Voici ce que l'on peut lire dans Le Monde du 1er avril 1998 (l'affaire a commencé à Mardi Gras, elle s'achève en poisson d'avril: est-ce une histoire de fous?

Le chercheur Gabor Rittersporn obtient gain de cause contre un journal de Berlin

LE SOVIETOLOGUE français Gabor Rittersporn, chercheur au Centre Marc Bloch de Berlin, mis en cause le 12 février par le quotidien Berliner Zeitung, qui lui avait prêté des propos révisionnistes, a obtenu gain de cause du tribunal berlinois devant lequel il avait porté plainte.

Le quotidien allemand a été condamné en mars à publier, dans ses colonnes, une mise au point du chercheur, membre du CNRS. Gabor Rittersporn y a fermement démenti être partisan des thèses révisionnistes et avoir, comme l'affirmait le rédacteur de l'article, mis en doute l'existence des chambres à gaz dans l'entretien qu'il lui avait accordé. Il a fait valoir, devant le tribunal, que lui-même, né en Hongrie dans une famille partiellement juive, avait vu une partie de sa famille périr dans les camps nazis.

Dans sa mise au point au Berliner Zeitung, le chercheur prend clairement ses distances avec le professeur Faurisson et tous ceux qui mettent en doute la Shoah. Cette polémique était née de l'appartenance de M. Rittersporn, dans les années 70-80, à une mouvance d'extrême gauche qui avait défendu la liberté des négationnistes de s'exprimer, estimant que leurs thèses gagnaient d'être débattues.

FERME DEMENTI

Au côté d'autres personnalités, il avait figuré dans le comité éditorial des éditions de la Vieille Taupe, qui avait publié l'un des ouvrages de référence du révisionnisme, Vérité historique ou vérité politique ? Le dossier de l'affaire Faurisson, la question des chambres à gaz, paru en 1980 sous la plume de Serge Thion.

L'affaire a suscité une vive polémique, les amis de M. Rittersporn accusant le cercle antirévisionniste Marc Bloch de Lyon (qui n'a rien à voir avec le Centre de recherche en sciences sociales français Marc Bloch de Berlin), qui avait dénoncé sa présence à Berlin, de mener une chasse aux sorcières pour des faits qui remontent à vingt ans.

L'intéressé, qui ne l'avait encore jamais fait publiquement, s'était démarqué ouvertement des thèses révisionnistes dans une correspondance publiée par Le Monde le 21 février.

H. de B.

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