Les frontières ravagées, fondées dans un immense royaume de Frénésie, les hommes voulant du progrès et le progrès voulant des hommes, voilà ce que furent ces noces énormes. L'humanité s'ennuyait, elle brûla quelques Dieux, changea de costume et paya l'Histoire de quelques gloires nouvelles.
Céline, Semmelweis, p. 1.
Avec des commentaires majuscules coordonnés par un piéton de Paris
Pendant ce temps-là les malheureuses victimes du nazisme se livraient pour des raisons évidemment électorales à une joyeuse boucherie de civils libanais. On n'avait pas seulement mis 400 000 personnes sur les routes en menacant de bombarder leurs maisons, pour la deuxième fois en quelques mois, mais on avait choisi de rassurer la électeurs de droite, qui semblaient écouter d'une oreille trop attentive les discours de leurs candidats qui parlaient de "sécurité". Pérès a donc pensé qu'une peu de sang arabe sur les murs montrerait qu'on pouvait compter sur lui. J'aime que ce soient ces gens-là, assassins de masse et récidivistes, qui viennent, le regard embrumé, la voix grave, la main sur le coeur, vous casser les pieds avec les histoires de "shoah".
Le Monde, samedi 4 mai 1996
NEW YORK (Nations unies) de notre correspondante
En raison d'importantes pressions politiques, les conclusions d'une enquête de l'ONU sur le massacre de Cana, au Liban sud, pourraient ne pas être rendues publiques dans leur totalité. Pourtant, selon " toutes les indications ", rapportent des sources bien informées, le bombardement israélien, le 18 avril, du quartier général du contingent fidjien des " casques bleus " de la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) au cours duquel cent deux personnes ont été tuées aurait été délibéré.
Décidée par le secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros - Ghali, l'enquête a été menée par le général hollandais, Frank Van Kappen, qui a passé une semaine dans la région. Les conclusions en ont été soumises aux diplomates israéliens à New York.
Les Etats - Unis ayant exercé des pressions, " une version édulcorée" des conclusions de l'enquête pourrait être présenté au Conseil de sécurité dès la semaine prochaine. "Les ÉtatsUnis préfèrent que l'on ne présente aucun rapport écrit au Conseil, explique un diplomate occidental mais le groupe arabe insistera, et il sera extrêmement difficile au secrétaire général de refuser. "
" Pas d'erreur possible "
Selon des sources informées les responsables onusiens auraient demandée des "clarifications" sur deux questions précises concernant le bombardement israélien. Une réponse serait attendue à l'ONU lundi.
Un "dialogue " sur les mesures à prendre pour éviter que ce genre d'"incident " ne se reproduise a aussi été entamé entre les Nations unies et le gouvernement israélien. L'Etat juif a toujours maintenu que l'attaque était une erreur, et sans sa pleine coopération avec l'ONU, il sera "quasiment impossible" de prouver, "sans aucun doute" possible, une décision délibérée de bombarder des civils ayant cherché refuge dans le quartier général des "casques bleus" fidjiens.
Pourtant, selon des sources bien informées à New York "toutes les indications" montrent qu'aucune erreur n'a pu être possible et l'enquête établit ce fait. Il reste à savoir, disent les diplomates, "à quel niveau du gouvernement israélien la décision d'attaquer le camp a été prise ".
L'enquête indiquerait aussi que les militants du mouvement chiite Hezbollah ont "pris l'habitude" de se réfugier dans le camp de la Finul, et que le 18 avril, après avoir tiré des roquettes à partir d'un lieu proche d'un poste de la Finul à Cana, ils ont trouvé refuge auprès des "casques bleus". Quant à une éventuelle "coopération" de ces derniers avec le Hezbollah, des sources militaires ont déclaré au Monde qu' "ayant vécu trop longtemps" avec le Hezbollah, les soldats fidjiens ont plutôt la réputation d'être "proisraéliens, non l'inverse".
Déployés au Liban sud, depuis mars 1978, les casques bleus n'ont jamais pu empêcher les hostilités entre les parties adverses. L'avenir de la Finul, forte de 4856 hommes, pourrait fair l'objet d'un débat au Conseil de sécurité, lors du renouvellement de son mandat, à la fin de juillet.
Afsané Bassir Pour
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Il faut que les ténors s'expriment. Jacques Julliard, homme à tout faire et à toutes mains, syndicaliste-éditeur-journaliste-professeur-penseur, invité à la télé et à faire croire aux petits employés que le Nouvel Observateur est un journal d'intellectuels, Jacques Julliard, donc, se devait de "prendre position" dans la douloureuse affaire Garaudy-Abbé Pierre.
Le Nouvel Observateur, 25 avril-1er mai 1996
(commentaire majuscule de Bécassine, qui a trempé son nez dans la bassine.)
Le fondateur d'Emmaus a maladroitement cautionné les "assassins de la mémoire". Mais il appartient aux historiens de tenter d'établir la vérité historique.
Non aux législateurs.
Consternantes en effet, comme l'a dit en choeur l'ensemble de la presse,
les déclarations de l'abbé Pierre à propos de son ami Roger Garaudy, poursuivi par le MRAP pour "négationnisme". (NON, LE MRAP A LA TROUILLE) Consternantes, mais surtout stupéfiantes, au point que chacun de nous éprouve le besoin de défendre l'abbé contre luimême : une vie entière consacrée à la lutte contre la misère, l'exclusion et le racisme ne saurait être abolie par des déclarations où la légèreté le dispute à un sens exagéré de l'amitié. L'abbé Pierre ne connaît pas bien l'histoire des camps de concentration.
Mais sa caution, qui n'était déjà guère convaincante,
s'évanouit tout à fait quand il vante "l'éclatante érudition" d'un autre non-historien, dont il avoue avoir lu le livre en diagonale. Il y a des limites à l'aveuglement que procure l'amitié.
Nul aujourd'hui ne peut l'ignorer : il existe aujourd'hui en France, mais aussi aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne..., une bande de pseudohistoriens, mais vrais antisémites, acharnés à nier la réalité d'une entreprise de génocide menée par les nazis contre les juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ils nient que le pouvoir hitlérien ait jamais formé ce projet; ils nient que les camps d'extermination et l'action des Einsatzgruppen dans l'Europe de l'Est en aient été l'application; ils contestent les ordres de grandeur, forcément approximatifs, quant au nombre des victimes, juives et aussi tsiganes, de cet abominable dessein.
Les procédés de ces "assassins de la mémoire" (Pierre Vidal - Naquet) sont bien connus.
Il s'agit, selon une méthode absurde, de jeter le doute sur une histoire vraie en montant en épingle les inexactitudes ou les incertitudes qu'elle charrie nécessairement. Les tristes astuces de cet hypercriticisme sont vieilles comme le monde, ou plutôt comme l'histoire elle-même. Un historien facétieux, s'appuyant sur quelques points obscurs, et surtout récusant comme suspect tout témoignage direct, n'avait-il pas entrepris de nier l'existence historique de Napoléon ? Un contradicteur se présenta, qui, usant par dérision des mêmes procédés, ne manqua pas de démontrer à l'auteur de ce canular que lui-même n'existait pas...
Avec les camps de la mort on passe de la farce à la tragédie et au crime. Il s'agit moins pour ces étranges scrupuleux de faire avancer notre connaissance des forfaits nazis (qui s'en plaindrait ?) que de dénoncer dans toute cette affaire une imposture forgée par les juifs pour bénéficier à jamais d'un statut de victimes et pour obtenir en faveur de tous les agissements passés, présents et à venir de l'État d'Israël une immunité morale et politique définitive.
Comme dans l'affaire des pseudo-protocoles des Sages de Sion, un des ressorts fondamentaux de l'antisémitisme, c'est l'établissement d'une légende; c'est la croyance en un complot juif pour la domination du monde. Quiconque adhère à cette croyance ne tardera pas, guidé par des mains expertes, à se "poser des questions" sur un fait aussi avéré que les camps de concentration. Et toute tentative autoritaire pour réfuter cette croyance aboutira à la renforcer.
Surtout si elle s'appuie sur les moyens de l'État. Comme l'immense majorité des historiens, je crois que la loi Gayssot (13 juillet 1990), qui punit le "négationnisme", c'est-à-dire la contestation des crimes contre l'humanité perpétrés par les nazis, fut une grave erreur. Elle renforce la schizophrénie des dupes du négationnisme. Ses intentions ne sont pas en cause.
Mais elle est ressentie comme une atteinte à la laicité et à la neutralité de l'État. En 1825, le régime réactionnaire de Charles X fit passer une loi sur le sacrilège qui punissait de mort les profanateurs des hosties consacrées. La présence réelle du Christ dans l'eucharistie redevenait vérité d'État. Des catholiques comme Chateaubriand ou le duc de Broglie ne manquèrent pas de protester contre une loi qui attentait à l'humanité sans protéger la divinité. Fort heureusement, elle ne fut jamais appliquée. (MAIS LA LOI GAYSSOT EST APPLIQUEE, ELLE)
Il appartient aux historiens, non aux législateurs, de tenter d'établir la vérité historique, de combattre la sottise, fût-elle inspirée par les plus abominables desseins. Tout retour à une vérité d'État est une régression qui donne trop facilement aux gredins et à leurs naives victimes la palme du non-conformisme. Dans une démocratie, une loi inutile est une prime à sa transgression. Pas plus que le Parlement britannique la loi ne peut transformer un homme en femme, Roger Garaudy en homme sérieux et l'abbé Pierre en historien. (NI JULLIARD EN DEFENSEUR DES LIBERTES)
J.J.
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Si JJ a causé, DDT ne peut pas être en reste.
Le Nouvel Observateur, 2-8 mai 1996
L'abbé Pierre, donc, soutient Garaudy. Qui c'est ca, Garaudy ? Roger Garaudy, agrégé de philosophie, docteur ès lettres, croix de guerre, médaille de la déportation, fut longtemps député, puis sénateur communiste, membre du bureau politique du PCF, dont il fut exclu en 1970 pour avoir pris parti plus franchement que ses collègues contre l'invasion des chars soviétiques en Tchécoslovaquie. Il est né protestant. Après sa rupture avec le communisme il se fit catholique, puis se découvrit une passion pour la danse. Aux dernières nouvelles, il était devenu musulman.
Auteur innombrable, c'est un homme de 83 ans, maintenant, et s'il continue à publier des livres, il leur trouve difficilement des éditeurs, et plus personne n'en parle.
Sauf le tout dernier, diffusé par une maison confidentielle et introuvable jusque dans les plus grandes librairies, qui fait du bruit, du vacarme, même, depuis que l'abbé Pierre a volé à son secours. Il faut dire que c'est pas souvent que l'abbé Pierre vole au secours d'un bouquin. D'habitude, c'est les pauvres et les mal-logés.
Il y a une cause à tout ca. Le livre, qui s'appelle "les Mythes fondateurs de la politique israélienne" tombe sous le coup la loi. Une loi particulière, dite loi Gayssot, qui punit la contestation de l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité tels que définis par l'accord de Londres d'août 1945 à l'usage du tribunal de Nuremberg, c'est-à-dire les crimes commis par Hitler contre les juifs.
Chez les parlementaires qui l'ont votée, cette loi partait certes d'un bon sentiment.
N'empêche qu'il n'était pas besoin d'être grand clerc (PAR EXEMPLE, AGREGE DE PHILOSOPHIE ET DOCTEUR ES LETTRES) pour prévoir que ses avantages seraient vite dépassés par ses inconvénients.
Passons sur le problème philosophique que pose l'existence d'une loi qui interdit de discuter la réalité d'un fait historique, fût-il le moins discutable en l'occurrence, d'autres inconvénients sautent aux yeux de beaucoup, même s'ils sont peu nombreux à vouloir les relever (Jacques Julliard, la semaine dernière, dans ce journal, a relevé ceux qui sautent aux siens).
Le principal des inconvénients de cette loi Gayssot, à mon sens, c'est son effet pratique. Il est pervers. Le moindre plumitif publie-t-il un livre où il prétend que Hitler ne voulait surtout pas tuer les juifs, les associations antiracistes ne manquent pas de porter plainte contre lui au nom de la loi, la justice de le poursuivre et de le condamner, la presse de rapporter son méfait, et ainsi, à chaque publication de ce genre, le public apprend que M. Untel, qui nie la déportation des juifs aux fins d'extermination, qui nie les chambres à gaz, a été condamné et son livre interdit. Ce qui revient, périodiquement, à suggérer qu'il peut y avoir un doute sur l'existence des chambres à gaz puisque d'aucuns le prétendent dans des livres successifs bien que ca leur coûte cher, et, pis, il est également suggéré par là au public que la seule facon de faire taire ce doute, c'est d'interdire ces livres et de condamner leurs auteurs. Il n'y a pas besoin d'être très imaginatif pour être certain que des propagandistes mal intentionnés font conclure de cet état de choses à des esprits simples que si on interdit ces livres, c'est parce qu'ils apportent des preuves si gênantes qu'il faut en empêcher l'exposé. C'est regrettable qu'il y ait des gens si bêtes et des gens si méchants, mais c'est comme ca. (LESQUELS ? CEUX QUI ONT FAIT LA LOI EN QUESTION ?)
Avec Garaudy, on atteint un comble. Garaudy assure que son livre n'est pas négationniste. L'abbé Pierre l'assure aussi, mais il ne l'a pas lu. Les commentateurs que vous avez pu lire ou entendre assurent qu'il l'est, mais la quasi-totalité d'entre eux ne l'ont pas lu non plus.
L'est-il ? Je ne l'ai pas lu. La réponse, en vérité, n'a pas plus d'importance que ce livre n'aurait dû normalement en avoir. Aux dizaines de millions de spectateurs du samedi soir, abbé Pierre oblige, les journaux télévisés ont balancé inopinément le contenu des bobards négationnistes. Grâce aux poursuites, sans lesquelles l'abbé Pierre ne serait pas intervenu pour défendre son ami Garaudy, le soupcon, même clairement combattu, a été diffusé à grande échelle, et ce soupcon a semblé à la foule être partagé par l'homme le plus respecté des Francais. Grâce à la loi Gayssot, dont on s'était passé pendant quarante-cinq ans, au lieu de sombrer dans la mer aux livres, ce livre fait la une de tous les journaux.
La loi Gayssot est une loi de censure. La censure, c'est imbécile, toujours. La loi Gayssot est imbécile. Il faut l'abolir. Si j'étais historien, j'aurais honte qu'on ait songé que des juges pouvaient faire mon travail. Surtout un travail aussi facile que la réfutation du négationnisme.
C'est lassant de répéter ? Ben, c'est votre lot. Faudra vous y mettre. Sinon, vous aurez de nouveaux abbés Pierre aux 20 Heures et les fumiers qui ricanent dans l'ombre.
D.D.T.
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La voix de la communauté devait aussi se faire entendre :
L'Arche, n° 460.
L'ex-philosophe communiste s'est converti à l'islam pour ce qu'il y a trouvé d'intolérance
Les plus grands corrompus de la politique. y compris les nazis. ne sont pas des imbéciles Leur froide intelligence. parfois, fait peur.
Agé de 82 ans. Roger Garaudy, né en 1913 dans une famille athée et qui s'est converti successivement au protestantisme, au catholicisme puis à l'islam, a été l'un des chefs de file du parti communiste francais jusqu'en 1970, année où il a été exclu du parti pour s'être élevé contre l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes russes. Parcours intéressant qui, déjà, aurait suffi à nourrir une réflexion sur les doutes d'un homme qui se recherche, mais tombe, hélas, dans l'ignominie pure et simple : Roger Garaudy vient de publier un très long texte négationniste. totalement anti-israélien et antisémite, même si Garaudy prend le soin de nous jurer qu'il n'a rien contre les faits mais qu'il s'oppose à l'existence de l'Etat d'Israël.
Cet État a d'autant moins de raisons d'exister, nous dit-il, qu'il est fondé sur des "mythes théologiques" (la terre promise, le peuple élu) qui ont fait des ravages au Proche-Orient. Bien entendu, il conteste le procès de Nuremberg; dont les jugements étaient non pas ceux de la justice mais ceux de la victoire militaire, et sans la moindre réserve, il rejoint le camp de la poignée d'illuminés qui feignent de croire encore que les nazis n'ont pas exterminé des millions de Juifs.
Le premier réflexe est de rejeter dans les ténèbres de l'obscurantisme ce vieillard venimeux. Pourtant, on ne peut pas laisser se répandre de telles idées. On veut toujours croire qu'un communiste qui s'est dressé contre le système communiste est un homme sincère : on ne peut pas disqualifier Garaudy qui, de penseur politique serait passé au stade du gâtisme haineux. C'est trop simple d'oublier de tels adversaires en disant que ce sont des fous ou des imbéciles. Garaudy n'est ni fou ni stupide. Il est dangereux.
Mais quel est le fil conducteur d'une vie qui a épousé trois religions et au moins deux idéologies puisqu'après le communisme M. Garaudy en est venu, en 1990, à rejoindre la cause de l'Irak, victime d'une "guerre coloniale"? On est tenté de penser qu'il a trouvé dans le communisme ce qui lui convenait le plus, c'est-à-dire le totalitarisme qui a sans doute à ses yeux l'avantage de laminer toutes les divergences et fait une bouchée de la singularité juive : si le monde était communiste, les Juifs seraient heureux partout et n'auraient pas besoin d'Israël, n'est-ce pas ? Après son incartade contre le PCF, c'est le totalitarisme nazi qui le séduit assez pour qu'il trouve des excuses à ses crimes ou qu'il les nie. Et l'islam ?
Je rêve d'un homme qui se convertit à l'islam pour en cultiver les plus sages préceptes et qui n'y voit pas un moyen de dominer le monde. Sans doute le protestantisme et le catholicisme ne contenaient-ils pas, pour Garaudy, assez d`intolérance pour qu'il demeurât protestant ou catholique : sans doute a-t-il en définitive choisi l'islam non pour ce qu'il peut apporter de supérieurement moral mais pour les contraintes qu'il impose aux musulmans et aux non-musulmans, par le biais de l'intégrisme.
On voudrait en finir enfin avec tous ceux qui, comme Garaudy, reprochent aux Juifs d'interdire la contestation, de poursuivre systématiquement les antisémites, de faire régner la "pensée unique" du philosémitisme.
On n'en est vraiment pas là. L'antisémitisme est vivant en France sous la forme des 15% de la population qui votent pour le Front national : et il est caché dans des millions d'autres esprits. Il est partout. Il n'a pas vraiment diminué d'intensité, il est toujours aussi irrationnel et haineux.
Nous sommes loin de faire régner un "terrorisme psychologique" qui interdirait aux antisémites de s'affirmer comme tels.
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Libération, 9 mai 1996
(commentaires majuscules de la Venus de Milo)
Le trouble produit auprès de certains de nos lecteurs par les prises de position en faveur de Roger Garaudy s'est traduit par des questions (hors les habituelles ordures antisémites) pas toutes malveillantes, même si parfois maladroites
Nous cache-t-on quelque chose? Pourquoi pas un débat entre historiens? Pourquoi le génocide serait-il "sacré" ? En quoi les Juifs (SIC) ou Israël seraient-ils exonérés du jugement commun qui affecte les autres communautés, les autres pays, au motif qu'ils ont subi ce malheur, aussi épouvantable fût-il ?
Seulement voilà: le souci des négationnistes d'hier comme d'aujourd'hui est tout sauf scientifique (1)
Parce que leur entreprise n'a qu'une visée: frapper encore et toujours d'illégitimité l'État d'Israël
"A l'avenir, les tenants de l'"Holocauste " conserveront leur argent, leur puissance, leur capacité de produire des films, de célébrer des cérémonies, [de construire des musées, des films, des cérémonies,] des musées de plus en plus vides de sens. Ils multiplieront les moyens de répression contre les révisionnistes par les coups et blessures, les campagnes de presse, les procès, le vote de lois spéciales. Ils multiplieront aussi, cinquante ans après la guerre, les poursuites contre ceux qu'ils appellent [les] "criminels de guerre". Les révisionnistes, eux leur répliqueront par des études historiques ou des ouvrages scientifiques et techniques. Ces ouvrages, ces études seront nos pierres, notre Intifada." Ces mots sont signés de Robert Faurisson dans la première livraison de la Revue d'histoire révisionniste (mai-juin-juillet 1990)
C'est la charte même du négationnisme.
Nul ne contestera à celui-ci comme à quiconque
le droit d'avoir été pour l'Intifada, pour la cause palestinienne, contre Israël, le sionisme : ce qu'on voudra. Mais cette généalogie se donne pour ce qu'elle est, et rien d'autre.
Elle est de l'ordre de la passion
(il suffit de relire Sartre là-dessus).
Quand la passion se travestit de raison et de science, cela s'appelle de l'idéologie
Idéologie politique, passion théologique, qu'importe
mais en aucun cas cette prétention à la scientificité,
dont Roger Garaudy se veut le greffier procédurier
dans ses Mythes fondateurs de la politique israélienne. Pourquoi accorder à lui,
(ENCORE UN RAFFINEMENT CHARABIESQUE ETONNANT) converti à l'islam de la vingt-cinquième heure
le brevet qu'il refuse aux historiens juifs et non juifs trop engagés à ses yeux ?
Les cauchemars qui hantent les rescapés des camps leur appartiennent ; nulle comptabilité des épiciers de l'horreur
ne fera qu'ils n'aient pas enduré ce martyre-là. Ou que leurs enfants ne souffrent des généalogies interrompues par la mort brune
quelle que fût la manière dont elle a été administrée.
Au reste, comment concéder quelque crédit historique à cette "anthologie du crime sioniste" (c'est son mot) qui voit en le "mythe de Josué" le prototype biblique de la "purification ethnique" par l'extermination des Amalécites? A ce compte, aucun peuple ne résisterait à un examen an-historique
de ses récits fondateurs.
Les mythes irriguent les nations par mille vaisseaux capillaires, jamais comme des mots d'ordre. En l'occurrence, c'est méconnaître la manière dont les Juifs font usage de la Bible
Ils ne la lisent pas comme une saga mais l'étudient - y compris ses passages les plus vitupérateurs contre Israël. Ce qui les a nourris pendant des siècles, c'est surtout le soupcon gouailleur, parfois cruel, des rabbins du Talmud à l'endroit des guerriers, des puissants et des prêtres. De ce point de vue-là, il n'y a pas de textes sacrés, mais une Parole sans cesse scrutée, épiée, amendée, défiée.
Donc, un propos obsessionnel; Israël ne doit pas exister dès lors que sa justification, le génocide nazi, n'est qu'un tripatouillage...
Vain combat d'arrière-garde. Israël est né comme naissent les Etats, dans la violence
Il reste que sa naissance représentait une brûlante nécessité (POUR QUI?), non pas à cause du génocide nazi, mais bien avant et au-delà de cela, parce qu'il était le produit d'une volonté désespérée d'être enfin un peuple comme les autres.
De même, il ne fait aucun doute que l'État de Palestine naîtra, quel que soit le processus, hier violent, aujourd'hui pacifié (PAR LE NOUVEAU PREMIER MINISTRE ?), qui le mène à maturation. L'avènement même de ce nouvel État de Palestine extrait Israël de tout statut d'exception ;
la guerre est finie. Israël est un état comme les autres. Pas plus, mais pas moins. De fait, il l'est devenu dès son avènement en 1948.
(Si, pendant près de deux mille ans de diaspora les Juifs n'avaient d'autre mission que de perdurer (ce qui n'est déjà pas si mal), avec l'acquisition de la souveraineté politique et de la puissance armée, l'État d'Israël ne jouit d'aucune innocence ontologique, dont la majorité des Israéliens n'ont d'ailleurs que faire (même si une Golda Meir ou un Ménahem Begin ont joué sur ce clavier-là). Aux lendemains de la libération des camps de la mort, ce fut même la répulsion violente (eh oui!) à l'égard du génocide et de ses rescapés qui avait cours chez nombre de Juifs de Palestine. Aujourd'hui, éditorialistes des journaux populaires, historiens, intellectuels dénoncent toute instrumentalisation du génocide, tout pathos doloriste
y compris, il y a peu, pendant le Jour du Souvenir de la Shoa, qui coincidait avec les massacres de Nabatyeh et de Cana.
Les tenants négationnistes du déni d'Israël, censés servir la cause palestinienne, se retrouvent Gros-jean comme devant: l'OLP vient d'en signifier avec éclat l'inanité en abrogeant de sa Charte la clause de liquidation de l'État d'Israël.
A l'autre versant, du Hamas ou du Hezbollah comme hier du Fatah, les ennemis d'Israël ne sont ni des descendants de Cosaques pogromistes ni des rejetons de nazis mais les protagonistes d'une lutte, effroyable pour chacun d'entre eux, qui a dressé deux exigences de vivre inconciliables. Et qui pourtant tentent désormais de se réconcilier.
(1) Lire P. Vidal-Naquet dans Le Monde du 4 mai 1996 et l'interview de Florent Brayard, Libération, 8 mai 1996.
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Le groupe Bayard Presse, centre de la presse catholique, la citadelle thala, la fourmilière à curetons, se devait de mettre son grain de sel, en évitant de se faire pincer entre l'arbre et l'écorce. Mais puisque les dirigeants de la communauté juive exigent toujours plus de soumission, il faut se prosterner toujours d'avantage. Oyez cette épopée chantée devant le choeur des limandes :
Télérama, n° 2417, 8 mai 1996
Non sans gourmandise ni cruauté, quelques gloires médiatiques observent la statue du vieil abbé Pierre se desceller de son piédestal. II a suffi d'une lettre de soutien à son ami Roger Garaudy, grand nomade de la pensée surpris en plein flirt avec le négationnisme,
pour que le chouchou des Francais ceux qui croient au Ciel et ceux qui n'y croient pas essuie des tirs nourris. Le plus meurtrier aura sans doute été celui déclenché, le 29 avril, par le Comité épiscopal pour les relations avec le judaisme. Car, apôtre des exclus, l'abbé Pierre n'a rien d'un marginal dans l'Église. S'il lui arrive de la critiquer, c'est avec prudence et mesure. Il a, comme on dit, le sens de la hiérarchie.
Beaucoup se demandent pourquoi le vieux prêtre, d'ordinaire si assuré de son pas, a trébuché.
Passe qu'il critique la politique d'Israël : les citoyens de ce pays ne s'en privent pas, en particulier après la sanglante "bavure" de Cana, au Liban.
Mais fallait-il qu'il se lance dans un procès théologique vis-à-vis des juifs, accusés d'avoir failli à leur mission de commis voyageurs du monothéisme à travers le monde ;
et, surtout, qu'il paraisse apporter sa caution à ceux qui n'ont de cesse de nier la réalité de la Shoah ? Pour expliquer une bien étrange initiative, on a évoqué tour à tour le naufrage de la vieillesse, l'aveuglement de l'amitié, le soutien au peuple opprimé de Palestine.
Et, si le bon père avait aussi succombé à cet antijudaisme chrétien qui a fait le lit de l'antisémitisme ? L'abbé Pierre, antéconciliaire ayant mal digéré la déclaration de Vatican II Nostra ætate, le 28 octobre 1965,
qui traite, entre autres, des relations du monde catholique avec le monde juif, voilà qui ne manque pas de surprendre.
En dépit de démentis véhéments, certains de ses propos semblent accréditer cette thèse. Et, plus encore, l'écho qu'ils recueillent dans certaines franges de l'opinion catholique.
La longue marche de l'antisémitisme commence bien avant l'ère chrétienne, même si le mot n'a été forgé qu'en 1873, sous la plume de Wilhelm Marr, un journaliste de Hambourg.
Pourquoi cette hostilité millénaire
vis-à-vis du peuple juif ? C'est qu'il a montré, au cours des siècles, à la fois une grande intransigeance religieuse et une farouche volonté de préserver son identité. André Chouraqui, ancien maire adjoint de Jérusalem, traducteur de la Bible et du Coran et ami de l'abbé Pierre
note dans un de ses ouvrages: "Le monde hellénistique avait constitué un arsenal d'accusations dans lequel la chrétienté n'avait qu'à puiser sans risque de l'épuiser (1)."
En régime chrétien, l'antijudaisme revêt diverses formes: théologique, juridique, populaire. Les premières traces d'animosité entre les deux branches issues du tronc biblique sont anciennes. On peut les repérer dès le Nouveau Testament :
les Evangiles synoptiques opposent l'enseignement de Jésus à celui des pharisiens pris en bloc ; sous la plume de saint Jean, l'expression "les juifs " résonne de manière fort péjorative. Et l'exégète catholique Luise Schottrof voit dans la première Epître aux Thessaloniciens, de Paul,
chapitre 2 versets 14 à 16, "une claire déclaration antisémite ".
On n'en est, hélas ! qu'aux prolégomènes. Les choses se gâtent par la suite. Dans les années 160-170, Méliton, évêque de Sardes, prononce un sermon pascal à ne pas mettre un juif dehors : les membres du peuple de la Bible sont présentés comme "assassins du Christ" et leurs récents malheurs - la destruction du Temple de Jérusalem par les légions romaines - comme la conséquence logique de leur déicide.
A la suite de Méliton, nombre de Pères de l'Église embouchent la trompette.
A la fin du IVe siècle, dans ses Huit Sermons sur les juifs, Jean Chrysostome, évêque de Constantinople,
tient à leur sujet des propos d'une insurpassable violence ; il les décrit comme "des déicides, haisseurs de Dieu, vrais démons.... des bandits perfides, des destructeurs, des débauchés, semblables à des porcs: leurs synagogues sont des lupanars". Quand Jean Chrysostome débite ces insanités, deux événements de taille se sont produits.
Un premier "concile oecuménique", c'est-à-dire de tout l'Empire romain, s'est tenu à Nicée, dans l'actuelle Turquie : l'Église chrétienne y a adopté ce qu'on appelle la "théologie de la substitution" en revendiquant pour elle-même le titre de Nouvel Israël, avec toutes les prérogatives que cela implique.
Pareille doctrine aura sa traduction dans l'art sculptural des cathédrales, où souvent deux personnages, deux femmes, se feront face : l'une au regard découvert, représentant l'Église ; l'autre, les yeux bandés, symbolisant la synagogue, avec la couronne de l'élection divine gisant à ses pieds.
Deuxième événement, sans lequel le concile de Nicée n'aurait pu se dérouler : le passage au christianisme de l'Empire romain. "Les accusations des théologiens, remarque Chouraqui, sont traduites en actes par les empereurs, surtout en Occident." Pas question, alors, de recourir à l'élimination physique, au génocide - les juifs doivent subsister pour témoigner de leur faute -, mais la ségrégation commence à s'organiser. Au fil des siècles, l'attitude des autorités ecclésiastiques ne va pas sans ambiguité :
d'une part, il est vrai qu'elles ne font pas profession d'antisémitisme ;
il est vrai, aussi, comme l'a remarqué Jacques Madaule, que "les juifs sont les seuls nonchrétiens tolérés ". Mais ils doivent se soumettre à certaines discriminations : au XIe siècle, apparaissent les premiers ghettos ; au XIIIe, plusieurs conciles imposent aux juifs le port de la rouelle, ancêtre de la sinistre étoile jaune ; et le pape Nicolas III, en office de 1277 à 1280, les soumet, rapporte Chouraqui,
"à l'obligation d'entendre chaque année des sermons destinés à les convertir".
Évêques et papes ont souvent du mal à contenir les ardeurs vengeresses de leur base.
Aux arguments fourbis par les théologiens s'ajoutent les ragots populaires : ainsi refait surface, au Moyen Age, la vieille accusation paienne selon laquelle les juifs se livreraient à des meurtres rituels ; avec celle de sorcellerie, elle leur vaudra de connaître les foudres de l'Inquisition, en théorie pourtant réservée aux hérétiques.
Les croisades, dont la première est prêchée à Clermont-Ferrand par le pape Urbain II, le 27 novembre 1095,
sont prétextes à défoulements collectifs, en particulier dans la vallée du Rhin : brimades et massacres perpétrés contre les juifs sont vus comme une excellente propédeutique à la délivrance du SaintSépulcre . On connaît le mot de Godefroi de Bouillon: "Je ne tolérerai pas qu'un seul homme se disant juif demeure en vie derrière moi."
Pour que l'horizon des fils d'Israël se dégage en Europe, il faut attendre la Renaissance,
les Lumières et la Révolution francaise: paradoxalement, c'est un évêque, l'abbé Grégoire,
qui fit voter, le 27 septembre 1791, la loi d'émancipation des juifs. Bien loin de mettre fin à deux millénaires d'Enseignement du mépris, selon le titre de l'ouvrage de Jules Isaac (éd. Fasquelle, Paris 1962), celle-ci a eu pour vertu de donner un nouveau coup de fouet à l'antisémitisme. Hitler, son principal zélateur, a eu ce mot terrible: "Depuis mille cinq cents ans, l'Église a considéré les juifs comme des parasites et les a relégués dans des ghettos. Elle savait ce que valaient les juifs. J'apporte ma contribution à ce qui a été fait depuis mille cinq cents ans. "
Auschwitz a ouvert les yeux du monde chrétien, protestant et catholique, lui a fait prendre conscience de ce qu'une certaine théologie popularisée,
vulgarisée,
pouvait avoir de potentiellement explosif,
et que l'affirmation du déicide pouvait entraîner chez certains la justification du génocide. Mais, en dépit du changement radical de cap des derniers papes, depuis Jean XXIII, les vieux fantasmes
continuent de rôder,
capables de faire chuter les meilleurs esprits.
La théologie de la substitution, qui fait de l'Église l'"Israël véritable", a vécu. Il faut en inventer une autre. Tâche de longue haleine. Car elle oblige à remettre en cause la compréhension que, pendant des siècles, le christianisme a eue de lui-même.
Jean - Paul Guetny
Rédacteur en chef de l'Actualité religieuse dans le monde
(1) La Reconnaissance, le Saint Siège, les Juifs et Israël, éd. Robert Laffont, Paris, 1992.
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La droite de la droite existe aussi. La preuve :
National-Hebdo, 16-22 mai 1996.
Le printemps est traditionnellement propice aux coups bas anti-FN. Mai 1996 n'a pas échappé à la règle. Le 9 mai dernier, le Parlement européen, déserté par ses membres, a ainsi adopté le rapport du démocrate chrétien néerlandais Oostlander sur le racisme, la xénophobie et l'antisémitisme.
Sur les 626 parlementaires que compte le Parlement, seulement 171 se sont exprimés lors du vote. La résolution finale a recueilli 146 voix en sa faveur et 16 voix contre. Neuf députés se sont abstenus.
Ce n'est pas la première fois que les institutions européennes prennent position sur le sujet. Mais jusqu'à présent, les textes n'exprimaient que des voeux pieux. Cette fois, le rapport Oostlander exprime la position du Parlement sur plusieurs initiatives prises récemment par la commission et le Conseil :
-Une étude du Conseil sur la création d'un Observatoire européen du racisme et de la xénophobie.
-Une communication de la Commission sur les mesures à prendre à l'échelle de l'Europe contre le "racisme, la xénophobie et l'antisémitisme".
-Une proposition de décision du Conseil proclamant 1997 "Année contre le racisme".
La nouveauté consistait à étendre aux autres pays européens l'instauration de la loi Gayssot, puis en les citant nommément, à isoler et à condamner les deux leaders nationalistes Jean-Marie Le Pen, président du Front national et l'Autrichien Haider, président du FPOe.
Les mouvements nationaux sont appelés des "partis racistes" et le rapport Oostlander précise que "la lutte contre le racisme et l'antisémitisme passe nécessairement par leur bannissement et par l'isolement de leurs dirigeants, messieurs Le Pen et Haider."
Il s'est trouvé tout de même 127 députés pour approuver cette mise à l'index !
Mais ce n'est pas tout. L'autre volet du rapport concerne les nouveaux droits et privilèges à donner aux immigrés, appelés "immigrants".
Ainsi, le paragraphe 22 stipule "qu'un appui soit accordé à la formation professionnelle des imams".
Le paragraphe 27 introduit par les Verts demande "les droits électoraux aux immigrants."
Au paragraphe 31, le rapport souhaite qu'une préférence soit accordée aux immigrés dans les médias : "les immigrés doivent avoir plus de possibilités, grâce à des actions d'incitation, de travailler dans les médias." etc.
Dans une intervention Jean-Yves Le Gallou a dénoncé "le véritable Tchernobyl que représentait la loi Gayssot" et a prévenu ses collègues que "jamais les citoyens libres n'accepteront la mise en place d'une police de la pensée."
De son côté Bruno Goldnisch, secrétaire général du Front national, a rappelé dans un communiqué que si le rapport Oostlaander avait été en vigueur il y a 50 ans, "des personnalités historiques comme Winston Churchill ou Charles de Gaulle auraient pu être déférées devant les tribunaux pour racisme ou xénophobie, en raison de leurs discours contre les Allemands durant la guerre !"
Il n'en reste pas moins que le rapport Oostlander, s'il n'a pas emporté l'adhésion massive des parlementaires européens, a tout de même été adopté grâce à une minorité agissante qui a imposé au reste de l'assemblée son idéologie du "Politiquement correct".
Un vote qui démontre une fois de plus que la force de ce lobby réside dans la lâcheté de la majorité.
Jean ROBERTO
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National-Hebdo, n° 617, 16-22 mai 1996.
Je viens d'acheter (100 F) la nouvelle édition des Mythes fondateurs de la politique israélienne de Roger Garaudy. Il a changé d'éditeur. Ce n'est plus La Vieille Taupe (1). Sur la couverture on lit: SAMISZDAT (SIC) Roger Garaudy 1996.
En russe, samiszdat signifie auto-édition. C'est un mot qui fut forgé en opposition à gossiszdat, (SIC) édition d'État. Toutes les oeuvres littéraires, tous les rapports politiques, historiques, scientifiques, sociologiques, toutes les traductions d'auteurs étrangers interdits par la dictature "démocratique" communiste, tombaient dans le domaine des samiszdat qui les publiaient sous le manteau. L'édition était artisanale. Elle ne pouvait mettre en circulation clandestine que de petits tirages. Mais ils passaient de main en main, quand le KGB ne réussissait pas à les intercepter.
Pour être moins dramatique, cette situation existe dans la dictature "démocratique" capitaliste francaise. Roger Garaudy écrit en avant-propos:
"Après avoir, pendant plus d'un demi-siècle, publié mes ouvrages chez les plus grands éditeurs francais, je suis contraint d'éditer aujourd'hui en samiszdat, à compte d'auteur, cette anthologie de l'hérésie sioniste, parce que j'ai, depuis 1982, violé un tabou : la critique de la politique israélienne, défendue désormais par la loi scélérate Gayssot-Fabius du 13 juillet 1990, qui restaure en France le délit d'opinion du Second Empire en suppléant par une loi répressive à la carence des arguments.
C'est pourquoi les libraires qui entendent continuer à faire leur métier doivent passer leurs commandes à la Librairie du Savoir, librairie roumaine de Paris (2), qui a accepté le dépôt de ce samiszdat, comme elle le faisait au temps de Ceaucescu où régnait déjà - mais ailleurs qu'en France - la pensée unique."
Je ne reviendrai pas sur le fond du livre. M. Garaudy n'est pas de notre paroisse. Certains aspects de son ouvrage sont déplaisants. Je pense à l'exploitation qui est faite des découvertes du professeur Faurisson (en particulier sur l'histoire d'Anne Frank), de ses travaux d'investigations, et de l'ensemble de son oeuvre qu'il a payée si cher, alors que Garaudy ne lui consacre que trois lignes, en passant... C'est assez pénible.
Cela dit les Mythes fondateurs de la politique israélienne devraient figurer dans toutes les bibliothèques politiques et historiques des esprits libres et curieux. Le livre n'apporte aucune révélation, rien d'autre que ce que savent déjà ceux qui se sont intéressés au problème. Mais il a l'immense mérite d'être clair, précis, facile à lire, de résumer et de s'appuyer sur un arsenal de citations référencées, empruntées, pour beaucoup d'entre elles, à la librairie sioniste ou prosioniste. Beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles y trouveront les réponses aux questions qu'ils se posent depuis les crimes de guerre d'Israël au Liban et l'étrange sursaut de l'abbé Pierre.
Sur la forme, cette nouvelle édition des Mythes me paraît encore plus précieuse. Elle révèle au grand public et à beaucoup de journalistes (qui en savent moins souvent que leurs lecteurs) l'existence en France d'une édition des catacombes, clandestine ou à demi-clandestine, soumise à l'impôt, mais privée de toute publicité, murée dans un silence hostile, quand elle n'est pas interdite. Comme les auteurs de ces samiszdat, qui se nomment Henry Coston (3), Jean Madiran (4), André Figueras (5), Emmanuel Ratier (6), G.-A. Amaudruz (7), et de nombreux autres parmi lesquels je suis (8), sont classés à la droite de la droite, à l'extrême droite, catalogués "nationalistes"
donc maudits, leur exclusion n'émeut personne. Pas même Mgr Gaillot, qui se prétend pourtant l'évêque des exclus.
Personne ne s'étonne que ces auteurs, qui ne sont pas sans public, ne trouvent pas d'éditeurs. Ou, s'ils en trouvent, que ce soient les diffuseurs qui se dérobent. Ne croyez pas que j'exagère. Lors du procès Barbie, une de mes amies, Marie-José Pfeiffer, qui dirigeait une petite maison d'édition (Arts et Techniques d'Europe) eut l'idée de publier la plaidoirie de Me Vergès. Si le livre était sorti dans la foulée du verdict (4 juillet 1987), c'était le succès assuré. Mais, des mois durant, Mlle Pfeiffer chercha en vain un diffuseur. Le livre ne parut qu'en 1988, chez Picollec, et, malgré la préface de Jean-Edern Hallier, malgré les ouvertures médiatiques et l'entregent de son auteur, Je défends Barbie... ne rencontra qu'une indifférence quasi générale. Le temps avait fait son effet. L'absence d'un diffuseur aussi.
La semaine dernière, on célébra la Fête de la Liberté de la Presse. Triste fête en vérité. J'ai été l'objet de nombreuses poursuites pour outrages au chef de l'État (Vincent Auriol, de Gaulle) ; pour provocation à la haine raciale et tout le tremblement, de la part des parquets gaulliste, socialiste, chiraquien, balladurien, et des associations de bienfaisance (MRAP, LICRA), sans parler des plaintes en diffamation ou injures déposées par de délicats confrères et une consoeur. Jamais le Syndicat de la Presse n'est intervenu pour me défendre contre l'arbitraire du pouvoir et l'avidité des sociétés de bienfaisance, ou, dans le dernier cas, pour essayer de trouver un arrangement à l'amiable. Jamais je n'ai vu l'excellent Jean Miot, président du syndicat de la presse, personnage répandu s'il en fut, accourir de toute la vélocité de ses petites jambes, et s'enchaîner sur les marches du Palais, pour y commencer une grève de la faim. Je l'y aurais volontiers accompagné. Ca nous aurait fait grand bien à tous les deux.
Des publications aussi respectables qu'Aspect de la France, de Pierre Pujo, et Le Soleil, de Pierre Sidos, ont été assimilées à des périodiques pornographiques pour être interdites d'affichage, suspendues, voire supprimées. Les publications pornographiques de Guy Sitbon (Lettres de femmes, etc), elles, n'ont jamais été interdites d'affichage ni suspendues. Il est vrai que M. Sitbon, gloire du Nouvel Obs, est actionnaire du Monde. Tandis que, devant les sanctions absurdes qui frappaient Pujo, et Sidos, jamais je n'ai entendu même un soupir, exhalé par les défenseurs de la liberté d'expression. Avec le samiszdat de Roger Garaudy, l'affaire prend un tour tout différent. Garaudy n'est pas d'extrême droite. Il est d'extrême gauche. Il a été catho de gauche, communiste en rupture de parti pour déviationnisme de gauche. Certes il y a cette fâcheuse conversion à l'islam. Mais attention ! Il s'agit d'un Islam progressiste, bien sous tous les rapports. Rien à voir avec l'intégrisme. On respire. Du coup si un homme comme ca ne peut s'exprimer que par samiszdat, surveillé par la loi Gayssot-Fabius, c'est qu'il y a quelque chose de pourri dans la République démocratique, ou dans la Démocratie républicaine, comme on voudra.
En retenant l'attention, ce samiszdat de Roger Garaudy pourrait améliorer notre condition. En tous cas, empêcher qu'elle ne s'aggrave. D'autant qu'une troisième édition est annoncée. Elle serait préfacée par un rabbin américain. Après l'abbé Pierre, un rabbin! Si la rumeur se confirme, ca va bouillir !
(1) Mais on peut toujours le commander à La Vieille Taupe: BP 98 75224 Paris Cedex 05. 100 F, port compris.
(2) La Librairie du Savoir: 5, rue de Malebranche, 75005 Paris. Tél.: 43.54.22.46. Fax: 43.26.07.19.
(3) Publications Henry Coston: BP 92.18 75862 Paris Cedex 18.
(4) A Difralivre: BP 13, 22 rue d'Orléans, 78580 Maule, ainsi que les autres auteurs de Présent: Yves Daoudal, Alain Sanders, qui possède également le petit atelier de productions Bergeron-Sanders: le Parlement, rue du Parlement, Saint Marcel, 36200 Argenton..
(5) André Figueras: BP 575 75027 Paris Cedex 01.
(6) Emmanuel Ratier. Je vous recommande tout particulièrement sa lettre bi-mensuelle Faits et Documents, d'un intérêt exceptionnel. Faits et Documents: BP 25409 75424 Paris Cedex 09. Tél/Fax: 40.16.80.92.
(7) G.-A. Amaudruz. Courrier du Continent: Case Ville 2428, Lausanne (Suisse).
(8) Mentionnons Révision: 11 rue d'Alembert, 92130 Issy les Moulineaux (revue d'extrême gauche qui publie d'intéressantes études historiques sur le judaisme). Et rappelons les Publications FB: 5 rue Fondary, 75015 Paris. Fax: 45.75.09.92. Charité bien ordonnée...
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Cette Chronique a été publiée dans le n° 6 de Global Patelin.
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inquiété pour ses opinions et celui de chercher,
de recevoir et de répandre, sans considération de
frontière, les informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit>
Déclaration internationale des droits de l'homme,
adoptée par l'Assemblée générale de
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