleurs que chez les politiciens qui encombrent la vie publique et qui, les auditoires auxquels ils s'adressent n'étant généralement pas très difficiles, ne sont pas tenus à la rigueur dans le choix de leurs arguments. Mais nous ne sommes pas en réunion publique. Vous dirais-je alors que je n'ai non plus jamais connu, ni Platon, ni Socrate, ni Périclès, ni Alexandre, ni Aristote, ni Descartes, ni tant d'autres philosophes, mémoralistes, hommes de guerre ou d'État et que, cependant, je me crois très sincèrement le minimum d'aptitude qui m'a été reconnu à parler soit de leurs actes, soit de leurs écrits ? Que je me croie plus qualifié encore pour parler de votre témoignage que des traces qu'ils ont laissées dans l'histoire, me paraît une ambition dont la légitimité ne peut pas être discutée si brève et si incomplète qu'ait été mon expérience personnelle des camps ? Je l'ai, au surplus, fait en me conformant rigoureusement aux impératifs de la critique historique dont j'ai respecté les règles dans les termes et dans la forme. Comme si j'avais parlé devant des élèves ou des étudiants, des mémoires de Saint-Simon, des notes que nous a laissées sur son frère la soeur de Pascal * ou de n'importe quel autre témoignage ou document. Il y a seulement qu'ayant réussi à mettre en évidence les conséquences et les incohérences de votre travail, votre amour-propre s'en trouvant quelque peu froissé, vous en concluez arbitrairement qu'il s'agit d'attaques personnelles. C'est ce qui arrive presque toujours avec les témoins vivants. Mais je n'ai jamais, ainsi que j'en avais prévenu le lecteur, parlé qu'en fonction de ce que vous avez vous-même dit ou écrit, non de vous, et, pour n'être point accusé de vous avoir trahi, je vous ai toujours très honnêtement cité.
[188]
Le témoin qui ne peut pas supporter qu'on le discute et qui met tout en oeuvre pour empêcher la confrontation de son témoignage avec ceux de ses contemporains est toujours suspecté et ne mérite pas la qualité qu'il revendique. Cette règle vaut pour moi, comme pour vous. Rien ne vous empêche donc d'agir de même avec mon livre : quels que soient la forme et les termes dans lesquels vous le ferez, je ne vous poursuivrai jamais devant aucun tribunal. Tout au plus soumettrais-je le différend à un collège d'historiens, et pour faciliter la recherche de la vérité, non pour tenter d'obtenir des sanctions. En homme de métier, conscient de la fragilité de tous les témoignages y compris du mien, je suis allé, dans mon livre, jusqu'à étaler mes propres faiblesses sous les yeux du lecteur et à le mettre en garde contre moi-même. Et voyez à quel point vous êtes peu logique : vous me le reprochez aussi !
Cette façon de discuter ne fait pas avancer le problème. Tenez : depuis deux ou trois ans les communistes polonais ont déployés sur ordre, un effort considérable pour distribuer dans le monde entier Der Lagerkommandant von A Auschwitz spricht... qui démolit à peu près complètement par l'absurde ce que vous avez écrit sur les origines et les conditions des exterminations par les gaz et même quelques témoignages produits à Nüremberg. En relisant attentivement mon livre, vous verrez que se trouvent confirmées bien des choses sur lesquelles j'avais, dès 1949, prié qu'on voulût bien se pencher et c'est là toute la différence qui existe entre ma méthode et la vôtre.
4. Je prends bonne note de la leçon de morale que vous voulez bien me donner ici mais, comme elle ne comporte rien à quoi je n'aie déjà répondu dans ce qui précède, je ne vois pas la nécessité de me répéter ici. Comme, d'autre part, j'ai eu dans ma jeunesse des professeurs de morale dont le vocabulaire au moins était plus distingué, je n'ai aucun goût pour descendre au niveau des épithètes dont vous me gratifiez si généreusement. Enfin, il ne m'est de toutes façons possible, ni de m'exposer à être accusé de nouveau par vous de m'être livré contre vous à des attaques personnelles « viles, malhonnêtes, basses, insidieuses, etc. » ni de faire [189] mentir ce que je vous ai dit au début de cette lettre, à savoir que je me croyais tenu au respect de moi-même.
5. De passage à Monschen-Gladbach où j'ai parlé le 27 mars, j'ai rencontré une pauvre femme dont le mari avait été arrêté la semaine précédente à la suite d'un de vos écrits. De Hamburg à Vienne, j'ai fait une véritable moisson de cas où des gens vous imputaient des poursuites judiciaires ou des tracasseries administratives dont, à un moment ou à un autre, ils avaient été victimes depuis la fin de la guerre ou dont ils étaient encore victimes. Vous m'avez annoncé que vous aviez l'intention de me traduire devant les autorités dont je pouvais relever. Voici que vous me parlez du procès que vous avez intenté au journaliste Risse de Munchen et, au point 6 de votre lettre, que vous assignerez également mon éditeur en justice. Décidément, vous êtes la Providence des juges et je commence a me demander si, par hasard, vous ne vous prendriez pas réellement pour le Grand Justicier ou le Grand Inquisiteur que vous avez le renom d'être. Me permettez-vous de vous rappeler qu'autrefois, il y avait en Espagne un Monsieur dont le comportement n'était pas essentiellement différent du vôtre ? Qu'il s'appelait Torquemada ? Et que l'histoire n'a généralement beaucoup d'estime, ni pour les justiciers, ni pour les inquisiteurs?
Je ne sais que peu de choses sur le différend qui vous oppose au journaliste Risse. S'il a prétendu que vous étiez l'ami et le camarade des communistes, je ne crois pas qu'il soit si loin de la vérité : c'est d'ailleurs aussi mon opinion et vous la confirmez vous-même dans votre livre (page 163, cité à la page 201 du mien dans l'édition allemande) en précisant bien que c'est à l'habile politique des détenus communistes que vous avez dû le poste que vous avez occupé à Buchenwald. Que ce poste ait été un poste privilégié, je ne crois pas non plus que ce soit contestable après la description que vous en avez encore vous-même donnée (pages 163, 218 et 270, cité par moi page 202). Pour le reste, vous avez bénéficié, par la force des choses, des avantages matériels de la Häftlingsführung et de la nature de vos rapports (assez intimes) avec le Dr S.S. Ding-Schüler. Si, par « avantages aux dépens des autres », le journa[190]liste Risse entend « les avantages matériels de la Häftlingsführung », il est certain qu'il n'a pas tort et il n'est toujours que de reprendre vos propres écrits (pages 107, 110, 111 et 112 cités par moi page 207 et 208) pour faire la preuve que ces avantages étaient prélevés sur les moyens d'existence de la masse des détenus.
..............................5
Voilà. J'ai maintenant répondu à tout.
Il reste le fond du problème et, ce fond du problème qui était, dans un échange de correspondances entre nous, la seule possibilité que nous avions d'élever un peu le débat, votre lettre ne l'évoque même pas. D'autre part, commandée par ce que vous m'avez écrit, jusqu'ici, ma réponse n'a pu y faire que de trop brèves allusions et, si j'en voulais traiter maintenant, je risquerais d'être un peu long. Je me bornerais donc à vous dire que, si l'on pousse le raisonnement jusqu'aux extrêmes limites de la logique, il ne fait pas de doute que nous serons, vous et moi, considérés un jour comme ayant témoigné sur un même évènement.
- Vous en donnant le point de vue de la hiérarchie des camps qui fut plus tard la hiérarchie de la société issue de la guerre ou, en d'autres termes, que votre témoignage servit une politique - celle du moment, comme s'il avait été rédigé dans cette intention;
- et moi en donnant le point de vue de la masse dont l'expérience enseigne que, dans toutes les sociétés, il est le facteur capital de leur évolution dans la voie du progrès et devient, à la longue et en gros, non pas celui de l'histoire puisque l'histoire n'a pas de point de vue, mais celui de toutes les postérités dans la mesure où ces postérités s'expriment.
A partir de ces deux considérations, point n'est besoin de s'écarter beaucoup du langage des historiens dans l'intention de se rapprocher de celui des philosophes (ce qui arrive dans toutes les sciences, le spécialiste étant toujours plus ou moins obligé de céder la place au philosophe au moment des conclusions) pour établir que le point de vue des hiérarchies est toujours conservateur [191] ou réactionnaire et que, pour l'être avec le maximum de chances, il a besoin d'organiser la conspiration du silence autour des documents qui sont contraires à ses thèses. Par là-même, il n'a rien de commun avec la vérité historique: il n'est que la vérité du moment imposée par des rapports de forces. Le point de vue de la masse, au contraire, est ouvert sur l'avenir en ce sens que, victime de la vérité du moment, il appelle toujours de nouveaux documents. Et, s'il n'est pas toujours dans le sens de l'histoire, dont, vous le savez aussi bien que moi, l'évolution en zig-zag est commandée dans une grande mesure par les rapports de forces, il va dans le sens de la vérité historique. Par là-même il est toujours révolutionnaire car la vérité historique est toujours révolutionnaire.
Vous dirai-je, par exemple, que votre livre a justifié le comportement de la Häftlingsführung dans tous les camps et, comme la Häftlingsfürung était généralement communiste, qu'il a été un des tremplins et non des moindres, de la politique communiste depuis la fin de la guerre ? Que justifiant le comportement de la Häftlingsführung, il a en même temps justifié toutes les horreurs dont, pour beaucoup d'entre elles, la responsabilité ne peut-être, à ce niveau, reportée sur personne d'autre ? Ajouterais-je que vous vous êtes tu sur des documents à peu près certainement connus de vous dont je ne citerai qu'un seul : Le Journal du Comité pour le salut des Juifs de Hongrie de 1942 à 1945 du Dr Rezso Kastner, que le Tribunal de Nürnberg devant lequel il fut produit grâce à la ténacité et aux efforts considérables du résistant hongrois Aloïs Steger (toujours si méconnu et aujourd'hui victime de la plus noire ingratitude) n'a pour ainsi dire pas retenu bien qu'il soit un des plus authentiques et des plus objectifs témoignages sur le comportement du national-socialisme ? Et que vous avez, par action ou par omission, contribué à authentifier les interprétations données à des documents douteux comme le Protocole de Wannsee, les ordres de faire sauter tous les camps, gardiens compris, à l'approche des alliés, la version longtemps officielle des douloureuses noyades de la Baltique, les statistiques produites dans la presse par des journalistes de basse qualité sur [192] les exterminations par les gaz, les descriptions de ces exterminations et que sais-je encore ?
Si donc, je pouvais me permettre de porter un jugement (ce genre d'exercice n'a jamais qu'un caractère subjectif, bien sûr) sur votre livre au niveau de l'histoire, je dirais ceci : visiblement pressé de dresser un acte d'accusation pour les besoins d'une politique, vous avez fait peser toutes les responsabilités de la politique dont elle prenait la suite, sur l'exécutant et sur le gardien de prison. Or je ne crois pas qu'il soit possible de contester que ces responsabilités incombent au régime qui a produit la guerre de 1914-1918, laquelle a été a l'origine d'une politique internationale qui a produit le national-socialisme, lequel a produit en Allemagne les camps de concentration qui, dans le même temps et pour les mêmes raisons, se sont retrouvés avec les mêmes caractères, dans bien d'autres secteurs de la société mondiale où on les retrouve encore. Au niveau de la philosophie, voici ce que je dirais : ayant fait peser toutes les responsabilités sur l'exécutant et sur le gardien de prison, comme vous êtes toujours dans les dispositions d'esprit du conservateur pour lequel la responsabilité entraîne toujours la punition, votre cas s'est encore aggravé du fait que vous avez logiquement été amené à demander la punition de l'exécutant et du gardien de prison, c'est-à-dire à faire payer à des individus arbitrairement choisis, les fautes de la collectivité et le véritable responsable, le régime qui a produit la guerre et la nazisme, court toujours, toute latitude lui étant laissée de recommencer. Et voyez comme tout s'enchaîne: au niveau de la politique, c'est-à-dire le plus bas, vous vous êtes trouvé à l'origine de cette idée abominable et fausse par surcroît qui s'est répandue dans le monde entier, à savoir :
[193]
Vous avez alors abouti à un résultat que peut-être vous ne cherchiez pas : la transformation du peuple allemand en un peuple de cinquante millions d'accusés qu'il fallait, de toute évidence, mettre au ban de l'humanité et contre lequel se sont immédiatement dressés tous les chauvinismes, en particulier le chauvinisme français. C'était tout ce que demandaient les communistes et, après quinze ans, c'est toujours tout ce qu'ils demandent d'où l'importance qu'à leurs yeux votre témoignage garde... Dans cet ordre d'idées, je n'ai plus rien à ajouter si ce n'est que nous en sommes là, et que, quand l'apprenti-sorcier a déclenché le mécanisme, il est très difficile de ramener l'ordre dans les choses.
J'ai gardé un tout petit fait pour la fin...
Vous savez qu'à Hamburg, ma conférence a été interdite. Or, il m'a été dit par six personnes différentes et le jour même, que vous étiez à Hamburg le 24 mars à 16 heures (Bartel's Hôtel Luftchaussée) en compagnie d'un Monsieur Hoffmann - le 24 mars, c'est-à-dire la veille de ma conférence... Bien que les gens qui m'ont rapporté la chose aient ajouté que le président Buhl était de vos amis, et surtout parce qu'ils établissaient des rapports, à leurs yeux certains, entre votre présence à Hamburg ce jour-là et l'interdiction de ma conférence du lendemain, je me suis, sur le moment, refusé à les suivre dans leurs déductions. Vous dirai-je qu'aujourd'hui, après avoir lu votre lettre et en présence de l'acharnement dont elle fait la preuve contre la liberté d'examen ou d'expression, j'en viens à me demander s'il n'y a pas quelque chose de vrai dans tout cela ? Il vous appartient de confirmer ou d'infirmer : je vous croirai sur parole.
Mais ce n'est pas tout... Le lendemain du jour où ma conférence devait avoir lieu, un journal (Echo) a donné les raisons de l'interdiction : « Monsieur K.H. Priester était un ancien S.S.-officier » et, par voie de conséquence ma conférence était « d'inspiration nazie ». Sachant à quel point elles sont fonction de l'évolution des circonstances, je n'attache pas d'importance aux opinions politiques des gens : combien de prêtres défroqués sont devenus libres penseurs, combien d'anciens militaires sont devenus des pacifistes ou vice-versa, [194] combien de communistes sont devenus des fascistes ou vice-versa, ce sont là des problèmes qu'on se pose peu mais qui ont leur importance. Si les opinions politiques des gens n'évoluaient pas, il n'y aurait plus aucune chance de voir un jour les structures sociales évoluer vers le progrès et, par dessus tout, on pourrait se passer de « professeurs de sciences politiques » dont cette évolution est la justification. En l'occurrence, si l'on veut faire la preuve que mon livre est « d'inspiration nazie » en s'appuyant sur le fait que Monsieur Priester est un « ancien S.S.-Officier » non seulement c'est manqué parce que Monsieur Priester n'a jamais appartenu à la S.S., mais encore, on fait la preuve qu'on n'a pas beaucoup d'arguments à l'appui de cette thèse puisque le seul qu'on produit est faux. Je vous dis cela parce que j'avais déjà trouvé cette accusation sous cette forme dans une publication (Hessische Jugend n° 11, nov. 59) gratuitement distribuée dans toutes les écoles de Hesse sous les auspices du ministre de l'Éducation, et parce que, à tort ou à raison, je crois bien que c'est un peu votre avis.
Je suis un socialiste, Monsieur. Bien qu'assez peu mêlé aux luttes politiques, j'ai derrière moi près de quarante années de comportement socialiste. Mon socialisme est un socialisme doctrinal. Il se fonde, non sur le marxisme, mais sur les préoccupations et découvertes de gens comme les Anglais Robert Owen et Keir Hardie, l'Allemand Bernstein, le Suisse James Guillaume, le Français Proudhon, le Russe Kropotkine, etc. et il s'assortit de la philosophie de Tolstoï et de Gandhi. Il ne s'accorde évidemment pas avec le socialisme des partis en ce sens que, refusant la violence, il refuse aussi la guerre, donc le nationalisme d'un autre âge dans lequel ont sombré les partis socialistes européens depuis les années 30, et enfin cette conception romantique de la révolution des barricades. Qu'il soit un peu influencé par les données de l'histoire, je n'en fais pas mystère, non plus que de ce qui lui vient des données de la science moderne: il a besoin de la vérité historique et il s'écarte de toutes les entreprises partisanes qui flattent les bas instincts des foules dans des intentions toujours inavouables. Et si mon livre pouvait être suspecté de quoi que ce soit dans le sens de la partialité, ce serait seulement de s'être inscrit dans cette doctrine qui est celle de l'impartialité.
Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance du soin que j'ai pris à ne rien vous dire ici, qui ne fût dans les limites permises par les impératifs de la correction.
Paul RASSINIER
[sans pagination]
Paul Rassinier est né le 18 mars 1906, à Bermont près de Montbéliard. Son père, militant socialiste, à l'époque où ces mots conservaient encore un sens, fut mobilisé pendant la « grande guerre »,. Ses activités pacifistes et internationalistes lui valurent cinq ans d'emprisonnement.
Les révolutions russe et allemande furent accueillies avec espoir dans la famille.
En 1922, à l'âge de seize ans, influencé par Victor Serge, Paul Rassinier adhère au parti communiste; très rapidement, il rallie l'opposition, puis est exclu en 1932. Il anime alors avec quelques militants ouvriers la FédérationcCommuniste indépendante de l'Est et publie Le Travailleur de Belfort. Il participe à différentes tentatives d'unification du mouvement révolutionnaire, tant sur le plan syndical avec Rosmer, Monatte (La Révolution Prolétarienne), que sur le plan politique avec Souvarine (Les Cercles Communistes Démocratiques).
Constatant la débâcle du mouvement ouvrier, et devant l'impossibilité pratique de reconstruire une organisation révolutionnaire indépendante qui soit autre chose qu'une secte, Il préfère, après le 6 février 1934, défendre ses idées à l'intérieur du parti socialiste S.F.I.O.
Secrétaire de la fédération de Belfort, il appartient à la tendance de Marceau Pivert, puis de Paul Faure, et s'efforce de vulgariser en Franche-Comté les positions pacifistes de Louis Lecoin. Suspecté de pacifisme en 1939, Il est arraché par Paul Faure à la répression daladiériste.
Après l'invasion allemande, la même lutte continue. Paul Rassinier sera donc un résistant de la première heure. Co-fondateur du mouvement Libération-Nord, il organise la production en grand de faux papiers et fonde le journal clandestin La IVe République auquel Radio-Londres fit écho.
Arrêté par la Gestapo (octobre 1943), il est torturé pendant onze jours (mains écrasées, mâchoire brisée, un rein éclaté). Son épouse et son fils âgé de deux ans sont également arrêtés et restent incarcérés deux mois.
Il est déporté à Buchenwald puis à Dora (dix-neuf mois), invalide à 95% (révisés à 105%) des suites de déportation, il ne survit que grâce à une discipline draconienne et au dévouement des siens.
Il reprend sa place à la tête de la fédération S.F.I.O. de Belfort et n'hésite pas à déclarer qu'il n'a jamais rencontré dans la résistance la plupart des hommes qui parlent maintenant en son nom.
Élu député socialiste à la deuxième Constituante, il est battu le 10 novembre 1946, le parti communiste lui ayant barré la route en portant ses suffrages sur le candidat radical.
Il se retire progressivement de la vie politique « active » et se consacre à ses recherches historiques et théoriques.
A la suite de la publication du Mensonge d'Ulysse, une campagne nationale se déchaîne contre lui, il est exclu de la S.F.I.O. sur l'intervention de Guy Mollet et de Daniel Mayer. Très désabusé, il se rapproche de courants anarchistes et pacifistes et conserve l'amitié et l'estime tenace d'hommes comme Marceau Pivert, Louis Lecoin, Louis Louvet, Alfred Rosmer, André Prudhommeaux, etc., et aussi de quelques militants socialistes et du S.N.I., notamment en Franche-Comté.
Il entretenait également des relations de travail, et aussi amicales avec quelques historiens, et quelques honnêtes hommes d'extrême droite, ou réputés tels, ce qui lui fut véhémentement reproché. Comme si la fréquentation de certains hommes de gauche était moins infamante.
Il mourut te 28 juillet 1967, persuadé que son oeuvre ferait son chemin et que l'humanité finirait par produire une génération capable de la comprendre.
Paul Rassinier était titulaire de la médaille de vermeil de la Reconnaissance Française et de la Rosette de la Résistance, décorations qu'il ne portait jamais.
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inquiété pour ses opinions et celui de chercher,
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adoptée par l'Assemblée générale de
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