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Réponse au livre de Roger Garaudy par un exterminationniste très connu et important

Par un anonyme qui cache mal un certain Jean-Claude Pressac

 

[Cet article portait le titre suivant : "Une critique sur le fond" et a été publié par L'Autre Histoire,, revue d'histoire publiée par l'ABRH, n· 6, daté du 16 octobre 1996, p. 9-14. Nous sommes en mesure de dire que l'auteur de ces pages, publiée dans une revue qui ne se sentira pas insultée si on la qualifie d'extrême-droite, se reconnaît à mille pas par son style pesant et ses petites manies: c'est le pharmacien de la Ville-du-Bois, qui s'est défilé lors du dernier procès Faurisson, qui a eu lieu le 25 septembre 1997 à Paris, où il était convoqué comme témoin. C'est Jean-Claude Pressac dont le faux-nez est ridicule. Mais il peut écrire: "... ignorance crasse du sujet par la presse... et aussi par les universitaires, ce qui est consternant". Il dit aussi, plus loin: "Aucune recherche historique fondamentale n'a été engagée depuis des années, sauf en de rares exceptions". Et dans sa conclusion: "...le refus des universitaires de prendre en compte les travaux dits "révisionnistes" et d'y répondre [...] induit en erreur le grand public qui a l'impression que les historiens officiels n'ont pas d'arguments à opposer à ceux des révisionnistes". Il n'ose pas leur dire en face parce que, au fond de lui-même, il les craint et les respecte. Encore une marque de sa bêtise.Après tout, les gens sont méchants, on peut comprendre qu'il ne signe pas. AAARGH]


L'ouvrage de Roger Garaudy les Mythes fondateurs de la politique israélienne mérite mieux que le traitement qui lui a été réservé par les médiats. La grande majorité des journalistes et des commentateurs se sont publiquement étranglés d'indignation en se gardant bien de contester le contenu du livre sous le fallacieux prétexte que le débat historique a déjà eu lieu. Cet argument est faux et ne sert qu'à camoufler l'ignorance crasse du sujet par la presse, ce qui n'est pas étonnant et aussi par les universitaires, ce qui est consternant.

La première partie de l'ouvrage de Roger Garaudy traite de théologie et je ne l'aborderai pas. La troisième relève de l'appréciation politique et relate le conflit personnel de Roger Garaudy avec la LICRA, domaines en dehors de l'histoire. Je ne m'intéresserai qu'à deux parties de ce volume : "Le mythe de la justice de Nuremberg" et "Le Mythe de l'holocauste". Sur ce dernier point, il faudrait un livre entier pour relever les interprétations tendancieuses de faits mal observés, les généralisations abusives d'ailleurs utilisées à la fois par l'histoire officielle et les révisionnistes et les conclusions "définitives" reposant sur ces donnés inexactes. Je me bornerai à des exemples.

Quel est le nombre des victimes juives lors de la seconde Guerre mondiale ? Existe-t-il un débat historique sur le massacre des Juifs ? Est-il bloqué actuellement ?

L'histoire concentrationnaire aborde de nos jours une période charnière dont dépendra sa survie. Les acteurs de ces faits, insoutenables et auxquels il est impossible de s'habituer, succombent de mort naturelle. Certaines amicales se ferment. D'autres sont en survie provisoire. Un témoignage humain, aléatoire par définition et s'il recèle trop d'imprécisions ou d'inexactitudes démontrées ne sera retenu par la mémoire dans l'avenir. L'expérience concentrationnaire, fondée depuis 1945 sur les récits des déportés, attaquée depuis 1950 par des personnes y ayant découvert des contradictions et parfois des mensonges, risque de s'éteindre faute d'avoir été renforcée de preuves irréfutables. Les documents de source allemande autorisent l'écriture d'une histoire précise et détaillée qui permet de contrôler les témoignages et de les valider si besoin est. Mais cette démarche est trop récente pour être pleinement acceptée par les principaux organismes mémoriels qui, malheureusement, se bornent à diffuser une histoire légendaire qui fut pour le peuple juif, puis pour l'état israélien, d'une nécessité vitale après la guerre.

Les révisionnistes s'acharnent sur cette histoire-légende dont ils annoncent l'extinction rapide, favorisée par le jusqu'au boutisme de certains responsables qui refusent l'évidence Ces deux camps d'irréductibles sont intimement liés par leur antagonisme. La survie des uns conditionne la prospérité des autres.

Les six millions de victimes de la "solution définitive" sont au centre de ce combat. C'est bien sûr, un symbole. Le chiffre des morts d'Auschwitz-Birkenau fut estimé après guerre de 2,5 à 5 millions et une moyenne de 4 millions fut retenue. Considéré ensuite comme "émotionnel", il varie actuellement de 0,7 intra-muros (Pressac, édition allemande de 1994) à 1,5 millions (inscription officielle actuelle sur le monument de Birkenau). Ce dernier chiffre est encore symbolique et fut imposé par le gouvernement polonais, alors que des historiens comme l'américain Raul Hilberg avançaient 1 million de morts juifs en 1985 et le polonais Franciscek Piper 1,1 millions pour l'ensemble en 1990. Par manque de données complémentaires, la marge de 400.000 existant entre le chiffre de Piper et celui de Pressac ne peut encore être réduite. L'écart provient de différences d'estimations sur le nombre de Juifs de Pologne et de Hongrie déportés en masse à Auschwitz, car les données s'y rapportant sont fragmentaires. En revanche, et par exemple pour la France, à la suite des travaux de Serge Klarsfeld, le nombre de 69.000 Juifs déportés morts à Auschwitz est pratiquement définitif. Il est à espérer que dans quelques années, un chercheur en possession de nouvelles informations réduira l'écart entre ces deux résultats en cernant au plus près ou en donnant le chiffre réel. Ce sera un travail complexe, éprouvant, ingrat, mais qui est nécessaire à l'histoire et reflète l'amélioration de notre savoir. Il ne peut y avoir de débat avec une personne déclarant sans preuves à l'appui, qu'à Auschwitz-Birkenau, quelques dizaines de milliers de détenus seulement sont décédés.

Une approche technique des camps de la mort de Belzec, Sobibor et Treblinka, en prenant en compte le développement de ces sites, leur passage par plusieurs phases d'aménagement, le nombre réel de convois arrivés, les capacités de traitement des installations de mort, le nombre réel de rotations journalières, les possibilités, suivant les saisons, d'incinération en fosses à ciel ouvert, indique que les chiffres avancés par les Polonais en 1945-1950 sont déraisonnables et exagérés. Les tueries exécutées par les quatre unités d'Einstatzgruppen en Russie sont, malgré de nombreux rapports, mal chiffrées parce que les SS majoraient les résultats de leurs meurtrières activités, ordonnées uniquement pour des raisons de sécurité derrière le front. William L. Shirer, qui couvrit le procès de Nuremberg et qui ne peut être accusé d'une quelconque sympathie pour les Allemands, perçut la démesure de ces chiffres de Juifs russes assassinés et la signale. En fait, on attend qu'un historien allemand, biélorusse ou russe s'attelle à cette enquête et fournisse des résultats sûrs qui, pour l'instant manquent.

Pareillement, des études complémentaires sont obligatoires pour les camps de Kulmhof et de Maidanek, respectivement centre de liquidation des Juifs du Wartheland faute de rations suffisantes avec deux ou trois camions "gazeurs", et camp de concentration dans Lublin avec deux chambres à gaz à l'oxyde de carbone, car leurs historiques, établis juste après la guerre, n'ont pas varié d'un iota depuis.

En fonction de toutes ces remarques, il est clair que le chiffre de six millions ne correspond plus à la réalité historique. Un nouveau chiffrage ne sera envisageable que lorsque ces travaux rectificatifs auront été menés à bien.

Il existe, sur le massacre des Juifs, des débats qui n'en sont pas. Les conférenciers tournent en rond en reprenant toujours les mêmes sujets ou en abordent de futiles comme "la Dermatologie sous le IIIe Reich", traité récemment dans une conférence du musée de l'Holocauste à Washington. Il faut se pincer pour vérifier qu'on ne rêve pas. Aucune recherche historique fondamentale n'a été engagée depuis des années, sauf en de rares exceptions. Les organismes ou personnes détenant des documents importants les dissimulent de peur qu'ils bouleversent la structure édifiée depuis cinquante ans, ou ne les transmettent pas à ceux capables de les exploiter. Les financements, désormais européens, sont réservés aux expositions mémorielles, reposant sur des poncifs éculés et souvent erronés avec des photographies maquillées, telle celle d'un groupe de Juives de Hongrie attendant d'être gazées devant la façade sud du crématoire V à l'été 1944 ou truquées comme celle d'un centre d'euthanasie avec la fumée s'élevant au-dessus et diffusées régulièrement.

On assiste à une division mondiale, correspondant grossièrement aux écoles intentionnalistes et fonctionnalistes. La première sévit aux Etats-Unis et s'accroche à la légende de l'holocauste et un de ses derniers avatars, le livre de Daniel Jonah Goldhagen Hitler's Willing Executioners : Ordinary Germans and the Holocaust (" les Allemands ordinaires et l'holocauste") a fait scandale par la simplicité réductrice de sa thèse, à savoir qu'il existe une forme spécifiquement allemande d'antisémitisme et que les Allemands sont tous coupables: c'est Nuremberg II. L'école américaine, ayant oublié la question essentielle, est tombée au stade des "bataillons de police" allemands et ne produit plus que des travaux aberrants. La seconde se situe en Europe (à l'exception de la Pologne qui fait partie de la précédente catégorie) et tente de faire progresser une histoire rationnelle et sensée, reposant sur de nouveaux documents allemands, retrouvés dans des fonds d'archives inexploités.

Que faut-il penser du livre de Roger Garaudy. Tombe-t-il sous le coup de la loi Gayssot ?

Au tribunal de Nuremberg on parla beaucoup des chambres à gaz. Les Soviétiques évoquèrent celles d'Auschwitz, de Maidanek et des trois camps de la mort. Du côté américain, on présenta les chambres à gaz de Dachau et de Mauthausen. La volonté des Soviétiques d'attribuer la tuerie de Katyn aux Allemands affaiblit leurs allégations, même si officiellement elles étaient acceptées. La gêne, voire la méfiance des Occidentaux vis-à-vis du monde communiste, et leur désir de ne représenter que des accusations fondées, transparaît dans le film projeté aux participants de Nuremberg Nazi concentration camps. Il ne montrait qu'une seule chambre à gaz homicide et censée avoir fonctionné au Zyklon-B (gaz cyanhydrique), celle de Dachau, et ce fut un mauvais choix. Pourtant, un dossier sur le crématoire et la chambre à gaz de ce camp soutenait l'impact des images.

Ce dossier de construction de la chambre à gaz avec les plans du crématoire avait été saisi parmi les papiers retrouvés à la Direction des constructions SS de Munchen-Dachau (dite Bauleitung). Ce service, ne semblant n'avoir rien à se reprocher, avait abandonné sans les détruire les dossiers d'édification des multiples bâtiments du camp. L'ensemble de ces archives ayant été saisi par les Américains, il leur fallut peu de temps pour retrouver le dossier du crématoire. Une surprise de taille les attendait. Sur le plan du rez-de-chaussée du crématoire, la bâtisse était nommée Baraque "X" (document NO-3887). Chacune des pièces était désignée d'un numéro de 1 à 21. Le numéro 8 porté sur l'emplacement de la chambre à gaz indiquait qu'il s'agissait d'une morgue. Les Américains, au lieu de chercher à comprendre et pressés par le temps, préférèrent procéder par élimination. Le titre du dossier Baraque X, était prometteur, digne d'un roman policier et fouettait l'imagination des justiciers venus d'outre-Atlantique. Une pareille désignation ne pouvait dissimuler que les pires turpitudes. On la laissa. Le reste des documents était plus gênant, parce que la chambre à gaz y figurait uniformément sous l'appellation de morgue. Toutes les pièces ainsi libellées furent "écartées". Le dossier "allégé" ne comportait plus que six lettres ou rapports SS (NO 3859 à 3864) accompagnés de sept plans du crématoire (NO 3884 à 3890). Or de nos jours les habitudes administratives des directions des Constructions SS pour les camps sont parfaitement connues. Quand les SS projetaient un bâtiment, ils en réalisaient les plans et un descriptif complets. Cette liasse était envoyée à Berlin pour acceptation ou non. Une fois le projet agréé et l'argent débloqué, le chantier du bâtiment pouvait être ouvert, soit en régie propre, en employant uniquement des détenus, soit avec l'aide d'entreprises extérieures, ce qui engendrait une nouvelle correspondance particulière. Les entreprises civiles adressaient à la Bauleitung du camp leurs récapitulatifs de travaux pour paiement. Une fois le chantier achevé, le bâtiment était réceptionné par ce service et toutes ses parties et les équipements décrits. Les bâtiments étaient alors remis à l'administration du camp. La Bauleitung adressait un rapport final à Berlin pour régularisation définitive. Si une modification du bâtiment se révélait indispensable, le même processus bureaucratique recommençait. Dans le cas du chantier n· 14 de Dachau, si le gros-oeuvre de la baraque "X" fut mené par les détenus sous la conduite des SS, deux entreprises civiles intervinrent obligatoirement: la Heinrich Kori de Berlin pour le montage des quatre fours d'incinération monomoufle et la Degesch de Francfort sur le Main ou une firme affiliée pour la livraison et l'installation des chambres à gaz d'épouillage, annexées au bâtiment crématoire. Aucune pièce ne mentionne ces firmes. Le dossier présenté à Nuremberg était manifestement incomplet.

Les Américains gardèrent les archives de la Bauleitung SS de Dachau. Leur lieu de dépôt, aux Etats-Unis ou en Allemagne, n'a jamais été révélé car dépendant du service du contre-espionnage américain, ce qui le rend inaccessible. Après avoir laissé piller les éléments essentiels de la chambre à gaz de Dachau par leur soldatesque et écarter par leurs procureurs des pièces du dossier de construction, les Américains, incapables d'affirmer si ce local avait fonctionné ou non et d'expliquer comment, se déchargèrent de ce boulet encombrant dont ils avaient clamé la fonction homicide au monde entier. Le relais fut pris par les anciens déportés de Dachau auxquels il ne restait qu'une possibilité pour reconstituer leur histoire : la mémoire. Selon eux, la construction du nouveau crématoire où se trouve la chambre à gaz dura de fin 1942 à avril 1943. Elle devait servir à liquider les Juifs venant d'Occident. Grâce aux sabotages des détenus l'aménageant, elle ne put devenir opérationnelle qu'en 1945, trop tard pour être utilisée. Ce récit fut diffusé après-guerre par le Comité international de Dachau. Un gazage fut décrit par un ancien détenu médecin, le Dr Blaha comme ayant été mené sous la direction d'un médecin SS, le Dr Rascher. Il ne peut se placer en fonction de la version officielle, qu'en 1945. Mais Rascher fut arrêté par la police criminelle allemande le 28 mars 1944, parce que sa femme, prétendant être enceinte à l'âge de 51 ans, avait fait voler un nourrisson pour le présenter comme étant le sien. Donc le gazage rapporté par le Dr Blaha ne peut se situer qu'en 1944, avant l'arrestation de Rascher. Si on a la curiosité de monter au grenier du crématoire, on peut y constater que l'ensemble de l'appareillage technique de la chambre à gaz fut posé et est pratiquement intact, excepté quelques dégradations dues aux chasseurs de souvenirs américains. Sur le caisson de la soufflerie est fixée une plaque de fabrication donnant les caractéristiques du ventilateur et son année de construction (1944). Le gazage eut lieu entre janvier et fin mars 1944 et le plus probablement à la mi-mars ; portant sur sept détenus, deux semblent en être morts. Le gaz utilisé était un vésicant, tel l'ypérite ou la léwisite, dont Rascher voulait étudier la diffusion à diverses températures. Il s'agit donc d'une chambre à gaz médicale expérimentale, et rien d'autre, n'ayant servi qu'une seule fois. De nos jours, que reste-t-il sensu stricto dans le film Nazi concentration camps des accusations de gazages homicides massifs?

Les révisionnistes, tout en contestant la chambre à gaz de Dachau dont l'inutilité les fait glousser tout en tentant d'y prélever des échantillons afin d'y rechercher des cyanures, ont été incapables d'avancer des explications sur l'origine, les emplois et la marche de cette pièce. Ils démolissent, mais ils ne reconstruisent pas.

Roger Garaudy nous induit en erreur lorsqu'il cite un juriste américain résidant à Dachau après la guerre qui certifie n'y avoir jamais vu de chambre à gaz alors que tout le monde peut la visiter à l'actuel Gedenkstätte Memorial à Dachau.

Les méthodes du tribunal militaire international de Nuremberg sont discutables. Les traductions furent parfois tendancieuses (Ausrottung traduit par "destruction" au lieu de "extirpation"). Mais il a le mérite d'avoir publié les documents allemands à charge qui restent, malgré les critiques, une source historique incontournable. De plus, il a porté un jugement sur "la persécution des Juifs dans les pays de l'Est", et non le "génocide", qui demeure valable à une précision près: "Comme moyen d'aboutir à la ''solution finale''", il aurait fallu ajouter: "telle qu'elle fut définie à la fin mars 1942". Les Juifs furent réunis dans des camps, où l'on décidait de leur vie ou de leur mort selon leur condition physique. Tous ceux qui le pouvaient encore devaient travailler; ceux qui étaient hors d'état de le faire étaient exterminés dans des chambres à gaz, après quoi on brûlait leurs cadavres. Certains camps de concentration, tels que Treblinka et Auschwitz, furent principalement choisis à cette fin."

Roger Garaudy cite comme référence absolue le Rapport Leuchter. Fred Leuchter est un ingénieur américain spécialiste en chambres à gaz d'exécution et en piqûres létale. Naif; crédule et croyant à l'holocauste comme tout Américain moyen, il fut retourné par la dialectique sophistiquée de Robert Faurisson et accepta d'effectuer un voyage en Pologne communiste pour expertiser les chambres à gaz nazies. Les frais, très élevés, furent financés par Ernst Zündel, un révisionniste canadien parmi les plus actifs. Pour faire plaisir au client, le résultat était couru d'avance: les locaux présentés comme chambre à gaz homicides ne pouvaient pas avoir fonctionné ainsi. C'est grâce à la cassette vidéo enregistrée par l'équipe Leuchter qu'il fut possible d'apprécier la qualité de son travail de prélèvements d'échantillons dont un laboratoire détermina la teneur en cyanures. Au crématoire I, les prélèvements clandestins furent pratiqués correctement, sauf un échantillon prélevé sur du ciment d'après guerre et donc forcément sans cyanures. Au crématoire II, sur quatre prélèvements, deux ne pouvaient être que négatifs et pour les deux autres, il y eut selon toute vraisemblance substitution afin qu'eux aussi le soient. Dans le principal instrument de meurtre des Juifs, Leuchter avait probablement compris qu'il était important de ne pas trouver le moindre centième de milligramme de cyanures. Il en fut ainsi. Au crématoire III, un ou deux prélèvements ne furent pas filmés et sont à rejeter. Le sommet de la bêtise de cette "expertise" fut atteint aux crématoires IV et V. Leuchter ignorait l'histoire de ces bâtisses. Le IV fut démantelé totalement en octobre 1944 et il n'en resta qu'une base de ciment nue. Les SS avaient fait sauter le V le 22 janvier 1944 et il n'en demeurait qu'un monceau de gravats. Après la guerre, les Polonais redélimitèrent les pièces du IV selon un plan allemand avec des murets de briques provenant du V. Ils voulurent reconstruire le V, mais ce projet tourna court alors que les murs réédifiés étaient hauts d'un mètre environ. Les briques ne pouvaient retrouver leurs places originelles et furent mélangées lors de la reconstruction partielle. Dans ces crématoires, tous les résultats de Leuchter n'ont aucune signification quoique nombre d'échantillons aient comporté des traces de cyanures. De plus, Leuchter, qui n'avait plus le professeur Faurisson derrière lui, prit la pièce centrale du crématoire IV pour une chambre à gaz, alors que l'ensemble des trois existantes se situait à l'extrémité ouest du bâtiment.

Leuchter commet d'autres erreurs, les énumérer serait fastidieux. Pour satisfaire Robert Faurisson, qui croit que les chambres à gaz n'existent pas là où il y en eut, mais sont présentes là où il n'y en eut pas, Leuchter opéra un prélèvement sur une porte des cellules d'épouillage Topf à air chaud du Zentral Sauna (ensemble sanitaire proche du crématoire IV). Le résultat fut conforme à la réalité historique : négatif. Voilà comment fut réalisé le triste Rapport Leuchter, aux prélèvements frauduleux et sans valeur, que les révisionnistes et Roger Garaudy utilisent comme preuve irréfutable de l'inexistence des chambres à gaz homicides.

Quant à la preuve de l'existence d'une chambre à gaz homicide dans le crématoire II, elle se trouve dans la lettre de la Topf et fils d'Erfurt du 2 mars 1943 envoyée à la direction centrale des constructions SS (Zentralbauleitung) d'Auschwitz qui a été publiée par Jean-Claude Pressac dans son livre les Crématoires d'Auschwitz. On y relève l'association des mots : "crématoire II détecteurs de gaz acide cyanhydrique". Les révisionnistes, pour s'en débarrasser, ont dit que c'était un faux. Le faussaire était un historien remarquable car il connaissait les griffes ou les signatures du chef de la Zentralbauleitung SS d'Auschwitz, le commandant SS Karl Bischoff, d'un de ses adjoints, le sous-lieutenant SDS Hans Kirschneck, de l'employé civil chargé des questions techniques pour les SS, Rudolf Jährling, du responsable des divisions D de la Topf, l'ingénieur principal Fritz Sander et du chef de la division D IV de la Topf (construction de crématoires), l'ingénieur principal Kurt Prüfer. Le faussaire disposait de papier à en-tête de la firme Topf antérieur à mars 1943, d'un de ses cachets et du cachet dateur de la Zentralbauleitung SS d'Auschwitz avec son registre complet de correspondance afin d'attribuer un numéro de réception du courrier exact. Il était aussi au courant des habitudes administratives de la Topf et savait qui avait procuration (Sander) et qui ne l'avait pas (Prüfer).

Dans les caves de l'ex-entreprise Topf, a été retrouvé récemment une note de Sander du 17 février 1943 relatant un appel téléphonique de Karl Schultze, l'ingénieur de la division B de la Topf (ventilation et climatisation) venant d'Auschwitz. Shultze se plaignait que la soufflerie d'aération de la Gaskeller ("cave à gazage") manquait. Il parlait de la "cave à cadavres 1" du crématoire II de Birkenau. Cette note fut contresignée par un des deux directeurs de la firme Ludwig Topf, son secrétaire de direction Max Machemehl, l'ingénieur Fritz Sander, le directeur d'exploitation Gustav Braun et le chef du service des achats, Florentin Mock. Quand ce document sera publié, il ne pourra s'agir bien sûr que d'un faux. On en arrive à se demander si le faussaire dénoncé par les révisionnistes ne serait pas un ancien employé de la Topf!

Il est sans intérêt de recherche de nouvelles preuves des chambres à gaz homicides pour le célèbre professeur de Vichy qui, à chaque nouvelle pièce découverte, criera de sa voix stridente : "Ce n'est pas suffisant ! Ce n'est pas toujours suffisant !"

Roger Garaudy souhaite entendre des experts sur plusieurs questions aux termes d'ailleurs contradictoires dont je ne retiendrai que deux:

* Les fours crématoires peuvent-ils fonctionner jour et nuit sans interruption?

* Était-il possible de brûler complètement les cadavres en 20 minutes dans un four crématoire?

Une précision préalable. L'expression "four crématoire" entraîne une confusion. Un "crématoire" est un bâtiment qui renferme principalement une salle de présentation du cercueil, une salle d'autopsie, un "four d'incinération" avec une cokerie (avant la guerre) et des bureaux administratifs. En simplifiant, un "crématoire" contient un "four d'incinération".

La réponse à la première question est oui. Qui la donne? Les ingénieurs Fritz Sander (division D) et Paul Erdmann (division D I, réalisation de tous types de foyers) de la Topf dans une lettre du 14 juillet 1941 à la nouvelle direction des constructions SS du camp de Mauthausen dont voici la traduction du deuxième paragraphe : "Dans le four d'incinération Topf à double creuset, l'incinération de 30 à 35 cadavres peut être atteinte en environ 10 h. Le nombre précédent peut être réduit en, cendres journellement sans problème et sans surcharge du four. Peu importe si est demandé un fonctionnement devant s'effectuer jour et nuit des incinérations successives. Le fait est prouvé que les matériaux réfractaires durent plus longtemps quand une température uniforme règne en permanence dans le four."

A la seconde question, la réponse est toujours oui pour un corps. en se référant au texte précédent, on déduit que dans un creuset incinérateur peut être brûlé en une heure 1,6 corps de 70 kg en moyenne, soit 112 kg. Une charge, composée d'une femme de 50 kg et de deux enfants de respectivement 10 et 25 kg, sera incinérée en 45 minutes, ce qui autorise à dire qu'un corps a été réduit en cendres en 15 minutes. C'est même mieux que les 20 minutes de Roger Garaudy! En employant le même genre de calcul que pratiquent les révisionnistes, on obtient un résultat exclusivement fondé sur une donnés d'ingénieurs compétents plus bas que le leur.

En dernier, Roger Garaudy reproche à Jean-Claude Pressac d'avoir traduit Leichenkeller ("cave à cadavres" par "chambre à gaz", ce qu'il n'a jamais fait. Au contraire, l'essence de ses travaux initiaux repose sur cette contradiction apparente, puisque la cave à cadavres des crématoires II et III de Birkeneau a été utilisée comme chambre à gaz homicide. Et que dire, sinon traiter par le mépris, la transformation par Roger Garaudy du contremaître de la firme Topf et fils, Heinrich Messing, en bourreau. Messing, qui fut membre du parti communiste allemand avant 1933, était serrurier ajusteur de la division B aux ordres de l'ingénieur Karl Schultze. Cet ouvrier installa à Birkenau l'aération et la désaération de la cave à cadavres 1 (ou morgue 1) du crématoire II, puis celle du III. Il ne savait pas que ce qu'il montait allait servir à tuer en masse des femmes, des enfants et des vieillards juifs. La découverte de cette horreur dans la matinée du 14 mars 1943 fut un choc dont il ne se remit pas. d'après les anciens employés de la Topf, Messing rentra à Erfurt le 11 juin 1943 physiquement et moralement brisé, et personne ne put lui tirer un mot sur ce qu'il avait vu à Birkenau. Voilà le "bourreau" de Garaudy, qui eut l'insigne courage d'écrire dans ses comptes rendus journaliers qu'il travaillait dans la "cave à déshabillage II" alors que les SS la qualifiaient de "cave à cadavres 2" (ou "morgue 2").

Conclusion

Le dérapage médiatique provoqué par le livre de Roger Garaudy les Mythes fondateurs de la politique israélienne provient de deux facteurs. Primo, l'existence de la loi Gayssot qui bloque au niveau universitaire toute correction rectificative et tout débat contradictoire sur ce douloureux épisode de la Seconde Guerre mondiale, dont l'essentiel des données fournies par les historiens de la Pologne communiste se révèle de nos jours mal établi ou erroné. Ces derniers sont coupables d'avoir laissé maintes zones inexplorées, s'en tenant exclusivement aux résultats agréés par les partis communistes soviétique et polonais. Secundo, le refus des universitaires de prendre en compte les travaux dits "révisionnistes" et d'y répondre. Cette attitude induit en erreur le grand public qui a l'impression que les historiens officiels n'ont pas d'arguments à opposer à ceux des révisionnistes. Le fait d'imposer un tabou sur la question empêche les investigations au grand jour, ne laisse une faible marge d'investigation qu'à des chercheurs indépendants et favorise outrancièrement les entreprises pseudo-historiques. Considérer des acquis vieux de dizaines d'années comme définitifs et intangibles conduit à les condamner aux poubelles de l'oubli. cela explique aussi que des personnes comme Roger Garaudy, découvrant la fragilité d'un dossier reposant sur les accusations simplistes ou manipulées de Nurembnerg et faute d'une histoire précise, ne trouvent de réponses satisfaisantes que dans les thèses révisionnistes où le vrai et le faux sont si étroitement mêlés qu'elles sont incapables d'en comprendre l'escroquerie intellectuelle et le danger. Ainsi, l'emploi exclusif par Roger Garaudy des arguments de Robert Faurisson fait tomber son écrit sous le coup de la loi Gayssot et même pour ceux qui rejettent cette loi inadaptée, lui enlève toute crédibilité historique sur le massacre des Juifs.

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Ce texte a entraîné une "Réponse de Roger Garaudy" dans le même numéro.

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Source: L'Autre Histoire,, revue d'histoire publiée par l'ABRH (adresse: SFPLA, BP 3, 35134 Coesmes. Directeur: Trystan Mordrel), n° 6, daté du 16 octobre 1996, p. 9-14.


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