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COMPTE-RENDU DU PROCES GARAUDY

Ce compte-rendu, en raison de la longueur des débats, sera très résumé. Ce procès s'est tenu les 8, 9, 15 et 16 janvier 1998 au Palais de Justice de Paris, 17e chambres correctionnelle (spécialisée dans les affaires de presse en général et de répression du révisionnisme en particulier) sous la présidence de M. Jean-Yves Monfort, un homme courtois, cultivé et parfaitement au fait des idées révisionnistes, grâce aux excellentes leçons qui lui prodigue régulièrement le professeur Faurisson. On sait qu'il applique la loi avec une certaine rigueur car, comme il l'a déjà expliqué, les lois doivent être changées au Parlement et les juges sont tenus d'appliquer les lois de la République. Par conséquent, on connaît le verdict à l'avance. L'acquittement de Garaudy et de Pierre Guillaume serait un tremblement de terre qui est actuellement inconcevable dans le paysage français.

Voici d'abord le compte rendu par le journal Le Monde de la première journée, rédigé par un manoeuvre portugais probablement recruté pour la circonstance. Le Monde lutte ainsi contre le chômage des jeunes immigrés.

M. Garaudy comparaît pour "complicité de contestation de crimes contre l'humanité"

ROGER GARAUDY défend-il des thèses révisionnistes ou poursuit-il un vieux et long combat contre tous les intégrismes? Cette question était dans tous les esprits, jeudi 8 janvier, lorsque le philosophe, âgé de quatre-vingt-quatre ans, s'est présenté devant la dix-septième chambre du tribunal correctionnel de Paris, où il comparaissait pour "complicité de contestation de crimes contre l'humanité", "diffamation à caractère racial" et "provocation à la discrimination, à la haine et à la violence raciales" en compagnie de Pierre Guillaume, l'éditeur de son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne.

Roger Garaudy doit s'expliquer sur des passages de l'ouvrage dans lesquels il dénonce l'exploitation de ce qu'il appelle les "mythes théologiques" et les "mythes du XXe siècle" -- notamment l'Holocauste -- en faveur des "sionistes" et de "l'Etat d'Israël". Paru une première fois en décembre 1995 dans la revue révisionniste La Vieille Taupe, dirigée par Pierre Guillaume, l'ouvrage a été publié quelques mois plus tard à compte d'auteur. Cinq procédures ont été engagées contre le philosophe après les plaintes de plusieurs associations de déportés ainsi que de la Licra (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme) et du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples).

ANCIEN RESISTANT

Malgré sa fatigue, Roger Garaudy semble déterminé. "J'ai l'impression d'être invité à un procès pour un livre que je n'ai pas écrit, explique-t-il. On me dit que ce serait un appel à l'antisémitisme, à la haine raciale. Mes adversaires font la confusion entre le judaisme, qui est une religion que je respecte, et le sionisme, qui est une politique que je combats." Il se lance alors dans la lecture de certains passages de son ouvrage qui, à l'en croire, prouve qu'il n'est pas antisémite: "Le dessein monstrueux d'Hitler", "Tel fut le martyrologe des déportés juifs esclaves", "L'assassinat d'un seul innocent, qu'il soit juif ou qu'il ne le soit pas est déjà un crime contre l'humanité"...

Le président, Jean-Yves Montfort, écoute attentivement avant d'interpeller le prévenu. "Il y a pourtant des différences entre les deux éditions de votre livre. Dans la deuxième, les noms de Robert Faurisson et de Paul Rassinier [deux historiens révisionnistes] ont disparu. Comme si vous vouliez gommer toute compagnie peu honorable, rendre le livre plus présentable. Je me trompe?" "Oui, répond Roger Garaudy. Je ne voulais pas décentrer ce livre. Il a été traduit dans vingt-trois pays différents, je ne souhaitais pas l'encombrer de noms inconnus ailleurs qu'en France. Je crois que toute ma vie dit le contraire de ce qu'on me reproche." [A l'idée que Rassinier ou Faurisson ne seraient pas connus à l'étranger, le président sursaute et réplique: "Mais il y a Internet"... Nous avons des lecteurs partout, y compris dans les palais de justice. Il faut bien qu'ils s'informent, les malheureux chats fourrés...)

Ancien résistant déporté au Sahara, ancien marxiste, ancien chrétien, aujourd'hui converti à l'islam le philosophe veut démontrer qu'il est "resté fidèle au rêve de [ses] vingt ans": "L'unité des trois religions sémites." "Mon propos n'est pas de discuter du nombre de morts de l'Holocauste, mais de démontrer que c'est la politique sioniste qui engendre une nouvelle vague d'antisémitisme. Dans la revue Revision, on m'a traité de carpette en affirmant que c'est tout le judaisme qu'il fallait condamner."

Les explications du prévenu ne semblent pourtant pas convaincre les avocats des parties civiles pour lesquels le livre mis en cause va au-delà de la simple critique du mouvement sioniste. Dans le public, se retrouvent côte à côte des militants d'extrême gauche et d'extrême droite, des jeunes affublés de l'écharpe palestinienne, mais aussi des révisionnistes connus comme Robert Faurisson et Henri Roques.

Acacio Pereira (Le Monde, samedi 10 janvier 1998).


A quoi il faut ajouter quelques commentaires: le pullulement des associations qui veulent se joindre à la curée est assez révélateur. On sait que la plupart d'entre elles sont complètement bidon. Les associations d'anciens déportés sont en réalité des officines politiques, contrôlées par des partis politiques ou des personnalités à qui elles servent de cheval de Troie pour pénétrer les caisses publiques. Il y a toujours des subventions à ramasser au nom de la sacrosainte Mémoire qu'il faut conserver, entourer, troufignoler, embellir, fleurir, etc. etc. Les anciens déportés qui ne veulent pas se faire manipuler ou se faire dorer la pilule se méfient comme de la peste de ces associations qu'on retrouve toujours pendues aux basques des révisionnistes dans l'espoir d'une prochaine prébende, généreusement octroyée par une justice qui ne leur pose jamais de question. Dans le procès Garaudy, on vit arriver de nouveaux assoiffés (de justice, sans doute) sous la forme d'Avocats sans frontières (qu'on n'a jamais vu sur le terrain, en Chine ou ailleurs) et de l'éléphantesque représentant d'une soi-disant association sportive portant le joli nom de Maccabée. Ceci fait allusion non pas au macchabée de la chanson mais à la famille des Maccabée qui entraîna les Hébreux de Palestine à la révolte vers 165 avant l'ère commune. Cette association est connue pour fournir une couverture à l'entraînement des jeunes nervis du Bétar qui vont ensuite semer la terreur dans les rues de Paris. Malgré le grotesque de sa revendication, elle a été autorisée à intégrer les parties civiles. Et Pereira omet de mentionner qu'à côté des foulards palestiniens, on voyait aussi nombre de kippa dans la salle. On sait que toutes ces associations (il y a cinq procédures distinctes) peuvent raisonnablement espérer 10 ou 20.000 Francs chacune et que ça pourrait mettre un peu de beurre dans des fonds de commerce qui doivent singulièrement manquer d'adhérents.

La défense de Roger Garaudy ne pouvait échapper à une certaine confusion. Dans le souci de plaire à tout le monde, de revendiquer toutes les religions du bouquet monothéiste, de revendiquer la totalité de la propagande anti-allemande continuellement recyclée depuis la guerre, il se protégeait derrière des citations. L'enjeu, pour lui, était d'éviter de se faire coincer sur des affirmations cataloguées comme révisionnistes par un président du tribunal qui, sous ses manières doucereuses, ne cherchait que ça, tout en réclamant une sorte de droit au doute qui le dispensait d'avoir un avis personnel sur toutes ces questions historiques et techniques. Pour tous ceux qui ont effectué le parcours depuis 1981 dans cette même salle de la 17e, la défense de M. Garaudy paraissait faiblarde et impropre à le sortir d'affaire. Il eût fallu une contrition et un désaveu qu'il ne pouvait fournir, malgré la souplesse de son trajet politique, ou une défense frontale, réclamant aux associations voraces de prouver qu'un tort réel avait été porté à leurs représentations oniriques d'une réalité parfaitement dénuée de mystère. Ses témoins de la première journée sont un monsieur palestinien qui s'étonne de l'étrange privilège accordé au sort malheureux des juifs en contraste avec le traitement réservé au sort malheureux de si nombreux autres peuples, et un prêtre, le P. Lelong, qui fait un peu vieux rhéteur chrétien sorti de la naphtaline.

Parmi les questions préjudicielles in limine litis, on entend un jeune adjoint de Me Vergès, Me Pétillault soulever une demande de renvoi vers la cour européenne de justice. Ce jeune coquelet, frais émoulu, ignorait sans doute que les révisionnistes avaient déjà, avant sa naissance, exploré ces voies qui se terminent toutes en impasse. Le procureur, lui, attendait en embuscade, avec son plein panier de munitions, et il exécuta proprement le hardi jeune homme.

Il est aussi à noter que l'abbé Pierre, qui avait donné à la défense de Garaudy, quand l'affaire s'est déroulée en 1996, un lustre si remarquable, avant de reculer sous les pressions, a envoyé une lettre récente où il réitère sa confiance en Garaudy. Ce dernier a mentionné l'article que l'abbé Pierre avait écrit pour Le Monde et que ce journal avait finalement refusé. Il a même ajouté que le texte en était encore inédit, ce qui n'est pas vrai. Mais on constate que la presse n'a pas relevé l'existence de la lettre récente. La peur de voir surgir l'abbé à la barre suffit à faire le silence.

Deuxième journée (9 janvier). Compte-rendu du Monde:

Roger Garaudy "doute" toujours de l'existence des chambres à gaz

ROGER GARAUDY n'est jamais à court d'arguments. Au deuxième jour de son procès devant la dix-septième chambre correctionnelle de Paris où il comparaît pour "complicité de contestation de crimes contre l'humanité", le philosophe doit s'expliquer sur des passages de son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, paru en décembre 1995. Chaque phrase est minutieusement disséquée par le président Jean-Yves Monfort. "Que voulez-vous dire?", répète-t-il inlassablement après la lecture des passages incriminés. Il faut savoir, enfin, si la prose garaudienne constitue bien une négation de la Shoah.

Il y a d'abord le terme "mythe", que Roger Garaudy utilise à plusieurs reprises: "mythe de la promesse", "mythe des six millions de juifs exterminés", "mythe de la justice de Nuremberg", "mythe de l'holocauste". "Vous vous appliquez à démontrer qu'il n'existe aucun texte permettant d'établir les ordres d'extermination des juifs, qu'il n'y a pas d'ordre écrit de Hitler, explique le président Montfort. Mais l'idée qui se dégage de la lecture c'est que vous tentez de réfuter les éléments que les exterminationnistes opposent aux négationnistes. Qu'en est-il ?"

"Je reprend des textes écrits par des historiens israéliens et qui démontrent que cet ordre n'a jamais été donné. Raymond Aron, François Furet, eux aussi, en conviennent." Ce sera une constante de la défense de Roger Garaudy. A chaque nouvelle interrogation, il brandit toutes prêtes ce qu'il présente comme des références à des textes publiés par des historiens peu soupçonnables de sympathie envers le régime nazi.

"On a le sentiment que vous tournez en dérision ceux qui pensent le contraire, reprend le président. Votre conviction paraît faite. Quand vous parlez de "solution d'ensemble" et de "solution finale", on a l'impression que vous avez fait un choix. Pour vous, il s'agit d'une solution finale territoriale." "Le président du tribunal de Nuremberg lui-même a présenté ses excuses pour s'être trompé dans la traduction du mot allemand", assure Roger Garaudy. Le président: "Vous parlez d'"hypothèses surréalistes" lorsque vous évoquez l'extermination des juifs." Et Roger Garaudy d'inonder le tribunal d'autres références. "Ce n'est pas moi qui interprète", affirme-t-il.

INDIGNATION

Le président: "Vous prenez des textes sur les chambres à gaz pour les mettre à mal, vous démontez le témoignage de certains prisonniers du camp d'Auschwitz. Est-ce cette lecture-là qu'il faut retenir?" "Ce qui est bien cela, c'est ce qu'en ont dit des gens qui ne sont pas moi, répond le philosophe. Je regrette qu'il ait fallu attendre quarante ans pour que ces erreurs soient corrigées."

Plus loin dans le livre, Roger Garaudy évoque Shoah, le film de Claude Lanzmann, qu'il traite de "navet". "Vous parlez de ''Shoah business'', vous dites que ce film n'apporte que des témoignages sans démonstration. C'est une façon de dire que les chambres à gaz n'existent pas", suggère le président. "Certainement pas, proteste Roger Garaudy. Tant qu'un débat scientifique et public ne sera pas organisé sur la question, le doute sera permis."

A l'évocation du passage sur l'extermination des juifs, Roger Garaudy s'explique sur sa contestation du terme "génocide": Je préfère qu'on dise "l'un des plus grands massacres". "Les avocats des parties civiles s'indignent. Le philosophe se tourne vers eux et lance: "J'ai vu passer la mort devant mes yeux lorsque j'étais interné dans le Sahara, mais je n'ai jamais eu l'idée de monter un fonds de commerce avec les ossements de mon grand-père." A peine perturbé par ce qu'il vient de dire, il reprend tranquillement sa démonstration: "Je préfère parler d'atroce massacre, pas d'un génocide. Pour cela il faudrait qu'il n'y ait aucun survivant." Le procès doit reprendre le jeudi 15 janvier.

Acacio Pereira (Le Monde, 11-12 janvier 1998)


Mais voici le compte-rendu de la même journée par une observatrice révisionniste:

La défense ayant annoncé qu'elle communique de nouvelles lettres de soutien au prévenu, l'un des avocats des parties civiles demande à ce que soit entendu un nouveau témoin le 15 janvier prochain, nullement inscrit à l'ouverture du procès. Mais les autres avocats soutiennent mollement cette initiative; le président finit par la déclarer irrecevable, après que les parties civiles ont fait perdre plus d'une demi-heure inutilement à tout le monde.

On entend le seul témoin des parties civiles, M. Tarnero, chercheur du CNRS à Toulouse, spécialiste en questions juives. Il expose de façon tout à fait intéressante une position que l'on peut résumer ainsi: il est indiscutable que la politique de l'Etat d'Israël est coloniale et colonialiste, il est indiscutable qu'il existe un lobby juif faisant pression efficacement pour que tous les juifs soutiennent la politique israélienne malgré leurs convictions personnelles, mais il ne saurait être permis à personne de s'exprimer contre le lobby juif parce que c'est le lobby des victimes depuis l'origine des temps. Ainsi les juifs ont une "singularité" sur deux plans: les premiers à avoir subi un génocide, les premiers à avoir inventé le monothéisme, qui est la mise en forme du principe de l'interdit. De sorte que ceux qui discutent quoi que ce soit autour du fait judaique sont en fait des pervers visant la transgression absolue, ce qui explique que l'antisionisme ne soit qu'un masque d'un antisémitisme immémorial, où confluent des pathologies d'extrême droite et d'extrême gauche.

Les questions du président faisaient preuve d'une rationalité dangereuse: la justice doit-elle se prononcer sur les arrière-pensées éventuelles du prévenu? La confusion du religieux et du politique n'existe-t-elle pas dans l'Etat israélien? Si l'intégrisme existe au sein de toutes les religions, et qu'il est à combattre, y a-t-il une supériorité de l'intégrisme juif? De quels lobbys a-t-on le droit de parler? L'avocat de la défense, Me Vergès, contraignit le témoin à reconnaître que les génocides réalisés avec un pourcentage de réussite bien supérieur à celui des juifs étaient nombreux et antérieurs (Africains, Indiens d'Amérique, Arméniens) et que celui des Aborigènes australiens fut remarquablement planifié, cependant qu'à Nuremberg même, encore en 1946, ceux-ci étaient classés tout naturellement comme faisant partie de la faune.

En outre, les questions de Me Vergès et de M. Monfort convergeaient pour obliger le témoin à reconnaître les aspects scandaleux de la politique israélienne et du lobby international qui l'appuie. Le témoin ne les réfutait pas mais signalait qu'Israël n'est pas le seul pays dont la formation ait été criminelle envers des peuples autochtones, et dont les lois constitutionnelles soient de type théocratique. Le témoin usa pour clore sa thèse d'une argutie qui mérite d'être retenue, car pouvant justifier à elle seule toute répression au titre de la prévention, mais aussi tout développement de la réflexion sur les origines et les utilisations politiques des rumeurs de guerre: il faut condamner Garaudy et tous les révisionnistes de près ou de loin, car si R. Faurisson a raison, alors les juifs se sont rendus coupables de la plus grande escroquerie de tous les temps, et formuler cette hypothèse conduira fatalement à des représailles, c'est à dire à un déchaînement de haine raciale.

La défense présente alors deux témoins, le pasteur Parmentier et le cinéaste Vauthier. Ces deux hommes ont en commun des convictions humanistes, une longue trajectoire de défense des innocents (Parmentier sauvant un adolescent juif de la déportation, puis faisant de la résistance, Vauthier communiste engagé dans la défense des Algériens pendant leur guerre d'Indépendance). Ni l'un ni l'autre ne croient à l'inexistence des chambres à gaz, mais admirent l'oeuvre complète de Garaudy qui reste pour eux une sorte de "Maître à douter". "Il m'a appris à douter et à aller jusqu'au bout de mes doutes, seule façon de mieux se battre sur ce dont on est sûr, dit Vauthier. Ils n'admettent pas qu'il soit traité de raciste. Tous deux insistent sur la nécessité de réviser à la baisse les chiffres de victimes dans l'histoire, toujours exagérés pendant les guerres, tel celui des membres du "parti des fusillés", passé de plusieurs millions à 75.000 ou même 35.000 selon le général de Gaulle. Ils n'hésitent pas à parler de mythification, "l'histoire juive a été écrite par les politiciens juifs" (Parmentier), disent constater tous les jours l'existence d'un lobby juif dans les médias et le cinéma, condamnent la loi Gayssot, réclament l'ouverture de débats scientifiques, font allusion à l'usage traditionnel de la censure en France (à propos des témoignages sur la guerre d'Algérie). M. Vauthier ne voit pas en quoi la preuve de l'inexistence des chambres à gaz atténuerait la réalité des cruautés exercées par les tortionnaires individuels, à l'imagination sans bornes, sur toutes les victimes désignées à la vindicte populaire par l'hitlérisme.Enfin, répondant à Me Charrière-Bournazel, M. Parmentier, protestant, ne verrait pas d'inconvénient à ce que des historiens remettent en cause dans un colloque la réalité des massacres de la Saint-Barthélémy.

Après une pause, le Président interroge R. Garaudy sur les passages incriminés de son livre. Celui-ci en profite pour développer de nombreuses références aux auteurs non poursuivis, et même officiellement appréciés (Hannah Arendt, Poliakov, Reitlinger, etc.) qui l'ont précédé dans les démonstrations sur: la nécessité de réviser à la baisse le nombre des victimes juives pendant la guerre, les accords entre sionistes et hitlériens, l'inexistence d'ordre émanant d'Hitler pour l'extermination des juifs, l'aspect irrationnel qu'aurait eu une entreprise semblable en pleine guerre. L'inculpé présentait son ouvrage comme une anthologie de pensées et d'analyses antérieures, et le président soulignait la logique de l'enchaînement argumentaire débouchant inéluctablement sur les positions révisionnistes. Il finit par montrer son agacement devant la position de retrait de l'inculpé, l'interpellant: "Mais enfin, quand vous dites qu'à en croire les témoignages retenus par les exterminationnistes, on aurait entassé 28 personnes par m2, les guillemets et le point d'exclamation sont bien de vous?". R. Garaudy répondit alors simplement: "M. le Président, je pense comme vous que même si la majorité des Français le pensent, c'est une imbécillité d'affirmer une chose pareille". La salle ne pouvait se retenir de rire, tant la convergence des deux interlocuteurs était flagrante.

Le président fit remarquer qu'on pouvait considérer comme négationnistes les défenseurs de la thèse des chambres à gaz, car ils s'en trouvaient amenés à nier l'efficacité supérieure d'autres techniques de meurtre de masse, parfaitement connues et reconnues par les révisionnistes, et à minimiser ce faisant la barbarie de l'hitlérisme. Il signala que le doute est la première étape de la contestation, et que contrairement à cette même chambre correctionnelle et à la cour d'appel, la cour de cassation a même déjà rendu un verdict dans lequel la minimisation du nombre des victimes juives a été condamnée comme équivalente à la contestation de crimes contre l'humanité.

Dans le sens des observations antérieures de Me Vergès, l'inculpé insista à nouveau sur le fait qu'il ne niait ni génocide ni crime contre l'humanité, mais qu'il refusait d'admettre qu'il y ait des morts de deuxième classe, montrant que ses persécuteurs n'invoquaient le jugement de Nuremberg que pour ce qui concernait une catégorie de victimes.Cependant les parties civiles s'énervaient et insistaient pour citer les adjectifs et adverbes qui dans le livre attestent une prise de position révisionniste. Gêné par leurs murmures et interruptions, Garaudy lança: "Je n'ai jamais eu l'idée de monter un fonds de commerce avec les ossements de mon grand-père!". A la demande des parties civiles, cette phrase fut actée, et Garaudy demanda l'inscription supplémentaire : "et si quelqu'un s'est reconnu, ce n'est pas mon affaire!". Après une pause, à 19h50, le président annonça que l'audience reprendrait le 15 janvier, la justice ne pouvant être rendue dans l'obscurité...

Dans la salle, apparemment tout à fait acquise à la cause de Garaudy, les commentaires étaient pessimistes quant à l'issue finale, le président ayant fait preuve, lors des procès précédents pour révisionnisme, de la même bienveillance, intelligence et honnêteté lors des audiences, pour sévir à la fin en toute contradiction. R. Faurisson, au premier rang du public, remarquait les progrès de celui-ci en connaissance et en réutilisation judicieuse des arguments révisionnistes. Quant à la sortie inattendue de la fin, Pierre Guillaume clamait joyeusement: "C'est ce que tout le monde pense dans ce pays, c'est très bien de l'avoir dit! Que Garaudy soit condamné ou relaxé, de toutes façons nous avons gagné..."

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Tout le monde a jasé sur cette phrase qu'aurait lâchée Garaudy sous l'empire de l'exaspération. Les parties civiles s'en réjouirent. Le commerce des ossements a pourtant une longue et honorable tradition. Que ce soient chez les catholiques ou les bouddhistes, les reliques ont toujours joué un rôle dévotionnel important et l'acquisition desdites reliques, quand elle ne se faisait pas par des expéditions militaires, se jouait aux plus offrants. Même les musulmans vénèrent les tombeaux et les ossements qu'ils contiennent. Mais Garaudy a touché juste en visant l'usage cyniques que font les générations actuelles des souffrances et de la mort qui a frappé les générations antérieures. On accuse facilement les révisionnistes d'insensibilité tout en se livrant à une froide instrumentalisation de la mémoire des morts à des fins de basse politique. C'est toujours la même histoire depuis bientôt 20 ans: celle des vautours et des pigeons.

Parmi les témoins en faveur de Garaudy le cinéaste René Vauthier. Certains se souviendront qu'il avait tourné un film dans les camps algériens, sur la frontière tunisienne, vers la fin de la guerre d'Algérie, avec des enfants et des dessins de ces enfants. Cela devait s'appeler "J'ai sept ans". Ce petit film était une grande chose. Déjà, à cette époque, il était "du mauvais côté", du côté de ceux qui reçoivent les coups et non de ceux qui en donnent. Il y a des gens comme ça.

En marge du procès, on a appris qu'il se faisait une certaine mobilisation dans certains pays arabes, en particulier au Moyen-Orient où Garaudy avait fait une tournée remarquée au cours de l'été 1996. Une bonne partie des journalistes présents étaient envoyés par les medias arabes:

 

Le philosophe antisioniste Roger Garaudy reçoit le soutien de journaux arabes

 

DES MANIFESTATIONS de solidarité au philosophe français Roger Garaudy, poursuivi devant la dix-septième chambre correctionnelle de Paris pour "complicité de contestation de crimes contre l'humanité", se sont multipliées ce week-end au Proche-Orient. Samedi 10 janvier, le syndicat des journalistes égyptiens a estimé dans un communiqué que M. Garaudy était "jugé conformément d'une loi antidémocratique (la loi Gayssot) qui interdit la liberté de recherche sur certains aspects de l'histoire de la deuxième guerre mondiale".

Le lendemain, dans un encart publié à la une, Al Khaleej, un quotidien des Emirats arabes unis a appelé ses lecteurs à adresser des dons et des messages de soutien à M. Garaudy, "poursuivi par les organisations du lobby sioniste en France". Le journal invite ses fidèles à verser au philosophe "des contributions pour (lui) permettre de continuer à s'opposer à l'influence des sionistes en France et à répandre ses idées qui réfutent les allégations sionistes et dévoilent la politique agressive d'Israël". Poursuivi pour certains passages de son livre, Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, publié en décembre 1995, le philosophe risque jusqu'à un an d'emprisonnement et 300.000 francs d'amende.

Au Qatar, un "comité de soutien à Roger Garaudy" a annoncé son intention de mener une campagne de presse et de recueillir des donations. Ce comité doit organiser un meeting de soutien au cours duquel des personnalités et des dignitaires religieux prendront la parole. A cette occasion, Roger Garaudy devrait prononcer une allocution retransmise en direct par satellite. L'association des écrivains palestiniens a également publié, dimanche 11 janvier, à Jérusalem-Est, un communiqué dans lequel elle lui apporte son soutien. "Nous, écrivains et poètes, exprimons notre solidarité avec le penseur et l'homme de lettres Roger Garaudy pour son combat courageux en faveur de la liberté de création", peut-on y lire. Converti à l'islam, Roger Garaudy a toujours été un défenseur de la cause palestinienne.

Après la sortie de son livre, le philosophe avait déjà bénéficié du soutien d'intellectuels arabes et avait fait une tournée dans plusieurs pays pour présenter son ouvrage (Le Monde du 21 août 1996). Il avait été invité à Beyrouth par le Forum nationaliste arabe, en Syrie par le ministère de l'information et en Jordanie par l'Association des écrivains. A l'époque, des intellectuels libanais avaient pourtant publié des textes critiques. "L'idée d'exterminer les juifs ne porte-t-elle pas en elle le germe de l'extermination de toute autre race ou peuple?", interrogeait par exemple Elias Khoury rédacteur en chef du supplément hebdomadaire du quotidien El Nahar. Au Maroc, Roger Garaudy s'était vu interdire l'entrée d'une université. "Cela ne m'a pas empêché de signer plus de deux mille dédicaces", a-t-il précisé, vendredi 9 janvier, devant le tribunal.

Acacio Pereira (Le Monde, 13 janvier 1998).


Jeudi 15 janvier 1998.

Reprise des débats. Interrogatoire de Garaudy continué. Une foule dans le Palais. La moitié des gens ne peuvent entrer dans la salle. On voit l'affreux Daenincks qui rôde : il cherche quelqu'un à dénoncer. Quelques gros bras du genre macchabée sont là, il y a quelques incidents. Pour une fois, les gendarmes se bougent et les choses se calment assez vite.

En fait, les nervis du Bétar sont là, une quinzaine d'affreux jojos, boursouflés au couscous, des enfants crétins de commerçants du Marais réfugiés d'Algérie, des gens qui n'ont pas eu la fibre de partir en Israël en 1962 et qui ont juré de nous le faire regretter. Ces pauvres types sont encadrés par quelques ex-Autrichiens ou Polonais spécialisés dans les mouvements de jeunesse, ultra-sionistes. Derrière, le Mossad gère silencieusement et distribue les tâches quand il a besoin de filatures, de planques, etc. (On appelle ces auxiliaires locaux sayanim. Voir les livres d'Ostrowsky.) Lorsqu'il y a eu les incidents au Palais avec quelques types de l'extrême-droite, les gendarmes ont fait descendre tout ce petit monde dans la cour. Là, les Bétarim ont sorti les couteaux. La sécurité au Palais de justice? Rigolade. Les flics sont néanmoins intervenus et ils ont arrêtés cinq Bétarim et cinq fafs, pour que le compte soit bon.

Voici quelques notes d'une observatrice située du côté musulman: "Déjà les discussions s'enveniment, il y a des bousculades. Une foule énorme s'entasse dès midi pour un procès qui ne commence qu'à 13 h 30. C'était la foule des grands jours pour le procès de l'année. La Licra et le Mrap ont mobilisé toutes leurs troupes. Le Mrap distribue des autocollants à tous ses militants qui poussent tout le monde pour occuper les premières places, avec la complicité du service d'ordre.

[On voit effectivement errer Mouloud Aounit, avec sa tête de mouton de l'Aid, bêlant dans son portable...] Aounit explique qu'un type de racisme se propage actuellement qui dit: "Les Arabes envahissent la France, les juifs la pillent." Laisser un crime raciste impuni, dit le représentant des organisations spécialisées dans l'impunité, c'est permettre demain la profanation des cimetières. [Tous ces types ont des fantasmes morticoles...] Il a parlé du négationnisme qui faisait du tort aux Palestiniens. "Nier les chiffres, c'est nier les hommes et effacer les mémoires. Le doute est pire que le détail."

Ce pauvre Arabe de service oublie un peu que ceux qui font du tort aux Palestiniens, un tort réel et incommensurable, ce sont les sionistes. Quant à l'idée que "nier les chiffres" reviendrait à "nier les hommes", c'est du pathos de collégien. Qui pourrait accepter une ânerie de cette espèce? On ne perçoit pas de différence entre les jérémiade du mrapiste et celles d'Aidenbaum, président de la Licra et sous-maire à Paris. "Nous voulons un Etat palestinien à côté d'Israël, vous, vous le voulez à sa place", a-t-il le front d'affirmer, alors que tous les actes et toutes les publications de la LICRA suent la haine malade des Arabes en général et des Palestiniens en particulier. Si vous voulez du raciste authentique, vérifié kasher, demandez la Licra. On ne fait pas mieux dans le business. Notre observatrice lui attribue cette phrase: "Nous avons concédé que l'abbé Pierre qui veut un colloque pour débattre des chambres à gaz n'avait plus sa place au bureau de la Licra et nous l'avons démissionné."

Un ancien déporté s'est ensuite pointé à la barre, le genre classique, bien rôdé, qui parle dans les écoles. La fumée classique qui sort des cheminées classiques. "Nous avons douté des chambres à gaz, dit-il dans un bel élan rhétorique, en nous disant: comment des êtres humains ont-ils pu construire cette industrie inhumaine?" Nous sommes bien au XXe siècle, le Mythe Industriel est bien en place. Depuis Jules Verne, Lénine et l'électrification, les abattoirs de Chicago qu'on voit dans Tintin en Amérique, le Mythe industriel aura dominé l'époque, avant de céder la place à celui de l'électronique. Il aura expliqué aux déportés leur malheur en lui donnant une forme pseudo-rationnelle et en tout cas facile à imaginer.

Les athlètes de Maccabe-Inter ne supportent pas que Garaudy doute. Pour eux, effectivement, le doute est très grave. S'ils en avaient la moindre idée, ils se flingueraient tout de suite.

Le premier avocat des parties civile est l'impayable Lorach, celui qui plaide habituellement contre Faurisson parce que tous les autres ont canné. Lui, c'est le genre baratineur, capable de vous inventer une nouvelle enfance à chaque procès. Médiocre en tout, mais régulier dans la médiocrité, il attend toujours qu'on lui signale les livres à lire. Il a trouvé tout seul l'idée que Garaudy aurait cautionné les deux totalitarismes du siècle, la peste rouge et la peste brune, ce qui, pour le moins est à moitié faux. Il oublie que le plus ancien totalitarisme -- aujourd'hui centenaire --, le plus acharné massacreur, le plus vicieux propagandiste est le sionisme et que, justement, Garaudy ne l'a jamais cautionné, celui-là, contrairement à tant de ses contemporains. Maître Korman, rescapé des anciens procès Faurisson, n'est plus que l'ombre de lui-même. Passons. Avocats sans frontière, vous ne connaissez pas? En écoutant Me Goldnagel, vous savez immédiatement: porte-parole de l'ambassade d'Israël. Comment ces gens-là justifient leur présence est resté un mystère de plus.

Le dernier avocat de la partie civile à plaider est Me Charrière-Bournazel. En principe, c'est un bon avocat, il a l'éloquence facile. Mais il ne peut pas s'empêcher de dresser le portrait de l'antisémite tel qu'il est fantasmé par tant de juifs, caricatural, diabolique. Appliquer ce schéma sur Garaudy, il n'essaie même pas, ce serait ridicule. Mais comme argument, c'est vraiment mince. Et quand cet homme qui émaille sa plaidoirie de citations prend pour exemple du discours antisémite Le Salut par les Juifs de Léon Bloy, on sait qu'il a disjoncté. Le livre de Bloy est un livre entièrement à la gloire des juifs (pour le rôle mystique qu'ils jouent dans le plan de Dieu, bien involontairement sans doute, aux yeux de Bloy). Et Bloy était un ennemi déterminé de Drumont et de ses semblables. Par conséquent, ou cet avocat est un crétin qui ne sait pas lire ou il nous prend pour des crétins qui ne savent pas lire. Dans tous les cas, il n'aura montré que sa petitesse et sa fausse culture.

Quand au substitut, il a montré qu'il n'avait fait ses devoirs qu'à moitié. Il cite des textes en ignorant leur contexte, il dénature à tour de bras, il émet des interprétations dont les historiens, et parmi eux les révisionnistes, ont fait litière depuis longtemps. Il devrait se cantonner au droit. Lorsqu'il a cité la jurisprudence en rapport avec toutes les idées et les expressions qui entraînent condamnation par les instances judiciaires, on a été saisi par le degré de dégradation des libertés publiques que toutes ces lois de censure ont finalement accumulé. La Police de la Pensée -- cette expression prend un poids toujours plus lourd. Le substitut, lui, trouve ça tout à fait normal. Plus les lois répriment et plus ces cafards prospèrent.

Voici le compte-rendu du Monde pour cette journée du 15:

 

Une amende de 150 000 francs est requise contre Roger Garaudy

Le philosophe comparaît pour "complicité de contestation de crimes contre l'humanité"

 

IL Y AVAIT foule, jeudi 15 janvier en début d'après-midi, devant la dix-septième chambre correctionnelle de Paris où le philosophe Roger Garaudy comparaît [La concordance des temps existe, en principe, en portugais aussi] pour " complicité de contestation de crimes contre l'humanité". Pour ce troisième jour d'audience, il a fallu filtrer les entrées. la salle ne permettant pas d'accueillir tous ceux qui patientaient à l'extérieur. Des journalistes de pays arabes sont venus grossir les bancs de la presse. Des avocats marocains et égyptiens sont arrivés en renfort pour assurer la défense du prévenu. Rien de très étonnant depuis que, le week-end dernier, des journaux et des écrivains du Proche-Orient ont pris fait et cause pour le philosophe français, multipliant textes de soutien et campagnes de donations (Le Monde du 13 janvier).

Interrogé une nouvelle fois sur certains passages de son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, paru en décembre 1995 dans la revue révisionniste La Vieille Taupe, puis à compte d'auteur au printemps 1996, Roger Garaudy maintient son système de défense, affirmant que son propos n'était pas de mettre en cause les juifs, mais d'attaquer la politique sioniste de l'Etat israélien. "Je vais me répéter pour la quatre-vingtième fois, on me prête une intention dont j'ai répété mille fois qu'elle n'était pas la mienne ", affirme-t-il.

"RENIEMENT PERPETUEL "

"Roger Garaudy est l'homme du reniement perpétuel, estime Me Jean-Serge Lorach, premier avocat à plaider pour les parties civiles. Il a cautionné toutes les grandes impostures de ce siècle, les deux totalitarismes, en passant de la peste rouge à la peste noire. C'est bien les juifs qu'il vise, et pas le sionisme. Il a repris à son compte les thèses négationnistes sans les passer à la moulinette du raisonnement ou de la contradiction."

"Ce que je vois ici, c'est une nouvelle forme d'antisémitisme, un militantisme raciste, de combat, vindicatif, revanchard, organisé pour provoquer ce procès", surenchérit Me Charles Korman pour la Licra. Rappelant que l'on commémore en ce moment la prise de position d'Emile Zola dans l'affaire Dreyfus, l'avocat y voit une certaine ironie de l'histoire: "Alors que Zola dénonçait l'antisémitisme, Roger Garaudy vient armer le bras de l'antisémitisme."

Pour l'association Avocats sans frontière, Me Gilles-William Goldnadel avertit le tribunal qu'il va s'attacher à "tordre le cou aux mythes fondateurs de la pensée du prévenu". "Ce n'est pas une personnalité éblouissante qui aurai "disjoncté" au soir de sa vie, dit-il. Il a toujours été et reste un révisionniste. L'antisionisme, selon Roger Garaudy, ne serait pas un antisémitisme. Mais, l'antisionisme viscéral est de l'antisémitisme précisément parce qu'il est viscéral. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, pas une goutte de sang juif qui n'ait coulé à cause de l'antisionisme. Ceux qui tiennent les mains de ces gens-là, ce sont les révisionnistes. A eux de tourmenter les morts, aux antisionistes de tuer les vivants."

"LA VERACITE DES SOURCES"

Dans son réquisitoire, François Reygrobellet, substitut du procureur de la République de Paris, explique qu'il ne comprend pas "pourquoi la critique de la politique de l'Etat d'Israël devait absolument passer par la négation des crimes contre l'humanité". La recherche historique n'a pas attendu Roger Garaudy pour s'interroger. Ce livre est un document unidimensionnel où n'est développée qu'une seule thèse", poursuit-il en reprochant au prévenu de ne pas avoir respecté les principes élémentaires et les méthodes du travail de l'historien . "Il faut s'assurer de la véracité des sources et ne pas en oublier, poursuit-il. Or, là, on en a oublié."

Contre Roger Garaudy, M. Reygrobellet requiert une peine "qui ne soit pas inférieure"» à 50.000 francs d'amende pour la première édition de son livre, paru dans La Vieille Taupe, ni inférieure à 100.000 francs pour la seconde édition, publiée à compte d'auteur.

Contre Pierre Guillaume, poursuivi pour "contestation de crimes contre l'humanité" en tant qu'éditeur de La Vieille Taupe, le représentant du ministère public réclame une peine "qui ne soit pas inférieure" à 150.000 francs et six mois d'emprisonnement avec sursis.

Le procès devait se poursuivre, vendredi 16 janvier, avec les plaidoiries des avocats de la défense.

Acacio Pereira (Le Monde, 17 janvier 1998)


Il n'est pas inutile de relever les propos de ce Reygrobellet: il a le toupet de donner des leçons sur la méthode historique à Garaudy, qui n'a d'ailleurs jamais prétendu ni être historien ni faire un ouvrage d'histoire. Les révisionnistes auraient mêmes des appréciations peu flatteuses à employer sur la façon d'écrire dont témoigne le livre en question. Par exemple, il ignore la chronologie et, à vrai dire, il ignore l'histoire elle-même car tel n'est pas le propos de l'auteur. Le lui reprocher revient à faire un faux procès, celui-là même que font les parties civiles. Ce petit prétentieux de substitut doit avoir une licence de droit, à tout casser. Si les tribunaux devaient s'occuper de tous ceux qui écrivent sur des sujets historiques sans appliquer rigoureusement une soi-disant "méthode historique", il faudrait rouvrir les camps et les bagnes. S'il s'était borné à ces fadasses pédanteries, on aurait laissé le substitut à son triste destin. Mais après avoir donné ses conseils, le dindon, du haut de son perchoir, s'est mis en demeure de nous dire l'histoire lui-même!!! Son propos aussi était "unidimensionnel" (si ce mot a un sens) et, lui aussi, il n'a développé qu'une seule thèse. Surtout, devant un parterre d'amateurs qui connaissent bien les dossiers, il a fait étalage de son ignorance et de son incapacité à manier des documents. A quelques indices ténus, le professeur Faurisson avait cru pouvoir dire, avant l'intervention du substitut, qu'il fallait faire attention et qu'il connaissait ses dossiers. On reconnaît là l'excessive bonté du professeur qui espère que ses élèves vont briller. Il a fallu déchanter et se rendre compte que ce mince paltoquet n'avait pas fait son travail, qu'il n'avait pas lu les livres qu'il aurait fallu lire, qu'il se noyait dans des verres d'eau asséchés depuis longtemps.

Franchement, nous avons dû pécher furieusement contre le Ciel pour avoir des adversaires aussi médiocres. Les plaidoiries de la défense ont été reportées au vendredi.

Le vendredi 16 janvier 1998

Commençons par le compte-rendu du Monde:

 

Les défenseurs de Roger Garaudy s'attaquent à la loi Gayssot

"UNE LOI de circonstance, scandaleuse, liberticide, scélérate, raciste, fasciste." L'avocat Jacques Vergès n'a pas trouvé d'épithètes plus forts pour qualifier la loi Gayssot qui permet de poursuivre quiconque nierait les crimes contre l'humanité commis par le régime nazi pendant la seconde guerre mondiale. C'est en vertu de ce texte [en fait l'article 24bis de la loi du 29 juillet 1881] que son client, le philosophe Roger Garaudy, comparaît depuis le 8 janvier devant la dix-septième chambre correctionnelle de Paris pour "complicité de contestation de crimes contre l'humanité".

Dès le premier jour de ce procès, Me Jacques Vergès avait vilipendé l'article 24bis. Ces nouvelles attaques, qui charpentaient, vendredi 16 janvier, l'essentiel de sa plaidoirie, n'ont donc étonné personne: ni le tribunal, ni les parties civiles, ni surtout un public largement acquis à la thèse qu'il s'apprête à défendre.

"C'est par définition une loi d'exclusion de tous les génocides sauf de celui des juifs ", explique-t-il avant de se tourner vers les avocats des parties civiles. "Quand vous nous parlez de Nuremberg, lance-t-il, pensez un peu aux autres, aux Aborigènes d'Australie, aux Tasmaniens, le génocide le plus parfait de l'Histoire, aux Ethiopiens, contre qui on a utilisé des gaz toxiques pendant la guerre, aux soldats polonais de Katyn, aux femmes et enfants de Hiroshima, aux victimes de la répression coloniale... "

La veille, Me Christian Charrière-Bournazel, l'un des avocats des parties civiles, avait évoqué la spécificité du génocide juif: "On a tué des juifs simplement parce qu'ils étaient juifs. »

"FIGER l'HISTOIRE"

Mais Jacques Vergès n'en démord pas. "Non seulement cette loi heurte le principe d'égalité mais aussi le principe de liberté d'opinion, poursuit-il. Toute décision peut être discutée, sauf celles de Nuremberg. Cette loi prétend figer l'Histoire alors que l'Histoire est perpétuelle révision. En l'acceptant, on accepte de se mettre au service d'une vision officielle des choses"

A en croire Jacques Vergès, son client serait donc victime d'une "discrimination", d'un "procès en sorcellerie".

Le jugement sera rendu le 27 février

Acacio Pereira (Le Monde, 18-19 janvier 1998)


On voit bien que les Portugais se lèvent tard. Le type n'est pas venu le matin faire son boulot, c'est patent.

Nous avons le compte-rendu suivant:

"Peu de monde ce matin. Maître Delcroix, avocat de Pierrre Guillaume a fait un exposé contre la loi Fabius-Gayssot, une loi tyrannique qui prétend imposer au juge un jugement fait d'avance. Il a demandé que l'on ne refasse pas un procès Galilée. (On remarque que beaucoup de gens utilisent le parallèle avec le procès Galilée, sans avoir la moindre notion de ce qu'a été véritablement cette affaire, sans avoir lu les travaux récents qui en traitent et en se contentant de répéter la version enfantine, simpliste et totalement fausse qu'en véhiculent les Brecht et autres anticléricaux incultes. Il faudrait que cela cesse, car ce qui se dit ainsi n'a aucun rapport avec aucune réalité d'aucune sorte.]

Les révisionnistes sont probationnistes: ils demandent des preuves."

Me Delcroix plaidait pour Pierre Guillaume que l'on a entendu dire: "Les juifs sont des gens comme les autres, le malheur de certains d'entre eux, c'est qu'ils ne le pensent pas." Un autre avocat était venu soutenir sa cause, Maitre Ballan, d'origine roumaine et juive. D'après des témoins, il a "fait le juif" en se plaignant affreusement de ce fardeau que serait le condition juive et en confirmant qu'il n'était nullement révisionniste. Ses gémissements ont complètement interloqué les avocats des parties civiles; il reprenait leur antienne tout en réclamant pour Guillaume la liberté d'expression dont les autres fanatiques veulent absolument le dépouiller. Garaudy eut pour sa part des intervention de plusieurs avocats arabes, un Marocain, Me Khalid Al Sufyani et un Egyptien, Me Ali El Ghalite. "Je répète que je défie quiconque de trouver dans mon livre un seul passage où le mot "juif" serait employé dans un sens péjoratif. Ce que je critique, c'est une politique", a répété Roger Garaudy. Sa prochaine condamnation lui apprendra qu'il est inutile de s'accrocher à de pareilles niaiseries.

 

Tout cela laisse une grande impression de sempiternelle répétition et d'absence de vigueur. La raison serait à trouver d'abord dans le livre même de Garaudy qui n'est qu'une compilation hâtive et sommaire dont le mérite aura été de mettre le feu à pas mal de poudres, surtout par l'intervention d'un saint en chair et en os, l'abbé Pierre. Se défendre sur la base de la liberté d'expression ne rime pas à grand chose, il y a bien longtemps que cette liberté a été foulée aux pieds par la gauche et par la droite aussi qui a refusé de la soumettre la loi Gayssot au Conseil constitutionnel où elle aurait été à coup sûr invalidée.

Prétendre que l'on n'avait pas enfreint la loi Gayssot n'était pas beaucoup plus malin. Affirmer que l'on a des cautions morales dans un passé politique connu, ou dans des appuis religieux ne mène non plus à rien puisque les instances qui légitiment ou délégitiment ceux qui apparaissent sur la scène médiatique étaient toutes rangées dans le marécage des parties civiles.

Autrement dit, avant même l'ouverture du débat, tout les praticiens savent que les jeux sont faits, que le jugement est déjà écrit, que tout ce théâtre n'a qu'une fonction de mise en scène de l'idéologie judéo-centrique, que l'ont peut attendre de ce qui s'appelle pompeusement la justice une nouvelle atteinte à nos droit les plus élémentaires, avec la caution de la loi. On n'a jamais vu un révisionniste gagner un procès. Pourtant, le révisionnisme fait des progrès géants, on l'a bien vu à la diversité du public et la fréquentation des sites Internet le démontre tous les jours. Une certaine émotion s'est fait jour dans certains secteurs du monde arabe. Le bédouin voudra-t-il quitter la mollesse de ses tapis, et sortir de sa tente pour voir ce qui se passe dans le vaste monde? Ou est-ce un feu de paille? Les mois à venir le diront.

Jugement-bidon fin février.

Additif

Le Monde des 1er et 2 février 1998 procure une lettre collective intitulée "Détournement de sens". Elle dit ceci: "Dans son édition du 13 janvier, Le Monde a titré un article rapportant divers soutiens arabes à Roger Garaudy de la manière suivante: "Le philosophe antisioniste Roger Garaudy reçoit le soutien de journaux arabes". Ce titre ne présente pas, sur l'affaire qu'il traite, les qualités d'objectivité dont vous vous réclamez. En qualifiant Roger Garaudy de "philosophe antisioniste", vous le présentez par le qualificatif dont Roger Garaudy désire être désigné.

"Vous auriez pu vous limliter aux mots "le philosophe Roger Garaudy...", ou encore titrer "le philosophe antijuif". L'adjectif "antisioniste" ne sert ici que de masque lexical pour un projet qui a peu de chose à voir avec la critique de la politique de l'actuel gouvernement de l'Etat d'Israël, ni mêrme la critique de ses principes fondateurs. Utiliser l'euphémisme "antisioniste" dans votre titre confine au détournement de sens tout comme le titre de "philosophe" semble impropre pour les travaux de M. Garaudy. Vous avez donc fait un choix qui met en cause la déontologie journalistique et dont les effets politiques sont particulièrement graves. L'honnêteté intellectuelle est d'abord une question de vocabulaire."

C'est signé: Elisabeth de Fontenay, Alain Finkelkraut. Henri Raczymow, Jacques Tarnero, Michel Zaoui.

Ces gens, qui ne voudraient donc sans doute pas être qualifiés de sionistes, préféreront sans doute qu'on les appelle "juifs", pour ne pas mettre de masque lexical sur leur démarche. Ceci concerne évidemment aussi Mme de Fontenay qui porte un patronyme de duchesse balzacienne mais qui apparaît toujours comme la suivante de Finkelkraut quand il veut se donner des gants beurre frais pour ses interventions de harcèlement sioniste. Tarnero a témoigné contre Garaudy. Raczymow veint de se signaler par une attaque hystérique contre ceux qui parteraient atteinte au sacrosaint dogme de l'unicité de la Shoah. Zaoui plaide contre Papon. Les imbéciles du Monde ont aussitôt présenté leurs plus plates excuses. Le journal "prenait à son compte, écrit le valet de service, d'une manière injustifiée, la version donnée par le prévenu. Ce titre était donc pour le moins malheureux". D'ailleurs, dit-il, Lanzmann leur a téléphoné dans le même sens. On sait que le pauvre Lanzmann, ne sachant pas écrire, téléphone.

Voilà une petite bande qui se réunit et qui décide comment les gens doivent être nommés dans les journaux. Ils se font les garants de la déontologie journalistique, un truc totalement bidon, alors qu'ils ne sont pas même journalistes, mais notables du monde des lettres. Ils tombent assez mal. Les antisémites existent, sans aucun doute. Certains, probablement, se cachent derrière le vocable "antisioniste". Ils sont bien obligés de se cacher, loi Pleven oblige. Si on préfère qu'ils ne se cachent pas, il n'y a qu'à abolir la loi Pleven. C'est simple. Mais dans le cas de Garaudy, ces vestales de la sémiologie se trompent complètement: Garaudy est une sorte de monothéiste qui est bien obligé de prendre le judaisme au sérieux. Sa conviction théologique est que les juifs sont porteurs de quelque chose qui a rapport au divin. Inutile de dire que nous tenons de telles propositions pour pures sornettes. Mais Garaudy ne peut pas être antijuif. C'est même probablement son amour immodéré pour les grandeurs, de lui connues, du judaisme qui le pousse à fustiger l'Etat d'Israêl, qui représente aux yeux de beaucoup de juifs religieux eux-même l'antithèse du judaisme comme spiritualité (coups de matraque, tortures, assassinats). Il écrit un livre qui n'est "révisionniste" que pour une petite partie. Tout le reste traitre des "fondements" de l'Etat d'Israël.

Etat qu'il rejette. Or le fondement, c'est exactement le sionisme. La démarche de cette petite bande de politico-sémanticiens consiste en fait à interdire à quiconque l'emploi du terme sioniste. Seuls les sionistes auraient le droit de se caractériser ainsi, entre eux, droit refusé à leurs critiques qui ne pourraient pas se réclamer de l'antisionisme, masque lexical par nature. Donc personne n'a la droit d'employer le terme de "sioniste", à part les authentiques sionistes qui n'ont aucune raison de faire étalage de cette qualité dans le monde supposé hostile des non-juifs. Donc au conflit politique que l'on croyait produit par l'antagonisme entre les sionistes, qiui veulent s'approprier la Palestione, et les anti-sionistes qui entendent s'y opposer, nos sémanticiens de salon préfèrent opposer les juifs et les antisémites.

Il y a belle lurette que nous avons compris qu'il fallait inverser la proposition qu'un certain penseur myope appelé Jean-Paul Sartre avait formulée dans sa profonde ignorance des réalités sociales: il disait que le juif est constitué par le regard de l'antisémite. On a ici une preuve parmi mille autres que la réalité est exactement à l'opposé: ce sont DES juifs qui inventent et constituent les antisémites. ils essaient de donner un corps à leur phantasme. On ne doute pas qu'ils parviennent effectivement à susciter l'antisémitisme. Tout obervateur sait que les grands procès, du genre Barbie, Touvier et autres Papon créée de nouvelles générations de gens qui en apprennent à la fois le dégoût de ce qu'ils perçoivent comme une domination idéologique liée aux juifs et le besoin de la cacher en raison de la répression très perceptible qui l'entoure. L'insolence de ces pseudo-intellectuels est une marque de ce désir de domination du sens des mots et de l'impunité que leur assure la terreur qui règne dans le monde des lettres, des arts et des spectacles.

 

(6 février 1998)


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