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"La force du poing juif vient du gant d'acier américain qui le recouvre, et des dollars qui le capitonnent."
Source: Yeshayahou Leibowitz, Judaïsme et Israël, p. 253.
En ce qui concerne les sommes versées par l'Allemagne à l'Etat d'Israël, je laisse la parole à celui qui fut le principal négociateur du montant des réparations, M. Nahum Goldman, qui en a relaté le détail dans son "Autobiographie" qu'il m'a amicalement dédicacée le 23 avril 1971, pour me remercier des missions que j'avais accomplies, sur sa demande, deux ans plus tôt, auprès de Nasser, après la guerre des Six jours.
"Au début de l'année 1951, Israël entra pour la première fois en scène en adressant aux quatre Alliés deux notes dans lesquelles les revendications juives concernant les dédommagements par la nouvelle Allemagne se montaient à la somme d'un milliard et demi de dollars sur laquelle une moitié devait être payée par l'Allemagne de l'Ouest et l'autre par l'Allemagne de l'Est. Ce total se fondait sur le calcul suivant:
Israël avait accueilli cinq cent mille Juifs environ, et la réintégration économique d'un fugitif coûtait environ trois mille dollars. Ayant sauvé ces victimes du nazisme, ayant assumé personnellement une énorme charge financière, Israël s'estimait en droit d'imposer ses exigences au nom du peuple juif bien que sans base légale, puisque l'Etat juif n'existait pas sous le régime nazi." (p. 262).
"C'est dans ces circonstances que le ministre israélien des Affaires Etrangères s'adressa à moi au cours de l'été 1951 en tant que président de la Jewish Agency pour la Palestine et me demanda de convoquer à une conférence les grandes organisations juives des Etats-Unis, des pays du Commonwealth britannique et de France, afin d'appuyer les revendications israéliennes et de trouver un moyen pour les faire admettre." (p. 263).
"Les négociations que nous envisagions devaient être d'une nature très particulière. Elles n'avaient aucun fondement juridique.." (p. 268).
"Avec beaucoup de courage et de grandeur, le chancelier fédéral avait accepté comme base de la discussion la somme d'un milliard de dollars mais je savais qu'un parti hostile à une addition aussi gigantesque s'était déjà formé au sein du gouvernement, parmi les chefs de partis politiques, dans le monde de la banque et de l'industrie. Il me fut répété de côtés très différents qu'il était inutile de compter sur des sommes même approchantes."
"Dans la première phase des négociations entre les Allemands et la délégation de la Claims Conference, on en vint à un accord général au sujet des indemnisations et de la législation réglementant les dédommagements. On remit à une phase ultérieure le problème de la revendication globale se montant à une somme de cinq cents millions de marks...".
"Après de longues conversations, cette partie des entretiens se termina par l'accord de la délégation allemande qui s'engageait à recommander auprès du gouvernement une revendication israélienne de trois milliards de marks (25 % de moins que ce que nous avions demandé)." (p. 272).
"Je dus me rendre à nouveau à Bonn le 3 juillet où je fis la concession suivante: 10 % des cinq cents millions seraient destinés aux victimes non juives du nazisme et répartis par le gouvernement allemand lui-même." (p. 282).
"...les traités devaient être signés le 10 septembre 1952 à Luxembourg; le chancelier représenterait l'Allemagne, le ministre des Affaires étrangères Moshé Sharett, Israël, et moi-même la Claims Conference." (p. 283).
"...les livraisons allemandes ont été un facteur décisif dans l'essor économique d'Israël pendant ces dernières années. Je ne sais pas quel aurait été le sort d'Israël dans certains moments critiques de son économie, si l'Allemagne n'avait pas tenu ses engagements. Les voies ferrées, les téléphones, les installations portuaires, les systèmes d'irrigation, des branches tout entières de l'industrie et de l'agriculture ne seraient pas dans leur état actuel sans les réparations allemandes. Enfin, des centaines de milliers de victimes juives du nazisme ont reçu ces dernières années des sommes importantes au titre de la loi d'indemnisation." (p.?86).
"Lorsque le matin de mon arrivée je me rendis chez le premier ministre israélien David Ben Gourion, celui-ci vint à moi avec un air solennel: "Toi et moi avons eu le bonheur de vivre deux miracles, la création de l'Etat d'Israël et la signature de l'accord avec l'Allemagne. J'ai été responsable du premier et toi du second." (p. 284).
Source: Nahum Goldman: Autobiographie. Ed. Fayard, Paris. 1969.
Dans un autre de ses livres: The Jewish Paradox, Nahum Goldman ne raconte pas seulement ses négociations avec l'Allemagne, mais la manière dont il tira aussi des "réparations" de l'Autriche et du Chancelier Raab. Il dit au Chancelier: "Vous devez payer des réparations aux juifs!"
-- "Mais nous avons été victimes de l'Allemagne!" dit Raab.
Et Goldman reprit: "En ce cas je vais louer le plus grand cinéma de Vienne, et, chaque jour, je passerai le film montrant l'entrée des troupes allemandes et d'Hitler, dans Vienne, en mars 1938."
Raab dit alors: "D'accord, vous aurez votre argent!"
C'était de l'ordre de 30 millions de dollars. Un peu plus tard Goldman revint: "Il faut 30 millions de plus!"
-- "Mais, dit Raab, nous étions d'accord pour seulement 30 millions"
"Maintenant, vous devez donner plus!" dit Goldman, et il les obtint. Il revint une troisième fois et obtint la même somme (31.8507).
Il y eut deux autres sources de financement de ce que certains appelaient "le miracle israélien" sur le plan économique, et aussi du gigantesque armement (y compris nucléaire) de l'Etat d'Israël, qui rend dérisoire l'image si souvent utilisée d'un petit David avec sa fronde en face du géant Goliath. Dans les guerres actuelles, la force ne se mesure pas à la quantité de soldats mobilisables, mais à l'équipement technique de l'armée: celle d'Israël, grâce aux flux financiers qui ont déferlé sur le pays, dispose d'une puissance de frappe infiniment supérieure à celle de tous les Etats arabes réunis.
Outre les "réparations", Israël dispose d'un approvisionnement pratiquement illimité, en armes et en argent, venant pour l'essentiel des Etats-Unis, où son lobby tout puissant s'est révélé particulièrement efficace, et aussi des dons venus de la "diaspora".
M. Pinhas Sapir alors Ministre des finances d'Israël, à Jérusalem, a révélé en 1967, à la "Conférence des milliardaires juifs" (sic), que de 1949 à 1966, l'Etat d'Israël a reçu 7 milliards de dollars.
Source: The Israeli Economist de septembre 1967, No 9.
Le Docteur Yaakov Herzog, Directeur général du cabinet du Premier Ministre israélien, définit ainsi le but de ces réunions: "Examiner comment attirer de plus importants investissements en Israël, et mêler étroitement à l'économie israélienne les détenteurs de capitaux juifs résidant à l'étranger, en sorte qu'ils aient un sentiment immédiat de responsabilité et de participation... Nous planifions maintenant autre chose: une espèce de dialogue grandiose sur l'identification de la Diaspora avec Israël, dans le cadre de la lutte contre l'assimilation à l'étranger."
L'opération s'est révélée payante, puisque les organisations juives américaines envoient chaque année, en moyenne, un milliard de dollars à Israël. (Ces contributions, considérées comme "charitables", sont déductibles de la feuille d'impôts du donateur, c'est-à-dire qu'elles retombent sur le contribuable américain, même si elles servent à épauler "l'effort de guerre" d'Israël. Mais l'essentiel vient, néanmoins, directement de l'Etat américain, dont "l'aide" s'élève à plus de trois milliards de dollars par an).
Près de la moitié de cette aide -- officielle -- consiste en dons et en "prêts" qui sont "oubliés" très vite... Le reste va s'ajouter à la dette étrangère israélienne, qui est en accroissement rapide, et approche actuellement de vingt milliards de dollars -- soit une moyenne, sans précédent, de cinq mille dollars par tête d'habitant.
L'essentiel de cette aide annuelle est constitué par des livraisons d'armements, pour lesquelles le Congrès, soucieux d'en limiter le caractère spectaculaire, et d'éviter les critiques du public, a prévu un mode spécial de financement dans son Arms Export Control Act, de 1976.
Pour mesurer la signification de ces chiffres de financement extérieur, il suffit de rappeler que l'aide du Plan Marshall, accordée de 1948 à 1954 à l'Europe de l'Ouest, a atteint treize milliards de dollars, c'est-à-dire que l'Etat d'Israël a reçu pour moins de deux millions d'habitants, plus de la moitié de ce qu'ont reçu deux cent millions d'Européens. C'est-à-dire cent fois plus, par tête d'habitant, que les Européens.
Deuxième élément de comparaison: la moyenne de l'aide annuelle reçue par les "pays sous-développés" durant la période 1951-1959 n'a pas dépassé 3.164 milliards de dollars alors qu'Israël, avec (à cette époque) 1,7 millions d'habitants, en recevait 400 millions, c'est-à-dire qu'avec moins d'un millième de la population "sous-développée" du globe, Israël a reçu un dixième du total. Deux millions d'Israéliens ont reçu, par tête, cent fois plus que deux milliards d'habitants du Tiers Monde.
Toujours pour donner des comparaisons claires: les sept milliards de dollars reçus, en dix-huit ans, comme don, par Israël, représentent plus que le total du revenu national annuel du travail de l'ensemble des pays arabes voisins (Egypte, Syrie, Liban, Jordanie), qui était, en 1965, de six milliards.
Si l'on tient compte de la seule contribution américaine, l'on s'aperçoit que, de 1948 à 1967, les Etats-Unis ont donné 435 dollars à chaque Israélien, et 36 dollars à chaque Arabe, ou, en d'autres termes, que l'on attribue à 2,5% de la population 30% de l'aide attribuée aux 97,5% restant.
Source: D'après les statistiques de l'O.N.U. parues dans "Le courant international des capitaux à long terme et les donations publiques" (1951-1959) Citées par Georges Corm dans Les Finances d'Israël (IPS, 1968).
Mais les méthodes de financement de l'Etat d'Israël sont plus ambitieuses encore: elles tendent à créer, en faveur de cet Etat, un réseau financier mondial dont il orienterait les investissements. (A l'occasion, en 1967, de la première "Conférence des milliardaires juifs").
Une récente thèse de doctorat, présentée à l'Université de Paris II, par Monsieur Jacques Bendélac, et publiée sous le titre: "Les fonds extérieurs d'Israël" fournit sur ces différents aspects des finances israéliennes des chiffres précis, tirés de sources irrécusables.
Source: Jacques Bendélac: Les fonds extérieurs d'Israël, Ed. "Economica". Paris, 1982.
L'auteur s'attache essentiellement à l'étude des rapports entre les contributions de la Diaspora et l'aide directe du gouvernement américain.
Il caractérise ainsi l'évolution de ces rapports: "Si la Diaspora était, jusqu'à une date récente (les années 70), le principal fournisseur de capitaux d'Israël, la tendance actuelle indique que l'aide gouvernementale américaine, (2 milliards de dollars par an environ), dépasse largement les contributions financières de la Diaspora (environ 900 millions de dollars par an)."
C'est ainsi que, pour l'année fiscale 1980, la vente d'un milliard de dollars d'armements a été autorisée au profit d'Israël. Mais, tout de suite après ces livraisons, la moitié de la somme -- cinq cents millions, consentis sous forme de prêts -- était effacée... et le reste venait grossir la dette d'Israël vis-à-vis du gouvernement américain... Une dette pour le remboursement de laquelle il bénéficie de délais de grâce de plus de dix ans. De plus, compte tenu de l'aggravation constante de la situation économique d'Israël depuis 1973, ces remboursements sont fictifs, dans la mesure où les versements sont aussitôt compensés par une nouvelle aide annuelle accrue des Etats-Unis.
Source: T. Stauffer, Christian Science Monitor du 20 décembre 1981.
Déjà, lors de l'agression israélienne de 1956 contre l'Egypte, l'apport américain en armement était gigantesque; le sioniste Michel Bar Zohar écrit: "A partir du mois de juin, des quantités énormes d'armement commencèrent à affluer en Israël, aux termes d'un accord ultra-secret, et ces livraisons ne seront connues ni de Washington, ni de l'organisme anglo-franco-américain chargé de veiller sur la balance des forces au Moyen-Orient, ni par le Quai d'Orsay, jalousement opposé à un rapprochement trop risqué avec Israël, qui compromettrait ce qui reste de liens entre la France et sa clientèle arabe."
Source: Michel Bar Zohar: Ben Gourion, le Prophète armé, Ed. Fayard, Paris, 1966, Chapitre 27.
Une deuxième source financière est constituée par les Bons de l'Etat d'Israël, titres en dollars, vendus à l'étranger, mais dont le remboursement et les intérêts sont payés en monnaie israélienne.
Ces bons (dont 99,8%, en 1951, étaient vendus aux Etats-Unis, et encore 80% en 1978) ont mis à la disposition de l'économie israélienne plus de 5 milliards de dollars.
Source: State of Israël Bonds, Jerusalem-New-York, Americ. Jewish Yearbook, 1972, p. 273; 1978, p. 205; 1980, p. 153.
Entre les "dons" et les "bons", l'Etat sioniste a reçu, de 1948 à 1982, près de onze milliards et demi de dollars.
Source: Statistical abstract of Israël (annuel) et Bank of Israël, Annual Reports.
Une telle efficacité implique ce que M. Bendélac appelle la "collusion entre le pouvoir et le monde de la finance" dans le mouvement sioniste. Il en donne, pour la France, une illustration saisissante, en 1982:
"Guy de Rothschild est président du Fonds Social Juif Unifié et de l'A.U.J.F.;
David est trésorier du F.S.J.U. et membre français du Conseil d'administration de l'Agence juive;
Alain a été président du Conseil Représentatif des Institutions juives de France et du Consistoire Israélite Central;
Elie est président du Comité exécutif de l'A.U.J.F.;
Edmond est président de l'Organisation Européenne des Bons d'Israël;
enfin Alix de Rothschild était présidente mondiale de l'"Aliya des Jeunes"."
Source: Bendélac, op. cit. p. 76.
Mais la dépendance est plus grande encore à l'égard du gouvernement américain, surtout depuis les années 70.
"Au moment de la guerre des Six Jours, le déficit extérieur atteignait 700 millions de dollars, et dépassa le milliard de dollars au début des années soixante-dix. L'apport financier du judaïsme mondial ne suffisait plus à satisfaire les besoins en capitaux de l'économie israélienne; il fallut alors faire appel à l'aide du gouvernement américain, qui fournit d'abord des crédits militaires, avant d'étendre son aide au secteur économique, après la guerre du Kippour. Cet apport de capitaux du gouvernement américain se traduisit par un accroissement spectaculaire de l'endettement extérieur d'Israël, qui dépassait les 20 milliards de dollars en 1982. Ainsi, la détérioration de l'aide financière de la Diaspora, depuis le début des années soixante-dix, peut s'analyser par rapport à deux aspects de la dépendance économique d'Israël: l'aide gouvernementale américaine, et le poids de la dette extérieure.".
Source: Bendélac, op. cit. p. 79.
Depuis 1948, l'aide du gouvernement américain à Israël a atteint près de 18 milliards de dollars, répartis, à parts égales entre prêts et dons, les deux-tiers étant destinés à des fins militaires.
Source: jusqu'en 1977: Trésor, Division des échanges extérieurs. De 1978 à 81. Ambassade des Etats-Unis (Tel-Aviv).
L'accélération de cette aide est vertigineuse: en général inférieure à 100 millions de dollars jusqu'en 1975, et à 2 milliards de dollars jusqu'en 1981. En janvier 1985 l'Etat d'Israël réclame encore 12 milliards de dollars pour 8 ans.
Quant à la dette extérieure, elle passe de 6 milliards de dollars en 1973, à 10 milliards en 1976, à 17 milliards de dollars au 1er janvier 1981, soit le chiffre record de 4 350 dollars par habitant!
L'aide s'accroît avec les contrats de sous-traitance, notamment pour l'aviation (par exemple, la Israël Aircraft Industries reçoit des contrats de fabrication d'éléments pour les F-4 et F-15).
Enfin l'aide économique comporte des facilités accordées aux exportations israéliennes aux USA, qui bénéficie des tarifs préférentiels des "pays en voie de développement", moyennant quoi 96% de ces exportations (un milliard de dollars) entrent aux Etats-Unis libres de toutes taxes.
En bref, un seul chiffre suffit à définir le caractère de l'Etat sioniste d'Israël: le total de "l'aide" officielle américaine qu'il reçoit, à elle seule, correspond à plus de 1 000 dollars par tête d'habitant, c'est-à-dire, comme pourboire ajouté à son revenu national, plus de trois fois le revenu national brut, par tête d'habitant, de l'Egypte, et de la plupart des pays africains.
Le Professeur Yeshayahou Leibowitz, de l'Université hébraïque de Jérusalem, qui composa un ouvrage majeur sur La Foi de Maïmonide, (traduit en français en 1992, à Paris, aux Editions du Cerf), et dirigea pendant vingt ans la composition de l'Encyclopédie hébraïque, dans son livre: Israël et Judaïsme, paru en hébreu, à Jérusalem, en 1987, (et traduit en français, aux Editions Desclée de Brouwer en 1993, peu avant sa mort), résume ainsi, du point de vue d'un juif ulcéré dans sa foi de sioniste religieux vivant en Palestine depuis 1934, son opinion sur le sionisme politique:
"Notre système est pourri à la base" (p. 255). Et ceci pour deux raisons:
1·- "Le malheur provient de ce que tout s'articule au problème de la Nation et de l'Etat." (p.182). Si l'Etat et la Nation sont tenus pour une fin en soi, alors "le judaïsme est rejeté puisque le plus important c'est l'Etat d'Israël" (p. 182).
"Le nationalisme est la destruction de l'essence de l'homme." (p. 182) "L'Etat d'Israël n'est pas un Etat qui possède une armée, mais une armée qui possède un Etat." (p. 31).
2·- La dépendance de cet Etat à l'égard des Etats-Unis "Chez nous l'effondrement total peut se produire en une nuit: conséquence de la stupidité totale qui fait dépendre toute notre existence de l'aide économique américaine." (p. 225).
"Les Américains ne sont intéressés que par l'idée de maintenir ici une armée de mercenaires américains sous l'uniforme de Tsahal" (p. 226). La force du poing juif vient du gant d'acier américain qui le recouvre, et des dollars qui le capitonnent." (p. 253).
a) -- Du bon usage des mythes comme étapes de l'humanisation de l'Homme
Tous les peuples, avant même la découverte de l'écriture, ont élaboré des traditions orales, reposant parfois sur des événements réels, mais ayant pour caractère commun de donner une justification souvent poétique de leurs origines, de leur organisation sociale, de leurs pratiques cultuelles, des sources du pouvoir des chefs ou des projets futurs de la communauté.
Ces grands mythes jalonnent l'épopée de l'humanisation de l'homme, exprimant, par le récit des exploits d'un dieu ou d'un ancêtre légendaire, les grands moments de la levée de l'homme prenant conscience de ses pouvoirs et de ses devoirs, de sa vocation au dépassement de sa condition présente, à travers des images concrètes, nées de son expérience ou de ses espérances; il projette un état ultime de l'avenir où seraient accomplis tous ses rêves de bonheur et de "salut".
Pour ne retenir que quelques exemples empruntés aux divers continents, le Ramayana de l'Inde nous donne, à travers le récit des épreuves et des victoires de son héros Rama et de son épouse Sita, la plus haute image de l'homme et de la femme, leur sens de l'honneur, de la fidélité aux exigences d'une vie sans tache. Le nom même du héros Rama est proche de celui de Dieu: Ram. La puissance du mythe est telle, très au-delà du récit, qu'elle inspirera pendant des millénaires la vie des peuples en élevant une image grandiose de l'homme à l'horizon de leur vie: des siècles après la version de Valmiki, rassemblant par l'écriture les plus belles traditions orales, le poète Tulsidas, au XVème siècle, réécrira le Ramayana en fonction d'une vision mystique plus profonde, le poème toujours inachevé de l'ascension humaine, et lorsque, en mourant, Gandhi bénira son assassin, c'est le nom de Ram qui, le dernier, sortira de ses lèvres.
Il en est de même du Mahabaratha, culminant dans la Bhagavad Gita, où le prince Arjuna se pose, en pleine bataille de Kurukshetra, la question ultime du sens de la vie et de ses combats.
Dans une autre civilisation, c'est-à-dire dans une autre conception des rapports de l'homme avec la nature, avec les autres hommes et avec Dieu, l'Iliade, dont toutes les traditions orales populaires sont attribuées à un auteur qui leur a donné une forme écrite, Homère (comme Valmiki pour le Ramayana) projette l'image la plus haute que l'on pouvait dresser de l'homme, à travers, par exemple, le personnage d'Hector marchant à la mort prédestinée d'un pas inflexible pour le salut de son peuple.
De même le "Prométhée" d'Eschyle deviendra, plus de deux millénaires plus tard, au XIXe siècle, avec le "Prométhée Déchaîné" de Shelley, le symbole éternel de la grandeur des luttes libératrices, comme l'appel d'Antigone à ces "lois non-écrites" dont l'écho n'a cessé de retentir dans la tête et le coeur de tous ceux qui entendent "vivre haut", plus haut que les écritures, les pouvoirs et les lois.
Les grandes épopées initiatiques de l'Afrique comme celles du Kaydara, dont, en les faisant passer de la tradition orale des griots à l'oeuvre écrite, Hampaté Ba s'est fait l'Homère ou le Valmiki de l'Afrique, comme les auteurs anonymes de l'Exode des tribus aztèques, ou comme Goethe en qui mûrit, pendant sa vie entière, "Faust", le mythe de tous les vouloirs du XIXe siècle européen, ou comme Dostoïevski écrivant, avec son roman "L'Idiot", sous les traits du prince Muichkine, une version nouvelle de la vie de Jésus, briseur de toutes les idoles de la vie moderne, semblable à cette autre vie de Jésus à travers les aventures de Don Quichotte, le chevalier Prophète, se heurtant sans faiblir à toutes les institutions d'un siècle qui voyait naître le règne nouveau de l'argent, où une générosité sans peur et sans reproche ne pouvait aboutir qu'à la dérision et à l'échec.
Ce ne sont là que des exemples de cette "Légende des siècles" qui sonne une fois encore le réveil des hommes avec Victor Hugo.
Leur ensemble constitue la véritable "histoire sainte" de l'humanité, l'histoire de la grandeur de l'homme, s'affirmant, même à travers ses tentatives avortées, pour dépasser les coutumes et les pouvoirs.
Ce que l'on appelle "L'Histoire", est écrite par les vainqueurs, les maîtres des empires, les généraux ravageurs de la terre des hommes, les pillards financiers des richesses du monde assujettissant le génie des grands inventeurs de la science et des techniques à leur oeuvre de domination économique ou militaire.
De ceux là, les traces sont restées, inscrites dans des monuments de pierre, des forteresses, des arcs de triomphe, des palais, dans des écrits à leur gloire, dans les images ciselées dans la pierre, comme à Karnak, bande dessinée des férocités de Ramsès, ou dans les mémoires apologétiques des chroniqueurs comme Guibert de Nogent, chantre des Croisades, ou dans les mémoires des rapaces de la domination, comme la "Guerre des Gaules" de Jules César, ou le "Mémorial de Saint-Hélène" où Napoléon vantant avec la plume complaisante de Las Cases, les exploits par lesquels il a laissé une France plus petite qu'il ne l'avait trouvée.
Cette histoire ne dédaigne pas, au passage, de mettre à son service les mythes, en les enchaînant à son char de victoire.
b) -- Le mythe déguisé en histoire et son utilisation politique
La lecture de ce livre, Les Mythes fondateurs de la politique israélienne ne doit créer aucune confusion, ni religieuse, ni politique.
La critique de l'interprétation sioniste de la Thora, et des "livres historiques", (notamment ceux de Josué, de Samuel et des Rois) n'implique nullement une sous-estimation de la Bible et de ce qu'elle a révélé, elle aussi, sur l'épopée de l'humanisation et de la divinisation de l'homme. Le sacrifice d'Abraham est un modèle éternel du dépassement par l'homme de ses provisoires morales et de ses fragiles logiques au nom de valeurs inconditionnelles qui les relativisent. De même que l'Exode demeure le symbole de l'arrachement à toutes les servitudes, de l'appel irrésistible de Dieu à la liberté.
Ce que nous rejetons, c'est la lecture sioniste, tribale et nationaliste, de ces textes, réduisant l'idée géante de l'Alliance de Dieu avec l'homme, avec tous les hommes, et de sa présence en tous, et en tirant l'idée la plus maléfique de l'histoire humaine: celle de peuple élu par un Dieu partial et partiel (et donc une idole) justifiant par avance toutes les dominations, les colonisations et les massacres. Comme si, dans le monde, il n'y avait d'"Histoire sainte" que celle des Hébreux.
De ma démonstration, dont nul chaînon ne fut apporté sans en donner la source, ne découle nullement l'idée de la destruction de l'Etat d'Israël mais simplement sa désacralisation: cette terre, pas plus qu'aucune autre, ne fut jamais promise mais conquise, comme celle de la France, de l'Allemagne ou des Etats-Unis, en fonction des rapports de force historiques en chaque siècle.
Il ne s'agit pas de refaire indéfiniment l'histoire à coups de canon, mais simplement d'exiger, pour tous, l'application d'une loi internationale qui n'éternise pas des rapports de jungle.
Dans le cas particulier du Proche Orient, il s'agit simplement d'appliquer les décisions de partage prises par l'O.N.U. au lendemain de la dernière guerre et la décision 242, qui excluait à la fois le grignotage des frontières des pays voisins et la captation de leurs eaux, et l'évacuation des territoires occupés. L'implantation, dans les zones illégalement occupées, de colonies protégées par l'armée israélienne et l'armement des colons, c'est la perpétuation de fait d'une occupation qui rend impossible une paix véritable et une cohabitation pacifique et durable de deux peuples égaux et indépendants, paix qui serait symbolisée par le respect commun, sans prétention à une possession exclusive de Jérusalem, lieu de rencontre des trois religions abrahamiques.
De même la critique du mythe de l'Holocauste n'est pas une comptabilité macabre du nombre de victimes. N'y eût-il qu'un seul homme persécuté pour sa foi ou son appartenance ethnique, il n'y aurait pas moins eu un crime contre l'humanité tout entière.
Mais l'exploitation politique, par une nation qui n'existait pas lorsque furent commis les crimes, de chiffres arbitrairement exagérés pour tenter de prouver que la souffrance des uns était sans commune mesure avec celle de tous les autres, et la sacralisation (par le vocabulaire religieux lui-même -- celui d'"Holocauste") tend à faire oublier des génocides plus féroces.
Les plus grands bénéficiaires en étaient les sionistes, se donnant pour les victimes exclusives, créant, dans la foulée, un Etat d'Israël, et, malgré les 50 millions de morts de cette guerre, en faisant la victime quasi unique de l'hitlérisme, et le plaçant, à partir de là, au-dessus de toute loi pour légaliser toutes ses exactions extérieures ou intérieures.
Il ne s'agit pas non plus d'accuser de mauvaise foi les millions d'honnêtes gens qui ont cru à ces mythologies menteuses propagées par tous les médias et justement indignées, par exemple, par le martyre des chambres à gaz, ou convaincus par une lecture littérale de la Bible, totalement ignorante de l'exégèse moderne, de la véracité des promesses divines faites à un peuple élu. Pendant plus d'un millénaire (du IVème siècle à la Renaissance) des chrétiens pieux ont cru à la "donation" par Constantin des Etats du Pape au Pontife romain. Le mensonge a régné mille ans.
Ma propre grand-mère a vu, de ses yeux vu, comme des milliers de gens de bonne foi, une Croix de sang s'élever dans le ciel dans la nuit du 2 août 1914. Elle y a cru jusqu'à sa mort.
Le présent livre n'a d'autre objet que de donner à tous les éléments leur permettant de juger les méfaits d'une mythologie sioniste qui, inconditionnellement soutenue par les Etats-Unis, a déjà engendré 5 guerres et constitue, par l'influence qu'exerce son lobby sur la puissance américaine et par là, sur l'opinion mondiale, une menace permanente pour l'unité du monde et de la paix.
c) -- Les faussaires et l'histoire critique
Enfin, il s'agissait pour nous -- en donnant, pour la plus minime information, la source et la preuve de ce que nous affirmions -- de nous séparer radicalement de tous les faux destinés à jeter le discrédit sur une religion ou une communauté, et à appeler contre elle la haine et la persécution .
Le modèle de ce genre d'infamie est le "Protocole des sages de Sion", dont j'ai, dans mon livre: Palestine, terre des messages divins, longuement démontré (p. 206 à 214), les procédés policiers de fabrication en m'inspirant de l'irréfutable démonstration que fit Henri Rollin, en 1939, dans L'Apocalypse de notre temps (Gallimard 1939) qu'Hitler fit détruire en 1940 parce qu'il anéantissait l'un des instruments favoris de la propagande antijuive des nazis (réédition, Allia 1991).
Henri Rollin exhuma les deux plagiats à partir desquels avaient été fabriqués le faux par la police du Ministre russe de l'Intérieur, Von Plehve, au début du siècle.
1· -- Un pamphlet écrit en France, en 1864, par Maurice Joly contre Napoléon III: Dialogue aux enfers entre Montesquieu et Machiavel, dont il reproduit, paragraphe par paragraphe, toutes les critiques adressées à la dictature de l'Empereur et qui peuvent s'appliquer à toute politique de domination.
2· -- Un essai dirigé, par un émigré russe, Ilya Tsion, contre le ministre des Finances russe, le comte de Witte, intitulé: Où la dictature de M. Witte conduit la Russie (1895) qui, à son tour, était un plagiat des libelles dirigés, avant 1789, contre Monsieur de Calonne, et qui peut s'appliquer à toutes les liaisons de ministres des finances avec les Banques internationales. Dans le cas particulier, c'était un règlement de compte de Von Plehve contre de Witte, qu'il haïssait .
Ce roman policier du genre ignoble a malheureusement été utilisé largement, (en particulier par certains pays arabes que j'ai dénoncés depuis longtemps). Il donnait ainsi occasion, aux sionistes et aux israéliens, de dénoncer toute critique de leur politique au Proche-Orient et de leurs groupes de pression dans le monde, pour les assimiler à ce travail de faussaires .
C'est pourquoi, au risque de la surcharger et de fatiguer un lecteur trop pressé d'arriver aux conclusions sans passer par le travail souvent fastidieux des preuves, nous n'avons avancé aucune thèse sans en donner les sources.
Résumons ce que l'histoire critique peut dire, sans la sacraliser avec des mythes mis au service d'une politique.
A partir de son idéologie raciste, Hitler, dès ses premières manifestations politiques, prit les juifs comme cible, après le communisme, dont la destruction était sa mission principale (ce qui lui valut longtemps l'indulgence et les concessions des "démocraties occidentales" depuis la livraison des moyens de son réarmement par les industriels jusqu'à la livraison des peuples par leurs politiques, par exemple à Munich). Ses premiers prétextes, dans sa lutte contre les juifs, étaient d'ailleurs contradictoires: d'une part il prétendait que la Révolution d'Octobre était l'oeuvre des juifs et menaçait l'Europe d'y instaurer, avec la complicité juive, le communisme, et il développait le thème du "judéo-bolchevisme", comme incarnation du communisme mondial, et, en même temps, il dénonçait les juifs comme incarnation du capitalisme mondial.
Le programme du Parti national-socialiste proclamait déjà: "Un juif ne peut être un compatriote."
Source: P. S. 1708.
Excluant ainsi de la nation allemande quelques-uns de ses fils les plus glorieux dans tous les domaines de la culture, de la musique à la science, sous prétexte qu'ils étaient de confession juive, et confondant à dessein la religion et la race.
A partir de cette monstrueuse exclusion, qui reniait le poète Heine, et chassait Einstein le géant, il définissait, dès 1919, dans une lettre du 16 septembre à son ami Gemlich, ce qu'il appelait déjà son "but ultime" (letztes Ziel) "l'éloignement des juifs". Ce "but ultime" restera le sien jusqu'à sa mort, comme la lutte contre le "bolchevisme", sur lequel il se brisera.
Cet "éloignement des juifs", l'une des constantes de sa politique, prendra des formes diverses selon les vicissitudes de sa carrière.
Dès son arrivée au pouvoir, son ministre de l'économie signe avec l'Agence juive (sioniste) l'accord du 28 août 1933, accord favorisant le "transfert" ("Haavara" en hébreu) des juifs allemands en Palestine.
Source: Broszat, Jacobsen, Krausnick: Anatomie des S.S. Staates, Munich. 1982. vol. II, p. 263.
Deux ans plus tard, les lois de Nuremberg du 15 septembre 1935, donnent valeur législative aux articles 4 et 5 du programme du Parti, formulé à Munich le 24 février 1920, sur la citoyenneté du Reich et la "défense du sang" (comme les "rois catholiques" d'Espagne l'avaient fait au XVIème siècle, sous prétexte de "pureté du sang" (limpieza del sangre) contre les juifs et les "maures"), en s'inspirant l'un et l'autre de l'exemple des Esdras et des Néhémie dans la Bible. Ces lois permettaient d'exclure les juifs des fonctions d'Etat et des postes dominants de la société civile. Ces lois interdisaient les mariages mixtes et assignaient aux juifs le statut d'étrangers.
La discrimination allait bientôt devenir plus sauvage en 1938, avec la Nuit de cristal, à partir d'un prétexte.
Le 7 novembre 1938, le Conseiller d'ambassade à Paris, Von Rath, est assassiné par un jeune juif nommé Grynspan.
Le fait, orchestré par la presse nazie, déchaîne, dans la nuit du 9 au 10 novembre, une véritable chasse aux juifs, le pillage et le saccage de leurs magasins, le bris de leurs vitrines (d'où le nom de "Nuit de cristal").
Le bilan en est sinistre:
"Pillage et destruction de 815 magasins, de 171 maisons, de 276 synagogues, 14 autres monuments de la Communauté juive, arrestation de 20.000 juifs, 7 aryens, 3 étrangers, 36 morts et 36 blessés"
Source: Rapport de Heydrich à Goering en date du 11 novembre 1938, Nür. T. IX p. 554. Document reconnu authentique par Goering et tous les accusés contre lesquels il a été produit.
Il ne s'agissait pas d'une réaction passionnelle du peuple allemand, mais d'un pogrom organisé par le Parti nazi. En témoigne le rapport du juge suprême du Parti national-socialiste, Walter Buch, chargé de l'enquête (Doc. P.S. 3063 portant la date du 13 février 1939, Nur. T. XXXII, p. 29) qui devait juger les 174 membres du Parti arrêtés dès le 11 novembre sur ordre de Heydrich pour avoir organisé ce pogrom et y avoir participé.
Mais, parmi les 174, ne figurent que des cadres subalternes du Parti.
Le gouvernement, (à l'exception de Goebbels qui approuvait le crime) et le Führer lui-même, les désavouèrent. Mais cela n'exclut pas l'hypothèse de directives venues "d'en haut". D'autant plus que Goering prit aussitôt trois décrets aggravant la discrimination.
-- le premier frapperait les juifs allemands d'une amende collective d'un milliard de marks (P.S. 1412 Reichs-gesetzblatt 1938, partie I, page 1579);
- le second exclurait les Juifs de la vie économique allemande (P.S. 2875. Reichsgesetzblatt 1938, partie I, page 1580);
-- le dernier décidant que les compagnies d'assurance verseraient à l'Etat, non à l'intéressé juif, le remboursement du dommage à lui causé au cours de la Nuit de cristal (P.S. 2694. Reichsgesetzblatt 1938, partie I, page 1581).
Le rapprochement des prétextes et des méthodes pour accabler les juifs en Allemagne et les Arabes en Palestine est saisissant: en 1982 un attentat est commis, à Londres, contre un diplomate israélien. Les dirigeants israéliens l'attribuent immédiatement à l'O.L.P. et envahissent le Liban pour y détruire les bases de l'O.L.P., faisant 20.000 morts. Begin et Ariel Sharon, comme autrefois Goebbels, avaient eu "leur Nuit de cristal" avec un nombre beaucoup plus grand de victimes innocentes.
La différence est dans le prétexte du déclenchement de l'invasion du Liban, projetée par les dirigeants israéliens depuis longtemps. Le 21 mai 1948 Ben Gourion écrivait dans son "Journal":
"Le talon d'Achille de la coalition dans son "Journal" arabe, c'est le Liban. La suprématie musulmane dans ce pays est artificielle, et peut aisément être renversée; un Etat chrétien doit être instauré en ce pays. Sa frontière sud serait la rivière du Litani."
Source: Michaël Bar Zohar. Ben Gourion. Le prophète armé. p. 139.
Le 16 juin, le général Moshé Dayan précise la méthode:
"Tout ce qu'il nous reste à trouver, c'est un officier, même un simple capitaine. Il faudrait le gagner à notre cause, l'acheter, pour qu'il accepte de se déclarer le sauveur de la population maronite. Alors, l'armée israélienne entrerait au Liban, occuperait les territoires où elle établirait un régime chrétien allié à Israël, et tout marcherait comme sur des roulettes. Le territoire du sud du Liban sera totalement annexé à Israël."
Source: Journal de l'ancien premier ministre d'Israël, Moshé Sharett, publié en hébreu en 1979.
Ce qui rend encore plus odieux le crime du Liban, en son principe même (au-delà des massacres perpétrés, sous les yeux de Sharon, et préparés grâce à lui) c'est que le prétexte même n'en pouvait être imputé à l'O.L.P.
Madame Thatcher a apporté devant la Chambre des Communes, la preuve que ce crime était l'oeuvre d'un ennemi déclaré de l'O.L.P. Aussitôt après l'arrestation des criminels et au vu de l'enquête policière, elle déclare: "Sur la liste des personnalités à abattre, trouvée sur les auteurs de l'attentat, figurait le nom du responsable de l'O.L..P. à Londres... Ceci tend à prouver que les assaillants n'avaient pas, comme l'a prétendu Israël, le soutien de l'O.L.P... Je ne crois pas que l'attaque israélienne sur le Liban soit une action de représailles consécutive à cet attentat: les Israéliens y ont trouvé un prétexte pour rouvrir les hostilités."
Source: International Herald Tribune, du 8 juin 1982.
Ce démenti à la propagande israélienne est passé à peu près inaperçu en France, alors qu'il détruisait la légende de la "légitime défense" qui avait servi de prétexte à cette nouvelle agression.
Car cette guerre s'inscrivait, comme toutes les agressions et les exactions de l'Etat d'Israël, dans la logique interne de la doctrine sioniste, comme la "Nuit de cristal" dans la logique interne du racisme hitlérien.
La situation des Juifs, après la "Nuit de cristal", devenait de plus en plus dramatique. Les "démocraties occidentales" réunirent la Conférence d'Evian en 1938, qui assembla 33 pays (L'URSS et la Tchécoslovaquie n'y étaient pas représentées; la Hongrie, la Roumanie, la Pologne n'avaient que des observateurs pour demander qu'on les débarrasse de leurs propres juifs).
Le Président Roosevelt donna l'exemple de l'égoïsme, disant, à la Conférence de presse de "Warm Springs" qu'"aucune révision ni augmentation des quotas d'immigration aux Etats-Unis n'était prévue."
Source: Mazor,"Il y a trente ans, la Conférence d'Evian", dans Le Monde Juif, d'avril-juin 1968, No 50; p. 23 et 25.
A Evian, nul ne se préoccupa de "prendre en charge les persécutés, voire de se préoccuper sérieusement de leur sort."
Source: Dix leçons sur le nazisme, sous la direction d'Alfred Grosser. Paris, 1976, p. 216.
En mars 1943, Goebbels pouvait encore ironiser:
"Quelle sera la solution de la question juive? Créera-t-on un jour un Etat Juif dans un territoire quelconque? On le saura plus tard. Mais il est curieux de constater que les pays dont l'opinion publique s'élève en faveur des juifs refusent toujours de les accueillir."
Source: Léon Poliakov. Bréviaire de la haine p. 41.
Après la défaite de la Pologne, une autre solution provisoire de la question juive parut possible: le 21 septembre, Heydrich, rappelant le "but final" (Endziel) ordonna aux chefs de la sécurité de créer, à la nouvelle frontière de l'URSS, une sorte de "réserve juive."
Source: Léon Poliakov, op. cit., p. 41.
La défaite de la France ouvrit aux nazis de nouvelles perspectives. L'on pouvait, pour la question juive, pour sa "solution finale", utiliser l'empire colonial français.
Dès l'armistice de juin 1940 est lancée l'idée d'une expulsion de tous les juifs à Madagascar.
Dès le mois de mai 1940, Himmler, dans une note intitulée: "Quelques réflexions sur le traitement des personnes étrangères à l'Est", écrit: "J'espère voir la notion de juif définitivement effacée grâce à l'évacuation de tous les juifs vers l'Afrique ou dans une colonie."
Source: Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte 1957. p. 197.
Le 24 juin 1940 Heydrich écrivait au Ministre des Affaires étrangères, Ribbentrop, que l'on pouvait désormais entrevoir "une solution finale territoriale". (eine territoriale Endlösung) du problème juif.
Source: Gerald Fleming: Hitler und die Endlösung Wiesbaden-Munich. 1982. p. 56.
Dès lors fut élaboré techniquement le "projet de Madagascar": le 3 juillet 1940, Franz Rademacher responsable des affaires juives au Ministère des affaires étrangères, élabora un rapport disant:
"La victoire imminente donne à l'Allemagne la possibilité et, à mon avis, le devoir également, de résoudre la question juive en Europe. La solution souhaitable est: tous les juifs hors d'Europe ("Alle Juden aus Europa").
Le Referat D III propose comme solution de la question juive: dans le traité de paix, la France doit rendre l'île de Madagascar disponible pour la solution de la question juive et doit transférer et indemniser les quelques 25.000 Français qui y résident. L'île passera sous mandat allemand."
Source: N.G. 2586 -B. Voir: Documents on German Foreign Policy (1918- 1945). Series D, Vol. X, Londres.1957. p. 111-113.
Le 25 juillet 1940, Hans Frank, gouverneur de Pologne, confirma que le Führer était d'accord avec cette évacuation, mais que des transports outre-mer de cette importance n'était pas réalisables tant que la marine britanique tenait les clés de la mer.
Source: P.S. 22.33. I.M.T. vol. XXIX, p. 405.
Il fallait trouver une solution provisoire de remplacement.
Il est dit dans le "procès verbal" :
"C'est le Reichsführer SS et chef de la police allemande, qui sera responsable de l'ensemble des mesures nécessaires à la solution finale (Endlösung der Judensfrage), sans considération de limites géographiques."
Source: N.G. 2586 G.
La question juive se posait désormais à l'échelle de l'Europe, occupée par les nazis.
Le projet de Madagascar étant provisoirement ajourné "la guerre contre l'Union Soviétique nous a permis de disposer de nouveaux territoires pour la solution finale (für die Endlösung). En conséquence le Führer a décidé d'expulser les juifs non pas à Madagascar mais vers l'Est."
Source: N.G. 5570.
Le Führer avait en effet déclaré le 2 janvier 1942: "Le juif doit quitter l'Europe. Le mieux est qu'ils aillent en Russie."
Source: Adolf Hitler: Monologues 1941-44. Albrecht Krauss Verlag. Hambourg 1980, p. 241.
Avec le reflux des armées allemandes sous la pression de l'armée soviétique, la solution de la "question juive" réclama "une impitoyable rigueur".
Source: H. Monneray: La persécution des juifs dans les pays de l'Est. p. 91-92.
En mai 1944, Hitler ordonne d'utiliser 200.000 juifs, encadrés par 10.000 gardiens SS pour travailler dans les usines d'armement ou dans les camps de concentration dans des conditions si horribles que les épidémies de typhus y firent des dizaines de milliers de victimes, exigeant la multiplication de fours crématoires.
Puis les déportés furent envoyés sur des routes qu'ils devaient eux-mêmes construire dans des conditions d'épuisement et de famines telles que la majorité d'entre eux, par dizaines de milliers, succombaient.
Tel fut le martyrologe des déportés juifs et slaves et la férocité des maîtres hitlériens les traitant en esclaves n'ayant même pas valeur humaine de travailleurs utiles.
Ces crimes ne peuvent être sous-estimés, ni les souffrances indicibles des victimes. C'est pourquoi il n'est nul besoin d'ajouter à cet horrible tableau des lueurs d'incendies empruntées à l'Enfer de Dante, ni de leur apporter la caution théologique et sacrificielle de "l'Holocauste", pour rendre compte de cette inhumanité.
L'histoire la moins emphatique est, à elle seule, plus accusatrice que le mythe.
Et surtout elle ne réduit pas l'ampleur d'un véritable crime contre l'humanité, qui coûta 50 millions de morts, aux dimensions d'un pogrom à l'égard d'une seule catégorie de victimes innocentes, alors que des millions moururent les armes à la main pour faire face à cette barbarie.
Ce bilan historique, répétons-le, est encore provisoire. Comme pour toute histoire critique et comme toute science, il est révisable et sera révisé en fonction des découvertes d'éléments nouveaux: des tonnes d'archives allemandes ont été saisies et transportées aux Etats-Unis: elles n'ont pas encore été complètement dépouillées. D'autres archives, en Russie, dont l'accès a longtemps été interdit aux chercheurs, ont commencé à s'ouvrir.
Un grand travail reste donc à faire à condition de ne pas confondre le mythe avec l'histoire, et de ne pas prétendre poser les conclusions avant la recherche, comme un certain terrorisme intellectuel a prétendu l'imposer jusqu'ici: la "canonisation" des textes de Nuremberg s'est révélée bien fragile.
L'histoire, pas plus que les sciences, ne peut partir d'un a priori intouchable.
Nuremberg avait promulgué des chiffres dont les plus importants se sont révélés faux: les "4 millions" de morts d'Auschwitz ont été ramenés à "un peu plus d'un million", et même les "autorités" ont dû accepter cette révision et changer les plaques commémoratives du crime.
Le dogme des "six millions", déjà mis en cause par les défenseurs les plus intransigeants du génocide comme Reitlinger, qui arrivait dans son livre: La solution finale, à 4 millions et demi, est désormais exclu par toute la communauté scientifique, même s'il reste un thème de propagande médiatique à l'égard de l'opinion et des écoliers.
Il ne s'agit pas, en montrant la vanité de ces a priori arithmétiques, de se livrer à une vérification comptable qui serait macabre. Il s'agit de montrer combien la volonté délibérée de perpétuer un mensonge a contraint à une falsification systématique et arbitraire de l'histoire.
Il a fallu, pour faire du martyrologe réel des juifs, sous prétexte de ne pas le banaliser, non seulement faire passer au second plan tous les autres, tels que la mort de 17 millions de citoyens soviétiques et de 9 millions d'Allemands, mais encore conférer à ces souffrances réelles un caractère sacral (sous le nom d'Holocauste), qui était refusé à tous les autres.
Il a fallu, pour atteindre cet objectif, violer toutes les règles élémentaires de la justice et de l'établissement de la vérité.
Il fallait, par exemple, que "solution finale" signifie extermination, "génocide", alors qu'aucun texte ne permet cette interprétation, s'agissant toujours d'expulsion de tous les juifs d'Europe, à l'Est d'abord, puis dans une quelconque réserve africaine. Ce qui est déjà suffisamment monstrueux.
Il a fallu, pour cela, falsifier tous les documents: traduire "transfert" par "extermination". De sorte que cette "méthode" d'interprétation permet de faire dire n'importe quoi à n'importe quel texte. Ce qui était un horrible massacre devenait "génocide".
Pour ne citer qu'un exemple de cette manipulation tendancieuse des textes: dans son livre sur Les Crématoires d'Auschwitz (1993), Jean-Claude Pressac est tellement soucieux d'adjoindre une horreur supplémentaire à cette effrayante mortalité que chaque fois qu'il rencontre le mot allemand "Leichenkeller", "cave à cadavres", c'est-à-dire "morgue", il traduit "chambre a gaz" (exemple p. 65). Là encore il introduit la notion de "langage codé", disant que le bourreau (du nom de Messing) "n'eut pas le cran d'écrire que la "cave à cadavres" était une "cave à gazage"" (p. 74).
Or l'hypothèse du "langage codé", constamment utilisé pour faire dire aux textes ce que l'on voudrait qu'ils disent, n'a aucun fondement, d'abord parce que Hitler et ses complices, comme nous l'avons montré (p. 88 à 109) n'ont jamais essayé de dissimuler leurs autres crimes et les ont proclamés cyniquement en langage clair, ensuite parce que les Anglais avaient poussé très loin les techniques et les machineries du déchiffrement des codes et possédaient en clair les messages, qui n'auraient pas manqué d'être nombreux pour mettre en oeuvre une entreprise technique aussi gigantesque que l'extermination industrielle de millions d'hommes.
Le refus systématique de tenir compte de l'expression, qui revient si souvent dans les textes hitlériens, de "solution finale territoriale", est également révélateur de cette volonté de refuser toute analyse qui ne justifierait pas les conclusions a priori: les "six millions" et le "génocide".
Il a fallu, avec le même arbitraire, lorsqu'il fut prouvé que, malgré un nombre considérable de déclarations de "témoins oculaires" sur l'existence de "chambres à gaz", celles-ci n'avaient jamais existé en territoire allemand, continuer à tenir pour incontestables les témoignages identiques sur leur existence dans les camps de l'Est.
Enfin, le refus de discuter d'une manière à la fois scientifique et publique les expertises techniques, et au contraire, de ne répondre que par la répression et le silence, ne peuvent qu'entretenir le doute.
Il n'est pas de plus efficace réquisitoire contre l'hitlérisme que l'établissement de la vérité historique.
C'est à cela que, par ce dossier, nous avons voulu contribuer.
Bibliographie des oeuvres de Roger Garaudy et des études sur l'auteur : Nous renvoyons le lecteur à une version plus récentes, parue en annexe de l'Avenir: mode d'emploi (Partie 7)
Une interview du Professeur Moshé Zimmerman, chef du département d'études germaniques à l'Université hébraique de Jérusalem, dans le journal Yerushalayim du 28 avril 1995.
Le Professeur Zimmerman, dit le journaliste dans sa présentation, est spécialiste de l'Allemagne, des juifs allemands, du Troisième Reich, de l'Holocauste. Ses analyses historiques et les conclusions auxquelles il arrive... l'ont placé, au cours des dernières années, au centre de nombreuses controverses publiques... Les parallèles qu'il établit entre le passé et le présent sont difficiles à digérer. Par exemple lorsqu'il compare les soldats juifs volontaires pour servir dans les territoires occupés aux allemands volontaires pour servir dans les S.S., ou lorsqu'il déclare que les enfants des colons juifs d'Hébron sont formés comme la jeunesse hitlérienne... ou lorsqu'il dénonce l'utilisation de l'Holocauste par Israël.
ZIMMERMAN : "Dans une conférence que j'ai faite sur l'utilisation de l'Holocauste, j'ai rappelé qu'il est fréquent et qu'il est de bon ton de dire que l'Holocauste est la justification principale de l'instauration d'Israël. S'il en était ainsi nous devrions remercier Hitler... pour cette contribution éminente au Sionisme....L'un des auditeurs écrivit au journal "Haaretz" que j'avais dit qu'il faut remercier Hitler alors que j'avais dit le contraire. "
Question : Les juifs, dans Mein Kampf, sont désignés comme un germe à détruire. Ce livre a toujours été considéré comme un plan opérationnel d'Hitler, exprimant son intention de détruire les juifs.
ZIMMERMAN : "Alors, pourquoi aurait-il attendu deux ans et demi pour faire les lois de Nuremberg ? Et s'il avait l'intention préméditée de détruire les juifs avait-il besoin de lois ? Prenons l'exemple de la Nuit de cristal. Lors de la commémoration du putsch de 1923, le thème était l'expulsion des juifs polonais hors d'Allemagne. Dans son discours Hitler ne parla nullement de les assassiner. Mais,prenant prétexte de l'assassinat à Paris d'un diplomate allemand par un jeune juif, Goebbels, pour se faire valoir, organisa le pogrom.
Question: Considérez-vous que tous les Allemands sont coupable?
ZIMMERMAN : Les recherches des 20 dernières années montrent que ceux qui n'ont d'autre lien avec le nazisme que d'avoir voté pour Hitler en 1933, sous prétexte du désordre régnant en Allemagne, ont une part de responsabilité, même s'ils disent qu'ils ne se doutaient pas que le règime irait à de telles extrémités. Mais je n'incrimine pas chaque individu.. Le nazisme illustre une situation où la majorité d'un peuple choisit ou d'ignorer ou de collaborer avec les premières horreurs. J'ai étudié ce phénomène, et c'est à cette aune que je mesure la situation en Israël : je n'entends guère de protestations publiques contre l'immoralité de l'occupation de territoires. Voter pour un parti qui approuve l'occupation n'est pas considéré comme un grand crime. Les soldats qui partent comme volontaires pour servir dans les Territoires occupés sont considérés comme des héros, alors qu'en vérité ce volontariat peut être comparé à celui des Allemands volontaires pour servir dans la S.S.
Question: Dans quelle mesure peut-on établir un parallèle entre notre occupation, et le fait d'imposer notre loi aux Palestiniens, avec les horreurs perpétrées par le nazisme?
ZIMMERMAN : Nous avons de meilleurs "prétextes" pour agir comme nous le faisons. Mais il y a aussi un monstre en chacun de nous et si nous continuons à affirmer que nous sommes toujours justifiés, ce monstre peut grandir... Déjà aujourd'hui je pense à un phénomène qui prend des proportions toujours plus grandes : il y a un secteur entier de la population juive que je définis, sans hésitation, comme une copie des nazis allemands. Regardez les enfants des colons juifs d'Hébron, ils ressemblent exactement à la jeunesse hitlérienne. Depuis leur enfance on les imprègne de l'idée que tout Arabe est mauvais, et que tous les non-juifs sont contre nous. On en fait des paranoïaques : ils se considèrent comme une race supérieure, exactement comme les jeunesses hitlériennes. Rehevan Ze'evi (ministre de 1990 à 1992 dans le gouvernement Shamir) demande l'expulsion ("transfert") de tous les Palestiniens des territoires. C'était le programme officiel du Parti nazi : l'expulsion de tous les juifs d'Allemagne.
Question : Vous y allez fort : les juifs qui ne vivent pas à Hébron, qui ne votent pas pour le parti de Kahane, et qui ne sont pas volontaires pour servir dans les unités spéciales dans les Territoires, qu'en faites- vous?
ZIMMERMAN : Je fais une différence entre les volontaires des unités spéciales, et les soldats appelés au service militaire... Mais là encore, je fais un parallèle avec l'armée allemande pendant la deuxième guerre mondiale.... Nous devrions, nous les juifs, nous rappeler qu'au cours de cette guerre plus de 100.000 soldats allemands furent exécutés parce qu'ils refusaient de participer à des crimes contre l'humanité. Parfois parce qu'ils refusaient de tuer les juifs. "
Dans le journal israélien Haaretz du 10 mai 1995, le Professeur Zimmerman, menacé d'être chassé de sa chaire à l'Université, et cette menace étant soutenue par une pétition de 79 professeurs (membres du Likoud ou des intégristes religieux), répond à propos d'un article de Dan Margeli dans le numéro du 5 mai du même journal. Il proteste contre cette tentative d'expulsion en rappelant que la prétention de ces professeurs de parler au nom de "la saine opinion du peuple" est semblable à l'attitude de certains universitaires nazis, qui proposaient eux aussi de chasser de l'Université les opposants à la "pensée unique".
" On cite souvent le mot de Heine : "Quand les livres sont brûlés, le peuple finira lui aussi par brûler". Cela commence même avant : quand le droit légal à la libre expression est menacé les livres finiront par être brûlés...
Je me demande si ceux qui veulent me chasser de l'Université en raison de mes idées vont recommander de brûler mes livres. Chaque année des milliers d'étudiants les lisent. Seront-ils aussi voués au bûcher ?
Mes propos sont-ils terribles, en ce qui concerne les enfants d'Hébron appelés à célébrer le premier anniversaire de la mort de Baruch Goldstein lorsque je compare cette cérémonie aux manifestations des nazis ?
Ce que je dis n'a rien à voir avec les thèses de ceux qui veulent minimiser les crimes hitlériens... Connaissant bien l'histoire du nazisme je veux pouvoir avertir l'opinion du danger potentiel présent en toute vérité... Alors que certains pensent que je suis manipulé par le gouvernement allemand, il faut rappeler, qu'au contraire des politiciens et des historiens officiels rejettent la tendance révisionniste : la preuve en est que lorsque les révisionnistes voulurent tenir le 7 mai 1995 un meeting pour rappeler que le 8 mai 1945 (capitulation nazie) n'était pas seulement le jour de la libération mais aussi le "premier jour ou les allemands furent expulsés de l'Est", le rassemblement fut interdit sous la pression des officiels.
Il vaudrait donc mieux que ceux qui, en Israël, pensent qu'ils défendent la vérité et l'honnéteté, la liberté d'expression et la recherche critique, évitent de collaborer avec les ennemis de ces valeurs et de s'en servir comme d'une feuille de vigne idéologique pour préparer un lynchage."
L'historien Baruch Kimmerling, dans le même débat, dans Yediot Aaronot du 15 mai 1995, défend lui aussi la liberté d'expression et de recherche critique. Il accuse les auteurs de la pétition demandant l'expulsion du Professeur Zimmerman : " Ils se placent sur le terrain de la violence et de l'idéologie, pour essayer d'imposer un régime de terrorisme intellectuel, politique et idéologique dans l'Université hébraïque... Sans liberté de penser, comme l'ont montré les exemples des académies nazies et bolcheviques il n'est pas possible de développer une science digne de ce nom.... "
" Si le Professeur Zimmerman était exclu, l'esprit du Sénateur McCarthy planerait sur les campus de l'Université Hébraïque. "
Dans Haaretz du 12 mai 1995, Arieh Kaspy proteste aussi contre le projet d'expulsion du Professeur Zimmerman, expert de l'histoire du nazisme, sous prétexte qu'il compare les voyous juifs des territoires occupés avec les actes de la jeunesse hitlérienne... : " Aucun des 79 signataires n'a fait de pétition lorsqu'il fut révélé que notre Shabak pratiquait la torture. Ils n'étaient pas choqués lorsque des gens mourraient au cours d'un interrogatoire... Ils n'ont rien dit lorsque les colons assassinaient des Arabes..., ils n'ont pas demandé que l'on supprime le mausolée sur la tombe de Baruch Goldstein avec cette inscription : "Baruch le héros" à Kiryat Arba, et ils n'ont pas promis que l'acte de Goldstein ne se reproduira pas".
Une note du journal ajoute que la riposte à ces gens est lente et difficile pour des raisons de financement des publications : " Le judéo-nazisme, dit-il, est très populaire parmi les juifs des pays anglophones, plus encore qu'en Israël : un simple appel téléphonique ou un fax fournit l'argent nécessaire pour aider n'importe quel texte judéonazi. Au contraire les opposants au judéo-nazisme doivent publier à leurs frais. "
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adoptée par l'Assemblée générale de
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