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UNIVERSITÉ DE LYON III

FACULTÉ DES LETTRES

PAUL RASSINIER (1906-1967), SOCIALISTE, PACIFISTE ET RÉVISIONNISTE

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Mémoire de Maîtrise d'Histoire

Jean PLANTIN

| Table des matières | 1 | 2 | 3 |


Directeur de Mémoire:

Régis LADOUS


soutenue le 30 juin 1990 à 11 h. Mention "très bien". (Renseignements aimablement fournis par Les Faussaires de l'histoire, (éd. Golias), p. 15.)



INTRODUCTION


Depuis plus d'une dizaine d'années, l'on assiste dans pratiquement tous les pays d'Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord au développement de ce qu'il est convenu d'appeler le "révisionnisme" (1). Il ne s'agit pas ici de la récente "querelle" des historiens allemands (2) bien que certains d'entre eux, Ernst Nolte par exemple, aient été qualifiés de "révisionnistes" (3). Les révisionnistes dont nous voulons parler affirment qu'il n'a jamais existé de chambres à gaz homicides dans les camps de concentration de l'Allemagne national-socialiste et, mieux encore, que les dirigeants du III ème Reich et Hitler en particulier, n'ont jamais voulu exterminer les juifs (et d'autres populations comme les tziganes) ni n'ont mis en oeuvre un programme méthodique et systématique dans ce but. Les auteurs révisionnistes, dont la plupart ne sont pas historiens de profession (4) disposent de maisons d'édition et de revues nombreuses à travers le monde. En France, il faut citer les éditions de La Vieille Taupe et les Annales d'Histoire Révisionniste (5) suivies, depuis peu, de la Revue d'Histoire Révisionniste (6). Dans divers autres pays d'Europe, le révisionnisme est présent: en Espagne, avec la revue Revision (7), en Belgique avec la V.H.O.-Nieuwsbrief (8), en Autriche avec les revues Sieg et Halt (9). Cependant, c'est en Allemagne de l'Ouest que l'on trouve le plus grand nombre d'éditeurs et de revues révisionnistes: Druffel-Verlag, Grabert-Verlag, K.W. Schütz-Verlag, Kurt Vowinckel Verlag, les Historische Tatsachen (10) de Udo Walendy, Deutschland in Geschichte und

[6]

Gegenwart, (11) Code (12) . Le plus grand complexe révisionniste semble être celui situé aux Etats-Unis, en Californie, dans la banlieue de Los Angeles. C'est à Torrance très précisément qu'a été créé en 1978 l'Institute for Historical Review. Cet Institut a édité plusieurs dizaines d'ouvrages et son catalogue de diffusion comporte plusieurs centaines de titres. Parallèlement, il publie une revue trimestrielle de 128 pages The Journal of Historical Review (13) en alternance avec un bulletin d'informations, l'IHR Newsletter (14).

Les arguments développés dans les revues que nous venons de citer sont repris et utilisés par certains journaux politiques de tendance nationaliste. C'est pourquoi l'on a tendance à classer généralement les révisionnistes parmi les extrémistes de droite voire carrément les néo-nazis. Cependant, aussi étonnant que cela puisse paraître au premier abord, l'homme qui est considéré en quelque sorte comme le "père du révisionnisme de l'holocauste" (15) -- aussi bien par ses continuateurs (16) que par ses adversaires (17) -- ne correspond pas du tout à cette image stéréotypée.

Peut-être n'est-ce d'ailleurs un paradoxe qu'en apparence car Paul Rassinier, "pionnier du mouvement révisionniste mondial" comme le qualifie une revue espagnole (18), n'est pas le seul révisionniste à ne pas être issu de la droite. Rassinier, ancien communiste et ancien député socialiste, pacifiste et anarchiste, a en outre été résistant et déporté à Buchenwald et à Dora pendant près de 15 mois. Il est donc particulièrement intéressant d'examiner son parcours politique et idéologique même si nous ne disposons pas de tous les éléments nécessaires pour cette étude ainsi, les papiers personnels de Rassinier datant d'avant la guerre sont en très petit nombre et ceux qui existent sont pour ainsi dire inexploitables. Une remarque analogue pourrait être faite pour l'après-guerre. Par ailleurs, les archives des partis politiques ne se consultent pas aisément. Celles du parti socialiste de Belfort n'existeraient plus pour la période d'avant-guerre. Il reste les innombrables articles écrits par Rassinier lui-même. A cela s'ajoute l'autobiographie qu'il a publiée en 1955 sous le titre Candasse ou le huitième péché capital, ouvrage d'où est absent d'ailleurs tout détail précis, en particulier les dates et les noms de personne (19).

Si Rassinier est qualifié de "révisionniste", il est à noter qu'il n'a jamais employé lui-même ce terme pour se désigner. Ce qu'il écrivait lui semblait aller de soi. Sa démarche d'historien est indissociable de ses [7] convictions pacifistes ainsi que le prouvent abondamment ses livres et articles. L'on peut néanmoins légitimement s'interroger sur d'autres motivations éventuelles. Parmi ces dernières, l'hypothèse d'un préjugé antisémite ne peut être exclue a priori encore qu'il faille se garder, en ces matières, des explications simplificatrices et des procès d'intention.

C'est à juste titre, croyons-nous, que Rassinier est considéré comme le "père du révisionnisme de l'holocauste". Presque tous les travaux révisionnistes actuels se trouvent en germe dans son oeuvre (20). Mis à part, peut-être, le problème de la Häftlingsführung, si important aux yeux de Rassinier et que seul un ancien détenu pouvait sans doute aborder en connaissance de cause, tout y est: réfutation de témoignages de déportés et scepticisme à l'égard des aveux d'anciens nazis, évaluation critique des sources et contestation de l'authenticité et de la crédibilité de certains documents, ébauche d'une argumentation physico-chimique et technique sur les fours crématoires et les chambres à gaz etc. Il importe donc de connaître les arguments de Rassinier en ce domaine, aussi partiel et fragmentaire que soit son travail. A partir de ses ouvrages et des quelques renseignements que nous connaissons par ailleurs et qui pourraient nous éclairer sur ses méthodes de travail.

 

 

PARTIE I LE MILITANT POLITIQUE

[11]


Chapitre 1 : Orthodoxie et dissidence


La révolution russe de 1917 est accueillie avec enthousiasme dans la famille Rassinier de même que la révolution allemande de 1919. Le jeune Paul lit avec intérêt les journaux que rapporte son père à la maison ou auxquels il est abonné (21) . A seize ans, en 1922, il adhère au Parti Communiste sous l'influence de Victor Serge . Dès cette époque, il s'affirme non-violent (22).

Le premier article que nous avons de lui date du 11 décembre 1926. Il s'agit en fait d'une lettre adressée au Semeur (journal communiste de Belfort) intitulée : "J'accuse et je proteste!..." et signée par "Paul Rassinier, instituteur suppléant à Valdoie .

L'échec en juillet au Brevet Supérieur n'a pas empêché Rassinier, ainsi que ses autres camarades de promotion, de faire une demande de poste. En septembre, il recevait une nomination au titre de suppléant à un poste d'instituteur à Valdoie en remplacement d'une institutrice en congé, alors que trois de ses camarades de promotion, qui avaient obtenu le Brevet Supérieur en juillet, restaient sans poste. L'explication était que Emile Rassinier, maire de Charmois, parrain et oncle de Paul, était intervenu en faveur de son neveu auprès d'André Tardieu, député de Belfort et ministre des Travaux Publics . Celui-ci fit une démarche auprès de M. Deléage, directeur de l'Enseignement primaire et c'est ainsi que Paul Rassinier fut nommé instituteur suppléant. Paul Rassinier écrit pour bien préciser qu'il n'a rien de commun avec le Parti radical et accuse publiquement M. Deléage de l'avoir favorisé au détriment de ses camarades de promotion et cela sur les instances de M. Tardieu, home politique (23).


A - Intermède marocain.


C'est son opposition politique à André Tardieu qui lui vaudra d'être envoyé au Maroc pour effectuer son service militaire. S'il faut en croire Candasse, Paul Rassinier avait été pressenti pour devenir officier de réserve (24). Cependant, au cours d'une campagne électorale, Paul Rassinier et ses camarades communistes étaient allé porter la contradiction à Tardieu lors de plusieurs meetings.

Quelque temps plus tard, Rassinier "reçut notification d'un décret présidentiel le déclarant indigne de faire partie du corps des officiers de réserve, le rayant des effectifs de l'Etablissement y préparant, et [12] le priant d'attendre une autre affectation" (25).

Ce fut le Maroc. Cela se passait en 1927. La guerre du Rif était terminée depuis quelques mois. Dans le Sud marocain, cependant, la région du Tafilalet était en pleine effervescence. Belgacem tentait d'y réussir ce qu'Abd-el-Krim n'avait pas réussi dans le Nord. Pour les troupes françaises d'occupation, le Maroc était divisé en deux zones par le Grand Atlas. Quelques places fortifiées se trouvaient au sud du Grand Atlas: Ouarzazate, Erfoud, Ben Denib, Ksar es Souk, etc. Elles ne pouvaient être ravitaillées et ne communiquaient entre elles que par des colonnes armées précédées, flanquées et suivies d'automitrailleuses. Le poste le plus avancé était Erfoud dont l'Etat-Major avait décidé de faire le point d'appui de la conquête du Tafilalet. Pour le ravitailler en nourriture, en armes et munitions, une route carrossable devait être construite qui partirait de Midelt et y arriverait par Ksar es Souk, en suivant l'oued Ziz. C'est à Erfoud que fut envoyé Paul Rassinier, dans un régiment semi-disciplinaire, aux environs de mai 1927. Par chance, le capitaine de la compagnie, qui l'avait pris en affection, avait fait de lui son secrétaire-téléphoniste, ce qui lui avait évité d'être employé à la construction de briques en terre cuite, comme cela avait été prévu (26).

Démobilisé, Paul Rassinier rentra en France le 28 janvier 1928. Ce séjour au Maroc lui permit de constater de visu le traitement que la puissance colonisatrice française réservait aux colonisés. Il en fit une critique sévère dans un article du 21 juin 1930:

 
"L'impérialisme ne se contente pas de l'exploitation du matériel humain; il ne se borne pas à prendre les ressources du pays et à utiliser les bras. Au moindre geste de révolte, à la moindre protestation, il réprime, il réprime durement.
Nous avons été témoin de scandaleuses scènes de tortures qui n'ont rien à envier à celles du Moyen-Age, et nous avons vu l'appareil de dictature ne pas reculer, même devant un assassinat!" (27).


B - La Fédération Communiste Indépendante de l'Est.


Nous avons peu d'éléments précis sur les activités de Paul Rassinier au sein du P.C.F. Les premiers articles portant sa signature paraissent à partir de mars 1930 dans Le Semeur. Il n'a pas encore 24 ans. Le n* du 15 février 1930 informe les lecteurs que ceux qui désirent adhérer au Parti [13] peuvent s'adresser à Paul Rassinier, 15, rue du Manège, Belfort.

Réunions Politiques et syndicales rythment la vie des militants. Très vite, Rassinier rallie l'opposition au sein du Parti (28). La rupture intervient en 1932.

Lucien Carré, secrétaire des Jeunesses communistes de Belfort, a été condamné pour propagande antimilitariste et envoyé au bagne de Mecheria, réservé aux condamnés de droit commun. Un comité de défense Lucien Carré est formé auquel participent le P.C., la C.G.T.U. et le Secours Rouge International (S.R.I.). Henri Jacob, qui est notamment secrétaire de la C.G.T.U., propose aux autres organisations de gauche de s'y associer. La S.F.I.O., l'U.D.-C.G.T., la Bourse du Travail, la Semeuse et la Ligue des droits de l'homme rejoignent alors les organisations communistes au sein du comité. Le 25 janvier 1932, un grand meeting en faveur de Carré réunit plus de 1000 personnes. Divers représentants d'organisations y prennent la parole pour stigmatiser le militarisme et réclamer la libération immédiate de Lucien Carré: Rassinier pour le P.C., Jacob pour la C.G.T.U., Lorach pour la Semeuse, le docteur Lévy pour la Ligue des droits de l'homme, René Naegelen pour la S.F.I.O. et Blonde pour la C.G.T . (29). En agissant de concert avec les sociaux-démocrates, Jacob a transgressé les consignes du P.C., élaborées au cours des deux derniers congrès. Sa candidature pour les élections législatives de mai 1932, qui avait été ratifiée le 30 janvier en présence de Thorez, est rejetée par le Bureau Politique (30). Jacob ne capitule pas et est exclu du Parti communiste en compagnie de Rassinier. L'exclusion est annoncée dans L'Humanité du 9 avril 1932:


"Après avoir examiné l'attitude d'Henri Jacob et de Paul Rassinier, le Bureau Politique:
1*/ Estime que la ligne politique de Jacob de soutien du parti socialiste de fraternisation avec les bourreaux des jeunes ouvriers, a eu comme conclusion logique de l'amener à passer ouvertement dans le camp de l'ennemi de classe, dans le camp de Tardieu, député de Belfort et chef du gouvernement de la guerre et de la misère. Les "économies" de Jacob ne peuvent provenir que de la bourgeoisie, qui a intérêt à tenter d'affaiblir notre Parti et de laquelle Jacob est désormais l'agent, d'exécution;
2*/ En conséquence, Henri Jacob est exclu du Parti Communiste pour trahison des intérêts de la classe ouvrière;
3*/ Paul Rassinier secrétaire du Rayon de Belfort, est également exclu du Parti Communiste pour s'être associé aux actes de trahison d'Henri Jacob" (31).

[14][reproduction d'un article du journal Le Travailleur ]



Le Travailleur, n* 45, 25 mars 1933, p. 3: Quand Paul Rassinier combattait la propagande révisionniste... [Ce "révisionisme porte sur la doctrine communiste de la révolution...]


[15]

En dépit de son exclusion, Jacob se présente aux élections, s'opposant au candidat du Parti, Armand Carré, père de Lucien. Dans le canton de Belfort, Jacob recueille 564 voix et Carré 330 (32). Les exclus du Parti tiennent le 29 mai 1932 à Belfort, une Conférence régionale et constituent un Parti Communiste indépendant dont Rassinier est le secrétaire et Jacob le secrétaire adjoint.

A la même époque d'autres exclus du Parti Communiste, Hérard et Ducret de Besançon et Renard dans le pays de Montbéliard avaient jeté les bases d'une Fédération Communiste Indépendante du Doubs et avaient publié deux numéros d'un journal mensuel, Le Travailleur. A partir de juin, la F.C.I. du Doubs devient la Fédération Communiste Indépendante de l'Est et Le Travailleur, Communiste, syndicaliste et coopératif devient l'organe de la Fédération (33). Hebdomadaire, il paraît le samedi sur 4 pages grand format. Plus d'une centaine de numéros seront publiés . Dans le n*3 (18 juin 1932), Henri Jacob est présenté comme le directeur politique et Paul Rassinier comme le rédacteur en chef. A partir du n*21, c'est Rassinier qui assurera la gérance du journal (34).

L'idée directrice de la réunion commune du 29 mai 1932, qui réunit soixante-trois personnes, est de rassembler tous les partis aux appellations diverses qui se réclament des principes fondamentaux du communisme. Optimiste, Paul Rassinier écrit, en conclusion de son compte rendu de la réunion de Belfort: "Le Parti Communiste unifié naîtra en France et peut-être à l'échelle internationale. Il sera le grand parti des travailleurs, le véritable parti communiste, le Parti de la Révolution!" (35).

Le 20 novembre 1932 se tient à la coopérative de Valentigney (Doubs) le Congrès de la Fédération Communiste Indépendante de l'Est. A cette occasion le Cercle Communiste Démocratique de Paris, invité à prendre contact avec la Fédération, est représentée par Boris Souvarine et Charles Rosen. Souvarine est convié à faire un exposé de la situation en Russie Soviétique (36).

Nous avons la chance de posséder sur cette éphémère expérience communiste (elle prendra fin en avril 1934) le témoignage critique de Paul Rassinier lui-même. Pierre Guillaume note à ce propos que ce texte "préfigure l'attitude qu'il adoptera par rapport a sa propre déportation" (37).

C'est un véritable constat d'échec que dresse Rassinier. D'une part la F.C.I. de l'Est ne pouvait avoir d'existence viable selon lui. Pour Rassinier, cela est dû essentiellement au caractère géographique particulier de la région de l'Est. Certes, on y trouve des centres industriels populeux, mais le pays est un lieu de passage. La population y est trop mouvante, trop hétérogène. "Conséquence, l'homme passe, les idées avec" (38). Les effectifs de la Fédération ne furent jamais très importants. Elle aurait compté 125 adhérents en novembre 1932 (39).

[16]

Il aurait pu en être autrement du journal. En août 1932, Le Travailleur qui tire à 3000 exemplaires, compte environ 800 abonnés et 1200 lecteurs au numéro. Le budget du journal est constitué au trois quarts par la publicité. En avril 1934, au moment où il disparaît, Le Travailleur tire à 1500 exemplaires: il a 486 abonnés et 100 lecteurs au numéro. Rassinier attribue pour une bonne part l'échec du journal à Boris Souvarine. Même s'il reconnaît ses qualités intellectuelles et son talent d'écrivain, il porte sur la personne de ce dernier un jugement, sévère et dénonce son "sectarisme" . Il l'accuse d'avoir voulu accaparer le journal au profit de son groupe parisien (40).

L'étude de Rassinier du 10 février 1935 dans Révolution Prolétarienne suscite une lettre collective d'anciens membres de la Fédération Communiste Indépendante de l'Est dans le n* d'avril 1935: Louis Renard, J. Carrez, E. Dabin, M. Ducret., E. Ferrand, E. Mourlot (41). Ceux-ci contestent plusieurs points de la version donnée par Rassinier. Ce dernier réfute dans le même numéro les arguments avancés lesquels ne relèvent le plus souvent que de querelles de personnes (42).

En conclusion, Pierre Monatte (1877-1964), un des fondateurs de la Révolution Prolétarienne ajoute "quelques remarques". Il énonce les deux. erreurs qui, selon lui ont abouti à l'échec du journal Premier point, Le Travailleur n'était pas assez régional et n'accordait pas assez d'intérêt à la chronique locale. Etant trop national, il se privait de sa base régionale, seul élément solide. La seconde erreur est d'avoir trop compté sur la publicité. Il est nécessaire, pour un journal qui se veut l'organe d'un mouvement révolutionnaire, de vivre surtout par sa vente et, ses abonnements. C'est la meilleure garantie d'indépendance.

[17]


Chapitre 2 : Socialiste et munichois


Rassinier publie le dernier numéro du Travailleur le 24 avril 1934. Le 6 février 1934 et ses conséquences lui semblent ouvrir des perspectives nouvelles, pour le développement du mouvement ouvrier. C'est très probablement à cette époque, dans le sillage des événements de février, qu'il adhère à la S.F.I.O.

En 1935, le journal de la Fédération Socialiste du Territoire de Belfort Germinal, dont la publication avait été interrompue en 1934 reparaît. Rassinier y collabore dès le deuxième numéro. Le n* du 23 mars 1935 nous apprend que la direction politique est assurée conjointement par René Naegelen, Emile Géhant et Paul Rassinier. Sous l'impulsion de ce dernier, qui est devenu secrétaire de la Fédération S.F.I.O., est créée à Belfort une section des "Jeunesses Socialistes" qui participe à différentes manifestations mais qui ne dure guère plus de deux ans (43).

Paul Rassinier se présente comme candidat lors de divers scrutins électoraux: en novembre 1934 (élections cantonales?), en avril 1936 aux élections législatives, en octobre 1937 aux élections cantonales sans obtenir un grand succès .

Sur le plan idéologique, il appartient, au sein du parti socialiste, à la tendance de Marceau Pivert puis de Paul Faure. C'est dire qu'il adopte, en 1938 et 1939, lorsque se profile sans cesse davantage à l'horizon de l'Europe le spectre de la guerre, des positions résolument pacifistes. Au cours des années écoulées, Rassinier n'a jamais ménagé ses critiques contre les régimes dictatoriaux d'Italie et d'Allemagne. Il sait que les gouvernants de ces pays n'hésitent pas, le moment venu à renier leurs engagements. Néanmoins il pense que la paix peut être préservée, qu'elle doit être préservée.


 

 

Il dénonce la course aux armements. Sur le plan intérieur, elle compromet la situation financière. Sur le plan extérieur, elle offre des arguments à Hitler qui a beau jeu de faire remarquer que la France et l'Angleterre n'ont pas respecté sur ce point les clauses du Traité de Versailles relatives au désarmement. Qui plus est, cette politique d'armement est inutile et dangereuse: "Vous savez bien que nous ne ferons pas la guerre pour la Tchécoslovaquie! ... Nous serions, de toute [20] l'Europe, les seuls à la vouloir faire!..." (45). Ce qu'il faut, c'est refaire l'Europe" (46). Il est urgent d'en finir avec les erreurs de "l'abominable, de l'inique, du criminel traité de Versailles" (47) qui a découpé le continent européen en une série d'Etats non-viables aux multiples minorités ethniques.

Optimiste, Rassinier pense que la guerre n'aura pas lieu. "Je refuse de croire que même Mussolini, même Hitler qui font couler le sang en Espagne de compagnie, après l'équipée d'Ethiopie, risqueront une telle folie"(48). Cette guerre-là, en effet, serait la ruine de tous les régimes et de toute civilisation, compte tenu surtout des énormes moyens techniques mis en oeuvre

Rassinier approuve naturellement les accords de Munich de septembre 1938, "sans beaucoup de fierté, c'est vrai, mais sans aucune honte" (49) et se déclare prêt à souscrire à un nouveau Munich . Il est et reste pacifiste et se plaît à citer cette réflexion de Paul Faure faite en sa présence :

 

"On n'a aucun mérite à être pacifiste par temps calme, quand le monde vit paisiblement, quand rien ne trouble les rapports internationaux. Cesser d'être pacifiste quand brusquement apparaît la menace de guerre, c'est ressembler à un pompier qui donnerait sa démission au moment où éclate l'incendie" (50).


Pour ses prises de position, Paul Rassinier dit avoir reçu des lettres d'encouragement mais aussi des injures. Certains lui reprochent même de n'être qu'un hitlérien déguisé (51). Il s'estime néanmoins en bonne compagnie. Et de citer des écrivains comme Jean Giono et Bernard Shaw, des syndicalistes comme René Belin, Raymond Froideval et André Delmas, un économiste comme Francis Delaisi, des femmes célèbres dans les milieux pacifistes comme Madeleine Vernet et Magdeleine Paz. etc. Il regrette cependant de ne pas trouver plus de gens de gauche "de ce côté-ci de la barricade" (52).

Dans un article de Juillet 1939 -- l'un des derniers de l'avant-guerre -- il entend se placer au-delà du nationalisme. Rappelant comment, dans les manuels d'histoire, est racontée la formation de la nation française, il espère qu'un jour la Patrie Europe sera réalisée. "Ma patrie à moi, c'est l'Humanité ou pour le moins l'Europe" (53). La réalisation de l'Europe est-elle possible dès à présent? Non, car la politique extérieure de l'Allemagne et de l'Italie est "une politique de gangsters". Mais il n'est pas inutile de rappeler, selon Rassinier, de quelle manière l'Angleterre a conquis l'Inde et le Transvaal, comment elle a fait la guerre à la Chine pour le [21] marché de l'opium etc. Il en va de même pour la France au Maroc. En ces matières, nul pays n'est en droit de donner des leçons à un autre. Le chemin qui mène à l'Europe ne se fera pas sans heurts, au nombre desquels Rassinier se refuse pourtant à faire figurer la guerre générale (54).

A la fin du mois d'août 1939, après la signature le 23 août du pacte germano-soviétique, Rassinier, accusé de "porter atteinte au moral de la Nation" en raison de son attitude pacifiste est arrêté. Il sera relâché quelques jours plus tard grâce à l'intervention de Paul Faure. La désorganisation qui règne lors de la débâcle en mai 1940 lui évite d'être fait prisonnier des Allemands (55).

[22] Photocopie d'un certificat d'appartenance à la résistance signé de Henri Ribère, Directeur général du SDECE, secrétaire général du mouvement "Libération-Nord", membre du Comité Nationale de la Résistance, en date du 11 janvier 1950.


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Chapitre 3 : Résistant et déporté


A -- Libération-Nord


Contrairement à un certain nombre de socialistes munichois, qui entrèrent dans les rangs de la Collaboration (56), Paul Rassinier choisit de résister. En juin 1941, il adhère au mouvement "les Volontaires de la Liberté", républicain et socialiste, puis en janvier 1942, à "Libération" dont l'animateur en zone Nord était Henri Ribière. Celui-ci lui confie la direction du mouvement pour l'Alsace et le Territoire de Belfort. Nous savons relativement peu de choses sur les activités de Rassinier au sein du mouvement "Libération-Nord", du fait de sa nécessaire discrétion pendant la guerre et de sa modestie, une fois les hostilités achevées. Fidèle à ses idéaux pacifistes, il refuse la résistance armée. Il a conscience que l'assassinat d'"un soldat allemand dans une rue sombre et déserte" provoque seulement "l'arrestation de centaines d'otages et une aggravation du statut d'occupation" (58), quand il ne s'agit pas de représailles sanglantes. Rassinier ne se sent pas en droit de "jouer avec la peau des autres", pour employer une expression familière.

Ses activités non-violentes consistèrent essentiellement, si l'on en croit ce qu'il écrit dans Candasse, dans la fabrication de fausses cartes d'identité et dans le passage de la frontière suisse, entreprise "qui fonctionnait à merveille et à laquelle avaient recours à peu près tous ceux qui étaient traqués par la police francono-germanienne" (59).

Le 1er novembre 1943 est lancé le n*1 du journal clandestin La IVème République (imprimé dans l'imprimerie Schraag à Valdoie, près de Belfort). Outre Rassinier, plusieurs personnes auraient participé à la rédaction de ce journal: J. L. Bruch, Pierre Cochery, Tschann (60). Rassinier écrira après la guerre que les radios de Londres et d'Alger ne ménagèrent pas les félicitations à l'époque à La IVème République, (diffusée à 200.000 exemplaires dans toute la France) (61). Nous ne savons pas ce qu'il en est, mais il faut toutefois signaler qu'est paru à Alger à la même époque le n*1 d'un journal intitulé La IVème République, qui fut suivi d'autres numéros, en 1943 et 1944.

La IVème République "pose en principe que tous ceux qui auront gagné la guerre ensemble peuvent et doivent reconstruire la paix ensemble, et faire ainsi l'économie d'une guerre civile" (62).

Le jugement qu'elle devra porter sur la guerre, une fois celle-ci achevée tiendra pour incontestable la responsabilité du nazisme et du fascisme mais n'oubliera pas celle du traité de Versailles et de "la [24] politique franco-anglo-américaine qui en est issue". La thèse de la responsabilité unilatérale sera rejetée ainsi que l'éventualité d'un nouveau traité de Versailles (63).

La IVème République invite les représentants qualifiés des mouvements de résistance à se grouper dans le cadre départemental pour former des Comités pour la IVème République. Sur le plan syndical, elle estime que les organisations syndicales ouvrières doivent être libres et indépendantes, à l'encontre de la Charte du Travail du 4 octobre 1941 (64).


B -- Dora, le temps de la nuit (65)


A Belfort, Paul Rassinier est en butte à l'hostilité des communistes locaux qui le condamnent à mort (66). Ironie du sort, il sera sauvé par la Gestapo qui l'arrête le 30 octobre 1943 et le soustrait ainsi involontairement aux balles des tueurs (67). A la suite de deux attentats contre une pharmacie et un café, une rafle avait notamment permis l'arrestation d'une personne en possession d'une fausse carte d'identité. Sous la torture, le détenteur avait avoué de quelle manière il se l'était procurée (68) et c'est ainsi que Paul Rassinier se retrouva en prison, en compagnie de sa femme et de son fils Jean-Paul âgé de 2 ans (69). Torturé pendant onze jours par la Gestapo, il a les mains écrasées, la mâchoire brisée et un rein éclaté.

De novembre 1943 à janvier 1944 (dont cinquante-neuf jours enchaînés), c'est l'incarcération à Friedrich puis a Compiègne (70) et, de là, la déportation au camp de Buchenwald. Le transport dure 3 jours et 3 nuits, une centaine d'individus par wagon, avec peu de nourriture et d'eau. L'arrivée à Buchenwald a lieu le dimanche 30 janvier 1944 (71). Les arrivants sont mis au Block 48 en quarantaine, laquelle dure 3 ou 6 semaines selon déclaration ou non d'une maladie épidémique. Le 13 mars 1944, Rassinier, matricule n*44364, fait partie d'un transport pour Dora, le camp où se construisent des moteurs ou des carcasses d'avion, mais surtout les fameux V1 et V2, "armes secrètes" qui représentent pour le IIIème Reich l'ultime et illusoire espoir de renverser le cours de la guerre. Les conditions d'existence et de travail à Dora sont terribles. Le taux de mortalité en témoigne aisément. L'une des tâches les plus éprouvantes pour les détenus consiste à creuser sous les coups des S.S. et des Kapos, deux tunnels parallèles, reliés par des galeries d'environ 200m où sont montés les V1 et les V2. Ces deux tunnels, longs de 4 à 5 km, relient Dora à Ellrich.

Que ce soit en sous-sol ou à l'air libre, à Dora, la pneumonie, la [25]

-- Graphique représentant La mortalité à Buchenwald. Années 1943-1944-1944. Sources : Nazi Conspiracy and Aggression, vol. IV, Office of United States Chief of Counsel for Prosecution of Axis Criminality, US Government Printing Office, Washington, 1946, pp.832-833.

[26]

dysenterie et de nombreuses autres maladies règnent en maîtresses. Si Rassinier parvient à survivre c'est d'abord parce que sa femme lui envoie tous les jours un colis malgré l'avis de sa mère qui pensait que son fils était mort et qu'il était bien inutile de perdre ainsi son argent. De plus par son attitude lors de la réception de son premier colis (le 4 avril 1944), il s'attire la bienveillance de son chef de Block (un Allemand à écusson noir) qui lui promet que ses colis ne seront pas pillés, comme cela était souvent le cas, avant de lui être remis.

Par ailleurs, sa très mauvaise santé lui permettra de faire six séjours au Revier (l'infirmerie du camp), malgré la qualitté plus que médiocre des soins. Au total il restera plus de 250 jours à l'infirmerie: en 1944, du 8 au 27 avril, du 5 mai au 30 août, du 7 septembre au 2 octobre, du 10 octobre au 3 novembre, du 6 novembre au 23 décembre et, en 1945, du 10 mars à la libération.

Vers la fin du mois de décembre 1944, il est affecté comme Schwung (72) auprès du S.S. Oberscharführer qui commande la compagnie des chiens. Cela est dû, nous dit-il sans plus de précisions, au "hasard de circonstances exceptionnellement favorables" (73). Cette période lui permet de prendre un peu de repos. Son travail, en effet, est facile: cirer les bottes, brosser les habits, faire le lit, etc. Tous les matins, sa journée se termine à huit heures. C'est à cette occasion qu'il a un contact direct avec les S.S.

Il est remplacé dans son emploi de Schwung à la suite de l'arrivée, le 10 mars 1945, d'un convoi de femmes Bibelforscher [Témoins de Jéhovah]. Les 3 et 5 avril 1945 il assiste de l'infirmerie aux bombardements de Nordhausen. Le 7 avril il est pris dans un convoi meurtrier d'évacuation. Profitant de circonstances favorables, il parvient à sauter du train et, grâce à un angle mort, à se soustraire aux tirs des S.S. (74).

Il ne rentrera à Belfort que le 18 juin 1945, malade et affaibli, et avec des cauchemars pour le restant de ses nuits. Il sera classé invalide à 95% (révisé à 105%) et recevra la médaille de vermeil de la Reconnaissance Française et la Rosette de la Résistance.

Il sera mis à la retraite par anticipation à la date du 1er octobre 1950 (75)

[27]


Chapitre 4 : Député et témoin


A -- Retour à la politique.


Très vite, Paul Rassinier reprend sa place à la tête de la Fédération S.F.I.O. de Belfort. Dès le 13 juillet 1945, il fait paraître le n* 2 (2ème année) de La IVème République, hebdomadaire puis bi-hebdomadaire à partir du n*22 (30 novembre 1945). Il mène sur dix numéros, du 28 décembre 1945 au 29 janvier 1946, une campagne de presse contre "la 'drôle' d'épuration" concernant le dossier de l'Alsthom. La direction de cette usine est accusée d'avoir freinée, avant-guerre, la production pour la défense nationale. Il s'agit, pour le journal, d'un cas de "désertion déguisée sur le front économique" (76). De plus sous l'Occupation, pratiquant une politique de bas salaires et tenant compte avec retard de la politique sociale du gouvernement de Vichy, Alsthom aurait contribué de la sorte à favoriser le volontariat d'ouvriers français pour l'Allemagne. Car, explique-t-on dans La IVème République, "le Territoire de Belfort reste, à notre grande honte, le département qui a fourni le plus fort contingent de travailleurs volontaires pour l'Allemagne (77). Plus grave, M. Hochstatter, directeur général des usines Alsthom de Belfort, est accusé d'avoir ouvertement incité ses ouvriers à partir pour l'Allemagne. Il aurait lancé, au cours d'une réunion, le 16 juillet 1942: "Il nous faut jouer la carte allemande" (78). Dans son article de conclusion (79), le journal lance un appel à la justice pour qu'elle s'occupe sérieusement de ce dossier de collaboration économique.

Malgré l'avis de sa femme qui n'entretenait aucune illusion sur le monde de la politique, Paul Rassinier se présente aux élections législatives. Battu à la Constituante d'octobre 1945, il est élu le 2 juin 1946 comme suppléant du député S.F.I.O. René Naegelen mais est battu à nouveau le 10 novembre 1946, le Parti communiste ayant porté ses suffrages sur le candidat radical.


B - Le livre du scandale.


En septembre 1949, Paul Rassinier fait paraître son premier livre Passage de la ligne (80), qui sera couronné par le Syndicat des Journalistes et Ecrivains. Cet ouvrage est un récit de sa déportation à Buchenwald et [28] à Dora. Son témoignage est quasi unanimement loué pour son effort d'objectivité. C'est "le réquisitoire objectivement circonstancié d'un pacifiste et d'un socialiste internationaliste contre le juge et le soldat. Il est aussi, sur ce sujet qui reste d'une brûlante actualité le premier témoignage froidement et calmement écrit contre les sollicitations du ressentiment et de la haine imbécile ou chauvine" (81). La lecture de ce premier livre est d'ailleurs recommandé par le parti socialiste.

C'est avec Le mensonge d'Ulysse (82), publié en octobre 1950, que les ennuis commencent. La préface, écrite par Albert Paraz, écrivain inclassable mais admirateur de Céline (83), est assez injurieuse pour la Résistance. Edmond Michelet y est ainsi indirectement mis en cause pour ses activités pendant l'Occupation (84). Certains n'iront pas plus loin dans leur lecture. D'autres, notamment dans les milieux pacifistes et anarchistes, tout en émettant parfois des réserves sur des points spécifiques n'en reconnaissent pas moins la grande valeur de l'ouvrage qui veut être avant tout un "regard sur la littérature concentrationnaire". Rassinier y examine quelques livres, qu'il estime représentatifs, sur les camps de concentration. Il met plus particulièrement en évidence et en accusation le rôle joué par les communistes au sein de la Häftlingsführung (85) (direction par les concentrationnaires), il dénonce les exagérations, si minimes soient-elles, nuance les propos et les interprétations de certains déportés et surtout émet quelques doutes de caractère général sur l'existence des chambres à gaz et sur la réalité d'un plan d'extermination décidé en haut lieu.

Maurice Guérin, député M.R.P. de Lyon, se livre à une violente attaque contre l'ouvrage à la tribune de l'Assemblée Nationale le 2 novembre 1950 (86). La justice s'en mêle à son tour. Une plainte est déposée par Edmond Michelet et trois associations dont la F.N.D.I.R. (Fédération Nationale des Dépotés, Internés, Résistants) (87). Acquitté en correctionnelle, Rassinier est condamné par la Cour d'Appel de Lyon à 15 jours de prison avec sursis, à 100.000 francs d'amende et à 800.000 francs de dommages pour "injure et diffamation". Par ailleurs, la saisie et la destruction de tous les exemplaires du livre ont été ordonnées. La Cour de Cassation annule le jugement de la Cour d'Appel en 1954 (88). Une nouvelle édition du Mensonge d'Ulysse peut voir le jour en février 1955 (89).

Cependant, dès le 12 décembre 1950, Rémy Sicard, de la Commission Nationale des Conflits, avait informé Rassinier qu'il faisait l'objet d'une demande de contrôle "de la part du Camarade Debeaumarché" (90). Rassinier est finalement exclu du parti, "malgré" le respect qu'impose sa personne" dira la sentence d'exclusion prononcée le 19 avril 1951.

[29]

Soutenue par 11 fédérations départementales et par Marceau Pivert, une demande de réintégration fut présentée en novembre 1951 au Congrès d'Asnières et repoussée après intervention de Daniel Mayer et de Guy Mollet (91). Paul Rassinier se rapproche alors davantage des milieux pacifistes et anarchistes.


PARTIE II LE MILITANT PACIFISTE

[33]


Chapitre 1: La voie de la paix.


N'étant plus enseignant et ayant par conséquent beaucoup de temps de libre, Rassinier fut un auteur très prolifique. Avant la guerre, déjà, il avait écrit nombre d'articles, comme sa bibliographie en témoigne.

De 1949 à 1959, il collabora à Défense de l'homme. Cette revue mensuelle, fondée en octobre 1948, était dirigée par Louis Lecoin (1888-1971), anarchiste et pacifiste, qui se fit le défenseurs des objecteurs de conscience. Fixé à Vence (Alpes-Maritimes) en 1951, il confia sa revue à son ami Louis Dorlet (1905-1989) en 1955. Rassinier fit d'ailleurs partie d'un comité national pour la reconnaissance légale de l'objection de conscience qui regroupait des personnalités comme André Breton, Albert Camus, Jean Cocteau, Jean Giono, Lanza del Vasto, l'abbé Pierre, Robert Treno. Le 13 août 1958, ce comité adressa une lettre au général de Gaulle, président du Conseil, pour qu'il libère Edmond Schaguené, emprisonné depuis 10 ans (92).

Les articles de Rassinier parus dans Défense de l'homme sont très souvent consacrés aux aspects économiques et monétaires de l'actualité. L'on comprend aisément pourquoi il est utile pour un pacifiste d'être également un économiste, soucieux de contrôler le montant des dépenses de l'Etat et de savoir à quels secteurs elles sont attribuées.

Signalons enfin que le n* 156 bis d'octobre 1961 est entièrement rédigé par Paul Rassinier et consacré à Léquivoque révolutionnaire. Au terme de cette étude où il est beaucoup question de l'origine et du déroulement des événement de Hongrie de 1956, Rassinier soutient que, dans les revendications des contestataires, "rien ne visait ni les structures politiques, ni les structures économiques, ni les structures sociales dans leurs principes fondamentaux: rien, en tout cas, ne s'y élevait au-dessus d'un désir de quelques réformes par-ci par-là, dans le sens défini par Imre Nagy en 1953, c'est-à-dire d'un peu plus de libéralisme dans l'indépendance nationale" (93). Il ne s'agit donc pas d'un mouvement révolutionnaire mais bien plutôt réformiste.

Un autre journal mensuel auquel Rassinier collabora fut La Voie de la paix, créé en janvier 1951 par Emile Bauchet (1899-1973). Fondateur du Comité National de Résistance à la Guerre et à l'Oppression, ce dernier fut aussi co-secrétaire de l'Union Pacifiste de France, dont son journal était l'organe officiel. Les articles de Rassinier étaient consacrés aux aspects les plus divers de l'actualité politique [34] intérieure de la France, économie, éducation, justice, élections; politique étrangère et internationale: indépendance de l'Algérie, du Congo belge, le désarmement, la détente. Rassinier s'intéressa au Moyen-Orient et à la "guerre du pétrole". Les pacifistes de La Voie de la Paix étaient notamment en contact avec les Italiens de la revue anarchiste Volontà qui publia trois articles de Rassinier an 1963, et avec les pacifistes allemands auxquels Rassinier rendit visite an 1963 pendant une dizaine de jours (94).

A la fin de l'année 1964, Rassinier se vit contraint de cesser sa collaboration à l'organe de l'Union Pacifiste lorsqu'il apparut, au cours d'un procès qu'on lui avait intenté pour diffamation, qu'il avait écrit plusieurs articles sous le pseudonyme de Jean-Pierre Bermont dans l'hebdomadaire nationaliste Rivarol (95). Cette triste affaire n'entraîna cependant pas de rupture entre Paul Rassinier et Emile Bauchet qui restèrent en très bons termes. Ce fut d'ailleurs le responsable de La Voie de la paix qui rédigea le texte de l'adieu prononcé sur la tombe de l'historien pacifiste en juillet 1967 par Tschann, vieil ami du défunt et président de l'U.D.F.O. du Territoire de Belfort (96).

En 1961, Rassinier [4 mots illisibles] de la Fédération Anarchiste et se rapprocha de l'Alliance Ouvrière Anarchiste (A.O.A.), groupe anarchiste créé en 1954 à la suite d'une scission au sein de cette Fédération. Cette Alliance, qui édite L'Anarchie, journal de l'ordre (de parution mensuelle ou irrégulière), eut ou a pour principaux animateurs Fernand Robert et Raymond Beaulaton qui partageaient et partagent encore les positions révisionnistes de Rassinier.

En 1958 et 1959, celui-ci anima à Nice une petite revue bimestrielle (sept numéros de juin 1958 à avril 1959): L'Ordre social, publié par le groupe Elisée Reclus, qui avait déjà été le titre d'un bulletin ronéoté (paru à Nice de 1950 à 1953) (98). Le principal rédacteur de la seconde période de la revue était Paul Rassinier mais étant donné qu'aucun article n'est signé il est impossible de déterminer avec précision qui a rédigé quoi.

Outre quelques articles publiés dans Le Libertaire, Rassinier a aussi collaboré épisodiquement au bulletin de S.I.A. (Solidarité Internationale Antifasciste). Le numéro du premier semestre de l'année 1956 contient un long article de lui intitulé: "Quand les institutions parlementaires conduisent au fascisme" (99).

Notons également que la revue libertaire Contre-Courant, fondée en [35] 1952 et animée par Louis Louvet et André Maille, consacra, sous la plume de Paul Rassinier, trois numéros spéciaux à l'étude du "Parlement aux mains des banques" (100).

En plus de ses articles, Rassinier effectua de nombreuses tournées de conférences à travers la France sur les sujets les plus divers: économie, politique monétaire, problèmes du pétrole, etc.

En 1953 parut aux éditions de la Voie de la Paix son Discours de la dernière chance -- Essai d'introduction à une doctrine de la paix. Passant en revue les causes économiques et sociales des guerres, Rassinier conclut qu'il faut entreprendre une refonte complète du système de distribution des richesses. L'ouvrage est aussi en quelque sorte une réponse aux théories de Sartre et à celles de Raymond Aron. A la paix communiste et à la paix américaine, il oppose la paix tout court. On retrouve là les principes du pacifisme intégral chers à Paul Rassinier. Dans l'ensemble, cette introduction à une doctrine de la paix fut très favorablement accueillie en France par toutes les publications non-conformistes. Elle eut également des échos en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en Allemagne où différents mouvements pacifistes, non inféodés à l'Amérique ou à la Russie, l'utilisèrent pour leur propagande (101).

[37]


Chapitre 2 : "Pie XII, le pape outragé" (102)



A - Polémique autour d'un livre.


En marge de ses articles pacifistes dans diverses revues, Rassinier a cru nécessaire de consacrer un livre entier à défendre la mémoire du pape Pie XII. L'occasion lui en est donnée par les polémiques suscitées par une pièce de théâtre montée dans plusieurs pays au cours des années 1963 et 1964. Son titre français: Le Vicaire (103), son auteur: Rolf Hochhuth, jeune protestant allemand. L'oeuvre dramatique entend dénoncer le silence que le pape aurait observé pendant la guerre au sujet du sort subi par les juifs. Selon la thèse du jeune allemand le pape avait su et n'avait rien dit. Il avait su, grâce surtout à l'officier S.S. Kurt Gerstein dont Rassinier avait déjà longuement étudié le témoignage et auquel il n'accordait aucune valeur (104). Ce qui était reproché au pape d'une manière générale c'était d'avoir été "pro-nazi", d'avoir en quelque sorte considéré le nazisme comme un rempart contre le bolchevisme. La thèse de Rolf Hochhuth est reprise et développée par d'autres: Jacques Nobécourt dans Le Vicaire et l'histoire, Saul Friedländer dans son Pie XII et le IIIème Reich (105), sans parler des nombreux articles parus dans la presse internationale. Les méthodes employées par ces auteurs pour accréditer la thèse du silence "coupable" de Pie XII soulèvent l'indignation de Rassinier, pourtant athée viscéral. Celui-ci y voit surtout beaucoup d'insinuations, de suppositions, de témoignages de seconde ou de troisième main, mais très peu si ce n'est aucune référence de nature à soutenir sérieusement la thèse de l'accusation (106).

La réponse de Rassinier sur ce point est nette: "Il est odieux de lui imputer [au pape] un prétendu "silence" car il a parlé aussi nettement et aussi haut qu'il était possible" (107). Tout pape est astreint, en public, au langage diplomatique et ceci est encore plus vrai en temps de guerre qu'en temps de paix. Rassinier fait remarquer que les protestations de Pie XII contre les horreurs de la guerre ont toujours été formulées en des termes tels qu'elles les condamnaient toutes d'où qu'elles viennent. De plus, ses protestations n'étaient pas toujours sans conséquences: "En décembre 1939, les prêtres polonais de zone allemande comme de zone russe, ont supplié le Pape de [38] mettre fin aux émissions de Radio-Vatican dont le seul effet était d'aggraver leur sort . En juin 1942, un document pontifical librement reproduit, à l'usage des fidèles avait aggravé celui des Juifs et demi-Juifs de Hollande" (108).

En fait, Rassinier considère tout cela comme un faux problème. A travers la personne du pape, ce ne sont pas seulement les catholiques qui sont atteints mais tous les pacifistes et cela valait bien qu'on se jette à l'eau pour défendre sa mémoire "sans aucun risque puisque, dans cette eau, il y avait, sous les espèces de la vérité historique, une bouée insubmersible" (109).


B - Pie XII et la paix


Ce que Rassinier apprécie chez les papes du XXème siècle, c'est leur action en faveur de la paix. Pie X, mort le 20 août 1914, a tout fait pour tenter de sauver la paix. Les journaux de l'époque furent unanimes à lui rendre hommage sur ce point. Benoit XV continua l'oeuvre de Pie X, pendant et après la Grande Guerre. Il n'accepta pas les stipulations du Traité de Versailles qu'il trouvait injustes et pleines de raisons d'une nouvelle guerre. Sous les pontificats de Pie XI et de Pie XII, le Saint-Siège prend position de plus en plus fermement en faveur des négociations internationales à la fois par esprit de système et pour éviter le recours aux armes.

 

La devise de Pie XII aurait pu être: Si vis pacem, para pacem. Il essaya d'empêcher la guerre et fut le "Jaurès de la Seconde Guerre mondiale" (111). Tous ses efforts visèrent à régler les litiges entre tous les Etats européens qui en avaient entre eux. Après avoir fait procéder à différents sondages par ses services diplomatiques il dut reconnaître l'échec de sa tentative de médiation. Cependant le déclenchement des hostilités ne le dissuada pas d'essayer d'arrêter la guerre. Il réaffirmera à de nombreuses reprises ses positions de principe (112), "vers la conclusion d'une paix juste et honorable pour tous" (113). Rassinier cite à ce propos l'historienne anglaise Anne Armstrong qui a fait remarquer que "l'exigence d'une capitulation sans conditions (...) était incompatible avec la doctrine du Christ" (114) ainsi que le pape l'expliqua à Myron Taylor, envoyé du président Roosevelt, en juin 1944.

[39]


C - Les mobiles des accusateurs de Pie XII.


Rassinier tente d'exposer les mobiles de ceux qui se sont associés à la dénonciation des "silences" du pape. De Rolf Hochhuth, il avait écrit dès janvier 1964 qu'il était "le fils du fabricant de chaussures qui chaussa, durant toute la guerre, les armées hitlériennes à la poursuite des Juifs" (115). Pour lui, les protestants cherchent à se donner bonne conscience en essayant de faire oublier l'attitude de la majorité d'entre eux à l'égard du national-socialisme et de Hitler. Rassinier rappelle que les protestants allemands ont été un facteur de succès de Hitler dans son accession au pouvoir. Selon le journaliste américain William L. Shirer, que Rassinier n'a d'ailleurs jamais considéré comme un historien sérieux, "la plupart des protestants saluèrent avec satisfaction l'avènement d'Adolf Hitler à la chancellerie en 1933" (116). Le projet de constitution de l'Eglise protestante en Eglise du IIIème Reich eut l'adhésion de toute la hiérarchie protestante dans son ensemble. C'est en septembre 1933, au synode de Wittenberg, que Ludwig Müller, ami de Hitler, est nommé à la tête de la nouvelle Eglise.

Le pasteur Martin Niemöller semble être, aux yeux de Rassinier le cas le plus typique de la mauvaise conscience des protestants. L'historien avait déjà cité quelques passages de la biographie que lui avait consacré Paul Heinz, qui fut un de ses proches, dans le Drame. Il rappelle ici certains épisodes de sa vie. Le Révérend Niemöller avait contribué à créer une association de pasteurs, Der Pfarrernotbund (Union des pasteurs contre la détresse) dont il était devenu le président. A la suite de la nomination du Dr Ludwig Müller à la tête de l'Eglise du Reich, à tous les pasteurs il adressa une circulaire dans laquelle il était dit: "Les membres de l'Union des pasteurs contre la détresse se rangent inconditionnellement aux côtés du Führer Adolf Hitler" . Le 1er juillet 1937, il est arrêté après avoir prononcé un sermon public où apparaît son opposition au gouvernement Condamné à sept mois de prison en mars 1938, il est arrêté à nouveau par la Gestapo à sa sortie de la salle d'audience et envoyé dans un camp de concentration (Sachsenhausen. puis Dachau) comme "prisonnier personnel du Führer".

En septembre 1939, toujours emprisonné et alors que la guerre vient d'éclater, il écrit à son ami le grand-amiral Raeder qu'il se présente comme volontaire et le prie de l'affecter à un emploi quelconque dans les services de guerre. Rassinier a la remarque suivante: "Volontaire [40] dans les armées du National-Socialisme, en pleine connaissance de cause des buts qu'il poursuivait, voilà qui jette un jour singulier sur la nature et la sincérité de son opposition au régime" (117). La manoeuvre des protestants paraît claire: outre leur antipapisme traditionnel, ils cherchent à combattre en Allemagne de l'Ouest l'influence politique des catholiques en faisant croire à l'opinion publique qu'eux, les protestants, ont été un des éléments essentiels de la résistance à Hitler.

Pour Rassinier, deux autres forces ont soutenu les protestants dans leur entreprise. Il s'agit du bolchevisme -- qui n'est, pour lui, que la forme moderne du panslavisme -- et du mouvement sioniste international- .

 


Pour sa part, le mouvement sioniste entend réaffirmer la culpabilité unique de l'Allemagne et, par la même occasion, "justifier le paiement des indemnités qui lui permettent de consolider l'Etat d'Israël et de reconstruire la vie juive" dans le monde" (119). C'est un point sur lequel Rassinier revient à plusieurs reprises dans ses autres ouvrages (120).


D - Les catholiques et le national-socialisme


Les prises de position de l'Eglise catholique contre le nazisme contrastent fortement avec l'attitude de la plupart des protestants allemands. Rassinier rappelle, citant William Shirer, que les catholiques avaient surtout voté pour Hindenburg -- pourtant protestant -- aux différentes élections de 1932 et 1933. A chacune de ses élections, la Conférence de l'épiscopat catholique s'était réunie à Fulda pour une prise de position politique et, chaque fois, elle s'était terminée par une déclaration collective rendue publique qui condamnait le national-socialisme, en termes virulents, comme un retour au paganisme. Ses partisans étaient considérés comme des "renégats de l'Eglise à qui il faut refuser les sacrements" et interdiction était faite "aux catholiques d'être membres de ses organisations de jeunesse ou autres" (121). En [41] Autriche, le Dr Johannes Sfoellner, évêque de Linz, avait publié le 23 Janvier 1933 une lettre pastorale dans laquelle il condamnait le national-socialisme comme hostile à l'Eglise. Le 14 mars 1937 était publiée l'encyclique Mit brennender Sorge, condamnation impitoyable du nazisme, dont le véritable auteur n'était autre que le Cardinal Pacelli, futur Pie XII. C'est à l'initiative de ce dernier que l'on doit la condamnation par la Suprême Congrégation du Saint-Office de livres comme Le Mythe du vingtième siècle (122) d'Alfred Rosenberg et L'Eglise nationale allemande (123) de E. Bergmann, de même que les décisions du gouvernement du Reich comme la stérilisation des personnes atteintes de maladies héréditaires et le programme d'euthanasie des infirmes irrécupérables considérés comme une trop lourde charge pour la société. Rassinier note également que tous les discours que Pie XII a tenus pendant la guerre condamnent à la fois le nazisme et le communisme "ennemis de Dieu" et "les atrocités de la guerre d'où qu'elles viennent". Ces condamnations permettaient d'ailleurs aux deux camps en guerre d'interpréter en leur faveur les propos du pape. Et c'est ce qui a permis à certains d'accréditer leurs thèses, que Rassinier n'aura guère de mal à réfuter.

 

* * *


L'ouvrage de Rassinier fut dans l'ensemble, bien accueilli dans les milieux catholiques et jusque parmi les plus hautes sphères de l'Eglise (124). En guise de conclusion à cette question du "Vicaire", il nous paraît intéressant de citer un extrait de la lettre en date du 24 octobre 1965 que Mgr Georges Roche, Supérieur Général de l'Opus Cenaculi du Vatican, adressa à Paul Rassinier:

 


[43]


Chapitre 3 : L'historien pacifiste


En raison de ses opinions pacifistes, Paul Rassinier avait très probablement lu de nombreux ouvrages de caractère révisionniste sur la Première Guerre mondiale et, en particulier, ceux publiés par la Librairie du Travail (126). Ainsi, Le Travailleur, journal communiste dissident qu'il anima à Belfort de 1932 à 1934 contient souvent de la publicité pour cette coopérative d'édition. Son numéro 41 du 25 février 1933 en indique le catalogue (127): on y trouve notamment des livres de Gustave Dupin (Sur les responsabilités de la guerre), de Fay et Barnes (128) (Les savants américains et les origines de la guerre), de Mathias Morhardt (L'Angleterre a voulu la guerre -- Les preuves), de Raffalovitch (L'abominable vénalité de la presse). Dans le Procès, Rassinier affirme que certains des intellectuels cités précédemment et d'autres qui prirent position contre le Traité de Versailles et la thèse de la responsabilité unilatérale de l'Allemagne "furent les fréquentations littéraires ou personnelles de (sa) jeunesse ardente et enthousiaste" (129). Et il en dresse la liste:


"Hermann Hesse, héritier spirituel de Bertha von Süttner, Romain Rolland, Alain, Mathias Morhardt, Victor Margueritte, Anatole France, Félicien Challaye, Jean Giono, Georges Demartial, René Gérin, Barthélémy de Ligt, Lucien Roth, le couple Alexandre, etc... A ceux-là, personne ne réussit à en conter sur le caractère unilatéral des horreurs et des responsabilités de la guerre: ils passèrent tout au crible et ils menèrent une vie très dure aux hommes de Versailles seulement soutenus par quelques intellectuels vieillis, fatigués ou fossilisés d'une droite qui ne les suivaient déjà plus" (130).


Enfin, signalons que Rassinier avait lu et apprécié Jean Norton Cru et sa magistrale et monumentale étude Témoins. Essai d'analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en français de 1915 à 1928, (1929) (131).

C'est dans le sillage et l'esprit de tous les personnages -- écrivains et historiens -- cités plus haut que Rassinier écrit ses ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale et le problème concentrationnaire.

Trois raisons essentielles et, au bout du compte, indissociables nous paraissent l'avoir poussé: le désir de faire oeuvre d'historien, son pacifisme et une conception du socialisme qui se veut fidèle aux principes et aux idéaux de la gauche de 1919.

[44]


A - Naissance d'un historien.


a - Un historien en quête d'objectivité


Le ton est donné dès le premier ouvrage, Passage de la ligne, récit de la déportation de Rassinier à Buchenwald et à Dora. Il est bon de reproduire in extenso l'avertissement placé en épigraphe au début du livre:

On retrouve ce même désir d'objectivité dans Le Mensonge. Conscient que la vérité est la première victime des guerres et ne résiste guère à l'épreuve des passions, il s'efforce de faire barrage à "la tradition de haine en train de naître sous (ses) yeux" (133). Dès son retour de Dora, il s'intéresse à tout ce qui se dit et s'écrit sur la guerre et la déportation. Il lui arrive d'assister à des procès, tel celui, à l'automne 1945, d'une femme accusée de collaboration. Il y constate qu'un faux témoignage patent ne fait l'objet d'aucune poursuite de la part de la justice mais se défend toutefois de vouloir assimiler tous les témoignages à celui-ci: "Mon propos vise seulement à établir qu'"il y en eut qui n'ont rien à lui envier, même parmi ceux auxquels l'opinion fit la meilleure fortune" (134). Rassinier va donc s'efforcer de lutter contre ce qu'il appelle le "complexe du mensonge d'Ulysse" selon lequel "l'humanité a besoin de merveilleux dans le mauvais comme dans le bon, dans le laid comme dans le beau. Chacun espère et veut sortir de l'aventure avec l'auréole du saint, du héros et du martyr, et chacun ajoute à sa propre odyssée sans se rendre compte que la réalité se suffit déjà largement à elle-même" (135).

Tel un nouveau Norton Cru, mais suivant une démarche beaucoup moins complète et systématique, Rassinier s'attache à la vérification des faits. A l'étude critique des documents, à leur authenticité et à leur crédibilité. Il s'agit pour lui d'un retour à la probité intellectuelle qui devrait gouverner les historiens en temps normal

[45]

Au fil des années, il consacrera quasi exclusivement ses recherches au "drame des juifs européens" qui est, selon sa formule, "non pas que six millions d'entre eux ont été exterminés comme ils le prétendent mais seulement dans le fait qu'ils l'ont prétendu" (136). Dans ce secteur d'investigations, il possède incontestablement un rôle de pionnier.


b - Les communistes contre l'Europe


Au nombre de ceux qui ont menti sur les camps Rassinier place les communistes (137). Diverses raisons expliquent, selon lui, cette tendance au mensonge. Les communistes avaient un triple intérêt dans l'affaire. L'intérêt de parti est clair: les communistes prétendent s'être le mieux comportés à l'intérieur des camps. Sur le plan personnel, il s'agissait de dissimuler aux yeux de l'opinion publique leurs propres abus et méfaits -- et leurs conséquences -- au sein de la direction interne des détenus (la Häftlingsführung): "En prenant d'assaut la barre des témoins et en criant très fort, ils évitaient le banc des accusés" (138). Au niveau politique à l'échelle mondiale, il s'agissait de faire oublier les camps russes dont on commençait à parler davantage dans la presse. Poussant plus loin ses critiques, Rassinier reproche aux communistes de mettre en avant les atrocités commises par les Allemands pendant la guerre pour creuser "un insondable fossé entre la France et l'Allemagne en discréditant à jamais le peuple allemand" (139). Il lui semble que c'est là compromettre singulièrement l'avenir de l'Europe et faire le jeu du communisme. Il est stupéfait de constater que "le monde civilisé a pu fonder toute une politique à l'égard de l'Allemagne sur des conclusions qu'il tirait de renseignements fournis par de vulgaires gardes-chiourme," (140).

C'est notamment pour contrecarrer la propagande communiste et suivant une optique pacifiste que Rassinier entreprit en Allemagne et en Autriche (à Vienne) une tournée de 15 conférences (141), du 21 mars au 10 avril 1960, reprenant, ses arguments habituels:

1*/ Ce ne sont pas les Allemands qui ont inventé les camps de concentration;

2*/ Les atrocités qui y ont été commises ne sont pas exceptionnelles et ont des précédents à d'autres époques et dans d'autres pays. L'on pourrait citer les camps de Karaganda (Russie), des îles Lipari (Italie), de Makronissos (Grèce), de la Noé (France), ceux d'Algérie, etc.

3*/ Le peuple allemand n'est pas responsable de ces horreurs, pas plus en tout cas que le peuple français ne l'est pour celles des camps algériens. Rassinier estime en outre que l'on n'est pas en droit de reprocher au peuple allemand de s'être prononcé en faveur du nazisme. Pour lui, "jamais un peuple ne choisit son gouvernement: dans tous les pays du monde, l'opinion [46] publique est faite par les journaux et les journaux -- comme la radio -- appartiennent à ceux qui possèdent l'argent. Dans ces conditions, un choix électoral est très facilement et toujours une imposture et une falsification" (142).

Au terme de chaque conférence, Paul Rassinier appelait à la constitution en Allemagne d'un comité d'historiens indépendants qui se serait donné pour but de rechercher la vérité sur le camps de concentration allemands. [Note de l'AAARGH: on attendrait là une mention de la conséquence quasi-instantanée de cette demande: la proclamation unilatérale par Broszat en août 1960, qu'il n'y avait eu des chambres à gaz que dans quelques camps de Pologne. Cf le texte de cette proclamation.]


c - Socialiste toujours?

 

En rendant compte de sa déportation dans Passage de la ligne, Rassinier a eu l'impression "de faire écho à Blanqui, Proudhon, Louise Michel, Guesde, Vaillant, Jaurès et de (se) rencontrer avec d'autres comme Albert Londres (Dante n'avait rien vu), le Dr Louis Rousseau (Un médecin au bagne), Will de la Ware et Belbenoit (Les compagnons de la Belle), Mesclon (Comment j'ai subi 15 ans de bagne), etc. qui, tous, ont posé le problème de la répression et du régime pénitentiaire à partir des mêmes constatations et dans les mêmes termes que (lui), ce pourquoi ils avaient, tous aussi, reçu un accueil sympathique du mouvement socialiste de leur époque" (143). Constatant que les adversaires les plus acharnés de son livre se trouvent parmi les dirigeants du Parti Socialiste, il se demande s'il ne faudrait pas l'expliquer par "la curieuse et prétendue loi des balancements historiques" (144). Ainsi il constate avec une certaine amertume que les intellectuels de gauche dans leur écrasante majorité, ont approuvé Nuremberg au nom des principes mêmes qui les avaient fait condamner Versailles. Inversement, ce sont surtout des intellectuels de droite qui se sont mis à passer au crible les horreurs et les responsabilités de la Seconde Guerre mondiale. Et Rassinier a ce commentaire intéressant: "Il y a là en tout cas, un assez curieux chassé-croisé dans le secteur des principes et c'est dans ce chassé-croisé que s'inscrit mon drame personnel" (145). De fait, sans rien renier cependant de ses convictions socialistes l'auteur du Drame a entretenu des relations amicales avec des hommes situés à l'extrême-droite sur le spectre idéologique, tels Maurice Bardèche autre pionnier du révisionnisme, Henry Coston, Pierre Fontaine. Plusieurs de ses livres ont été publiés chez des éditeurs d'extrême-droite (Publications Henry Coston, Les Sept Couleurs) puis de [47] droite (La Table Ronde, Les Nouvelles Editions Latines) faute d'avoir été acceptés par de grandes maisons d'édition. De même Rassinier publia de plus en plus ses articles révisionnistes (sous un pseudonyme) dans des revues comme Lectures Françaises et Rivarol (146). Il convient de noter à cet égard que ces articles concernent presque exclusivement ses travaux sur les chambres à gaz et la Solution Finale et ne comportent pas de profession de foi politique ou idéologique. Il serait pour le moins imprudent de qualifier Rassinier de "néo-nazi" comme cela a été le cas en décembre 1963 lorsqu'il a voulu se rendre au procès de Francfort et a été refoulé à la frontière allemande. Pierre Vidal-Naquet, qui a eu un échange de lettres avec Rassinier en 1959, dit que celui-ci, "à travers ses variations, est demeuré anti-colonialiste" (147). Les articles signés Rassinier dans La Voie de la paix et consacrés à l'indépendance de l'Algérie, au Congo belge et à l'Etat d'Israël vont en effet dans le sens de cette appréciation.

 

Eu égard à la nature des travaux d'histoire de Rassinier se pose la question éventuelle de l'antisémitisme. Certains auteurs, comme Pierre Birnbaum, Pierre Vidal-Naquet et Nadine Fresco, ont accusé Rassinier d'être plus ou moins un antisémite. Les exemples qu'ils fournissent ne semblent cependant pas très probants (148).

Nous avons vu que Rassinier a fait partie, avant et pendant la guerre de filières d'émigration pour juifs allemands (149). Il n'est pratiquement pas question des juifs dans Le Mensonge. C'est dans Le Drame qu'on rencontre quelques affirmations contestables sur le plan de la rigueur scientifique. Ainsi: "Il ne faut, en effet, pas oublier que c'est pour se procurer les fonds nécessaires à l'édification de l'Etat d'Israël (Indemnisations allemandes, proportionnées au nombre des victimes) que ce mensonge a été commis" (150). Cette déclaration -- qui n'est accompagnée d'aucune démonstration -- contredit une grande partie de ce que Rassinier avait affirmé auparavant (151). Il semble avoir oublié ses remarques sur les rumeurs à l'intérieur des camps (concernant les chambres à gaz), le "complexe du mensonge d'Ulysse", les faux témoignages, etc.

Ceci étant dit, il est assez aventuré de conclure, sur la base de tels propos, à un fonds d'antisémitisme chez Rassinier. Il n'y a jamais d'attaques haineuses dans ses écrits mais surtout beaucoup d'ironie et un style d'écriture assez extravagant parfois.

Le point de départ de son oeuvre d'historien et sa démarche sont étrangers à l'antisémitisme.

[48 ]


B - Les procès de Nuremberg


Quel que soit l'angle sous lequel il les envisage, les procès de Nuremberg ne trouvent pas grâce aux yeux du pacifiste qu'est Paul Rassinier. Dans une étude -- au titre trompeur (152)--, il s'efforce d'en critiquer tous les aspects et d'en réfuter toutes les justifications. Son argumentation s'articule autour de trois points essentiels: juridique, moral et historique. Les arguments de Rassinier n'ont certes rien de vraiment original. De nombreux auteurs, d'horizons politiques et idéologiques variés, avaient consacré bien avant lui des brochures, des livres et des articles à la condamnation des procès de Nuremberg. En France, il y eut surtout les deux livres de Maurice Bardèche, Nuremberg ou la Terre promise et Nuremberg Il ou les Faux-monnayeurs (153) que Rassinier trouva "admirables" même s'il reconnaît que son auteur "se dit ouvertement -- et très crânement -- fasciste" (154). C'est certainement par l'intermédiaire du second de ces livres que Rassinier eut connaissance des auteurs évoqués plus haut. Il en cite d'ailleurs quelques uns: Gilbert Murray, helléniste britannique, le critique militaire Lidell Hart, l'anarchiste Victor Gollancz, Lord Hankey, le juge américain Wennerstrum, le Sénateur Taft, le Lord-Evêque de Chichester, l'évêque de Berlin Dibelius, etc. D'autres noms pourraient certainement être cités.


a - Les arguments juridiques


Rassinier dénonce le "caractère scandaleux" de certaines innovations du Statut de Nuremberg comme la définition du crime contre la paix assorti du crime de complot en vue de sa préparation et de son accomplissement. Il estime aussi que la non-rétroactivité des lois, en vertu de la formule nulla poena sine lege, est "un des principes sacrés de notre culture" (155). Face au reproche d'une position de pur formalisme et soutenant que les personnes accusées étaient de toutes façons criminelles, il rétorque que la violation d'un principe d'usage courant "au préjudice de qui que ce soit créait, une fois admise, un précédent qui légitimerait celle de tous les autres et que, la loi ne pouvant être la loi qu'à la condition d'être la même pour tous, le criminel aussi avait droit à la justice, même purement formelle" (156). Il évoque, comme pour atténuer son jugement, l'histoire "pleine à craquer" selon lui "de [49] juridictions de circonstances désavouées le lendemain". Enfin, il condamne le principe de la responsabilité collective qui tendrait à considérer comme criminels tous les membres d'associations jugées criminelles par Nuremberg et qui regroupaient cependant une majorité d'Allemands, jeunes et vieux.

 

b - Les arguments moraux

 

Rassinier stigmatise la formidable hypocrisie et le cynisme d'un procès où les vainqueurs jugèrent les vaincus (158). Les accusés ne pouvaient faire état de l'argument tu quoque (159) (sauf rares exceptions dans la pratique) qui aurait voulu qu'on parle des crimes commis par les vainqueurs. L'auteur de Procès en rappelle quelques-uns au passage. Les Russes sont assez malvenus de siéger à Nuremberg. Ils ont déporté des Polonais et des Ukrainiens en 1940 et en 194. Ce sont eux qui ont commis Katyn. Entre 1945 et 1947, ils ont déporté ou expulsé 7.300.000 Allemands de Silésie vers l'Allemagne en application d'une Convention anglo-américaine-soviétique de transfert de populations. Des millions seraient morts au cours de "cette opération faite dans des conditions matérielles d'inhumanité en tous points comparables à celles dans lesquelles nous avons été déportés dans les camps par les Allemands pendant la guerre" (160). Les Anglais ont sur la conscience la pratique de l'obliteration bombing qui, pour Rassinier, visait rien moins que "l'extermination des populations civiles de presque toutes les villes allemandes" (161). Un déluge de bombes au phosphore s'abattit sur Dresde, Leipzig, Hambourg ainsi que sur des dizaines d'autres cités allemandes, tandis que, au Japon, les Américains atomisèrent Hiroshima et Nagasaki. Les Français avaient eux aussi des choses à se reprocher, comme la guerre des partisans qu'aucune des conventions de La Haye ne protégeait et même un massacre de prisonniers, le 19 août 1944 à Annecy. Enfin est évoquée la situation de beaucoup de camps français pour prisonniers allemands après mai 1945 (162).

Pour Rassinier, le fait de ne poursuivre que les crimes qui ont été commis par des Allemands est de la germanophobie et "pas plus qu'aucune autre forme de la xénophobie, la germanophobie n'appartient ni à l'univers socialiste, ni a l'univers pacifiste" (163).

La seule prise de position rationnelle pour un pacifiste qui sait que le principal responsable et coupable c'est la guerre elle-même, est l'amnistie générale: "On efface tout, on regarde en avant, on [50] recommence en essayant de faire mieux, c'est-à-dire en empruntant d'autres voies dans tous les secteurs de la pensée et de l'activité humaine. A l'écart, surtout, des tentatives de la xénophobie, en l'occurrence d'une germanophobie sans vergogne" (164).

 

c --Le point de vue de l'historien

Que doit penser l'historien des procès de Nuremberg? Rassinier met en exergue deux articles du Statut du Tribunal de Nuremberg qui lui paraissent particulièrement significatifs. L'article 19 stipulait que "le Tribunal ne sera pas lié par les règles techniques relatives à l'administration des preuves" et l'article 21 que "le Tribunal n'exigera pas que soit rapportée la preuve de faits de notoriété publique, mais les tiendra pour acquis". A ses yeux, ces faits de notoriété publique sont surtout les témoignages dont on a vu plus haut qu'il se méfiait fortement (165). En définitive, pour lui, les faits dont il a été question à Nuremberg n'ont pas été établis mais seulement tenus pour établis, en vertu même de l'article 21. Il tente d'en montrer l'application dans la pratique en évoquant la déposition, le 11 janvier 1946, du Dr Franz Blaha, communiste tchèque, qui vint déclarer avoir assisté à un gazage à Dachau alors qu'on a reconnu, selon Rassinier, qu'il n'y en avait pas eu (166). "Le Tribunal qui n'était pas lié par les règles techniques de l'administration des preuves (art.19) ne lui en demanda pas et le fait, déclaré de notoriété publique, fut tenu pour acquis (art.21) sans plus de formalité" (167).

Un autre aspect du problème concerne les accusés. Rassinier s'interroge sur la valeur de leurs aveux et de leurs dépositions. Il met en cause les pressions physiques mais surtout morales et psychologiques de toutes sortes qui auraient été exercées sur nombre d'entre eux et estime que l'historien ne doit prendre en compte leurs déclarations qu'avec une prudence extrême. Il fait même état de tortures physiques dans le cas du Gruppenführer Otto Ohlendorf (un des chefs des Einsatzgruppen)

"Le pauvre, sur qui pesait une menace de condamnation a mort -- il fut d'ailleurs pendu en 1951, malgré son évidente complaisance et après avoir été soumis à quels traitements! -- avait totalement perdu la tête et ne savait plus à quel Saint se vouer pour échapper à son destin. A son procès, en 1948, quand on voulut produire contre lui ce qu'il avait déclaré à Nuremberg en 1945-46, il dit que toutes ses déclarations [51] antérieures lui ayant été arrachées par la pression étaient sans valeur" (168).

Rassinier met également en cause le fait que seuls les documents accusant les Allemands ont été produits devant le Tribunal et que la défense n'avait pour ainsi dire pas eu accès aux Archives qui lui auraient permis, probablement, de trouver des éléments à décharge pour ses clients (169). Ailleurs, il fait état de documents à l'origine douteuse comme le document Hossbach (170) ou le PS-3319 (relatif à un congrès anti-juif qui se serait tenu a Krummhübel les 3 et 4 avril 1944) (171).

En conclusion, Rassinier ne considère pas que les verdicts du Tribunal pas plus d'ailleurs d'aucun autre tribunal, puissent être aveuglément acceptés par les historiens. La vérité politique a, en l'occurrence supplanté et comme anéanti la vérité historique. Les procès de Nuremberg fournissent aux historiens une grille d'interprétation à laquelle s'oppose toute l'oeuvre de Paul Rassinier.

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