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EN MEMOIRE DES VICTIMES

par Pierre Vidal-Naquet

(avec, en gras et entre crochets, des commentaires et renvois de l'AAARGH)

Qu'un homme, après s'être posé des questions sur l'existence des chambres à gaz hitlériennes -- il a même été documentaliste de la petite bande des négateurs, des Faurisson, Thion et autres Pierre Guillaume --, en soit venu à écrire le seul ouvrage technique sur ce mode d'extermination, est à la fois rassurant et un peu effrayant. Rassurant, parce que cela prouve que la vérité est capable de vaincre; effrayant, parce qu'à s'enfermer dans une technique on risque de s'y perdre. J'ai jadis, dans une "déclaration d'historiens" rédigée avec Léon Poliakov, mis en cause l'idée même d'une interrogation technique.

Les faits ont été techniquement possibles, disions-nous, puisqu'ils ont eu lieu (Le Monde du 21 février 1979). Nous avions assurément tort, au moins dans la forme, même si le fond de notre argumentation était juste. Je persiste à croire aujourd'hui que, si l'étude du technique est absolument nécessaire, [Note de l'AAARGH: il dit rigoureusement le contraire dans la déclaration dont il parle; voir le texte) on ne rappellera jamais assez que les victimes n'étaient pas des objets mais des hommes, et que les bourreaux s'étaient faits les instruments d'une idéologie meurtrière.

Restent quelques points limités de désaccord. On a, admettons-le, gonflé la notion de codage. Celui-ci est de tous les temps, et Thucydide l'a déjà décrit dans une page célèbre du livre III de la Guerre du Péloponnèse. Si, pendant la guerre d'Algérie, la torture électrique s'appelait la "brasse coulée", c'est par une euphémisation analogue. Cela n'interdisait nullement à un nageur d'employer aussi cette expression dans un sens parfaitement bénin.

S'il est vrai qu'il y eut, à Auschwitz, plus de survivants juifs polonais que de Français ou de Juifs de Salonique, cela ne permet pas pour autant de parler d'un "taux élevé de survivants polonais", mais il est vrai que tout dans ce domaine est relatif. Ajoutons que la grande majorité de ces survivants, qu'ils aient vécu la guerre en Pologne ou en Union soviétique, devaient quitter le pays où ils avaient perdu le goût de vivre [sur les survivants d'Auschwitz, voir la rubrique six millions de l'AAARGH].

Enfin, c'est je crois mal connaître l'histoire des démocraties populaires, et en particulier celle de la Hongrie et de la Roumanie, que d'imaginer qu'en 1946 une publication sur Auschwitz exprimait obligatoirement la volonté des autorités staliniennes [qui a dit cela? où?]. Celles-ci n'avaient à cette date coupé que les toutes premières tranches de ce que Rakosi appelait le salami. En Roumanie, le roi Michel régnait et en Hongrie, c'était le parti des petits propriétaires qui occupait le pouvoir. La vraie glaciation stalinienne est postérieure.

Telles sont les réflexions que m'inspire un article que je félicite L'Histoire de publier.

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Ce texte fait partie d'un dossier publié par L'Histoire, n·156, juin 1992. Tous ces textes immortels, qui feront se boyauter quelques générations d'étudiants qui auront à plancher sur les grandes mythologies du XXe siècle ont été scannés et mis sur site par les illettrés de COL (Communauté On Line) <http://www.col.fr/antisem/negation/21.htm> Récupéré le 13 juin 1997. Les fautes sont à imputer à COL.

Ces trois articles qui venaient cautionner Pressac en 1992 expriment le soulagement que procurait à leurs auteurs la sortie du livre de Pressac, qu'il résume dans ce numéro de L'Histoire et qui s'intitulait prudemment Les Crématoires d'Auschwitz (et non les "Chambres à gaz"), aux éditions du CNRS, sous la patronage de Bédarida. Ce livre, qui confine parfois à la fumisterie, a été bombardé et détruit par les révisionnistes. Vous trouverez toutes les références dans notre "Tiroir du malheureux Pressac". Tous ceux qui se sont servis du livre de Pressac comme d'un parapluie préfèrent aujourd'hui oublier de le mentionner. C'est la Mémoire qui flanche...


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