Ce qu'il faut dire d'abord, c'est que la question a beaucoup évolué depuis la date à laquelle j'ai écrit Le Mensonge d'Ulysse. C'était en 1949-50. Sur la foi de n'importe quel récit, de n'importe quel déporté, tous les journaux plaçaient des chambres à gaz et des exterminations massives au petit bonheur la chance, n'importe où et presque dans tous les camps. Presque tous les déportés en avaient vu, - de leurs yeux vu. Et tout le monde les croyait encore.
Malgré Eugène Kogon d'ailleurs qui, dans son livre «L'enfer organisé», avait écrit en 1945: «... dans les rares camps où il y en eut...»
Comme il n'avait pas dit lesquels, chacun en plaçait où il voulait et il finissait par y en avoir partout.
[38]
En France, j'ai détruit la légende de celle de Buchenwald et de celle de Dachau. Je cherche à savoir aujourd'hui ce qu'il en fut exactement de celles - car on parle de quatre - d'Auschwitz, les seules dont on écrive encore.
Mais commençons par le commencement.
Aujourd'hui, malgré l'interdiction qui leur en avait été faite, beaucoup des Avocats des accusés de Nuremberg ont rendu publics les documents qui leur avaient servi à présenter la défense de leurs clients et dont les copies étaient restées dans leurs dossiers. En 1949-50, il n'en était pas de même.
J'en avais été réduit à traiter du problème des chambres à gaz en prenant le maximum de précautions de style et dans une forme aussi dubitative que possible.
A l'époque, on ne pouvait encore que subodorer l'imposture et je n'avais que des soupçons.
Dans la suite, tout ce qui a été publié est venu confirmer tous ces soupçons et le plus souvent par l'absurde.
En 1958, il y eut Der hagerkommandant 1 von Auschwitz Spricht ...: on a lu ce que j'en pensais au chapitre précédent.
En 1953, il y avait déjà eu SS. Obersturmführer Dr Mengele, du Dr communiste hongrois Nyiszii Miklos, et je n'avais pu en dire ce que j'en pensais que dans la quatrième édition du Mensonge d'Ulysse.
[39]
L'imposture, cette fois, sautait aux yeux
et, d'ailleurs, l'auteur en a, en partie, convenu (voir page 16) 2.
On peut maintenant comparer la description des chambres à gaz et des exterminations que daine ce Dr Nyiszli Miklos avec celle qui est donnée dans le chapitre précédent par le livre attribué à Rudolf Hoess. Quelle foi accorder à deux témoins d'un même événement qui se contredisent à ce point? Et où est la vérité?
Mais on a lu au passage que M. Eugène Kogon fixait la mise en état de fonctionner des chambres à gaz «en mars 1942»: or, en mars 1942,» ]Hoess» nous dit à la fois que les chambres à gaz ont fonctionné (p. 174) et qu'au cours de l'été, comma elles n'étaient pas construites, il avait fallu utiliser le Block 11, puis la morgue, pour procéder à des exterminations par les gaz (p. 229). Et, bien avant la publication de «son» livre, nous savions déjà que les fours crématoires d'Auschwitz ont seulement «été commandés le 3 août 1942 à la Maison Topf und, Soehne d'Erfurt par ordre n· 11450/42/ BI/H»: comment, alors, ces chambres à gaz ont- elles pu fonctionner avant que les fours crématoires aient été construits? Surtout si elles sont présentées comme y ayant été annexées? C'est la question que je posais déjà dans mon étude critique de ce livre.
Enfin, dans cette étude critique, j'ai signalé deux livres dans lesquels il est dit que «les Allemands [40] ont fait sauter les chambres à gaz d'Auschwitz à l'approche des troupes russes en novembre 1944»: Histoire de Joel Brand, de Weisberg et Exodus de Léon Uris.
Eugène Kogon, lui au moins, avait réservé l'avenir en nous disant «qu'à partir de septembre 1944, des ordres avaient interdit de les utiliser». Et quand on réussissait à se rendre à Auschwitz en touriste, on pouvait penser qu'on y visitait des chambres à gaz authentiques.
Avec Weisberg et Uris, tout s'effondre.
Comme pour Dachau.
Il reste un argument: «la solution finale» du problème juif.
La «solution finale» du problème juif n'est pas une expression proprement allemande. Depuis des siècles et des siècles - exactement depuis Titus et la Diaspora - elle a été employée par tous les faiseurs de systèmes sociaux et tous les gouvernements du monde méditerranéen d'abord, de l'Europe septentrionale puis méridionale ensuite. En France, la Révolution de 1789, puis Napoléon III la rendirent célèbre qui crurent l'avoir trouvée sous la forme d'un statut équitable pour tous les ressortissants juifs vivant sur le territoire national. Au lendemain de l'autre guerre, avec la Déclaration Balfour, elle prit à l'échelle mondiale le sens [41] de «la reconstitution d'un foyer national juif» que l'Angleterre s'engageait à favoriser en Palestine. Avec l'avènement du national-socialisme en Allemagne, elle prit celui de l'extermination massive des juifs européens par le moyen des chambres à gaz.
Cette interprétation est-elle correcte?
Au procès de Nürenberg, on la brandit comme une accusation contre tous les dignitaires du régime qui avaient participé de près ou de loin à la déportation des juifs dans les camps de concentration par application de la «Solution finale» et tous furent unanimes à répondre que «lorsqu'on parlait de la solution finale du problème juif, ils ne soupçonnaient pas que cela voulait dire les chambres à gaz». Sous la foi du serment, des témoins vinrent affirmer à la barre (surtout au procès des médecins) qu'ils avaient reçu - verbalement il est vrai - des ordres d'y procéder et on les crut. En ce temps-là, on trouvait des témoins pour affirmer n'importe quoi pourvu que ce fût dans le sens de la vérité du moment des vainqueurs. L'un d'entre eux ne vint-il pas authentifier l'ordre «de faire sauter tous les camps à l'approche des alliés, gardiens compris», dont il fut prouvé par la suite (Déclaration de Jacques Sabille, dans Le Figaro littéraire en 1951 et livre de Joseph Kessel, Les Mains du Miracle) que grâce à Kersten, médecin de Himmler, cet ordre n'avait jamais été donné? Un autre ne vint-il pas dire que l'artillerie alle[42]mande avait reçu l'ordre de couler trois bateaux chargés de déportés (dont l'Arcona) qui, dans la mer Baltique, se dirigeaient vers la Suède et dont on a su depuis qu'ils avaient été coulés par l'aviation alliée à la suite d'une méprise?
Si l'on est aujourd'hui revenu des ordres de faire sauter les camps à l'approche des alliés, de tirer sur les bateaux chargés de déportés de la Baltique et de bien d'autres encore, c'est que, non seulement il n'y avait pas de textes pour les soutenir, mais encore que des textes sont venus prouver sans discussion possible qu'il n'y en avait pas. Pour soutenir les ordres d'extermination des Juifs par les gaz, il n'y avait pas davantage de textes: on a prétendu qu'il y en avait, on le prétend encore, on en a cité, on en cite encore.
Que disent ces textes?
Le plus précis d'entre eux - le seul, d'ailleurs, qui soit encore cité - est extrait d'un document dit «Protocole de Wannsee» qui rassemble, dans une forme où seuls les esprits avertis et les spécialistes peuvent distinguer le commentaire et le texte authentique, les rapports présentés et les décisions prises au cours d'une réunion interministérielle qui eut lieu le 20 janvier 1942 et à laquelle assistaient les secrétaires et les grands commis de tous les ministères du Aille Reich.
Voici ce texte dans la traduction qui en a été donnée en France par le centre de documentation juive:
[43]
«( ... ) Dans le cadre de la solution finale du problème, les Juifs seront transférés sous bonne escorte dans les territoires de l'Est et y seront affectés au service du travail. Formés en grandes colonies de travail, hommes d'un côté, femmes de l'autre, seront amenés dans ces territoires: il va sans dire qu'une grande partie d'entre eux s'éliminera par décroissance naturelle [...] Le résidu qui subsisterait en fin de compte et qu'il faut considérer comme la partie la plus résistante - devra être traité en conséquence. En effet, l'expérience de l'Histoire a montré qu'une fois libérée, cette élite naturelle porte en germe les éléments d'une nouvelle renaissance juive.»
Même texte extrait du «Protocole...» en langue allemande:
«... Unter entsprechender Leitung sollen im Zuge der Endloesung die Juden in geeigneter Weise im Osten zum Arbeitseinsatz kommen. In grossen sen Arbeitskolonnen, unter Trennung der Ges chlechter, Kerden 3 die arbeitsfaehigen Juden strassenbauend in diese Gebiete geführt, wobei zweifellos ein Gressteil 4 durch natürliche Ver minderung ausfallen wird.. Der allfällig endlich verbleibende Restbestand wird, da es sich bei diesem zweifellos um den widerstandsfaehigsten Teil handelt, entsprechend behandelt Kerden5 müssen, die 6 dieser, eine natürliche Auslese dars tellend, bei Freilassung als Keimzelle eines [44] neuen jüdischen Autbaues anzusprechen ist.»
Il est visible à l'oeil nu que les deux parties de ce texte, celle que j'ai soulignée et celle qui la précède, ne sont pas rédigées dans le même style et la première conclusion qui s'impose est: ou bien elles ne sont pas du même auteur, ou bien elles n'ont pas été rédigées au même moment, ou bien elles ne figurent pas dans le même «document». La première est, en effet, rédigée dans le style de la décision, la seconde dans celui de l'appréciation, c'est-à-dire du commentaire.
C'est sur ce texte qu'on s'est appuyé pour accepter comme vrais les témoignages des gens qui ont déclaré à Nuremberg et ailleurs qu'ils avaient assisté à des exterminations par les gaz ou qu'ils avaient reçu l'ordre d'y procéder.
Sur le moment, dans le désarroi des esprits qui a immédiatement suivi la fin des hostilités, l'effet politique recherché s'est produit. A la longue, on est bien obligé de convenir que si des personnalités de la République fédérale allemande qui ont joué un rôle important sous Hitler - des juges par exemple ou de grands commis - disent encore que «lorsqu'on parlait de la solution finale du problème juif, elles ne soupçonnaient pas que cela voulait dire les chambres à gaz» même après lecture de ce texte, elles ne le pouvaient pas soupçonner.
Historiquement, tout semble se réduire à ceci qui a été admirablement, quoique insidieusement [45] résumé par l'écrivain juif américain, Léon Uris, dans Exodus:
«En mars 1941, dix-huit mois après l'invasion de la Pologne, Adolph Hitler choisit la «solution finale» du problème juif. Fait significatif il précisa ses instructions sous forme d'ordre verbal 7.
... Six semaines plus tard, Heydrich, grand maître des organismes de sécurité, réunit un certain nombre de dignitaires nazis en conférence secrète 8 afin de leur faire part des décisions du Führer... (p. 192 de l'édition française). Eichmann., Himmler, Streicher et une dizaine de seigneurs de moindre importance se mirent au travail pour édifier un plan aussi vaste que remarquable...» (p. 193).
Les ordres de Hitler sont verbaux... Un an après, la réunion
ministérielle connue sous le nom de Protocole de Wannsee
a lieu pour décider et, dans ce qui a été
publié de ce qu'on y a dit et décidé, on
cherche depuis vingt ans des textes susceptibles de permettre
d'affirmer que là et ce jour-là sont nées
les chambres à gaz.
On en a trouvé un: on a vu ce qu'il valait.
Au Procès de Nuremberg, ai-je dit souvent, on a cependant trouvé beaucoup de témoins pour [46]confirmer que «la solution finale du problème juif» c'était «l'extermination par le moyen des chambres à gaz». Je m'en voudrais d'infliger au lecteur, un recensement complet de tous ces témoins et de leurs dires. Un seul suffira pour démontrer le mécanisme de cette extrapolation: le plus important de tous l'Hauptsturmführer (capitaine, je crois) Dieter von Wisliceny adjoint direct d'Adolf Eichmann, chef du bureau chargé de «la solution finale» au stade de l'exécution.
Ce Dieter von Wisliceny fut interrogé à Nürenberg le 3 janvier 1946 par le lieutenant-colonel Broockhart et voici le passage principal de cet interrogatoire:
Lieutenant-colonel Broockhart. - Dans vos relations officielles avec la section IV. A. 4 9 (dont le chef était Eichmann) avez-vous eu connaissance d'un ordre prescrivant l'extermination de tous les juifs ?
Wisliceny. - Oui, c'est d'Eichmann que j'ai appris pour la première fois l'existence d'un tel ordre, au cours de l'été 1942. [ ... ..] Je lui demandai qui avait donné cet ordre; il me déclara que c'était un ordre de Himmler. Je le priai alors de me montrer cet ordre, car je ne pouvais pas croire qu'il existât réellement par écrit. [ ... ] Eichmann me dit qu'il pouvait me montrer cet ordre écrit, si cela pouvait tranquilliser ma conscience. De son coffre il sortit un petit dossier qu'il feuilleta et Il me mon[47]tra une lettre de Himmler adressée au chef de la Sipo et du S.P.10
L'essentiel de cette lettre était à peu près le suivant:
- Le Führer avait ordonné la solution définitive du problème juif.
- L'exécution de cette solution dite définitive était confiée au chef de la Sipo et du S. D. et à l'inspecteur des camps de concentration. Tous les Juifs en mesure de travailler, du sexe féminin ou masculin, devaient provisoirement être employés à travailler dans les camps de concentration. Cette lettre était signée de Himmler en personne. Il n'y avait aucune erreur possible, car je connaissais parfaitement la signature de Himmler.
Dans cette lettre, il n'est pas question d'extermination, - ni de chambre à gaz. L'interrogatoire se poursuit donc car, naturellement, on n'a pas retrouvé la lettre.
- Lieutt-Col. Broockhart. - L'ordre portait-il une indication quelconque en vue de la conservation du secret 11 ?
- Wisliceny. - Il portait l'indication « très secret ».
[...]
[48]
- Lieutt-Col. Broockhart. - Avez-vous posé une question sur la signification des mots « solution définitive » employés dans cet ordre?
- Wislicenv. - Eichmann finit par m'expliquer
ce qu'on entendait par-là. Il me dit que l'expression
« solution définitive » cachait
l'extermination biologique et totale des juifs dans les territoires
de l'Est.
Wisliceny savait «Eichmann avait réussi à échapper à la police alliée et qu'il ne sortirait pas de sa cachette pour lui venir donner le démenti. Pourquoi se gêner, alors? Il convient de dire qu'il y eut pas mal de Wisliceny au Procès de Nuremberg... Celui-ci qui pensait se sauver en reconnaissant le crime et en le, reportant sur un autre n'en fut pas moins pendu, mais le procédé réussit à quelques-uns d'entre eux.
Ainsi est née la thèse de l'extermination. Dans les premiers temps qui suivirent la fin de la guerre, on commença d'abord par parler de «la solution finale» en affectant l'expression d'un renvoi en bas de page où il était expliqué qu'il s'agissait de l'extermination dans la chambre à gaz. Car, on avait aussi trouvé des témoins de ce genre d'extermination qui en rapportaient la preuve «d'après des personnes dignes de foi, mortes ou disparues».
C'est seulement en 1954, au moment où parut le livre du communiste hongrois Nyiszli Niklos 12 qu'on s'aperçut que son témoignage ne concordait [49] pas avec ceux qu'avaient recueillis Eugen Kogon et David Rousset, auprès de gens eux aussi « dignes de foi» mais qu'on ne retrouva jamais. Avec «Le Commandant d'Auschwitz parle...» de Rudolf Hoess. paru en 1958, ce fut la débâcle de la thèse car il donnait lui aussi, une version du crime, en contradiction totale avec celles de tous ceux qui l'avaient précédé dans cette voie.
Pour ce qui est du témoignage de Wisliceny, clef de voûte de tous ceux qui ont suivi, on a vu à quel point il fallait solliciter les textes pour conclure à une extermination par les chambres à gaz.
Mais le Lieutt-Col. Broockhart a encore demandé autre chose à Wisliceny:
- Lieutt-Col. Broockhart. - Savez-vous si cet ordre continua à être observé par les services d'Eichmann?
- Wisliceny. - Oui.
- Lieutt-Col. Broockhart. - Pendant combien de temps?
-Wisliceny. - Cet ordre resta valable jusqu'en octobre 1944. A ce moment-là, Himmler donna un contrordre interdisant l'extermination des juifs.
Ainsi donc, voilà une lettre d'Himmler dont Wisliceny prend connaissance en été 1942 sans autre précision sur la date, ce qui permet de penser qu'elle est antérieure. Non seulement on n'a jamais. retrouvé cette lettre, mais on lui fait dire ce que de toute évidence elle ne dit pas et, pour couronner [50] le tout, on précise que ce qu'elle ne dit pas a fait ait l'objet d'un contrordre en octobre 1944. Naturellement, on n'a jamais non plus retrouvé ce contrordre...
Par contre, on sait aujourd'hui qu'au cours d'une visite qu'il fit à Auschwitz en mars 1941, Himmler fit part au Commandant du camp de sa décision de le transformer en une puissante centrale d'armement occupant dans ses ateliers tous les détenus juifs ou non aptes au travail et que cette décision fit l'objet d'une lettre à Pohl en date du 5 octobre 1941 13.
Et on ne voit pas comment il est possible de faire concorder les instructions données par Himmler à Pohl en octobre 1941 et celles que, selon le témoignage de Wisliceny, il aurait dans le même temps ou à peu près données directement à Eichmann.
Qu'était-ce alors que cette célèbre « solution finale du problème juif » ?
On ne le sait pas bien.
Dans les années 1934-35 Julius Streicher en parlait déjà dans ses écrits. Divers journalistes alle[51]mands lui faisaient écho qui suggéraient le regroupement des Juifs dans une colonie française, l'Afrique occidentale, par exemple, puisque les Anglais n'en voulaient pas en Palestine. Dans le même temps, la droite factieuse française se plaignait dans tous ses journaux qu'il soit impossible à quelque gouvernement que ce soit de mettre Madagascar en valeur, donc de garder l'île dans l'empire colonial, si on ne se résolvait pas à en faire aire une colonie de peuplement 14. Le national-socialisme sauta sur l'occasion: pourquoi n'y regrouperait-on pas les Juifs dont les Allemands ne voulaient plus? Mais la France n'en voulait pas plus que l'Angleterre...
A la déclaration de guerre, aucune solution n'avait été trouvée au plan mondial.
Que s'est-il passé jusque là ?
Ici encore, il faut interroger les textes. En voici donc deux:
Deux trains ont transporté en Suisse
2.700 hommes, femmes et enfants juifs. Ainsi a été
reprise la méthode que mes collaborateurs et moi-même
avions appliquée pendant de longues années, jusqu'à
ce que la guerre et la folie qu'elle a déchaînée
dans le monde en aient rendu la pratique tique impossible. Vous
savez bien que de 1936 à 1940, d'accord avec les organisations
juives américaines, j'avais créé une société
d'émigration dune bienfaisante activité 17. »18
En Allemand
« Es wird Sie interessieren, das ich im Laufe des letzten vierteljahres ainen Gedaukers, über den wir ein mal sprechen, zur Verwirklichung gebracht habe. Es wurden naemlich in zwei zügen rund 2.700 judische Maenner, Frauen, Frauen und Kinder in die Schweiz verbracht. [53] Es est dies praktisch die Fortsetzung des weges gewesen, den meine Mitarbeiter und ich lange Jahre hindurch konsequent verfolgten, bis der krieg und die mit ihm einsetzende Unvernunft in der Welt seine Durch: führung un moeglich machten. Sie wissen ja, dass ich un den Jahren 1936, 37, 38, 39 und 40 zusammen mit jüdischen amerikanischen vereinigungen eine Auswander organisation ins Leben gerufen habe, die sehr segenreich gewirkt hat. »
De ces deux textes qui se confirment l'un par l'autre et dont l'un au moins ne peut être suspect, il résulte indiscutablement qu'il y a eu une émigration massive des Juifs menacés par le national-socialisme et organisée par le national-socialisme lui-même. Il semble bien, même, que si cette émigration n'a pas été aussi massive qu'elle l'aurait pu, on le doit surtout à la mauvaise volonté des autres pays qui refusaient d'accueillir les Juifs dont l'Allemagne ne voulait plus. Il n'est que de lire le Livre Blanc anglais, publié en 1939, après l'annexion de l'Autriche et alors que le Foreign Office sentait menacée d'invasion la Pologne où il y avait 3.100.000 Juifs: il était dit que «la puissance mandataire en Palestine n'y accepterait plus, en tout et pour tout que 75.000 immigrants.» En France, chaque fois qu'un juif réussissait à y arriver, il se sentait si mal accueilli qu'il se dirigeait sur l'Italie et, de 1935 à 1940, l'Italie où finissait par conver[54]ger tous les, Juifs qui fuyaient le national-socialisme en empruntant la route de l'Ouest, fut le théâtre d'un véritable marché noir de places sur des bateaux à destination de la Palestine, dont la plupart étaient fantaisistes.
Si on en croit le Bericht (1942-1945) des KomIttee für Rettung der ungarischen Juden du Dr Reszo Kasztner que l'Histoire de Joel Brand de A. Weisberg ne fait que reprendre dans l'essentiel, cette émigration a continué, sous une autre forme pendant toute la durée de la guerre.
Dans le premier de ces deux ouvrages, on peut en effet lire, à la première page:
«Bis zum 19 März 1944 galt unsere Arbeit hauptsächlich der Rettung und Betreuung, Polnischer, slovakischer, jugolslawischer Flüchtlinge. Mit der deutschen Besetzung Ungars erstreckten sich unsere Anstrengungen auf die Verteidigung der ungarischen Juden... Die Besetzung brachte das Todesurteil für die nahezu 800.000 Seelen Zälhende ungarische Judenheit.»
En français:
« Jusqu'au 19 mars 1944, notre activité principale consista dans l'assistance et la protection des réfugiés polonais, slovaques et yougoslaves. Avec l'occupation allemande de la Hongrie, nos efforts se sont concentrés sur la protection des juifs hongrois... L'occupation provoqua la condamnation d'à [55] peu près 800.000 personnes dont la plupart appartenaient à la communauté juive. »
Un peu plus loin, (p. 8 de son rapport) il parle même des « 1.500.000 juifs hongrois »19 qui « entre le 15 mai et le début de juillet 1944 avaient été déportés sur la ligne Karchau-Oderberg »...
Or, dans la Hongrie vieux pays de tradition chrétienne de temps immémorial vouée au culte de la couronne de Saint-Étienne, les Juifs étaient si peu nombreux avant l'avènement du national-socialisme en Europe que, comme on le verra dans un instant, elle ne figurait même pas dans les statistiques publiées par les Juifs avant la guerre. Voici alors que, jusqu'au 19 mars 1944, la Hongrie n'est pas occupée par les troupes allemandes et que. le 19 mars 1944, 800.000 juifs, et même 1.500.000 20 nous dit le Dr Kaztner, s'y retrouvent: venant de Pologne, de Slovaquie et de Jugoslavie, précise-t-il dans la première phrase tout en les baptisant hongrois dans les suivantes...
Voici maintenant ce qu'on peut lire dans l'Histoire de Joel Brand d'A. Weisberg, sur ce sujet:
Immunisés contre la déportation, les détenteurs de ces passeports purent, après avoir gagné la Hongrie où on les leur distribuait et où on continua de les leur distribuer sous l'occupation allemande après le 19-3-1944, être acheminés sur Constanza d'où ils étaient embarqués pour la Palestine et d'où étant donné l'hostilité anglaise, «ils étaient pour la plupart dirigés sur les États-Unis», nous dit encore A. Weisberg (p. 93).
Jusqu'au 19 mars 1944, l'émigration des Juifs qui avaient réussi à fuir leur pays d'origine avant son occupation par les troupes allemandes et à gagner la Hongrie se fit par Constanza sous les auspices de la Waada de Buda-Pest. Après le 19 mars 1944, les Allemands ayant occupé aussi la Hongrie, elle se fit dans des conditions plus difficiles, les Allemands la trouvant trop lente ayant décidé d'envoyer dans les camps de concentration aussi les juifs qui se trouvaient sur le territoire hongrois et que la Waada ne réussissait pas à envoyer à Constanza au rythme compatible avec leurs exigences. Il y eut alors des contacts puis des marchandages sur lesquels toute la lumière n'a [57] pas encore été faite, entre les services allemands chargés du problème juif en Hongrie dirigés par Eichmann, Krumey, Becher, etc., et les membres du Comité directeur de la Waada. Parti en Israël en 1947, le Président de la Waada, le Dr Katzner y fut accusé par ses coreligionnaires d'avoir collaboré avec le national-socialisme en Hongrie: un grand procès où il figurait l'accusé pour ce «crime» s'ouvrit à Jérusalem en 1955, il y présenta le rapport connu sous le nom de Bericht (1942-45) des Komittee zur Rettung der Ungarischen Juden de Budapest qu'il avait rédigé en Suisse en 1945-46, dont il avait déposé l'original devant le Tribunal de Nürenberg et dans lequel un certain nombre d'accusés trouvèrent des arguments à décharge et furent acquittés (Becher, Krumey ... ). Un jour, au cours du procès, il fut abattu par un fanatique israélien à sa sortie du tribunal: condamné post mortem, il fut réhabilité en Israël même, le 16-1-1958 seulement, à la suite d'un procès en révision de la première sentence.
Son rapport dont j'ai eu entre les mains un exemplaire dactylographié de sa propre main puis ronéotypé à un nombre extrêmement limité d'exemplaires porte la mention «confidentiel» sur la couverture. Il n'a jamais été publié que par bribes soigneusement choisies par le centre mondial de documentation juive: bien que le Dr Katzner y parle en de nombreux endroits «des moulins d'Auschwitz» (expression attribuée à Eichmann) et [58] des chambres à gaz, sa publication intégrale - si un jour on y procède - établira elle aussi, par de nombreux détails que, pour la plupart, l'auteur a donnés sans se rendre compte de leur importance, «la solution finale du problème juif» n'a guère de rapport avec l'interprétation qui en a été donnée et, jusqu'ici, communément admise.
Si, maintenant, on examine les statistiques produites quant au nombre des victimes des exterminations par le gaz, on ne peut manquer d'être frappé par certaines anomalies dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles invitent à beaucoup de circonspection. Ici, je ne veux pas parler des statistiques des petits ratés du journalisme ou des politiciens, mais de celles seulement dont le caractère officiel ou le sérieux ne peuvent pas être discutés pour les comparer avec celles qui ont été produites par le centre de documentation juive.
Voici d'abord celle qui a été produite par le centre de documentation juive et qui met en regard dans les pays qui ont été occupés par l'Allemagne pendant la dernière guerre, la population juive avant l'accession de Hitler au pouvoir, et, par pays, le nombre des morts et des disparus 21 :
[59]
Morts
Population et disparus Restent
avant Hitler en 1946 en 1946
France . . . 300.000 120.000 180.000
Belgique. . . 90.000 40.000 50.000
Hollande. . 150.000 90.000 60.000
Danemark. 7.000 500 6.500
Norvège. . 1.500 900 600
Esthonie. . . . . . . 5.000 4.000 1.000
Lettonie. . . 95.000 85.000 10.0000
Lithuanie. 150.000 135.000 15.000
Pologne. . 3.300.000 2.800.000 500.000
Allemagne. 210.000 170.000 40.O00
Tchécoslovaquie. 315.000 260.000 55.000
Autriche. 60.O00 40.000 20.000
Hongrie. 404.000 200.000 204.000
Yougoslavie. 75.000 55.000 20.000
Roumanie. . 850.O00 425.000 425.000
Italie . . . 57.000 15.000 42.000
U.R.S.S. . . 2.100-000 1.500.000 600.000
Bulgarie. . . 50.000 ? ?
Macédoine . . ? ? 7.000,
Grèce . . . 75.000 60-000 15.000
Totaux. . . . 8.294.500 6.000.400 2,251.100
Avant la guerre, un statisticien juif de réputation mondiale avait travaillé de longues années sur la population juive dans le monde et, tout en précisant que ses chiffres étaient approximatifs, l'avait classée par professions et par pays. De ses travaux, un journal publié à New-York, le Menorah Journal, avait tiré dans son n· 2 de l'année 1932, les chiffres qu'on lira ci-dessous, reproduits en France dans Le Crapouillot, numéro de septembre 1936.
[60]
1. - Par professions
Commerce 6.100 . 000 soit 38,6%
Industrie et artisanat 5.750.000 soit 36,4%
Professions libérales 1.000.000 soit 6,3%
Agriculture 625.000 soit 4
Domestiques 325.000 soit 2
Rentiers2.000.000 soit 12,7%
Totaux 15.800.000 env. 100 %
11. - Par pays
États-Unis 4,500.O00
Pologne 3.100.000
Russie 3.000.000
Roumanie 900.000
Allemagne 500.000
Angleterre 330.000
France 250.000
Palestine 250.000
Argentine 1.240.000
Autriche 230.000
Canada 170.000
Lithuanie 160.000
Pays-Bas 120.000
Maroc français 120.000
Irak.100.000
Reste du monde 22 1.830.000
Total 15.800.000
[61]
7 à 8 pour mille de la population mondiale d'alors, précise M. A. Ruppin, dont 11.500.000 environ sont inscrits sur les registres des synagogues, dit l'écrivain juif, Arthur Koestler.
Ces chiffres coïncident avec ceux qui ont été publiés dans le « World Almanac 1947 » de « l'American Jewish Committee » : 15.688.259 juifs dans le monde entier, en 1938, dit cet almanach.
Pour l'Europe occupée par les troupes allemandes de 1939 à 1945, voici donc ce que, d'après les travaux d'Arthur Ruppin, la population juive aurait été par pays en 1932:
Pologne 3.100.000
Russie.3.000.000
Roumanie900.000
Allemagne 500.000
France 250.000
Autriche 230.000
Lithuanie 160.000
Pays-Bas 120.000
Lettonie
Grèce+Yougoslavie +Belgique +Italie
+Bulgarie = 420.000 23
[62]
Danemark + Esthonie + Norvège +
Finlande . . 30.000 24
Total 8.710.000
Comparés aux chiffres d'Arthur Ruppin de l'American Jewish Committee et du Menorah Journal, ceux du centre de documentation juive appellent les remarques suivantes:
1. Pour les pays d'Europe occupés par les troupes allemandes de 1939 à 1945, le Centre de documentation juive trouve une population juive de 8.294.500 personnes et Arthur Ruppin 8.710.000, Russie comprise dans les deux cas. Les deux chiffres sont sensiblement les mêmes: pour éviter toute discussion, les calculs seront cependant faits en fonction de l'un et de l'autre.
2. En ce qui concerne la Russie, les chiffres produits dans les trois colonnes par le centre de documentation juive sont manifestement faux dans la première et dans la troisième: d'accord en cela avec tous les historiens et statisticiens du monde, Arthur Ruppin évaluait la population juive de ce pays à 3.000.000 avant Hitler et, pour ce qui est de ceux qui restent, tous ceux qui depuis dix ans ont [63] accusé le régime bolchevique d'antisémitisme, l'ont évaluée autour de deux millions 25 après la guerre, en Russie même, et à 1.200.000 en Russie asiatique au lieu des 300.000 qui ressortent des statistiques d'A. Ruppin pour les années 30.
Et voici déjà entre 2.200.000 et 2.300.000 ressor[64]tissants juifs qui, ayant fui devant l'avance des troupes allemandes, n'auraient pas été exterminés dans les, chambres à gaz.
3. J'ai dit ce qu'il fallait penser des chiffres du centre de documentation juive pour ce qui est de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie.
C'est ici qu'intervient l'argument le plus terrible contre la statistique du centre de documentation juive: le mouvement d'émigration de la population juive européenne de 1933 à 1945.
Il est par exemple admis par tous les statisticiens du monde que la population juive des États-Unis qui se situait aux environs de 4.500.000 personnes, avant Hitler, était passée à près de 6.000.000 en 1946; que, dans le même temps, celle de la Palestine était passée de 250.000 à près de 1.000.000; que celle de l'Amérique du Sud avait augmenté de près de 700.000 (voir statistique qui suit), de 200.000 celle de l'Afrique du Sud et de 200-000 celle de l'Afrique du Nord. Voici donc encore un minimum de 3.000.000 à 3.300.000, en gros, qui, de toute évidence ne sont ni morts, ni disparus.
En tout, avec la Russie et la Russie asiatique, environ 5.500.000.
Ce nombre des morts et disparus se trouverait donc ramené à 6.000.000 - 5.500.000 == 500.000 [65] ou environ 1 million si l'on prend pour' base la statistique d'Arthur Ruppin 26.
Et c'est déjà un chiffre.
Si ce total obtenu par déduction rigoureuse est exact, pour qui connaît tant soit peu ce que fut la vie concentrationnaire, il n'est pas besoin des chambres à gaz pour l'expliquer: à Buchenwald où il n'y avait pas de chambre à gaz, 25 % des internés sont morts.
Je le répète, la grande erreur du Centre de documentation juive est de n'avoir absolument pas voulu tenir compte du mouvement d'émigration juive entre 1933 et 1945. Les rares statisticiens [66] qui en ont fait état se sont, jusqu'ici régulièrement fait traiter d'antisémites ou de facistes: l'argument est trop facile et, qu'on n'en doute pas, la postérité ne s'en satisfera pas.
Cette erreur n'est d'ailleurs pas dépourvu d'une certitude et macabre fantaisie. Exemple: en Hongrie, nous dit le Centre de Documentation Juive, il y avait 404.000 juifs avant Hitler; le Dr Kasztner prétend que 434.000 ont été déportés; l'ingénieur Biss, qu'il a évité la déportation à 300.000 d'entre eux (Terre retrouvée, 1er juillet 1960); et, quand le Centre de documentation compte les survivants il en trouve 200.000.
Cette mathématique a décidément des vertus singulières !
Mais je veux être objectif jusqu'à la dernière limite...
Une statistique établie à la date du 31 décembre 1951 par le journaliste allemand Erwin F. Neubert dans la revue Der Weg, à l'aide d'informations publiées en 1949 par l'American Jewish Comittee dans le New-York-Times et diverses autres publications juives comme l'Aufbau, Unité dans la dispersion, etc... donne du nombre des victimes juives du national-socialisme un chiffre du même ordre de grandeur par simple comparaison avec les chiffres du Menorah Journal et de Arthur Ruppin. Voici cette statistique:
[67]
Europe
Grande-Bretagne 450.000
France .350.000
Italie 75.000
Allemagne et Autriche 56.000
Belgique et Hollande 55.000
Scandinavie 23.O00
Suisse 22.000
U.R.S.S. (Asie y comprise) 2.500.000
Pologne 500.000
Roumanie 350.000
Hongrie 170.000
Tchécoslovaquie 17.000
Yougoslavie, Grèce . 25.000
Bulgarie 8.000
Autres pays d'Europe 8.000
4.608.000 Amérique
U.S.A . 7.200.000
Canada 250.000
Amérique latine 900.000
8.350.000 Asie
Israël 1.300.000
Perse, Afganistan 120.000
Pays de la Ligue arabe 35.000
Indes 25.000
Chine, Japon 5.000
Autres pays d'Asie 10.000
Australie et Nouvelle-Zélande 60.000
Afrique
Afrique du Nord 430.000
Abyssinie 15.000
Colonies 5.000
Afrique du Sud 350.000
[98]
Récapitulation
Europe 4.608.000
Asie 1.495.000
Australie 60.000
Amérique 8.350.000
Afrique 800.000
Total: 15.313.000
Comparée à celle d'Arthur Ruppin, cette statistique rend en outre compte de l'émigration des juifs d'Europe, notamment vers les États-Unis, l'Amérique latine et Israël, de 1933 à 1951.
Il ne s'agit, bien sûr, que d'une statistique de journaliste et je ne la reprends ici que, parce que me paraissant contenir une vérité d'ensemble, si elle contient aussi des erreurs elles ne peuvent être que de détail et très minces.
On remarquera que je n'ai pas eu recours à l'argument biologique dont la valeur n'est cependant pas niable ainsi qu'en témoigne une dernière statistique : le 28 février 1948, un autre spécialiste des questions de population, M. Hanson W. Baldwin, écrivait dans le « New York Times » qu'il y avait, à l'époque, entre 15.600.000 et 18.700.000 27 juifs dans le monde, c'est-à-dire autant qu'en avaient dénombré A. Ruppin et le « Menorah Journal » en 1932 et « l'American Jewish Committee » en 1938. Si l'on admet que 6.000.000 d'entre eux ont été exterminés entre 1933 et 1945, il faut aussi admettre... que la population juive du monde double presque tous les trois ans !
[69]
Et qui le prétendra?
La dernière question qui se pose est la suivante: Comment a-t-on pu en venir à évaluer à 6.000.000 le nombre des juifs exterminés par les nazis?
La réponse est simple: par le même procédé au moyen duquel on a authentifié les chambres à gaz. Et, ici encore, c'est au dénommé Dieter von Wisliceny qu'on a eu recours en tout premier lieu. Dans cette affaire, le Lieutt-Col. Broockhart qui l'interrogeait paraît d'ailleurs avoir été, lui aussi, un homme de la meilleure volonté. Voici la partie de l'interrogatoire (du 3 janvier 1946) relative à cette question d'après les documents publiés après le procès de Nürenberg:
A partir de cette déclaration, on chercha d'autres témoins
et, à ma connaissance, on n'en trouva qu'un seul: le Dr
Wilhelm Hoettl, chef de Bataillon dans la S.S. et rapporteur en
même temps que chef de bureau-adjoint à la section
VI de l'office central de Sécurité du Reich. Voici
ce que ce témoin déclara devant le Tribunal de Nuremberg
« En avril 1944, j'ai eu un entretien avec le S.S. Obersturmbannführer Adolf Eichmann que je connaissais depuis 1938. Cet entretien eut lieu dans mon appartement à Budapest. [ ... ] Il savait qu'il était considéré par les Nations-Unies comme l'un des principaux criminels de guerre, puisqu'il avait des milliers de vies juives sur la conscience. Je lui demandai combien il y en avait, et il me répondit que, bien que le nombre fût un grand secret, il me [71] le dirait, parce qu'en ma qualité d'historien, je devais y être intéressé [ ... ]. En raison des renseignements qu'il possédait, il était arrivé à la conclusion suivante: dans les différents camps d'extermination environ 4 millions de Juifs avaient été tués alors que 2 millions avaient trouvé la mort d'une autre manière. »
Pour donner plus de poids à son témoignage, ce Dr Hoettl, ajouta qu'Eichmann ayant envoyé à Himmler un rapport concluant à ce chiffre encore une pièce qu'on n'a pas retrouvée! Himmler n'en avait pas été satisfait parce que «à son avis le nombre de juifs tués devait être supérieur à six millions».
Tels sont, tout le monde en est d'accord, les deux seuls témoignages sur lesquels s'appuient - en les ignorant, d'ailleurs - les bataillons de journalistes qui ont accrédité dans le monde cette thèse des 6 millions. Ils sont du type « on m'a dit ». En l'occurrence, « on » c'est Eichmann. Étant donné le cas de leurs auteurs, il n'y a aucune chance qu'aucun historien les prenne jamais au sérieux. Le Tribunal de Nuremberg s'en est cependant satisfait. Eichmann ayant été arrêté depuis nous nous trouvons donc devant l'alternative suivante: ou bien il niera et on pourra dire que cela va de soi puisqu'il joue sa vie, ou bien il en conviendra et ce qu'on pourra dire c'est que, tel est son système de défense - le même que celui des accusés des procès de Moscou - pour essayer d'obtenir la clé[72]mence du tribunal. Par quoi l'on voit que le seul moyen d'obtenir la vérité de la bouche du seul homme vivant qui la connaisse, serait de le placer dans des conditions telles qu'il ne parle pas sous la menace d'une sanction. Comme on ne le fera pas, il s'agit là d'un débat destiné à durer un certain temps encore entre les partisans des six millions et ceux qui n'admettront pas ce chiffre: tant qu'on n'aura pas rendu public un document indiscutable sur cette affaire - j'ai peine à croire qu'un tel document n'existe pas - la vie politique en sera empoisonnée dans le monde entier.
On a vu que j'étais de ceux qui ne croient ni que six millions de juifs soient morts du nazisme, ni qu'ils en soient morts dans des chambres à gaz. Ma conviction se fonde sur les statistiques et les documents produits par les tenants mêmes des six millions et sur les faiblesses de leurs raisonnements.
L'homme qui, à ma connaissance, déploya le plus d'efforts pour démontrer l'authenticité de ce chiffre est un certain L. Poliakov. Ses conclusions sur le nombre total des victimes juives des persécutions raciales pendant la dernière guerre mondiale, ont été publiées dans la Revue d'histoire de la deuxième guerre mondiale (n· 24, octobre 1956, p. 88). Elles méritent qu'on s'y arrête.
Tout d'abord, ce L. Poliakov indique ses sources: les témoignages en question de Wisliceny et Hoettl, dont il convient qu'ils ont les seuls. Beau joueur, il ajoute même:
[73]
« Il serait donc possible d'objecter qu'un chiffre si imparfaitement étayé doit être considéré comme suspect. »
On ne le lui fait pas dire...
Mais il ne croit pas qu'il le soit parce qu'il a trouvé un texte qui, à ses. yeux, le corrobore: un rapport adressé à Himmler en date du 17 avril 1943 par un certain Korherr, Chef de l'inspection statistique du IIIe Reich et portant sur l'état de la question au 31 décembre 1942.
Voici la conclusion de ce rapport.
La décroissance du judaïsme en Europe devrait déjà s'élever, par conséquent à 4 millions de têtes. Des colonies importantes ne devraient plus exister sur le continent (à côté de la Russie avec quelque 4 millions) qu'en Hongrie (750.000), Roumanie (300.000) et peut-être aussi en France. Si l'on tient compte de l'émigration juive, de l'excédent de la mortalité, ainsi que, d'autre part, des inévitables erreurs dues à la fluctuation de la population juive on devrait évaluer à 4 millions 1/2 la décroissance de la population juive en Europe entre 1937 et 1943. Ce chiffre n'englobe que partiellement les décès des juifs dans les régions occupées de l'Est, tandis que les décès survenus dans le restant de la Russie n'y sont pas compris du tout. Il faut y ajouter les émigrations des Juifs soit en Russie vers sa partie asiatique, soit dans les pays d'Europe non soumis à l'influence allemande, pers l'outre-Mer.
[74]
Au total, depuis 1933, c'est-à-dire au cours de la première décennie du pouvoir national socialiste, le judaïsme européen a perdu à peu près la moitié de ses effectifs. A peu près la moitié de cette perte, c'est-à-dire un quart de la population juive totale de 1937, a probablement afflué dans les autres continents.
Cette conclusion se déduit de longues colonnes de chiffres dont je fais grâce au lecteur et qui établissent que l'autre moitié a été «évacuée» dans les camps de concentration. Pour tout homme de bon sens et malgré les imperfections d'une traduction qui fait apparaître une contradiction 29 entre la troisième phrase et la dernière, elle signifie qu'à la date du 31 décembre 1942, 4 millions de ressortissants juifs ont, soit émigré hors des pays occupés par l'Allemagne, soit été envoyés dans des camps de concentration et qu'il y faut . ajouter 500.000 morts dues soit à la mortalité naturelle, soit à la guerre.
[75]
En prétendant que les mots ou expressions «évacuation... émigration... décroissance du judaïsme européen» signifient «extermination». Poliakov conclut que «si à la date du 31 décembre 1942, 4 millions de Juifs avaient déjà été exterminés minés... sur la seule foi de ce document, on peut dire avec une quasi certitude que le nombre total des Juifs exterminés (jusqu'en 1945) devait être compris entre 5 et 7 millions, 6 millions demeurent le chiffre le plus probable».
Et voilà: il suffisait d'y penser...
Mais M. Poliakov ne s'en tient pas là: il a une deuxième méthode. d'évaluation. Voici en quoi elle consiste :
«La deuxième méthode, appliquée par les spécialistes de la démographie juive, et, en particulier, par l'économiste et statisticien de New-York, M. Jacob Lechtinsky, nous dit-il, consiste à comparer les données respectives sur la population juive des différents pays européens 30
avant la guerre et après la guerre. C'est de cette manière que certaines organisations juives internationales, telles- que le Congrès, Juif mondial, sont arrivées, en 1945, au chiffre, toujours le même, de 6 millions.»
Ce à quoi il suffisait de penser ici, c'est qu'il n'y avait pas lieu de faire le même travail pour les, pays non européens où la population juive a aug[76]menté dans les proportions indiquées par les statistiques que j'ai produites.
M. Poliakov y a pensé.
C'est un homme ingénieux... mais seulement dans son village.
On m'assure que M. Poliakov est maître de recherches au Centre national de la recherche scientifique. C'est possible. Mais, si c'est vrai, on les choisit, dans cette maison !
Je conviens volontiers qu'au plan de la morale cette discussion sur les moyens du crime et le nombre des victimes est sans prolongements possibles: que ce soit dans les chambres à gaz, par la corde, sous la hache ou le fouet, il suffit qu'un seul Juif ait été condamné à mort parce qu'il était Juif pour que le crime soit établi. Le nombre des victimes et les moyens du crime n'entrent pas dans sa définition: ils n'en définissent que le degré d'horreur et, s'il heurte la sensibilité populaire, le degré d'horreur est un élément d'appréciation des juristes qui le lient abusivement au degré de responsabilité non pour définir le crime mais les circonstances aggravantes ou atténuantes au moment de l'application de la peine. Il n'appartient pas à la morale mais à la mode et varie avec l'époque et le lieu. Les circonstances atténuantes ou aggra[77]vantes n'appartiennent d'ailleurs pas non plus à la morale et, limité à la personne du criminel, le degré de responsabilité ne peut entrer dans son domaine que par les conditions dans lesquelles le crime a été commis. Encore ceci ne vaut-il que dans le cadre de la morale traditionnelle: au siècle dernier, le philosophe français Georges Goyau 31 au point une Morale sans obligation ni sanction qui est à coup sûr celle de l'avenir et, en tout cas, la mienne.
Ayant ainsi précisé à quel point cette discussion était sans objet dans mon esprit au plan de la matérialité du crime, je n'en suis que plus à l'aise pour dire qu'il n'en est de même ni au plan de l'histoire, ni à celui de la sociologie, ni même à celui du sens commun dont on a trop souvent le tort de croire qu'il est négligeable.
L'histoire est le livre de bord de l'humanité. A ce titre elle est un inventaire et un inventaire doit être exact. Dresser celui de toutes les actions des hommes est la mission des historiens et cette mission se limite à cela. Ils ne se préoccupent en conséquence d'aucun des impératifs de la morale à l'exception d'un seul: la recherche de la vérité. A plus forte raison sont-ils totalement étrangers à ceux de la politique et c'est ce qui explique le souci de l'objectivité qui a présidé à tout ce que j'ai écrit sur la déportation.
La sociologie, elle, a besoin de savoir s'il s'agit ou non d'un génocide - l'histoire aussi, d'ailleurs, [78] mais c'est seulement pour l'enregistrer - et c'est pourquoi cette discussion s'impose à elle en fonction du nombre des victimes et des moyens du crime.
Quant au sens commun, on me permettra de quitter le plan de l'histoire, de la morale et de la sociologie, et de descendre dans la psychologie des foules à. partir de la réponse qu'une personnalité allemande dont le nom n'est pas cité, fit le 5 juin dernier à l'envoyé spécial du Monde chargé d'une enquête en Allemagne sur l'effet qu'y avait produit l'arrestation d'Adolf Eichmann par les services secrets israéliens:
«Les Allemands ne veulent pas qu'on leur serve à chaque petit déjeuner quelques milliers de Juifs exterminés dans les camps de concentration. Ils ne veulent plus entendre parler de tout cela.»
La personnalité allemande en question est bien modeste: depuis quinze ans ce n'est pas seulement «quelques milliers de juifs exterminés dans les, camps de concentration» qu'on sert «tous les matins au petit déjeuner» du monde entier mais 6 millions et parfois 9 millions 32 comme ce fut le cas en France au moment de la sortie du film Nacht und Nebel.
Et il n'y a pas que les Allemands qui soient fatigués: le monde entier l'est. Il en est même [79] agacé car il sait que ce n'est pas Irai et, chaque fois qu'il trouve ce chiffre dans son journal habituel, la réaction du monde entier est automatiquement: «Ces Juifs, tout de même...» souligné par le sourire de mépris ou d'indignation qui est de rigueur.
C'est ainsi qu'en l'an de grâce 1960, l'antisémitisme naît dans l'opinion publique et l'on sait que, parce qu'il tourne très facilement au racisme, l'antisémitisme est depuis des siècles un des pires fléaux de l'humanité. Or, tant qu'on pré tendra faire admettre à l'opinion que 6.000.000 de Juifs ont été exterminés dans les chambres à gaz, il n'y aura aucune chance d'empêcher que, périodiquement, des vagues d'antisémitisme ne déferlent sur le monde. Tout se passe donc comme si ceux qui se retranchent irréductiblement sur ces chiffres et leur font une publicité si tapageuse n'avaient d'autre' souci que de provoquer ou d'entretenir des campagnes antisémites et le sens commun commande de les dénoncer impitoyablement comme les plus dangereux fourriers du racisme.
Où le sens commun rejoint tout de même les impératifs de la morale, c'est si l'on sait que ce chiffre de 6.000.000 de Juifs exterminés dans les chambres à gaz est entré en ligne de compte dans le calcul du montant des réparations que l'Allemagne a été condamnée à payer à l'État d'Israël et là, on peut au moins s'étonner que le gouvernement allemand ne se soit pas montré plus sou[80]cieux de le vérifier, ne serait-ce que pour enlever un argument aux agitateurs antisémites.
Pour conclure sur le tout, je dirai seulement que je ne me fais aucune illusion: le vieux socialiste que je suis sera une fois de plus accusé d'avoir cherché à minimiser les crimes du nazisme et, parce qu'il discute une affirmation sans référence sérieuse des autorités juives, d'antisémitisme, voire de racisme. On ne manquera même peut-être pas d'ajouter que mes écrits servent une politique à jamais condamnée par les principes fondamentaux de l'humanisme traditionnel. Aucun de mes détracteurs ne verra jamais que, dans la forme même qui leur a été donnée, les accusations portées contre le nazisme, non seulement en font le jeu dans la mesure où elles ne correspondent pas à la vérité, mais encore retombent en définitive sur le peuple allemand. Aucun ne verra non plus que, dans ces conditions, ce que je défends c'est le peuple allemand, non le nazisme dont, par corollaire, seule la vérité pure et simple - ça suffit déjà, bon Dieu! - peut empêcher la renaissance. Et tous continueront à défendre cette infamie cautionnée par la littérature concentrationnaire qui consiste, par exemple, à inscrire sur tous les monuments érigés à la mémoire de la résistance dans toute la France, cette phrase odieuse: «Aux victimes de la barbarie allemande» non, ce qui serait seul raisonnable: «Aux victimes de la barbarie guerrière».
Je m'en ferai une raison: c'est le lot des cher[81]cheurs de vérités que d'être suspectés d'arrière-pensées et il y aura toujours au moins un imbécile pour demander au pape la condamnation de Galilée.
Il me sera d'ailleurs toujours facile de répondre que cette politique effectivement condamnée par les principes fondamentaux de l'humanisme traditionnel ne trouve plus aujourd'hui de raisons de renaître et de prospérer que dans les exagérations outrancières de beaucoup trop de gens dont l'unique mobile est le ressentiment ou la vengeance et dont, par voie de conséquence, la politique n'est pas beaucoup meilleure.
Après quoi il me suffira de citer Socrate qui jamais ne se préoccupa de savoir si sa philosophie servait ou non la politique des Trente Tyrans.
Le 20 août 1960.
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